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Article de revue

L'Europe, terre d'influence des Frères musulmans

Pages 377 à 388

Notes

  • [1]
    O. Carré et M. Seurat, Les Frères musulmans (1928-1982) , Paris, L’Harmattan, 2002. Voir également R.P. Mitchell, The Society of Muslim Brothers, Londres, Oxford University Press, 1969.
  • [2]
    X. Ternisien, Les Frères musulmans, Paris, Fayard, 2005.
  • [3]
    S. Amghar et A. Boubekeur, « Les partis islamistes en Algérie : structures révolutionnaires ou partis de gouvernement ? », Maghreb-Machrek, n 194, hiver 2007/2008.
  • [4]
    S. Amghar, « Les Frères musulmans en Europe : vers un islamisme de la minorité », in S. Amghar (dir.), Islamismes d’Occident : états des lieux et perspectives , Paris, Lignes de repères, 2006.
  • [5]
    Sur ce prédicateur, voir F. Frégosi, « Les contours discursifs d’une religiosité citoyenne : laïcité et identité islamique chez Tariq Ramadan », in F. Dassetto (dir.), Paroles d’islam. Individus, sociétés et discours dans l’islam européen contemporain , Paris, Maisonneuves et Larose, 2000. K. Mohsen-Finan, « Promoting a Faith-Based Citizenship: the Case of Tariq Ramadan », in R. Leveau et C. Wihtol de Wenden (dir.), New European Citizenship and Identity , Londres, Ashgate, 2002.
  • [6]
    On peut citer également le Milli Görüs turc, constitué après le coup d’État militaire de 1971, par des groupes liés au Parti de la prospérité [Refah Partisi], issu de l’ancien Parti de l’ordre national [Milli Nizam Partisi]), fondé par Necmettin Erbakan. Il fait son apparition en Allemagne, mais également en Belgique dès 1985. Sur ce mouvement, voir V. Amiraux, Acteurs de l’islam entre Allemagne et Turquie. Parcours militants et expériences religieuses , Paris, L’Harmattan, 2001. S. Akgönül, « Milli Görüs : institution religieuse minoritaire et mouvement politique transnational », in S. Amghar (dir.), op. cit. [4], p. 63-86. Voir également B. Caymaz, Les Mouvements islamiques turcs à Paris, Paris, L’Harmattan, 2003.
  • [7]
    La FOIE dispose d’une branche jeunesse, le Forum of European Muslim Youth and Student Organizations (FEMYSO), reconnu par l’Union européenne et présent dans près de 40 pays. Voir « La nébuleuse des Frères musulmans », Le Vif-L’Express , 25 avril 2008.
  • [8]
    B. Maréchal, The Muslim Brothers in Europe. Discourses and Roots , Leiden, Brill, 2008.
  • [9]
    L’UOIF est créée le 3 mars 1983 à Vandœuvre-lès-Nancy en Meurthe-et-Moselle, dans les locaux de l’Association des musulmans de France (AMF) regroupant quelques étudiants tunisiens et des réfugiés politiques du Moyen-Orient. À sa naissance, elle ne représente que 6 ou 7 maigres associations, dont la Ligue socio-culturelle islamique de Lille.
  • [10]
    S. Amghar, « Les mutations de l’islam politique. Portrait de l’UOIF, porte-parole de l’“islamisme de minorité’’ », La Vie des idées, octobre 2007, disponible sur Laviedesidees.fr .
  • [11]
    Les stratégies de recrutement des Frères musulmans européens sont sensiblement les mêmes que celles employées par leur homologues égyptiens. Voir pour le cas égyptien T. Aclimandos, « Les Frères musulmans, pour une critique des vœux pieux », Politique africaine , n? 108, décembre 2007.
  • [12]
    Entretien avec un ancien militant, 4 février 2002, Paris.
  • [13]
    S. Amghar, L’Union des organisations islamiques de France : acteurs et pratiques associatives, Paris, École des hautes études en sciences sociales, mémoire de DEA, 2002.
  • [14]
    Ces réflexions s’appuient sur l’ouvrage de Paul Ricœur, L’Idéologie et l’Utopie , Paris, Le Seuil, 2005 (1re éd. 1997).
  • [15]
    P. Haenni, « Trois scènes d’une banalité historique. Les islamismes d’Occident ou la redécouverte de la mondialisation libérale », in S. Amghar (dir.), op. cit. [4].
  • [16]
    A. Caiero, « Adjusting Islamic Law to Migration », ISIM Newsletter , n 12, juin 2003.
  • [17]
    T. Oubrou, « La charia de minorité : réflexions pour une intégration légale de l’islam », in F. Frégosi (dir.), Lectures contemporaines du droit islamique. Europe et monde arabe , Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2004. Voir également du même auteur « Introduction théorique à la charia de la minorité  », Islam de France, n 2, 1998.
  • [18]
    Y. al-Qaradaoui, Fi Fiqh al-Aqaliyyat al-Muslima: Hayat al-Muslimin Wasat al-Mujtama’at al-Ukhra (« La jurisprudence de la minorité musulmane : l’attitude modérée du musulman dans une autre société »), Le Caire, Dar al-shuruq, 2001, p. 57.
  • [19]
    T. Jabir al-Alwani, Introduction au statut des minorités. Vers un fiqh des minorités musulmanes en Occident, Paris, IIIT France, 2007.
  • [20]
    F. Mawlawi, Fiqh Al ‘Ibadat (« La jurisprudence des actes d’adoration »), 2001, Beyrouth.
  • [21]
    T. Ramadan.
  • [22]
    Expression empruntée à Farhad Khosrokhavar et Olivier Roy, Iran  : comment sortir d’une révolution religieuse , Paris, Le Seuil, 1999.
  • [23]
    Ce mécanisme a été décrit par Paul Ricœur, dans L’Idéologie et l’Utopie , op. cit . [17].
  • [24]
    Au-delà de son réseau d’associations, l’UOIF garde une « capacité de mobilisation communautaire » jamais démentie, que ce soit lors des congrès du Bourget ou des rassemblements locaux qui peuvent attirer jusqu’à 5 000 personnes au niveau régional, comme à Marseille lors de la prière de l’Aïd.

