Couverture de POLAM_005

Article de revue

Les décisions de guerre de George W. Bush : l'Afghanistan et l'Irak

Pages 35 à 52

Notes

  • [*]
    James Pfiffner est professeur de politique publique à l’université George Mason à Washington. Auteur ou éditeur d’une dizaine d’ouvrages sur la présidence et les institutions fédérales américaines, il est membre de l’Académie nationale d’administration publique.
  • [1]
    Plusieurs extraits de cet article ont été présentés lors de la Conférence sur le leadership présidentiel au Jepson Center de l’université de Richmond les 9 et 10 septembre 2005.
  • [2]
    Pour une analyse des transitions présidentielles aux États-Unis, voir James P. Pfiffner, The Strategic Presidency : Hitting the Ground Running, 2nd ed. (Lawrence, KS : University Press of Kansas, 1996).
  • [3]
    Bob Woodward, Bush at War (NY : Simon and Schuster, 2004), p. 37-38.
  • [4]
    Woodward, Bush at War, pp. 34-35, 156, 316, 318.
  • [5]
    Woodward, Bush at War, pp. 79-80.
  • [6]
    Woodward, Bush at War, p. 147.
  • [7]
    Pour une analyse péecise du rôle d’intermédiaire neutre et honnête, voir John Burke, “The Neutral/Honest Broker Role in Foreign-Policy Decision Making : A Reassessment, Presidential Studies Quarterly, Vol. 35, No. 2 (June 2005) Special Edition on Presidential Decision Making edited by James P. Pfiffner, pp. 229-258. Pour une application concrète du concept sur Condoleezza Rice au cours du premier mandat du président Bush, voir “Condoleezza Rice as NSC Adviser : A Case Study of the Honest Broker Role, Presidential Studies Quarterly, Vol. 35, No. 3 (September 2005).
  • [8]
    Dans The Rise of the Vulcans. The History of Bush’s War Cabinet, qui retrace la vie des personnages clés du conseil de guerre évoqués par cet article depuis les années 1970, James Mann voit dans le relatif effacement de Rice un manque de fermeté et de conviction. Voir dans les lectures Politique Américaine n°2 Été-Automne 2005, pp. 135-139. [nde]
  • [9]
    Woodward, Bush at War, p. 157, 158.
  • [10]
    Woodward, Bush at War, pp. 243- 244.
  • [11]
    Chester Cooper, un assistant membre du personnel NSC de Lyndon Johnson, rappelle sa réponse aux questions du président à des réunions NSC : « Au cours de la réunion, je me retrouvais fréquemment dans un rêve à la Walter Mitty : lorsque mon tour était venu, je me mettais debout lentement, jetais un regard sur la salle, puis regardais directement le président et disais, très tranquillement et avec beaucoup d’emphase :
    « Monsieur le président, Messieurs, je suis tout à fait en désaccord avec vous. » Mais je sortais de cette transe lorsque j’entendais la voix du président : ’Monsieur Cooper, êtes-vous d’accord ?’ Et ce qui sortait finalement de ma bouche était un : ’Oui, monsieur le président, je suis d’accord.’ »
    (Quoted in Larry Berman, Planning a Tragedy (NY : Norton, 1982), p. 3
  • [12]
    Nicholas LeMann, “Remember the Alamo, The New Yorker (October 18, 2004), p. 158.
  • [13]
    Woodward, Bush at War, pp. 293-294.
  • [14]
    Woodward, Bush at War, pp. 212-213. Les chiffres des pertes sont extraits de Marc Kaufman, “On Afghan Border, War Drags On,” Washington Post (25 January 2003), p. 1, A14.
  • [15]
    Le secrétaire au Trésor de Bush, Paul O’Neill, rapporta que l’Irak était un des sujets principaux des deux premières réunions du NSC sous l’administration Bush, les 30 janvier et 1er février 2001. Ron Suskind, The Price of Loyalty (NY : Simon and Schuster, 2004), pp. 70-74, 82-86.
  • [16]
    Richard Clarke, Against All Enemies (NY: Free Press, 2004), pp. 32-33.
  • [17]
    Woodward, Bush at War, pp. 84-91.
  • [18]
    Glenn Kessler, “U.S. Decision On Irak Has Puzzling Past,” Washington Post (12 January 2003), p. 1, A20.
  • [19]
    Kessler, “U.S. Decision on Irak,” p. A20.
  • [20]
    Bob Woodward, Plan of Attack (NY : Simon and Schuster, 2002) pp. 30-31.
  • [21]
    Woodward, Plan of Attack, pp. 77, 80, 96, 98.
  • [22]
    Le Centcom est le centre de commandement central des opérations américaines basé en Floride.
  • [23]
    Bob Graham, Intelligence Matters (NY : Random House, 2004), p. 126.
  • [24]
    Woodward, Plan of Attack, pp. 120, 127. Le général Franks déclara également le 21 mars que « … mon chef ne m’a pas encore demandé de mettre au point un plan pour faire cela » [attaquer l’Irak], p. 130.
  • [25]
    Selon David Frum, un rédacteur de discours a été chargé de « donner une justification à la guerre » en Irak. David Frum, The Right Man (NY : Random House 2003), pp. 224, 238-240.
  • [26]
    Kessler, “U.S. Decision on Irak,” p. A20; Woodward, Plan of Attack, p. 119.
  • [27]
    Weekly Compilation of Presidential Documents, Administration of George W. Bush, 2002, “Commencement Address at the United States Military Academy in West Point, New York” (1 June 2002), pp. 944-948.
  • [28]
    Nicholas Lemann, “How It Came to War,” The New Yorker (31 March 2003), p. 36. Pour les critiques de Haass sur la décision de faire la guerre à l’Irak, voir The Opportunity (NY : Public Affairs, 2005), pp. 182-194.
  • [29]
    Thomas E. Ricks, “Some Top Military Brass Favor Status Quo in Irak, Washington Post (28 July 2002).
  • [30]
    Weisman, Steven R. 2002. “History Lessons for Wartime Presidents and Their Generals.” The New York Times, 9/15/02.
  • [31]
    Brent Scowcroft, “Don’t Attack Saddam, The Wall Street Journal (15 August 2002).
  • [32]
    James A. Baker III, “The Right Way to Change a Regime, The New York Times (25 August 2002).
  • [33]
    Washington Post, “Powell Aide Disputes Views on Irak.” (28 August 2002) p. A16.
  • [34]
    Tara Tuckwiller, “Don’t invade yet, ex-NATO chief says, Charleston Gazette (15 October 2002), p. 1A.
  • [35]
    Thomas E. Ricks, “Desert Caution, Washington Post (28 January 2003), p. C1. Schwartzkopf a introduit ces remarques en écrivant : “L’idée de Saddam Hussein disposant de capacités nucléaires sophistiquées est effrayante, ok ?”
  • [36]
    Dana Milbank, “Cheney Says Iraki Strike Is Justified.” The Washington Post, (27 August 2002), p. 1, A8.
  • [37]
    Erick Schmitt, “U.S. Force in Gulf Is Said to be Rising to 150,000 Troops, The New York Times (12 January 2003), p. 1.
  • [38]
    State of the Union address (28 January 2003), printed in Washington Post (29 January 2003), pp. A10-A11.
  • [39]
    Woodward, Plan of Attack, pp. 150-151.
  • [40]
    Woodward, Plan of Attack, pp. 251-252, 265.
  • [41]
    Woodword, Plan of Attack, p. 251-252.
  • [42]
    John Burke, “Condoleezza Rice as NSC Adviser : A Case Study of the Honest Broker Role, Presidential Studies Quarterly, Vol. 35, No. 3 (September 2005).
  • [43]
    Voir James P. Pfiffner, “Did President Bush Mislead the Country in His Arguments for War with Irak ?” Presidential Studies Quarterly Vol. 34, No. 1 (March 2004), p. 33.
  • [44]
    Pour une analyse détaillée sur les trois derniers points, voir James P. Pfiffner, “Did President Bush Mislead the Country in his Arguments for War With Irak ?” Presidential Studies Quarterly Vol. 34, No. 1 (March 2004), pp. 25-46.
  • [45]
    Voir James Fallows, “Blind Into Baghdad,” The Atlantic Monthly (January/February 2004), pp. 52-74. Voir également Woodward, Plan of Attack, pp. 280-285.
  • [46]
    Woodward, Plan of Attack, p. 249.
  • [47]
    Cité dans Burke et Greenstein, How Presidents Test Reality, pp. 54-55.
  • [48]
    Andrew Rudalevige, “What Should the President Know and When Should He Know it ?”, PRG Report (Vol. 26, No. 1 (Fall 2003), p. 1. Pour une analyse plus formelle, voir Andrew Rudalevige, “The Structure of Leadership : Presidents, Hierarchies, and Information Flow, Presidential Studies Quarterly Vol. 35, No. 1 (June 2005), pp. 333-360; dans la même édition, voir également Matthew J. Dickinson, “Neustadt, New Institutionalism, and Presidential Decision Making : A Theory and Test.”

