Notes
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Cristina Lindenmeyer, maître de conférences à l’université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, Laboratoire crpms/ea-3522 (Centre de Recherches, Psychanalyse, Médecine et Société). Psychanalyste, cristina.lindenmeyer@wanadoo.fr
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Je m’adresse à Jean en français, vu la méconnaissance de la part de ses parents adoptifs de sa langue d’origine. Jean me répondra en français et utilisera le français tout au long de sa cure. C’est seulement pendant le début de sa sixième année d’analyse qu’il me parlera dans sa langue maternelle.
1Un changement culturel n’est pas en soi un trauma, mais il le devient quand des conditions psychiques ne peuvent pas accueillir un travail de réorganisation libidinale nécessaire. Certaines situations cliniques avec des enfants ayant connus un changement culturel, mais également une adoption à partir d’un certain âge, démontrent à quel point les stratégies psychiques pour faire face à l’effet traumatique peuvent induire des solutions fracassantes. Il s’agit, en effet, non seulement d’investir ses futurs parents, avec toute la difficulté que cela comporte (Winnicott, 1954), mais aussi de quitter un pays, une culture, des amis, un groupe social, et enfin, d’être soumis à d’autres régimes d’économie de l’affect (Lévy-Soussan, 2002).
2Je propose le cas clinique d’un enfant non européen de 6 ans, adopté depuis l’âge de 4 ans par des parents européens. Cette prise en charge analytique fait émerger les éléments propres au destin mélancolique en lien avec la nature du narcissisme et la question de la perte.
Situations de perte et identifications
Construction de la psyché et culture
3Dans la deuxième conception de l’appareil psychique freudien, le moi se différencie du ça sous l’influence des contraintes extérieures, exigences qu’il transmet au pôle pulsionnel avec lequel il reste en contact par sa base.
4Le moi se constitue ainsi à partir des relations du nourrisson avec ses premiers objets d’amour. Cette situation où le corps maternel occupe une place importante se construit sur fond d’altérité et passera par un processus complexe. La perte de l’objet aimé construira, dans ce même mouvement, la mise en place des identifications. Celles-ci, construites sur la base des courants sexuels qui caractérisent la rencontre avec l’objet, permettraient au sujet de commencer ce que Freud appelle « la psyché ». Cet appareil psychique sera le lieu capable de trouver des compromis face aux revendications pulsionnelles en même temps que de concilier les exigences extérieures.
5À partir de là, se produit une nouvelle modification à l’intérieur du moi. Ces premières identifications en rapport avec le narcissisme infantile se différencieront pour former une autre instance, que Freud nomme l’idéal du moi ou surmoi. Le surmoi se constitue ainsi à partir de deux éléments, je le cite : « Il est la première identification qui se produit tant que le moi était encore faible », c’est-à-dire quand l’enfant, par son immaturité, était en position dissymétrique par rapport à l’adulte ; et « il est l’héritier du complexe d’Œdipe » (Freud, 1923, p. 293).
6Son origine avec le complexe d’Œdipe le « met en relation avec les acquisitions phylogénétiques du ça » (ibid.), il y a transmission de l’héritage culturel et des interdits fondamentaux qui permettent l’appartenance au groupe social. Le meurtre du père de la horde laisse alors des traces dans chaque individu, traces qui sont des sédiments anciens se perpétuant dans la continuation de l’espèce (Freud, 1913). Selon Freud, le moi et le surmoi sont constitués non seulement par l’autorité parentale mais aussi par les idéaux culturels transmis par les parents.
7Au niveau intrapsychique, s’instaurent les fonctions du surmoi qui ont été introduites par les relations d’amour et de haine avec les premiers objets. Dans un premier temps, l’enfant est contraint d’obéir à ses parents, mais une fois les objets introjectés dans le moi ils acquièrent une place particulière dans le surmoi. Le moi est désormais contraint d’obéir au surmoi. Ainsi le surmoi commande et critique le moi par rapport aux exigences pulsionnelles, créant ainsi une tension interne entre ces deux instances. Le sentiment de culpabilité prend naissance dans ce conflit.
8Et puisque le surmoi représente le monde externe et constitue « le modèle proposé aux efforts du moi » (Freud, 1924, p. 19), on peut aisément comprendre qu’un changement du « monde externe », que sont les repères symboliques construits pour « lire le monde », aura des retentissements directs sur la psyché, au risque de produire des effets traumatiques (Lindenmeyer et Ceccarelli, 2006). Cela dit, nous pouvons nous poser les questions suivantes : Comment le sujet va-t-il s’organiser psychiquement pour soutenir sa permanence psychique et investir une autre culture ? Quels seront les destins pulsionnels qui résultent d’une traversée culturelle ? Comment le sujet va-t-il pouvoir garder sa dynamique pulsionnelle propre ?