1À la tête d’un gouvernement dans les Territoires occupés, membre de la coalition gouvernementale en Algérie, force d’opposition de premier ordre en Égypte, les Frères musulmans sont sans doute le groupement islamique le plus important dans le monde arabe. Depuis la fin des années 1960, ils sont aussi présents en Europe. Organisation famélique au début des années 1980, ils sont devenus en deux décennies un « poids lourd » de l’islam européen.

De quel Frère musulman parle-t-on ?

2Née en Égypte en 1928, l’association des Frères musulmans, fondée par Hassan al-Banna [1], devient en quelques années un acteur incontournable de la vie politique égyptienne et ses branches se ramifient dans l’ensemble du monde arabe. Si, dans un premier temps, l’organisation internationale des Frères musulmans a reposé sur l’ouverture de filiales à l’étranger – constituant des branches nationales directement extraites de la matrice égyptienne (c’est le cas par exemple au Koweït et en Syrie) –, à partir des années 1970, sa stratégie de développement s’est diversifiée [2]. Dès lors, le terme de « Frères musulmans » renvoie à des réalités diverses : en fonction du lieu, il peut désigner une organisation militaire (Djihad islamique dans les Territoires occupés), un parti politique [3] (Mouvement de la société pour la paix [MSP] en Algérie, Hamas en Palestine) ou une association de prédication (Ligue des musulmans de Suisse). Dans certains pays, comme en Algérie, le « frère musulman » désigne simplement une personne portant une barbe et un qamiss .

3Les Frères musulmans s’apparentent ainsi à un courant de pensée dont l’influence transversale et ductile emprunte des formes multiples, à une nébuleuse à mi-chemin entre des réseaux souples et une organisation internationale pyramidale et structurée [4]. On peut, pour l’Europe, distinguer trois courants d’expression (en gardant à l’esprit qu’il s’agit d’idéaux-types) : les autonomes, les dissidents et les organiques.

Les autonomes

4Il s’agit de structures ou de personnalités qui n’ont jamais fait partie de l’organisation internationale des Frères musulmans mais qui se sont inspirés de son idéologie, de ses modes d’action, à l’image des compagnons de route du Parti communiste français. En Suisse, c’est le cas par exemple de Tariq Ramadan [5]. Celui-ci, né dans une famille dont la majorité des membres est organiquement liée à la maison mère égyptienne, a cependant toujours refusé de prêter allégeance à l’organisation, tout en s’inscrivant dans le courant frèriste. En France, l’Union des jeunes musulmans (UJM) entre dans cette catégorie [6]. Association culturelle à dimension religieuse fondée en 1987 à Lyon, l’UJM fut dans un premier temps proche de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, branche française des Frères). Affirmant rester un mouvement de jeunes Français musulmans indépendants, elle a rejeté les stratégies de récupération des militants islamistes marocains de l’association/parti politique Al ‘Adl wa-l’Ihsan (Justice et Bienfaisance), et s’est émancipée de la tutelle de l’UOIF.

5À la fin des années 1990, une partie des cadres de l’UJM, dont Abdelaziz Chambi, décident pourtant de créer une nouvelle organisation, le Collectif des musulmans de France (CMF) qui se veut une structure plus souple que l’UJM et un forum d’échanges et de débats mobilisable pour des actions précises. Abdelaziz Chambi s’entoure de quelques personnalités musulmanes proches de l’UOIF, et rapproche le collectif de l’idéologue Tariq Ramadan. À partir de 2002, le CMF s’impose dans le paysage islamique français comme le défenseur des intérêts des musulmans de l’Hexagone. En 2004, il se mobilise contre le projet de loi sur les signes ostentatoires à l’école, se lance dans des luttes sociales et politiques en appelant par exemple à voter en faveur de José Bové lors des présidentielles de 2007. Il se rapproche des mouvements d’extrême gauche et altermondialistes, avec qui il dénonce les inégalités sociales et les méfaits du capitalisme.

