Remerciements
1La première auteure a reçu une bourse de recherche au doctorat des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Nous aimerions aussi remercier Dre Lucie Richard pour ses commentaires sur le manuscrit.
Introduction
2Le terme « écologie » vient du grec oikos qui signifie « maison » et fait référence à l’étude des organismes vivants dans leur environnement de vie (1). L’expression « écologie humaine » a vu le jour en 1925 pour désigner l’étude des êtres humains et de leur interaction avec leurs environnements (2). Employé en psychologie et en santé publique, le concept de l’écologie humaine porte essentiellement sur l’observation et la compréhension des croyances, perceptions et comportements des personnes, dans le but de modifier les comportements de ces personnes en ce qui a trait à leurs interactions avec leurs environnements physique, socioéconomique et culturel (3, 4). Dans la discipline des soins infirmiers, le concept « écologie » est rarement utilisé, tandis que son équivalent sémantique – l’environnement – est un des quatre concepts centraux de cette discipline.
3La personne, la santé et les soins infirmiers sont les trois autres concepts qui sous-tendent la plupart des modèles conceptuels en sciences infirmières (5). Dans une recension des écrits sur les concepts qui ont été analysés en sciences infirmières, force est de constater que les auteurs des articles sur les analyses ont examiné des concepts dans la catégorie « environnement » (par exemple, les politiques de santé, la philosophie qui sous-tend les soins) sous l’angle de l’influence de l’environnement sur la pratique des infirmières et non sous celui de l’impact de l’environnement sur la personne (6). Partant de ce fait, le rôle de l’environnement et son influence sur la santé de la personne n’est pas clair. Il s’ensuit qu’un examen du concept « environnement » dans certains modèles conceptuels en soins infirmiers est souhaitable. Ainsi, nous considérerons brièvement les modèles conceptuels de Parse et de Roy.
4Selon Parse (7), l’environnement englobe le monde, l’univers et la personne qui, en compagnie d’autrui, occupe un espace et choisit de son propre chef la situation dans laquelle elle se retrouve. Selon nous, en revanche, le choix de cette personne n’est pas toujours réel. Prenons le cas de membres d’une famille qui adoptent le rôle de soignants en raison de normes culturelles ou parce qu’ils y voient une obligation morale, ou les deux ; on peut ici douter de leur « liberté de choix ». De plus, peu d’attention est accordée à l’environnement externe (c’est-à-dire les environnements social et physique qui incluent les relations interpersonnelles du patient mais ne s’y limitent pas) au moment de plaider pour l’accroissement du rôle et de la présence du personnel infirmier auprès du patient et de sa famille lors du processus intersubjectif (terminologie utilisée par Parse) de transcendance des expériences du patient au chapitre de la santé.
5Selon la définition de Roy, l’environnement fait référence aux conditions et circonstances qui agissent sur le développement et le comportement de la personne (8). Ces conditions relèvent de l’environnement interne de la personne (c’est-à-dire ses systèmes physiologiques, son concept de soi) par opposition à ses environnements social, politique et culturel externes. Dans ces deux modèles conceptuels en soins infirmiers (Parse et Roy), l’environnement est reconnu, mais est relégué à l’arrière-plan de la relation personnel infirmier-patient et la relation qu’entretient la personne avec son environnement est rarement explorée en profondeur (9). Dans une telle situation, le personnel infirmier a souvent une vision restreinte de l’environnement du patient, qui se limite à ses rapports avec la famille nucléaire et étendue (10). Il fait alors abstraction de facteurs sociaux, biologiques et culturels importants, qui se répercutent sur la santé de la personne et sur lesquels cette dernière exerce peu de contrôle, voire aucun (11). Ce genre de perspective réductionniste des répercussions de l’environnement externe sur les relations interpersonnelles accorde beaucoup d’importance à la responsabilité et à la rationalité personnelles dans la détermination des comportements en matière de santé. Une telle vision étroite de l’écologie de la personne pourrait contribuer à une pratique observée chez les professionnels de la santé qui consiste à « blâmer la victime » pour son incapacité à adopter des comportements sains (p. ex. attribuer à un manque de volonté de la personne le fait qu’elle n’arrive pas à cesser de fumer) (12).
6À l’opposée de cette approche, l’écologie humaine est un concept global qui regroupe plusieurs éléments sociaux, physiques et culturels présents dans l’environnement externe de la personne et qui, selon Marmot et ses collègues (13), agirait sur la santé des populations et leurs comportements au chapitre de la santé. Données empiriques sur données empiriques ont montré que des problèmes sociaux touchant une grande majorité de femmes, comme la pauvreté et l’impuissance, présentent un risque pour la santé (14). L’écologie humaine a aussi servi de cadre directeur pour la planification de programmes d’intervention communautaires efficaces et leur évaluation (11, 15). Morgenstern et ses collègues (16), par exemple, ont évalué leur programme d’intervention rapide en matière d’accidents cérébraux-vasculaires à la lumière de facteurs liés à la personne (p. ex. connaissance des signes avant-coureurs, volonté de faire appel aux services d’urgence) et à la collectivité (p. ex. délais d’attente du personnel paramédical ou médical).
Analyse conceptuelle : la méthode d’utilité pragmatique
7Mère de l’analyse conceptuelle fondée sur la méthode d’utilité pragmatique, Morse (17) croit que l’on peut assurer l’évolution d’un concept, de son utilisation quotidienne à l’adoption d’une signification plus précise sur le plan scientifique, en repérant et clarifiant les attributs, tels que les conçoivent les théoriciens les plus chevronnés (18). En se basant sur la méthode d’utilité pragmatique, les enquêteurs examinent des données au moyen de questions analytiques issues de leur grande compréhension de la documentation. L’exercice a pour but de dépasser les limites de l’établissement de constats en vase clos pour cerner les connaissances communes qui alimenteront le développement de théories en sciences infirmières. En outre, l’analyse des concepts oriente la recherche sur des phénomènes de santé spécifiques à la discipline infirmière (19).
