Notes
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Texte remanié d’une conférence donnée lors du Congrès organisé par l’Association Romande pour la Psychothérapie Psychanalytique, en collaboration avec le Centre Psycho-Social neuchâtelois, Neuchâtel (Suisse), 28-29 avril 2001.
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Psychiatre, psychanalyste, membre de la Société Suisse de Psychanalyse.
1Si j’ai pris le thème du passé comme fil conducteur, – il pourrait y en avoir d’autres – c’est qu’il est central pour la psychothérapie d’adultes, pas seulement à cause du lien évident et fort qu’il entretient avec la théorie analytique, mais aussi parce que cette question du passé est désormais centrale au regard de ce qui émane des psychothérapies d’adolescents et d’enfants, et qui vient irriguer notre pratique avec les adultes. En tant que psychothérapeute d’adultes, je suis sans cesse amenée à considérer comment l’enfance, l’adolescence, bref, comment le passé infiltre le présent, s’y substitue parfois. A m’interroger sur ce fondement de notre pratique qu’est le «poids» du passé sur le présent.
2Le temps de l’enfance reste trop souvent considéré comme le temps de tous les dangers, celui où tout prendrait une forme plus ou moins définitive. Cette conception tient-elle encore aujourd’hui? Comme toute affirmation dans le champ de la psychanalyse, elle doit être revue, repensée au feu de la pratique clinique actuelle, au feu aussi des éléments de réalité qui ressortent des études menées en psychiatrie de l’enfant.
3Un des domaines dans lesquels nous pouvons le mieux apprécier les changements survenus – et comment ils sont survenus – est celui de la schizophrénie et des troubles qui lui sont apparentés. A lui seul ce chapitre permet de suivre les méandres de nos évolutions théoriques: dès les années cinquante, une véritable explosion psychothérapeutique se produit. Les efforts se focalisent sur une recherche étiologique, avec l’idée que des dégâts psychiques irréversibles seraient survenus dans les tout premiers temps de la vie. A partir de l’idée d’une mère «schizophrénogène» (mot qui semble avoir été maladroitement repris des études en génétique moléculaire de l’époque), on tente des réparations héroïques du Moi, un Moi considéré, après coup, comme distordu par des mécanismes survenus dans les tout premiers temps de la vie (Reed et al., 1973). La confusion entre construction, reconstruction et observation objectivante est à son comble. Aujourd’hui nous avons à considérer tout autrement la question des origines psychiques de tel ou tel trouble psychotique. Force est d’admettre que l’étiologie de la psychose est bien plus obscure que ne le pensaient les psychothérapeutes des générations précédentes. On peut tranquillement s’éloigner de l’idée d’une psychose qui prendrait son origine dans les bras d’une mauvaise mère. Il s’ensuit que l’action psychothérapeutique avec ces patients graves s’est complètement décentrée: il s’agit surtout de travailler sur l’articulation qui existe entre la problématique de l’adolescence et la psychose. C’est tout à fait autre chose que de tenter une héroïque reconstruction du Moi (Quartier-Frings et al., 1999). Dans un travail inédit, Jean-Matthieu Lacroix, qui travaille dans une Consultation ambulatoire à Genève, montre très bien que ces changements peuvent – et j’ajouterais doivent – s’inscrire dans la pratique actuelle: il propose d’établir avec un patient grave, souffrant d’une problématique psychotique, un dialogue à valeur psychothérapeutique dans lequel s’entrelacent les aspects narcissiques, et objectaux, sexués, propres au travail de l’adolescence, et ceux concernant la psychose. De ce travail interprétatif, il ressort que la psychose, loin de se constituer en une entité, est à considérer comme un «état de transition». Ce qui n’est pas sans poser nombre de questions, comme le note Jean-Matthieu Lacroix, qui se garde bien de conclure, sur les origines de ces états (Lacroix, 2000). Ce bref détour par la schizophrénie permet aussi de souligner qu’il n’y a pas lieu d’établir de différence de nature entre un entretien avec un patient souffrant de graves troubles psychotiques et la séance de psychothérapie, ou d’analyse. A chaque fois il s’agit d’utiliser pleinement les connaissances les plus actuelles et de faire bénéficier de nos avancées chaque patient, quelle que soit la gravité de son trouble (Quartier-Frings et Merlo, 2000).
