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Article de revue

Les interactions entre les différentes composantes du traumatisme psychique et les conduites d’assuétudes

Pages 97 à 109

Introduction

1Le lien entre le traumatisme psychique et les conduites d’assuétudes a été étudié par de nombreux chercheurs. D’après eux, il existe une prévalence étonnement grande entre ces deux pathologies. La fréquence de cette comorbidité varie en effet de 12 et 34 % chez les patients traités pour une conduite d’assuétude. (Kessler, Sonnega, Bromet, Hughes et Nelson, 1995 ; Langeland et Hartgers, 1998 ; Stewart, 1996). Cette comorbidité apparaît indépendamment de la nature de l’événement traumatique et du type de produit consommé (Keane et Wolfe, 1990 ; Najavits, Gastfriend, Barber, Reif et al., 1998). Les personnes présentant ce double diagnostic ont tendance à consommer des drogues dures (cocaïne et opiacés), des médicaments sous prescription, de la marijuana et de l’alcool.

2Un des objectifs de cet article est de corroborer ces observations en essayant de démontrer qu’il existe un lien entre le traumatisme psychique et les conduites d’assuétudes. En plus des principales caractéristiques du DSM-IV (American Psychiatric Association, 1996), d’autres symptomatologies liées au traumatisme psychique seront investiguées. Le traumatisme psychique sera donc envisagé de manière plus globale, c’est-à-dire en reprenant davantage de facteurs que la classification du syndrome de stress post-traumatique du DSM-IV. Le DSM-V (American Psychiatric Association, 2013) paru en mai 2013 considère quant à lui le syndrome de stress post-traumatique également sous une forme plus globale, en reconnaissant la diversité des formes cliniques prises par la souffrance humaine à la suite d’une expérience délétère (Josse, 2013). En ajoutant ces symptomatologies supplémentaires, nous espérons pouvoir mieux comprendre les mécanismes liant le traumatisme psychique aux conduites d’assuétudes. En d’autres termes, nous espérons pouvoir identifier comment les différents types de symptomatologies agissent sur les conduites d’assuétudes. Pour cela, nous allons d’abord définir ce que nous entendons par les différentes composantes du traumatisme psychique. Nous allons également mettre en évidence deux modèles expliquant les liens de causalité entre le traumatisme psychique et les conduites d’assuétudes. Ensuite, nous allons exposer les hypothèses ainsi que la méthodologie de notre recherche. Nous finaliserons l’article en mettant en évidence les résultats intéressants de notre recherche et en indiquant des pistes qui pourraient être prises en compte lors du suivi et du traitement d’une personne présentant une conduite d’assuétude et/ou un traumatisme psychique.

Les différentes composantes du traumatisme psychique

3Damiani et Pereira-Fradin (2006) listent différents symptômes pouvant apparaître lors de l’événement et les troubles psychotraumatiques apparus depuis l’événement. Le traumatisme psychique dans cette optique comprend les réactions immédiates, physiques et psychiques pendant l’événement ainsi qu’une série de symptômes pouvant apparaître après l’événement. Selon ces auteurs, neuf types de symptômes peuvent être détectés. Nous allons les regrouper en deux grandes catégories de symptômes pour cet article.

4La première catégorie reprend les symptômes psychologiques comprenant :

  • les symptômes pathognomoniques de répétition,
  • l’anxiété, l’état d’insécurité et les évitements phobiques,
  • l’irritabilité, la perte de contrôle, l’hypervigilance et l’hypersensibilité,
  • les troubles cognitifs,
  • les troubles dépressifs,
  • la perception de la qualité de vie,
  • les manifestions liés à la perception du vécu traumatique caractérisé par des symptômes tels que la culpabilité et la honte.

5La deuxième catégorie de symptômes reprendra les manifestations d’ordre physiologique comprenant :

  • les réactions psychosomatiques et physiques,
  • les troubles du sommeil.

Deux modèles expliquant les liens de causalité entre le traumatisme psychique et les conduites d’assuétudes

6Afin d’optimiser les prises en charge des patients présentant ces deux pathologies, certains chercheurs se sont questionnés sur les liens de causalité qu’elles entretiennent ; deux modèles d’explication en ressortent.

