« La diplomatie des villes doit être reconnue comme un levier des politiques internationales. » C’est la demande solennelle de trois Prix Nobel de la paix, auxquels s’est joint l’historien camerounais Achille Mbembe, dans une tribune publiée par Le Monde le 15 décembre 2022. Les signataires tirent argument du fait que, « de Kiev à Goma, les maires sont en première ligne des crises aiguës de notre temps » pour exiger de « reconnaître et d’intégrer, non pas comme simple relais des stratégies centralisées, mais comme un acteur à part entière de l’ajustement et de la gestion des politiques de coopération, la diplomatie des villes ».
Si l’expression « diplomatie des villes » sonne bien et apparaît comme parlant d’elle-même, le discours de ces Prix Nobel se présente comme un plaidoyer appelant une reconnaissance. En clair, on peut voir dans la diplomatie des villes un objet-frontière dont la robustesse n’est pas clairement établie et qui implique que ses défenseurs, chercheurs ou praticiens, soient inlassablement tenus d’en faire valoir les vertus.Considérer la diplomatie des villes comme un objet-frontière signifie que des acteurs vont trouver un intérêt à le constituer, à en faire une réalité dans l’action et à travailler à son institutionnalisation, alors que d’autres iront jusqu’à soigneusement en éviter l’usage, mettant en doute la pertinence du sens même de l’expression tel qu’il semble vouloir s’imposer, chacun des acteurs étant mû par des intérêts spécifiques en rapport avec son identité propre…