Notes
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[1]
Le Territoire du Nunavut n’existe que depuis 1999. Il était auparavant intégré aux autres Territoires du Nord-Ouest du point de vue statistique.
-
[2]
Les travaux de démographie historique sur le Québec doivent beaucoup au programme de reconstitution des familles mis en œuvre par des chercheurs de l’Université de Montréal et dont les données et les résultats sont disponibles sur le site Internet suivant : http://www.genealogie.umontreal.ca/ (consulté le 21 juin 2012).
-
[3]
Le terme « Amérindiens » désigne les premiers occupants de l’Amérique du Nord, c’est-à-dire ceux qui peuplaient ce territoire avant l’arrivée de Christophe Colomb ainsi que leurs descendants.
-
[4]
Cette émigration n’a été que très faiblement compensée par un mouvement en sens inverse, qui a vu environ 100 000 loyalistes à la couronne britannique fuir les États-Unis vers le Canada, principalement autour de 1780 (Walker, 2008).
-
[5]
Ministère de la Justice, Canada, http://www.justice.gc.ca/fra/pi/rs/rap-rep/2002/dr02_8-rp02_8/p2.html, consulté le 19 juin 2012.
-
[6]
Les notions de « race » et d’ « ethnie » présentées ici correspondent à la traduction littérale des concepts américains et ne reflètent pas la position des auteures quant à leur utilisation. Les catégories raciales du tableau 4 sont traduites des termes suivants : White, Black, American Indian and Alaska Native, Asian and Pacific Islander, Some other race alone, Two or more races ; et pour les catégories ethniques : Hispanic or Latino, Not Hispanic or Latino, White alone.
-
[7]
Statistique Canada, http://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2006/as-sa/97-555/table/A6-eng.cfm, consulté le 19 juin 2012.
-
[8]
En dollars constants de 2010. Source : Base de données de la Banque mondiale, consultée le 2 mars 2012.
-
[9]
Base de données http://www.oecd-ilibrary.org/social-issues-migration-health/society-at-a-glance_19991290, consultée le 2 mars 2012.
-
[10]
Luxembourg Income Study, http://www.lisdatacenter.org/data-access/, consulté le 2 mars 2012.
-
[11]
Country Note: Canada, OCDE, 2008, Growing Unequal? Income Distribution and Poverty in OECD Countries.
-
[12]
Country Note: United States, OCDE, 2008, Growing Unequal? Income Distribution and Poverty in OECD Countries.
-
[13]
Pour plus d’informations sur les niveaux et tendances de la fécondité dans les pays européens, le lecteur peut se reporter à la précédente chronique de conjoncture de Population qui leur est consacrée (Adveev et al., 2011). La définition des régions européennes adoptée ici suit celle d’Adveev et al. par souci de cohérence.
-
[14]
Les catégories «Hispaniques», «Blancs non hispaniques» et «Noirs non hispaniques» n’ont été introduites dans les statistiques officielles qu’à partir de 1989.
-
[15]
La différence était de 1,5 an entre les deux indicateurs au Canada au cours des années 2000-2004, les seules pour lesquelles ils sont disponibles simultanément (l’âge moyen étant supérieur à l’âge médian).
-
[16]
Tableau 131 du Statistical Abstract of the United States 2012, United States Census Bureau.
-
[17]
Statistique Canada, http://www.statcan.gc.ca/pub/91-209-x/2004000/part1/t/ta6-5-fra.htm, consulté le 29 juin 2012.
-
[18]
Canada : Statistique Canada (2008) ; États-Unis : Goodwin et al. (2010).
-
[19]
Bramlett et Mosher (2002) pour l’enquête de 1995 ; Goodwin et al. (2010) pour l’enquête de 2002.
-
[20]
Les données présentées par les Nations unies résultent d’enquêtes nationales dont les modalités sont très variables, notamment en termes de représentativité et de formulation des questions. Si pour les États-Unis les chiffres présentés sont représentatifs de la population nationale et s’appuient sur une enquête réalisée auprès de 38 000 femmes, pour le Canada, les données proviennent d’une enquête téléphonique dont la représentativité est inconnue. Par ailleurs, les Canadiennes pouvaient fournir plusieurs réponses à la question sur l’utilisation de la contraception tandis que les Américaines étaient interrogées sur la principale méthode utilisée (une réponse possible). La comparabilité des données présentées dans le tableau 9 est donc difficile à établir et leur interprétation compliquée, d’autant plus que les périodes de référence varient d’un pays à l’autre.
-
[21]
États-Unis – National Center for Health Statistics (Annual Abortion Surveillance Reports, http://www.cdc.gov/reproductivehealth/Data_Stats/Abortion.htm), base de données de l’Institut Guttmacher (http://www.guttmacher.org/datacenter/index.jsp) ; Canada – Statistique Canada jusqu’en 1994 (base de données CANSIM) et Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) depuis 1994.
-
[22]
Cette base de données combine les déclarations auprès du Centre national de statistique sur la santé et les résultats d’une enquête permanente auprès de l’ensemble des établissements pratiquant l’intervention. Elle est considérée comme la source de données actuellement la plus complète et la plus fiable à l’échelle du pays (www.guttmacher.org, consulté le 30 janvier 2012).
-
[23]
Définies au sens large, c’est-à-dire incluant non seulement les avortements volontaires et les grossesses menées à terme chez les femmes qui n’auraient plus souhaité d’autres enfants, mais aussi les grossesses mal planifiées (survenant plus tôt que prévu).
-
[24]
Pour plus d’informations sur les niveaux et tendances de la mortalité dans les pays européens, voir la chronique de Population qui leur est consacrée (Adveev et al., 2011).
-
[25]
Bien que la plupart des pays industrialisés aient enregistré un tel retournement, les pays anglo-saxons ont été les premiers à le connaître (Meslé, 2004).
-
[26]
En utilisant une approche par génération (année de naissance) plutôt que par période (année de calendrier), Preston et Wang (2006) ont démontré l’étroite relation existant entre l’évolution de l’écart d’espérance de vie entre les sexes et celle des différences de consommation de tabac.
-
[27]
Pour des informations plus détaillées sur les niveaux et tendances de la mortalité infantile dans les provinces et territoires canadiens et dans les États américains depuis 1980, le lecteur peut se reporter au tableau annexe A.7.
-
[28]
MacDorman et Mathews (2008) ont d’ailleurs documenté la dégradation de la position des États-Unis au classement mondial du taux de mortalité infantile au cours des dernières décennies : le pays est passé du 12e rang en 1960 au 23e en 1990, puis au 29e rang en 2004.
-
[29]
Pour plus d’informations sur les niveaux et tendances de la mortalité adulte dans les provinces et territoires canadiens et dans les États américains, le lecteur peut se reporter au tableau annexe A.8.
-
[30]
Le programme Medicare, créé en 1965 (Titre XIX du Social Security Act) et mis en œuvre l’année suivante, est un système d’assurance-santé géré par le gouvernement des États-Unis et destiné aux personnes âgées d’au moins 65 ans ou répondant à d’autres critères (par exemple, personnes invalides ou souffrant d’insuffisance rénale terminale) (Centers for Medicare & Medicaid Services, 2011 ; Social Security Administration, 2011). Une partie des coûts de soins de santé sont pris en charge par le programme, mais celui-ci ne couvre pas l’ensemble des frais médicaux, ni les coûts liés aux soins de longue durée. Le programme Medicaid, créé au même moment que Medicare, offre une couverture médicale aux individus et familles à faible revenu ou ressources limitées. Contrairement à Medicare, Medicaid est géré au niveau de chaque État.
-
[31]
L’accroissement de la mortalité par empoisonnement accidentel depuis la fin des années 1990 (Miech et al., 2011) y a visiblement contribué.
-
[32]
À l’échelle des comtés américains, soit l’unité géographique la plus fine pour laquelle des données sur la mortalité sont systématiquement disponibles aux États-Unis, l’écart d’espérance de vie à la naissance est encore plus marqué. En 1999, il atteignait 18,2 ans pour les hommes et 12,7 ans pour les femmes (Ezzati et al., 2008).
-
[33]
Selon les auteurs, ce renversement de tendance s’explique par une poursuite de la baisse de la mortalité dans les régions les plus avantagées du pays d’une part, et une stagnation, voire une augmentation, de la mortalité dans les plus défavorisées d’autre part.
-
[34]
Au début des années 1920, l’écart absolu entre les provinces canadiennes affichant les espérances de vie maximale et minimale s’établissait à 10 ans environ pour chaque sexe. Vers la fin des années 1970, il n’était plus que d’environ 2 ans (Base de données sur la longévité canadienne, 2012).
-
[35]
Avant 1980, le Québec occupait presque toujours le dernier rang du classement provincial de l’espérance de vie à la naissance (Base de données sur la longévité canadienne, 2012).
-
[36]
Au Canada comme dans plusieurs autres pays développés, les immigrants semblent bénéficier d’un avantage de survie à presque tous les âges comparés aux natifs (Sharma et al., 1990 ; Trovato, 1993 ; Chen et al., 1996 ; Bourbeau, 2002). Outre le fait que le processus d’immigration soit sélectif par nature et qu’il tende à sélectionner les jeunes et les individus en bonne santé, tous les immigrants sont tenus de passer un examen médical avant d’être admis au Canada (il en est de même aux États-Unis). Les personnes présentant de graves problèmes de santé sont renvoyées dans leur pays. La sélectivité, en termes de santé, s’en trouve ainsi renforcée. Une autre hypothèse a trait à leurs habitudes tabagiques à long terme, généralement moins marquées que celles des natifs. Cette hypothèse s’est avérée probante aux États-Unis et pourrait l’être aussi au Canada (Blue et Fenelon, 2011).
-
[37]
Pour construire ce qu’ils définissent comme « indice de défavorisation » (index of deprivation), les auteurs se sont inspirés des propositions de Townsend (1987) relatives au concept de deprivation et à l’indice correspondant qu’il a développé. Cet indicateur correspond aux indices de précarité utilisés en Europe.
-
[38]
Les données pour l’espérance de vie à la naissance selon le quintile de désavantage ne sont pas disponibles pour le Canada.
-
[39]
Un indice de « défavorisation » développé par Singh et Siahpush (2006) composé de onze indicateurs socio-économiques (Pampalon et al. (2009c) en utilisent six), a servi à la répartition de la population américaine en déciles.
-
[40]
Comme dit précédemment (section II), un régime de quotas par nationalité (National Origins Formula) était en vigueur entre 1924 et 1965 aux États-Unis. Il a eu pour effet de limiter le nombre annuel d’immigrants européens à 150 000, d’interdire l’entrée d’immigrants asiatiques et d’avantager très fortement les Européens de l’Ouest et du Nord (Daniel, 2003b). Ce régime a été aboli par la loi de 1965 (Immigration and Nationality Act of 1965, aussi connue sous le nom de Hart-Celler Act).
-
[41]
Pour plus d’informations à propos de cette loi, le lecteur peut se reporter à Daniel (2003b).
-
[42]
Le nombre d’immigrés illégaux (constitués essentiellement des immigrés entrés clandestinement aux États-Unis, des immigrés entrés avec un visa valide qui a expiré et des immigrés ayant enfreint leurs conditions d’admission) a été estimé à 11,3 millions en 2006, soit près du tiers de la population immigrée américaine totale (Passel et Cohn, 2010). Pour le Canada, il n’existe pas d’estimation précise du nombre d’immigrés illégaux, mais il pourrait se situer autour de 0,5 million, correspondant ainsi à 8 % de la population née à l’étranger (Magalhaes et al., 2010).
-
[43]
Le Luxembourg et la Suisse accueillent beaucoup moins d’immigrés que le Canada en nombre absolu, mais ils affichent des proportions plus élevées de personnes nées à l’étranger (Pison, 2010).
-
[44]
La plupart des immigrants admis dans cette catégorie sont parrainés par un employeur américain.
-
[45]
Chaque année, 55 000 visas (dont 5 000 sont, depuis 1999, temporairement réservés à certains demandeurs d’asile concernés par la Nicaraguan Adjustment and Central American Relief Act of 1997) sont octroyés à des citoyens de pays présentant un faible taux d’immigration aux États-Unis par un système de loterie (sélection aléatoire des candidats à partir des demandes jugées recevables) (Wasem et Ester, 2004). Cette loterie a débuté en 1995, après une période de transition entre 1992 et 1994.
-
[46]
Ces objectifs contrastent avec ceux poursuivis par la politique d’immigration aux États-Unis, qui accorde une priorité écrasante au rapprochement familial.
-
[47]
La population des moins de 15 ans a d’ailleurs diminué en valeur absolue entre 1980 et 2010 dans plusieurs provinces canadiennes. Les diminutions enregistrées au Québec, en Saskatchewan et dans les provinces de l’Atlantique sont particulièrement importantes (tableaux annexes A.1 et A.12). Aux États-Unis, seuls six États se trouvent dans cette situation (Dakota du Nord, District de Columbia, Louisiane, Maine, Michigan et Virginie-Occidentale).
-
[48]
Les États de Virginie-Occidentale et de Floride, qui détenaient les âges médians les plus élevés aux États-Unis en 1990 et 2000, affichent désormais des âges médians inférieurs à ceux enregistrés dans les États du Maine, du Vermont et du New Hampshire (dans le cas de la Floride) (Howden et Meyer, 2011).
-
[49]
Pour permettre la comparaison entre les deux pays, ne sont présentés ici que les résultats des projections pour la période 2010-2050 au niveau national et 2010-2030 au niveau régional.
I – Les sources de données démographiques
1La plupart des données utilisées dans cette chronique proviennent des instituts nationaux de statistique. Tant au Canada qu’aux États-Unis, les administrations territoriales (au niveau des provinces et territoires au Canada, des États aux États-Unis) sont chargées de la collecte des données de l’état civil. Ces administrations existent au niveau des 10 provinces et 3 territoires [1] qui composent les 6 grandes régions du Canada, et des 50 États auxquels s’ajoute le District de Columbia répartis en 9 grandes régions aux États-Unis (figure 1, tableau 1). Les données sont toutefois centralisées, publiées et analysées au niveau national par Statistique Canada (au Canada) et par le Centre national des statistiques de santé (National Center for Health Statistics aux États-Unis). Statistique Canada a également pour responsabilité l’organisation du recensement, rôle joué par le Bureau du recensement (Census Bureau) aux États-Unis.
Figure 1
Figure 1
Localisation des régions et des provinces et territoires canadiens, et des États américainsNoms et abréviations correspondantes des régions, provinces et territoires canadiens, et des États américains
Noms et abréviations correspondantes des régions, provinces et territoires canadiens, et des États américains
2Avant le milieu du xixe siècle, notre connaissance de l’évolution démographique et de ses composantes au Canada est très parcellaire et résulte de travaux d’historiens relativement localisés (comme ceux, les plus nombreux, qui concernent le Québec) [2]. Le premier recensement moderne couvrant l’ensemble du territoire national a eu lieu en 1851, après toute une série d’énumérations locales dont la première, qui concernait uniquement la population de Nouvelle France, date de 1666. Le recensement s’est ensuite tenu tous les dix ans jusqu’à l’adoption d’une périodicité quinquennale en 1956. Le Bureau fédéral de la statistique a été créé en 1918 et s’est substitué aux ministères successivement chargés de l’organisation et de la collecte du recensement. Cet organisme fédéral est devenu Statistique Canada en 1971.
3Le recensement le plus récent date de 2011 et présente, comme celui de 2006, cette particularité d’avoir offert aux Canadiens la possibilité de remplir le questionnaire par Internet, une option choisie par 18,5 % des ménages en 2006, 54,4 % en 2011. En outre, le questionnaire complet obligatoire destiné à être envoyé à un échantillon représentatif de ménages en même temps que le questionnaire (abrégé et obligatoire) du recensement a été abandonné et remplacé par l’Enquête nationale auprès des ménages dont le contenu est le même, mais pour laquelle la participation est volontaire. Cette décision ministérielle a provoqué un immense tollé au sein de l’opposition politique ainsi que parmi les chercheurs et personnels de Statistique Canada, dont le directeur a même démissionné. Le formulaire de l’enquête a été envoyé à un ménage sur trois, et bien que les données du recensement de 2011 ne soient pas encore toutes disponibles, on sait déjà que le taux de réponse à l’enquête a été de 69 % pour l’ensemble du pays.
4Aux États-Unis, la Constitution (1787) exigeait dès le départ la tenue d’un recensement tous les dix ans. Le premier a eu lieu en 1790 et la série ne s’est jamais interrompue depuis. L’organisation de l’opération reposait sur les juges de district jusqu’à la création d’un bureau central du recensement en 1840. Ce bureau est devenu permanent en 1902. Depuis 1940, en plus du questionnaire très court envoyé à l’ensemble des ménages (qui interroge le chef de ménage sur la composition par âge, sexe et race des résidents), un échantillon représentatif reçoit un questionnaire plus détaillé (obligatoire), destiné à renseigner précisément la situation économique et sociale des membres du ménage. En 2010, cet échantillon représentait 15 % de la population totale.
5Dans ce même pays, une enquête intitulée Enquête communautaire américaine (American Community Survey, ACS) conçue pour suivre l’évolution de la population pendant la période intercensitaire et initialement destinée à remplacer à terme le formulaire détaillé du recensement, est par ailleurs administrée chaque mois à 250 000 ménages, soit 2,5 % de la population chaque année et 12,5 % sur chaque période quinquennale. L’enquête inclut toutes les questions du formulaire détaillé du recensement, plus un certain nombre d’autres questions sur les conditions de vie dans le logement et la situation économique et sociale des membres du ménage. L’ American Community Survey est représentative à tous les échelons administratifs jusqu’à celui de l’îlot de recensement (pour chaque cycle quinquennal). L’existence de l’ACS est toutefois menacée actuellement par les sévères restrictions budgétaires imposées par le congrès américain.
6Une autre enquête périodique parfois utilisée par les démographes, l’Enquête conjoncturelle auprès de la population (Current Population Survey, CPS), sert un but différent. Au lieu de compléter le recensement général de population, la CPS est une enquête mensuelle réalisée conjointement par le Bureau du recensement et le Bureau des statistiques du travail (Bureau of Labor Statistics) auprès d’un échantillon représentatif de 60 000 ménages et conçue pour suivre l’évolution de l’emploi et mesurer le niveau des revenus et de la pauvreté au sein de la population du pays. De telles enquêtes, ACS ou CPS, n’existent pas au Canada.
7Les recensements ont très tôt permis la publication périodique de statistiques démographiques renseignant l’état de la population. Ces informations sont complétées par des statistiques de mouvement grâce aux données de l’état civil. Les systèmes d’état civil ont toutefois été mis en place relativement tardivement dans les deux pays, comparés aux opérations de recensement. Jusqu’en 1933 aux États-Unis et 1921 au Canada (en dehors du Québec où l’enregistrement des naissances et des décès par l’administration a été institué en 1926, et des territoires dont les statistiques sont demeurées de qualité discutable jusqu’à 1950 environ), la couverture de l’état civil est incomplète, certains États et provinces étant jusque-là incapables de faire la preuve de la couverture minimale de 90 % des évènements d’état civil requise pour figurer dans les statistiques nationales.
8Pour les entrées de migrants internationaux, les fichiers administratifs du Département de la sécurité intérieure (Department of Homeland Security) aux États-Unis et ceux du ministère Citoyenneté et immigration Canada au Canada constituent des sources d’information statistique additionnelles incontournables dans les deux pays. Avant le 1er mars 2003, ces données administratives étaient sous la responsabilité du Service d’immigration et de naturalisation (Immigration and Naturalization Service) aux États-Unis. Comme ailleurs, le nombre de migrants (« stock » de migrants) et leur composition par sexe, âge ou origine sont estimés à partir des recensements.
9Outre les statistiques officielles publiées régulièrement, diverses enquêtes représentatives sur des sujets variables sont organisées occasionnellement par les administrations fédérales des deux pays. C’est le cas notamment des enquêtes sur la fécondité. Aux États-Unis, l’Enquête nationale sur la croissance des familles (National Survey on Family Growth), organisée pour la première fois en 1973 par le Centre sur le contrôle et la prévention des maladies (Center for Disease Control and Prevention), comporte des informations détaillées sur l’histoire génésique des personnes interrogées, leur parcours matrimonial et l’utilisation de la contraception en particulier. L’enquête a eu lieu en 1973, 1976, 1982, 1988, 1995, 2002 et 2006-2010. La prochaine, qui sera comme la précédente étalée sur plusieurs années, est actuellement en cours (2011-2015). L’enquête ne portait initialement que sur des femmes en âge de procréer (âgées de 15 à 44 ans) mais elle concerne également les hommes depuis 2002. La situation reproductive des femmes est moins bien documentée au Canada, où il n’existe pas d’enquête à périodicité régulière comme aux États-Unis. Citons tout de même pour mémoire l’enquête nationale canadienne sur la fécondité de 1984 et des enquêtes occasionnelles sur l’utilisation de la contraception en 1988, 2002 et 2006.
