Notes
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[1]
D. Bach, « Dominance Without Power: Nigeria’s “Manifest Destiny” in Africa », Africa Spectrum , n2, 2007, p.301-321.
-
[2]
Communiqué final de la session extraordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement sur la Côte d’Ivoire , Abuja, 24 décembre 2010.
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[3]
Goodluck Jonathan a remporté l’élection présidentielle du 16 avril 2011 avec 58,89% des suffrages. Le 9 avril, le PDP a également remporté la majorité absolue pour les élections à la Chambre des représentants (54,48%) et au Sénat (62,36%).
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[4]
L’hypothèse moins extrême et moins risquée d’un blocus naval est un temps évoquée.
-
[5]
Entretien avec un diplomate français, Paris, 19 avril 2011.
-
[6]
Brésil, Afrique du Sud, Inde, Chine.
-
[7]
Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud.
-
[8]
Voir notamment D. Lee, I. Taylor et P. D. Williams (dir.), The New Multilateralism in South African Diplomacy , Basingstoke, Palgrave MacMillan, 2006.
-
[9]
Entretien avec un diplomate français, Paris, 19 avril 2011.
-
[10]
Entretien téléphonique avec un diplomate de l’Union européenne, 16 mars 2011.
-
[11]
Entretien avec un diplomate français, Paris, 19 avril 2011.
-
[12]
Communiqué de la 259e réunion du Comité de paix et de sécurité , Addis-Abeba, 28 janvier 2011.
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[13]
Selon les mots de la ministre sud-africaine des Relations internationales.
-
[14]
Un diplomate sud-africain explique ainsi: « Cela a marché chez nous, pourquoi cela ne marcherait-il pas en Côte d’Ivoire ? ». entretien avec un diplomate sud-africain, Paris, 24 mars 2011.
-
[15]
Intervention de Toussaint Alain, porte-parole de Gbagbo en Europe, lors de la conférence « Côte d’Ivoire: quelle sortie de crise ? », organisée par l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne (IESUE), Paris, 25 janvier 2011.
-
[16]
« CEDEAO: Gbeho fustige les soutiens de Gbagbo dans la crise ivoirienne », Jeuneafrique.com , 9 février 2011.
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[17]
Press Statement by the President of the ECOWAS Commission on the Current Crisis in Côte d’Ivoire , Abuja, 10 février 2011.
-
[18]
L’Angola, dernier soutien de Gbagbo, doit se résoudre à faire de même quelques jours plus tard.
-
[19]
Entretien téléphonique avec un diplomate de l’UE, 16 mars 2011.
-
[20]
Entretien téléphonique avec un diplomate de l’UE, 4 mai 2011.
-
[21]
Conseil de sécurité des Nations unies, « Résolution 1 975 », New York, 30 mars 2011.
-
[22]
Entretien avec un diplomate français, Paris, 20 avril 2011.
-
[23]
A. Raufu Mustapha, « Challenges for Nigeria’s Foreign Policy in the Post-Cold War Era », in A. Adebajo et A. Raufu Mustapha (dir.), Gulliver’s Troubles. Nigeria’s Foreign Policy after the Cold War , Scottsville, University of KwaZulu-Natal Press, 2008, p. 369-382.
-
[24]
Comme le démontre l’évolution de ses discussions avec l’UE sur le Zimbabwe. Voir V. Darracq, Quelle politique pour l’UE au Zimbabweaujourd’hui? , Paris, Institut d’études de sécurité de l’Union européenne (IESUE), décembre 2010, « Occasional Paper », n87.
-
[25]
Le sommet COP17 sur le changement climatique aura lieu à Durban du 28 novembre au 9 décembre 2011.
1Du 28 novembre 2010, jour du second tour des élections présidentielles ivoiriennes, à la capture de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, la Côte d’Ivoire a connu une crise post-électorale qui a mobilisé les énergies des diplomates du monde entier.
2Quatre jours après le scrutin, la Commission électorale indépendante (CEI) annonce que le décompte des voix donne l’opposant Alassane Ouattara vainqueur contre le sortant Laurent Gbagbo, avec 54,1 % des voix. Le 3 décembre, le Conseil constitutionnel déjuge la CEI et, après annulation des résultats dans sept départements, proclame la victoire de Gbagbo avec 51,45 % des suffrages. Le même jour, le représentant spécial du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) en Côte d’Ivoire, Choi Young-Jin, dépositaire d’un mandat de certification des résultats par ordonnance présidentielle du 14 avril 2008, confirme la victoire de Ouattara. Malgré cela, Gbagbo est investi président le lendemain. Le coup de force électoral de Gbagbo entraîne des condamnations sans équivoque de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union africaine (UA), de l’ONU, de l’Union européenne (UE) et des États-Unis. Tous reconnaissent les résultats validés par Choi et la victoire de Ouattara. Le coup de force (ré-)ouvre une période de forte instabilité interne, accompagnée de grandes manœuvres diplomatiques.