9Le jeu du Fort-Da, dans ces conditions, sera-t-il le modèle pour penser la traversée des frontières ? Notons que le discours des patients ayant vécu un changement culturel fait apparaître un avant et un après, traduisant deux mouvements successifs : se décomposer et se recomposer.
10À travers l’observation du jeu du Fort-Da proposée par Freud (1920, p. 285), l’expérience traumatique de l’absence maternelle fait expérimenter à l’enfant son sentiment de permanence de soi, même sans le regard contenant et rassurant de sa mère. Cette expérience d’absence/présence de l’autre deviendra une expérience créative si l’enfant peut toujours compter avec les identifications édifiées sur la rencontre avec des objets primaires secourables. Winnicott, dans son article sur « La capacité d’être seul » (1958), rappelle cette aptitude qu’a le petit enfant de supporter d’être seul à condition qu’une mère porteuse de satisfactions suffisamment bonnes puisse permettre l’instauration d’un objet sécurisant. Le mot « suffisamment » est de toute importance dans cette expérience, parce qu’il condense l’idée d’une mère capable d’investir ailleurs et donc de permettre à son enfant d’être pris par une absence qui motivera sa capacité créative. C’est cette aptitude à supporter la solitude expérimentée en présence de sa mère qui crée sa capacité à jouer.
11Certains enfants touchés par les expériences de perte à travers le dépaysement paraissent vivre cette situation comme une menace de perte des identifications, avec risque d’effondrement de leur univers symbolique. En effet, le travail de séparation met à l’épreuve la qualité des constructions narcissiques de l’enfant, c’est-à-dire la manière dont ses investissements objectaux ont pu être introjectés. La question d’une menace permanente incitant la capacité créative par le jeu du Fort-Da et la capacité d’être seul est ainsi à discuter. Avec le sentiment que les frontières du tissu psychique en construction sont touchées, c’est le sujet tout entier qui en paye les frais.
La tentation mélancolique
12Dans le texte « Deuil et mélancolie », Freud (1917) aborde la mélancolie comme une des solutions psychiques à tenir, face à la perte d’un objet aimé « ou d’une abstraction venue à sa place, comme la patrie, la liberté, un idéal, etc. » (ibid., p. 272). De nouveaux objets de substitution deviennent garants du sentiment de permanence de soi.
13Ce texte, en prolongement du texte « Pour introduire le narcissisme » (Freud, 1914a), reprend ses dernières élaborations sur le narcissisme et l’idéal du moi, mais ajoute la description de l’action d’un agent critique présent dans la mélancolie. Trois éléments seront présentés dans le destin mélancolique : la perte d’un objet investi, l’ambivalence à l’égard de cet objet et la régression de la libido qui retourne sur soi.
14La question que pose Freud est celle de la régression de la libido qui retourne au moi et vient s’abriter dans l’identification narcissique. Dans le destin mélancolique de la perte, le sujet n’opère pas le retrait de la libido de cet objet perdu pour le déplacer sur un nouvel objet. Il produit un mouvement différent. La libido restée libre, du fait de la disparition de l’objet investi, se retire dans le moi et est utilisée à établir une identification du moi avec l’objet perdu. Ce recours particulier à ce type d’identification témoigne d’une fragilité narcissique, puisque c’est pour ne pas perdre l’objet que le moi l’abrite en soi, en se dissociant. Comme l’écrit Freud : « L’ombre de l’objet tomba sur le moi » (1917, p. 270).
15Le moi, à présent objet décevant, sera jugé comme s’il était lui-même l’objet décevant et haï. L’autopunition caractéristique du mélancolique est la punition adressée à l’objet qui se trouve dorénavant être le sujet lui-même. La bataille commence entre un moi modifié par l’introjection et l’idéal du moi ou surmoi, instance cruelle qui s’acharne contre cette face du moi. Dans cette perspective, Freud expose clairement l’idée d’un conflit psychique entre le moi et le surmoi, où la scène d’une punition sanglante à visée meurtrière reste présente. À propos de cette force tyrannique d’un surmoi mélancolique, Catherine Chabert remarque que « celui-ci, par la force narcissique de ses liens aux objets, ne permet pas toujours que la haine contre eux puisse apparaître autrement que par la voix de la haine contre le moi » (2011, p. 138).
16C’est ainsi que la qualité des expériences d’intériorisation des premiers investissements de l’enfant et la permanence des assises narcissiques se révèlent déterminantes pour affronter les situations de perte puis les nouveaux investissements. Quand l’enfant a le sentiment qu’il ne capte pas le regard de ceux qui l’accueillent dans le monde, sa capacité d’investir devient compromise.