Les dissidents

6Il s’agit de personnalités et d’organisations qui, bien que liées à l’organisation internationale des Frères, ont décidé de se démarquer de sa ligne politique dominante. Ils sont très critiques à l’égard d’une structure qu’ils jugent lourde et bureaucratique. Dans cette catégorie, il est nécessaire de distinguer deux types de dissidents. D’abord, des dissidents qui continuent à faire partie de l’organisation mais qui contestent le mode de fonctionnement et la répartition des pouvoirs. Ensuite, des personnalités qui ont décidé de quitter la structure et qui sont à l’origine d’organisations concurrentes. Nombre de déçus de l’UOIF ont créé en 2001, l’Union des associations musulmanes de la Seine-Saint-Denis (UAM 93), qui fédère neuf mosquées parmi les plus importantes de Saint-Denis (Aulnay-sous-Bois, Aubervilliers, Le Pré-Saint-Gervais, Bobigny, Gagny, Villemonble, Neuilly-sur-Marne, Noisy-le-Sec), ainsi que quatorze associations sympathisantes.

Les organiques

7Les organiques se rattachent à la maison mère égyptienne. Soumis à l’autorité du Guide suprême des Frères à qui ils ont prêté allégeance, ils fonctionnent à la manière de filiales et de franchises : ils obéissent aux principes directeurs des Frères musulmans mais gardent une autonomie dans l’application de la doctrine. En Algérie, on peut citer l’exemple du parti islamiste MSP, dirigé par Bouguerra Soltani. En Europe, les Frères sont représentés par la Fédération des organisations islamiques en Europe (FOIE), dont le siège social est à Bruxelles. Fondée en 1989, elle regroupe près de 500 associations dans 29 pays européens [7] et publie un mensuel en arabe et en anglais, Al-Arabiyya .

8En Belgique, c’est la Ligue islamique interculturelle de Belgique (LIIB) qui représente le canal historique du mouvement [8]. Fondée en 1997, elle devient la Ligue des musulmans de Belgique (LMB) en février 2006, dispose d’une dizaine de mosquées, et est présente à Bruxelles, Anvers, Gand, Verviers… Aux Pays-Bas, les Frères musulmans se regroupent dans la Liga van de Islamitische Gemeenschap in Nederland, fondée à La Haye en 1996. Fédération d’associations, elle rassemble notamment l’Europe Trust Nederland Foundation, le Nederlands Instituut voor Humane Stuides ou encore l’Islamic Relief.

9En Grande-Bretagne, les Frères sont représentés par la Muslim association of Britain (MAB), fondée en 1997. En Suisse, les Frères sont présents via la Ligue des musulmans de Suisse (LMS), fondée en 1994. La LMS dispose de plusieurs sections à travers tout le territoire helvétique (Bâle, Genève, le Tessin, Bern, Zurich…). C’est également le cas du Centre islamique de Genève, dirigé par Hani, le frère de Tariq Ramadan.

10En France, les « organiques » se regroupent dans l’UOIF [9]. À la fin des années 1970, un groupe d’étudiants d’origine tunisienne est chargé par la direction du Mouvement de la tendance islamique (MTI) de créer une antenne en France. Ahmed Jaballah, avec d’autres étudiants tunisiens et moyen-orientaux, intègre l’Association des étudiants islamiques en France (AEIF), fondée par Muhammad Hamidullah en 1962. En 1978-1979, l’AEIF connaît une crise. Les étudiants tunisiens proches du MTI y convoitent la direction et veulent rattacher l’organisation à la branche égyptienne du courant international des Frères musulmans alors que la majorité des membres de l’AEIF désirent rester dans le giron de la mouvance syrienne. Face au refus de la direction de l’association, les « pro-Égyptiens » quittent cette dernière et fondent en 1979 le Groupement islamique de France (GIF). À partir de 1981, le GIF se renforce grâce à la venue de sympathisants, militants et cadres islamistes tunisiens qui s’installent en France entre 1981 et 1988, fuyant la répression qui s’abat sur le MTI. Le GIF décide, en 1983, de former l’UOIF [10], avec quelques associations musulmanes de Bordeaux, de Reims, de Nancy – entre autres. Durant la décennie 1980, la direction de l’UOIF (Ahmed Jaballah et Abdallah Benmansour) était assurée par des militants du parti islamiste tunisien An-Nahda, soucieux de se servir de la structure comme tribune politique à l’adresse des régimes arabes, en particulier tunisien. Au début des années 1990, un conflit éclate entre la direction et une tendance composée en majorité de Marocains, désireux d’inscrire leur activisme non plus en direction du pouvoir des pays d’origine mais dans les réalités françaises. L’organisation mère égyptienne tranche alors : chaque branche nationale doit s’engager dans le pays où elle se trouve. Cette décision entraîne la marginalisation des « islamistes tunisiens » – lesquels abandonnent la direction de l’Union pour poursuivre leur action politique à travers une structure distincte, An-Nahda France – au profit de cadres marocains qui assurent depuis la présidence de l’UOIF.