1Le président George W. Bush a obtenu des résultats contrastés au cours de ses deux mandats. Son installation à la présidence en 2000, bien que ralentie par le retard pris dans la décision de la Cour suprême pour la désignation du vainqueur des élections, s’est déroulée avec compétence [1].

2Bush mit à profit cette période de transition pour recentrer son programme politique sur quelques priorités essentielles, au lieu de se disperser en élaborant un catalogue de propositions [2]. Sa principale victoire fut une réduction des prélèvements de 3,3 milliards de dollars sur dix ans qu’il a habilement fait passer au Congrès. Juste au moment où son programme politique commençait à perdre son élan, à la fin de l’été 2001, survinrent les attaques terroristes contre New-York et Washington. Le taux de satisfaction de l’opinion fit un bond de 35 points du jour au lendemain, et la plus grande partie de la communauté internationale exprima sa solidarité avec les États-Unis.

3Le président Bush profita de cette opportunité dès sa réaction aux atrocités. Il rassura la nation par une rhétorique efficace, et réfréna le besoin urgent de frapper un ennemi pour les attaques terroristes. Il opta pour la délibération en vue d’une réponse militaire aux attaques, consultant son « conseil de guerre » et attendant des conditions favorables pour une invasion à grande échelle de l’Afghanistan. Bien qu’il décida d’une intervention militaire essentiellement américaine, il consulta aussi ses alliés et les impliqua dans la préparation de la guerre contre les Talibans en Afghanistan.

4La prise de décision de la Maison-Blanche sur l’entrée en guerre en Afghanistan fut relativement efficace. La phase de combat fut rondement menée et les États-Unis profitèrent des conditions et de la politique locales pour s’assurer la victoire. Le suivi de l’évolution du pays fut cependant insuffisant pour l’aider à construire une économie capable de prospérer sans s’appuyer sur la culture de l’opium, destiné au trafic international d’héroïne. La raison de cet échec de la reconstruction de l’Afghanistan réside dans le transfert rapide des ressources humaines, financières, logistiques, de renseignement, etc., vers la nouvelle priorité militaire, l’Irak. Or, si le processus de prise de décision présidentiel sur l’Afghanistan fut relativement efficace et permit des succès à court-terme, les prises de décision bien moins systématiques et délibératives concernant la guerre en Irak conduisirent à un désastre pour la politique étrangère des États-Unis. D’une situation de soutien quasi-universel à la politique américaine, la guerre en Irak a conduit à une situation de condamnation quasi-unanime de la part de la communauté internationale. Le contraste entre ces deux processus de décision a beaucoup pesé sur le résultat des deux expériences.