La constitution des objets internes par identification
17Toute situation de perte réactive le besoin de pouvoir compter sur des objets stables, introjectés au travers des mouvements d’identifications successifs.
18Très tôt, Freud a utilisé le concept d’identification. Cela débute à propos de la formation des symptômes hystériques (1895) pour prendre toute son importance au sein de la théorie psychanalytique. En 1921, dans « Psychologie de masse et analyse du moi » et surtout, deux ans plus tard, dans « Le moi et le ça » (1923), Freud développe l’idée que le moi et le surmoi dépendent des identifications de l’enfant.
19Le moi, « être de surface » (ibid., p. 271) comme l’appelle Freud en 1923, se construit sur les traces présentes dans les réminiscences des expériences précoces du nourrisson avec l’objet maternel et l’environnement qui l’entoure. Cette identification primaire, en tant que forme archaïque du lien objectal, se construit à partir de la phase orale, par l’investissement d’objet où l’identification se situe à un stade souvent plus fusionnel que réellement binaire. Dans ce fantasme d’incorporation, le nourrisson fait pénétrer et conserve à l’intérieur de soi l’objet avalé. Dans ce vécu fantasmatique, cannibalique (Freud, 1913), s’inscrit le plaisir sexuel de se faire pénétrer par l’objet (sein), la destruction de l’objet incorporé et l’acquisition des qualités de ce dernier. L’identification résulte du renoncement à l’objet sexuel (incestueux) qui transforme le moi par l’introjection de cet objet dans celui-ci. En cas de difficulté ou d’échec à ne pouvoir se séparer de l’objet, le destin pourra être la mélancolie, lorsque l’objet perdu reste par identification narcissique toujours gardé dans le moi.
20La métaphore du « complexe de la mère morte » proposée par André Green (1980) caractérise la rencontre avec une mère présente physiquement, mais plongée dans une absence dépressive qui l’extrait de sa possibilité d’investir psychiquement son enfant. Selon Green, l’appareil psychique mis dans de telles conditions qui lui paraissent insupportables, soit par le comportement de l’objet soit par ses propres pulsions agressives, peut se construire sur un narcissisme négatif.
21À l’origine, l’expérience de l’absence de l’objet va permettre à l’enfant la mise en place de sa psyché. Dans cette situation d’absence, l’enfant va devoir compter sur les caractéristiques positives de l’objet, objet créé-trouvé (Winnicott, 1975) à partir de la réalité de l’expérience de la rencontre, comme met en scène le jeu du Fort-Da. Cependant, si des difficultés viennent contaminer ces expériences de présence/absence, alors l’expérience d’absence de l’objet se transforme en menace de disparition de soi, amenant le sujet à trouver une solution qui sera une sorte d’isolement sur un mode auto-érotique, une forme de narcissisme en négatif, selon la formulation d’André Green. Cette construction psychique nous emmène bien loin du jeu de la bobine.
22Tout se passe comme si l’objet s’inscrivait psychiquement sur fond d’une présence en négatif, amenant l’enfant à construire une sorte de doublure protectrice de son moi qui s’organisera sous forme d’identification en négatif. C’est l’identification avec la mère morte qui sera la solution rencontrée par l’enfant et qui déterminera le destin de ses investissements libidinaux, objectaux et narcissiques. C’est dans ce sens que Green parle d’une forme de destructivité mise au service de l’appareil psychique à des fins défensives, créant le paradoxe d’un appareil psychique pouvant se servir de la destructivité contre la destructivité.
23Dans le prolongement de la proposition d’André Green, Catherine Chabert, dans « Les voies intérieures » (1999), élabore un entrecroisement entre mélancolie et masochisme. Il s’agit, pour elle, d’une élaboration soulignant l’identification comme un des éléments essentiels d’une modalité de traitement de la perte, mais surtout de la place essentielle que prendra le masochisme dans certains destins psychiques. Autrement dit, elle appuie sur la coloration sadomasochiste utilisée par certains patients comme survie psychique. La place importante de la haine, éveillée par la déception d’avec l’objet, se retourne en haine de soi. Dans cette quête de la douleur, un mouvement « d’allure mélancolique », sans être nécessairement la mélancolie, est présent. Tout se passe comme s’il s’agissait d’une recherche active de la souffrance comme moyen d’éviter la position de passivité face à la déception imposée par l’autre. Une bataille meurtrière se déclenche alors à l’intérieur de soi. Comme ajoute Laurence Kahn (1999) : « Si la haine de l’objet se retourne en haine de soi, ce processus ne résulte pas d’un retournement pulsionnel à proprement parler, mais de la solution régressive que constitue le destin narcissique de la relation objectale ». Cette « solution régressive » me paraît reprendre les propositions de Melanie Klein (1932) sur un surmoi bien plus primitif, constitué à partir des scénarii d’attaques sadiques primitifs venant se conjuguer au conflit œdipien. La haine ressentie par le nourrisson à l’égard de l’objet (sein) lorsque celui-ci cesse de satisfaire ses besoins le transforme en « mauvais sein ». Cette haine est vécue comme un morcellement à l’intérieur du corps du nourrisson. À côté de l’angoisse et de la frustration que le nourrisson éprouve, sont associés des fantasmes sadiques d’attaque à l’égard du sein, visant sa dévoration, son déchirement, sa destruction. Puis, apparaît la crainte d’avoir détruit l’objet qu’il aime et dont il a encore besoin. Dans cette ambiance d’omnipotence de la part du nourrisson, des fantasmes de réparation seront élaborés pour « recoller les morceaux ». Cependant, ces fantasmes de réparation ne suffiront pas à dissiper totalement ses craintes. Pour Melanie Klein, la culpabilité inconsciente trouvera son origine dans ces fantasmes primitifs de destruction de l’objet.