Comment s’engage-t-on chez les Frères ?

11Même s’il est difficile de retracer avec précision la manière dont les Frères européens recrutent des militants, il est cependant possible de donner quelques indications sur leurs techniques selon les quelques témoignages d’anciens militants que nous avons pu obtenir (Ikhwans ) [11]. D’abord, le futur militant participe à des activités religieuses, motivé par une volonté de nouer avec l’islam. Il fréquente les conférences, mosquées et activités cultuelles sans savoir au début qu’il s’agit d’événements organisés par les Frères. Puis, les Frères essaient d’éveiller sa sensibilité religieuse, de l’encourager à faire ses prières, à renoncer au tabac, à aller à la mosquée, à se former religieusement et à fréquenter des coreligionnaires. On lui explique que l’islam est une religion « totale » et qu’il faut œuvrer collectivement. On lui demande s’il souhaite suivre des cours plus approfondis. Si la personne est intéressée, elle suit des cours introductifs conçus pour « parfaire l’éducation religieuse et militante» de la recrue. D’une durée moyenne de trois ans, cette période a pour but de consolider l’intériorisation des conceptions du mouvement, vérifier le respect des prières et des autres pratiques cultuelles. Si durant cette période, la personne sait qu’elle est initiée par les Frères, elle n’en fait pas partie pour autant. Sans être mise au courant, la recrue fait l’objet d’une enquête sur sa personnalité, sur ses rapports avec sa famille, etc. Si la personne plaît, on lui propose de faire partie des Frères. Dans un second temps, on la convainc de travailler avec eux. Un entretien est réalisé sous l’autorité d’un responsable régional des Frères musulmans. Celui-ci lui présente le mouvement et lui pose une série de questions afin de vérifier sa « fiabilité ». Une fois passé cet entretien, le candidat, qui n’est pas encore officiellement Frère, se rend au siège régional où, l’organisation et l’idéologie frèriste lui sont présentées, en même temps qu’à d’autres candidats. C’est là que, sous le regard de personnalités de l’Union, la recrue prête serment d’allégeance au murchîd (guide) de l’organisation française [12]. Il fait dès lors partie de l’organisation. Afin de parfaire sa formation frèriste, il assiste à des séminaires où il étudie la configuration islamiste, les divers mouvements ; on répond à ses questions. L’enseignement demeure conforme au credo classique des Frères : les écrits du fondateur Hassan al-Banna et de Sayyid et Muhammad Qotb figurent dans la liste. Les militants lisent beaucoup Youssef al-Qaradaoui.

Une organisation pyramidale et structurée

12Le travail de prédication des Frères européens leur a permis de disposer de 500 associations dans 29 pays du Vieux continent. Cependant, la France reste l’épicentre de l’idéologie frèriste ; ils y possèdent près de 250 associations et près de 100 lieux de culte (La Courneuve, Dijon, Marseille, Lille, Bordeaux…) [13]. L’UOIF dispose de deux types d’association. D’une part, des associations généralistes, en charge d’activités religieuses, sociales et éducatives, qui entretiennent des relations plus au moins fortes avec les Frères. À côté de ces associations généralistes, des structures plus spécialisées complètent le quadrillage de la prédication frèriste : une association de jeunes (les Jeunes musulmans de France), d’étudiants (Étudiants musulmans de France), de femmes (Ligue française de la femme musulmane), humanitaire (Secours islamique), palestinienne (le Comité de bienfaisance et de soutien à la Palestine), médicale (Avicenne)… Malgré toutes ces informations, il reste difficile de chiffrer le nombre des militants. On peut tout au plus estimer leur capacité de mobilisation à quelques milliers de personnes. Bien que les Frères soient présents à travers toute la France, ils sont plus fortement implantés dans certaines régions. Peu nombreux en région parisienne (même s’ils disposent d’une grande mosquée de près de 2 000 places à la Courneuve en Seine-Saint-Denis), ils composent de véritables bastions dans certaines régions comme l’Est et le Sud, où ils ont « verrouillé » l’offre religieuse en interdisant toute forme de prédication concurrente. Ainsi, dans la mosquée de Cenon, en banlieue bordelaise, les responsables frèristes bloquent toute forme de prosélytisme du Tabligh ou du salafisme. Dans le Sud-Ouest, le Nord, le Limousin et en Champagne-Ardenne, ils disposent de grands centres islamiques et y sont très actifs. Face à cette implantation déséquilibrée, l’UOIF a décidé, depuis quelques années, de renforcer sa présence dans les régions stratégiques du fait d’un nombre important de personnes de confession musulmane mais où elle reste faiblement représentée. Cette politique a permis à l’UOIF de conquérir la présidence du Conseil régional du culte musulman en Rhône-Alpes et de devenir l’interlocuteur privilégié de la mairie de Marseille, qui lui a confié la gestion de la future mosquée phocéenne.