8Au-delà de l’accroissement du savoir, nous croyons que l’analyse conceptuelle peut aider à réduire l’écart entre la théorie et la pratique en soins infirmiers (20). Autrement dit, il est possible d’analyser des concepts qui ne sont pas couramment appliqués à la pratique infirmière actuelle comme celui de l’écologie humaine, ou d’en examiner l’utilité pragmatique ou pratique en vue de sensibiliser le milieu infirmier aux répercussions ou interactions des facteurs environnementaux. Par exemple, on accorde en théorie de l’importance à la défense des droits et intérêts des patients, que l’on perçoit comme une intervention éthique en soins infirmiers (21) ; dans la pratique cependant, la défense des droits et intérêts n’est souvent pas une priorité du personnel infirmier chargé de prodiguer des soins cliniques. Dans son analyse des obstacles à la défense des droits et intérêts des patients par le personnel infirmier, Hanks 2007 (22) soutient qu’en réalité, ses travaux sensibilisent le milieu infirmier à la présence de ces obstacles et pourraient mener en bout de ligne à des interventions infirmières visant leur élimination.
9Dans la documentation publiée, la plupart des concepts analysés (c’est-à-dire la confiance, l’incertitude, la créativité, la sympathie, la souffrance et le sens de l’éthique) à l’aide de la méthode d’utilité pragmatique sont de nature associative. Les concepts associatifs servent à décrire les interactions de personne à personne et sont présumés quantifiables et mesurables. Ils n’existent cependant que dans certaines conditions liées à un phénomène spécifique (9). À l’inverse, l’environnement des êtres humains, ou l’écologie humaine, représente un groupement complexe de phénomènes non mesurables et, par conséquent, est de nature sommative et non associative (23). « Les soins infirmiers » sont un autre exemple de concept sommatif. Pour quantifier ou qualifier ces soins, il est nécessaire de leur associer un autre concept, comme « la qualité », et d’étudier plutôt la qualité des soins infirmiers. Morse (17) indique qu’il est acceptable de modifier sa méthode si on le fait judicieusement. À cet égard et compte tenu de la nature sommative du concept de l’écologie humaine, nous avons adapté la méthode d’utilité pragmatique aux fins de son utilisation dans le cadre de notre analyse conceptuelle.
10Les concepts varient sur le plan de la signification qu’on leur accorde ou de leur capacité d’être compris dans le contexte d’une théorie spécifique (24). Kivinen et Piiroinen (25), affirment que la valeur des concepts ne réside pas dans leur clarté sur le plan sémantique, mais dans les conséquences de leur application. Notre objectif, alors, n’est pas d’élaborer une définition claire et unificatrice de l’écologie humaine, mais plutôt de présenter une analyse dynamique et évolutive de l’utilité pragmatique et pratique du concept de l’écologie humaine. Nous recourrons à la méthode d’analyse conceptuelle fondée sur l’utilité pragmatique de Morse (2000) pour satisfaire aux exigences de la rigueur scientifique et pour limiter les partis pris.
Objectifs de l’analyse de concept
11Le concept de l’écologie humaine a fait l’objet de suffisamment d’écrits d’approche interdisciplinaire pour qu’on lui applique la méthode d’utilité pragmatique dans le but de l’approfondir et de l’utiliser en soins infirmiers (26). Dans le cadre de la présente étude, notre objectif premier est de décrire l’utilisation du concept d’écologie humaine, tel qu’en font état les études interdisciplinaires publiées, menées pour la plupart par des théoriciens et praticiens des domaines des soins infirmiers, de la psychologie et de la santé publique. Notre deuxième objectif est d’intégrer le concept de l’écologie humaine au savoir en soins infirmiers et d’en promouvoir l’adoption dans le cadre de la pratique clinique. Notre troisième objectif est de familiariser les infirmières cliniciennes et les infirmières soignantes avec la terminologie complexe, quoique savante, employée dans le contexte de la méthode d’utilité pragmatique. Nous espérons que les infirmières qui veillent au chevet des patients ne reculeront pas devant la complexité de ce concept, mais qu’elles en approfondiront plutôt le sens afin d’accroître leur savoir et de mener des évaluations plus globales de leurs patients. Ce faisant, elles poseront un regard critique sur les soins infirmiers qu’elles prodiguent pour délaisser graduellement la prestation de soins centrés sur le patient au profit d’une pratique davantage centrée sur son environnement. Par exemple, elles commenceront à voir le « toxicomane » non pas comme un patient qui est « toxicomane » et « difficile », mais comme un être humain né dans un environnement où l’adversité sociale, comme la pauvreté et le manque de réseaux de soutien social, s’est révélée si insurmontable que le comportement de la personne (injection de drogues illégales) peut avoir servi de mécanisme d’adaptation.
Méthode
12La méthode d’utilité pragmatique comprend deux volets, c’est-à-dire des principes directeurs et un processus d’évaluation critique (27). Morse s’oppose aux instructions par étapes. C’est pourquoi elle propose des principes directeurs pouvant être perçus non pas comme des étapes que doivent franchir les chercheurs, mais comme une grille conceptuelle. Les principes directeurs comprennent 1) l’éclaircissement de l’objet de l’étude, 2) le choix de la documentation appropriée, 3) la détermination des questions d’analyse et 4) la synthèse des résultats.
13Le processus d’évaluation critique constitue le second volet d’analyse. Pour le comprendre, il suffit d’utiliser la métaphore du chirurgien et d’imaginer que l’on dissèque les recherches existantes dans le but d’en faire ressortir les suppositions cachées qui sous-tendent l’utilisation du concept et d’enrichir le savoir. La Figure 1 illustre la grille conceptuelle de la méthode d’analyse conceptuelle fondée sur l’utilité pragmatique.
