Alors que dans certains pays comme la Belgique, des personnes présentant un trouble psychique peuvent aujourd’hui obtenir une décision d’euthanasie si leur souffrance insupportable est attestée comme relevant d’une pathologie incurable, le paradigme du rétablissement insiste aujourd’hui sur la possibilité d’un devenir favorable, quelle que soit la sévérité d’un tel trouble. Ceci conduit à interroger ce que ressent le clinicien/la clinicienne confronté(e) à une souffrance intenable vis-à-vis de laquelle son savoir semble impuissant. Nous resituons d’abord la notion de souffrance psychique relativement à l’univers subjectif de celui/celle qui l’éprouve, ce qui nous conduit à distinguer la douleur psychique actuelle et la souffrance fondamentale en tant qu’altération du potentiel de l’univers subjectif. Après avoir introduit l’Intenable comme la pointe extrême de la souffrance fondamentale, nous montrons comment le paradigme du rétablissement peut proposer un cadre pour surmonter une telle épreuve. Nous précisons alors la notion d’Insupportable, en tant qu’Intenable induit par la souffrance d’autrui, avant d’envisager de quelle façon un soignant peut y être confronté. Nous soutenons qu’il n’y a jamais de point de non-retour de l’Intenable dans l’univers psychique, ni de savoir terminal en pathologie mentale, le psychique étant par essence potentiel d’ouverture à chaque rencontre.