3Il est particulièrement intéressant de revenir sur les rapports de force et les marchandages qui se sont noués autour du dossier ivoirien, et plus précisément sur les stratégies des deux grandes puissances subsahariennes que sont le Nigeria et l’Afrique du Sud. Du fait de leur potentiel économique, diplomatique et militaire et de leur statut de leader régional respectivement en Afrique de l’Ouest et en Afrique australe, ces deux pays ont été identifiés par les institutions internationales et les puissances occidentales comme des interlocuteurs privilégiés, notamment sur les enjeux de sécurité et de gestion des crises. Ils sont aujourd’hui les deux aspirants africains les plus crédibles à un siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.
4Ces deux puissances entretiennent une relation complexe, entre nécessaire collaboration sur les grands dossiers africains et rivalité pour le leadership continental. Leurs interactions et leurs affrontements ont grandement déterminé l’issue de la crise électorale ivoirienne. Quelles ont été leurs stratégies ? Pour quels résultats ? Que nous disent-elles des principes de leur diplomatie ?
Le Nigeria et la CEDEAO: le respect du verdict des urnes
5Sa démographie (il est le pays le plus peuplé d’Afrique), son économie (il est le premier producteur de pétrole africain) et son potentiel militaire (il détient la deuxième armée du continent) donnent au Nigeria les moyens d’être un géant africain. De fait, depuis l’indépendance, le Nigeria professe l’ambition quasi millénariste d’être le « champion » de l’Afrique, qui promouvrait et garantirait une pax africana [1]. Depuis les années 1990, il a construit son profil de puissance africaine à travers un investissement militaire dans la résolution des conflits en Afrique de l’Ouest (Liberia et Sierra Leone notamment), une forte participation aux missions internationales de maintien de la paix et un grand activisme diplomatique sous le règne du président Olusegun Obasanjo. Le Nigeria a le plus souvent agi dans le cadre multilatéral de la CEDEAO, organisation régionale qu’il domine largement et qui s’est imposée comme l’interlocuteur incontournable de la communauté internationale dans la gestion des crises de la région.
La menace de l’intervention militaire
6C’est tout naturellement que la CEDEAO prend d’emblée le leadership dans une crise ivoirienne relevant de son champ d’action géographique. Lors d’un sommet extraordinaire des chefs d’État le 7 décembre 2010, la CEDEAO présidée par le président nigérian Goodluck Jonathan prend fermement position en endossant les résultats électoraux proclamés par la Commission électorale ivoirienne et certifiés par l’ONU, qui font de Ouattara le vainqueur légitime, et en appelant Gbagbo à céder immédiatement le pouvoir. Cette position est réaffirmée par le sommet extraordinaire des chefs d’État du 24 décembre. Dans les jours qui suivent, une équipe de médiation de la CEDEAO, constituée de trois chefs d’État (Bénin, Cap-Vert, Sierra Leone), se rend à deux reprises à Abidjan – les 28 décembre et 3 janvier – pour rencontrer les protagonistes de la crise ivoirienne et faire entendre raison à Gbagbo, sans succès. Surtout, le communiqué officiel du sommet du 24 décembre 2010 évoque une nouvelle option, celle de la force. La CEDEAO envisage désormais officiellement une intervention militaire en Côte d’Ivoire pour y faire respecter le verdict des élections si les négociations n’aboutissent pas [2].
7En quelques semaines, l’option militaire s’impose comme un choix satisfaisant, approuvé par les membres de la CEDEAO. Deux réunions des chefs d’état-major de l’organisation se tiennent les 28 et 29 décembre 2010 et du 18 au 20 janvier 2011 pour envisager les modalités pratiques d’une intervention. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, le Nigeria demande officiellement le 24 janvier 2011 une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui permettrait à la CEDEAO d’user de la force en Côte d’Ivoire en cas d’échec des médiations.
Les causes de la fermeté
8Derrière cette fermeté affichée par la CEDEAO, il faut discerner les intentions du Nigeria. En se positionnant sans ambiguïté en faveur du respect des résultats reconnus par la communauté internationale, le Nigeria se présente internationalement comme un pays légitimiste et pro-démocratie. Pourtant, son propre déficit démocratique (élections régulièrement contestées, entachées de fraudes et de violences meurtrières) est un de ses plus sérieux handicaps dans la compétition qui l’oppose à l’Afrique du Sud pour un poste permanent au Conseil de sécurité. Ce comportement est particulièrement significatif à l’approche des élections législatives (9 avril) et présidentielles (16 avril) nigérianes, dont les dirigeants du Parti démocratique populaire (People’s Democratic Party, PDP) au pouvoir veulent faire une vitrine de la consolidation démocratique du pays [3].