II – Histoire démographique
10L’évolution démographique ancienne est mal connue avant les premiers recensements de population, en 1790 aux États-Unis et 1851 au Canada, à l’exception du Québec. Les archéologues se sont toutefois efforcés d’estimer l’état du peuplement avant l’arrivée des Européens, et les historiens sont parvenus à estimer de façon assez précise l’évolution de la population au cours des xviie et xviiie siècles à partir de sources diverses.
Les premiers habitants
11Les premiers habitants d’Amérique sont venus d’Asie à la fin de la dernière période glaciaire. La date de leur arrivée est sujette à discussion entre spécialistes, certains la situant il y a seulement 10 000 à 12 000 ans, d’autres à plus de 40 000 ans. Ces premiers pionniers sont vraisemblablement arrivés par voie terrestre, profitant du fait que le niveau de la mer était alors suffisamment bas dans le détroit de Béring pour permettre le passage entre la Sibérie et l’Alaska. Le réchauffement climatique du xe siècle avant notre ère a provoqué une montée du niveau des eaux entre les deux territoires et l’isolement du continent américain, qui ne sera rompu qu’au xve siècle avec l’arrivée des premiers explorateurs européens, à l’exception d’une brève incursion des Vikings vers l’an 1000 de l’ère chrétienne (Magocsi, 1999).
12Les spécialistes ne parviennent pas à se mettre d’accord sur le nombre d’Amérindiens [3] vivant sur les territoires des États-Unis et du Canada, comme d’ailleurs sur le reste du continent américain, à l’arrivée de Christophe Colomb (1492). Les estimations varient entre quelques centaines de milliers et une dizaine de millions. Tous s’accordent toutefois sur les terribles conséquences démographiques des premiers contacts. La population amérindienne a été véritablement décimée par la conquête européenne, non pas tant du fait d’affrontements entre autochtones et conquistadores que de la désorganisation du système économique traditionnel et de l’introduction de maladies infectieuses (grippe, rougeole, variole, peste, typhus et coqueluche notamment) jusque-là inconnues sur le continent américain et contre lesquelles, par conséquent, aucune immunité naturelle ne la protégeait. Des recherches archéologiques ont permis de démontrer que certains groupes avaient perdu jusqu’à 95 % de leur population en quelques décennies à peine, mais la dépopulation s’est poursuivie pendant trois siècles.
13Au début du xixe siècle, période pour laquelle les estimations sont plus fiables, la population amérindienne aurait atteint environ 600 000 individus sur le territoire actuel des États-Unis et 150 000 sur celui du Canada. Pour des raisons à la fois épidémiologiques et socio-économiques, elle aurait continué à se réduire pour atteindre son point le plus bas autour de 1900. À cette date, les recensements comptent seulement environ 237 000 Amérindiens aux États-Unis et 100 000 au Canada (Hamelin, 1965 ; Thornton, 2000). Une baisse des taux de mortalité combinée à un accroissement de la fécondité a ensuite permis à la population amérindienne de rebondir et de croître régulièrement. Les chiffres des derniers recensements montrent toutefois que leur nombre actuel (5,2 millions aux États-Unis et 1,2 million au Canada) correspond plus ou moins à celui estimé à l’arrivée des Européens.
Une colonisation européenne très progressive du territoire canadien
14Au Canada, la croissance démographique fut initialement très lente (Hamelin, 1965 ; Charbonneau et al., 2000). Les premiers colons européens s’installèrent dans la vallée du Saint-Laurent (aujourd’hui le Québec) dès 1608, mais leur nombre resta très faible jusqu’aux années 1660. Moins de 10 000 immigrants s’établirent dans le pays au cours des 150 premières années de la colonisation européenne, et ce fut d’ailleurs décisif pour l’histoire politique du pays car parmi ces premiers immigrants, il y avait vingt fois plus de Britanniques que de Français (Henripin, 2003, p. 269).
15À partir des années 1660, l’accroissement naturel devient plus vigoureux, et au début du xviiie siècle, le taux d’immigration ne compte plus que pour 20 % de l’accroissement démographique. La forte fécondité, due à la fois à un premier mariage précoce et universel et à des taux de reproduction des femmes mariées très élevés, explique la vigueur de la croissance démographique canadienne à partir de cette période. La descendance finale des femmes atteint en moyenne 11 à 12 enfants jusqu’à la fin du xviiie siècle.
16En 1763, la France cède son autorité sur le Canada (ainsi que sur l’Ohio, le Mississippi et la Floride) à la couronne britannique. Elle clôt ainsi le chapitre de sa colonisation du territoire américain et verra rapidement se tarir les mouvements d’émigration en direction de ce continent. À cette date, le pays ne compte encore qu’environ 70 000 habitants d’origine européenne, dont seulement 40 % de natifs. Cette période marque toutefois un regain, puis une accélération progressive des flux d’immigration en provenance d’abord des États-Unis, puis, et de plus en plus par la suite, des îles britanniques (initialement d’Écosse, plus tard d’Angleterre et du Pays de Galles, mais aussi et surtout d’Irlande). Dans la mesure où une importante émigration vers les États-Unis [4] produit toutefois un taux migratoire net à peine positif, c’est essentiellement la forte fécondité des colons qui explique le doublement de la population canadienne en moins de trente, voire vingt ans, pendant les dernières décennies du xviiie siècle (tableau 2). Cette croissance rapide ne montre aucun signe de ralentissement au tournant du xixe siècle avec un taux annuel moyen qui atteint le niveau record de 48 ‰ (dont 30 ‰ dû au seul accroissement naturel) entre 1791 et 1801 pour ne se ralentir que très relativement pendant les cinq décennies suivantes (McInnis, 2000a).
Population du Canada de 1761 à 2011 et taux d’accroissement annuel moyen par période décennale
Population du Canada de 1761 à 2011 et taux d’accroissement annuel moyen par période décennale
17Le premier recensement canadien de population (1851) marque une interruption des flux d’immigration les plus denses (l’ensemble des terres arables disponibles du pays ont été distribuées), et la période suivante se caractérise par une intensification de l’émigration vers les États-Unis. La fécondité commence également à se réduire (d’un tiers en une quarantaine d’années) et elle devient relativement faible à la fin du xixe siècle, à l’exception des populations francophones au sein desquelles elle demeure très soutenue (McInnis, 2000a). En 1901, le pays compte 5,3 millions d’habitants, dont 57 % d’origine britannique et 30 % d’origine française [5] (figure 2).
Figure 2
Figure 2
Population du Canada et des États-Unis de 1790 à 201018Le tournant du xxe siècle marque toutefois un retournement des tendances migratoires avec une nouvelle vague massive d’immigrants venant d’Irlande et de Grande-Bretagne, profitant de l’ouverture du pays vers l’ouest. Le nombre annuel de nouveaux migrants au Canada atteint le chiffre record de 50 000 à 100 000 jusqu’au début des années 1930, et pendant toute cette période le taux migratoire représente environ un tiers du taux d’accroissement démographique total (McInnis, 2000b). La crise des années trente porte un coup d’arrêt à l’immigration alors même que la fécondité s’est considérablement réduite et la population ne croît plus qu’à un rythme inférieur à 10 ‰ par an au lieu des 20 ‰ à 30 ‰ par an atteint au début du siècle. C’est la fin de la plus forte croissance démographique. Tandis que le pays a gagné près de 35 % de nouveaux habitants entre 1901 et 1911, puis 22 % et 18 % au cours des deux décennies suivantes, le gain se réduit à 10 % au cours des années 1930 (McInnis, 2000b). Une nouvelle vague d’immigration en provenance d’Europe après la seconde guerre mondiale et le baby-boom de l’après-guerre permettent toutefois à la croissance démographique de rebondir vigoureusement et à la population de passer de 12 à 22 millions entre 1945 et 1971, pour atteindre près de 28 millions en 1991, et enfin plus de 34 millions en 2011 (tableau 2 et figure 2).
Une colonisation plus rapide aux États-Unis
19Malgré un taux d’accroissement annuel moyen estimé à environ 72 ‰ au xviie siècle, la population des États-Unis dans son ensemble atteignait à peine 200 000 autour de 1700 (tableau 3). L’essentiel de la croissance était dû à une immigration soutenue, dont le taux net a été largement supérieur au taux d’accroissement naturel pendant tout le siècle (Gemery, 2000). La population a été multipliée par presque vingt au cours du siècle suivant, s’établissant à 3 929 600 au premier recensement en 1790 (United States Census Bureau, 1975). Cette croissance très rapide a été nourrie par une forte fécondité, l’indice synthétique atteignant 8 à 10 enfants par femme selon les régions dans la seconde moitié du xviiie siècle, et par la poursuite d’importants mouvements migratoires (Gemery, 2000).
Population blanche des États-Unis de 1610 à 1790, population totale aux recensements de 1790 à 2010 et taux d’accroissement annuel moyen
Population blanche des États-Unis de 1610 à 1790, population totale aux recensements de 1790 à 2010 et taux d’accroissement annuel moyen
20Ces facteurs positifs ont continué à jouer sur l’évolution démographique au xixe siècle, portant la population à plus de 76 millions en 1900 (tableau 3), correspondant à un taux d’accroissement annuel moyen de l’ordre de 27 ‰ pendant toute cette période. Le rôle de l’immigration est toutefois devenu plus faible qu’au cours des siècles précédents : elle ne représente plus qu’environ un tiers de la croissance démographique totale jusqu’en 1920 et beaucoup moins par la suite, notamment entre 1924 et 1965 du fait d’une législation limitant fortement l’arrivée de nouveaux migrants (Anderton et al., 1997 ; Easterlin, 2000 ; Haines, 2000). Une reprise des mouvements migratoires après cette date faisant suite à un baby-boom très marqué ont toutefois permis à la croissance démographique de demeurer très positive, faisant passer la population d’un peu plus de 150 millions en 1950 à 204 millions en 1970, 250 millions en 1990 et 310 millions en 2010 (figure 2).
Une immigration plus diversifiée
21Avant le xxe siècle, l’origine géographique des Américains est plus diversifiée que celle des Canadiens. Avec les premiers colons arrivent aussi les premiers esclaves noirs. Le nombre d’Africains déportés sur le territoire actuel des États-Unis entre 1620 et 1810 est estimé entre 430 000 et 650 000 (Walsh, 2000). Leur répartition géographique est très inégale car elle est fortement liée à la régionalisation des systèmes de production : jusqu’au début du xxe siècle, la population noire vit à 90 % dans les États du Sud des États-Unis où elle représente entre un tiers et la moitié du total (contre seulement 3 % à 8 % dans les autres régions du pays). La mortalité est forte et la fécondité relativement faible, si bien que l’accroissement naturel de cette population est limité ; la croissance démographique résulte essentiellement au xviie siècle et, dans une moindre mesure au xviiie, de l’arrivée continue de nouveaux esclaves. Au premier recensement (1790), la population noire était estimée à 757 363 personnes, qui représentaient presque 20 % de la population totale du pays.
22L’amélioration des conditions de vie de la population noire à partir de la fin du xviiie siècle, avec une augmentation des probabilités de survie combinée à une fécondité élevée (6 à 7 enfants par femme tout au long du xixe siècle ; Farley, 1965), conduit à un accroissement démographique rapide, dont le taux annuel s’établit entre 25 ‰ et 32 ‰ pendant toute la première moitié du xixe siècle. Cette population atteint le premier million en 1800, plus de 3,5 millions en 1850 et presque 9 millions en 1900 (Steckel, 2000). À cette date, elle ne représente toutefois plus que 12 % de la population totale.
23Les Amérindiens et les Américains d’origine européenne ou africaine représentent plus de 95 % de la population des États-Unis jusqu’en 1950, malgré l’absence de restriction sur le nombre et l’origine des immigrants jusqu’à la fin du xixe siècle. La première loi limitant l’arrivée de nouveaux migrants date de 1882 et concerne exclusivement les Chinois (Chinese Exclusion Act). La législation se renforce au cours des deux premières décennies du xxe siècle, avec notamment l’établissement du système des quotas en 1921. La loi limite désormais le nombre d’immigrants à 3 % de la population de chaque nationalité présente sur le territoire des États-Unis au recensement de 1910. Elle se renforce en 1924 en réduisant cette proportion à 2 %, favorisant de ce fait largement les immigrants en provenance d’Europe du Nord et de l’Ouest (Haines, 2000). L’immigration demeurera très strictement encadrée jusqu’en 1965, année qui marque le début d’une nouvelle ère migratoire et la forte diversification des flux d’entrée avec, notamment, l’accroissement très rapide des mouvements en provenance d’Asie et d’Amérique latine.
III – Répartition spatiale et diversité de la population
24Le Canada et les États-Unis ont une superficie de 10 millions et de 9,6 millions de kilomètres carrés. Ce sont les deux pays les plus étendus de la planète après la Russie. Leurs surfaces combinées représentent 13 % de l’ensemble des terres émergées pour une population qui en constitue à peine 5 %. La densité est en moyenne de 3,4 habitants au kilomètre carré au Canada et de 32,5 habitants au kilomètre carré aux États-Unis, mais ces populations sont très inégalement réparties sur chacun des deux territoires.
Une distribution géographique très inégale
25Au Canada, une étroite mais très dense bande de peuplement longe la frontière avec les États-Unis, interrompue seulement par une cordillère de montagnes à l’ouest. Près de 80 % de la population du pays vit à moins de 150 km de la frontière sud. La population se concentre en particulier le long du fleuve Saint-Laurent et autour des lacs Érié et Ontario vers l’est, dans les villes de Vancouver et Victoria en Colombie-Britannique et le long d’un axe Calgary-Edmonton en Alberta, les territoires canadiens situés au nord du pays étant essentiellement inhabités. Cette configuration résulte de facteurs à la fois historiques et géographiques, à savoir l’arrivée des colons européens sur le territoire par les ports situés à l’est du pays ou à partir des États-Unis, et un mouvement progressif d’occupation des terres en direction de l’ouest tout en évitant les régions du nord au climat et au relief difficiles. La concentration démographique favorise les zones urbaines, notamment les plus grandes villes, aux dépens des zones rurales où vit aujourd’hui moins d’un Canadien sur cinq. Quatre agglomérations urbaines rassemblent plus d’un tiers de la population totale du pays autour de Toronto (5,6 millions d’habitants en 2011), Montréal (3,8 millions), Vancouver (2,3 millions) et Ottawa (1,2 million).
26La croissance démographique et les mouvements de migration tant internes qu’internationaux au cours des trente dernières années ont surtout bénéficié aux provinces situées le long de la frontière sud, et tout particulièrement à l’Ontario et la Colombie-Britannique, une évolution qui se situe dans la continuité des mouvements antérieurs. Avec un accroissement de 51 % de sa population entre 1980 et 2010, la première de ces deux provinces regroupe aujourd’hui près de 40 % de la population du pays sur un territoire qui représente moins de 10 % de la superficie totale (tableau annexe A.1 et figure 3). L’accroissement a été encore plus conséquent en Colombie-Britannique (+ 65 % au cours de la même période) mais pour un effectif de population initialement beaucoup moins important. La population de cette province ne représente aujourd’hui que 13 % de la population totale. Au contraire, les provinces situées à l’est, à savoir celles de la région Atlantique et du Québec, ont vu leur poids démographique se réduire au cours des trois dernières décennies, de 9 % à 7 % pour la première et de 27 % à 23 % pour le Québec.
Figure 3
Figure 3
Accroissement relatif (%) de la population des provinces et territoires canadiens et des États américains entre 1980 et 2010(*)Notes : Sur cette carte et les suivantes, les intervalles des classes ont été déterminés à l’aide de la méthode de classification proposée par Fisher (1958) et mise en œuvre dans le logiciel R. Cette méthode consiste à identifier les points d’inflexion permettant un regroupement des données qui minimise les différences entre valeurs au sein de chaque classe tout en maximisant la variation entre classes.
(*) Période allant du 1er juillet 1980 au 30 juin 2010.
27Contrairement au Canada, les modifications de la répartition géographique de la population au cours de la période 1980-2010 aux États-Unis marquent une rupture par rapport aux périodes antérieures. Le centre de gravité démographique du pays s’est déplacé au fil des siècles du sud vers l’est, puis vers le centre (Middle West), et à partir du xixe siècle vers l’ouest. La population du pays est historiquement concentrée dans le tiers est du pays ainsi que le long de la côte de l’océan Pacifique, tandis que les Montagnes Rocheuses et l’Alaska sont relativement inhabités. Un quart de la population du pays (27 %) réside dans seulement trois États : la Californie (le plus peuplé depuis 1970 et qui comptait 37 millions d’habitants au dernier recensement), le Texas (25 millions d’habitants) et l’État de New York (19 millions). À l’exception de l’Ohio (109 hab/km2), les dix premiers États en termes de densité de population sont tous situés le long de l’Atlantique (du New Jersey avec 460 hab/km2, à la Pennsylvanie avec 110 hab/km2, et après exclusion de la cité État du District de Columbia, avec 3 900 hab/km2). L’État le moins peuplé, l’Alaska, compte seulement 0,5 hab/km2, et pas plus de 3 ou 4 dans la plupart de ceux situés dans les Rocheuses.
28La période récente se caractérise par une croissance démographique qui favorise à nouveau les États du Sud (ceux du Sud-Est en particulier) tout en demeurant généreuse dans ceux situés à l’ouest des grandes plaines du centre (tableau annexe A.1 et figure 3). Les États du Sud, dont la Floride, le Texas et l’Arizona, séduisent surtout les personnes âgées par leur climat favorable, tandis que ceux de l’Ouest (la Californie en particulier) et des Montagnes attirent plutôt une population d’âge actif grâce au dynamisme de leur économie.
29Enfin, comme au Canada et d’autres pays développés, la population des États-Unis est très majoritairement urbaine. Moins d’un Américain sur cinq vit désormais en zone rurale tandis qu’un sur deux habite une ville de plus d’un million d’habitants, plus dans sa périphérie qu’au centre du fait d’un phénomène de rurbanisation qui s’est développé au cours des trente dernières années.
Une mosaïque d’origines culturelles
30L’Amérique du Nord se distingue par une extrême diversité d’origines culturelles et ethniques et par de fortes disparités économiques et sociales. Le phénomène est particulièrement marqué aux États-Unis.
31Les recensements américains ont dès le départ distingué les « Noirs » des « Blancs », initialement du fait d’un statut légal différent pour les deux groupes (Humes et al., 2011). D’autres catégories furent ensuite progressivement introduites si bien qu’il est possible de distinguer quatre grands groupes de population pour chaque recensement mené entre 1900 et 1950, à savoir les Blancs, les Noirs, les Asiatiques ou originaires des îles du Pacifique et les Amérindiens. Depuis 1950, le nombre de rubriques s’est encore développé et celles-ci distinguent certains groupes de population sur ce que nous définirions plutôt comme le pays d’origine ou la nationalité, notamment pour les personnes originaires d’Asie auxquelles sont proposées des catégories telles que « Japonais », « Vietnamien », « Chinois » ou « Coréen ». En 1980, l’ensemble de la population (plutôt qu’un échantillon à 5 % comme au recensement précédent) a également été interrogé sur son origine « Hispanique » éventuelle, considérée comme une « ethnie », indépendamment de la question concernant la « race ». Pour toutes ces questions, le principe d’identification est celui de l’autodéclaration selon des critères laissés au libre arbitre des personnes interrogées, qu’il s’agisse de l’héritage culturel, de la nationalité, du lignage, de leur propre pays de naissance ou de celui de leurs parents ou ancêtres plus lointains. En conséquence, les changements démographiques observés entre les différents groupes relèvent tant des transformations de la terminologie que de l’évolution des préférences en matière d’identification ethno-raciale ou de la modification des comportements. Depuis le recensement de 2000, plusieurs réponses sont possibles à la question sur la « race ». Le Bureau du recensement considère comme appartenant à une minorité tous les Américains autres que les Blancs non hispaniques (c’est-à-dire les Noirs, les Hispaniques, les Asiatiques et les Amérindiens).
32Le tableau 4 indique comment se répartissait la population américaine entre les grandes catégories raciales [6] et selon l’origine hispanique aux recensements de 1980 et de 2010. La très vaste majorité de la population, soit 98 % en 2000 et 97 % en 2010, se déclare d’une seule race. Le groupe le plus représenté est celui des Blancs. Viennent ensuite les Noirs, qui vivent en majorité dans le sud du pays, puis les autres races, les Asiatiques et enfin les Amérindiens, ces deux dernières catégories résidant essentiellement dans les États bordant l’océan Pacifique. Cette répartition a évolué depuis 1980 au détriment des Blancs et au profit des Asiatiques et des autres races. La différence entre les deux dates est toutefois moins importante qu’il n’y paraît dans la mesure où la plupart des personnes déclarant deux races ou plus (et donc exclues de la catégorie des Blancs dans le tableau 4 en 2010) se reconnaissent aussi comme Blancs. En effet, les trois quarts de ces personnes appartenaient en 2010 à une catégorie correspondant à l’une des quatre combinaisons suivantes : Blanc et Noir (20 %), Blanc et Autre race (19 %), Blanc et Asiatique (18 %), Blanc et Amérindien (16 %).