4Pour revenir dans un domaine moins spécialisé que ne l’est celui de la schizophrénie et des troubles psychotiques, pour continuer à nous interroger sur ce qu’il est utile de dire à un patient adulte de son passé, pour brosser aussi à grands traits l’évolution de nos pratiques, on peut s’arrêter sur l’épineux problème des troubles de la personnalité. Les psychothérapeutes d’adultes ont accumulé dans ce domaine une vaste expérience, très diversifiée. On est bien loin aujourd’hui de l’action militante de nos prédécesseurs qui, portés par de grands espoirs après la deuxième guerre mondiale (et portés aussi par une grande idéalisation de l’interprétation), avaient fait s’épanouir la psychothérapie psychanalytique. Progressivement les thérapies se sont avérées plus longues et plus difficiles que prévu. Et pourtant, malgré ces aléas, nous savons qu’on parvient à des modifications psychiques utiles qui laissent au patient une marge de plaisir plus grand dans le vaste champ des investissements relationnels. Mais soyons réalistes et justes dans nos appréciations (plus réalistes que Freud avec Anna O.): persistent souvent chez ces patients des souffrances, ainsi qu’un malaise important qui limite l’épanouissement de la vie sociale et affective. On ne guérit pas ces patients, mais on les change et on les aide à moins souffrir. Il s’agit là de résultats plus partiels qu’on ne l’espérait à d’autres époques mais pas peu importants pour autant. On nous pousse désormais à réfléchir sur les moyens pour obtenir ces résultats plus rapidement. Peut-être nous faut-il surtout nous interroger sur leur durabilité. Avec un adulte mal à l’aise dans sa vie, en souffrance, nous parviennent, au cours de sa psychothérapie, des échos du passé, et qui bien souvent reprennent et prolongent ce que l’impuissance infantile, à l’époque, a durement fait ressentir. Ce n’est pas le terme d’«échos» qui convient le mieux, mais plutôt celui de traces, de signes, de symptômes, car ce qui vient du passé est une traduction non seulement infidèle, mais inexacte, et aussi parcellaire et oublieuse. Dans des expressions si souvent entendues en séance, comme: «Ma mère n’a pas changé, elle est toujours aussi pénible», ou «Dès que je vois mon père, je me mets en boule», il y a probablement des restes d’impuissance infantile, qui a pu être d’autant plus durement ressentie qu’il y a eu impossibilité à faire changer les parents, ou plus encore impossibilité à les fabriquer comme parents. Répéter que rien n’a changé, c’est une des manières de dire maintenant que bien des batailles furent perdues, et qu’aucun scénario narcissique n’a pu se créer de manière stable. Simultanément ne doit pas nous échapper que d’autres batailles furent gagnées, partiellement, ce furent de petites victoires qui restèrent éventuellement sans lendemains décelables. Elles n’ont pas pour autant laissé aucune trace. Certains patients dits «borderline» nous font découvrir au fil des séances des liens inattendus avec des événements du passé: ils comprennent par exemple que c’est au contact d’une mère inconstante, que c’est au-delà d’un alcoolisme caché d’un des parents, qu’ils ont construit ce qu’ils se reconnaissent de qualités sensibles, de fragilité vaillante, d’endurance aussi parfois, au-delà de leurs difficultés manifestes. Il s’agit de fonctionnements complexes que le terme de formations réactionnelles ne suffit pas à définir: ce sont souvent des attitudes, des manières d’être, en grande partie inconscientes, qui nécessitent pour être comprises et incluses dans l’ensemble du fonctionnement psychique, d’être captées dans le travail psychique lent et long, celui de la construction, qui se déploie à l’abri de la relation transférentielle. Cette part de découverte et d’investigation du travail en psychothérapie psychanalytique est essentielle, à promouvoir, à potentialiser (et d’ailleurs n’est-elle pas le propre du travail psychanalytique?). En même temps, il n’est pas de raison de ne pas nous enrichir d’éléments en provenance de la psychanalyse des adolescents et des enfants, et même de celle des bébés, traités eux, en même temps que ces partenaires parfois étranges que sont leurs parents. Bertrand Cramer – et celles et ceux qui depuis des années travaillent en sa compagnie – nous a appris à vivre comme du dedans la complexité du processus qui anime un bébé qui bataille pour prendre place dans la vie de ses parents, pour inscrire sa présence dans leur histoire. On voit bien que certains bébés mènent une guerre perdue d’avance, concernant des parents totalement incapables de devenir parents. Ou bien, qui le deviennent de manière fantasque, animés qu’ils sont par des besoins narcissiques d’aimer. Ces enfants sont en difficulté, on le sait, et mieux qu’autrefois. Mais ce que nous fait voir aussi Bertrand Cramer comme de l’intérieur, par l’action interprétative qu’il mène en compagnie de la mère et de l’enfant, c’est combien la vie