5Les décisions sur l’entrée en guerre en Afghanistan s’étalèrent sur deux mois et furent regroupées en grandes étapes portant sur la direction à prendre. La décision d’intervenir en Irak prit plus d’un an, et même si les décisions opérationnelles furent prises avec précaution, la décision fondamentale de l’entrée en guerre ne fut pas explicitement débattue et il y eut peu, voire aucune réunion où le président Bush et ses principaux conseillers considérèrent les pleines conséquences de l’invasion de l’Irak.

6Que l’invasion et l’occupation de l’Irak soient in fine jugées comme avisées ou déraisonnables ne nous empêche pas d’évaluer dès à présent l’usage et la pertinence des conseils donnés au président. Tant que les archives ne seront pas ouvertes et que les mémoires des responsables les plus directement impliqués ne seront pas publiées, les dynamiques internes du processus de décision qui conduisit à la guerre des États-Unis contre l’Irak resteront inconnues. Mais ce sujet est trop important pour attendre, et il faut avancer avec les informations à notre disposition aujourd’hui.

Le président Bush et la guerre en Afghanistan

7Même si quelques imperfections dans la prise de décision de l’administration Bush seront signalées, celle sur l’Afghanistan fut nettement meilleure à celle qui mena à la guerre en Irak. En vue de planifier la réponse de son administration aux attaques terroristes, le président Bush assembla son « Conseil de guerre », qui comprenait le vice-président Cheney, le Conseiller à la Sécurité nationale Rice, le secrétaire d’État Colin Powell, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, le secrétaire-général de la Maison-Blanche Andrew Card et le directeur de la CIA, George Tenet. Lorsque l’on suggéra que Cheney préside le conseil de guerre pour le président, Bush rejeta l’idée et choisit de présider lui-même les réunions, Rice le remplaçant en son absence [3].

8Bien que Tenet ait été nommé à la tête de la CIA par le président Clinton, le président Bush lui fit personnellement confiance et en vint à se fier à son jugement. Dans l’administration précédente, le président Clinton avait approuvé plusieurs ordres de la CIA et accru les fonds nécessaires au recrutement d’informateurs afin de permettre à la CIA d’entreprendre des opérations d’infiltration contre Oussama Ben Laden et al-Qaïda [4]. Ainsi, dans les jours qui suivirent le 11/9, c’est Tenet qui était le mieux informé à propos des terroristes, d’al-Qaïda et de leur base afghane.

9Le conseil de guerre envisagea plusieurs options pour la poursuite d’al-Qaïda en Afghanistan. Une frappe de missiles de croisière aurait pu être organisée rapidement, mais les cibles auraient pu être abandonnées par les terroristes, et cette option ressemblait trop aux frappes décidées par le président Clinton en 1998 et qui n’avaient mené à rien. Une autre option envisagée était une double opération combinant missiles de croisière et bombardements, et une troisième envisageait de renforcer cette deuxième option par une opération terrestre, c’est-à-dire envoyer des soldats américains en Afghanistan [5].

10Le président décida qu’il était important d’engager des soldats américains dans la bataille, afin de démontrer la détermination et l’engagement des États-Unis. Le problème était l’absence de plan militaire existant, et le temps nécessaire pour mettre en place des zones de repli et des équipes de secours avant que les troupes américaines puissent être envoyées dans le pays.

11La CIA disposait d’une équipe d’une dizaine d’hommes en Afghanistan, et les bombardements de cibles talibans commencèrent le 7 octobre. Mais le président était impatient de lancer l’opération terrestre et d’avoir ainsi des militaires américains sur le sol afghan [6]. Certaines cibles clés des Talibans furent touchées (par exemple des immeubles et terrains aériens), mais très vite les bombardiers manquèrent d’objectifs. Les Talibans ne regroupaient pas leurs troupes, et il y avait peu d’agents au sol capables de diriger des frappes aériennes sur l’ennemi.

12Benjamine de l’équipe en âge et en expérience, Condoleezza Rice démontra son talent en tant qu’intermédiaire et défenseur des souhaits du président. Au cours des délibérations sur l’intervention en Afghanistan, elle agit comme une intermédiaire honnête et comme garante du processus de prise de décision [7]. Elle ne fit pas souvent entendre ses propres avis ni n’agit en avocate d’une politique en particulier, mais elle effila les questions, recentra les discussions, et clarifia les points à soumettre au président, auquel elle donnait ses propres conseils en privé. [8]

13En certaines occasions, Rice souhaitait s’opposer au jugement du président et plaider la prudence, par exemple lorsqu’au début du mois d’octobre le président Bush se montrait impatient d’envoyer des troupes en Afghanistan. Rice l’informa que les militaires avaient besoin de plus de temps pour planifier et mettre en place le dispositif. Le président reconnut son empressement et comprenait que le rôle de Rice était de le faire patienter. [9]

14Différents points de vue furent présentés, mais Bush n’encouragea pas de débat ouvert et réfléchi sur les sujets importants. À la mi-octobre, c’est-à-dire au début de la guerre, alors qu’il n’y avait pas encore de personnel militaire en Afghanistan, Rumsfeld s’offusqua de l’apparente prédominance de la CIA dans le choix des plans et des opérations de guerre, soulignant que le Pentagone ne faisait que suivre la direction et les indications données par l’Agence. Frustré par cette confusion, le président se tourna vers Condoleezza Rice plutôt que de clarifier lui-même les choses et s’appuya sur elle pour expliquer à Rumsfeld qu’il lui revenait de prendre les rênes de la campagne. [10] Le rôle de Rice comme chef du Conseil de Sécurité nationale (NSC) n’a fait que s’accroître au cours des mois qui suivirent le 11/9.