13Après avoir été dirigée par des militants tunisiens appartenant au parti islamiste An-Nahda, l’UOIF a aujourd’hui à sa tête, et depuis 1995, des Marocains, dont Lhadj Thami Breze à la présidence, et Fouad Alaoui. Le bureau exécutif est composé de deux Algériens (Okacha Ben Ahmed et Ounis Gergah), deux Tunisiens (Boubaker El Hadj Amor et Mohamed Ateb), cinq Marocains (dont une femme) et d’un Syrien (Nazir Hakim). La direction politique et spirituelle de l’organisation frèriste est assurée par le Guide de l’organisation, qui est consulté sur tout, et qui définit comment doit se comporter le frère, individuellement et collectivement. Il est lui-même placé sous l’autorité du Guide européen et du Guide suprême de l’organisation mère installée en Égypte, Mohamed Akif. De facto , l’UOIF est liée organiquement à l’Organisation internationale des Frères musulmans. À un niveau européen, les Frères musulmans français font partie de structures transnationales, l’Union étant membre de la Fédération des organisations islamiques en Europe (FOIE), située à Bruxelles.

Les énoncés des Frères

14Les Frères musulmans européens partagent la même représentation d’une réalité idéale et sans défaut : un régime politique qui gouvernerait les hommes au nom de l’islam, une société parfaite, sans injustice, et une communauté de croyants vivant heureuse et en harmonie, au rythme de l’islam. Le religieux est placé à tous les niveaux de la société, aussi bien dans la sphère individuelle et privée que dans la sphère publique. Le projet est de faire entrer la doctrine religieuse et ses valeurs au cœur des structures étatiques, au sein même de l’ensemble des acteurs sociaux. C’est l’idée d’un islam total, religion de l’intériorité, de la croyance, mais aussi de l’extériorité, de l’engagement actif et d’une conduite sociale militante fondés sur des normes transcendantes [14]. Dans l’imaginaire, les militants cherchent à rétablir un ordre que la perte des idéaux islamiques aurait déséquilibré. Leur activisme au nom de l’islam se justifie par la volonté de faire de la réalité autre chose que ce qu’elle est, dans une dialectique entre l’être et le devoir-être.

15Au début des années 1990, cette utopie islamiste séduit les jeunes musulmans nés en Europe, principalement ceux en passe d’accéder aux classes moyennes, tels les étudiants. À travers l’organisation de camps religieux estivaux, de manifestations culturelles (pièces de théâtre, chants religieux moralisateurs), nombre de jeunes intègrent les organisations frèristes. Si les structures s’inspirent fortement des expériences de contestation islamiste dans le monde arabe, le discours, lui, s’adapte aux conceptions politiques bien différentes des musulmans nés en Europe. Il s’agit, dès lors, de militer pour une intégration des musulmans dans le paysage politique et social européen, en les appelant par exemple à s’inscrire sur les listes électorales, et à voter. En ce sens, les organisations liées aux Frères musulmans tentent de mettre en place une « citoyenneté islamique», se proposant d’être des interlocuteurs privilégiés auprès des acteurs publics locaux et nationaux, sur des questions aussi diverses que le religieux, le racisme ou les problèmes de délinquance en banlieue. En s’attachant à définir les contours d’un islam à la française, elles proposent aux jeunes de culture musulmane un modèle d’intégration inspiré du modèle multiculturaliste britannique : être à la fois européen et musulman, sans que cela implique une quelconque assimilation à l’idéologie dominante.

16C’est à cette fin qu’a été créé, en 1997, à Dublin, le Conseil européen de la fatwa et de la recherche (CEFR). Dans ce conseil se trouvent des représentants français de l’UOIF comme Ahmed Jaballah, le Belge Mahmoud Moujahed Hassan, ou encore Youssouf Ibram, imam de la Fondation culturelle islamique (FCI) de Genève. L’adoption d’une fatwa rendant obligatoire la célébration du mariage civil pour rendre religieusement valide l’union d’un couple est un exemple de la volonté du CEFR de dessiner les contours d’une pratique islamique européenne. Les Frères se présentent également comme les défenseurs des intérêts des musulmans d’Europe, en luttant contre les discriminations religieuses. En France, en 1989, ils se sont engagés aux côtés des écolières voilées expulsées de leurs écoles.