9Pour le Nigeria, il faut également agir de manière décisive et rapide afin de prévenir les risques de déstabilisation régionale. Après des élections ayant traîné en longueur en Guinée, il n’est pas question de laisser s’enkyster une nouvelle crise électorale violente dans la sous-région. Ce d’autant plus que la Côte d’Ivoire est un des pays moteurs de la croissance économique régionale, où vivent environ 4 millions d’immigrés de la CEDEAO. À ce titre, le positionnement du Nigeria dans la crise ivoirienne est à rapprocher de son intervention dans le processus électoral béninois : le 18 mars 2011, jour de l’annonce des résultats de l’élection présidentielle donnant Boni Yayi réélu – résultats vivement contestés par ses adversaires –, le président Goodluck Jonathan se rend à Cotonou pour exhorter l’opposition à accepter pacifiquement les résultats, tout en la menaçant à mots couverts.
10Enfin, le positionnement nigérian ne se comprend qu’en relation avec des enjeux de politique intérieure, ici l’élection présidentielle d’avril 2011. Le président sortant Jonathan est candidat à sa propre succession, mais cette ambition suscite des résistances. En effet, dans ce pays religieusement et ethniquement polarisé qu’est le Nigeria, une règle informelle relative à l’élection présidentielle est essentielleau sein du parti dominant, le PDP: l’alternance géographique au pouvoir. Présidents issus du Nord majoritairement musulman et du Sud chrétien doivent donc alterner. Ainsi, après les deux mandats du chrétien Obasanjo, un musulman du Nord, Umaru Yar’Adua, lui a succédé en 2007. Jonathan, vice-président, a accédé à la magistrature suprême en cours de mandat, à la mort du président Yar’ Adua après seulement trois années au pouvoir, en 2010. Dans la perspective de l’élection d’avril 2011 se pose donc la question de l’interprétation de la règle non écrite et de la légitimité de la candidature du chrétien du Sud Jonathan. En soutenant en Côte d’Ivoire le musulman Ouattara contre le chrétien Gbagbo, Jonathan donne des gages à l’électorat musulman nigérian.
L’abandon de l’option militaire
11L’enthousiasme créé autour de l’option militaire en janvier retombe cependant peu à peu, à mesure que le front uni de la CEDEAO se fissure. Le Ghana, en particulier, lui porte un rude coup. Début janvier 2011, le président John Atta Mills annonce que le Ghana entend rester neutre dans la crise ivoirienne et qu’il ne fournira pas de soldats à une intervention de la CEDEAO. Le pays faisait figure de « maillon faible » de l’organisation depuis le début des tensions: en cause, les affinités idéologiques entre le Front populaire ivoirien (FPI) de Gbagbo et le National Democratic Congress (NDC) au pouvoir au Ghana.
12La réflexion des chefs d’état-major de la CEDEAO bute aussi sur les modalités concrètes d’une intervention, qui paraît logistiquement délicate face à un appareil de sécurité ivoirien alors encore officiellement fidèle au régime Gbagbo [4]. En outre, la CEDEAO n’a jamais été en mesure d’obtenir une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies l’autorisant à utiliser la force. Parmi les membres permanents, la Chine et surtout la Russie [5], toujours très sourcilleuses sur la souveraineté étatique, n’étaient pas prêtes à l’autoriser.
13Au sein même de l’État nigérian, des dissensions apparaissent. Le ministre des Affaires étrangères, sans doute plus lucide sur les capacités d’une armée nigériane mal équipée, se montre singulièrement moins va-t-en-guerre que le président et ne paraît guère désireux de voir le Nigeria porter seul le poids militaire et financier d’une intervention. Le secteur commercial et financier se montre tout aussi circonspect. En outre, les élections présidentielles et législatives d’avril se rapprochent: leur organisation nécessite un déploiement massif de l’armée pour pacifier la campagne et le gouvernement nigérian semble de moins en moins enclin à s’investir dans une intervention extérieure.
14Lorsque le sommet de l’UA sur la Côte d’Ivoire s’ouvre fin janvier 2011, la possibilité d’engager militairement la CEDEAO semble être abandonnée.