15La CIA et les forces spéciales qui travaillaient avec l’Alliance du Nord encouragèrent les chefs afghans à lancer l’offensive terrestre contre les Talibans mais eurent peu de succès. Les rumeurs d’enlisement américain courant la presse, certains conseillers du président commencèrent à envisager la possibilité d’accroître le contingent et d’« américaniser » la guerre au sol. Mais, lors d’une réunion du NSC, Bush imposa sa décision au conseil de guerre. Nul ne suggéra de plan particulier car il ne demandait pas leur conseil ou leurs réflexions et inquiétudes mais leur confiance et leur consentement. [11]

16Bush fit remarquer que la stratégie avait été lancée depuis seulement 19 jours, et qu’il était trop tôt pour l’abandonner. Il fallait selon lui être patient et attendre que l’Alliance du Nord se décide à combattre les Talibans, ce qui permettrait aux États-Unis de la soutenir par un combat aérien, et de détruire l’ennemi. Sa confiance et son autorité prévinrent toute discussion sur le renforcement de la présence américaine, mais une semaine plus tard, le 2 novembre, le président lui-même envisageait d’envoyer plus de 50 000 soldats américains faire le travail que l’Alliance du Nord ne semblait pas prête à engager. Pour les responsables militaires, cette possible américanisation de la guerre était le pire scénario.

17D’une façon générale, la méthode du président Bush n’est pas la dialectique. Les conseillers conseillent en justifiant leurs positions, le président fait le tri puis décide sans lui-même stimuler un véritable échange, au risque de provoquer un bloquage prématuré du débat. À la différence de John Kennedy lors de la crise des missiles de Cuba, Bush ne consulta pas au-delà de son conseil de guerre. [12] Sa vision du leadership présidentiel inclut certes une bonne coordination de ses conseillers, mais il semble que chacun doive être sur la même « longueur d’onde » pour que se fasse ce qu’il appelle une « discussion honnête », attitude qui empêche de s’aventurer au-delà du consensus supposé (ou imposé) et inhibe l’expression de leurs désaccords par les subordonnés.

18Au début du mois de novembre, les États-Unis disposaient de quatre équipes paramilitaires de la CIA et de trois équipes des forces spéciales militaires en Afghanistan chargées d’aider les chefs de guerre locaux et de se préparer à diriger les frappes aériennes une fois la bataille engagée [13]. Malgré les doutes et une planification au jour le jour par le président et ses conseillers, la situation s’était totalement inversée dès la mi-novembre. L’Alliance du Nord avait commencé à attaquer les Talibans, qui avaient commencé à regrouper leurs troupes, et lorsque les guerriers locaux commencèrent à attaquer au nord et au sud l’étau se resserra sur les Talibans. En quelques semaines, Kaboul fut pris au nord (le 12 novembre) et Kandahar au sud (le 7 décembre).

19Les effectifs américains présents en Afghanistan pendant la guerre furent de 110 membres des troupes paramilitaires de la CIA et 316 soldats des forces spéciales ; la défaite des Talibans ne prit que 102 jours, avec très peu de pertes du côté américain (26 morts et 121 blessés au 25 janvier 2003 [14]). Le nouveau président, Hamid Karzai, prêta serment en public à Kaboul le 22 décembre. La clé de la victoire américaine fut le souhait des chefs de clan afghans de débarrasser l’Afghanistan des Talibans, qui opprimaient le pays depuis des années – et les 70 millions de dollars distribués à tous par la CIA pour obtenir leur soutien et l’engagement de leurs troupes. La force aérienne américaine fut décisive, mais la victoire n’aurait pu être obtenue sans les guerriers afghans au sol. Les troupes indigènes furent probablement plus efficaces que ne l’auraient été dans les montagnes et les vallées afghanes des soldats américains mieux équipés et plus professionnels.

20Une fois l’Afghanistan libéré des Talibans, des forces américaines furent introduites en grand nombre dans le pays pour garantir la paix et commencer la reconstruction. Elles combattirent les forces talibans dans la région des montagnes des Tora Bora voisines du Pakistan, avec des résultats mitigés. Leur mission était de détruire ce qui restait des Talibans et de leurs ressources, et d’empêcher leur fuite par la frontière pakistanaise. Au cours de cette période, Oussama Ben Laden s’est, semble-t-il, glissé à l’extérieur du pays, un de ses hommes emportant son téléphone cellulaire sur une route différente afin de leurrer les forces américaines. Au printemps 2002, les efforts américains en Afghanistan furent ramenés à plus modeste échelle, ressources et personnel commençant à être réaffectés à la préparation de la guerre en Irak.

Le président Bush et la guerre en Irak

21À la différence de la prise de décision présidentielle rapide sur l’Afghanistan, la décision d’envahir l’Irak semble avoir pris une année, ponctuée de décisions successives mais sans un débat formel au sein du gouvernement. Le président Bush était conscient des désaccords sur son apparente intention de mener cette guerre, mais la plupart des désaccords exprimés le furent en dehors de son administration, la seule réserve sérieuse venue de l’intérieur ayant été, semble-t-il, celle de Colin Powell lors d’un dîner avec le président Bush en août 2002.

