Petites exploitations, petits exploitants : ces deux termes semblent surgir d’un lointain passé. Ils interpellent directement notre mémoire en réveillant, pour la majorité d’entre nous, l’image d’une agriculture séculaire, éternelle, mais aussi condamnée. D’autres esprits plus iconoclastes ou engagés voient a contrario, dans cette agriculture différente, un avenir possible, une issue probable pour sortir l’agriculture modernisée de l’impasse dans laquelle elle se trouverait. La question de la petite agriculture soulève le débat et la polémique… Et souvent la raison perd sa vertu pour faire place à la passion lorsqu’on aborde ce thème. Il est pourtant une réalité qui ne saurait d’avantage être occultée : depuis quarante ans, les experts prédisent la disparition rapide et inéluctable de ces petits paysans. La prévision s’est fait certitude et la projection est devenue une apparence de la réalité.

Les données statistiques ne confirment pas cette hypothèse : la petite agriculture est toujours une composante tenace du paysage agricole français. Contre toute attente elle résiste avec obstination aux mécanismes qui contribuent à sa disparition. Dans une certaine indifférence et loin de tous les boulevards médiatiques, des milliers de petits agriculteurs continuent de vivre de leur métier et réussissent à transmettre leur exploitation. À l’heure où l’emploi et la survie du monde rural deviennent un enjeu majeur de société, ce fait ne peut qu’interpeller le citoyen et les élus…

De nouvelles questions se posent et pourraient bousculer des certitudes depuis longtemps établies : qu’est-ce au bout du compte une petite exploitation aujourd’hui ? Qui sont ces agriculteurs français qui s’obstinent à pratiquer une autre agriculture sur des structures jugées obsolètes par leurs pairs et leur environnement technique ? Que peut-on faire pour accompagner ces agriculteurs et augmenter leur capacité à agir et à être reconnus comme de véritables acteurs du développement rural ?