Grille conceptuelle de la méthode de l’utilité pragmatique
Grille conceptuelle de la méthode de l’utilité pragmatique
14En indiquant clairement nos objectifs à la section précédente (Objectifs de l’analyse de concept), nous avons suivi le premier principe directeur (c’est-à-dire éclaircissement de l’objet de l’analyse conceptuelle) de la méthode d’utilité pragmatique de Weaver et Morse (27). Le deuxième principe directeur fait référence au choix de la documentation appropriée ; nous sommes donc passés à la sélection des données et à leur extraction de la documentation. Nous avons entré les mots clés anglais ecology, human ecology, nursing, et environment et les mots clés français écologie, écologie humaine, soins infirmiers, environnement dans les bases de données MEDLINE, CINAHL, PSYCINFO, CSA, Repère, Érudit et BDSP pour repérer les recherches pertinentes menées à compter de 1990 jusqu’en juin 2009. L’année 1990 a été choisie comme année de référence en réponse à l’affirmation de Galiana et Gascon (28) selon laquelle aucun article n’a été publié sur le rôle des soins infirmiers dans l’environnement du patient avant 1990. L’interrogation des bases a donné 162 occurrences. Nous avons lu les résumés de tous les articles repérés. Le Tableau 1 donne un aperçu de l’échantillon documentaire. Nous avons rejeté les articles écrits dans une langue autre que le français ou l’anglais. En tout, nous avons eu accès à 66 articles (35 en soins infirmiers, 16 en santé publique, 6 en sociologie et 5 en médecine, 1 en psychologie, 2 en travail social et 1 en dentisterie) par l’entremise des bibliothèques de trois universités (l’Université de Montréal, l’Université McGill et l’Université d’Ottawa). Nous avons aussi exclu les articles qui ne portaient pas principalement sur l’écologie humaine. En tout, 59 articles ont fourni les données brutes en vue de l’application de la méthode d’évaluation critique décrite par Weaver et Morse (27).
Échantillon documentaire
Échantillon documentaire
15Après avoir respecté les deux premiers principes énoncés par Morse (17), soit l’éclaircissement de l’objet de l’étude et le choix de la documentation, nous sommes passés au troisième, la détermination des questions d’analyse. Dans ce cas-ci, il s’agissait d’un examen de l’anatomie, de la physiologie et de la maturité du concept de l’écologie humaine.
Anatomie du concept de l’« écologie humaine »
16Selon Weaver et Morse (27), l’anatomie d’un concept renvoie à sa structure interne, laquelle se compose de conditions préalables, d’attributs, de limites et de résultats.
a – Conditions préalables
17Une condition préalable est une circonstance qui doit être présente pour que le concept existe. L’expression « condition préalable » apparaît donc comme un synonyme du terme « antécédent » présent dans les méthodes d’analyse conceptuelle dérivées de Wilson (29). Le concept de l’écologie humaine a pour conditions préalables les êtres humains et leurs environnements. L’interaction de l’être humain avec son environnement se reflète sur ses comportements en matière de santé. Des déterminants personnels (p. ex. âge, personnalité) et externes (p. ex. quartiers défavorisés, conditions de vie stressantes) exercent une influence sur les comportements au chapitre de la santé (15, 30). Par exemple, dans les quartiers défavorisés sur le plan socio-économique, on a pu établir un lien entre les comportements personnels, comme le peu de participation aux activités communautaires et les mauvais résultats sur le plan de la santé, les premiers étant perçus comme un facteur contributif des seconds (31).
18Dans la documentation, les conditions préalables du concept de l’écologie humaine convergent d’une discipline à l’autre (32-34). En santé publique, soins infirmiers et travail social, l’environnement social est opérationnalisé sous forme de soutien social à l’échelle individuelle (35) et de participation communautaire à l’échelle de la collectivité (36, 37).
b – Attributs
19L’« écologie humaine » a les attributs ou caractéristiques d’un système ouvert, au sein duquel tous les éléments constitutifs sont interdépendants. L’on observe un consensus interdisciplinaire sur les attributs de l’écologie humaine. Pour comprendre ces attributs, il importe avant tout de se familiariser avec les caractéristiques d’un système : les éléments d’entrée (p. ex. êtres humains vivant dans leurs quartiers), les éléments de sortie (transaction entre les personnes et leurs environnements) et la boucle de réaction. Le passage d’élément d’entrée à élément de sortie sur le plan de l’écologie humaine demeure peu connu – une « boîte noire » dans le langage de la santé publique (36, 38). La relation entre les êtres humains et leurs environnements est cependant jugée réciproque, circulaire et inextricablement liée à une toile de facteurs indissociables qui comprennent des conditions culturelles, sociales et historiques (39). En dépit du peu de recherches approfondies menées sur les transactions entre les êtres humains et leurs environnements, on croit que le comportement humain agit sur l’environnement qui, à son tour, agit sur le comportement humain (40). Le tabagisme en est un bon exemple : dans ce cas, le facteur humain est un consensus de groupe qui s’est traduit par de nouvelles normes collectives en matière de règles antitabac, qui ont mené à l’élimination de la cigarette au sein des organisations – donc, la volonté collective des personnes engendre l’environnement sans tabac dans des organisations (41). Une étude ayant révélé que les jeunes d’origines culturelle et socio-économique différentes ont des façons différentes d’évaluer les situations de stress et d’y réagir est un autre exemple de l’influence des environnements social et culturel sur les être humains (42).
20Le système de l’écologie humaine a aussi pour attribut le principe selon lequel certains éléments du système font fi du comportement d’autres éléments, de sorte que la somme des éléments du système n’explique pas le comportement d’ensemble de ce système (37). Autrement dit, le système existe et évolue dans le chaos, plutôt que de rechercher l’équilibre et l’homéostase, comme on le croyait précédemment (43). On trouve un exemple de cela dans le mouvement de désinstitutionalisation des patients des établissements psychiatriques, qui a contribué à accroître la prévalence des sans-abri aux prises avec des troubles mentaux. Ce mouvement a aussi rendu plus chaotique l’écologie des personnes atteintes de troubles mentaux (c’est-à-dire perte de personnel de soutien en milieu hospitalier) et celle d’autres personnes qui avaient peu de contacts avec des personnes « anciennement institutionnalisées » au sein de la collectivité. Le mouvement de désinstitutionalisation aurait évolué, mais il ne sera probablement jamais renversé, même dans le but de régler les situations chaotiques engendrées.
21L’état présent et émergent du savoir sur le concept de l’écologie humaine montre que ce concept est multicouches dans la mesure où l’écologie humaine peut être déconstruite en quatre dimensions distinctes : interpersonnelle, organisationnelle, collective et sociale (44). Dans son évaluation de l’écologie des personnes, par exemple, le personnel infirmier examine souvent la distance interpersonnelle, courte ou grande, qui sépare le patient des membres de sa famille, de ses amis, de ses collègues et de la collectivité (par ex : l’absence ou la pratique d’activités du patient au sein de la collectivité). Par contre, il dirige rarement son attention vers les dimensions d’ordre social : le degré d’acceptation des problèmes de santé, y compris des troubles mentaux, au sein de milieux géographiques et organisationnels (par ex : travail), ainsi que le degré de soutien organisationnel ou communautaire offert aux personnes touchées (45).
c – Limites
22Weaver et Morse (27) soutiennent que les limites d’un concept dépendent de l’écart qui existe entre ce concept et d’autres notions apparentées. Dans la documentation interdisciplinaire, les limites conceptuelles du concept de l’écologie humaine semblent perméables à d’autres concepts apparentés : écologie, écosystème et système écologique. Le terme « écologie » renvoie à l’étude de tout organisme vivant et de son environnement ; à l’instar de l’écologie humaine, l’écologie englobe l’écosystème des êtres humains, ainsi que leurs environnements physique et social, ou tout autre écosystème d’espèces animales ou végétales et leur milieu. Puisque ces concepts ont certains attributs en commun, les limites du concept de l’écologie humaine ne sont pas totalement évidentes.
