La capacité des Big Tech à collecter, analyser et valoriser les données numériques est depuis plusieurs années un objet de préoccupation et de critique. Ces entreprises ont été accusées de mettre en péril la vie privée informationnelle. L’essor d’un « capitalisme de surveillance », initié par Google et Facebook, a fait l’objet de dénonciations vigoureuses, insistant sur la capture de l’attention des internautes et la manipulation de leurs comportements (Zuboff, 2019). L’appétit de ces entreprises pour les données a aussi fait naître des craintes plus générales quant à leur pouvoir économique et politique. Les développements récents des intelligences artificielles (IA) dites « génératives » n’ont fait qu’accentuer ces préoccupations : l’accès à des bases de données pléthoriques constitue, avec la capacité à déployer de colossales infrastructures de calcul, le fondement de la domination exercée par les Big Tech dans ce champ, vu comme stratégique pour les décennies à venir (Widder, West & Whittaker, 2023). La concentration des données a en outre un coût écologique, dans la mesure où le traitement de quantités croissantes de données nécessite de grands volumes d’eau et consomme énormément d’énergie (Dauvergne, 2022).
Face à ces périls, les réponses apportées se sont globalement organisées autour de deux axes. L’approche réglementaire – dont l’Union européenne (UE) se veut aujourd’hui le leader mondial – a cherché à mieux encadrer les activités des Big Tech, en les soumettant à des législations relativement exigeantes en matière de données personnelles (RGPD), de respect de la concurrence (DMA) ou, plus récemment, d’intelligence artificielle …
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