17Les Frères musulmans européens mènent donc une politique visant à la promotion de ce que certains nomment une citoyenneté musulmane, incitant les musulmans d’Europe à prendre part à la vie politique, économique et sociale du pays dans lequel ils vivent : Hani Ramadan parle « d’intégration positive ». Le musulman doit être un acteur du changement social, et son action dictée par son éthique islamique. En 1995, au congrès du Bourget, un prédicateur de l’UOIF, Hassan Iqioussen, a ainsi appelé à voter pour Lionel Jospin aux présidentielles. La MAB encourage les musulmans britanniques à voter, et a soutenu le maire travailliste de Londres Ken Livingstone, le parti Respect (gauche) et les Verts. En 2004, Anas al-Tikriti s’est présenté aux élections européennes dans la région du Yorkshire et de Humber, sans être élu.

Un mouvement en crise ?

Une crise idéologique : les apories de l’utopie islamiste

18Cette crise s’exprime par l’épuisement des grands récits, des grandes constructions totalisantes du sens islamique. Alimentant un projet de compréhension globale, la référence religieuse était présentée comme la réponse à tous les problèmes. « L’islam est la solution », disait-on dans les rangs des Frères. Bien plus qu’un slogan, cette formule se nourrissait de l’idée qu’une réponse totale, formulée à partir du religieux, pouvait résoudre les problèmes des musulmans. Cette approche totalisante s’épuise, les solutions religieuses se révélant inefficaces, et cède le pas devant un désenchantement islamique qui se nourrit des leçons de l’échec du mouvement islamiste (Algérie, Tunisie, Égypte), des expériences de gouvernance islamiste (Iran, Soudan) et des tentatives de soulèvement armé (Algérie, Égypte). Après deux décennies de ré-islamisation pleines de promesses, les résultats sont décevants : discrimination religieuse, vies brisées par l’islam, situations familiales catastrophiques, faiblesse du nombre de convertis… Cet épuisement s’accentue avec l’inertie idéologique dont font preuve ces organisations : nul renouvellement, nul aggiornamento doctrinal [15]. Les Frères européens ont su renouveler l’approche théologique de la jurisprudence islamique pour les minorités musulmanes vivant en Occident [16]. Des personnalités réputées proches des Frères musulmans ont défini les contours d’une pratique religieuse en Europe. Qu’il s’agisse de Tareq Oubrou, imam de l’UOIF qui parle de « charia de la minorité [17] », de Youssef al-Qaradaoui [18] ou Taha Jabir al Alwani [19] avec leur concept de « jurisprudence de la minorité », ou encore de Tariq Ramadan avec son idée de « citoyenneté musulmane », ou même de Fayçal Mawlawi [20], tous tentent de contextualiser la pratique de l’islam en l’adaptant à un environnement non musulman et de légitimer la présence musulmane en Occident, qu’ils considèrent comme une terre de contrat (dar ad-da’wa ) et non plus comme une terre de guerre (dar al-harb ) [21]. Mais cette redéfinition du corpus religieux n’a pas conduit à un aggiornamento théorique. Alors que les Frères musulmans égyptiens publient un nombre considérable d’ouvrages, la branche européenne se caractérise par la faiblesse de sa production. Les Frères européens comptent peu d’intellectuels, en dépit du profil universitaire élevé des cadres. Malgré les appels d’une partie de la jeunesse ré-islamisée, les Frères musulmans sont absents du débat sur la question sociale (discriminations raciales, inégalités sociales, problèmes des banlieues…), et se contentent de rappeler les mérites de la réussite universitaire et professionnelle. Le pragmatisme politique l’emporte sur la définition claire d’une idéologie qui se caractérise de plus en plus par un ensemble de principes généraux évoluant en fonction des circonstances politiques. Voyant que l’UOIF était incapable de convertir ses succès sur le terrain politique et social, de nombreux jeunes s’en sont éloignés, préférant rejoindre de nouvelles organisations comme le Collectif des musulmans de France (CMF) ou Participation et spiritualité musulmanes (PSM).

19Les Frères musulmans ont perdu leur « impulsion utopique » d’origine. Leur idéologie s’est délitée au contact de la réalité européenne. Jusqu’au milieu des années 1990, les Frères musulmans étaient très marqués par le modèle révolutionnaire iranien. Peu à peu, leurs dirigeants se sont pris au « jeu politique ». Associés à l’institutionnalisation de l’islam d’Europe, ils se sont assagis. Ils ont pris part aux discussions avec les pouvoirs publics et entretiennent des relations avec les communes, dont ils gèrent des mosquées. D’un discours radical, ils sont passés à des revendications consensuelles : une « notabilisation » qui a pour conséquence immédiate « l’euphémisation » des revendications cultuelles. Les Frères musulmans ne sont plus les acteurs oppositionnels et contestataires des années 1990. En 1995, la direction de l’UOIF, longtemps assurée par des proches du MTI réputés pour leur radicalisme, a été remplacée par un encadrement plus pragmatique.