23Dans l’ensemble, la documentation fait état d’un usage fragmentaire du concept de l’écologie humaine. Et bien que la valeur de ce concept sur le plan de l’utilité conceptuelle est de plus en plus reconnue, il reste à prouver de façon concluante sa valeur empirique pour la mise en œuvre de programmes d’intervention en santé (3)
Physiologie du concept
24On explore habituellement la physiologie d’un concept en examinant les différentes applications à l’aide d’un instrument de mesure. En tant que concept sommatif et global, l’écologie humaine présente un défi lorsqu’il s’agit d’en discerner la physiologie et les actions multiniveaux complexes. À la différence d’autres concepts, l’écologie humaine en tant que concept sommatif ne se prête pas bien aux mesures empiriques. On peut cependant utiliser le concept dans le contexte de la pratique infirmière si on le transforme en cadre ou modèle conceptuel comme celui de l’approche écologique.
Maturité du concept
25La maturité d’un concept renvoie à son état de préparation en vue de recherches ultérieures. Weaver et Morse (27) dénombre quatre principes à l’œuvre dans la détermination de la maturité d’un concept : principes épistémologique, logique, linguistique et pragmatique. Le principe épistémologique englobe une évaluation de différentes définitions du concept extraites de la documentation. Il sert à évaluer si le concept comporte des conditions préalables, attributs, limites et résultats bien définis. Comme nous l’expliquions précédemment, les conditions préalables et les attributs de l’écologie humaine ressortent clairement de la documentation. En revanche, les limites du concept ne sont pas évidentes puisque d’autres concepts (p. ex. écosystème, système écologique) ont des attributs semblables, comme la réciprocité et l’interdépendance sur le plan de l’interaction entre les personnes et leurs environnements.
26Le prochain principe utilisé pour évaluer la maturité du concept de l’écologie humaine, le principe linguistique, renvoie à l’utilisation cohérente du concept d’un contexte à l’autre. Dans les différentes disciplines, le concept de l’écologie humaine est utilisé de façon cohérente pour décrire les interactions réciproques, à la fois multidimensionnelles et multiniveaux, des êtres humains avec leurs environnements. Chaque discipline, par contre, aborde le concept sous un angle qui lui est propre. Les psychologues dirigent leur attention sur les facteurs interpersonnels (p. ex. comment encourager les familles à inciter un de leurs membres à adopter de meilleures habitudes de vie), tandis que les professionnels de la santé publique abordent l’écologie humaine sous l’angle de facteurs communautaires comme les mesures de pression exercées en vue d’adopter des politiques en matière de santé (p. ex. interdiction de fumer à l’intérieur des bâtiments).
27Le principe pragmatique est le troisième principe employé pour déterminer le niveau de maturité d’un concept. Ce principe fait allusion au niveau de concordance entre le concept et d’autres phénomènes du domaine des soins infirmiers. La documentation démontre que le concept de l’écologie humaine apporte une perspective complémentaire, systématique et bien organisée aux soins infirmiers, dont la pratique s’articule principalement autour des environnements intrapersonnels et interpersonnels de la personne. Même si la pratique des soins infirmiers accorde actuellement peu d’attention aux environnements économique, et politique de la personne, nous sommes d’avis qu’il s’agit là d’un objectif souhaitable et à portée de main.
28Le dernier principe utilisé pour évaluer la maturité d’un concept est le principe logique, qui renvoie à la capacité du concept de conserver ses limites à la suite de son intégration à d’autres concepts (27). En tant que concept global et sommatif, l’écologie humaine ne se prête pas bien à son intégration à d’autres concepts. L’écologie humaine jette plutôt les assises conceptuelles requises pour lier d’autres concepts inhérents aux théories applicables aux soins infirmiers communautaires (15). Par exemple, l’écologie humaine fait le lien entre le concept de la défense des droits et intérêts (par exemple, la collaboration entre du personnel infirmier et des groupes d’intervention qui pressent le gouvernement d’adopter des mesures législatives en vue de fournir des logements accessibles aux usagers des services de santé mentale) et celui du soutien social (par exemple, formation offerte par du personnel infirmer aux membres de groupes d’entraide pour personnes aux prises avec des troubles mentaux) dans le contexte de la théorie de l’autonomisation de la collectivité (46). Le Tableau 2 présente la synthèse des conclusions au regard de la maturité du concept de l’écologie humaine.
Conclusions sur la maturité du concept de l’écologie humaine
Conclusions sur la maturité du concept de l’écologie humaine
Questions d’analyse
29Dans le cadre de la méthode d’utilité pragmatique, le chercheur conçoit les questions d’analyse après avoir procédé à l’analyse des données primaires recueillies. Les questions d’analyse ont pour objectif de stimuler la pensée créative, c’est-à-dire d’encourager la remise en question des idées reçues sur le concept à l’étude. Les questions visent l’exploration de nouvelles avenues conceptuelles de façon à favoriser la transformation possible des données en explications plus poussées du concept (47). Une variété de critères servent à évaluer une question d’analyse : clarté, sens, profondeur et étendue. La clarté renvoie au fait qu’à la lecture de la question, l’attention du lecteur est dirigée vers le type de réponses escomptées. Le sens renvoie au contenu non trivial du concept. La notion de profondeur repose sur l’idée que les questions génériques donneront lieu à des réponses inattendues qui laisseront transparaître de nouveaux courants de pensée (48). L’étendue est le critère utilisé pour examiner le champ d’application du concept. Nous avons pour hypothèse que le concept de l’écologie humaine a été développé largement dans d’autres disciplines (c’est-à-dire psychologie, sociologie et santé publique). Par conséquent, et parce que notre utilisation de la méthode de l’utilité pragmatique a pour but d’évaluer le niveau de concordance conceptuelle entre l’écologie humaine et l’épistémologie des soins infirmiers, nos questions d’analyse porteront uniquement sur les données extraites des ouvrages en soins infirmiers (17).