22On ne sait pas précisément quand le président Bush a finalement pris la décision de faire la guerre en Irak, mais il commença à donner des ordres pour la constitution de plans de guerre peu après les attaques terroristes du 11/9 [15]. Richard Clarke rapporta que le président lui avait ordonné de trouver des liens entre les attaques et Saddam Hussein, bien que Clarke lui eût affirmé que rien dans ce sens n’avait été trouvé. [16] Lors de la réunion du conseil de guerre à Camp David le 15 septembre 2001, la question de l’Irak fut soulevée par le secrétaire-adjoint à la Défense Paul Wolfowitz, qui était tout à fait favorable à une attaque contre Saddam Hussein et suggéra qu’une guerre en Irak pourrait se révéler plus facile qu’une guerre en Afghanistan. Powell répondit que la coalition qui soutenait les États-Unis ne tiendrait pas si l’Irak devenait la cible, Cheney avançant que les États-Unis perdraient en ce cas leur légitimité du « bon » contre le « méchant », Tenet et Card étant également contre une intervention. Le président décida finalement de ne pas attaquer l’Irak à ce moment-là, arguant du risque encouru à se disperser. [17]

23Le 17 septembre 2001, le président Bush signa un plan top secret pour la guerre en Afghanistan qui instruisait également au département de la Défense de commencer à planifier une guerre contre l’Irak [18]. En 2003, des responsables de la Maison-Blanche affirmèrent que Bush avait décidé peu de temps après les attaques terroristes que l’on devait s’opposer à l’Irak, mais qu’il n’avait pas rendu publique cette opinion parce qu’« il ne pensait pas que le pays pourrait supporter le choc du 11/9 et un débat sur la politique à suivre face aux pays qui possédaient des armes de destruction massive [19] ».

24Le 21 novembre 2001, le président décida une concertation plus serrée lorsqu’il demanda à Rumsfeld de prévoir des plans opérationnels pour une guerre contre l’Irak [20]. Le général Tommy Franks fut tout d’abord consterné lorsqu’il reçut l’ordre de Rumsfeld de modifier les priorités, mais il mit en place des équipes au Pentagone pour travailler secrètement sur ces plans, et le 7 février il présenta au président Bush un plan formel immédiatement [21].

25Le sénateur Bob Graham raconte combien il fut choqué d’apprendre du général Franks, lors d’une visite au Centcom le 19 février, que la guerre était en train de se transformer en chasse à l’homme et que les ressources étaient transférées vers l’Irak. [22] Selon Graham, Franks ne considérait pas l’Irak comme une prochaine cible logique dans la guerre contre le terrorisme. Il affirma : « Je fus informé que la décision de partir en guerre contre l’Irak n’avait pas seulement été prise, mais qu’elle était en cours d’application, au détriment de la guerre en Afghanistan [23]. » Début avril à son ranch texan de Crawford où il accueillait Tony Blair, le président affirma à un journaliste britannique n’avoir aucun plan d’attaque à l’ordre du jour, dénégation renouvelée fin mai. [24]

26Le président Bush ne rendit publique sa décision d’affronter l’Irak que lors de son discours sur l’état de l’Union le 29 janvier 2002, et encore sa décision demeurait-elle plutôt obscure et était-elle annoncée d’une manière très générale puisque l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord étaient inclus dans ce qu’il nomma l’« axe du mal ». [25] En avril 2002, l’administration commença à parler de « changement de régime » en Irak, et Bush confia à un journaliste britannique : « Je me suis décidé : Saddam doit partir [26]. » L’intervention publique majeure suivante du président sur la sécurité nationale et l’Irak fut sa déclaration du 1er juin 2002 à l’académie militaire américaine de West Point, où il affirma : « La guerre contre le terrorisme ne pourra être gagnée par la défensive. Nous devons amener la bataille à l’ennemi… » [27] Selon le directeur de la planification du département d’État Richard Haass, qui avait travaillé sur le Moyen-Orient au NSC sous George H. W. Bush), Condoleezza Rice lui avait confié, alors qu’il songeait à soulever la question de l’opportunité de donner à l’Irak la priorité, que le président s’était décidé en juillet 2002. [28]

27Au cours de l’été 2002, certains officiers commencèrent à émettre des réserves sur les projets américains d’invasion de l’Irak. Des articles du Washington Post mentionnaient « des officiers militaires supérieurs » et « quelques généraux et amiraux à la tête de l’armée, parmi lesquels des membres de l’État-major, qui recommandaient une approche prudente de l’Irak. Ils n’étaient pas convaincus que l’Irak était lié de près ou de loin aux attaques terroristes du 11/9, ils pensaient que la stratégie d’endiguement de l’Irak avait fonctionné jusque là, et qu’une invasion militaire coûterait cher et qu’une victoire probable des États-Unis impliquerait une longue occupation de l’Irak [29]. Comme un écho à un autre président venu du Texas, Lyndon Johnson, qui décida de la même façon de minimiser les inquiétudes des opposants à la guerre du Vietnam, George Bush ne tint pas compte des inquiétudes des militaires et lâcha : « Il y a beaucoup de petites filles nerveuses au Pentagone. » [30]

28En août, plusieurs membres de l’administration du président G.H. W. Bush déclarèrent publiquement leur opposition à une guerre en Irak. Brent Scowcroft, Conseiller à la Sécurité nationale de Bush père et mentor de Rice, signa une tribune d’opinion intitulée « N’attaquez pas Saddam ». [31] James Baker, secrétaire d’État, exprima également ses réserves : « Si nous devons changer le régime en Irak, nous devrons occuper militairement le pays. Les coûts politiques, économiques et en nombre de victimes, de cette action, pourraient être importants [32]. » Plusieurs grands chefs militaire retirés du service actif firent aussi connaître leurs fermes réticences, les généraux Anthony Zinni, conseiller du secrétaire d’État Powell et ancien chef du centcom [33], Wesley Clark, ancien commandant en chef des forces alliées de l’Otan[34], et Norman Schwartzkopf, commandant des forces américaines au cours de la guerre du Golfe de 1991. [35]