7Le premier modèle considère que le traumatisme psychique est la conséquence de la conduite d’assuétude. En effet, afin de garantir la consommation de la substance, les usagers se mettent de manière répétitive dans des situations à risque, ce qui peut mener à des expériences hautement traumatiques (Cottler, Compton, Mager, Spitznagel et Janca, 1992). Par conséquent, la consommation de substances peut à son tour devenir plus intense (Fulliove, Fullilove, Smith, Winkler et al., 1993). Une étude a ainsi démontré que des patients présentant une dépendance à la cocaïne ont développé un traumatisme psychique alors qu’ils s’étaient mis dans des situations à hauts risques traumatiques dans le but de se procurer de la substance pour répondre à leur besoin de consommation (Brady, Dansky, Sonne et Saladin, 1998). Par ailleurs, la consommation chronique d’une substance mène à des niveaux d’activation cérébrale et d’anxiété accrus ainsi qu’à une sensibilisation du système neurobiologique du stress (Aouizerate, Schluger, Perret, McClary, Ho, Piazza et Kreek, 1999). La personne sera alors d’autant plus vulnérable pour développer un traumatisme psychique suite à un événement potentiellement traumatique (Jacobson, Southwick et Kosten, 2001).

8Le second modèle considère, quant à lui, que le traumatisme psychique précède le développement d’une conduite d’assuétude (Breslau, Davis, Peterson et Schultz, 1997 ; Chilcoat et Breslau, 1998 ; Cottler, Compton, Mager, Spitznagel et Janca, 1992). Selon ce schéma d’explication, la consommation de la substance a une fonction d’automédication pour faire face aux symptômes liés au traumatisme psychique. En effet, les dépresseurs du système nerveux central tels que l’alcool, le cannabis, les opioïdes et les benzodiazépines améliorent de manière importante les symptômes liés au traumatisme psychique (Bremmer, Southwick, Darnell et Charney, 1996). Par ailleurs, les personnes présentant un traumatisme psychique rapportent que l’apparition et la sévérité de leur conduite d’assuétude seraient liées avec l’apparition et l’escalade des symptômes liés au traumatisme psychique (Bremmer, Southwick, Darnell et Charney, 1996). D’autres recherches soutiennent ce deuxième modèle. En effet, il apparaît que le choix et l’abus d’une substance dépendent de la constellation particulière des symptômes liés au traumatisme psychique. À titre d’exemple, nous retrouverons plus de symptômes d’activation cérébrale chez les patients dépendants à l’alcool que chez les patients dépendants aux drogues illicites (Saladin, Brady, Dansky et Kilpatrick, 1995).

9Le deuxième modèle indique également que le sevrage d’un patient présentant un traumatisme psychique est suivi d’un cycle de rechutes et de consommation continuelle de la substance. En effet, les symptômes liés au sevrage ressemblent fortement aux symptômes d’activation cérébrale du traumatisme psychique (Van der Kolk, Greenberg, Boyd et Krystal, 1985). On compte parmi les symptômes du sevrage l’insomnie, l’agitation psychomotrice, l’anxiété, l’hyperactivité autonomique, un tremblement de mains accru, des hallucinations transitoires, des nausées ainsi que des convulsions. Parmi les symptômes d’activation cérébrale liés au traumatisme psychique, on note des troubles du sommeil, de l’irritabilité ou des explosions de colère, des difficultés de concentration, de l’hypervigilance, ainsi que des réactions exagérées de sursaut. La substance a donc pour fonction d’améliorer les symptômes liés à l’activation cérébrale du traumatisme psychique. Toutefois, le patient en cours de sevrage a des symptômes qui ressemblent aux symptômes d’activation cérébrale du traumatisme psychique. Par conséquent, cette suractivation cérébrale peut rappeler les événements à l’origine du traumatisme et amener la répétition des symptômes. Ceci peut avoir comme résultat la rechute et donc la re-consommation de la substance afin d’atténuer l’amplification de ces symptômes (Jacobson, Southwick et Kosten, 2001 ; Brady, Killeen, Saladin, Dansky et Becker, 1996 ; Kofoed, Friedman et Peck, 1993). Cela tend à indiquer qu’il s’agirait donc de faire diminuer d’abord le traumatisme psychique afin de pouvoir espérer faire diminuer la conduite d’assuétude. Une étude longitudinale menée sur des patients présentant ce double diagnostic a montré des résultats appuyant cette hypothèse. En effet, elle démontre que lorsque les symptômes liés au traumatisme psychique baissent, la conduite d’assuétude diminue ; lorsque les symptômes persistent, la conduite d’assuétude ne s’améliore pas (Ouimette, Brown et Najavits, 1998).