Le cas de Jean
24À partir de la cure de Jean, enfant non européen adopté à l’âge de 4 ans par des parents européens, je développe quelques considérations sur les effets négatifs sur sa psyché du changement culturel et son adoption tardive. La nécessité de devoir constituer de nouveaux objets internes ne lui a pas permis de réaliser le travail psychique nécessaire vers le passage d’une culture à une autre.
25En m’appuyant sur cette cure qui a duré six ans au rythme de deux puis trois séances par semaine, je présenterai trois moments qui permettront de saisir son évolution. Dans un premier temps, le mouvement de dégagement des pulsions de vie enfouies dans un vécu traumatique ; dans un deuxième temps, l’élaboration d’un surmoi tyrannique suivie, dans un troisième temps, de l’assouplissement de ses mouvements surmoïques tyranniques à l’égard de lui-même grâce au travail du transfert. Ce matériel montre comment, en dépit du silence sur les traumatismes de sa vie antérieure à son arrivée en France, allié à une secrète mélancolie chez sa mère adoptive, l’émergence d’une subjectivité peut réorganiser ses investissements objectaux et lui permettre, douloureusement, de prendre conscience de son héritage psychique inconscient.
26Jean est un enfant qui a vécu jusqu’à l’âge de 2 ans avec sa mère biologique dans un quartier défavorisé. Ensuite, il a été abandonné par ses parents puis recueilli par une voisine avant d’être placé dans une institution pour enfants abandonnés. Il y reste jusqu’à l’âge de 4 ans, âge de son adoption par un couple européen.
27Selon ses parents, lors de sa première année en France, Jean apprend très vite le français et ne parle plus sa langue d’origine. Installé dans un faux self, Jean cachait, clivait des affects violents qui ne tarderont pas à apparaître sous forme de symptômes. C’est au cours de la deuxième année que Jean commence à présenter un comportement de plus en plus immaitrisable pour ses parents. Ils évoquent des situations sadomasochistes provoquant des punitions à n’en plus finir ainsi que de fortes colères obligeant ses parents à le contenir dans son lit où par terre, jusqu’au moment où Jean ne pouvait plus bouger et finissait alors par se calmer. À l’école, à plusieurs reprises, ses parents on été convoqués suite à des tendances « perverses », selon les paroles de la maîtresse, se traduisant par une compulsion à toucher le sexe ou à flairer les culottes des petites filles et des petits garçons. Ses parents, très angoissés, allaient jusqu’à penser que leur enfant adoptif risquait de devenir un futur délinquant et qu’il faudrait le renvoyer dans son pays d’origine. Il me sera alors adressé, étant donné ma connaissance de sa culture d’origine, avec un diagnostic de prépsychose avec traits pervers.
Dégagement des pulsions de vie
28Je reçois longuement les parents pour connaître les éléments qui constituent le climat familial dans lequel Jean est arrivé. Ensuite, je reçois Jean pour la première fois, accompagné par sa mère. Comme j’en ai l’habitude, je m’adresse [1] à lui pour lui demander s’il sait pourquoi il me rencontre. À cela, il me répond qu’il sait que c’est pour « parler des choses ». J’invite sa mère à attendre dans la salle d’attente. Le temps que je l’accompagne vers la porte, Jean se déshabille. Bien que surprise par son comportement, je décide de ne rien dire. J’accueille cet agir violent avec son statut d’un agir signifiant donnant accès à un matériel psychique émergeant, bien que d’emblée des questions se posent à moi, notamment :
– Qu’est-ce que ce geste vient mettre en scène ?
– Cette rencontre avec une femme en lien avec sa culture d’origine s’impose-elle pour Jean dans la reviviscence traumatique liée à la perte et la rencontre avec l’autre étranger et familier ?