Répartition de la population des États-Unis selon la race et l’ethnie en 1980 et 2010, accroissement de 1980 à 2010
Répartition de la population des États-Unis selon la race et l’ethnie en 1980 et 2010, accroissement de 1980 à 2010
33Par ailleurs, une qualification ethnique vient se superposer à ces qualifications raciales. Le recensement distingue en effet les trois groupes suivants : Hispanique (16 % de la population totale en 2010), Blanc non hispanique (64 %), Autre race non hispanique (20 %). La population hispanique a connu une croissance considérable au cours des trente dernières années, passant de 14,6 à 50,5 millions avec une augmentation assez régulière d’environ 50 % au cours de chaque période intercensitaire. Si la plupart des Hispaniques résident dans les États du Sud-Ouest des États-Unis pour des raisons de proximité évidente avec la frontière vers l’Amérique latine, on observe sur la période récente un mouvement de migration vers des États situés dans le Nord-Est du pays. De toutes les catégories possibles combinant la race et l’ethnie, le groupe dont l’effectif a le plus augmenté au cours des trente dernières années est celui des Blancs hispaniques, tandis que le groupe des Blancs non hispaniques est celui qui a le moins augmenté au cours de la même période. Entre 1980 et 2010, la population appartenant à ce dernier groupe a augmenté de 9 %, soit 15 fois moins que tous les autres groupes réunis.
34Au Canada, la situation est différente et les notions utilisées traduisent une autre manière de définir les populations minoritaires. Tout d’abord, du fait du contexte historique et politique, l’enjeu que représentent les différences linguistiques (anglais vs français) est essentiel dans les classifications statistiques officielles. Au recensement de 2006, 21 % de la population déclaraient parler le français « le plus souvent à la maison » contre 67 % l’anglais et 12 % une autre langue (tableau 5). Les statistiques montrent un déclin de la langue française depuis 1981 et une évolution favorable des langues « non officielles », tandis que l’usage de l’anglais est demeuré relativement stable. L’érosion du français a été particulièrement marquée dans les provinces autres que le Québec, si bien qu’en dehors de ce dernier bastion où 82 % des personnes recensées déclarent parler français à la maison et de la population du Nouveau-Brunswick (30 %), seuls 2,5 % des Canadiens des autres provinces le pratiquent de cette façon [7].
Répartition de la population selon la langue parlée le plus souvent à la maison, dans les régions, provinces et territoires du Canada, en 1981 et 2006
Répartition de la population selon la langue parlée le plus souvent à la maison, dans les régions, provinces et territoires du Canada, en 1981 et 2006
35La notion d’origine remplaçant de fait celle de race et d’ethnie au Canada, il est impossible de comparer les deux pays sur ces questions. Par exemple, la catégorie des Blancs n’existe pas au Canada où la question des origines se définit implicitement par la nationalité (actuelle ou antérieure) et le pays de naissance des personnes interrogées et de leurs parents ou ancêtres. À la notion d’origine ethnique utilisée dans le recensement correspondent des catégories qui relèvent d’un rattachement à des pays ou à des territoires spécifiques (Originaire des îles britanniques, Canadien, Anglais, Français, Écossais, Irlandais, Allemand, ou encore Italien, Chinois, Indien de l’Inde, Russe, Origines arabes). Les statistiques canadiennes se distinguent toutefois par le recours à un concept qui leur est propre, celui de « minorités visibles » qui affiche clairement le souci de définir les individus en fonction de leur apparence physique (bien qu’autodéclarée comme aux États-Unis). Selon Statistique Canada,
La part des individus se déclarant appartenir à une minorité visible a progressivement augmenté au cours du temps. Ils étaient à peine plus d’un million en 1981, soit 4,7 % de la population totale, et plus 5 millions en 2006, soit 16,2 %. Ce groupe déclare être originaire pour plus de 65 % d’un pays d’Asie de l’Est, du Sud ou du Sud-Est (tableau 6). Les Noirs représentent 15 % des individus appartenant à une minorité visible. Ils sont surtout présents en Ontario (où vivent 60 % d’entre eux), comme d’ailleurs la majorité des autres individus appartenant à une minorité visible, et au Québec (24 %), tandis que les Asiatiques vivent plutôt en Colombie-Britannique (pour 26 % d’entre eux) et dans l’Ontario (53 %). L’Ontario doit d’ailleurs à son dynamisme économique d’être la seule province du pays peuplée à plus de 50 % par des minorités visibles. Les autres provinces les plus « diversifiées » sont la Colombie-Britannique (20 % de populations minoritaires) et le Québec (13 %).« Les minorités visibles correspondent à la définition que l’on trouve dans la Loi sur l’équité en matière d’emploi. Il s’agit de personnes, autres que les Autochtones, qui ne sont pas de race blanche ou qui n’ont pas la peau blanche. Il s’agit de Chinois, de Sud-Asiatiques, de Noirs, de Philippins, de Latino-Américains, d’Asiatiques du Sud-Est, d’Arabes, d’Asiatiques occidentaux, de Japonais, de Coréens et d’autres minorités visibles et de minorités visibles multiples. »
Les minorités visibles au Canada en 2006 selon leur origine
Les minorités visibles au Canada en 2006 selon leur origine
Des disparités sociales importantes
36Le Canada et les États-Unis sont des pays riches dont le revenu moyen par habitant diffère peu puisqu’il s’y élève à 43 270 $ et 47 390 $ [8] en 2010. Ils se situent en haut de la hiérarchie internationale des revenus, après les pays scandinaves et quelques autres petits pays européens d’Europe de l’Ouest et du Nord (Luxembourg, Suisse et Pays-Bas).
37Les deux pays se caractérisent également par de fortes inégalités de revenus, particulièrement prononcées aux États-Unis. Le revenu disponible moyen des ménages y était estimé par l’OCDE [9] à 31 111 $ aux États-Unis et 25 363 $ au Canada en 2007. Le coefficient de Gini, l’indicateur le plus fréquemment utilisé pour mesurer les inégalités de revenus au sein des pays, est particulièrement élevé aux États-Unis (0,38). Parmi l’ensemble des pays de l’OCDE, seuls le Chili, le Mexique et la Turquie présentent une structure des revenus plus déséquilibrée. Tandis que le revenu moyen des 10 % d’Américains les plus riches était de 93 000 $ en 2008, celui des 10 % les plus pauvres était de 5 800 $. Les inégalités de richesse sont encore plus marquées, les 10 % les plus riches détenant 71 % du patrimoine national (et les 1 % les plus riches, 25 % à 33 % selon la manière de le mesurer).
38Avec un coefficient de Gini de 0,32, le Canada se situe plus près de la moyenne (0,31) des pays de l’OCDE mais, contrairement à la plupart d’entre eux et notamment aux pays européens, la situation s’y est considérablement dégradée au cours des dix dernières années et la proportion de la population vivant sous le seuil de pauvreté s’est progressivement accrue. Aux États-Unis, la dégradation a commencé dès le début des années 1970 et se poursuit actuellement. Le taux de pauvreté de la population s’élève désormais à 15,4 % au Canada et 18,7 % aux États-Unis [10]. Comme dans la plupart des pays du monde, la pauvreté concerne, outre les minorités ethniques, tout particulièrement les plus jeunes et les plus âgés. La proportion d’enfants vivant sous le seuil de pauvreté (tel que défini par l’OCDE) est de 15 % au Canada [11] et 20 % aux États-Unis [12], celle des personnes âgées de 65 ans ou plus s’élève à 6 % et 23 %.
IV – Croissance démographique
Accroissement relativement rapide de la population des États-Unis et du Canada
39En 2010, les populations américaine et canadienne comptent 309 et 34 millions d’habitants, soit plus du double qu’en 1950 (152 millions pour les États-Unis et 14 millions pour le Canada). Le rythme auquel ces populations se sont accrues a cependant fortement diminué durant cette période (tableaux 2 et 3, figure 4). Au cours des années 1950, les deux pays bénéficient d’une croissance démographique particulièrement forte grâce au baby-boom de l’après-guerre très marqué et à l’arrivée massive de nouveaux immigrants. Le taux d’accroissement total se situe alors généralement au-delà de 3 % par an au Canada et 1,5 % aux États-Unis. Vers le début des années 1960, la population canadienne franchit le cap des 18 millions d’habitants et celle des États-Unis en compte dix fois plus. Mais le rythme d’accroissement commence à chuter drastiquement, au Canada davantage qu’aux États-Unis, alors que le baby-boom s’achève et que le baby-bust lui succède (terme américain qui caractérise le retournement brutal de la fécondité). Depuis 1980, les taux d’accroissement annuels dans chacun des pays ne sont plus que de 1 % environ, celui du Canada dépassant légèrement celui des États-Unis la plupart du temps. Pour la période 2007-2010, le taux de croissance annuel moyen était de 1,2 % au Canada contre 0,9 % chez son voisin. Ces taux sont néanmoins plus élevés que ceux enregistrés en France (0,5 %) et dans la plupart des autres pays européens (Adveev et al., 2011).
Figure 4
Figure 4
Taux d’accroissement annuel de la population au Canada et aux États-Unis, de 1950 à 2009L’accroissement migratoire est désormais prédominant au Canada
40Les composantes naturelle et migratoire ont évolué différemment au Canada et aux États-Unis au cours des trois dernières décennies. Jusqu’au début des années 1990, la croissance de la population canadienne était, sauf quelques rares années, majoritairement due au solde positif des naissances sur les décès plutôt qu’à l’apport des migrations internationales. Depuis le milieu des années 1990 cependant, la tendance s’est inversée et la croissance de la population canadienne est désormais principalement due à son accroissement migratoire. Entre le 1er juillet 2008 et le 30 juin 2009, près des deux tiers de l’accroissement total de la population du Canada provenait de la composante migratoire, l’excédent naturel contribuant pour seulement un tiers à la croissance démographique du pays (tableaux annexes A.2 et A.3). En revanche, la population des États-Unis continue de s’accroître sous l’effet dominant de l’excédent naturel, qui comptait pour plus des deux tiers de l’accroissement total en 2008-2009.
41Il est ainsi peu surprenant de constater qu’au cours des trente dernières années, le taux d’accroissement naturel a pratiquement été réduit de moitié au Canada, passant de 0,8 % soit 8,0 ‰ en 1981-1982 à 4,1 ‰ en 2008-2009. Son évolution n’a cependant pas été uniforme au cours de cette période (tableau annexe A.2). L’excédent naturel a d’abord diminué lentement durant les années 1980, puis beaucoup plus rapidement au cours des années 1990 avant de légèrement augmenter pendant les années 2000. À un niveau géographique plus fin, les provinces des Prairies, le Québec, l’Île-du-Prince-Édouard et les Territoires du Nord-Ouest affichent une évolution similaire en matière d’accroissement naturel. Ailleurs au Canada, soit l’excédent naturel a continué à diminuer après 2000-2001 (provinces de l’Atlantique hormis l’Île-du-Prince-Édouard, Yukon), soit il s’est stabilisé (Colombie-Britannique, Ontario, Nunavut). Depuis 2006-2007, la province de Terre-Neuve-et-Labrador se distingue des autres provinces et territoires canadiens par un solde naturel négatif qui pourrait toutefois bientôt s’étendre à la Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick.
42Aux États-Unis, le taux d’accroissement naturel en 2008-2009 était aussi inférieur à celui observé en 1981-1982 (5,8 ‰ contre 7,4 ‰), mais l’ampleur de la réduction au cours de cette période est nettement plus modérée qu’au Canada (tableau annexe A.2). Les séries temporelles détaillées montrent que l’excédent naturel a surtout diminué entre 1990-1991 et 2000-2001, tant au niveau des États qu’à l’échelle nationale. Malgré les fluctuations enregistrées depuis, le taux d’accroissement naturel en 2008-2009 était identique à celui de 2000-2001, sauf pour les États du Centre Nord-Ouest où l’on note une légère augmentation (5,5 ‰ contre 4,5 ‰).
43Contrairement au taux d’accroissement naturel, le taux d’accroissement migratoire pour l’ensemble du Canada est aujourd’hui bien plus élevé qu’au début des années 1980 (8,0 ‰ en 2008-2009 contre 4,7 ‰ en 1981-1982). La tendance générale à la hausse durant cette période a été ponctuée de quelques pics correspondant aux années au cours desquelles des effectifs exceptionnellement importants de réfugiés ont été accueillis (tableau annexe A.3). Aux États-Unis, l’apport migratoire s’est à peine amplifié entre 1981-1982 et 2008-2009, passant de 2,2 ‰ à 2,8 ‰. Au début des années 2000, il a culminé à 4,5 ‰, mais depuis, la tendance est plutôt à la baisse. Ces valeurs restent malgré tout relativement faibles par rapport à celles observées au Canada.
44À l’échelle des provinces et des territoires canadiens ainsi que des États américains, l’accroissement migratoire résulte non seulement du solde des immigrants et émigrants internationaux, mais aussi et surtout du solde des mouvements migratoires internes. En 2008-2009, seuls les territoires ont pâti de ces échanges migratoires au Canada (tableau annexe A.3). Les provinces de l’Atlantique se trouvaient jusque récemment dans cette situation, mais grâce à un accueil accru d’immigrants internationaux, elles bénéficient désormais d’un solde migratoire total positif. Les grandes régions américaines sont également plus nombreuses aujourd’hui à sortir gagnantes de l’ensemble de leurs échanges migratoires internationaux et internes qu’il y a trente ans. Le Centre Sud-Ouest (le Texas en particulier) et les Montagnes (Colorado, Wyoming et Arizona) continuent d’enregistrer les gains migratoires les plus importants des États-Unis.
45Après avoir examiné successivement les deux composantes de l’accroissement naturel (fécondité et mortalité), nous reviendrons plus en détail sur la question des migrations internationales, avant d’aborder en dernière partie l’avenir démographique que dessine l’évolution de ces trois phénomènes de base.
V – Fécondité
Une fécondité américaine élevée
46En 2007, dernière année pour laquelle les données définitives sont disponibles, l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) s’établissait à 2,1 enfants par femme aux États-Unis et 1,7 au Canada. L’écart considérable entre les deux pays est relativement récent (figure 5). Jusqu’aux années 1970, l’ICF était plus élevé au Canada qu’aux États-Unis. Pendant le baby-boom, plus précoce dans ces deux pays que dans la plupart des autres pays développés, la fécondité a atteint un maximum de 3,7 aux États-Unis (en 1957) et 3,9 au Canada (en 1959) alors que rares ont été les pays européens ayant dépassé 3 enfants par femme. Au cours de la période suivante, qui correspond à la baisse vertigineuse de la fécondité du milieu des années 1960 à la fin des années 1970, l’indicateur était très comparable dans les deux pays. La divergence menant à la situation actuelle peut être datée de 1978. À partir de cette date, l’ICF a continué à diminuer au Canada pour atteindre un minimum de 1,5 en 2000 avant de remonter à 1,7 en 2007, alors qu’il a augmenté progressivement aux États-Unis jusqu’aux 2,1 enfants de 2007. Tandis qu’au Canada la fécondité du moment est inférieure à 2 enfants par femme depuis 1972, elle est revenue au-dessus de ce niveau aux États-Unis pendant la période 1990-1994 et, à nouveau, à partir de 1998. Selon des données d’état civil encore provisoires, les deux pays auraient toutefois connu depuis 2007 une baisse de l’ICF, avec un niveau estimé à 2,0 aux États-Unis et 1,6 au Canada en 2009.
Figure 5
Figure 5
Indicateur conjoncturel de fécondité au Canada et aux États-Unis, de 1921/1933 à 200947La fécondité américaine apparaît actuellement particulièrement élevée par comparaison aux niveaux européens [13] (tableau 7). En 1980, l’ICF des États-Unis était à peine plus élevé qu’en Europe du Nord et de l’Ouest et plus faible qu’en Europe du Centre, du Sud et de l’Est, mais entre 1980 et 2000, alors que le nombre d’enfants par femme y enregistrait une augmentation régulière, il s’effondrait partout en Europe (sauf dans le Nord où il était déjà très faible). Aujourd’hui, la fécondité est plus élevée aux États-Unis que dans toutes les régions d’Europe et particulièrement plus que dans celles (Europe du Centre, du Sud et de l’Est) où la fécondité était traditionnellement forte. En revanche, la fécondité canadienne a évolué de manière comparable à celle des régions européennes et elle continue à se situer dans la moyenne de celles-ci, c’est-à-dire entre les niveaux observés en Europe du Nord et de l’Ouest d’une part, et en Europe du Centre, du Sud et de l’Est d’autre part.
Indicateur conjoncturel de fécondité au Canada, aux États-Unis et en Europe, de 1980 à 2009
Indicateur conjoncturel de fécondité au Canada, aux États-Unis et en Europe, de 1980 à 2009
Un calendrier de plus en plus tardif de la fécondité
48Depuis le milieu des années 1970, comme dans les pays européens, l’âge moyen à la maternité (calculé à partir des taux de fécondité du moment) n’a cessé de croître en Amérique du Nord. Le minimum a été atteint en 1974 aux États-Unis (25,7 ans) et en 1975 au Canada (26,7 ans). En 2007, il s’élève à 27,9 ans et 29,7 ans dans chacun des deux pays. Le retard de l’âge moyen à la maternité est essentiellement dû à un retard de l’âge à la première naissance, de 22,8 à 25,6 ans aux États-Unis et de 24,2 à 28,1 ans au Canada, entre 1975 et 2007. Ce changement de calendrier explique le décalage entre l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) et la descendance finale (figure 6).
Figure 6
Figure 6
Indicateur conjoncturel de fécondité et descendance finale (décalée de 28 ans) au Canada et aux États-Unis entre 1921/1933 et 2009Note : Les données étant incomplètes à partir de la génération de 1958, nous avons estimé la descendance finale des générations de 1958 à 1975 en appliquant, pour les âges encore non atteints dans chaque génération, les taux de fécondité par année d’âge des femmes appartenant à la génération la plus récente pour laquelle ces taux sont connus. Par exemple, la descendance finale pour la génération de 1975 a été calculée par le cumul des taux par année d’âge observés entre 12 et 32 ans (l’âge atteint par cette génération en 2007) auxquels nous avons ajouté le taux à 33 ans dans la génération 1974, à 34 ans dans la génération 1973, etc. Cette hypothèse peut paraître audacieuse mais l’essentiel de la fécondité se jouant avant l’âge de 32 ans (âge auquel les femmes de la génération de 1967, qui ont atteint 40 ans en 2007, avait déjà réalisé 80 % de leur descendance finale), la marge d’incertitude est relativement faible.
49Les deux indicateurs ont évolué en parallèle mais avec des fluctuations beaucoup plus marquées pour l’ICF que pour la descendance finale. À son maximum, la descendance finale atteignait 3,4 enfants par femme dans la génération née en 1930 au Canada et 3,3 dans celle née en 1933 aux États-Unis. À son minimum, elle atteignait 1,9 enfant par femme dans la génération 1956 au Canada et 2,0 dans celle née en 1953 aux États-Unis. La chute de l’indicateur conjoncturel au cours des années 1960 et 1970 résulte en partie du changement de calendrier de la fécondité mentionné ci-dessus, caractérisé par un vieillissement progressif des mères (Morgan, 1996). Le décalage entre les deux courbes qui perdure suggère que le redressement de la fécondité observé aux États-Unis pourrait s’expliquer par un ralentissement de la tendance, voire une stabilisation récente de ce calendrier à un âge moyen à la maternité plus élevé que précédemment. Au Canada, au contraire, le vieillissement du calendrier s’est poursuivi jusqu’à maintenant, ce qui explique en partie la divergence observée actuellement entre les deux pays (Bélanger et Ouellet, 2002).
Un accroissement de la fécondité au-dessus de 30 ans
50Aux États-Unis, il semble que l’accroissement de la fécondité du moment à partir de la fin des années 1970 soit dû entièrement à l’accroissement des taux au-delà de 30 ans (figure 7). Avant cet âge, la fécondité a plutôt diminué entre les générations de l’immédiat après-guerre (1945 et 1950), un phénomène également observé au Canada où la tendance s’est poursuivie d’une génération à l’autre jusqu’à la plus récente, et qui est cohérente avec le retard de l’âge à la première naissance discuté ci-dessus (figure 7). Mais tandis que la baisse de la fécondité avant 30 ans a été en partie compensée par l’augmentation des taux au-delà de cet âge aux États-Unis, cela n’a pas été le cas au Canada où la fécondité au-dessus de 30 ans a certes remonté mais dans une bien moindre mesure.