30Nous avons posé deux questions d’analyse relativement au concept de l’écologie humaine :
- Quel est le paysage de l’écologie humaine ?
- Quel rôle occupe l’écologie humaine dans le domaine des soins infirmiers ?
Réponses aux questions d’analyse
31Les sections qui suivent présentent le fruit des recherches menées dans la documentation pour répondre aux questions d’analyse.
32a. Quel est le paysage de l’écologie humaine ?
33Cette question fait référence à l’étendue de l’application du concept de l’écologie humaine d’une discipline à l’autre. Nous utilisons le terme « paysage » tel que l’explique le dictionnaire de langue anglaise Webster (49) : « une grande étendue naturelle considérée sous l’angle de l’impression visuelle qu’elle laisse [traduction] » (p. 804). Autrement dit, notre but est de brosser pour le lecteur un portrait du savoir scientifique actuel sur l’écologie humaine.
34L’écologie a évolué, allant de l’étude des microorganismes et de leur relation symbiotique avec leurs environnements physique et chimique à l’examen scientifique minutieux des êtres humains et de leurs interactions avec leurs environnements complexes, lesquels ne se limitent pas aux environnements physique et biologique. Selon notre définition, l’écologie humaine fait référence à une conception théorique d’un système multidimensionnel, multicouches et complexe formé de personnes, de leurs interactions avec l’environnement global et des effets de ces interactions sur leur santé.
35Les interactions entre une personne et son environnement sont qualifiées de complexes, multidimensionnelles et multiniveaux. Malgré cela, on oublie souvent de parler de « symbiose ». Le terme « symbiose » qualifie des relations interdépendantes. L’influence de l’environnement sur la personne commence bien avant la conception (comme dans le cas d’un enfant né d’une mère héroïnomane) et se poursuit toute la vie (comme dans le cas d’enfants nés dans la pauvreté extrême). Au niveau individuel, Krieger (33) a eu recours à la métaphore de la toile pour expliquer le réseau labyrinthique des facteurs génétiques, culturels, sociaux et politiques qui lie chaque personne à son environnement. Cette idée de toile, ensemble irréductible des facteurs environnementaux en jeu, illustre la manière dont les personnes sont profondément enracinées dans leur environnement ; même si, de façon paradoxale, ce sont aussi des agents humains capables de changer le cours de leur vie (50).
36Des études plus approfondies sur l’écologie humaine pourraient permettre d’expliquer les raisons sous-jacentes pour lesquelles les programmes d’éducation en santé (p. ex. activités d’information et de promotion des habitudes de vie saine) réussissent rarement à démêler les facteurs environnementaux présents, et ce, dans le but de donner aux gens la capacité d’adopter des habitudes de vie plus saines. Le degré de concordance entre la personne, d’une part, et les besoins biologiques et culturels et les ressources environnementales de la collectivité, de l’autre, figure au nombre des notions prometteuses du secteur de l’écologie humaine (11, 51) tout comme l’idée selon laquelle l’examen des interactions entre la personne et son environnement devrait porter sur l’ensemble du développement biographique de la personne (52). L’effet sur une personne de l’interaction de nombreux facteurs (p. ex. familiaux ou culturels) pourrait réduire ou accroître l’effet d’autres facteurs (53). Par exemple, l’environnement politique (disons le mouvement écologique) peut exercer une influence sur l’environnement physique (la disponibilité des pistes cyclables dans le quartier) qui, à son tour, peut exercer une influence sur les choix effectués au chapitre du mode de vie (l’utilisation d’un vélo pour se rendre au travail).
37Les être humains forment le noyau central de chaque discipline, ce qui explique pourquoi on retrouve diverses perspectives théoriques sur l’écologie humaine dans les écrits (p. ex. écoféminisme, soins infirmiers écogénétique, écologie sociale). Le Tableau 3 présente les diverses perspectives de l’écologie humaine.
Perspectives diverses sur l’écologie humaine
Perspectives diverses sur l’écologie humaine
38b. Quel rôle occupe l’écologie humaine dans le domaine des soins infirmiers ?
39Cette question porte sur le sens que revêt le concept de l’écologie humaine dans la documentation sur les soins infirmiers et la profondeur de son application dans le cadre des recherches en soins infirmiers. La Figure 2 illustre l’application pragmatique du concept de l’écologie humaine dans le domaine des soins infirmiers. Ces informations ont été extraites d’études en soins infirmiers dans le but d’offrir des éléments de preuve du sens que revêt ce concept pour les infirmières chercheuses.
Application pragmatique du concept de l’écologie humaine
Application pragmatique du concept de l’écologie humaine
40Comme nous l’avons indiqué plus tôt, le concept de l’écologie humaine offre une perspective théorique sur le système d’interaction de la personne avec son environnement. Certaines études, comme celles qui portent sur l’écologie du vagin (54) ou le système bucco-dentaire (53) réduisent à un organe humain la composante environnementale du concept. En revanche, Chapados (55) utilise le concept de l’écologie humaine pour examiner le vécu d’adolescents aux prises avec une fente palatine, ainsi que leur interaction avec l’environnement, qui comprend leurs parents, leurs amis et le personnel infirmier. Dans d’autres comptes rendus empiriques, on conseille au personnel infirmier de faire le lien entre les facteurs intrapersonnels des patients et leurs préoccupations biologiques, psychologiques et sociales particulières (56, 57). Élément central de l’art de prodiguer des soins infirmiers, l’établissement de ce lien (56) dépend de la considération qu’accorde dans la pratique le personnel infirmier aux microenvironnements et macro-environnements ou, autrement dit, à l’écologie humaine du patient.