29L’administration Bush sentant que l’opposition à la guerre en Irak se renforçait et qu’elle devait être contrée, le vice-président Cheney profita d’une allocution devant la convention des vétérans des guerres à l’étranger, le 26 août 2002, pour présenter la position de l’administration en termes abruptes : « Saddam Hussein pourrait … chercher à dominer tout le Moyen-Orient et soumettre les États-Unis ou toute autre nation à un chantage nucléaire. » [36]

30Lorsque l’administration eut convaincu le Congrès de donner au président l’autorité nécessaire pour attaquer l’Irak, Colin Powell et les diplomates américains cherchèrent à constituer une coalition afin de convaincre le Conseil de sécurité de l’ONU d’adopter une nouvelle résolution sur l’Irak. Une fois la résolution passée, les inspecteurs en armement de l’ONU explorèrent l’Irak à la recherche d’armes, avec une grande liberté d’action et au moyen de visites surprises dans les sites pouvant abriter des fabrications d’armes, mais à la fin du mois de janvier ils n’avaient trouvé aucune « fumée de canon ». Le chef des inspecteurs de l’ONU, Hans Blix, affirma qu’il avait besoin de plus de temps pour effectuer un travail méticuleux, mais les États-Unis commencèrent à envoyer des troupes au Moyen-Orient en préparation de la guerre contre l’Irak [37]. Dans son discours sur l’état de l’Union du 28 janvier 2003, le président Bush affirma que les Nations-Unies avaient accordé à Saddam Hussein sa « dernière chance de désarmer [38] ».

31Ce qui est frappant dans la décision d’entrer en guerre est l’absence de réunion des principaux responsables gouvernementaux pour discuter du sujet sur le fond. Lorsque Richard Haass a voulu soulever la question en juillet 2002, Rice lui a répondu que la décision avait déjà été prise. Un des rares moments où un assistant haut placé du président Bush, le secrétaire d’État Powell, a émis des objections, fut l’été 2002, lors d’une réunion avec le président et Rice.

32Le 5 août 2002, à la demande de Powell, Rice organisa une entrevue de deux heures avec le président pour qu’il puisse exprimer ses propres réserves sur une guerre contre l’Irak. Colin Powell affirma qu’une telle guerre déstabiliserait le Moyen-Orient, que le monde musulman serait hostile à une occupation américaine, et qu’il ne fallait pas le faire de manière unilatérale. Powell estimait que le président n’avait pas compris toutes les conséquences d’une invasion américaine et lui expliqua qu’une invasion allait mobiliser l’essentiel de l’armée de terre et que les États-Unis se trouveraient responsables de 25 millions de personnes : « Tant que vous n’aurez pas trouvé un nouveau gouvernement, vous serez le gouvernement. » [39]

33L’aspect relativement informel du processus de prise de décision est illustré par la manière dont le président informa son secrétaire d’État de son choix. Le président avait demandé à Rice et Karen Hughes, proche conseillère depuis le Texas, entrée en guerre, il en avait informé Rumsfeld, mais il n’avait pas interrogé directement Powell (même le prince Bandar, ambassadeur d’Arabie saoudite, savait avant Powell). [40] Le président dut être pressé par Rice d’informer le secrétaire d’État qu’il avait pris sa décision et ainsi le 13 janvier convoqua-t-il Powell pour une réunion de 12 minutes afin de l’informer enfin formellement, et lui demander de soutenir sa décision. Il est frappant que les délibérations portant sur la guerre n’étaient pas assez claires et n’incluaient pas assez de personnes pour que le secrétaire d’État, le seul, en outre, parmi les principaux responsables à avoir une expérience du combat, susse que la décision avait été prise.

34Le président pensait qu’il n’avait pas besoin de demander leur avis à Cheney, Powell ou encore Rumsfeld parce que : « Je sais déjà ce qu’ils pensent… Je pense que nous nous trouvons dans un environnement où les gens se sentent libres de s’exprimer [41]. » Ici encore, le manque de délibération apparent est frappant. Bien qu’il y ait eu de nombreuses réunions pour des décisions tactiques et opérationnelles, pas de synthèse des options, pas de tête-à-tête pesant les pours et les contres. Ceci est peut-être dû en partie au changement de rôle de Rice, qui n’était plus l’honnête intermédiaire qu’elle avait été lors des décisions sur l’Afghanistan. Selon John Burke, lors des décisions sur l’Irak, Rice n’agit pas en intermédiaire neutre. [42] Mais c’est la façon dont le président a voulu utiliser ses talents qui fut déterminante.

35En plus du manque de délibération dans le processus de prise de décision sur l’entrée en guerre, d’autres aspects de la concertation interne au gouvernement posent problème. D’une part, Condoleezza Rice affirma ne pas être courant, et n’en avoir donc pas informé le président, des doutes émis par les départements d’État et de l’Énergie (exprimés dans le National Intelligence Estimate d’octobre 2002) sur l’existence d’un programme d’armes nucléaires en Irak [43]. D’autre part, un Bureau des projets spéciaux fut créé au sein du Bureau du secrétaire à la Défense afin de passer outre l’analyse des informations recueillies par la CIA sur les programmes d’armement de l’Irak. En outre, le vice-président Cheney se rendit en personne au siège de la CIA à Langley pour interroger précisément les analystes de la CIA sur leurs conclusions au sujet des ADM en Irak. Bien que tout à fait légitime en principe, cette intervention fut considérée par certains à l’Agence comme une pression incitant la CIA à adapter son analyse aux plans de guerre de l’administration [44]. Des vues divergentes exprimées au sein même de l’administration furent ignorées ou considérées avec hostilité. Le témoignage du général Shinseki devant le Congrès, selon lequel une intervention en Irak nécessiterait 200 000 soldats, fut critiqué et le général forcé de prendre sa retraite sans les honneurs habituels. Le conseiller économique de la Maison-Blanche Lawrence Lindsey fut remercié pour avoir prédit que la guerre coûterait environ 200 milliards de dollars. Les plans mis au point par le département d’État pour l’occupation et la reconstruction de l’Irak furent ignorés ou supprimés [45]. Enfin, selon ce que rapporte Bob Woodward, le président Bush fit aux deux principaux responsables de la CIA au sujet de leur présentation des preuves d’ADM en Irak un commentaire laissant peu de doute sur leur insuffisance, demandant s’il n’y avait rien de mieux [46] – sans que ses remarques fussent suivies par une réévaluation des preuves à plus haut niveau. Dans chacun de ces cas, l’administration aurait gagné à des discussions plus approfondies.