– Comment comprendre la nécessité de mettre en acte un mouvement psychique intolérable qui passerait par la décharge motrice du corps et la nécessité de se défaire de ses habits ?
– Ces habits étant la représentation de sa nouvelle enveloppe « familiale » et culturelle, pourquoi veut-il se défaire de tout ?
30Je lui propose alors des jouets, des feuilles de papier et des crayons de couleurs. À cela, j’ajoute qu’ici il peut me dire tout ce qui se passe dans sa tête. Toujours debout et tournant en rond dans la pièce, il me regarde droit dans les yeux et avec un regard de défi déterminé, me dit : « C’est vrai que je peux faire des choses très méchantes », répétant ainsi une phrase prononcée par sa mère adoptive.
31Dans son évidente immaturité déniée, il prend la posture de l’adulte qui sème la terreur, celui qui, au travers d’un seul geste, est capable de détruire toutes les attentes y compris les siennes. Étrange mimique adulte qui vient dire la dangerosité du lien qui pourrait peut-être s’établir avec l’autre. Nous savons que derrière les masques identificatoires utilisés par les enfants, se cachent des constructions de soi. Une construction qui, chez Jean, me paraissait ne devoir se construire que sur la base de sa déception avec l’autre. Un autre sur qui on ne peut pas compter, puisque de toute façon il le laisserait tomber, comme s’il s’agissait d’une chose ou d’un déchet. Dans son agir, le plus inquiétant me paraissait être le fait que je sois prise à témoin de cette sorte de défaite ultime de soi qui ne rencontrerait aucune résistance ; pire encore, la perception qu’il se prenne pour un adulte méchant.
32Je souligne : « Des choses très méchantes. » Il me dit, comme pour me convaincre : « Tu sais, je peux être très méchant. Faire des choses très méchantes. » Moi : « Peut-être c’est ta manière de dire que tu es très malheureux. » Cette interprétation lui permet alors de s’asseoir et de dessiner. Il dessine un grand bateau et me dit : « C’est un bateau de pirates méchants qui cherchent la bagarre. Toi aussi tu es dedans. » Je lui demande de me raconter l’histoire de ce bateau : « Il vient de loin, mais reste toujours sur la mer et attaque les autres qui s’approchent », me raconte-t-il.
33Il s’agissait d’un grand bateau entouré d’un soleil magnifique remplissant toute la feuille, sans espace vide. Ce dessin mettait en scène une dimension dépressive sous l’effet des défenses maniaques qui s’étaient présentées à moi dans sa façon d’être au début de la séance ; une façon d’être qui consistait à ne rien ressentir face à toutes les choses qu’il avait perdues. En l’écoutant, j’imaginais que ce bateau figurait sa façon de se représenter, tel un enfant abandonné dans la mer et par la mère.
34Je remarquais deux drapeaux qu’il explique par : « Oui, parce qu’ils sont passés par là, mais maintenant ils restent sur la mer. C’est fini l’histoire. » Il prend violement le dessin et dans un mouvement sadique le déchire et le met à la poubelle. Je reçois cet agir comme un avertissement, une sorte de scène condensée d’un drame interne dans sa dimension tragique. Dans son utilisation du dessin et dans sa déchirure, Jean met en scène cette dynamique psychique nourrie par la haine et la destruction de l’objet. Je lui dis : « C’est peut-être comme ça que tu te sens. Déchiré et abandonné, comme ce papier dans cette poubelle. » Jean reste attentif et me regarde. À cette interprétation, j’ajoute une autre intervention. Je récupère les petits morceaux déchirés et je les garde dans le dossier que j’avais préparé pour lui. Je lui dis qu’ici on gardera tout ce qu’il produit et « qu’un jour il sera content de les retrouver ». La récupération de ces morceaux de papier accompagnée de ma phrase allait avoir un effet contenant et inscrire l’espace des séances comme un lieu pour accueillir les projections de sa tyrannie interne.
35En quittant son pays et sa culture d’origine, Jean vit une situation traumatique de perte. La situation de perte actuelle vient fonctionner comme déclencheur de toutes les situations d’abandon et de perte de son histoire. Son vécu actuel pris dans cette dynamique psychique de la répétition de la perte provoque chez lui un effondrement des composantes identificatoires nécessaires à la résolution de son conflit interne. En arrivant en France, il passera la première année sous l’emprise d’une exigence surmoïque terrible qui lui permettra de maintenir les apparences, mouvement peut-être nécessaire pour lui permettre d’investir sa « nouvelle vie » et ses « nouveaux parents ». Il refoule ainsi toute son agressivité et la puissance sadique éveillées par la confrontation avec la perte. Mais cette composante sadique sera récupérée par son surmoi en formation et se retournera contre lui. La dynamique sadomasochiste qui se crée entre lui et ses parents adoptifs, mais aussi à l’école, à travers la recherche de punitions violentes, vient nourrir son sentiment de culpabilité. En retour, des fantasmes meurtriers et de destruction l’envahissent. Il se croit très dangereux. Sa mise en acte corporelle et le déchirement de son dessin sont la représentation condensée de ce drame interne où lui-même est la victime et l’agresseur.