Figure 7
Figure 7
Taux de fécondité par âge des générations, au Canada et aux États-Unis51La fécondité avant 30 ans est ce qui distingue aujourd’hui le plus nettement le régime reproductif américain du régime canadien. Une comparaison des taux de fécondité par groupe d’âges et par période entre les deux pays illustre particulièrement bien ce phénomène (figure 8). Jusqu’à la fin des années 1970, seule la fécondité des adolescentes aux États-Unis surpassait largement non seulement celle de leurs voisines canadiennes (de 70 %) mais également celle de l’ensemble des pays industriels, à l’exception de la Bulgarie (Barbieri, 2012). La fécondité à 20-24 ans y était en revanche globalement comparable à celle du Canada et celle des 30 ans et plus y était très inférieure. Depuis cette période, l’avantage canadien à partir de 30 ans s’est progressivement estompé et l’accroissement plus rapide observé à tous les âges a permis à la fécondité des Américaines de rattraper, puis de dépasser celle des Canadiennes, à l’exception du groupe d’âges 30-34 ans, pour lequel le taux est très comparable dans les deux pays depuis une vingtaine d’années.
Figure 8
Figure 8
Rapport des taux de fécondité par groupe d’âges et par année, États-Unis/Canada, 1933-2007Vers une prédominance des familles à deux enfants
52La tendance récente était à la baisse pour toutes les probabilités d’agrandissement dans les deux pays jusqu’aux générations de femmes nées à partir de 1950 environ (figure 9). La proportion de femmes restées sans enfant (complément de la probabilité a0) est passée de 5 % à 14 % au Canada et de 9 % à 15 % aux États-Unis entre les générations nées en 1930 et en 1950. Parmi les femmes ayant eu un enfant, la proportion de celles qui en ont eu deux a baissé de 86 % à 78 % et de 90 % à 79 %, dans chacun des pays. Mais c’est surtout la probabilité d’avoir trois enfants ou plus qui s’est effondrée, expliquant la baisse continue de la descendance finale observée entre ces deux générations de femmes et la concentration croissante en faveur des familles à deux enfants. Tandis que les trois quarts des femmes ayant eu deux enfants en ont eu au moins un troisième dans la génération 1930, ce n’est plus le cas que de 40 % d’entre elles au Canada et 47 % aux États-Unis dans celle de 1950. De même, la probabilité d’un quatrième enfant parmi ces dernières est tombée de 65 % environ à 29 % au Canada et 38 % aux États-Unis. Parmi l’ensemble des femmes, la proportion de celles qui ont eu au moins trois enfants est passée de 60 % dans les deux pays pour la génération 1930 à seulement 27 % au Canada et 31 % aux États-Unis dans la génération 1950.
Figure 9
Figure 9
Probabilités d’agrandissement dans les générations au Canada et aux États-Unis53À partir de la génération née en 1950, la stabilisation relative de la descendance finale des deux pays est due à une stabilisation de toutes les probabilités d’agrandissement, voire une très légère remontée de la probabilité a2 aux États-Unis. Cette stabilisation s’observe toutefois à un niveau plus élevé aux États-Unis pour les probabilités d’agrandissement au-delà de deux enfants. Alors que, du fait des niveaux assez proches des probabilités a0 et a1 dans les deux pays, les proportions de femmes sans enfant et de femmes ayant un seul enfant y sont très comparables, la proportion de femmes poursuivant leur descendance au-delà de 2 enfants est aujourd’hui nettement plus élevée aux États-Unis : 47 % après un deuxième enfant et 37 % après un troisième dans la génération 1957, contre respectivement 40 % et 29 % au Canada. Les familles de deux enfants y sont donc moins répandues qu’au Canada et celles de 3 enfants ou plus y sont plus fréquentes, ce qui explique le niveau plus élevé de la descendance finale.
D’importantes disparités géographiques et culturelles
54Les disparités géographiques de la fécondité en Amérique du Nord sont considérables. Elles sont aussi marquées au Canada, avec un indice conjoncturel de fécondité qui varie en 2008 de 1,5 enfant par femme en Colombie-Britannique à 2,2 dans les territoires, qu’aux États-Unis, où l’indicateur s’étend de 1,7 dans le Vermont à 2,6 dans l’Utah (le territoire des Mormons). En 2008, environ la moitié des États américains (28 sur 51) affichaient un indice conjoncturel de fécondité supérieur au seuil de remplacement des générations alors que ce n’était le cas dans aucune des provinces canadiennes (hors territoires) (figure 10 et tableau annexe A.4). Les régions présentant la plus faible fécondité, c’est-à-dire un indice conjoncturel inférieur à 1,8, se situent dans l’extrême Nord-Est des États-Unis (Vermont, New Hampshire, Rhode Island, Maine et Massachusetts) et au Sud-Est du Canada (Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve-et-Labrador, Ontario, Nouveau-Brunswick, Île-du-Prince-Édouard et Québec) ainsi que sur la côte Ouest de ce pays (Yukon et Colombie-Britannique).
55Les disparités géographiques de la fécondité sont en partie liées aux disparités observées entre les groupes ethniques. Aux États-Unis, les personnes se déclarant d’ethnie hispanique ont un niveau de fécondité beaucoup plus élevé que les autres (figure 11). Fluctuant autour de 2,8-2,9 enfants par femme depuis 1989 [14], il avait atteint 3,0 en 2006 pour redescendre à 2,7 selon les données provisoires disponibles pour 2009. La fécondité s’est également établie à un niveau élevé du milieu des années 1980 jusqu’au milieu des années 2000 chez les personnes se déclarant « Noires » ou, à partir de 1989, « Noires non hispaniques ». En 1990, lorsque l’indice conjoncturel atteignait son niveau le plus élevé depuis 1980 aux États-Unis, il s’établissait à 2,5 pour cette catégorie et « seulement » 1,9 pour les « Blancs non hispaniques ». Une convergence de tous les groupes ethniques à l’exception des « Hispaniques » est néanmoins observée au cours des vingt dernières années, si bien qu’en 2009, l’indice conjoncturel pour les « Noirs non hispaniques » n’était plus que de 10 % supérieur à celui des « Blancs non hispaniques » (respectivement 2,0 et 1,8). Concernant les deux groupes de niveau intermédiaire, tandis que la fécondité des « Amérindiens » a diminué de 2,2 en 1989 à 1,8 en 2009, celle des « Asiatiques » a augmenté pendant la période la plus récente, passant de 1,7 à la fin des années 1990 à 2,0 en 2009.
Figure 10
Figure 10
Indice conjoncturel de fécondité en 2008 dans les provinces et territoires canadiens et dans les États américains56L’office statistique du Canada ne publie pas systématiquement les indicateurs de fécondité selon l’origine ethnique de la population. La littérature fournit cependant des indications utiles sur leurs disparités internes. On sait par exemple que la fécondité des Amérindiennes, traditionnellement la plus élevée, tend à se rapprocher du niveau général. Au milieu des années 1970, l’indice conjoncturel atteignait presque 4,5 enfants par femme chez les Amérindiennes contre 1,9 en population générale. En 1996-2001, l’indicateur avait un peu diminué pour atteindre 1,6 dans l’ensemble du pays mais chuté à 2,8 chez les Amérindiennes. Parmi ces dernières, le niveau maximum était observé à cette date chez les Inuit (3,2), un groupe établi dans les régions arctiques du Groenland canadien (Trovato, 2009). Même les « minorités visibles » immigrées ou natives du Canada, dont la fécondité est la plus forte, n’atteignent pas ce niveau. Parmi ces minorités, l’indicateur conjoncturel variait de 1,3 enfant par femme environ chez les Coréennes au cours de la même période (1995-1996 à 2000-2001) à 2,3 chez les personnes déclarant être originaires d’un pays du Moyen-Orient. L’indicateur atteignait alors 1,8 pour l’ensemble de ce groupe (Caron-Malenfant et Bélanger, 2006). Il convient toutefois de souligner que le classement des naissances par « race » ou selon l’origine ethnique, tant au Canada qu’aux États-Unis, est fonction de la déclaration des parents et que l’évolution décrite ici peut aussi bien résulter d’un glissement dans l’auto-identification que d’un changement réel des comportements reproducteurs. Pour les Hispaniques et les Asiatiques, l’évolution est également tributaire de facteurs compositionnels, comme le montrent certains travaux sur les migrants d’Amérique latine et leurs descendants (Parrado et Morgan, 2008), car l’origine géographique et sociale des personnes appartenant à ces groupes peut varier au cours du temps.
Figure 11
Figure 11
Indice conjoncturel de fécondité selon la race et l’ethnie aux États-Unis, 1980-2009Note : La ligne verticale indique un changement de classification dans les données présentées avec une distinction nouvelle entre l’origine « hispanique » et « non hispanique » des personnes à partir de 1989. Du fait de la très faible proportion d’hispaniques au sein de la population se déclarant de « race noire » (4 % au recensement de 1990), aucune rupture n’est apparente entre les courbes de fécondité correspondant aux femmes « Noires » et aux femmes « Noires non hispaniques » sur ce graphique, contrairement à celles correspondant aux femmes « Blanches » et aux femmes « Blanches non hispaniques » (ces dernières représentant 90 % de l’ensemble des femmes « Blanches » au recensement de 1990).
VI – Nuptialité, divortialité
Une nuptialité plus intense aux États-Unis qu’au Canada
57Les différences entre les États-Unis et le Canada observées dans les régimes de fécondité sont en partie associées aux différences en matière de nuptialité. L’intensité de la fécondité est supérieure aux États-Unis et les indicateurs de nuptialité y sont plus élevés qu’au Canada.
58Le niveau plus élevé de la nuptialité aux États-Unis s’explique à la fois par une propension ancienne plus forte au mariage et une baisse plus tardive et un peu plus lente que son voisin. Le dernier pic de nuptialité s’est produit dans les deux pays en 1972 (figure 12). Le taux brut de nuptialité atteignait alors 10,9 ‰ aux États-Unis et 9,2 ‰ au Canada, soit une différence relative de 16 %. Une baisse continue s’est amorcée au Canada dès l’année suivante, tandis qu’aux États-Unis l’indicateur a fluctué autour de 10 ‰ jusqu’au milieu des années 1980. En 2005, le taux était de 7,6 ‰ aux États-Unis et 4,6 ‰ au Canada, la différence relative entre les deux pays atteint 40 %.
Figure 12
Figure 12
Taux brut de nuptialité au Canada et aux États-Unis, de 1960 à 2009Note : Le taux brut de nuptialité correspond au nombre annuel de mariages pour 1 000 habitants.
59Le taux brut de nuptialité est un indicateur imparfait pour mesurer la propension au premier mariage au sein d’une population, parce qu’il est influencé par les effets de la structure par âge et qu’il ne distingue pas les premiers mariages des remariages. L’indice synthétique de primo-nuptialité (ou somme des premiers mariages réduits) serait plus utile, mais les données nécessaires à son calcul ne sont pas disponibles pour les États-Unis. Au Canada, diverses publications indiquent une baisse de la propension au premier mariage entre 1980 et 1990, avec un indice de primo-nuptialité à 50 ans reculant de 0,71 à 0,65 chez les femmes et de 0,71 à 0,62 chez les hommes. On observe une accélération de la baisse au cours des années suivantes : l’indice des femmes atteint 0,47 en 2008 et celui des hommes 0,44 (Wadhera et Strachan, 1992 ; Institut de la statistique du Québec, 2011). Hors effets de calendrier, cette évolution suggère que désormais plus de la moitié de la population de 50 ans n’est pas passée par le mariage. Elle est cependant associée à un retard progressif de l’âge au premier mariage.
Un retard continu de l’âge au premier mariage
60Le retard de l’âge au premier mariage observé au cours des trente dernières années en Amérique du Nord s’inscrit dans une tendance à long terme qui date d’avant 1960 aux États-Unis, mais seulement du début des années 1970 au Canada. La comparaison entre les deux pays est toutefois impossible dans la mesure où le seul indicateur disponible sur le long terme aux États-Unis est l’âge médian au premier mariage, tandis qu’au Canada nous ne disposons que de l’âge moyen [15]. Une comparaison des tendances est toutefois possible, les indicateurs évoluant dans le même sens (figure 13).
Figure 13
Figure 13
Âge moyen/médian au premier mariage selon le sexe, Canada et États-Unis, de 1950 à 201161L’évolution a été très régulière pour chacun des deux sexes depuis le milieu des années 1970. L’âge médian des hommes au premier mariage est de 27,1 ans aux États-Unis et l’âge moyen de 30,2 ans au Canada en 2003, année la plus récente pour laquelle des données sont disponibles dans le second pays. Pour les femmes, ces indicateurs s’établissent à 25,3 et 28,2 ans. Depuis 1975, le retard de l’âge au premier mariage est plus prononcé pour les femmes que pour les hommes, et plus marqué au Canada qu’aux États-Unis (figure 13). La différence entre les âges moyens des hommes et des femmes s’est réduite pendant cette période au Canada, passant de 2,4 à 2 ans tandis qu’aux États-Unis, l’écart entre les âges médians diminuait de 2,3 à 1,8 an.
Un mariage plus fréquent et plus précoce aux États-Unis
62L’intensité plus forte du mariage aux États-Unis combinée à un retard plus prononcé de l’entrée en union légale au Canada au cours des quarante dernières années se traduit par des écarts particulièrement importants entre les deux pays en matière de statut matrimonial à tous les âges. Le tableau 8 fournit des informations sur le statut matrimonial des femmes au cours de leur période reproductive. Les données disponibles montrent une augmentation marquée de la proportion de célibataires dans les deux pays entre 1980 et 2007/2010. L’évolution est particulièrement frappante pour les 20-24 ans et les 25-29 ans. Elles montrent aussi une forte similitude de la situation des deux pays. Soulignons qu’il s’agit ici de la situation déclarée qu’il faut distinguer de la situation légale, les femmes en situation de cohabitation ne se déclarant pas nécessairement célibataires même si leur union n’est pas officialisée.
Proportion (%) de femmes célibataires à chaque âge au Canada et aux États-Unis, en 1980 et 2007/2010
Proportion (%) de femmes célibataires à chaque âge au Canada et aux États-Unis, en 1980 et 2007/2010
Une propension au divorce également plus élevée aux États-Unis
63Le taux brut de divortialité s’est élevé progressivement des années 1960 à 1980. Le pic observé au Canada après 1985 est lié à une nouvelle législation adoptée cette année-là facilitant la procédure de divorce par consentement mutuel (figure 14). Le taux a ainsi plafonné à 3,6 ‰ au Canada tandis qu’il avait déjà atteint un maximum de 5,3 ‰ aux États-Unis en 1979-1981 avant de décliner plus lentement qu’il n’avait augmenté. Au Canada, ce taux semble s’être stabilisé à 2,3 ‰, tandis qu’il continue à diminuer aux États-Unis pour s’établir à 3,5 ‰ en 2009. L’écart entre les deux pays s’est toutefois maintenu pendant toute cette période. Il se reflète dans la proportion plus élevée de femmes divorcées à chaque âge, proportion plus élevée aux États-Unis de 30 % à 40 % selon le groupe d’âges. Comme il ne peut y avoir divorce que s’il y a eu mariage au préalable, et que le taux de divortialité rapporte le nombre de divorces à la population (et non au nombre de mariages), le niveau plus élevé de ce taux aux États-Unis n’est pas surprenant et ne signifie pas nécessairement que les mariages sont plus stables au Canada, ni que la fréquence des divorces parmi les couples mariés a diminué dans les deux pays, puisque les mariages ont eux-mêmes diminué. Quelques informations statistiques clairsemées suggèrent que les mariages célébrés aux États-Unis sont plus instables qu’au Canada. Dans la cohorte de mariages la plus récente pour laquelle le recul temporel est suffisant (celle de 1975-1979), près de la moitié des unions (46 %) [16] ont été rompues avant le 25e anniversaire de mariage aux États-Unis contre juste un tiers (35 %) [17] au Canada. Cet écart pourrait traduire un effet de sélection en faveur des unions les plus solides au Canada où le mariage devient de plus en plus rare, alors qu’aux États-Unis la plus grande partie de la population continue à choisir cette forme d’union.
Figure 14
Figure 14
Taux brut de divortialité au Canada et aux États-Unis de 1960 à 2009Note : Le taux brut de divortialité correspond au nombre annuel de divorces pour 1 000 habitants.
Un accroissement continu de la cohabitation
64Les données publiées à partir des recensements les plus récents du Canada et des États-Unis ne distinguent pas les couples mariés légalement des couples cohabitants, si bien qu’il est difficile de trouver des informations quantitatives sur la fréquence des unions libres. Les données disponibles suggèrent néanmoins que cette fréquence est plus élevée au Canada qu’aux États-Unis. Par exemple, le recensement canadien de 2001 (qui faisait encore la différence entre les unions formelles et informelles) montrait que 23 % des jeunes de 25-29 ans et 19 % des 30-34 ans vivaient en couple non marié pour seulement 15 % et 9 % aux États-Unis en 2002 dans ces mêmes groupes d’âges [18]. Il faut noter par ailleurs qu’au Canada, la province de Québec se distingue nettement des autres par une propension particulièrement forte à l’union libre. Au recensement de 2006, la proportion de couples cohabitants y atteignait 35 % contre 13 % dans l’ensemble des autres provinces et territoires (Trovato, 2009, chapitre 5).
65Ces chiffres représentent une progression de la cohabitation à la fin des années 1990 au Canada, où la proportion de femmes vivant en couple non marié parmi l’ensemble des femmes en couple âgées de 25 à 29 ans (groupe d’âges dans lequel cette proportion est la plus élevée) est passée de 28 % à 33 % entre les recensements de 1996 et de 2001 (Trovato, 2009, chapitre 5). Aux États-Unis, les données des National Surveys of Family Growth de 1995 et de 2002 donnent une proportion de femmes déclarant vivre en union libre parmi l’ensemble des femmes de ce groupe d’âges (et non pas, comme au Canada, parmi l’ensemble des femmes en couple) en augmentation de 9 % à 13 % à 25-29 ans [19]. La dernière enquête (2006-2010) montre toutefois que le phénomène continue à progresser, et il peut être mis en parallèle avec l’accroissement du nombre de naissances hors mariage (Copen et al., 2012). Le pourcentage de naissances hors mariage parmi l’ensemble des naissances est ainsi passé de 18 % à 41 % aux États-Unis entre 1980 et 2008-2009 et de 13 % à 40 % au Canada au cours de la même période (tableau annexe A.5).
VII – Contraception et interruptions volontaires de grossesse
66En dépit des spéculations et analyses de plusieurs auteurs, il est difficile de trouver des données statistiques démontrant que l’écart actuellement observé entre le niveau de fécondité des États-Unis et du Canada s’explique par des différences dans l’utilisation de la contraception et le recours à l’avortement (Bélanger et Ouellet, 2002 ; Sardon, 2006 ; McDonald, 2010).
Une forte prévalence de la contraception
67Comme en Europe, l’utilisation de la contraception est très répandue en Amérique du Nord. Selon les données des Nations unies (2011), parmi l’ensemble des femmes en union et en âge de procréer, 74 % déclarent utiliser une méthode contraceptive au Canada et 79 % aux États-Unis, contre 73 % en Europe (tableau 9) [20]. Lorsque les trois quarts des femmes en union utilisent une méthode contraceptive au sein d’une population, la couverture contraceptive est considérée comme maximale dans la mesure où environ un quart des femmes ne sont pas soumises au risque de grossesse (car enceintes ou stériles) ou souhaitent concevoir.
68Lorsqu’on examine l’éventail des méthodes utilisées, on constate toutefois un recours aux méthodes modernes plus fréquent en Amérique du Nord, avec 72-73 % d’utilisatrices contre 46 % en Europe du Sud, 54 % en Europe de l’Est, 69 % en Europe de l’Ouest mais 77 % en Europe du Nord. Avec 9 % d’utilisatrices au Canada et moins de 6 % aux États-Unis, le recours aux méthodes traditionnelles y est plus faible qu’en Europe du Sud (où la proportion atteint 18 %) et de l’Est (21 %), mais plus élevé qu’en Europe de l’Ouest et du Nord (3 % dans les deux régions).
69Comme en Europe, l’utilisation de la contraception varie fortement en fonction de l’âge et du statut matrimonial. Selon une enquête représentative réalisée en 2006-2008 aux États-Unis, la proportion d’utilisatrices de la contraception (toutes méthodes confondues) variait de 28 % chez les 15-19 ans à plus de 70 % chez les 30 ans et plus (Mosher et Jones, 2010). Ces proportions sont pratiquement identiques à celles observées dans une enquête réalisée selon la même méthodologie en 1982 (Mosher et Jones, 2010). L’enquête de 2006-2008 indique par ailleurs que la proportion d’utilisatrices s’établissait à 40 % pour les femmes célibataires (de 15 à 44 ans), 61 % pour les femmes séparées ou divorcées, 71 % pour les femmes cohabitantes et 79 % pour les femmes mariées. Nous ne disposons malheureusement pas de données comparables pour le Canada.
Un recours privilégié à la stérilisation
70Les pays d’Amérique du Nord se distinguent par un recours beaucoup plus fréquent qu’en Europe à la stérilisation (tableau 9). Si l’on combine les pourcentages de femmes et d’hommes stérilisés, plus d’un tiers des couples seraient ainsi protégés de manière permanente au Canada (33 %) et aux États-Unis (36 %) contre moins de 20 % dans les pays européens. Tandis que les méthodes de stérilisation féminine prévalent aux États-Unis, avec un quart des femmes en union concernées (contre seulement une sur dix au Canada), ce sont les méthodes masculines qui dominent au Canada avec 22 % des hommes concernés (contre 13 % aux États-Unis).