36La principale leçon à tirer de ces deux cas de prise de décision par l’administration Bush est qu’en l’absence d’un processus idéal et sans faille, un processus délibératif plus explicite peut probablement permettre des décisions plus avisées. Un modèle de prise de décision présidentielle a été établi par le président Eisenhower, dont le passé militaire et le rôle de commandant en chef des forces alliées avaient fait un expert des plans à grande échelle et de la dynamique décisionnaire. Eisenhower souhaitait des débats approfondis et ouverts parmi ses collaborateurs, mais surtout il y encourageait et montrait clairement que les désaccords devaient être exprimés sans retenue ou crainte de sanction. « Je ne connais qu’un moyen d’être certain que l’on a fait de son mieux pour prendre une bonne décision. C’est de rassembler devant soi toutes les personnes qui ont une responsabilité partielle et définie dans le domaine concerné et de les écouter débattre du sujet. Je ne crois pas que les faire venir un à un soit une bonne chose car on risque d’être plus marqué par le dernier venu que par les visiteurs précédents. Il faut mettre ensemble des hommes courageux et convaincus, et les laisser débattre et argumenter entre eux. » [47]

37En citant le dicton d’Eisenhower selon lequel « le leadership est tout aussi vital en conférence que lors d’une bataille », Andrew Rudalevige affirme que le défi posé aux présidents est de s’assurer qu’on leur présente des arguments contradictoires aussi bien que des arguments proches des leurs. [48] La première condition pour relever ce défi est qu’un président veuille entendre les points de vue divergents. Une organisation et des processus décisionnaires précis et rigoureux peuvent permettre de mettre le président en présence d’un grand nombre d’options, mais leur efficacité dépend de la disponibilité des présidents à les utiliser pour envisager toutes les alternatives. Le président Bush a fait preuve de plus de flexibilité lors de sa prise de décision sur l’Afghanistan que dans le cas de l’Irak. La différence de résultat est à cet égard très instructive.