36Comme nous l’avons rappelé au début de ce texte, à l’origine, le vécu de la perte de l’objet chez le nourrisson va permettre la mise en place d’identifications qui forment la psyché. Cependant, si des difficultés viennent contaminer ce processus, alors la perte se transforme en expérience de disparition et d’abandon. La conséquence sera la régression narcissique comme destin de l’investissement libidinal retiré de l’objet décevant. Pour Jean, pris dans ce que nous avons appelé la tentation mélancolique, il y a retrait de la libido dans son moi et le moi devient par identification narcissique l’objet décevant et haï. C’est le destin que va prendre sa pulsionnalité. Il se soumet d’une façon masochiste et reste jugé de façon sadique par son surmoi terrifiant. Cette récupération masochiste se traduit dans les punitions que lui infligent ses parents ou l’école, où il se fait souffrir de façon auto-sadique, en même temps qu’il préserve son rapport avec son nouvel environnement. Petit à petit, cette composante sadomasochiste ne tardera pas à être transférée sur l’espace des séances.
37Freud, dans son texte « Le transfert » (1914b), nous dit ceci : « Le transfert peut être comparé à la couche intermédiaire entre l’arbre et l’écorce, couche qui fournit le point de départ à la formation de nouveaux tissus et à l’augmentation d’épaisseur du tronc » (p. 460). La métaphore d’une « couche intermédiaire » utilisée par Freud pour définir le transfert me paraît décrire ce lieu intermédiaire dans lequel l’espace de la séance et moi avons été rapidement happés par cet agir de Jean. Si le mot-clé est ici « intermédiaire », c’est bien parce que le transfert garde la puissance d’un mouvement, mouvement qui viendrait réactiver un processus gelé. Dedans/dehors, actif/passif, présence/absence, amour/haine, c’est bien de cette dualité vers ou contre l’objet qu’il s’agit dans le transfert. Cette idée prend ici pour moi toute son importance. Il s’agissait, lors des séances, de lui laisser la possibilité de mettre en scène l’émergence de l’ambivalence de ses pulsions.
L’élaboration d’un surmoi tyrannique
38Les séances seront successivement l’expression de la reviviscence de sa violence à laquelle il s’était jusqu’à présent identifié narcissiquement. Laurence Kahn (1987), en évoquant les cures d’enfants et les dynamiques pulsionnelles qui se trouvent imbriquées dans les constructions du moi et du surmoi en formation chez les enfants, nous dit ceci : « De même que le surmoi immuable est un surmoi qui attaque pour punir, de même l’inconscient le plus primitif est-il constitué de scénarios d’attaques se renouvelant à l’infini contre l’objet primaire, et quelles que soient les zones érogènes en jeu. L’analyste n’est que le support de la réactualisation de ces scénarios refoulés » (p. 173). L’idée de support de la réactualisation de scénarios refoulés prend ici toute sont importance.
39Avec Jean, l’espace de la séance depuis notre première rencontre allait fonctionner comme support à accueillir son scénario interne. L’espace sera utilisé pour permettre la reviviscence de sa violence sadique en rapport à lui-même et à l’objet décevant auquel il s’était identifié narcissiquement. Il utilise tantôt des jeux de rôles spécifiques, tantôt des agirs corporels, tantôt des dessins terrifiants qu’il détruit violement à chaque fin de séance. Mon rôle consiste à récupérer ses dessins déchirés dans la poubelle, pour les garder dans son dossier. Je me réfère toujours dans ces moments-là à la règle que je lui ai énoncée au début de la cure : « Je garde tout ce que tu fais dans ton dossier, parce qu’un jour tu seras content de le retrouver. » La ré-énonciation de cette règle lui garantit la protection et la permanence de l’objet, et non pas sa disparition.
40Dans ses jeux ou dans ses dessins, apparaissent souvent des personnages à forte composante surmoïque cruelle. Par exemple, dans les jeux je suis tantôt l’enfant qui subit la maltraitance d’une mère, d’un père, ou d’une maîtresse tyrannique, tantôt c’est lui l’enfant maltraité et moi, le méchant. Ces scénarii me paraissent devoir se constituer comme une exigence narcissique dans la mesure où ils lui permettent un certain apaisement pulsionnel. Nous retrouvons là l’idée d’une néo-sexualité développée par Joyce McDougall (1996) à propos des scénarii fantasmatiques sadomasochistes.