L’Afrique du Sud, ou la voie alternative
15Servie par son soft power (exemple d’une transition négociée réussie, démocratie stable, prestige international de son premier leader Nelson Mandela) et un poids économique sans égal en Afrique, l’Afrique du Sud post-apartheid s’affirme depuis 1994 comme une puissance majeure du continent. Adepte du multilatéralisme et très active au sein des forums internationaux, elle s’est vue reconnaître par la communauté internationale – plus que par des pairs africains parfois réticents – un statut de porte-parole des intérêts de l’Afrique. Cela lui permet d’être considérée comme un interlocuteur légitime aussi bien au sein des coalitions Sud/Sud (dans des groupes tels que le Groupe des 77, les BASIC [6] ou les BRICS [7]), qui œuvrent pour une refonte du système international au profit des pays en développement, que par les partenaires du Nord trop heureux de pouvoir identifier un État stable pour développer leurs relations avec le continent [8].
16L’Afrique est un terrain central de la stratégie diplomatique sud-africaine. L’Afrique du Sud a initié et porté les grands projets d’intégration régionale (UA, Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique [New Partnership for Africa’s Development, NEPAD], African Peer Review Mechanism [APRM]). Elle s’est directement investie, et sans compter, dans la résolution des crises (République démocratique du Congo [RDC], Burundi, Zimbabwe, Soudan, etc.). Déjà active par le passé en Côte d’Ivoire puisque Thabo Mbeki, alors président, avait fait office de médiateur au nom de l’UA entre les parties ivoiriennes de 2004 à 2006, l’Afrique du Sud se devait de s’impliquer dans la crise post-électorale ivoirienne.
Une position divergente
17La première réaction de l’Afrique du Sud aux événements en Côte d’Ivoire est très prudente : par un communiqué du 4 décembre 2010, l’Afrique du Sud « prend note » de la situation. Le deuxième communiqué, le 8 décembre, est toujours circonspect (la victoire de Ouattara n’est pas mentionnée), mais suit la même ligne que le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA et que la CEDEAO en demandant le départ de Gbagbo.
18L’Afrique du Sud reste silencieuse pendant plusieurs semaines, jusqu’au coup de théâtre du 21 janvier 2011. Le président Jacob Zuma formule la nouvelle position sud-africaine, qui rompt avec l’UA, la CEDEAO et le reste de la communauté internationale: il remet en cause la validité des résultats électoraux certifiés par l’ONU et estime prématuré de désigner un vainqueur.
19Plusieurs facteurs ont provoqué le revirement de l’Afrique du Sud. Le principal est la dimension fortement idéologique de la diplomatie sud-africaine, marquée par l’anti-impérialisme affirmé de l’African National Congress (ANC, le parti dominant au pouvoir), qui fut formé au marxisme tiers-mondiste pendant les années de lutte anti-apartheid. Cette conviction le rend suspicieux face à tout ce qui pourrait s’apparenter à une interférence extérieure, en particulier occidentale, dans les affaires africaines. L’ANC est notamment très réceptif à la rhétorique antifrançaise du régime Gbagbo. C’est ce qu’expliquait la ministre des Relations internationales Maite Nkoana-Mashabane dans un tête-à-tête avec son homologue français Alain Juppé, lors de la visite d’État du président Zuma en France (les 2 et 3 mars 2011) : la crise ivoirienne est un problème africain à régler entre Africains, et les ingérences occidentales sont intolérables [9]. La diplomatie sud-africaine post-apartheid était originellement très « idéa-liste » et favorisait activement les droits de l’Homme. Cependant, après quelques déboires initiaux dans sa politique africaine (notamment au Nigeria de Sani Abacha), elle a été amenée à privilégier systématiquement la souveraineté étatique face aux ingérences internationales, afin d’obtenir le soutien de ses pairs africains pour ses grandes initiatives continentales (Renaissance africaine, UA, NEPAD). Son premier mandat – controversé – au Conseil de sécurité des Nations unies (2007-2008) en a témoigné, puisque l’Afrique du Sud s’est opposée à des sanctions internationales contre plusieurs dictatures. Cette combinaison d’anti-impérialisme et de sanctification de la souveraineté étatique a grandement contribué à faire évoluer la position de l’Afrique du Sud, qui a ainsi très mal vécu l’ultimatum du président Nicolas Sarkozy à Gbagbo [10] le 17 décembre 2010.
20En outre, au cours de leur quête d’informations sur la situation en Côte d’Ivoire, les autorités sud-africaines ont été « intoxiquées » par les lobbyistes pro-Gbagbo. Ceux-ci, organisés à Pretoria autour de l’ambassade ivoirienne, ont parfaitement su vendre leur vision de la crise aux autorités sud-africaines et leur ont fourni une expertise totalement biaisée. Le meilleur exemple est le rocambolesque épisode de la lettre falsifiée. Les supporters de Gbagbo soutenaient qu’il y avait eu ingérence occidentale dans le processus électoral ivoirien. Pour preuve, les diplomates sud-africains ont fourni une lettre adressée par le président Sarkozy à la Commission électorale indépendante, lui enjoignant de valider la victoire de Ouattara. Cette lettre, que la ministre Nkoana-Mashabane a personnellement présentée à une délégation de parlementaires [11] de l’UE le 24 février 2011, s’est révélée être un faux grossier, sans doute concocté par les soutiens de Gbagbo.
