L’objectif de l’article est de traiter du cas particulier de la chlordécone (CLD) aux Antilles françaises qui illustre les évolutions dans les interactions entre les différents acteurs impliqués sur le temps long. Ce cas est particulier car cette contamination au long cours est assez rare pour un contaminant organique, contrairement à ce qui se passe pour les éléments minéraux, amenant à la fois une limitation dans les pistes de gestion (dépollution in situ et phytoextraction a priori non envisageable) mais également des pistes potentielles spécifiques. Le deuxième élément à souligner est le cadre insulaire de cette pollution qui renforce la fragilité territoriale. En Martinique comme en Guadeloupe, le foncier agricole recule face à l’urbanisation (la SAU de la Guadeloupe est passée de 58 000 à 35 000 ha entre 1979 et 2019 ; Agreste, 2021), et l’élevage est fragilisé par des coûts de production élevés (importation d’aliments azotés et pression parasitaire élevée). La part des surfaces contaminées par la chlordécone aux Antilles est 24 % de la SAU (Tillieut, 2006). Elle est suffisamment significative pour que la question soit traitée à l’échelle territoriale et non comme un site pollué à la fois de taille réduite et bien circonscrit. Plutôt limitée en Guadeloupe au croissant bananier du sud Basse-Terre, la contamination est plus diffuse en Martinique, même si le nord-est atlantique est davantage concerné que le reste de l’île.
L’objectif du groupe de recherche est centré sur l’élevage à partir d’u…