Les Équipes Mobiles Psychiatrie Précarité (EMPP) ont pour mission de permettre l’accès aux soins des personnes les plus démunies, en passant par des techniques d’approche actives (« aller vers » les populations ciblées, employer le bas seuil, travailler en lien avec les professionnels ou bénévoles ayant contact avec les SDF, etc.) Un autre volet est celui de « l’aide aux aidants », pour permettre à nos partenaires de dépasser l’angoisse mobilisée par le côtoiement de sujets désocialisés, apparaissant souvent étranges. Dans l’expérience rouennaise, le psychologue pratique en clinique directe avec des personnes en galère n’ayant pour point commun que celui de ne pas représenter des « indications » pour la psychothérapie : clochards, psychotiques ou non, jeunes en errance, demandeurs d’asile, déboutés du droit d’asile... Une diversité de réalités humaines rudes et brutes se propose, sans demande manifeste. Le travail ici fait aussi découvrir l’envers négatif des logiques sociales et culturelles de la patrie des Droits de l’Homme. Il doit se fonder sur une ossature psychopathologique et explicative fiable autant que sur une anthropologie du monde contemporain et ouvrir vers une forme de recherche clinique sur cette matière. Celle-ci inclut la manière de définir les raisons du travail à plusieurs et ses principes.