10La plupart des recherches publiées soutiennent ce deuxième modèle d’explication postulant que le traumatisme psychique précède la conduite d’assuétude (Keane, Gerardi, Lyons et Wolfe, 1988).

11Étant donné que la présente étude est une recherche rétrospective, et que par conséquent le lien de causalité peut être difficilement établi, nous partirons également de l’hypothèse que le traumatisme psychique précède la conduite d’assuétude pour l’investigation de nos hypothèses de recherche.

Les hypothèses de la recherche

12En résumé, cet article a pour objectif principal d’investiguer les relations entre le traumatisme psychique envisagé de manière plus globale que la classification du syndrome dans le DSM-IV, laquelle a été la plus utilisée dans les recherches précédentes à notre connaissance, et la consommation d’alcool/de drogues illicites. Concrètement nous postulons que :

  • Il existe une corrélation positive entre la consommation d’alcool et de drogues illicites et la sévérité des différentes composantes du traumatisme psychique.
  • Il existe une différence de consommation de produits (alcool et drogues illicites) en fonction des différents degrés de sévérité des symptomatologies liées au traumatisme psychique.

13Par événement de vie potentiellement traumatique nous entendons les événements graves, potentiellement mortels dont le sujet a été soit victime, soit témoin.

Méthodologie

Échantillon

1464 patients hospitalisés entre mars 2011 et août 2011 dans un service d’admission de psychiatrie générale (Centre neuro-psychiatrique Saint-Martin, Dave) pour sevrage physique ont été inclus dans l’étude. Nous avons choisi cette unité car elle accueille notamment des patients présentant une problématique de mono- ou poly-assuétude(s) aux drogues illicites et/ou licites. Pour l’ensemble de l’échantillon, nous observons une représentation majoritaire d’hommes (82,8 %) par rapport aux femmes (17,2 %). L’âge moyen est de 45,19 ans (±10,14 ; minimum 25 ans ; maximum 65 ans).

Procédure expérimentale

15Le patient avait le choix d’accepter ou de refuser la participation à l’étude. Dans le cas où le patient acceptait de participer à l’étude, il était accompagné dans un local pour compléter trois questionnaires psychométriques en autopassation. Ces trois questionnaires évaluaient : la consommation d’alcool, la consommation de drogues ainsi que le traumatisme psychique. Un enquêteur, formé à la passation des questionnaires, donnait au préalable les instructions pour les compléter.

Mesures

Consommation d’alcool : Alcohol Dependance Scale (ADS)

16La dépendance à l’alcool est mesurée via le questionnaire ADS (Horn, Skinner, Wanberg et Foster, 1984).

Dépendance aux drogues : Drug Abuse Screening Test (DAST)

17Le DAST (Skinner, 1982) est un questionnaire qui permet d’évaluer de façon brève les perceptions des patients concernant leurs problèmes d’abus de drogues, leur degré de dépendance à la drogue et les diverses conséquences de l’abus des drogues.

Les symptomatologies liées au traumatisme psychique

18Les symptomatologies liées au traumatisme psychique sont évaluées à l’aide du questionnaire TRAUMAQ (Damiani et Pereira-Fradin, 2006). Ce questionnaire mesure la fréquence ainsi que l’intensité du traumatisme psychique. Il évalue le vécu durant l’événement et les réactions postérieures à l’événement. Le questionnaire est composé de dix échelles.

Analyse des données

19Dans le but d’analyser différentes hypothèses, nous effectuerons différents tests statistiques. Afin d’investiguer si la consommation d’alcool ou de drogues illicites diffère de manière significative en fonction du degré de sévérité des différentes symptomatologies, nous allons appliquer l’analyse de la variance à un critère de classification (ANOVA 1 ou l’ANOVA de Welch). L’analyse post-hoc de Tukey ou de Games-Howell sera appliquée. Afin de savoir si l’on peut associer la consommation d’alcool ou de drogues à la sévérité du traumatisme psychique, nous allons effectuer le coefficient de corrélation de Spearman.

Résultats

20Pour l’ensemble des résultats, aucun lien significatif n’est observé entre les différentes composantes du traumatisme psychique et les drogues illicites.

Les réactions immédiates

21Le score de l’ADS est significativement différent au niveau statistique entre au moins deux groupes différents de sévérité de l’échelle mesurant les réactions immédiates, F(3) = 3,299, p = .027.