21Enfin, le repositionnement sud-africain semblait stratégiquement judicieux. D’une part, il permettait à l’Afrique du Sud de se présenter comme un médiateur neutre et acceptable pour les deux parties, Gbagbo et Ouattara. D’autre part, il avait l’avantage de rapprocher l’Afrique du Sud des vues de ses nouveaux collègues des BRICS, la Russie et la Chine, mais aussi de l’Angola. Ce dernier, principal soutien africain de Gbagbo, faisait en effet l’objet d’une offensive de charme de la part de l’Administration Zuma, offensive motivée principalement par des perspectives économiques. À ce titre, c’est aux alentours de la visite d’État du président José Eduardo dos Santos en Afrique du Sud (du 13 au 15 décembre 2010) que Zuma commença à repenser sa position sur la crise ivoirienne.
Rapports de force et marchandages
22Au cours des semaines suivantes, les rapports de force au sein des instances de l’UA entre les rivaux nigérian et sud-africain deviennent de plus en plus tendus.
Le sommet de l’UA du 24 au 31 janvier 2011: l’instable compromis
23Le 16e sommet de l’UA qui s’ouvre le 24 janvier 2011 à Addis-Abeba doit traiter de la crise ivoirienne et s’annonce comme un « clash » entre d’un côté la CEDEAO et le Nigeria, et de l’autre l’Afrique du Sud, soutenue par d’autres États de la Communauté de développement de l’Afrique australe (Southern African Development Community, SADC) tels l’Angola, le Zimbabwe ou la Namibie.
24L’objectif de l’Afrique du Sud lors du sommet est double:
- faire formellement « monter » le dossier de la CEDEAO à l’UA, ce qui permettrait à l’Afrique du Sud de marginaliser la CEDEAO et le Nigeria, inflexibles, puis de promouvoir ses analyses et solutions alternatives à travers l’UA ;
- obtenir une reformulation de la position officielle de l’UA quant aux résultats des élections, consistant à dire que « ceux annoncés par la CEI et l’ONU n’étant pas fiables, il n’y a pas de vainqueur ».
26Pour le Nigeria et la CEDEAO, les objectifs sont inverses: faire respecter la prééminence de la CEDEAO sur le dossier afin d’éviter une intrusion de l’UA, c’est-à-dire du rival sud-africain; et maintenir la position actuelle de l’UA sur le verdict des urnes.
27Lors de la réunion du 28 janvier, les discussions du CPS de l’UA sont houleuses. Le communiqué qui en résulte [12] apparaît comme un compromis, cependant très empreint des positions sud-africaines. Ainsi réaffirme-t-il la victoire de Ouattara mais, précision importante voulue par l’Afrique du Sud, « sur la base des résultats certifiés par le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies » (résultats contestés par l’Afrique du Sud). Autre considérable réussite sud-africaine, l’UA publie dans ce communiqué sa décision de prendre en charge le dossier. Comme le préconisait l’Afrique du Sud, un Groupe de haut niveau pour le règlement de la crise est nommé. Constitué de Zuma ainsi que des présidents burkinabé, mauritanien, tanzanien et tchadien, et assisté d’une équipe d’experts, ce panel de cinq chefs d’État reçoit de l’UA un mandat d’un mois pour étudier la situation et proposer des conclusions qui seront contraignantes pour les parties ivoiriennes.
UA vs CEDEAO, Afrique du Sud vs Nigeria
28Contre les positions de la CEDEAO, l’Afrique du Sud va tenter d’utiliser ces chefs d’État pour imposer une autre lecture de la situation : les résultats de l’élection sont « non concluants » [13]; la solution politique qui en découle est le partage du pouvoir entre les deux camps Gbagbo et Ouattara.
29L’argument sud-africain invoque des bases juridiques: l’élection ne permet pas de dégager légalement un vainqueur, car ses résultats ont été faussés par une CEI ne respectant pas ses attributions. Il faut, pour sortir de l’impasse, mettre sur pied une solution de partage du pouvoir associant les deux leaders. L’adhésion de l’Afrique du Sud à une telle formule de power sharing , modèle consacré de résolution de crise qu’elle a cherché à exporter au Burundi, au Zimbabwe, au Soudan ou au Kenya, vient de sa croyance inébranlable en l’universalité de son propre modèle de transition post-apartheid [14]. Fondé sur le compromis et la négociation, le power sharing constitue désormais un élément central du soft power sud-africain et joue un rôle essentiel dans la construction de son image de puissance pacifique attachée au dialogue. En Côte d’Ivoire, une telle option signifiait un maintien de facto de Gbagbo au pouvoir et avait donc les faveurs de son camp, qui avait déjà commencé à élaborer des réflexions en ce sens [15].