41Laustsen (2006) est d’avis que l’écologie humaine est mal comprise et que c’est pour cette raison que le personnel infirmier y accorde peu d’attention à l’heure actuelle. Par conséquent, cet auteur utilise la technique de dérivation de théorie, telle que la décrivent Walker et Avant (29), pour transformer le concept de l’écologie humaine en théorie écologique des soins infirmiers. Reifsnider, Gallagher et Forgione (58) intègrent le concept de l’écologie humaine à la théorie interactionnelle d’évaluation de la santé des enfants et à la théorie de développement du rôle maternel dans le but de créer un cadre théorique global en vue de leurs recherches sur les écarts en santé. Fondées sur ce cadre théorique, leurs études redirigent le blâme associé à certains phénomènes (comme les retards de croissance des enfants pauvres ou le faible attachement prénatal mère-enfant des adolescentes défavorisées sur le plan économique) de la personne et sa famille vers les facteurs environnementaux. Autrement dit, Reifsnider et ses collègues (58) soutiennent que la pauvreté, et non les compétences parentales, sont le facteur social déterminant des retards de croissance chez les enfants des milieux défavorisés sur le plan économique. Fait intéressant, d’autres chercheurs ont recours au concept de l’écologie humaine pour évaluer les programmes d’intervention en santé qui ont pour but de prévenir les problèmes sociaux intergénérationnels chez les adolescents (59).
42Dans le cadre d’une autre étude d’envergure s’inspirant du concept de l’écologie humaine, Jordan-Marsh et ses collaborateurs (60) se sont penchés sur les améliorations apportées simultanément aux pratiques de gestion de la douleur par l’environnement (c’est-à-dire unité de soins, centre médical et scène nationale) et les rapports au sein de l’équipe de soins. Ces changements ont été apportés sur deux ans et ont été maintenus deux ans après d’intenses mesures d’intervention. Encore une fois, l’environnement examiné dans le cadre de l’étude allait au-delà des simples interactions entre le patient et les professionnels de la santé et des attitudes et croyances des deux parties au chapitre de la gestion de la douleur.
Discussion
Limites de l’analyse
43La qualité de l’analyse conceptuelle au moyen de la méthode d’utilité pragmatique dépend des questions d’analyse employées (27). Bien qu’elles aient été concises, nos questions d’analyse étaient tout à fait adaptées aux objectifs de notre analyse conceptuelle (par ex. un des nos objectifs est de familiariser le personnel infirmier avec le concept de l’écologie humaine) Peu d’analyses conceptuelles publiées font appel à la méthode d’utilité pragmatique comparativement à d’autres méthodes. La complexité de la méthode d’utilité pragmatique peut mener au découragement et au désespoir chez certaines infirmières chercheuses. Pour assurer la rigueur, Weaver et Morse (27) explicitent de nombreuses étapes complexes de la méthode d’utilité pragmatique pour l’analyse de concept et ce, malgré leur intention de n’adhérer à aucun régime méthodologique strict. D’un autre côté, nous plaidons en faveur d’une simplification de la méthode de l’analyse du concept de l’écologie humaine pour conserver une certaine élégance sur le plan explicatif. Nous cherchons aussi à intégrer le concept de l’écologie humaine, dans toute sa complexité, au savoir des infirmières soignantes de façon à en promouvoir l’emploi en milieu clinique.
44Effectivement, malgré que l’analyse de concept basée sur la documentation publiée soit considérée par les chercheurs et les savants comme une stratégie fondamentale de construction du savoir spécifique à la discipline des soins infirmiers (6, 61), l’analyse de l’utilisation coutumière des concepts dans la pratique quotidienne des infirmières s’avère un autre moyen valide quoique peu exploré de développer le savoir infirmier (62). Notre étude constitue un pas vers l’adoption du concept « écologie humaine » dans le langage commun des infirmières au chevet. D’autre part, certains auteurs trouvent que l’utilisation des connaissances émanant des études de recherche (par ex. des constats d’une analyse de concept) serait possible seulement si ces nouvelles connaissances sont reliées intimement au savoir expérientiel des praticiens (63). De ce fait, une explication succincte qu’est notre étude sert à rendre le concept « écologie humaine » plus familier aux infirmières au chevet.
Conclusion
45Selon Weaver et Morse (27), la méthode d’analyse conceptuelle fondée sur l’utilité pragmatique se démarque des approches traditionnelles d’examen de la documentation dans le cadre d’une analyse de concept ; en assurant l’évaluation critique de la documentation, elle clarifie la confusion théorique entourant un concept donné et accroît le savoir. Comme l’indique notre introduction, nous n’avons pas pour but de clarifier toute la diversité sémantique et conceptuelle relative au concept de l’écologie humaine, mais plutôt d’introduire aux infirmières au chevet ce concept dans toute sa complexité afin d’influencer leurs processus d’évaluation des besoins des personnes.
46Bien que différentes disciplines abordent l’écologie humaine selon des angles différents, l’emploi interdisciplinaire de ce concept gagne en popularité. Le savoir interdisciplinaire sur l’écologie humaine est indubitablement riche, surtout dans le domaine de la santé publique (4). Les conclusions d’analyse de concept laissent entendre que les infirmières chercheuses appliquent le concept de l’écologie humaine à la façon d’un système multicouches pour classer les facteurs environnementaux afin d’en venir à une compréhension plus globale de la relation personne-environnement. Néanmoins, ces infirmières planifient et mettent en œuvre des interventions pouvant être qualifiées d’« écologiques », et en font l’évaluation, mais persistent à cibler la dimension infirmière-patient ou infirmière-patient/famille plutôt que la dimension personne-environnement, qui est beaucoup plus globale. L’avenir des soins infirmiers en général et en santé communautaire spécifiquement exige des théoriciens et praticiens du domaine qu’ils intègrent le concept de l’écologie humaine au nombre des modèles conceptuels et grandes théories infirmières du domaine (64). De cette façon, le personnel infirmier apprendra à porter son attention sur l’environnement global des patients - qui s’étend au-delà de la maladie, des comportements et de la famille des patients - et à examiner plus profondément les facteurs historiques et culturels qui agissent sur leurs comportements et les contextes sociaux et politiques sur lesquels ils n’ont aucun contrôle. Dans la pratique, le concept de l’écologie humaine pourrait aussi apporter un élément de réponse aux questions que se pose souvent le personnel infirmier par rapport aux motifs du « refus » des patients d’adopter des comportements sains. Le personnel infirmier pourrait appliquer ce concept à l’examen d’aspects environnementaux (p. ex. vivre dans des quartiers défavorisés où on ne peut pas se procurer de fruits et de légumes frais) plutôt que de s’en tenir à des observations sur les facteurs intrapersonnels ou interpersonnels (p. ex. manque de volonté de manger des fruits frais ou de connaissances sur la bonne alimentation).