22Nous observons également une corrélation positive et significative entre l’échelle mesurant les réactions immédiates et l’ADS (rs(58) = .376, p = .004).

Les résultats en lien avec les symptomatologies psychologiques

Le symptôme pathognomonique de répétition

23Nous observons uniquement une corrélation positive et significative entre l’échelle mesurant le symptôme pathognomonique et l’ADS (rs(58) = .332, p = .011).

Les résultats en lien avec les symptomatologies physiologiques

Les troubles du sommeil

24Nous observons une corrélation positive et significative entre l’échelle mesurant les troubles du sommeil et l’ADS (rs(58) = .291, p = .027).

Les réactions psychosomatiques et physiques

25Nous observons une corrélation positive et significative entre l’échelle mesurant les troubles psychosomatiques et l’ADS (rs(58) = .265, p = .044).

Discussion

26D’après les recherches existantes, le traumatisme psychique et les conduites d’assuétudes semblent fortement liés. Les conduites d’assuétudes, dans ce contexte de comorbidité, prendraient une fonction d’automédication permettant d’apaiser les symptômes pouvant apparaître à la suite d’un événement potentiellement traumatique. À notre connaissance, la plupart des recherches se basent sur des outils psychométriques se référant uniquement au DSM-IV qui catégorise cette pathologie sous les troubles anxieux alors qu’il s’agit d’une pathologie plus complexe incluant davantage de facettes. Le DSM-V, paru en mai 2013, franchit quant à lui un cap important en créant un chapitre à part entière pour les troubles consécutifs aux traumatismes et au stress intitulé « Trauma and Stress-Related Disorders ». Les auteurs du DSM-V reconnaissent davantage la diversité des formes cliniques du trouble et le considèrent d’une manière plus globale en intégrant davantage de facettes. La présente étude a également envisagé le traumatisme psychique selon une vision plus globale. Nous y avons notamment inclus l’état dépressif, les somatisations ainsi que le vécu traumatique. Les réactions psychiques et physiques manifestées pendant, ainsi qu’après, l’événement ont aussi été incluses dans notre analyse. Via l’intégration de ces variables, nous espérons développer une meilleure connaissance des liens existants entre le traumatisme psychique et les conduites d’assuétudes et ainsi contribuer à l’amélioration des prises en charge des patients demandant un traitement pour un traumatisme psychique et/ou des conduites d’assuétudes.

27En ce qui concerne les réactions immédiates pendant l’événement, les résultats de cette étude montrent que plus les réactions physiques et psychologiques pendant l’événement sont importantes, plus la consommation d’alcool qui vient après est importante.

28Concernant les symptômes psychiques, notre étude révèle des résultats particulièrement intéressants concernant le syndrome pathognomonique de répétition. En effet, il apparaît que plus les reviviscences (l’impression de revivre l’événement), les flashs, et l’angoisse attachée à ces répétitions sont importants, plus la consommation d’alcool est importante. Cependant, le même phénomène n’est pas observé en ce qui concerne la consommation de drogues illicites pour laquelle notre étude ne révèle aucun effet significatif en lien avec cette variable. Il apparaît également que les personnes manifestant de forts symptômes pathognomoniques consomment de manière significative plus d’alcool que les personnes présentant de faibles symptômes pathognomoniques. Contre toute attente, nous ne pouvons pas conclure que plus l’anxiété, l’état d’insécurité et les évitements phobiques sont importants, plus la consommation de l’alcool et des drogues illicites est importante. En effet, selon la présente étude, ces symptômes ne semblent pas pouvoir être mis en lien avec la conduite d’assuétude. Cela compte également pour l’irritabilité, la perte de contrôle, l’hypervigilance et l’hypersensibilité pouvant survenir suite à un événement potentiellement traumatique. De même, aucun lien ne peut être établi entre les troubles cognitifs (mémoire, concentration, attention) et les conduites d’assuétudes. De manière étonnante, nous ne pouvons également pas mettre en lien les symptômes dépressifs avec les conduites d’assuétudes. La perception de la qualité de vie ne peut également pas être mise en lien avec les conduites d’assuétudes. Il apparaît que le vécu traumatique, caractérisé par la culpabilité, la honte, l’atteinte de l’estime de soi, les sentiments violents et la colère ou encore l’impression d’avoir fondamentalement changé ne peuvent également pas être mis en lien, ni avec la consommation d’alcool, ni avec la consommation de drogues illicites.