Pourcentage d’utilisatrices de la contraception parmi les femmes en union âgées de 15 à 49 ans selon la méthode utilisée
Pourcentage d’utilisatrices de la contraception parmi les femmes en union âgées de 15 à 49 ans selon la méthode utilisée
71Pour les autres méthodes modernes de contraception, le pourcentage de femmes déclarant utiliser la pilule (21 % au Canada et 16 % aux États-Unis) est comparable à ceux observés en Europe, à l’exception de l’Europe de l’Ouest qui se distingue par une utilisation massive (45 %). En revanche, le préservatif masculin y semble moins répandu (15 % des déclarations au Canada et 12 % aux États-Unis). L’utilisation du stérilet y est également notablement plus faible qu’en Europe, avec seulement 1 % et 5 % d’utilisatrices au Canada et aux États-Unis. Quant aux méthodes traditionnelles, c’est le retrait qui prédomine dans toutes les régions observées, avec 6 % d’utilisatrices au Canada et moins de 5 % aux États-Unis.
72Si l’on ajoute l’avortement (auquel 30 % des femmes interrogées aux États-Unis dans l’enquête de 2002 déclarent avoir eu recours au moins une fois dans leur vie – Mosher et al., 2004) au stérilet et à la stérilisation, la prévalence des méthodes médicales de limitation des naissances en Amérique du Nord devient particulièrement frappante par comparaison à l’Europe.
Cadre juridique de l’avortement
73Jusqu’en 1969 au Canada et 1970 aux États-Unis, les interruptions volontaires de grossesse (IVG) sont illégales quelles que soient les circonstances.
74En 1969, les IVG sont autorisées au Canada en cas de viol ou d’inceste et lorsque la santé mentale ou physique de la mère est menacée. Ces circonstances doivent être déterminées par un comité de trois médecins hospitaliers dans les établissements habilités. Selon les régions et les établissements, la loi est interprétée de manière plus ou moins libérale. Cette diversité de traitement devient un vif enjeu politique à partir des années 1970. Le mouvement en faveur de l’avortement défend le droit à une interruption de grossesse pour toutes les femmes y compris pour des raisons non médicales, tandis que ses opposants exigent un encadrement plus strict de la loi. Le conflit devient juridique et, finalement, la loi de 1969 est abrogée en 1988 par la Cour suprême du Canada. L’échec des deux parties à trouver un accord sur une nouvelle législation se traduit par un étonnant vide juridique en matière d’avortement (probablement unique au monde) depuis cette date, l’IVG étant de fait autorisée en toutes circonstances et pendant toute la durée de la grossesse. En pratique, l’intervention est toutefois limitée par l’offre de soins et d’informations, si bien que dans certaines régions, notamment en zones rurales et dans les provinces du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard, l’accès y est très restreint, voire inexistant comme dans cette dernière province (Rodgers et Downie, 2006).
75Aux États-Unis, le mouvement de libéralisation de l’avortement a rencontré ses premiers succès en 1970 avec l’autorisation de l’intervention dans certaines circonstances dans onze États et l’abolition des lois anti-IVG dans quatre États. En 1973, la Cour suprême des États-Unis autorise l’avortement y compris pour des raisons non médicales dans l’ensemble du pays, mais limite l’intervention au premier trimestre de grossesse, laissant toutefois libres les États de l’autoriser au-delà de cette durée dans les circonstances qu’il leur revient de définir. Une dizaine d’États ne posent pas de limite quant à la durée de la grossesse et autorisent l’avortement en toutes circonstances tandis que 40 États autorisent l’avortement au-delà de 20 ou 24 semaines d’aménorrhée uniquement lorsque la santé de la mère est menacée (Guttmacher Institute, 2012). La question d’une autorisation parentale pour les mineures est également laissée au libre-arbitre des États, 37 d’entre eux (nombre en augmentation) requérant actuellement une telle autorisation. L’IVG médicamenteuse est devenue légale depuis septembre 2000 sous réserve de prescription par un membre du corps médical.
76L’interruption volontaire de grossesse aux États-Unis continue toutefois, plus que dans la plupart des autres pays industriels, à faire l’objet d’attaques répétées des mouvements politiques conservateurs et religieux et constitue un enjeu électoral presque systématique. Ce contexte culturel défavorable a engendré des difficultés d’accès à l’IVG qui n’ont cessé de se multiplier depuis 1990 avec, notamment, un renforcement de l’autorisation parentale obligatoire pour les mineures, une dégradation de la prise en charge des coûts de l’intervention, ainsi que la disparition progressive des établissements ou services pratiquant l’interruption volontaire de grossesse dans un nombre toujours croissant de comtés (soit 87 % de l’ensemble des comtés américains en 2008, représentant 35 % des femmes en âge de procréer – Jones et Kooistra, 2011). Ces contraintes croissantes en matière d’accès à l’avortement ont en partie déterminé l’évolution du nombre d’interventions et elles ont eu des effets démontrés sur la fécondité en général et sur la fécondité non désirée en particulier (Morgan et Parnell, 2002).
Un nombre d’interventions en diminution dans les deux pays
77La déclaration statistique des interruptions volontaires de grossesse n’est obligatoire dans aucun des deux pays. Les données disponibles sont donc incomplètes [21]. Certains États américains, dont le plus peuplé (Californie), ne transmettent qu’épisodiquement les informations au Bureau national de la statistique chargé de les recueillir (National Center for Health Statistics). Au Canada, plusieurs établissements ne font remonter à l’Office national de statistiques que des informations partielles, notamment sur les caractéristiques des femmes ayant recours à l’avortement. Les données disponibles, bien que notoirement sous-estimées, permettent toutefois de suivre l’évolution générale des indicateurs d’interruptions volontaires de grossesse, montrant leur augmentation rapide au cours des années 1970, leurs fluctuations à un niveau élevé au cours des années 1980, puis leur diminution pendant la période suivante.
78Aux États-Unis, le nombre d’interruptions volontaires de grossesse a atteint un maximum de 1 590 750 en 1988. Il a ensuite diminué régulièrement pour s’établir depuis 2005 autour de 1 200 000 (1 212 350 en 2008 selon la base de données de l’Institut Guttmacher) [22]. Au Canada, l’évolution a été moins régulière, un premier pic ayant été atteint en 1982 avec 75 071 interventions, puis, après une période de relative stabilité autour de 70 000-75 000, une nouvelle progression est observée à partir de 1988, et un deuxième pic atteint en 1997 avec 117 709 interventions. Le nombre d’IVG a ensuite progressivement reculé à partir de 2005 pour atteindre 93 755 en 2009 (ICIS, 2010).
Une convergence rapide des taux, notamment chez les jeunes
79Le nombre d’IVG pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans a suivi une évolution parallèle. Le taux atteint son niveau le plus élevé aux États-Unis en 1980-1981 (29 ‰) et au Canada en 1996-1997 (16 ‰). Il s’établit en 2006 à 15 ‰ aux États-Unis et à 13 ‰ au Canada (tableau 10). Ces indicateurs incluent les interruptions médicamenteuses dans la mesure où celles-ci sont effectivement déclarées. Pour les raisons évoquées précédemment, une certaine prudence est de mise dans l’examen des tendances à long terme comme dans la comparaison entre les deux pays. Il semble toutefois que l’écart important en matière de recours à l’avortement qui était observé en 1980, avec un taux deux fois et demie plus élevé aux États-Unis qu’au Canada, se soit rapidement réduit au cours des décennies suivantes, si bien qu’en 2006 (dernière année pour laquelle les données sont comparables) la fréquence de l’IVG parmi les femmes en âge de procréer est proche dans les deux pays.
80En 1980, l’écart était particulièrement marqué chez les jeunes femmes et diminuait avec l’âge (tableau 10). Le taux était presque trois fois plus élevé aux États-Unis avant 15 ans, deux fois et demie entre 15 et 30 ans, deux fois entre 30 et 40 ans et une fois et demie après 40 ans. Quelque vingt-cinq ans plus tard, les taux sont devenus pratiquement identiques à chaque âge, un peu plus élevés aux États-Unis (de 20 %) pour les femmes âgées de 20 à 29 ans. Le comblement de l’écart entre les deux pays traduit la divergence observée dans la progression de leurs taux d’IVG. Si l’on exclut les moins de 20 ans, pour lesquelles le taux a reculé dans les deux pays, la fréquence de l’avortement a fortement augmenté au Canada, surtout entre 30 et 40 ans, tandis qu’il a reculé de manière très marquée aux États-Unis entre 20 et 30 ans.
Taux d’IVG et nombre d’IVG pour 100 naissances au Canada et aux États-Unis par groupe d’âges en 1980 et 2006
Taux d’IVG et nombre d’IVG pour 100 naissances au Canada et aux États-Unis par groupe d’âges en 1980 et 2006
La proportion de naissances non désirées reste stable à un niveau élevé
81La baisse remarquable du taux d’IVG aux États-Unis ne semble toutefois pas traduire un recours plus systématique à la contraception ou à d’autres stratégies d’évitement, dans la mesure où la proportion de grossesses non désirées [23] est stable à un niveau très élevé, voire en augmentation depuis vingt-cinq ans. Cette proportion est passée de 46 % en 1982 à 49 % en 1994, et elle est demeurée à ce niveau depuis lors (Henshaw, 1998 ; Finer et Henshaw, 2006 ; Finer et Zolna, 2011). Elle est particulièrement élevée chez les femmes âgées de moins de 20 ans pour lesquelles elle atteint 80 % de l’ensemble des grossesses.
82Nous ne disposons pas de statistiques sur la proportion de naissances non désirées au Canada, mais le ratio des IVG pour 100 naissances (tableau 10) indique également un problème de planification des naissances chez les plus jeunes. Ce nombre est passé de 19 % en 1980 à 26 % en 2006 tous âges confondus, évolution qui s’explique essentiellement par l’augmentation observée chez les moins de 30 ans, avec presqu’un doublement à 15-19 ans et 25-29 ans.
VIII – Espérance de vie, mortalité infantile et structure de la mortalité
Une espérance de vie à la naissance élevée au Canada
83Depuis le début du siècle dernier, les populations américaine et canadienne ont enregistré des progrès remarquables en matière d’espérance de vie à la naissance (figure 15). Les gains réalisés au cours des trente dernières années demeurent substantiels (5,0 et 7,7 ans pour les femmes et les hommes au Canada entre 1977 et 2007 ; 3,4 et 6,1 ans aux États-Unis entre 1979 et 2009), surtout considérant qu’ils résultent en majeure partie de réductions de la mortalité aux grands âges plutôt que chez les plus jeunes.
Figure 15
Figure 15
Espérance de vie à la naissance selon le sexe (1920-2009)84En 2007, l’espérance de vie à la naissance des femmes atteignait 80,7 ans aux États-Unis et 83,0 ans au Canada. Celle des hommes s’établissait à 75,6 et 78,4 ans. L’écart important entre les deux pays est un phénomène qui trouve son origine au milieu des années 1950, lorsque le rythme d’accroissement s’est affaibli pour chaque sexe aux États-Unis comparativement au Canada (si l’on omet des épisodes temporaires de rattrapage au début des années 1970). Depuis 1980, l’avantage des Canadiennes et Canadiens sur leurs homologues américains s’est accentué, de sorte que l’écart entre les deux pays s’élève désormais à 2,3 ans pour les femmes et 2,8 ans pour les hommes (figure 15).
Figure 16
Figure 16
Écart d’espérance de vie à la naissance entre femmes et hommes (1920-2009)85Les Canadiens sont aussi dans une position favorable vis-à-vis des Européens en termes d’espérance de vie à la naissance (tableau 11) [24]. Depuis près de trois décennies, les femmes et les hommes au Canada affichent des espérances de vie supérieures à celles observées dans les cinq grandes régions européennes. Alors que l’avantage du Canada par rapport à l’Europe de l’Est et du Centre est frappant, compte tenu de la crise sanitaire profonde subie par ces pays (Meslé et Vallin, 2002), les niveaux d’espérance de vie à la naissance au Canada et dans les autres régions européennes sont beaucoup plus proches. Chez les hommes, l’écart avec l’Europe du Nord s’est tout de même creusé entre 1980 et 2007, alors que chez les femmes, l’écart avec l’Europe de l’Ouest et du Sud s’est amenuisé. En revanche, aux États-Unis, même si les espérances de vie à la naissance sont supérieures entre 1980 et 2007 pour chaque sexe à celles observées en Europe de l’Est et du Centre, elles s’avèrent en général inférieures à celles de l’Europe du Nord, de l’Ouest et du Sud.
Espérance de vie à la naissance (années) selon le sexe au Canada, aux États-Unis et en Europe en 1980, 1990, 2000 et 2007
Espérance de vie à la naissance (années) selon le sexe au Canada, aux États-Unis et en Europe en 1980, 1990, 2000 et 2007
La réduction récente de l’écart d’espérance de vie à la naissance entre les sexes se poursuit
86La nette progression de l’espérance de vie à la naissance des hommes et des femmes aux États-Unis et au Canada durant le xxe siècle s’est accompagnée d’un creusement de l’inégalité entre les sexes (figure 16). Jusqu’aux années 1970, l’écart d’espérance de vie entre les sexes a augmenté de façon substantielle en Amérique du Nord puisque les femmes ont bénéficié de gains plus importants que les hommes. À son niveau le plus élevé, l’écart dépassait tout juste 7,7 ans aux États-Unis (1975) et 7,4 ans au Canada (1978). Cependant, depuis trois décennies, l’espérance de vie s’accroît plus rapidement chez les hommes et l’avantage féminin diminue progressivement [25]. La différence d’espérance de vie entre les sexes n’était plus que de 4,9 ans aux États-Unis en 2009 et 4,6 ans au Canada en 2007.
87L’augmentation de l’écart d’espérance de vie entre les sexes en Amérique du Nord durant les années 1950 à 1970 s’explique essentiellement par une évolution moins favorable pour les hommes des mortalités cardiovasculaire (maladies du cœur en particulier) et cancéreuse (principalement les cancers bronchopulmonaires) (Waldron, 1993 ; Meslé, 2004). L’explosion du tabagisme masculin dans les deux pays y a singulièrement contribué (Peto et al., 2005 ; Bongaarts, 2006 ; Preston et al., 2011) [26]. Le comblement de l’écart observé depuis la fin des années 1970 est dû en grande partie à la réduction des inégalités pour les maladies cardiovasculaires, souvent associée au fait que les femmes ont progressivement adopté des comportements sociaux (travail, tabagisme, alcoolisme) davantage similaires à ceux des hommes (Waldron, 1993 ; Trovato et Lalu, 1995 ; Pampel, 2002 ; Meslé, 2004 ; Trovato et Heyen, 2006). Bien que l’ampleur de la mortalité due à ces maladies cardio-vasculaires ait fortement diminué pour les deux sexes, les hommes, partant d’un niveau plus élevé que les femmes, ont pu profiter de gains supérieurs. La différence de mortalité entre les sexes attribuable aux cancers bronchopulmonaires s’est aussi amenuisée au cours des vingt-cinq dernières années, la mortalité due à cette cause continuant à augmenter chez les femmes (quoique plus lentement depuis le début des années 1990) et à diminuer très rapidement chez les hommes du fait de comportements tabagiques différenciés au cours de la période.
Une mortalité infantile désormais très faible
88La mortalité des enfants de moins d’un an a connu une chute spectaculaire en Amérique du Nord au cours du xxe siècle (figure 17). Entre 1940 et 1980, le taux de mortalité infantile a été divisé par plus de cinq au Canada, passant de 57,6 ‰ à 10,4 ‰. Aux États-Unis, il était près de quatre fois plus faible en 1980 qu’en 1940 (12,6 ‰ contre 47,0 ‰). Dans les deux pays, il s’est réduit de moitié depuis 1980 pour atteindre 4,9 ‰ au Canada en 2009 et 6,4 ‰ aux États-Unis. L’avantage dont bénéficie le Canada par rapport à son voisin depuis le milieu des années 1960 persiste donc, le taux de mortalité infantile se réduisant environ au même rythme dans les deux pays depuis trente ans (tableau 12) [27].
89Au cours du temps et comme ailleurs, les décès infantiles sont de plus en plus concentrés dans les premiers jours suivant la naissance (figure 17). La part des décès de la période néonatale (au cours des quatre premières semaines) parmi l’ensemble des décès d’enfants de moins d’un an a nettement augmenté entre 1940 et 2008 au Canada (de 52 % à 76 %), et celle des décès de la période néonatale précoce (première semaine) encore davantage (de 38 % à 60 %). Aux États-Unis, la part des décès de la période néonatale parmi l’ensemble des décès infantiles atteignait 61 % en 1940 et 65 % en 2009. Ce dernier niveau est très proche de celui observé au début des années 1980, comme d’ailleurs la part des décès de la première semaine qui s’établissait à 53 % en 2009, chiffre quasiment semblable à celui de 1980. Les comportements américains défavorables à la santé des enfants (couchage sur le ventre pour ce qui a trait à la mort subite du nourrisson par exemple) et les blessures non intentionnelles, du moins au sein des sous-populations les plus défavorisées sur le plan socioéconomique, ont freiné la baisse de la mortalité post-néonatale (du second mois au premier anniversaire) et pourraient être à l’origine des différences de niveaux observées entre les deux pays (Ananth et al., 2009).
Figure 17
Figure 17
Évolution des taux de mortalité infantile, néonatale et néonatale précoce depuis les années 1920 (pour 1 000 naissances vivantes), sexes réunis, au Canada et aux États-Unis90Bien que les niveaux actuels de mortalité infantile en Amérique du Nord soient très faibles relativement à ceux du milieu du siècle dernier, les comparaisons avec l’Europe du Nord, de l’Ouest et du Sud suggèrent que des gains sont encore possibles (tableau 12). En 2009, le taux de mortalité infantile en Europe du Nord était inférieur de 43 % et 56 % à celui observé au Canada et aux États-Unis. En Europe de l’Ouest et du Sud, les taux étaient inférieurs d’environ 20 % et de près de 40 %. La faiblesse relative des progrès enregistrés en Amérique du Nord comparativement à ceux de l’Europe ne laisse pas présager un comblement à court terme des écarts [28].
Taux de mortalité infantile (pour 1 000 naissances vivantes), sexes réunis, au Canada, aux États-Unis et en Europe, en 1980, 1990, 2000 et 2009
Taux de mortalité infantile (pour 1 000 naissances vivantes), sexes réunis, au Canada, aux États-Unis et en Europe, en 1980, 1990, 2000 et 2009
Diminution plus lente de la mortalité adulte aux États-Unis
91Depuis 1980, les progrès observés aux âges adultes sont plutôt faibles aux États-Unis comparés à ceux dont bénéficient leurs voisins canadiens, en particulier chez les femmes (tableau 13) [29]. La probabilité de décéder des femmes entre 15 et 65 ans au Canada, qui s’établissait à 85 ‰ en 2007, a diminué de 35 % depuis 1980. Aux États-Unis, la baisse n’a été que de 22 %, alors même que la mortalité à ces âges était initialement plus élevée pour les Américaines que les Canadiennes. La tendance est identique chez les hommes, pour lesquels le risque de décéder entre 15 et 65 ans a diminué de 44 % au Canada et de 30 % aux États-Unis au cours de la même période. En conséquence, le creusement de l’écart relatif entre les deux pays est impressionnant : 15 % en 1980 et 28 % en 2007 pour les femmes, 13 % et 30 % pour les hommes.
Probabilité de décéder entre 15 et 65 ans selon le sexe au Canada et aux États-Unis, 1980-2007
Probabilité de décéder entre 15 et 65 ans selon le sexe au Canada et aux États-Unis, 1980-2007
92Dans une perspective plus large, la baisse lente enregistrée aux États-Unis s’est traduite par une détérioration de la position du pays au sein du classement mondial de la mortalité adulte (entre 15 et 59 ans) (Rajaratnam et al., 2010 ; Wilmoth et al., 2011). Ce pays est passé entre 1990 et 2010 du 34e au 49e rang pour les femmes, et du 41e au 45e rang pour les hommes. En revanche, le Canada devance largement les États-Unis, même s’il est loin de figurer en tête du classement international (15e rang en 1990 et 19e en 2010 pour les femmes ; 13e rang en 1990 et 10e en 2010 pour les hommes).