psychique est faite d’éléments fugaces, labiles: entre l’insomnie d’un bébé et l’anxiété énervée de sa mère se créent des liens forts et fragiles tout à la fois, promis à des remaniements multiples (Cramer,1999). C’est dire combien il est difficile de se faire une représentation du passé, quand beaucoup plus tard on se trouve avec un adulte ayant entrepris une psychothérapie: que reste-t-il de ces élans contrariés de part et d’autre, et sous quelle forme en reste-t-il quelque chose? Ces mésententes mère-bébé, qui furent tenues en partie secrètes au creux de la dépression maternelle, où sont-elles? Jouent-elles vraiment encore un rôle, ou pas? Et comment se sont transformées les joies fulgurantes qui très probablement coexistèrent, épisodiquement au moins, avec ces difficultés? Face à ces questions, face aux résultats complexes des études longitudinales si bien menées par nos collègues genevois, force est de nous extraire complètement de toute causalité linéaire. Si le passé influence encore le présent, si la force de la sexualité infantile imprègne les affects de l’adulte, bouscule parfois sa pensée logique sans même qu’il puisse s’en rendre compte, ce n’est pas pour autant qu’il suffit dans le dialogue thérapeutique de pointer ces dissonances. Pour les transformer, en modifier les effets négatifs sur l’ensemble du fonctionnement, pour permettre au sujet de sortir d’une répétition délétère qui le pousse à des actions suicidaires, ou gravement masochistes, c’est souvent (dans le face-à-face tout au moins) sur les aspects économiques de cette fixation au passé qu’on peut intervenir plus que sur le sens inconscient qu’elle a acquis au cours du temps. En effet, en psychothérapie, on a rarement des mouvements suffisamment amples de va-et-vient entre l’actuel, le présent et la passé, pour que la violence des affects infantiles soit perceptible de manière convaincante. De même on ne peut se contenter de souligner que les réactions sont défensives, bien souvent le sujet le sait: «Vous avez peur que je sois comme votre mère» peut être un premier temps, une mise en route vers l’interprétation, mais en soi ne permet pas les changements économiques et dynamiques propres à entraîner les révolutions intérieures qui doivent se produirent si l’on veut avoir des chances d’être efficient, et de l’être durablement. Produire des bouleversements, entraîner des mouvements, permettant une profonde réorganisation psychique, reste le point vers où aller, un point à l’horizon psychothérapeutique, jamais facile à atteindre, parfois impossible à atteindre. Quand de tels changements se produisent, ils ne surviennent ni rapidement, ni d’un coup, et pour qu’ils aient des chances de se produire, il s’agit de mobiliser le patient, de le solliciter, sans le blesser, autant sur ses affects qui s’agrippent aux événements actuels, qu’à des souvenirs, qui gardent une force vive.
Du côté de notre formation
5Cette complexité, qui se déploie grâce au transfert, l’impossibilité de prévoir comment se feront les changements, et quand ils surviendront, nous force à une vigilance théorico-clinique de tous les instants: suivre attentivement les débats, en repérer les points essentiels, en distinguer les aspects les plus dynamiques, ceux qui feront aller de l’avant, éviter les pièges du consensuel. Une nouvelle expression, une nouvelle métaphore, un terme séduisant, ne marquent pas forcément de vraies avancées, de vrais changements. Ceux-ci, dans notre métier, ne surviennent ni d’un coup, ni de manière fracassante, mais plutôt de manière latente, au gré de pratiques cliniques bien menées et pendant longtemps. Les concepts psychanalytiques n’étant pas des objets de même nature qu’une protéine dont on peut définir la présence et les propriétés, ils varient au cours du temps, subissent des transformations, deviennent obsolètes, ou parfois reprennent vigueur. Ils sont des mises en forme destinées à potentialiser la thérapeutique, c’est-à-dire la pratique de l’interprétation, et c’est parfois dans le détail de nos expressions qu’on s’aperçoit des révolutions théoriques qui se produisent, ou se sont produites, presque à notre insu. On ne citera ici que deux brefs exemples:
6Dans la conférence «Sexualité et développement» par exemple, Anna Freud fait un rappel, sorte de citation de son père:
«Cela vous intéressera peut-être que je vous rappelle qu’aucune des étapes de la sexualité infantile n’a été découverte sur l’enfant en premier lieu. Or il est très étonnant qu’une découverte de cette importance n’ait pas été faite en réalité sur les sujets qui auraient pu la susciter, mais qu’elle se soit faite par l’étude des adultes, qui, par le biais de leurs maladies névrotiques, revenaient sur d’importants événements de leur enfance. Ceci signifie que les stades précoces de la sexualité infantile ont d’abord été déduits (c’est moi qui souligne) du matériel obtenu de l’adulte, et ensuite confirmés sur l’enfant.».
