Depuis la rubrique « science-fiction » publiée dès les années 1970 dans le mensuel écologique La Gueule ouverte et jusqu’à nos jours, les récits science-fictionnels de dystopie ou de désastre global constituent une source de réflexion et un espace de réflexivité pour l’écologie politique. Cette fonction s’accentue aujourd’hui, dans un contexte d’assombrissement des horizons écologiques et climatiques, et à mesure qu’un hypothétique développement durable perd peu à peu en plausibilité. Cet article vise à étudier pourquoi l’extraordinaire diversité des récits de désastres globaux peut aider à identifier et problématiser les questions que soulève l’écologie politique quand elle s’efforce d’imaginer, à l’ombre de la catastrophe amorcée, le devenir des sociétés humaines dans les décennies à venir, et au-delà. Il s’agira notamment de relativiser la notion d’effondrement en la réinscrivant dans un paysage plus vaste, à partir de trois questions : celle du régime de responsabilité à l’origine du désastre, celle du caractère répétitif ou inédit du désastre, et celle du rythme de concrétisation du désastre – entre lenteur dystopique, précipitation collapsologique et instantanéité apocalyptique.