20En sortant de la révolution religieuse [22], ils se sont « social-démocratisés». Parce qu’ils ont adopté une vision politique progressiste, ils ne contestent pas le cadre étatique et politique dominant. En s’institutionnalisant, ils deviennent ainsi ou aspirent à devenir des associations islamiques banalisées, à l’instar des responsables de la grande mosquée de Paris, capables de gérer les affaires publiques de manière consensuelle et réformiste [23]. S’installant dans la durée et dans les institutions, les Frères musulmans voient s’effilocher la verve révolutionnaire. Restent les nécessités de la gestion quotidienne, la maîtrise de la survie économique et les relations avec les pouvoirs publics. Aux données propres au processus d’institutionnalisation s’ajoutent les conséquences de leur négociation à des fins de reconnaissance et d’intégration, avec les institutions publiques (ministère de l’Intérieur, mairies…). Forts du potentiel « énergétique » qu’ils représentaient chez les musulmans de France usés par des structures incapables de capter leurs aspirations, les mouvements créés dans les années 1960 et 1970 sont même parvenus à s’imposer pour la représentation des populations musulmanes. Cette réussite institutionnelle n’est pas dissociable de l’assagissement dont ils ont fait preuve et qui leur permet aujourd’hui de jouer un rôle d’interface entre les institutions et les musulmans.

Une crise du militantisme

21La bureaucratisation et la culture du secret entretenues par les Frères sont l’objet de vives critiques. Les « beurs » dénoncent notamment la mainmise des représentants de l’islamisme « blédard » sur la direction des mouvements au détriment des musulmans nés en Europe, la concentration des pouvoirs et le cumul des postes de responsabilité, l’impuissance à renouveler le discours. Ils dénoncent les liens étroits établis avec Nicolas Sarkozy lorsqu’il était ministre de l’Intérieur et le profil bas adopté lors du vote de la loi interdisant le port du foulard à l’école en 2004, ou encore la relative discrétion lors de l’affaire des caricatures danoises en 2005. L’enthousiasme qu’ils avaient suscité durant les années 1990 avec leurs promesses de changement révolutionnaire, s’atténue progressivement au tournant des années 2000.

22Derrière l’unanimisme des responsables des Frères musulmans, se cache une confrontation opposant les « apparatchiks » et les « novateurs » quant aux formes et au fonctionnement de l’organisation. Alors que les premiers veulent maintenir le statu quo, les seconds entendent rompre avec la culture frèriste. En dénonçant la culture de la clandestinité et le mode de fonctionnement jugé trop « stalinien » de l’organisation, ces derniers appellent à un assainissement de l’organisation frériste.

***

23Après une période de succès (notamment en France lors des élections du Conseil français du culte musulman en 2003), ils connaissent, depuis 2002-2003 une double crise, qui montrent les limites du modèle d’encadrement communautaire des Frères [24] et leur difficulté croissante à s’ériger comme élément principal de la ré-islamisation. Aujourd’hui, les membres de ces organisations ne sont plus les acteurs oppositionnels et contestataires des années 1990. Leurs modes d’intervention sur la question de l’islam sont devenus plus consensuels et se sont largement routinisés. Si les Frères sont toujours présents dans les banlieues, ils souffrent d’un déficit de légitimité croissant auprès des jeunes musulmans. Ils restent des acteurs hégémoniques de l’islam européen, mais leur action n’y est plus significative depuis qu’ils sont concurrencés par des mouvements émergents plus dynamiques, dont le discours utopique séduit les jeunes, tels que la branche du mouvement islamiste marocain, Adl Wal-Ishan (Justice et Bienfaisance), ou l’organisation des Ahbash originaires du Liban.