Reprise de la forte progression de l’espérance de vie à 65 ans des femmes
93Le rythme d’accroissement de l’espérance de vie à 65 ans en Amérique du Nord a fortement varié selon le sexe, le pays et la période (figure 18 et tableau annexe A.9). Les femmes ont été les premières à bénéficier de ces progrès aux âges élevés, et dès les années 1940 et 1950, les Américaines et les Canadiennes ont profité d’une croissance soutenue de leur espérance de vie à 65 ans. Au tournant des années 1960, le rythme d’accroissement s’est intensifié au Canada et a diminué aux États-Unis. Vers le milieu des années 1970, les Américaines ont toutefois rejoint les Canadiennes grâce à une accélération des progrès de l’espérance de vie à partir de 1968, peu après la mise en place du système national d’assurance-santé Medicare [30], dont l’existence n’explique qu’une partie de cette accélération (Card et al., 2004 ; Vallin et Meslé, 2006 ; Ho et Preston, 2010). À partir du début des années 1980, une nette décélération s’est amorcée dans les deux pays, et comme elle s’est avérée plus marquée et plus longue aux États-Unis qu’au Canada, les Canadiennes ont progressivement devancé leurs voisines. Depuis la fin des années 1990 toutefois, les femmes profitent dans les deux pays d’une reprise de la croissance de l’espérance de vie. Les Américaines ayant survécu à leur 65e anniversaire pouvaient espérer vivre jusqu’à 85,5 ans en 2009, et les Canadiennes jusqu’à 86,3 ans en 2007.
Figure 18
Figure 18
Espérance de vie à 65 ans selon le sexe au Canada et aux États-Unis, entre 1921 et 200994Les femmes en Amérique du Nord n’ont pas été les seules à connaître un ralentissement des progrès de la mortalité aux grands âges durant les années 1980 et 1990. Aux Pays-Bas et au Danemark entre autres, le rythme d’accroissement de l’espérance de vie féminine à 65 ans s’est fortement ralenti comme aux États-Unis, tandis qu’il demeurait très soutenu en France et au Japon, permettant à ces deux pays de prendre la tête du classement international (Meslé et Vallin, 2006 ; Staetsky, 2009). Cette divergence momentanée des trajectoires d’espérance de vie aux âges élevés serait en grande partie attribuable à l’impact différentiel de la mortalité liée au tabagisme féminin (Staetsky, 2009).
95Bien que les hommes aient profité de réductions notables de la mortalité aux grands âges beaucoup plus tardivement que les femmes, le rythme auquel leur espérance de vie à 65 ans s’accroît depuis le début des années 1980 est plus élevé que chez ces dernières (figure 18). L’écart entre les deux sexes s’amenuise progressivement. En 1980, l’espérance de vie masculine à 65 ans s’établissait à 14,1 ans aux États-Unis et 14,5 ans au Canada, soit 4,2 ans et 4,3 ans en deçà de l’espérance de vie féminine. Aujourd’hui, les hommes de 65 ans peuvent espérer vivre jusqu’à 82,8 ans aux États-Unis (2009) et 83,2 ans au Canada (2007), c’est-à-dire 2,6 et 3,1 années de moins que les femmes. Cette tendance devrait se poursuivre au cours des deux prochaines décennies en Amérique du Nord, du fait notamment de l’évolution différentielle des comportements tabagiques passés des hommes et des femmes. La baisse du tabagisme s’étant révélée plus forte chez les hommes que chez les femmes, la diminution de l’écart projeté entre les deux sexes s’avère plus rapide lorsque les projections tiennent compte du tabagisme que lorsqu’elles n’en tiennent pas compte (Wang et Preston, 2009).
Le poids de la baisse de la mortalité aux grands âges s’accroît
96En Amérique du Nord comme dans la plupart des pays industrialisés, les progrès de l’espérance de vie à la naissance résultent désormais en majeure partie des gains de mortalité aux grands âges. Un simple exercice de décomposition, mesurant la contribution des différents groupes d’âges aux gains d’espérance de vie à la naissance pour chaque sexe, permet d’apprécier le rôle croissant de la baisse de la mortalité aux âges élevés aux États-Unis et au Canada au cours des deux dernières décennies (tableau 14). Alors qu’entre 1987 et 1997, environ 40 % des gains réalisés par les femmes américaines et canadiennes résultaient de la diminution de la mortalité à 65 ans et plus, cette contribution s’est élevée à 66 % aux États-Unis et 72 % au Canada au cours de la période décennale la plus récente, une part croissante étant due à la baisse de la mortalité après 80 ans (près de la moitié au Canada et un peu plus du tiers aux États-Unis). Chez les hommes, aux États-Unis comme au Canada, environ 65 % des années de vie gagnées résultaient des progrès à 65 ans et plus entre 1997 et 2007 (la baisse après 80 ans y étant due pour près du tiers), contre 35 % pendant la décennie précédente.
Contribution des groupes d’âges aux gains d’espérance de vie à la naissance (années) au Canada et aux États-Unis
Contribution des groupes d’âges aux gains d’espérance de vie à la naissance (années) au Canada et aux États-Unis
IX – Causes de décès
97Depuis 1980, les maladies cardio-vasculaires et les tumeurs représentent au minimum 60 % du taux comparatif de mortalité toutes causes, tant pour les hommes que les femmes aux États-Unis et au Canada (tableau annexe A.11). La chute spectaculaire de la mortalité par maladies cardio-vasculaires (– 55 % chez les hommes et – 53 % chez les femmes aux États-Unis, – 62 % chez les hommes et – 61 % chez les femmes au Canada) a cependant eu pour effet de réduire substantiellement sa part dans la mortalité générale. Alors qu’un peu plus de la moitié du taux comparatif toutes causes était due aux maladies cardio-vasculaires en 1980, cette proportion n’atteint qu’environ le tiers en 2007. La mortalité par tumeur est également plus faible aujourd’hui qu’en 1980 (– 20 % chez les hommes et – 10 % chez les femmes aux États-Unis, – 14 % et – 4 % au Canada), mais son évolution s’est avérée très différente de celle de la mortalité par maladies cardio-vasculaires (figures 19.A et 19.B). Dans les deux pays, le taux comparatif de mortalité par cancer a d’abord augmenté jusqu’au début des années 1990 pour les hommes et vers 1995 pour les femmes. La diminution a ensuite été plus régulière et plus rapide aux États-Unis qu’au Canada, peut-être en raison d’un dépistage plus large et d’un traitement plus efficace du cancer du sein et du col de l’utérus chez les femmes, du cancer de la prostate et colorectal chez les hommes (O’Neill et O’Neill, 2007 ; Preston et Ho, 2011).
Figure 19
Figure 19
Évolution des principales causes de décès selon le sexe au Canada et aux États-Unis, de 1980 à 2007 (taux comparatif)98En 2007, les « autres maladies » représentaient le troisième grand groupe de causes de décès, soit 20 % du taux comparatif de mortalité toutes causes chez les hommes et 24 % chez les femmes dans les deux pays. Ces autres maladies sont particulièrement fréquentes parmi les moins de 15 ans (entre 67 % et 74 % du taux comparatif toutes causes pour chaque sexe dans les deux pays) et, dans une moindre mesure, parmi les 80 ans ou plus (entre 22 % et 29 % pour chaque sexe dans les deux pays, tableau 15). Avant l’âge de 15 ans, il s’agit essentiellement de décès concentrés près de la naissance, qui résultent de malformations congénitales ou de traumatismes liés à l’accouchement.
Taux comparatif de mortalité par grand groupe d’âges en 2007 (pour 10 000) et répartition par cause de décès (%) au Canada et aux États-Unis
Taux comparatif de mortalité par grand groupe d’âges en 2007 (pour 10 000) et répartition par cause de décès (%) au Canada et aux États-Unis
99Au cours des trente dernières années, les morts violentes ont concerné essentiellement les 15-24 ans (environ 80 % du taux comparatif de mortalité à ces âges pour l’ensemble des causes chez les hommes et 65 % chez les femmes en 2007) et les 25-44 ans (52 % chez les hommes et 32 % chez les femmes). Elles ont fortement diminué en Amérique du Nord, quoique l’on observe une légère augmentation de ce type de décès depuis environ dix ans aux États-Unis [31]. Les homicides représentent près du quart des décès masculins au sein de la catégorie des morts violentes aux États-Unis chez les 15-24 ans en 2007 et 13 % des décès féminins. Leur poids demeure nettement moins conséquent au Canada (environ deux fois et demie plus faible). De façon similaire chez les 25-44 ans, le poids des homicides dans les morts violentes aux États-Unis est trois fois plus élevé qu’au Canada pour les hommes et représente près du double de celui des femmes. Néanmoins, l’évolution du taux de mortalité par homicide est relativement stable voire en diminution à ces âges depuis 2000 aux États-Unis.
100Enfin, la baisse récente (au tournant du xxie siècle) du taux comparatif des maladies de l’appareil respiratoire se poursuit pour chaque sexe dans les deux pays. Toutefois, comme ces maladies touchent davantage les personnes âgées représentant une part croissante de la population, leur poids dans la mortalité totale se maintient à 9 % ou 10 % en 2007.
X – Disparités géographiques et sociales de la mortalité
Des disparités géographiques considérables aux États-Unis
101Des écarts de mortalité importants entre les États américains et entre les provinces et territoires canadiens se dissimulent derrière les tendances nationales décrites jusqu’à présent. C’est ce qu’illustre la carte des espérances de vie à la naissance des États américains et des provinces et territoires canadiens, très similaire pour les deux sexes (figure 20). Aux États-Unis, le District de Columbia, tous les États du Sud (sauf la Floride) et certains États du Middle West (situés le plus au sud, ainsi que le Michigan), se caractérisent par des valeurs relativement faibles d’espérance de vie. En revanche, plusieurs États des régions du Centre Nord-Ouest, des Montagnes, du Pacifique et de la Nouvelle-Angleterre bénéficient d’espérances de vie relativement élevées. Au Canada, ce sont les territoires situés au nord du pays, et la province de Terre-Neuve-et-Labrador à l’extrême est qui affichent les durées de vie moyennes les plus faibles. Les provinces de la Colombie-Britannique et de l’Alberta à l’ouest ainsi que l’Ontario et le Québec (pour les femmes seulement dans cette dernière province) au centre du pays présentent les espérances de vie canadiennes les plus élevées.
Figure 20A
Figure 20A
Espérance de vie à la naissance des femmes dans les provinces (2000) et territoires canadiens (2000-2004) et dans les États américains (1999-2001)Note : Par souci de cohérence, nous avons représenté les valeurs de l’espérance de vie pour la dernière année pour laquelle nous en disposions dans les deux pays, bien que les données les plus récentes soient celles de 2007 au Canada.
Figure 20B
Figure 20B
Espérance de vie à la naissance des hommes dans les provinces (2000) et territoires canadiens (2000-2004) et dans les États américains (1999-2001)Note : Par souci de cohérence, nous avons représenté les valeurs de l’espérance de vie pour la dernière année pour laquelle nous en disposions dans les deux pays, bien que les données les plus récentes soient celles de 2007 au Canada.
102En 1999-2001, l’espérance de vie à la naissance aux États-Unis s’étendait de 68,0 ans dans le District de Columbia à 76,9 ans à Hawaï chez les hommes, soit un écart de 8,9 ans (tableau annexe A.6). Les femmes résidant dans ces deux États affichaient aussi les espérances de vie les plus extrêmes, 76,5 et 82,6 ans, pour un écart égal à 6,1 ans [32]. Les disparités géographiques au sein des provinces canadiennes sont nettement plus faibles. En Colombie-Britannique, où l’espérance de vie était la plus élevée en 2007, les hommes et les femmes pouvaient espérer vivre 2,8 et 2,7 ans de plus qu’à Terre-Neuve-et-Labrador où ces valeurs étaient les plus faibles (76,2 contre 79,0 ans pour les hommes et 80,8 contre 83,5 ans pour les femmes).
103En comparant les niveaux d’espérance de vie à la naissance des hommes et des femmes selon l’État entre 1979-1981 et 1999-2001, on constate d’abord que les disparités géographiques se sont récemment accrues aux États-Unis pour chaque sexe (tableau annexe A.6). L’écart type (pondéré) des espérances de vie masculines, résumant l’ampleur de la variabilité au sein de l’ensemble des valeurs observées, est passé de 1,2 à 1,4 an et celui des espérances de vie féminines de 0,9 à 1,1 an. Cette aggravation des disparités est préoccupante, d’autant plus qu’elle succède à deux décennies (années 1960 et 1970) durant lesquelles les disparités s’amenuisaient au contraire (Ezzati et al., 2008) [33]. On note aussi peu de changements dans la distribution spatiale des durées de vie moyennes depuis 1979-1981. En effet, mis à part les États de l’Atlantique Centre (principalement New York et New Jersey) qui ont progressé favorablement dans le classement national, la hiérarchie des régions est essentiellement demeurée la même. Les États d’Hawaï et du District de Columbia, situés aux deux extrêmes de la distribution géographique de l’espérance de vie, continuent de se démarquer, bien que l’écart se soit un peu réduit entre ces deux États depuis 1979-1981.
104Au Canada, l’évolution récente des disparités géographiques de la mortalité diffère selon le sexe (tableau annexe A.6). Pour les hommes, l’écart type (pondéré) des espérances de vie à la naissance pour les provinces s’est d’abord accru entre 1980 et 2000 (0,7 contre 0,9 an), alors que celui des femmes a diminué (0,6 contre 0,5 an). En 2007, les deux sexes ont toutefois retrouvé leur niveau de 1980. Comparativement à la chute soutenue de l’écart d’espérance de vie entre les provinces du début du xxe siècle jusqu’à la fin des années 1970 [34] (Adams, 1990 ; Manuel et Hockin, 2000), ces changements sont plutôt faibles. Le début des années 1980 marque cependant la fin d’une longue période de forte convergence de l’espérance de vie au sein des provinces canadiennes, en particulier pour les hommes. Plusieurs modifications ont pu être observées dans le classement provincial depuis 1980. La Colombie-Britannique occupe désormais le premier rang pour les hommes comme pour les femmes et dispose d’une avance considérable sur le reste du pays. Le Québec se trouve dans une position nettement plus favorable face aux autres provinces en 2007 qu’en 1980 [35]. La situation de Terre-Neuve-et-Labrador s’est à l’inverse détériorée durant ces deux décennies, non seulement par rapport aux provinces canadiennes en général mais également aux autres provinces de l’Atlantique. Enfin, concernant les territoires canadiens, le Yukon, contrairement aux Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut, a rattrapé en partie son retard sur le reste du Canada en 2000-2004 par rapport à 1980-1984.
Une mortalité beaucoup plus élevée pour les Américains de race noire
105En remontant aussi loin dans le passé que les données (fiables) le permettent aux États-Unis, on observe des différences substantielles de mortalité entre les Américains de race noire et de race blanche, toujours à l’avantage de ces derniers. L’évolution de l’écart absolu d’espérance de vie à la naissance depuis le début du xxe siècle se divise toutefois en trois périodes bien distinctes. Entre 1900 et 1982, l’écart s’est d’abord nettement réduit, passant de 14,6 à 5,7 ans tous sexes réunis (Arias, 2011). En revanche, les dix années suivantes ont été marquées par une recrudescence des disparités, due en grande partie à une augmentation de la mortalité liée au VIH/sida et aux homicides chez les hommes noirs (Harper et al., 2007; figure 21). En 1993, l’écart atteignait ainsi 7,1 ans pour les deux sexes (8,5 ans pour les hommes et 5,8 ans pour les femmes). Depuis cette date, la situation s’est améliorée, de sorte qu’en 2007, la durée de vie moyenne des hommes et des femmes se déclarant de race blanche étaient de 5,9 et de 4,0 ans supérieure à celle des hommes et des femmes se déclarant de race noire. Même s’il s’agit des écarts les plus faibles enregistrés depuis 1900 pour chaque sexe, ils demeurent considérables et ne sont que peu inférieurs (moins d’un an) à ceux qui prévalaient au début des années 1980.
Figure 21
Figure 21
Espérance de vie à la naissance selon la race et le sexe aux États-Unis, de 1970 à 2007106Si l’on tient compte à la fois de la qualification raciale des individus et des diverses caractéristiques sociodémographiques de leur comté de résidence pour répartir la population américaine en groupes plus homogènes, les écarts d’espérance de vie à la naissance observés sont encore plus marqués (Murray et al., 2006). En 2001, parmi les huit types de comtés distingués par les auteurs, l’écart entre les extrêmes s’établissait à 15,4 ans pour les hommes (Asiatiques contre Noirs résidant en milieu urbain à haut risque) et à 12,8 ans pour les femmes (Asiatiques contre Noires à faible revenu résidant au Sud des États-Unis).
107Au Canada, toute comparaison impliquant la catégorie des « Blancs » est impossible, cette dernière, comme on l’a vu, n’existant pas dans ce pays (section III). On peut cependant comparer la mortalité des minorités visibles à celle des Canadiens qui n’appartiennent pas à ce groupe. Par exemple, entre 1991 et 2001, toutes les minorités visibles affichaient des taux comparatifs de mortalité inférieurs à celui des autres Canadiens (Wilkins et al., 2008). Ce résultat, surprenant à première vue, serait lié à un phénomène de sélection positive des immigrants [36], les personnes nées au Canada membres d’une minorité visible ne bénéficiant généralement pas de cet avantage de mortalité. Une autre façon d’aborder les inégalités sociales de mortalité au Canada consiste à répartir la population en sous-groupes à l’aide d’un indice conçu sur la base des informations socio-économiques recueillies à l’échelle microgéographique (Pampalon et al., 2009c) [37]. Pour la période 1991-2001, 4,4 années d’espérance de vie à 25 ans [38] séparaient les hommes les plus et les moins avantagés économiquement (Pampalon et al., 2009b). Pour les femmes, l’écart s’établissait à 2,9 années.
Aggravation des disparités socioé-conomiques de la mortalité en Amérique du Nord
108À l’instar des disparités géographiques de la mortalité, les inégalités sociales et matérielles de mortalité se sont récemment creusées en Amérique du Nord. Aux États-Unis, entre les années 1980-1982 et 1998-2000 par exemple, l’écart d’espérance de vie à la naissance entre les déciles extrêmes de la population américaine [39] est passé de 3,8 à 5,4 ans pour les hommes et de 1,3 à 3,3 ans pour les femmes (Singh et Siahpush, 2006). Le creusement des inégalités ne se limite pas aux groupes situés aux deux extrêmes de la distribution, l’écart d’espérance de vie à la naissance s’étant accru entre le décile le plus favorisé et chacun des sept déciles les plus défavorisés pour les deux sexes. Au Canada, le rapport des taux comparatifs de mortalité avant l’âge de 75 ans entre les quintiles extrêmes de désavantage matériel et social est passé de 2,0 à 2,6 entre 1989-1993 et 1999-2003 (sexes réunis), soit une augmentation de 30 % (Pampalon et al., 2009a).
XI – Migrations internationales et politique migratoire
Des effectifs annuels considérables d’immigrants aux États-Unis
109En 2010, 1 043 000 immigrants internationaux ont été admis aux États-Unis, soit 3,7 fois plus qu’au Canada, qui en a pour sa part accueilli 281 000. Ces chiffres traduisent un phénomène ancien : le nombre de migrants admis sur le territoire des États-Unis a été plus élevé qu’au Canada tout au long du xxe siècle. Même durant la longue période de restrictions migratoires extrêmement sévères s’étendant de la fin de la première guerre mondiale jusqu’au milieu des années 1960 aux États-Unis [40], le nombre d’immigrants est demeuré légèrement supérieur à celui du Canada. Depuis 1965, l’accroissement nettement plus rapide du nombre d’immigrants accueillis aux États-Unis n’a cessé de creuser l’écart avec son voisin (figure 22). Néanmoins, au cours des trente dernières années, le nombre annuel d’immigrants a presque doublé dans les deux pays. En 1980, les États-Unis admettaient 531 000 nouveaux venus et le Canada 143 000. Aux États-Unis, cette évolution a été ponctuée par une augmentation soudaine, à mettre au compte de la loi de 1986 (Immigration Reform and Control Act), qui a permis la régularisation de quelque 3 millions d’immigrants illégaux au tournant des années 1990 [41]. C’est ainsi qu’en 1991, le flux d’immigrants en situation légale a atteint 1 827 000 dans ce pays, soit l’effectif annuel le plus élevé de son histoire, dont près des deux tiers (1 123 000, soit 62 %) faisaient partie de ce programme de régularisation.
Figure 22
Figure 22
Effectif d’immigrants au Canada et aux États-Unis de 1940 à 2010110Bien que l’écart absolu entre les nombres de nouveaux arrivants aux États-Unis et au Canada ne cesse de croître, le taux d’immigration, c’est-à-dire l’effectif annuel d’immigrants rapporté à celui de la population du pays d’accueil, demeure plus élevé au Canada qu’aux États-Unis depuis 1945 (figure 23). En 2010, le taux canadien s’élevait à 0,8 %, soit plus du double du taux américain, qui s’établissait à 0,3 %. Si le nombre d’immigrants admis en 2010 représente tout de même un faible pourcentage de la population canadienne, rappelons cependant que le taux d’accroissement migratoire représente près des deux tiers du taux d’accroissement démographique total du Canada depuis le milieu des années 1990 (section IV). Aux États-Unis, cette part est inférieure au tiers, la croissance démographique totale ayant été à peu près identique à celle du Canada tout au long de cette période.