30Pour faire prévaloir ses vues, l’Afrique du Sud essaie de passer en force, avec des initiatives parfois irréfléchies. Ainsi l’épisode mystérieux du SAS Drakensberg. La presse sud-africaine révèle début février que ce navire de guerre sud-africain évolue depuis quelques jours au large des côtes ouest-africaines. À Pretoria, les différents ministères s’enferrent dans des explications successives, parfois contradictoires. L’Afrique du Sud entendait vraisemblablement utiliser ce bateau comme plateforme de négociation offshore pour accueillir des discussions entre les parties ivoiriennes dans un cadre neutre et pacifié, à l’image de ce qu’elle avait fait en RDC. L’affaire tourne au fiasco diplomatique: face aux protestations de la CEDEAO, le président Zuma doit appeler son homologue de l’organisation et du Nigeria Jonathan pour calmer les esprits – le SAS Drakensberg bat en retraite.
31Au sein du Groupe de règlement de crise, l’Afrique du Sud tente de forcer la main aux autres chefs d’État et au camp Ouattara pour qu’ils se convertissent à la solution du partage du pouvoir. Ainsi, alors que les négociateurs sont en pleine visite à Abidjan pour s’entretenir avec les protagonistes de la crise (21-22 janvier 2011), le vice-ministre sud-africain des Relations internationales, Ebrahim Ismail Ebrahim, déclare aux médias internationaux (AFP , BBC , etc.) que le panel s’est d’ores et déjà prononcé pour un partage du pouvoir, avec une présidence alternée entre les deux leaders: un pieux mensonge visant sans doute à peser sur l’issue des négociations.
32La CEDEAO n’est pas dupe de l’intention sud-africaine d’utiliser les mécanismes de l’UA pour la contourner et combat cette manœuvre avec acharnement. Ainsi l’épisode du SAS Drakensberg lui donne-t-il l’occasion de manifester publiquement son mécontentement contre l’UA et l’Afrique du Sud lors d’une conférence de presse du président de sa Commission, James Victor Gbeho [16], le 8 février 2011, puis d’un communiqué officiel, le 10 février [17]. La CEDEAO dénonce notamment l’appropriation par l’UA d’un dossier ivoirien relevant de sa compétence et critique les États qui utilisent le panel pour remettre en cause le verdict des urnes, encourageant Gbagbo à se maintenir – l’allusion est transparente.
Le revirement sud-africain
33La table ronde des chefs d’État rend finalement son rapport lors d’un sommet extraordinaire du CPS de l’UA, le 10 mars 2011 à Addis-Abeba. Leurs conclusions apparaissent comme une défaite cinglante pour l’Afrique du Sud, autant dans l’analyse que dans les recommandations. En effet, elles attribuent la responsabilité de la crise au Conseil constitutionnel ivoirien, qui aurait agi de manière inappropriée, et jugent valables les résultats de l’élection tels que certifiés par l’ONU. Le rapport reconnaît, sans réserve, la victoire de Ouattara et appelle Gbagbo à quitter le pouvoir. Aucune possibilité de partage du pouvoir n’est évoquée. Un délai de deux semaines est accordé pour organiser les négociations sur la passation de pouvoir.
34Quelques jours plus tard, l’Afrique du Sud prend acte de l’évolution du rapport de force et « lâche » Gbagbo: le 15 mars, le ministère des Relations internationales endosse la position de l’UA, reconnaît la victoire de Ouattara et demande à Gbagbo de passer la main [18]. Le même jour, le président Zuma l’appelle pour le convaincre de céder.
35Plusieurs facteurs permettent d’expliquer ce revers et ce revirement. L’explication principale est tout simplement que l’Afrique du Sud a été mise en minorité dans le panel. Le président burkinabé Blaise Compaoré, intransigeant sur la position de la CEDEAO, et le président tanzanien Jakaya Kikwete, seul protagoniste majeur capable de rivaliser avec Zuma, ont largement influencé cette issue. La visite du panel à Abidjan aurait également fait vaciller les convictions de Zuma. La démonstration de Choi [19] aurait notamment convaincu le président sud-africain du sérieux de la certification du scrutin par l’ONU. La visite d’État de Zuma en France (2-3 mars 2011) aurait aussi contribué à infléchir sa position, en particulier son entretien avec le président Sarkozy (avec qui il s’entend à merveille), qui portait principalement sur le dossier ivoirien [20].