47Si les incursions de la profession infirmière sur la scène politique sont rares, les politiques de santé ont, en revanche, des répercussions considérables sur la pratique infirmière et les environnements social et politique du personnel infirmier (65). Dans le contexte d’une participation plus active des infirmières sur la scène politique, l’écologie humaine pourrait alimenter et élargir l’horizon du personnel infirmier, lui donnant ce faisant, les outils requis pour se tourner vers l’activité militante et œuvrer en faveur de politiques de santé plus favorables.
L’article a été publié en anglais : Huynh,T., Alderson, M., (2009) Towards understanding human ecology in nursing practice : a concept analysis. In « Nursing Forum », 44(2), 115-128. Traduction des auteures
Bibliographie
- 1Wegner J. Ecology and Human Health. In : Frumkin H, editor. Environmental health from global to local. San Francisco, CA : Jossey-Bass ; 2005.
- 2Park RE, Burgess EW, McKenzie RD, editors. The city. Chicago : University of Chicago Press ; 1925.
- 3Sallis JF, Owen N. Ecological models of health behaviors. In : Glanz K, Rimer B, Lewis LM, editors. Health behavior and health education : theory, research, and practice San Francisco, CA : Josseu Bass ; 2002.
- 4Richard L, Gauvin L. Building and implementing ecological health promotion interventions. In : O’Neil M, Pederson A, Rootman I, editors. Health promotion in Canada. Toronto : Canadian Scholars’ Press 2007. p. 317-29.
- 5Meleis AI. Theoretical Nursing : Development & Progress. Philadelphia : Lippincott Williams & Wilkins ; 2007.
- 6Lauzon S, Pépin J. Appréhension de la substance infirmière par l’examen de concepts ayant fait l’objet d’analyse. Recherche en Soins Infirmiers. 2000 ; 63(10-19).
- 7Parse RR. The human becoming school of thought : A perspective for nurses and other health professionals. Thousand Oaks, CA : Sage ; 1998.
- 8Roy C, Andrews HA. The Roy Adaptation Model Stanford, CT : Appleton & Lange 1999.
- 9McEwen M, Wills E. Theoretical Basis for Nursing. Philadelphia : Lippincott Williams & Wilkins ; 2007.
- 10Laustsen G. Environment, ecosystems, and ecological behavior : a dialogue toward developing nursing ecological theory. Advances in Nursing Science, 2006 ; 29(1) : 43-54.
- 11Edwards N, Mill J, Kothari AR. Multiple Intervention Research Programs in Community Health. Canadian Journal of Nursing Research. 2004 ; 36(1) : 40-54.
- 12Green J. Health education-the case for rehabilitation. Critical Public Health 2008 ;18(4) : 447-56.
- 13Marmot M, Bégin M, Berlinguer G, Chatterjee M, Foege W, Guo C, et al. Closing the gap in a generation : Health equity through actions on the social determinants of health. Geneva : WHO- Commission report on the social determinants of health 2008.
- 14Beaglehole R, Bonita R. Public health at the crossroads : Achievements and prospects 2nd ed. Cambridge : Cambridge University Press ; 2004.
- 15Bartholomew LK, Parcel GS, Kol G, Gottlieb NH. Planning Health Promotion Programs. An Intervention Mapping Approach. San Francisco, CA : Jossey-Bass ; 2006.
- 16Morgenstern LB, Bartholomew LK, Grotta JC, Staub L, King M, Chan W, et al. Sustained benefit of a community and professional intervention to increase acute stroke therapy. Archives of Internal Medicine. 2003 ; 163(2198-2202).
- 17Morse J. Exploring Pragmatic Utility : Concept Analysis by Critically Appraising the Literature. In : Rodgers K, Knaft A, editors. Concept Development in NursingFoundations, Techniques, and Applications. Philadelphia : W.B. Saunders ; 2000.
- 18Hupcey JE, Penrod J, Morse J, Mitcham C. An exploration and advancement of the concept of trust. Journal of Advanced Nursing. 2001 ; 36(2) : 282-93.
- 19Formarier M. La clinique infirmière une réalité à développer. Recherche en soins infirmiers. 2008 ; 93 : 10-3.
- 20Huynh T, Alderson M, Thompson M. Le travail émotionnel qui sous-tend les soins infirmiers : Une analyse évolutionnaire de concept Recherche en soins infirmiers. 2009 ; 97.
- 21O’Connor T, Kelly B. Bridging the gap : a study of general nurses’ perceptions of patient advocacy in Ireland. Nursing Ethics. 2005 ; 12(5) :453-67.
- 22Hanks R. Barriers to nursing advocacy : a concept analysis. Nursing Forum. 2007 ; 42(4) : 171-7.
- 23Dublin R. Theory building. New York : Free Press ; 1978.
- 24Glanz K, Rimer B, Frances ML, editors. Health Behavior and Health Education. San Francisco, CA : Jossey-Bass ; 2002.
- 25Kivinen O, Piiroinen T. On the limits of a realist conception of knowledge. A pragmatist critique of Archerian realism. The Sociological Review. 2006 ; 54(2) : 224-41.
- 26Lee R, Cubbin C. Striding Toward Social Justice : The Ecologic Milieu of Physical Activity. Exercise & Sport Sciences Reviews January. 2009 ; 37(1) : 10-7.
- 27Weaver K, Morse J. Pragmatic Utility : Using Analytical Questions to Explore the Concept of Ethical Sensitivity. Research and Theory for Nursing Practice : An International Journal. 2006 ; 20(3) : 191-214.
- 28Galiana Sanchez ME, Gascon Perez E. Ecology as a center of interest. Revista de Enfermeria. 2004 ; 27(1) : 21-6.
- 29Walker L, Avant K. Strategies for theory costruction in nursing. Upper Saddle River, NJ : Pearson Prentice Hall ; 2005.
- 30Lee R, Cubbin C. Striding Toward Social Justice : The Ecologic Milieu of Physical Activity. Exercise & Sport Sciences Reviews. 2009 ; 37(1) : 10-7.
- 31Lake A, Townshend T. Obesogenic environment : exploring the built and food environment. Journal of The Royal Society for The Promotion Of Health. 2006 ; 126(6) : 262-7.