8Pour nous aujourd’hui ce rappel peut être entendu comme: le matériel obtenu de l’adulte, par le biais de la maladie névrotique, avait permis à Freud de constituer un modèle, modèle qui lui sert à faire une hypothèse heuristique à propos du développement. Et ce modèle, il le donne dans «Les trois essais sur la théorie sexuelle» en 1905. Et la validité de ce modèle semble se confirmer dans la réalité, à savoir celle des psychanalystes d’enfants de l’époque. Mais un modèle, on le sait mieux aujourd’hui qu’à l’époque d’Anna Freud, est destiné à se transformer: s’il a fallu déduire l’existence de la sexualité infantile, cette sexualité infantile et ses différents stades, chez l’adulte, c’est qu’elle n’est pas simplement masquée par l’amnésie infantile. Elle peut apparaître sous des formes très différentes, indirectes, des bribes, des fragments, des traces, le plus souvent méconnaissables. Encore une fois, apparaît la valeur investigatrice que peut avoir la pratique clinique: c’est durant cette même année 1905, que dans un petit article Freud dit être finalement «devenu plus habile à distinguer les souvenirs illusoires de la trace des événements réels», exprimant là une conception complexe de l’histoire, à laquelle on était parvenu par la seule démarche analytique.
9Rien dans tout cela d’abstrait: dans certaines réactions caractérielles de patients dits «borderline», il y a certainement des traces d’«événements réels», par exemple des habitudes héritées du passé, de parents en difficulté avec eux-mêmes, avec autrui. Quand un patient s’énerve qu’on ne comprenne pas tout de sa souffrance, quand il guette avec honte et avidité tout signe d’inattention de notre part, il est probable qu’il s’agit d’émanations du passé. Sans que nous puissions facilement intervenir à ce sujet, tellement il s’avère que le sens de ces réactions est devenu lui-même un sens très intime, très personnel, jamais univoque. Et soudain, nous retournant sur notre passé, on se rend compte combien elle paraît lointaine l’époque des années cinquante où des analystes d’enfants nous racontaient l’histoire du développement, sous forme de différents stades, positions ou étapes, par lesquels passerait coûte que coûte chaque enfant, et qu’ainsi, en toute bonne foi, ils pensaient nous avoir donné l’outillage complet pour tout analyser à tous les âges de la vie. De fait, il s’agissait d’une première approche, à grands traits, déjà bien utile pour avancer, aider, mais qui s’est avérée insuffisante. Du passé infantile, peut se dessiner désormais une compréhension originale et peut-être propre à la discipline psychothérapeutique: il s’agit d’un alliage entre des données en partie «objectivables» et le travail interprétatif tel qu’il peut se faire en face-à-face avec un adulte. Mettant en perspective ce que les psychanalystes d’enfants et d’adolescents nous disent, et ce qui surgit, et/ou resurgit du passé chez l’adulte, il s’avère qu’une part importante de notre travail consiste à opposer en permanence une résistance active, critique, à toute vision réductrice du passé. Et c’est à l’abri du lien transférentiel qu’on peut mettre à l’épreuve cet alliage de connaissances hétérogènes. On voit beaucoup mieux aujourd’hui combien il est délicat d’entrer en matière interprétative sur des éléments anciens avec un patient adulte, et combien toute relation au passé implique de prendre en compte les inconnues qui persistent et persisteront. C’est alors une hypothèse qui pourrait être faite pour, et avec le patient, plutôt qu’une explication du passé. On peut questionner, s’interroger sur ce passé sans rien affirmer: telle mère était-elle rageuse de la même manière qu’est en rage la patiente maintenant? L’expression «de la même manière» peut faciliter la tâche pour commencer à aller du côté du registre identificatoire, bien souvent mis à mal et depuis longtemps chez les patients en psychothérapie. Intervention trop simple, diront