Notes

  • [*]
    James Pfiffner est professeur de politique publique à l’université George Mason à Washington. Auteur ou éditeur d’une dizaine d’ouvrages sur la présidence et les institutions fédérales américaines, il est membre de l’Académie nationale d’administration publique.
  • [1]
    Plusieurs extraits de cet article ont été présentés lors de la Conférence sur le leadership présidentiel au Jepson Center de l’université de Richmond les 9 et 10 septembre 2005.
  • [2]
    Pour une analyse des transitions présidentielles aux États-Unis, voir James P. Pfiffner, The Strategic Presidency : Hitting the Ground Running, 2nd ed. (Lawrence, KS : University Press of Kansas, 1996).
  • [3]
    Bob Woodward, Bush at War (NY : Simon and Schuster, 2004), p. 37-38.
  • [4]
    Woodward, Bush at War, pp. 34-35, 156, 316, 318.
  • [5]
    Woodward, Bush at War, pp. 79-80.
  • [6]
    Woodward, Bush at War, p. 147.
  • [7]
    Pour une analyse péecise du rôle d’intermédiaire neutre et honnête, voir John Burke, “The Neutral/Honest Broker Role in Foreign-Policy Decision Making : A Reassessment, Presidential Studies Quarterly, Vol. 35, No. 2 (June 2005) Special Edition on Presidential Decision Making edited by James P. Pfiffner, pp. 229-258. Pour une application concrète du concept sur Condoleezza Rice au cours du premier mandat du président Bush, voir “Condoleezza Rice as NSC Adviser : A Case Study of the Honest Broker Role, Presidential Studies Quarterly, Vol. 35, No. 3 (September 2005).
  • [8]
    Dans The Rise of the Vulcans. The History of Bush’s War Cabinet, qui retrace la vie des personnages clés du conseil de guerre évoqués par cet article depuis les années 1970, James Mann voit dans le relatif effacement de Rice un manque de fermeté et de conviction. Voir dans les lectures Politique Américaine n°2 Été-Automne 2005, pp. 135-139. [nde]
  • [9]
    Woodward, Bush at War, p. 157, 158.
  • [10]
    Woodward, Bush at War, pp. 243- 244.
  • [11]
    Chester Cooper, un assistant membre du personnel NSC de Lyndon Johnson, rappelle sa réponse aux questions du président à des réunions NSC : « Au cours de la réunion, je me retrouvais fréquemment dans un rêve à la Walter Mitty : lorsque mon tour était venu, je me mettais debout lentement, jetais un regard sur la salle, puis regardais directement le président et disais, très tranquillement et avec beaucoup d’emphase :
    « Monsieur le président, Messieurs, je suis tout à fait en désaccord avec vous. » Mais je sortais de cette transe lorsque j’entendais la voix du président : ’Monsieur Cooper, êtes-vous d’accord ?’ Et ce qui sortait finalement de ma bouche était un : ’Oui, monsieur le président, je suis d’accord.’ »
    (Quoted in Larry Berman, Planning a Tragedy (NY : Norton, 1982), p. 3
  • [12]
    Nicholas LeMann, “Remember the Alamo, The New Yorker (October 18, 2004), p. 158.
  • [13]
    Woodward, Bush at War, pp. 293-294.
  • [14]
    Woodward, Bush at War, pp. 212-213. Les chiffres des pertes sont extraits de Marc Kaufman, “On Afghan Border, War Drags On,” Washington Post (25 January 2003), p. 1, A14.
  • [15]
    Le secrétaire au Trésor de Bush, Paul O’Neill, rapporta que l’Irak était un des sujets principaux des deux premières réunions du NSC sous l’administration Bush, les 30 janvier et 1er février 2001. Ron Suskind, The Price of Loyalty (NY : Simon and Schuster, 2004), pp. 70-74, 82-86.
  • [16]
    Richard Clarke, Against All Enemies (NY: Free Press, 2004), pp. 32-33.
  • [17]
    Woodward, Bush at War, pp. 84-91.
  • [18]
    Glenn Kessler, “U.S. Decision On Irak Has Puzzling Past,” Washington Post (12 January 2003), p. 1, A20.
  • [19]
    Kessler, “U.S. Decision on Irak,” p. A20.
  • [20]
    Bob Woodward, Plan of Attack (NY : Simon and Schuster, 2002) pp. 30-31.
  • [21]
    Woodward, Plan of Attack, pp. 77, 80, 96, 98.
  • [22]
    Le Centcom est le centre de commandement central des opérations américaines basé en Floride.
  • [23]
    Bob Graham, Intelligence Matters (NY : Random House, 2004), p. 126.
  • [24]
    Woodward, Plan of Attack, pp. 120, 127. Le général Franks déclara également le 21 mars que « … mon chef ne m’a pas encore demandé de mettre au point un plan pour faire cela » [attaquer l’Irak], p. 130.
  • [25]
    Selon David Frum, un rédacteur de discours a été chargé de « donner une justification à la guerre » en Irak. David Frum, The Right Man (NY : Random House 2003), pp. 224, 238-240.
  • [26]
    Kessler, “U.S. Decision on Irak,” p. A20; Woodward, Plan of Attack, p. 119.
  • [27]
    Weekly Compilation of Presidential Documents, Administration of George W. Bush, 2002, “Commencement Address at the United States Military Academy in West Point, New York” (1 June 2002), pp. 944-948.
  • [28]
    Nicholas Lemann, “How It Came to War,” The New Yorker (31 March 2003), p. 36. Pour les critiques de Haass sur la décision de faire la guerre à l’Irak, voir The Opportunity (NY : Public Affairs, 2005), pp. 182-194.
  • [29]
    Thomas E. Ricks, “Some Top Military Brass Favor Status Quo in Irak, Washington Post (28 July 2002).
  • [30]
    Weisman, Steven R. 2002. “History Lessons for Wartime Presidents and Their Generals.” The New York Times, 9/15/02.
  • [31]
    Brent Scowcroft, “Don’t Attack Saddam, The Wall Street Journal (15 August 2002).
  • [32]
    James A. Baker III, “The Right Way to Change a Regime, The New York Times (25 August 2002).
  • [33]
    Washington Post, “Powell Aide Disputes Views on Irak.” (28 August 2002) p. A16.
  • [34]
    Tara Tuckwiller, “Don’t invade yet, ex-NATO chief says, Charleston Gazette (15 October 2002), p. 1A.
  • [35]
    Thomas E. Ricks, “Desert Caution, Washington Post (28 January 2003), p. C1. Schwartzkopf a introduit ces remarques en écrivant : “L’idée de Saddam Hussein disposant de capacités nucléaires sophistiquées est effrayante, ok ?”
  • [36]
    Dana Milbank, “Cheney Says Iraki Strike Is Justified.” The Washington Post, (27 August 2002), p. 1, A8.
  • [37]
    Erick Schmitt, “U.S. Force in Gulf Is Said to be Rising to 150,000 Troops, The New York Times (12 January 2003), p. 1.
  • [38]
    State of the Union address (28 January 2003), printed in Washington Post (29 January 2003), pp. A10-A11.
  • [39]
    Woodward, Plan of Attack, pp. 150-151.
  • [40]
    Woodward, Plan of Attack, pp. 251-252, 265.
  • [41]
    Woodword, Plan of Attack, p. 251-252.
  • [42]
    John Burke, “Condoleezza Rice as NSC Adviser : A Case Study of the Honest Broker Role, Presidential Studies Quarterly, Vol. 35, No. 3 (September 2005).
  • [43]
    Voir James P. Pfiffner, “Did President Bush Mislead the Country in His Arguments for War with Irak ?” Presidential Studies Quarterly Vol. 34, No. 1 (March 2004), p. 33.
  • [44]
    Pour une analyse détaillée sur les trois derniers points, voir James P. Pfiffner, “Did President Bush Mislead the Country in his Arguments for War With Irak ?” Presidential Studies Quarterly Vol. 34, No. 1 (March 2004), pp. 25-46.
  • [45]
    Voir James Fallows, “Blind Into Baghdad,” The Atlantic Monthly (January/February 2004), pp. 52-74. Voir également Woodward, Plan of Attack, pp. 280-285.
  • [46]
    Woodward, Plan of Attack, p. 249.
  • [47]
    Cité dans Burke et Greenstein, How Presidents Test Reality, pp. 54-55.
  • [48]
    Andrew Rudalevige, “What Should the President Know and When Should He Know it ?”, PRG Report (Vol. 26, No. 1 (Fall 2003), p. 1. Pour une analyse plus formelle, voir Andrew Rudalevige, “The Structure of Leadership : Presidents, Hierarchies, and Information Flow, Presidential Studies Quarterly Vol. 35, No. 1 (June 2005), pp. 333-360; dans la même édition, voir également Matthew J. Dickinson, “Neustadt, New Institutionalism, and Presidential Decision Making : A Theory and Test.”
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