36Faisant le constat de son isolement international sur le dossier et confrontée aux exactions croissantes du régime Gbagbo, l’Afrique du Sud a pragmatiquement battu en retraite. Il est apparu aux autorités sud-africaines que s’entêter aurait seulement contribué à miner leur crédibilité auprès de leurs partenaires occidentaux traditionnels (UE notamment). Pour la CEDEAO, il s’agit à l’inverse d’une victoire complète. L’UA est restée sur ses positions et Gbagbo est désormais totalement isolé diplomatiquement.
Épilogue de la crise
37Face à la crispation du camp Gbagbo, refusant d’appliquer les conclusions de l’UA, et à la résolution 1 973 du Conseil de sécurité des Nations unies sur la Libye, la CEDEAO et la Francesemblent s’accorder sur la nécessité, pour l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), d’user de la force pour contraindre Gbagbo au départ.
38Cela amène le Nigeria (membre non permanent du Conseil de sécurité depuis janvier 2011, comme l’Afrique du Sud) et la France à collaborer pour présenter aux Nations unies la résolution 1 975, votée le 30 mars, qui permet notamment aux forces de l’ONUCI et aux forces françaises Licorne les secondant d’utiliser « tous les moyens nécessaires » pour protéger les civils, au nom de la responsabilité de protéger [21]. Pour la France, il était indispensable, pour obtenir l’aval de pays tels que la Russie et la Chine, de pouvoir revendiquer l’appui de la puissance ouest-africaine nigériane [22]. L’Afrique du Sud, soucieuse de ne pas se montrer réfractaire au respect des Droits de l’homme et de la démocratie, vote la résolution.
39Lorsque, début avril 2011, les forces de l’ONUCI et Licorne bombardent les positions des pro-Gbagbo, à partir d’une lecture extensive de la résolution 1 975, les réactions du Nigeria et de l’Afrique du Sud montrent que les divergences subsistent derrière les positions communes de l’UA et de l’ONU. Si le Nigeria se félicite publiquement de l’intervention et affirme qu’elle s’inscrit pleinement dans le mandat de l’ONU, l’Afrique du Sud en remet en cause la légalité, par la voix de la ministre Nkoana-Mashabane qui persifle le 5 avril: « Je ne me rappelle pas avoir donné un mandat à quiconque pour un bombardement aérien sur la Côte d’Ivoire. Nous ne soutenons pas nécessairement ce que nous n’avons pas voté. » Il nest pas rare que le gouvernement sud-africain prétende découvrir à posteriori les implications de son vote, comme ce fut le cas pour le problème libyen. Le très fort anti-impérialisme qui règne dans une partie de lANC rend ce genre de « pirouettes » nécessaire.
40***
41Le Nigeria a ses propres problèmes internes, qui l’empêchent de développer une politique étrangère en accord avec son potentiel et ses ambitions: fragilité de l’État central incapable de pacifier l’ensemble du territoire, problèmes de gouvernance (élections marquées par la violence, corruption endémique), tendances scissipares. Il est aussi confronté à un manque de moyens: il est aisé d’observer le fossé qui sépare les ambitions continentales professées par le pays et le niveau de professionnalisme, globalement faible, de son armée et de ses services diplomatiques [23]. Le Nigeria reste néanmoins un acteur essentiellement ouest-africain.
42Il paraît avoir « marqué des points » dans la crise ivoirienne. Certes, l’échec de l’option militaire (ce sont finalement les forces Licorne de l’ancienne métropole française qui ont joué un rôle décisif) tend à confirmer la difficulté du Nigeria à se projeter militairement de manière efficace au-delà de ses frontières, comme l’avaient déjà laissé entrevoir les différentes missions de l’Ecomog. Mais la crise ivoirienne a surtout démontré la capacité du Nigeria à mobiliser derrière ses positions aussi bien la CEDEAO que, in fine , l’UA. Elle a également réaffirmé aux États occidentaux tels que la France et les États-Unis que le Nigeria, historiquement pro-occidental, pouvait se révéler être un pays fiable, avec des leviers diplomatiques certains en Afrique, prêt à coopérer sans complexe avec l’Occident, bref un pays sur lequel on pouvait s’appuyer pour la gestion des crises sur le continent.
43Pour l’Afrique du Sud, l’issue du rapport de force diplomatique quant à la situation en Côte d’Ivoire apparaît comme un échec relatif, sans grande conséquence. L’Afrique du Sud a dû battre en retraite et se ranger à des positions qui n’étaient pas les siennes. Son attitude a irrité les diplomates occidentaux et a montré qu’il était parfois délicat d’articuler son statut de membre des BRIC et des relations solides avec ses partenaires occidentaux. Avec son vote aux Nations unies en faveur de la résolution sur la Libye et l’évolution finale de sa position sur la Côte d’Ivoire, elle a pourtant largement fait oublier ses circonvolutions ivoiriennes. Le pragmatisme certain de l’Afrique du Sud est révélateur de la plus grande souplesse et de l’ouverture qui caractérisent ses relations avec les puissances occidentales sous Zuma, des relations débarrassées de l’ombre parfois dogmatique du diplomate-en-chef-idéologue Mbeki [24].