29En ce qui concerne les symptomatologies physiques et physiologiques, notre étude révèle que plus les troubles du sommeil sont importants suite à un événement potentiellement traumatique, plus la consommation d’alcool est importante. De manière curieuse, nous n’observons pas le même phénomène concernant la consommation de drogues illicites. Concernant les autres réactions psychosomatiques et physiques, il apparaît que plus celles-ci sont importantes, plus la consommation d’alcool est importante. Cette découverte peut être mise en lien avec les recherches qui ont déjà été effectuées précédemment et qui indiquent que si on sèvre la consommation d’alcool, il pourrait y avoir une amplification des symptômes liés au traumatisme psychique, et cette amélioration serait due aux symptômes de sevrage qui s’ajouteraient à ces derniers et qui peuvent y ressembler. En effet, parmi les symptômes physiques et psychosomatiques, nous pouvons citer les maux de tête, les nausées, les palpitations, les tremblements, les sueurs, la respiration difficile, les variations de poids ainsi que la détérioration de l’état physique ressemblant aux symptômes d’un sevrage d’alcool. Par conséquent, la consommation d’alcool se trouve augmentée et peut permettre de faire face à ces symptômes amplifiés et d’éviter la nouvelle confrontation avec l’événement traumatique. Par contre, nous ne relevons pas les mêmes observations concernant les drogues illicites.

Les limites de l’étude et perspectives

30Il est possible d’expliquer l’absence de lien significatif avec les drogues illicites par le fait que notre étude a repris sous la catégorie des drogues illicites, à la fois des dépresseurs du système nerveux central et les stimulants du système nerveux central. Nous postulons donc que si ces deux types de substances avaient été considérés dans deux catégories distinctes, les résultats auraient été différents. En effet, nous pourrions poser l’hypothèse que les personnes qui présentent une conduite d’assuétude utilisant des stimulateurs présenteraient davantage de symptômes dépressifs qu’elles essaieraient ainsi de réduire. Nous aurions également pu établir l’hypothèse que les personnes qui consomment uniquement des dépresseurs présenteraient davantage de symptômes liés à l’anxiété ou encore à l’irritabilité. En ce sens, il serait pertinent que des recherches futures fassent la distinction entre chaque produit consommé afin de voir si nos résultats peuvent être corroborés.

31Une raison pour laquelle nous n’avons pas trouvé plus de résultats significatifs pourrait être liée au fait que notre étude a été menée sur des patients qui sont hospitalisés en psychiatrie et souffrent tous d’un trouble psychopathologique. Le fait de comparer des personnes à l’intérieur d’une unité psychiatrique peut donc biaiser nos résultats. Il serait dès lors intéressant d’intégrer un groupe contrôle.

32Il serait également nécessaire d’agrandir la taille de l’échantillon afin d’observer si les résultats non significatifs sont la conséquence d’un échantillon trop restreint. Cela nous permettrait également d’appréhender si la précision de mesure est affaiblie ou si les résultats peu significatifs sont liés à des raisons cliniquement pertinentes.

Conclusion

33Les résultats de cette étude proposent des observations intéressantes pour le secteur des assuétudes. D’après ces résultats, certains facteurs psychologiques, physiologiques et physiques sont en lien avec la consommation d’alcool. De plus, de nombreuses recherches antérieures ont déjà démontré le lien pouvant exister entre le traumatisme psychique et les conduites d’assuétudes ainsi que les influences que ces pathologies peuvent avoir l’une sur l’autre. Afin d’améliorer les prises en charge dans le secteur des assuétudes, il est donc important d’évaluer si un éventuel traumatisme psychique est présent dans le but de prévenir les rechutes. Via les observations établies par les recherches déjà existantes et via notre étude, nous pouvons constater que les deux pathologies sont intimement liées. Nous postulons dès lors que soigner un versant sans tenir compte de l’autre n’est pas indiqué.

34L’investigation du traumatisme psychique est donc préconisée pour les personnes présentant une conduite d’assuétude afin d’optimiser les prises en charge. D’autres recherches sont également nécessaires afin de répliquer nos résultats.

35Cette recherche a été soutenue par la Ministre de la Santé, de l’Action sociale et de l’Égalité des chances de la Région wallonne.

Bibliographie

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