Prenant appui sur deux cas cliniques, nous allons évoquer l’obstacle lié au constat souvent énoncé par l’équipe soignante d’une situation d’impuissance thérapeutique. Cette réflexion est ancrée dans un contexte hospitalier, où les nuances de l’impuissance, liées aux limitations internes et externes rencontrées dans le soin des maladies chroniques comme l’alcoolisme, sont examinées. Pour cela nous nous appuierons sur deux développements d’histoires cliniques ayant mené à un constat d’impuissance. Enfin, à partir d’une recherche de littérature et d’une réflexion personnelle, nous verrons qu’un dépassement fructueux de ces écueils nous semble possible.
Je (NEA) rencontre M. B, 42 ans lors d’un rendez-vous de préadmission pour un sevrage éthylique dans notre unité d’alcoologie. La demande est portée par son hépatologue traitant qui, dans le cadre d’une évaluation prégreffe hépatique, a jugé indispensable un sevrage en milieu hospitalier.
Lors de cette première rencontre, le patient reste vague sur l’histoire de sa consommation. Il relate un début à ses 12 ans, puis évoque l’enchaînement de divers événements de vie, ayant amené une majoration de sa consommation : le décès de son père et de ses grands-parents et le placement de sa fille. M. B est marié depuis trois ans, et son compagnon exprime son souhait de cesser aussi sa consommation occasionnelle d’alcool, en soutien.
Parmi les antécédents psychiatriques, je note deux cures de sevrage d’un mois en l’espace de trois ans, et une hospitalisation en postcure pendant un an, suivie d’une abstinence d’un an et demi…