Figure 23
Figure 23
Taux d’immigration au Canada et aux États-Unis de 1940 à 2010111La population des immigrés constitue aujourd’hui une part non négligeable de la population totale dans les deux pays mais surtout au Canada, du fait des vagues d’immigration successives survenues durant tout le xxe siècle. Les données du recensement canadien de 2006 indiquent que près d’une personne sur cinq (19,8 %) est née à l’étranger, ce qui correspond à environ 6,2 millions d’individus (Chui et al., 2007). Il s’agit là du niveau le plus élevé enregistré au cours des 75 dernières années dans ce pays. Aux États-Unis, la proportion de personnes nées à l’étranger est plus faible : 12,5 % ou 38,0 millions de personnes [42] en 2006. Parmi les pays occidentaux qui accueillent un nombre conséquent d’immigrés, seule l’Australie se caractérise par une proportion de personnes nées à l’étranger un peu plus forte que le Canada (22,2 % en 2006) [43]. À titre de comparaison, les populations d’Allemagne et de France comptaient 12,7 % et 11,2 % d’immigrants en 2006 (OCDE, 2012).
Le regroupement familial est le principal motif d’admission aux États-Unis, contrairement au Canada
112Les grands principes sur lesquels repose la législation actuelle des États-Unis en matière d’immigration proviennent de la loi adoptée en 1965 (Immigration and Nationality Act of 1965). C’est à partir de ce moment que le régime des quotas par nationalité, qui prévalait depuis le début des années 1920, a été aboli et remplacé par un système de « plafonds » visant à limiter le nombre de visas pouvant être octroyés annuellement d’une part, et le nombre de nouveaux arrivants en provenance d’un même pays d’autre part (Daniel, 2003b). De plus, un système de « catégories préférentielles » a été instauré afin de canaliser les types d’immigration. Depuis 1995, lorsque la loi américaine dite Immigration Act of 1990 a été mise en application, un plafond de 675 000 visas annuels a été imposé ; toutefois, les immigrants issus d’un même pays peuvent bénéficier d’un nombre maximum de visas s’élevant à 47 250 (7 %) du total annuel. Une préférence est officiellement accordée pour les raisons suivantes : le regroupement familial (family-sponsored preferences) qui concerne 71 % des entrées, le statut de travailleur ou d’« indépendant » [44] (employment-based preferences) pour 21 %, et la « diversité » [45] (diversity/green card lottery) pour 8 %. Les membres de la famille proche (conjoints et enfants mineurs de citoyens américains nés à l’étranger) ne sont cependant pas concernés par ces plafonds et catégories préférentielles, ni les réfugiés dont l’admission est régie depuis 1980 par une loi qui leur est propre (Refugee Act of 1980).
113En 2010, deux tiers des nouveaux arrivants aux États-Unis ont été accueillis dans le cadre du regroupement familial (tableau 16). Cette proportion atteignait 69 % dix ans plus tôt et 73 % en 1986. La part relative des immigrants admis en tant que travailleurs parmi l’ensemble des immigrants (plutôt que parmi ceux admis en vertu des facteurs préférentiels) est plus faible pour chacune de ces trois années (de 9 % à 14 %). La part relative des immigrants pour raison humanitaire, sensible aux périodes de crises internationales, fluctue d’une année à l’autre (entre 7 % et 17 % depuis 1986). Les autres immigrants, notamment ceux admis par tirage au sort depuis 1992 (catégorie préférentielle favorisant la diversité), représentaient 6 % des nouveaux venus en 2010 et 11 % en 2000, mais moins de 1 % en 1986.
Répartition (%) des immigrants selon le motif d’admission au Canada et aux États-Unis, en 1986, 2000 et 2010
Répartition (%) des immigrants selon le motif d’admission au Canada et aux États-Unis, en 1986, 2000 et 2010
114Au Canada, depuis l’entrée en vigueur de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés en juin 2002, les immigrants sont désormais admis dans l’une des quatre catégories suivantes : regroupement familial, immigration économique, réfugiés et autres immigrants. Cette loi s’inscrit dans la continuité de la précédente, la Loi sur l’immigration de 1976 devenue effective en 1978, qui avait créé trois catégories d’admission : une catégorie pour raison familiale, une catégorie pour raison humanitaire et une catégorie résiduelle. Bien qu’il n’existe pas de quotas ni de plafonds d’immigration relatifs à la nationalité ou au pays d’origine, une fourchette cible pour chacune de ces catégories est établie annuellement en fonction des besoins à satisfaire dans chaque province et territoire, du marché du travail et de l’intégration des immigrants. De plus, les nouveaux venus issus de l’immigration économique, ainsi que les membres de la famille éloignée (excluant les conjoints et partenaires, les enfants à charge, les parents et les grands-parents), sont sélectionnés à partir d’un système de points en place depuis 1967, reposant sur des critères tels que la scolarité, la connaissance du français ou de l’anglais, la capacité à intégrer le marché du travail et les liens familiaux au Canada (Daniel, 2003a ; Milan, 2011).
115Pour l’ensemble du Canada en 2010, la fourchette cible annoncée pour les différentes catégories d’admission favorisait largement les immigrants économiques (entre 63 % et 65 %), suivis de ceux admis en vertu du regroupement familial (environ 24 %), des réfugiés (entre 8 % et 10 %), et des autres immigrants (environ 3 %) (Milan, 2011) [46]. La répartition des immigrés effectivement admis au Canada au cours de l’année 2010 s’est avérée conforme à ce que le gouvernement canadien avait prévu et elle reflète bien celle découlant des mouvements migratoires internationaux des dix dernières années (tableau 16). Elle contraste toutefois avec celle observée en 1986, année durant laquelle la part relative des immigrants pour regroupement familial dépassait celle des immigrants pour raison économique (43 % contre 36 %). Cette démarcation s’explique par les conditions économiques difficiles du début des années 1980, lorsque seuls les immigrants déjà pourvus d’un emploi au Canada pouvaient être admis pour raison économique.
Diversification de l’origine des immigrés
116Tant aux États-Unis qu’au Canada, les immigrés arrivés avant les années 1960 provenaient majoritairement d’Europe, puis du Canada (pour les États-Unis) et des États-Unis (pour le Canada). Les changements apportés aux politiques migratoires dans les deux pays ont cependant eu pour effet de diversifier la composition des flux de façon substantielle.
117L’exemple le plus remarquable est sans aucun doute celui de l’immigration asiatique (y compris les ressortissants du Moyen-Orient) qui a connu une augmentation fulgurante, en particulier au Canada. En effet, au cours des dix dernières années, les Asiatiques représentaient environ 60 % des immigrants accueillis sur le territoire canadien (tableau 17), pour seulement 6 % durant les années 1960 (Statistique Canada, 2008). Aux États-Unis, la part relative de cette immigration est passée de 7 % en 1960 à plus de 40 % entre 1978 et 1988 (notamment du fait de l’arrivée des boat people après la fin de la guerre du Vietnam) pour finalement atteindre environ 35 % au cours des dix dernières années (United States Immigration and Naturalization Service, 2002 ; Carter et al., 2006 ; United States Department of Homeland Security, 2011).
118Actuellement, l’importance relative des immigrants d’Asie et d’Amérique du Nord (incluant l’Amérique centrale) est à peu près équivalente aux États-Unis (tableau 17), notamment parce que les ressortissants mexicains qui choisissent de s’y établir sont encore très nombreux (United States Department of Homeland Security, 2011). Au Canada, l’apport de l’Amérique du Nord a fortement diminué depuis les années 1960 et celui du Mexique demeure pratiquement nul (à peine plus de 1 % du nombre annuel d’immigrants depuis 2000) (Milan, 2011). L’immigration européenne vers le Canada est aussi beaucoup plus faible aujourd’hui qu’il y a 40 ans, mais les ressortissants européens représentaient encore 16 % des nouveaux arrivants en 2009 (tableau 17). Le continent africain continue pour sa part à fournir de plus en plus d’immigrants au Canada et aux États-Unis, représentant désormais 14 % et 11 % de l’ensemble des arrivants.
Répartition (%) des immigrants au Canada et aux États-Unis selon leur origine, en 1986, 2001 et 2009
Répartition (%) des immigrants au Canada et aux États-Unis selon leur origine, en 1986, 2001 et 2009
XII – Structure par âge et vieillissement démographique
Les populations américaine et canadienne vieillissent
119Sous les effets conjoints des changements de la fécondité et de la mortalité discutés précédemment, la structure par âge des populations du Canada et des États-Unis a subi des transformations importantes depuis 1980. Le processus de vieillissement qu’ont connu ces populations au cours des trente dernières années se reflète clairement dans l’évolution de leur pyramide des âges, dont la forme est devenue de plus en plus rectangulaire au fil du temps (figure 24). Parmi les principales différences entre les deux pays, on note d’abord que la base de la pyramide s’est rétrécie davantage au Canada qu’aux États-Unis durant cette période, essentiellement en raison d’une fécondité canadienne plus faible (section V). De plus, le renflement qui se déplace progressivement vers le haut avec l’avancement en âge des baby-boomers est nettement plus prononcé au Canada qu’aux États-Unis, signalant un déséquilibre plus profond au Canada entre la taille des générations du baby-boom et celle des générations voisines.
Figure 24
Figure 24
Pyramides des âges au Canada et aux États-Unis, en 1980, 2001/2000 et 2010120En 2010, la population des moins de 15 ans s’élevait à 61,3 millions aux États-Unis, celle des 15 à 64 ans à 207,6 millions et celle des 65 ans et plus à 40,4 millions. Depuis 1980, le groupe des seniors est celui dont l’effectif s’est le plus accru en valeur relative, illustrant bien la progression du vieillissement (figure 25). Les rythmes d’évolution des populations jeunes, adultes et âgées sont encore plus différenciés au Canada : alors que la population des moins de 15 ans a à peine augmenté [47], celle des 15 à 64 ans a crû de 43 % et celle des 65 ans et plus a plus que doublé. En 2010, ces populations se chiffraient à 5,6, à 23,9 et à 5,0 millions. Le nombre de personnes très âgées (80 ans ou plus) a aussi rapidement augmenté récemment en Amérique du Nord, indiquant que la population âgée elle-même vieillit. Aux États-Unis, on dénombrait 5,2 millions d’octogénaires en 1980 et 11,3 millions en 2010, tandis que ces chiffres s’élevaient au Canada à 0,4 et 1,3 million. La part des octogénaires dans la population des 65 ans ou plus est ainsi passée de 20 % à 28 % aux États-Unis et de 19 % à 28 % au Canada.
Figure 25
Figure 25
Taux de croissance des effectifs de la population par grand groupe d’âges entre 1980 et 2010 au Canada et aux États-Unis selon la région121L’âge médian et la proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus font partie des indicateurs les plus répandus pour mesurer le vieillissement démographique. Il y a trente ans, l’âge médian de la population des États-Unis était légèrement supérieur à celui de la population canadienne (30,0 ans contre 29,1 ans en 1980), mais la situation s’est progressivement inversée : en 2010, l’indicateur atteint 37,2 ans et 39,7 ans (tableau annexe A.12). Alors que seuls 7 États américains sur 51 (quasiment tous ceux de la Nouvelle-Angleterre ainsi que la Virginie-Occidentale, la Floride et la Pennsylvanie) affichent aujourd’hui un âge médian supérieur à 40 ans, plus de la moitié des provinces canadiennes (toutes celles de l’Atlantique ainsi que le Québec et la Colombie-Britannique) sont dans cette situation. L’âge médian demeure cependant faible au sein des territoires canadiens, principalement en raison de la forte fécondité des populations autochtones et des conditions de mortalité défavorables comparées au reste du pays. Aux États-Unis, c’est l’État de l’Utah qui se distingue de loin par l’âge médian le plus faible (29,2 ans). L’État du Maine se caractérise, en revanche, par l’âge médian le plus élevé (42,7 ans) [48], à peu près identique à celui de l’ensemble des provinces canadiennes de l’Atlantique (42,8 ans).
122Entre 1980 et 2010, le pourcentage de personnes âgées de 65 ans ou plus est passé de 11 % à 13 % aux États-Unis, et de 9 % à 14 % au Canada. La hausse de la proportion des 65 ans ou plus est d’autant plus frappante lorsqu’on considère qu’en 1980, moins de la moitié des États américains (21 sur 51) et moins du tiers des provinces canadiennes (3 sur 10) comptaient une proportion égale ou supérieure à 11 %, alors qu’en 2010, seuls quatre États américains (la Géorgie, le Texas, l’Utah et l’Alaska) et une province canadienne (l’Alberta) ne sont pas encore dans cette situation.
123Les différences géographiques en matière de vieillissement démographique restent toutefois considérables à l’intérieur des deux pays. La proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus au sein des États américains en 2010 s’étend de 8 % en Alaska à 17 % en Floride, dont les conditions climatiques en font un véritable pôle d’attraction pour les retraités. La carte du vieillissement américain révèle que tous les États du Centre Nord-Ouest (sauf le Minnesota et le Kansas) et quelques États voisins (le Montana, l’Arizona et l’Oklahoma) affichent des proportions relativement fortes de personnes de 65 ans ou plus (au-delà de 13,3 %) (figure 26). De façon similaire, le couloir longeant les Appalaches à l’est du pays réunit des États dont la part des 65 ans et plus est élevée (en particulier le Maine, la Pennsylvanie et la Virginie-Occidentale où elle est supérieure à 15 %). Au contraire, plusieurs États situés à l’ouest se caractérisent par une proportion relativement faible de personnes âgées. Au Canada, la Nouvelle-Écosse possède actuellement la plus forte proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus (16 %), alors que l’Alberta, grâce à un dynamisme économique qui attire beaucoup d’immigrants, affiche la proportion la plus faible (10,6 %). Plus généralement, les populations des provinces de l’Atlantique et du Québec sont les plus âgées, tandis que celles des trois territoires canadiens sont les plus jeunes, même comparées à l’Alberta.
Figure 26
Figure 26
Proportion de la population âgée de 65 ans et plus dans les provinces et territoires canadiens et dans les États américains en 2010Des populations toutefois plus jeunes qu’en Europe
124La proportion actuelle de personnes âgées de 65 ans ou plus aux États-Unis (13 %) et au Canada (14 %) demeure, malgré la hausse enregistrée ces trente dernières années, plus faible que celle des différentes régions d’Europe, à l’exception de l’Europe de l’Est (13 %) (tableau 18). Déjà en 1980, l’Europe du Nord et l’Europe de l’Ouest affichaient des proportions plus importantes de 65 ans ou plus qu’aujourd’hui en Amérique du Nord. L’écart avec l’Europe du Sud, de l’Ouest et du Nord est si marqué en 2010 qu’il porte à croire que les populations des États-Unis et du Canada resteront durablement plus jeunes que ces dernières. Comme le Canada a connu un baby-boom de forte intensité comparativement à l’Europe, et que la fécondité canadienne a ensuite diminué jusqu’à rejoindre celle de la plupart des pays européens, le rythme auquel la population canadienne vieillira devrait être plus rapide au cours des prochaines décennies, lorsque les nombreux baby-boomers se joindront progressivement au groupe des 65 ans et plus.
Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus au Canada, aux États-Unis et en Europe, en 1980 et 2010
Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus au Canada, aux États-Unis et en Europe, en 1980 et 2010
XIII – L’avenir démographique
125Des projections de population sont régulièrement publiées par les instituts nationaux de statistiques d’Amérique du Nord comme dans la plupart des pays du monde. Les projections les plus récentes ont été élaborées au niveau national à l’horizon 2050 pour les États-Unis et 2061 pour le Canada (United States Census Bureau, 2009b pour les projections au niveau national, 2004 pour les projections par État ; Statistique Canada, 2010).
Méthode et hypothèses
126Les projections de population présentées ici prennent en compte les révisions de population liées aux recensements de 2000 pour les États-Unis et de 2006 pour le Canada. Un ensemble, respectivement, de 5 et 6 scénarios ont été établis et appliqués à la population de référence par la méthode classique des composantes. Les populations de référence sont la population au recensement de 2000 pour les États-Unis et la population estimée en 2009 au Canada. Chaque scénario représente une combinaison différente d’hypothèses concernant l’évolution de la fécondité, de la mortalité et des migrations. Pour les projections à un niveau plus fin que le niveau national (États aux États-Unis, provinces et territoires au Canada), des indicateurs spécifiques ainsi que des hypothèses concernant les migrations internes ont été développés par les bureaux de statistique. Pour le Canada, les projections par province et territoire ont été publiées simultanément aux projections nationales mais avec un horizon moins lointain, soit 2036. Pour les États-Unis, les projections par État sont plus anciennes, les plus récentes ayant été publiées en 2005 à l’horizon 2030 [49].
127Au niveau national au Canada, le scénario central suppose le maintien de l’indice synthétique de fécondité à un niveau constant de 1,7 enfant par femme dès la première année projetée et la poursuite du déclin séculaire de la mortalité jusqu’à un niveau d’espérance de vie à la naissance atteignant 84,0 ans chez les hommes et 87,3 ans chez les femmes en 2036 (soit un gain de 5,8 et 4,4 ans pour chacun des deux sexes). Il correspond en outre à un solde migratoire annuel de 252 500 personnes. Au niveau provincial, le scénario central repose sur l’hypothèse que les migrations interprovinciales poursuivront la tendance observée de 1981 à 2008 (Statistique Canada, 2010).
128Aux États-Unis, les hypothèses sont plus complexes car elles ont été établies séparément pour trois grands groupes ethniques (Hispaniques, Noirs non hispaniques, autres). Le tableau 19 présente celles utilisées pour établir la projection moyenne de la population nationale. Au niveau des États, les hypothèses retenues incluaient la tendance migratoire de la période 1995-2000 (United States Census Bureau, 2005 et 2009b).
Composantes du scénario central de la projection de population des États-Unis à l’horizon 2050
Composantes du scénario central de la projection de population des États-Unis à l’horizon 2050
Une croissance démographique encore longtemps vigoureuse
129En 2050, selon le scénario central des projections au niveau national, le Canada compterait 48,6 millions d’habitants et les États-Unis 439,0 millions, soit respectivement 14,5 millions et 128,8 millions de plus qu’en 2010 (tableaux annexes A.13A et A.13B). Dans les deux pays, ces chiffres représentent un gain de 42 % par rapport à la population initiale. La population continuera à croître jusqu’à la fin de la période de projection, mais à un rythme de plus en plus lent : tandis que le taux d’accroissement annuel atteint 10 ‰ aux États-Unis et 12 ‰ au Canada en 2010, il devrait se réduire jusqu’à 8 ‰ et 7 ‰ dans chacun des deux pays en 2050 (pour un taux qui deviendrait négatif à cette date dans de nombreux pays européens, dont la France). La part du taux d’accroissement migratoire augmenterait progressivement au cours du temps, passant de 44 % actuellement à 60 % en 2050 aux États-Unis et de 60 % à 72 % au Canada.
130Les projections de population au niveau régional sont déterminées par une composante supplémentaire par rapport aux projections au niveau national, à savoir les flux migratoires internes. Les résultats des projections (tableau 20) suggèrent que ce sont les États américains du Sud et de l’Ouest qui gagneront le plus de population entre 2010 et 2030. La région des Montagnes verrait en particulier sa population augmenter de plus de 37 % pendant ces deux décennies, et celle de l’Atlantique Sud de 30 %, poursuivant ainsi la tendance observée depuis les années 1980. En revanche, toutes les régions du quart Nord-Est gagneront moins de 10 % de population d’ici 2030 (autour de 3 % dans les régions de l’Atlantique Centre et du Centre Nord-Est). Au Canada, les plus grands bénéficiaires de la croissance à venir seraient la Colombie-Britannique et l’Ontario, avec un accroissement démographique qui atteindrait 31 % et 26 %. Les provinces de l’Atlantique seront celles à la plus faible croissance, notamment Terre-Neuve-et-Labrador, dont la population ne s’accroîtra que de 1 % entre 2010 et 2030.
Résultat des projections régionales, scénario central pour le Canada et les États-Unis : population totale, sexes réunis, 2010-2030
Résultat des projections régionales, scénario central pour le Canada et les États-Unis : population totale, sexes réunis, 2010-2030
Un vieillissement inéluctable de la population
131Les populations canadiennes et américaines continueront à vieillir au cours des prochaines décennies, poursuivant un processus engendré par la baisse de la fécondité mais qui ira en s’accélérant au cours du temps (figure 27). Le phénomène sera particulièrement marqué au cours des deux décennies à venir du fait des générations du baby-boom de plus en plus nombreuses à atteindre l’âge de 65 ans. Il se reflète clairement dans les pyramides des âges, résultant des projections discutées précédemment, et dont la forme en cloche s’accentue. Le rétrécissement observé à la base des pyramides de 2030 et 2050 pour le Canada illustre la fécondité particulièrement faible qui caractérise ce pays depuis la fin des années 1970.