41Ces scénarii se répètent sans cesse tout au long des séances. Peu de répit. La bataille interne pour Jean ne finit pas. Ses personnages terrifiants surgissent toujours et encore. Ou bien alors, cette possibilité de mise en scène qu’offre l’espace des séances l’amène à des mouvements où son corps prend le relais, dans une expression centrée sur le plaisir anal d’expulsion/rétention. Par exemple, au milieu d’une séance, Jean ressent tout à coup une envie irrépressible d’aller aux toilettes. Il peut y rester de longs moments et ainsi m’envelopper dans tout son « merdier ». D’autres fois, pendant la séance, l’odeur de ses contenus internes empeste tout l’espace de mon cabinet. Me rendant passive, il me fait subir ce qu’il a subi. Le « merdier » est aussi la forme visible du désir de se séparer de l’objet, source de déception et de son conflit psychique. C’était parfois difficile à supporter. Il m’arrivait de me sentir fatiguée, éprouvant la sensation de m’être vidée moi-même à la fin des séances.
42Dans cette période de sa cure, ce qui parait important c’est son sadisme mis dehors grâce à cette analité violente permise par son corps, mais aussi l’assurance que ce mouvement n’entraîne pas ma destruction. Ces comportements, qui ne sont pas étrangers aux analystes d’enfants, font référence à l’idée kleinienne de la situation analytique comme le scénario qui permet la reviviscence du mouvement complexe d’envie et de gratitude, d’amour et de haine à l’égard de l’objet.
43Un jour, en revenant des toilettes il me dit : « Ça va mieux ? Aujourd’hui, je n’ai pas été très long. » Cette phrase venait amorcer un mouvement psychique où la répétition sadique m’était destinée et donc une autre élaboration pouvait s’amorcer. Alors je lui dis : « Oui, il se passe des choses à l’intérieur de toi. » À cette interprétation, il me regarde et paraît apaisé. Peu à peu, ses défenses se modifiaient contre ses parties terrifiantes et il allait pouvoir compter sur des personnages secourables représentés sur la feuille. Ou alors, dans ses jeux de rôles, ses personnages étaient tantôt incarnés par moi, tantôt incarnés par lui. Cela me signifiait la modification des contraintes internes, la place d’un surmoi terrifiant était toujours présente mais il pouvait à présent compter sur des objets secourables. Ces nouveaux personnages venaient inaugurer le rôle d’un surmoi toujours sévère, mais à présent aussi, protecteur.
44Une question restait présente pour moi : Pourquoi montre-t-il la persistance d’un scénario où il se bat contre la mort ? Pourquoi ne se permet-il pas des glissements identificatoires supportés par ses nouveaux parents ? La dynamique identificatoire nécessaire à la solidification des instances psychiques ne lui permet-elle pas de traiter son angoisse ?
45J’ai attendu longtemps avant qu’il puisse me parler de sa résistance à utiliser ses nouveaux modèles identificatoires que représentaient ses parents adoptifs. Il me disait souvent : « J’ai beaucoup de chance d’être adopté. » Jusqu’au jour où il me dira : « Ma mère m’a dit que plusieurs fois elle a essayé d’avoir un enfant, mais ça n’a jamais marché. Alors ils ont décidé d’adopter un enfant. Cet enfant, c’est moi. » Cette phrase condense des représentations multiples : un désir d’enfant voué à la mort, le frère rival engendrant des désirs meurtriers, un double narcissique devenu le compagnon imaginaire idéalisé. Pour Jean, cet enfant mort vient contaminer son espace identificatoire déjà fragilisé par le remaniement narcissique qu’impose la perte de son environnement habituel. Mais aussi, cette phrase revêt l’identification mélancolique avec la mère endeuillée en même temps qu’elle vient souligner la solution pathologique, celle de résister à cette identification, même si c’est au prix de sa vie psychique.
46Le temps passa et l’émergence d’autres mouvements apparaîtront. À partir du tissu transférentiel que nous avons réussi à mettre en place et qui fonctionnait comme un par-excitation nécessaire à contenir ses angoisses primitives, Jean développera une très longue phase dépressive avec projection intense dans la relation transférentielle et des sentiments d’abandon. Les moments de vacances étaient, par exemple, des moments très difficiles à supporter pour lui, le faisant régresser dans ces épisodes dépressifs.