certains, bien peu spectaculaire. Intervention à visée mobilisatrice, plutôt que mutative. Le patient est sollicité à pousser les portes du passé, sans honte, et sans qu’il ait à s’abandonner à la régression. On rejoint par ce biais tout un style d’interventions interprétatives très actuelles: l’analyste propose un dialogue, sait se glisser dans le transfert pour le potentialiser sans lourdement en expliquer les tenants et les aboutissants. Parvient aussi à se centrer sur l’économie psychique plutôt que sur le sens, ainsi qu’à éviter toute facilité de langage, jeux de mots, ou accent trop marqué sur un lapsus. Je pense ici en particulier à des exemples donnés par Christine Bouchard, par Paul Denis: la stratégie interprétative d’aujourd’hui peut se faire en finesse et délicatesse, les mots, pourtant gorgés de théorie, savent rester discrets, simples, donnés au bon moment, s’intégrant sans violence dans le monde psychique du patient. Ils produisent des effets directs d’ouverture et des effets d’après-coup, ouvrant de nouvelles voies associatives (Bouchard, 2000; Denis, 2001). Se créent ainsi des changements importants, concernant l’ensemble de l’économie psychique: des rapports de force au Surmoi peuvent s’inverser, en faveur du Moi. Les rapports peuvent aussi se modifier, et c’est alors une qualité nouvelle du lien Moi-Surmoi qui apparaît et dans le meilleur des cas devient durablement fonctionnelle.
10Les changements les plus utiles à opérer pour aller mieux, pouvoir sortir de la répétition, pour avoir des chances de voir l’angoisse diminuer, sont des changements psychiques d’ordre surtout dynamique et économique. J’ai l’impression de m’approcher ainsi, par la voie de la psychothérapie d’adultes, de ce que propose Philippe Jeammet, quand il parle de «gérer l’infantile» (Jeammet, 2001). Certains patients réussissent à opérer une révolution intérieure, face à leur histoire. Tel le Petit Hans qui «hardiment, prend en mains la suite de son analyse», après qu’a été trouvée, avec peine, une intervention qui le sollicite lui et personne d’autre. Abandonnant sa peur et voyant sans plus de crainte le va-et-vient des chevaux à la gare de halage de Vienne, ce sont les échos du vaste monde et de l’Histoire qui enfin peuvent l’envahir, l’enrichir.
Bibliographie
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- Freud A. (1956): Les conférences de Harvard. Paris, P.U.F., 1994.
- Freud S. (1905): Trois essais sur la théorie de la sexualité. Paris, Gallimard, 1968.
- Freud S. (1906 [1905]): Mes vues sur le rôle de la sexualité dans l’étiologie des névroses, in: Résultats, idées, problèmes I. Paris, P.U.F., 1984, pp. 113-122.
- Freud S. (1915-1917): Introduction à la psychanalyse. Paris, Payot, 1970.
- Jeammet Ph. (2001): Etre adulte ou comment apprendre à gérer la place de l’infantile. Adolescence, 36: 419-431.
- Lacroix J.-M. (2000): Regard sur un cas de psychose (non publié).
- Quartier-Frings Fl. et al. (1999): Schizophrénies, dialogues. Paris, P.U.F.
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- Raybaud A. (2000): Le besoin littéraire. Monaco, Ed. du Rocher.
- Reed C.S, Hartley C. et al. (with the collaboration of The Dight Institute for human genetics, University of Minnesota) (1973): The Psychoses, Family studies. Orlando, Saunders.
- Rolland J.-Cl. (2000): La loi de Lavoisier s’applique à la matière psychique, in: Libres cahiers de la psychanalyse, DIRE NON, numéro 2.
Mots-clés éditeurs : psychothérapie psychanalytique, passé infantile, histoire, psychanalyse
Notes
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[1]
Texte remanié d’une conférence donnée lors du Congrès organisé par l’Association Romande pour la Psychothérapie Psychanalytique, en collaboration avec le Centre Psycho-Social neuchâtelois, Neuchâtel (Suisse), 28-29 avril 2001.
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[2]
Psychiatre, psychanalyste, membre de la Société Suisse de Psychanalyse.