Figure 27
Figure 27
Pyramides des âges au Canada et aux États-Unis, en 2010, 2030 et 2050132En 2010, la part des personnes âgées de 65 ans ou plus représente 14 % de la population totale au Canada et 13 % aux États-Unis (tableaux annexes A.13A et A.13B). En 2030, ces proportions atteindront 23 % et 19 %, et en 2050, 25 % et 20 %. Les populations d’Amérique du Nord resteraient relativement jeunes comparées aux populations européennes où plus d’une personne sur quatre sera âgée de 65 ans ou plus dès 2040 (31 % en Italie et en Allemagne) (Adveev et al., 2011). En 2010, le Canada comptait 4,8 millions de personnes âgées de 65 ans ou plus, et les États-Unis 40,2 millions. Ces chiffres vont plus que doubler d’ici 2050 pour atteindre 12,0 millions et 88,5 millions. Le nombre de personnes âgées dépassera le nombre d’enfants de moins de 15 ans dès 2017 au Canada, mais en 2032 seulement aux États-Unis du fait de la fécondité plus vigoureuse des trente dernières années.
Une explosion du nombre de centenaires
133Le passage des générations du baby-boom aux âges les plus élevés, combiné aux progrès de la médecine, laisse présager une explosion du nombre des personnes très âgées (80 ans ou plus) et centenaires. Il y a actuellement 1,3 million de personnes de 80 ans et plus et 6 000 centenaires au Canada. Aux États-Unis, ces chiffres s’élèvent à 9,3 millions et 53 000. D’ici 2050, la population des 80 ans et plus serait multipliée par 3,5 au Canada et 2,9 aux États-Unis, celui des centenaires par 8 et 7.
134Les femmes représenteront la grande majorité des personnes très âgées, avec un rapport de masculinité qui s’établirait en 2050 à 78 hommes pour 100 femmes pour les 80 ans et plus au Canada mais seulement 29 hommes pour 100 femmes parmi les centenaires, et à 73 et 41 hommes pour 100 femmes aux États-Unis. Du fait de la baisse plus rapide de la mortalité chez les hommes que chez les femmes au cours de la période récente, ces chiffres représentent toutefois une amélioration progressive de l’équilibre entre les sexes pour les décennies futures. En effet, il y a actuellement 60 hommes pour 100 femmes âgées de 80 ans et plus dans les deux pays et 24 hommes pour 100 femmes centenaires.
Un rapport de dépendance démographique aggravé
135Selon le scénario central des projections démographiques, la part des enfants de moins de 15 ans dans la population totale augmentera très faiblement jusqu’en 2025 au Canada et passera de 16,5 % en 2010 à 16,8 % à cette date. Elle diminuera ensuite très lentement pour atteindre 15,6 % en 2050. Aux États-Unis, plus d’une personne sur cinq est actuellement âgée de moins de 15 ans et cette proportion diminuera peu, bien que très régulièrement, jusqu’en 2050 (passant de 20,1 % à 19,3 %). Le recul de la part des jeunes dans la population totale et l’accroissement rapide de celle des personnes âgées conduisent à une dégradation du rapport de dépendance, c’est-à-dire du nombre de personnes âgées de moins de 15 ans et de 65 ans ou plus au nombre de personnes âgées de 15 à 64 ans.
136Le rapport de dépendance, qui s’établit en 2010 à 44 pour 100 au Canada et à 49 aux États-Unis, atteindra 67 et 65 dans ces deux pays en 2050. Le phénomène sera particulièrement marqué pour le rapport de dépendance des personnes âgées, c’est-à-dire pour le rapport du nombre de personnes âgées de 65 ans ou plus au nombre de personnes âgées de 15 à 64 ans. Tandis que ce rapport s’établit actuellement à 20 au Canada et 19 aux États-Unis, il montera à 41 et 33 d’ici à 2050. Ces changements de la structure par âge de la population auront sans aucun doute des conséquences importantes sur les structures économiques et sociales des pays concernés. Les projections démographiques permettent justement aux gouvernements de les anticiper en adoptant des instruments politiques permettant de les adoucir.
Vue d’ensemble
137La démographie du Canada et des États-Unis se caractérise par son dynamisme depuis le début des années 1980. Au Canada, l’essentiel de la croissance démographique se nourrit d’un taux d’accroissement migratoire largement positif. La fécondité s’est stabilisée depuis une trentaine d’années à un niveau un peu supérieur à 1,5 enfant par femme tandis que la mortalité a continué à se réduire, avec une espérance de vie à la naissance qui atteint 78 ans pour les hommes et 83 ans pour les femmes en 2007. De tels niveaux impliquent un vieillissement progressif de la population, dont l’âge médian a augmenté de 7 ans entre 1980 et 2007. Environ une personne sur sept y est aujourd’hui âgée de 65 ans ou plus. L’accroissement naturel y est faible, bien que toujours supérieur à zéro puisqu’il s’établit à 4 ‰ en 2008-2009, mais ajouté à un accroissement migratoire qui atteint 9 ‰, la croissance démographique totale (presque 1,3 % par an) est toujours vigoureuse, en particulier si on la compare à celle des pays européens.
138Elle est un peu plus faible aux États-Unis (0,9 %), mais le rôle de l’accroissement naturel y est plus important grâce à un niveau de fécondité proche du seuil de remplacement des générations en 2007. La différence actuelle de fécondité entre les deux pays s’explique essentiellement par des taux beaucoup plus élevés qu’au Canada parmi les femmes de moins de 30 ans. La mortalité y est également plus élevée : l’espérance de vie à la naissance y atteint 76 ans pour les hommes et 81 ans pour les femmes en 2009. Les États-Unis accueillent le plus grand nombre d’immigrants au monde avec environ un million d’entrées par an, mais rapporté à la population, ce chiffre représente un taux d’immigration deux fois moindre que celui observé au Canada où une personne sur cinq est née à l’étranger, contre une sur huit aux États-Unis.
139L’évolution récente de la fécondité, de la mortalité et des migrations internationales dans les deux pays d’Amérique du Nord leur garantit un avenir démographique plus dynamique que dans la vaste majorité des autres pays à hauts revenus, avec une population qui continuera à croître, bien que de moins en moins vigoureusement au cours des quarante prochaines années, et un processus de vieillissement démographique qui se déroulera aux États-Unis plus lentement qu’ailleurs. Le problème démographique le plus aigu actuellement n’est donc pas, comme en Europe, un déclin annoncé de la population, mais des inégalités géographiques et sociales qui n’ont cessé de croître depuis le début des années 1980 et se traduisent en particulier par des différences considérables en matière de santé et de mortalité entre régions et groupes sociaux.
Remerciements : Nous remercions Josephine Zamudio pour son travail attentif de collecte, de traitement et de présentation des données statistiques et bibliographiques. Sans elle, cette chronique n’aurait pu être menée à terme dans les délais impartis. Nos remerciements s’étendent aussi à l’Institut national d’études démographiques, au U.S. National Institute on Aging (pour les subventions n°R01 AG011552 et P30 AG012839) et au Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture pour leur soutien financier.
Groupes de causes de décès et rubriques correspondantes de la Classification internationale des maladies (9e et 10e révisions)
Taux comparatif de mortalité (pour 100 000) par sexe et grand groupe de causes de décès(a)
Taux comparatif de mortalité (pour 100 000) par sexe et grand groupe de causes de décès(a)
Taux comparatif de mortalité (pour 100 000) par sexe et grand groupe de causes de décès(a)
Structure de la population par grand groupe d’âges, âge médian (années) et rapport de dépendance (%)
Structure de la population par grand groupe d’âges, âge médian (années) et rapport de dépendance (%)
Résultats des projections selon le scénario central, Canada, 2010-2061 Population totale et par grand groupe d’âges, rapport de masculinité
Résultats des projections selon le scénario central, États-Unis, 2000-2050 Population totale et par grand groupe d’âges, rapport de masculinité
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Notes
-
[1]
Le Territoire du Nunavut n’existe que depuis 1999. Il était auparavant intégré aux autres Territoires du Nord-Ouest du point de vue statistique.
-
[2]
Les travaux de démographie historique sur le Québec doivent beaucoup au programme de reconstitution des familles mis en œuvre par des chercheurs de l’Université de Montréal et dont les données et les résultats sont disponibles sur le site Internet suivant : http://www.genealogie.umontreal.ca/ (consulté le 21 juin 2012).
-
[3]
Le terme « Amérindiens » désigne les premiers occupants de l’Amérique du Nord, c’est-à-dire ceux qui peuplaient ce territoire avant l’arrivée de Christophe Colomb ainsi que leurs descendants.
-
[4]
Cette émigration n’a été que très faiblement compensée par un mouvement en sens inverse, qui a vu environ 100 000 loyalistes à la couronne britannique fuir les États-Unis vers le Canada, principalement autour de 1780 (Walker, 2008).
-
[5]
Ministère de la Justice, Canada, http://www.justice.gc.ca/fra/pi/rs/rap-rep/2002/dr02_8-rp02_8/p2.html, consulté le 19 juin 2012.
-
[6]
Les notions de « race » et d’ « ethnie » présentées ici correspondent à la traduction littérale des concepts américains et ne reflètent pas la position des auteures quant à leur utilisation. Les catégories raciales du tableau 4 sont traduites des termes suivants : White, Black, American Indian and Alaska Native, Asian and Pacific Islander, Some other race alone, Two or more races ; et pour les catégories ethniques : Hispanic or Latino, Not Hispanic or Latino, White alone.
-
[7]
Statistique Canada, http://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2006/as-sa/97-555/table/A6-eng.cfm, consulté le 19 juin 2012.
-
[8]
En dollars constants de 2010. Source : Base de données de la Banque mondiale, consultée le 2 mars 2012.
-
[9]
Base de données http://www.oecd-ilibrary.org/social-issues-migration-health/society-at-a-glance_19991290, consultée le 2 mars 2012.
-
[10]
Luxembourg Income Study, http://www.lisdatacenter.org/data-access/, consulté le 2 mars 2012.
-
[11]
Country Note: Canada, OCDE, 2008, Growing Unequal? Income Distribution and Poverty in OECD Countries.
-
[12]
Country Note: United States, OCDE, 2008, Growing Unequal? Income Distribution and Poverty in OECD Countries.
-
[13]
Pour plus d’informations sur les niveaux et tendances de la fécondité dans les pays européens, le lecteur peut se reporter à la précédente chronique de conjoncture de Population qui leur est consacrée (Adveev et al., 2011). La définition des régions européennes adoptée ici suit celle d’Adveev et al. par souci de cohérence.
-
[14]
Les catégories «Hispaniques», «Blancs non hispaniques» et «Noirs non hispaniques» n’ont été introduites dans les statistiques officielles qu’à partir de 1989.
-
[15]
La différence était de 1,5 an entre les deux indicateurs au Canada au cours des années 2000-2004, les seules pour lesquelles ils sont disponibles simultanément (l’âge moyen étant supérieur à l’âge médian).
-
[16]
Tableau 131 du Statistical Abstract of the United States 2012, United States Census Bureau.
-
[17]
Statistique Canada, http://www.statcan.gc.ca/pub/91-209-x/2004000/part1/t/ta6-5-fra.htm, consulté le 29 juin 2012.
-
[18]
Canada : Statistique Canada (2008) ; États-Unis : Goodwin et al. (2010).
-
[19]
Bramlett et Mosher (2002) pour l’enquête de 1995 ; Goodwin et al. (2010) pour l’enquête de 2002.
-
[20]
Les données présentées par les Nations unies résultent d’enquêtes nationales dont les modalités sont très variables, notamment en termes de représentativité et de formulation des questions. Si pour les États-Unis les chiffres présentés sont représentatifs de la population nationale et s’appuient sur une enquête réalisée auprès de 38 000 femmes, pour le Canada, les données proviennent d’une enquête téléphonique dont la représentativité est inconnue. Par ailleurs, les Canadiennes pouvaient fournir plusieurs réponses à la question sur l’utilisation de la contraception tandis que les Américaines étaient interrogées sur la principale méthode utilisée (une réponse possible). La comparabilité des données présentées dans le tableau 9 est donc difficile à établir et leur interprétation compliquée, d’autant plus que les périodes de référence varient d’un pays à l’autre.
-
[21]
États-Unis – National Center for Health Statistics (Annual Abortion Surveillance Reports, http://www.cdc.gov/reproductivehealth/Data_Stats/Abortion.htm), base de données de l’Institut Guttmacher (http://www.guttmacher.org/datacenter/index.jsp) ; Canada – Statistique Canada jusqu’en 1994 (base de données CANSIM) et Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) depuis 1994.
-
[22]
Cette base de données combine les déclarations auprès du Centre national de statistique sur la santé et les résultats d’une enquête permanente auprès de l’ensemble des établissements pratiquant l’intervention. Elle est considérée comme la source de données actuellement la plus complète et la plus fiable à l’échelle du pays (www.guttmacher.org, consulté le 30 janvier 2012).
-
[23]
Définies au sens large, c’est-à-dire incluant non seulement les avortements volontaires et les grossesses menées à terme chez les femmes qui n’auraient plus souhaité d’autres enfants, mais aussi les grossesses mal planifiées (survenant plus tôt que prévu).
-
[24]
Pour plus d’informations sur les niveaux et tendances de la mortalité dans les pays européens, voir la chronique de Population qui leur est consacrée (Adveev et al., 2011).
-
[25]
Bien que la plupart des pays industrialisés aient enregistré un tel retournement, les pays anglo-saxons ont été les premiers à le connaître (Meslé, 2004).
-
[26]
En utilisant une approche par génération (année de naissance) plutôt que par période (année de calendrier), Preston et Wang (2006) ont démontré l’étroite relation existant entre l’évolution de l’écart d’espérance de vie entre les sexes et celle des différences de consommation de tabac.
-
[27]
Pour des informations plus détaillées sur les niveaux et tendances de la mortalité infantile dans les provinces et territoires canadiens et dans les États américains depuis 1980, le lecteur peut se reporter au tableau annexe A.7.
-
[28]
MacDorman et Mathews (2008) ont d’ailleurs documenté la dégradation de la position des États-Unis au classement mondial du taux de mortalité infantile au cours des dernières décennies : le pays est passé du 12e rang en 1960 au 23e en 1990, puis au 29e rang en 2004.
-
[29]
Pour plus d’informations sur les niveaux et tendances de la mortalité adulte dans les provinces et territoires canadiens et dans les États américains, le lecteur peut se reporter au tableau annexe A.8.
-
[30]
Le programme Medicare, créé en 1965 (Titre XIX du Social Security Act) et mis en œuvre l’année suivante, est un système d’assurance-santé géré par le gouvernement des États-Unis et destiné aux personnes âgées d’au moins 65 ans ou répondant à d’autres critères (par exemple, personnes invalides ou souffrant d’insuffisance rénale terminale) (Centers for Medicare & Medicaid Services, 2011 ; Social Security Administration, 2011). Une partie des coûts de soins de santé sont pris en charge par le programme, mais celui-ci ne couvre pas l’ensemble des frais médicaux, ni les coûts liés aux soins de longue durée. Le programme Medicaid, créé au même moment que Medicare, offre une couverture médicale aux individus et familles à faible revenu ou ressources limitées. Contrairement à Medicare, Medicaid est géré au niveau de chaque État.
-
[31]
L’accroissement de la mortalité par empoisonnement accidentel depuis la fin des années 1990 (Miech et al., 2011) y a visiblement contribué.
-
[32]
À l’échelle des comtés américains, soit l’unité géographique la plus fine pour laquelle des données sur la mortalité sont systématiquement disponibles aux États-Unis, l’écart d’espérance de vie à la naissance est encore plus marqué. En 1999, il atteignait 18,2 ans pour les hommes et 12,7 ans pour les femmes (Ezzati et al., 2008).
-
[33]
Selon les auteurs, ce renversement de tendance s’explique par une poursuite de la baisse de la mortalité dans les régions les plus avantagées du pays d’une part, et une stagnation, voire une augmentation, de la mortalité dans les plus défavorisées d’autre part.
-
[34]
Au début des années 1920, l’écart absolu entre les provinces canadiennes affichant les espérances de vie maximale et minimale s’établissait à 10 ans environ pour chaque sexe. Vers la fin des années 1970, il n’était plus que d’environ 2 ans (Base de données sur la longévité canadienne, 2012).
-
[35]
Avant 1980, le Québec occupait presque toujours le dernier rang du classement provincial de l’espérance de vie à la naissance (Base de données sur la longévité canadienne, 2012).
-
[36]
Au Canada comme dans plusieurs autres pays développés, les immigrants semblent bénéficier d’un avantage de survie à presque tous les âges comparés aux natifs (Sharma et al., 1990 ; Trovato, 1993 ; Chen et al., 1996 ; Bourbeau, 2002). Outre le fait que le processus d’immigration soit sélectif par nature et qu’il tende à sélectionner les jeunes et les individus en bonne santé, tous les immigrants sont tenus de passer un examen médical avant d’être admis au Canada (il en est de même aux États-Unis). Les personnes présentant de graves problèmes de santé sont renvoyées dans leur pays. La sélectivité, en termes de santé, s’en trouve ainsi renforcée. Une autre hypothèse a trait à leurs habitudes tabagiques à long terme, généralement moins marquées que celles des natifs. Cette hypothèse s’est avérée probante aux États-Unis et pourrait l’être aussi au Canada (Blue et Fenelon, 2011).
-
[37]
Pour construire ce qu’ils définissent comme « indice de défavorisation » (index of deprivation), les auteurs se sont inspirés des propositions de Townsend (1987) relatives au concept de deprivation et à l’indice correspondant qu’il a développé. Cet indicateur correspond aux indices de précarité utilisés en Europe.
-
[38]
Les données pour l’espérance de vie à la naissance selon le quintile de désavantage ne sont pas disponibles pour le Canada.
-
[39]
Un indice de « défavorisation » développé par Singh et Siahpush (2006) composé de onze indicateurs socio-économiques (Pampalon et al. (2009c) en utilisent six), a servi à la répartition de la population américaine en déciles.
-
[40]
Comme dit précédemment (section II), un régime de quotas par nationalité (National Origins Formula) était en vigueur entre 1924 et 1965 aux États-Unis. Il a eu pour effet de limiter le nombre annuel d’immigrants européens à 150 000, d’interdire l’entrée d’immigrants asiatiques et d’avantager très fortement les Européens de l’Ouest et du Nord (Daniel, 2003b). Ce régime a été aboli par la loi de 1965 (Immigration and Nationality Act of 1965, aussi connue sous le nom de Hart-Celler Act).
-
[41]
Pour plus d’informations à propos de cette loi, le lecteur peut se reporter à Daniel (2003b).
-
[42]
Le nombre d’immigrés illégaux (constitués essentiellement des immigrés entrés clandestinement aux États-Unis, des immigrés entrés avec un visa valide qui a expiré et des immigrés ayant enfreint leurs conditions d’admission) a été estimé à 11,3 millions en 2006, soit près du tiers de la population immigrée américaine totale (Passel et Cohn, 2010). Pour le Canada, il n’existe pas d’estimation précise du nombre d’immigrés illégaux, mais il pourrait se situer autour de 0,5 million, correspondant ainsi à 8 % de la population née à l’étranger (Magalhaes et al., 2010).
-
[43]
Le Luxembourg et la Suisse accueillent beaucoup moins d’immigrés que le Canada en nombre absolu, mais ils affichent des proportions plus élevées de personnes nées à l’étranger (Pison, 2010).
-
[44]
La plupart des immigrants admis dans cette catégorie sont parrainés par un employeur américain.
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[45]
Chaque année, 55 000 visas (dont 5 000 sont, depuis 1999, temporairement réservés à certains demandeurs d’asile concernés par la Nicaraguan Adjustment and Central American Relief Act of 1997) sont octroyés à des citoyens de pays présentant un faible taux d’immigration aux États-Unis par un système de loterie (sélection aléatoire des candidats à partir des demandes jugées recevables) (Wasem et Ester, 2004). Cette loterie a débuté en 1995, après une période de transition entre 1992 et 1994.
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[46]
Ces objectifs contrastent avec ceux poursuivis par la politique d’immigration aux États-Unis, qui accorde une priorité écrasante au rapprochement familial.
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[47]
La population des moins de 15 ans a d’ailleurs diminué en valeur absolue entre 1980 et 2010 dans plusieurs provinces canadiennes. Les diminutions enregistrées au Québec, en Saskatchewan et dans les provinces de l’Atlantique sont particulièrement importantes (tableaux annexes A.1 et A.12). Aux États-Unis, seuls six États se trouvent dans cette situation (Dakota du Nord, District de Columbia, Louisiane, Maine, Michigan et Virginie-Occidentale).
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[48]
Les États de Virginie-Occidentale et de Floride, qui détenaient les âges médians les plus élevés aux États-Unis en 1990 et 2000, affichent désormais des âges médians inférieurs à ceux enregistrés dans les États du Maine, du Vermont et du New Hampshire (dans le cas de la Floride) (Howden et Meyer, 2011).
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[49]
Pour permettre la comparaison entre les deux pays, ne sont présentés ici que les résultats des projections pour la période 2010-2050 au niveau national et 2010-2030 au niveau régional.