- 32Ahern MM, Hendryx MS. Social capital and risk for chronic illnesses. Chronic Illness. 2005 ; 1(3) : 183-90.
- 33Krieger N. Theories for social epidemiology in the 21st century : an ecosocialperspective. International Journal of Epidemiology. 2001 ; 30 : 668-77.
- 34Banyard VL, Cross C, Modecki KL. Interpersonal violence in adolescence : ecological correlates of self-reported perpetration. Journal of Interpersonal Violence. 2006 ; 21(10) : 1314-32.
- 35Dabelko H, Gregoire T. The role of social support in adult day services utilization. Journal of Social Work in Long Term. 2005 ; 3(3/4) : 205-21.
- 36Pearson TA, Lewis C, Wall S, Jenkins PL, Nafziger A, Weinehall L. Dissecting the “black box” of community intervention : background and rationale. Scandinavian Journal of Public Health. 2001 ; 29(2) : 5-12.
- 37Gatrell AC. Complexity theory and geographies of health : a critical assessment. Social Science & Medicine 2005 ; 60(2661-2671).
- 38Stafford M, Cummins S, Ellaway A, Sacker A, Wiggins RD, Macintyre S. Pathways to obesity : Identifying local, modifiable determinants of physical activity and diet. Social Science & Medicine. 2007 ; 65(9) : 1882-97.
- 39Best A, Moor G, Holmes B, Clark P, Bruce T, Leischow S, et al. Health Promotion Dissemination and System Thinking : Toward an Integrative Model. American Journal of Health Behavior. 2003 ; 27 : S206-16.
- 40Turner JC. Explaining the nature of power : a three-process theory. European Journal of Social Psychology. 2005 ; 35 : 1-22.
- 41Resnicow K, Braithwaite RL, Dilorio C, Glanz K. Appying Theory to Culturally Diverse and Unique Populations. In : K. Glanz, Rimer B, Lewis C, editors. Heath Behavior and Health Education San Francisco : Jossey-Bass ; 2002.
- 42Anderson RA, Crabtree BF, Steele DJ, Reuben R. Case Study Research : The View From Complexity Science. Qualitative Health Research. 2005 ; 15(5) : 669-85.
- 43Cilliers P. Complexity and post modernism : Understanding complex system. London : : Routledge ; 1998.
- 44Richard L, Potvin L, Kishchuk N, Prlic H, Green L. Assessment of the Integration of the Ecological Approach in Health Promotion Programs. American Journal of Health Promotion. 1996 ; 10(4) : 318-28.
- 45Brimblecombea N, Tingle A, Tunmore R, Murrells T. Implementing holistic practices in mental health nursing : A national consultation. International Journal of Nursing Studies. 2007 ; 44 : 339-48.
- 46Zimmerman MA. Empowerment theory : Psychological, Organizational and Community Levels of Analysis. In : Rappaport J, Seidman E, editors. Handbook of Community Psychology. New York : Plenum ; 2000. p. 43-63.
- 47Weaver K, Morse J, Mitcham C. Ethical sensivity in professional practice : concept analysis. Journal of Advanced Nursing. 2008 ; 62(5) : 607.
- 48Penrod J. Living with uncertainty : concept advancement. Journal of Advanced Nursing. 2007 ; 57(6) : 658-67.
- 49Agnes M, editor. Webster’s new world college dictionary. Cleveland, OH : Macmillan ; 1999.
- 50Archer M. Making our way through the world. Cambridge : Cambridge Uinversity Press ; 2007.
- 51Deber R, McDougall C, Wilson K. Public health through a different lens. Healthcare Papers. 2007 ; 7(3) : 66-71.
- 52Elder GH, Johnson M, Crosnoe R. The emergence and development of life course theory. In : Mortimer JT, Shanahan MJ, editors. Handbook of life course. New York : Springer ; 2004.
- 53Eriksen HM, Dimitrov V, Rohlin M, Petersson K, Svensater G. The oral ecosystem : implications for education. European Journal of Dental Education. 2006 ; 10(4) : 192-6.
- 54Andrist LC. Vaginal health and infections. Journal Obstetrics Gynecological Neonatal Nursing. 2001 ; 30(3) : 306-15.
- 55Chapados C. Experience of teenagers born with cleft lip and/or palate and interventions of the health nurse. Issues in Comprehensive Pediatric Nursing 2000 ; 23(1) : 27-38.
- 56Hall R, Joseph D, Schwartz-Barcott D. Behavioral Maintenance : A Closer Look. Nursing Forum. 2002 ; 37(1) : 5-11.
- 57Noone J. Finding the best fit : A grounded theory of contraceptive decision-making in women. Nursing Forum. 2004 ; 39(4) : 13-24.
- 58Reifsnider E, Gallagher M, Forgione B. Using ecological models in research on health disparities. Journal of Professional Nursing. 2005 ; 21(4) : 216-22.
- 59Frazier L, Meininger J, Halsey Lea D, Boerwinkle E. Genetic discoveries and nursing implications for complex disease prevention and management. Journal of Professional Nursing. 2004 ; 20(4) : 222-9.
- 60Jordan-Marsh M, Hubbard J, Watson R, Deon Hall R, Miller P, Mohan O. The social ecology of changing pain management : Do I have to cry ? Journal of Pediatric Nursing. 2004 ; 19(3) : 193-203.
- 61Weaver K, Mitcham C. Nursing concept analysis in North America : state of the art. Nursing Philosophy. 2008 ; 9 : 180-94.
- 62Risjord M. Rethinking concept analysi. Journal of Advanced Nursing. 2009 ; 65(3) : 684-91.
- 63Simons H, Kushner S, Jones K, James D. From evidence-based practice to practice-based evidence. the idea of situated generalizations. Research Papaer in Education 2003 ; 18(4) : 347-64.
- 64Fawcett J. Contemporary Nursing Knowledge. Analysis and Evaluation of Nursing Models and Theories. Philadelphia : F.A. Davis ; 2005.
- 65Taft H, Nanna K. What are the sources of health policy that influence nursing practice ? Policy, politics and nursing practice. 2008 ; 9(4) : 274.
Mots-clés éditeurs : méthode de l'utilité pragmatique, analyse conceptuelle, soins infirmiers, soins infirmiers communautaires, écologie humaine
Date de mise en ligne : 11/01/2014
https://doi.org/10.3917/rsi.101.0004