44Quoi qu’elle fasse, l’Afrique du Sud reste pour la communauté internationale, et notamment pour l’UE ou les États-Unis, un interlocuteur incontournable. Son activisme diplomatique à l’ONU ou à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), sa présence dans de multiples groupes de pays développés (G20) ou en développement (BRICS, Groupe des 77, etc.) ainsi que son rôle moteur dans l’UA en font une puissance dont l’envergure diplomatique est bien supérieure à son pouvoir économique et militaire. Elle est un interlocuteur avec qui il est nécessaire de collaborer sur des sujets (changement climatique [25], réforme des institutions internationales) bien plus importants pour les puissances occidentales que la Côte d’Ivoire.
Mots-clés éditeurs : Nigeria, Côte d'Ivoire, CEDEAO, Afrique du Sud
Date de mise en ligne : 29/06/2011
https://doi.org/10.3917/pe.112.0361Notes
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[1]
D. Bach, « Dominance Without Power: Nigeria’s “Manifest Destiny” in Africa », Africa Spectrum , n2, 2007, p.301-321.
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[2]
Communiqué final de la session extraordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement sur la Côte d’Ivoire , Abuja, 24 décembre 2010.
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[3]
Goodluck Jonathan a remporté l’élection présidentielle du 16 avril 2011 avec 58,89% des suffrages. Le 9 avril, le PDP a également remporté la majorité absolue pour les élections à la Chambre des représentants (54,48%) et au Sénat (62,36%).
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[4]
L’hypothèse moins extrême et moins risquée d’un blocus naval est un temps évoquée.
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[5]
Entretien avec un diplomate français, Paris, 19 avril 2011.
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[6]
Brésil, Afrique du Sud, Inde, Chine.
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[7]
Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud.
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[8]
Voir notamment D. Lee, I. Taylor et P. D. Williams (dir.), The New Multilateralism in South African Diplomacy , Basingstoke, Palgrave MacMillan, 2006.
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[9]
Entretien avec un diplomate français, Paris, 19 avril 2011.
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[10]
Entretien téléphonique avec un diplomate de l’Union européenne, 16 mars 2011.
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[11]
Entretien avec un diplomate français, Paris, 19 avril 2011.
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[12]
Communiqué de la 259e réunion du Comité de paix et de sécurité , Addis-Abeba, 28 janvier 2011.
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[13]
Selon les mots de la ministre sud-africaine des Relations internationales.
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[14]
Un diplomate sud-africain explique ainsi: « Cela a marché chez nous, pourquoi cela ne marcherait-il pas en Côte d’Ivoire ? ». entretien avec un diplomate sud-africain, Paris, 24 mars 2011.
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[15]
Intervention de Toussaint Alain, porte-parole de Gbagbo en Europe, lors de la conférence « Côte d’Ivoire: quelle sortie de crise ? », organisée par l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne (IESUE), Paris, 25 janvier 2011.
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[16]
« CEDEAO: Gbeho fustige les soutiens de Gbagbo dans la crise ivoirienne », Jeuneafrique.com , 9 février 2011.
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[17]
Press Statement by the President of the ECOWAS Commission on the Current Crisis in Côte d’Ivoire , Abuja, 10 février 2011.
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[18]
L’Angola, dernier soutien de Gbagbo, doit se résoudre à faire de même quelques jours plus tard.
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[19]
Entretien téléphonique avec un diplomate de l’UE, 16 mars 2011.
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[20]
Entretien téléphonique avec un diplomate de l’UE, 4 mai 2011.
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[21]
Conseil de sécurité des Nations unies, « Résolution 1 975 », New York, 30 mars 2011.
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[22]
Entretien avec un diplomate français, Paris, 20 avril 2011.
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[23]
A. Raufu Mustapha, « Challenges for Nigeria’s Foreign Policy in the Post-Cold War Era », in A. Adebajo et A. Raufu Mustapha (dir.), Gulliver’s Troubles. Nigeria’s Foreign Policy after the Cold War , Scottsville, University of KwaZulu-Natal Press, 2008, p. 369-382.
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[24]
Comme le démontre l’évolution de ses discussions avec l’UE sur le Zimbabwe. Voir V. Darracq, Quelle politique pour l’UE au Zimbabweaujourd’hui? , Paris, Institut d’études de sécurité de l’Union européenne (IESUE), décembre 2010, « Occasional Paper », n87.
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[25]
Le sommet COP17 sur le changement climatique aura lieu à Durban du 28 novembre au 9 décembre 2011.