Notes

  • [1]
    O. Carré et M. Seurat, Les Frères musulmans (1928-1982) , Paris, L’Harmattan, 2002. Voir également R.P. Mitchell, The Society of Muslim Brothers, Londres, Oxford University Press, 1969.
  • [2]
    X. Ternisien, Les Frères musulmans, Paris, Fayard, 2005.
  • [3]
    S. Amghar et A. Boubekeur, « Les partis islamistes en Algérie : structures révolutionnaires ou partis de gouvernement ? », Maghreb-Machrek, n 194, hiver 2007/2008.
  • [4]
    S. Amghar, « Les Frères musulmans en Europe : vers un islamisme de la minorité », in S. Amghar (dir.), Islamismes d’Occident : états des lieux et perspectives , Paris, Lignes de repères, 2006.
  • [5]
    Sur ce prédicateur, voir F. Frégosi, « Les contours discursifs d’une religiosité citoyenne : laïcité et identité islamique chez Tariq Ramadan », in F. Dassetto (dir.), Paroles d’islam. Individus, sociétés et discours dans l’islam européen contemporain , Paris, Maisonneuves et Larose, 2000. K. Mohsen-Finan, « Promoting a Faith-Based Citizenship: the Case of Tariq Ramadan », in R. Leveau et C. Wihtol de Wenden (dir.), New European Citizenship and Identity , Londres, Ashgate, 2002.
  • [6]
    On peut citer également le Milli Görüs turc, constitué après le coup d’État militaire de 1971, par des groupes liés au Parti de la prospérité [Refah Partisi], issu de l’ancien Parti de l’ordre national [Milli Nizam Partisi]), fondé par Necmettin Erbakan. Il fait son apparition en Allemagne, mais également en Belgique dès 1985. Sur ce mouvement, voir V. Amiraux, Acteurs de l’islam entre Allemagne et Turquie. Parcours militants et expériences religieuses , Paris, L’Harmattan, 2001. S. Akgönül, « Milli Görüs : institution religieuse minoritaire et mouvement politique transnational », in S. Amghar (dir.), op. cit. [4], p. 63-86. Voir également B. Caymaz, Les Mouvements islamiques turcs à Paris, Paris, L’Harmattan, 2003.
  • [7]
    La FOIE dispose d’une branche jeunesse, le Forum of European Muslim Youth and Student Organizations (FEMYSO), reconnu par l’Union européenne et présent dans près de 40 pays. Voir « La nébuleuse des Frères musulmans », Le Vif-L’Express , 25 avril 2008.
  • [8]
    B. Maréchal, The Muslim Brothers in Europe. Discourses and Roots , Leiden, Brill, 2008.
  • [9]
    L’UOIF est créée le 3 mars 1983 à Vandœuvre-lès-Nancy en Meurthe-et-Moselle, dans les locaux de l’Association des musulmans de France (AMF) regroupant quelques étudiants tunisiens et des réfugiés politiques du Moyen-Orient. À sa naissance, elle ne représente que 6 ou 7 maigres associations, dont la Ligue socio-culturelle islamique de Lille.
  • [10]
    S. Amghar, « Les mutations de l’islam politique. Portrait de l’UOIF, porte-parole de l’“islamisme de minorité’’ », La Vie des idées, octobre 2007, disponible sur Laviedesidees.fr .
  • [11]
    Les stratégies de recrutement des Frères musulmans européens sont sensiblement les mêmes que celles employées par leur homologues égyptiens. Voir pour le cas égyptien T. Aclimandos, « Les Frères musulmans, pour une critique des vœux pieux », Politique africaine , n? 108, décembre 2007.
  • [12]
    Entretien avec un ancien militant, 4 février 2002, Paris.
  • [13]
    S. Amghar, L’Union des organisations islamiques de France : acteurs et pratiques associatives, Paris, École des hautes études en sciences sociales, mémoire de DEA, 2002.
  • [14]
    Ces réflexions s’appuient sur l’ouvrage de Paul Ricœur, L’Idéologie et l’Utopie , Paris, Le Seuil, 2005 (1re éd. 1997).
  • [15]
    P. Haenni, « Trois scènes d’une banalité historique. Les islamismes d’Occident ou la redécouverte de la mondialisation libérale », in S. Amghar (dir.), op. cit. [4].
  • [16]
    A. Caiero, « Adjusting Islamic Law to Migration », ISIM Newsletter , n 12, juin 2003.
  • [17]
    T. Oubrou, « La charia de minorité : réflexions pour une intégration légale de l’islam », in F. Frégosi (dir.), Lectures contemporaines du droit islamique. Europe et monde arabe , Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2004. Voir également du même auteur « Introduction théorique à la charia de la minorité  », Islam de France, n 2, 1998.
  • [18]
    Y. al-Qaradaoui, Fi Fiqh al-Aqaliyyat al-Muslima: Hayat al-Muslimin Wasat al-Mujtama’at al-Ukhra (« La jurisprudence de la minorité musulmane : l’attitude modérée du musulman dans une autre société »), Le Caire, Dar al-shuruq, 2001, p. 57.
  • [19]
    T. Jabir al-Alwani, Introduction au statut des minorités. Vers un fiqh des minorités musulmanes en Occident, Paris, IIIT France, 2007.
  • [20]
    F. Mawlawi, Fiqh Al ‘Ibadat (« La jurisprudence des actes d’adoration »), 2001, Beyrouth.
  • [21]
    T. Ramadan.
  • [22]
    Expression empruntée à Farhad Khosrokhavar et Olivier Roy, Iran  : comment sortir d’une révolution religieuse , Paris, Le Seuil, 1999.
  • [23]
    Ce mécanisme a été décrit par Paul Ricœur, dans L’Idéologie et l’Utopie , op. cit . [17].
  • [24]
    Au-delà de son réseau d’associations, l’UOIF garde une « capacité de mobilisation communautaire » jamais démentie, que ce soit lors des congrès du Bourget ou des rassemblements locaux qui peuvent attirer jusqu’à 5 000 personnes au niveau régional, comme à Marseille lors de la prière de l’Aïd.
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