47Mon absence réveillait la haine à l’égard de l’objet analyste, devenu l’objet décevant. Sa solution psychique face à cette situation était alors une immobilisation dépressive par la paralysie de ses propres excitations. Dans une des séances après le retour des vacances, il me dira : « Parfois je reste dans ma chambre et je fais semblant de jouer, mais je ne fais rien, je reste là sans bouger ou alors je me regarde dans une glace et j’imagine que je suis quelqu’un d’autre. »
48Au lieu de me haïr, Jean s’acharne à effacer ses pulsions jusqu’à imaginer se laisser mourir. Il devient ainsi l’acteur d’un désespoir meurtrier qu’il subit et auquel il participe. L’hostilité est ici désir de présence de l’autre, mais aussi présence de désir de mort.
L’assouplissement d’un surmoi tyrannique
49Un jour, Jean arrive à sa séance. Il a l’air triste. Il s’assoit et me fait un dessin. Il me dit que c’est un garçon triste qui pleure son chat mort. À côté du garçon, le chat est déchiré avec du sang.
50Je lui demande de me parler de l’histoire de ce dessin. Il me dit qu’il s’agit d’un petit garçon dont le chat avait disparu et ajoute que maintenant le chat est mort, « mort pour toujours ». Je lui demande : « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Sous le couvercle d’une parole anesthésiant tout affect que cette situation de perte vient produire, il me dit : « Le chat a disparu, maintenant est mort et le garçon est triste. » Et il ajoute : « Mais, tu sais, c’est ça la vie. »
51L’intensité de la scène envahit l’espace et après un temps de silence il reprend : « Peut-être il l’a tué. » Il continue : « Je te dis qu’il avait disparu. Alors le garçon était très en colère. Il l’a tué. Tu vois il y a du sang partout. » Avec le crayon rouge, Jean ajoute du sang partout autour du chat mort à côté du garçon devenu, dans ses constructions, le tueur enragé.
52Mais cette fois le dessin n’est pas déchiré. Ce qui venait signifier pour moi un mouvement psychique nouveau dans la cure. Pouvoir garder son dessin dans son dossier condense alors la tentative d’une élaboration psychique de ses vécus traumatiques de perte et de sa haine, permettant ainsi la mise en mouvement d’une dynamique psychique qui était jusqu’à là gelée dans une seule et même forme de répétition.
Conclusion
53En arrivant en France, Jean s’est acharné contre lui-même après un premier mouvement de tentative de se conformer à la perte. Dans un second temps, ses symptômes me sont apparus happés par la tentation mélancolique, comme une manière paradoxale de supporter l’émergence de ses vécus de pertes successives.
54Dans cette cure avec Jean, j’étais placée d’emblée – je dirais malgré moi – dans la position de celle qui permet l’émergence de l’expérience douloureuse de la présence/absence de l’objet. J’incarnais l’objet qui accueille mais qui peut aussi abandonner. L’incidence sur son moi et la mise en place de mouvements défensifs ne se manifestera pas seulement par le langage, mais aussi par la sollicitation des agirs au cours des séances. Les représentations n’ayant pas encore la capacité d’être remémorées, mais transférées, les actes étaient d’une grande intensité, et sous couvert d’une représentation corporelle. Tout se passait comme si, au lieu de se remémorer la scène de rencontre teintée de déception avec une femme-mère-analyste, il faisait appel à une mémoire agie, et ces agirs, au lieu de le débarrasser de la charge affective, gardaient intacte dans les moindres détails l’expérience douloureuse de la perte au plus près de l’originale (Fédida, 2007).
55Tout au long de cette cure, sera réactivé un processus de répétition de la scène, celle de la disparition de l’objet aimé et l’effraction psychique que cette disparition a produite chez lui. Grâce au transfert, les remaniements psychiques deviennent capables de traiter l’effraction traumatique produite par ces pertes. Cette possibilité acquise au cours de son travail analytique parfois difficile, qui a duré plusieurs années, lui a permis de percevoir les liens étouffants et le climat meurtrier de son intérieur. Ce cheminement progressif, qui m’a conduite plusieurs fois à prendre en compte des terrains glissants, lui a fait traduire les douleurs inavouables qui entouraient son enfance et son adoption, lui faisant prendre cruellement conscience de son histoire, et l’a inscrit à nouveau dans le monde culturel dont lui-même s’était exclu.
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : changement culturel, mélancolie, surmoi, perte
Date de mise en ligne : 22/01/2014.
https://doi.org/10.3917/pcp.019.0151Notes
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Cristina Lindenmeyer, maître de conférences à l’université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, Laboratoire crpms/ea-3522 (Centre de Recherches, Psychanalyse, Médecine et Société). Psychanalyste, cristina.lindenmeyer@wanadoo.fr
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[1]
Je m’adresse à Jean en français, vu la méconnaissance de la part de ses parents adoptifs de sa langue d’origine. Jean me répondra en français et utilisera le français tout au long de sa cure. C’est seulement pendant le début de sa sixième année d’analyse qu’il me parlera dans sa langue maternelle.