Couverture de POLAF_167

Article de revue

Industries minières et violences au Burkina Faso. Comment le développement minier a-t-il contribué à l’expansion des groupes armés ?

Pages 119 à 140

Notes

  • [1]
    Je remercie les évaluateurs anonymes ayant permis d’améliorer cet article par leurs commentaires et recommandations, ainsi que mes pairs, professeurs et amis, qui m’ont accompagné tout au long de l’élaboration de mes travaux et de ma thèse de doctorat Environnement, ressources et conflits au Burkina Faso dont cet article est en partie issu. Je souhaite également sincèrement remercier Stephen Brown et Cédric Jourde pour leurs conseils toujours avisés, ainsi que Tongnoma Zongo et Alexis Nagalo, et l’Institut des sciences des sociétés (INSS) du Burkina Faso qui m’a accueilli pour la réalisation de mon terrain de recherche. Je tiens enfin à remercier l’ensemble des assistants de recherche qui ont contribué à la récolte des données, mais aussi les programmes de bourse doctorale Joseph-Armand Bombardier et Michael Smith pour les recherches à l’étranger, ainsi que la Chaire Unesco « Défis partagés du développement : savoir, comprendre, agir » qui ont financé cette recherche.
  • [2]
    Présidence du Faso, « Discours du Président du Faso suite à l’attaque de Nassoumbou dans la commune de Djibo » [en ligne], Présidence du Faso, 16 décembre 2016, <https://www.presidencedufaso.bf/discours-suite-lattaque-de-nassoumbou-dans-la-commune-de-djibo/>, consulté le 8 mars 2023.
  • [3]
    S. Douce, « Au Burkina Faso, l’armée en plein doute face aux attaques terroristes » [en ligne], Le Monde Afrique, 8 décembre 2021, <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/12/08/dans-l-armee-burkinabee-beaucoup-preferent-demissionner-que-d-etre-envoyes-a-l-abattoir_6105179_3212.html>, consulté le 7 décembre 2022.
  • [4]
    M. Le Cam et S. Douce, « Burkina Faso : après son putsch, le capitaine Traoré se rêve en nouveau Sankara » [en ligne], Le Monde Afrique, 21 octobre 2022, <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/10/21/burkina-faso-apres-son-putsch-le-capitaine-traore-se-reve-en-nouveau-sankara_6146842_3212.html>, consulté le 7 décembre 2022.
  • [5]
    A. Antil, « Violence sans fin au Sahel », Études, n° 9, 2020, p. 19-30 ; M. Dwyer, « Situating Soldiers’ Demands : Mutinies and Protests in Burkina Faso », Third World Quarterly, vol. 38, n° 1, 2017, p. 219-234 ; B. Kadet, « L’enjeu ouest-africain de la sécurité au Burkina Faso », European Scientific Journal, vol. 12, n° 8, 2016, p. 366-387 ; N. Hubert, « A Regime Biting its Tail : How Previous Semi-Authoritarian Structures Contributed to Burkina Faso’s Security Crisis », Canadian Journal of Africans Studies, vol. 57, n° 1, 2023, p. 91-113.
  • [6]
    S. de Tessières, At the Crossroads of Sahelian Conflicts : Insecurity, Terrorism, and Arms Trafficking in Niger, Genève, Small Arms Survey’s Security Assessment in North Africa (SANA), 2018 ; H. Snaibia et C. Weiss, « The End of the Sahelian Anomaly : How the Global Conflict between the Islamic State and al-Qa’ida Finally Came to West Africa », CTC Sentinel, vol. 13, n° 7, 2020, p. 1-44 ; G. Soto-Mayor, « Trafics et trafiquants : éléments structurants des sociétés sahéliennes », Recherches internationales, n° 117, 2020, p. 117-135.
  • [7]
    S. Hagberg, M. Gomgnimbou et D. B. Somé, « Forêts classées et terres des ancêtres au Burkina Faso », Working Papers in Cultural Anthropology, n° 3, Uppsala, Uppsala University, 1996 ; N. Hubert, « The Nature of Peace : How Environmental Regulations Can Cause Conflict ? », World Development, n° 141, 2021, p. 1-12.
  • [8]
    T. A. Benjaminsen et B. Ba, « Why Do Pastoralists in Mali Join Jihadist Groups ? A Political Ecological Explanation », The Journal of Peasant Studies, vol. 46, n° 1, 2019, p. 1-20 ; S. B. Gaye, Conflicts between Farmers and Herders against a Backdrop of Asymmetric Threats in Mali and Burkina Faso, Dakar, Friedrich-Ebert-Stiftung Peace and Security, Centre of Competence Sub-Sharan Africa, 2018 ; L. Raineri « Sahel Climate Conflicts ? When (Fighting) Climate Change Fuels Terrorism », Policy Brief, n° 20, EUISS, 2020.
  • [9]
    Une équipe d’enquêteurs et d’enquêtrices de l’Institut des sciences des sociétés du Burkina Faso a contribué à la réalisation de ces entretiens : Ramata Tallm Adama Boly, Amadaou Tamboura, Dramane Nikiema, Ezaï Nana et Tongnoma Zongo.
  • [10]
    Les agents des Eaux et forêts sont des dépositaires de l’autorité chargés de la surveillance des aires naturelles protégées et d’y faire respecter les régulations environnementales.
  • [11]
    S. Capitant, « Les “populations” à l’assaut des mines : économie morale de la contestation minière au Burkina Faso », in M. Leclerc-Olive (dir.), Anthropologie des prédations foncières. Entreprises minières et pouvoirs locaux, Paris, Éditions des archives contemporaines, 2016, p. 29-46 ; L. Chouli, Le boom minier au Burkina Faso. Témoignages de victimes de l’exploitation minière, Pantin, Fondation Gabriel Péri, 2014 ; B. Engels, « Nothing Will Be as Before : Shifting Political Opportunity Structures in Protests against Gold Mining in Burkina Faso », The Extractive Industries and Society, vol. 5, n° 2, 2018, p. 354-362.
  • [12]
    N. Hubert, « La nouvelle législation minière burkinabée : quels risques en matière de développement durable ? », Revue canadienne d’études du développement, vol. 39, n° 4, 2018, p. 500-514 ; A. Zabsonré, M. Agbo et J. Somé, « Gold Exploitation and Socioeconomic Outcomes : The Case of Burkina Faso », World Development, n° 109, 2018, p. 206-221.
  • [13]
    E. Drechsel, B. Engels et M. Schäfer, « “Les mines nous rendent pauvres” : l’exploitation minière industrielle au Burkina Faso », Glocon Country Report, n° 2, Berlin, Glocon, 2018, p. 7.
  • [14]
    Orcade, Étude diagnostique du cadre institutionnel et juridique de l’activité minière industrielle au Burkina Faso : cas de Poura et Essakane. Rapport d’étude, Ouagadougou, Organisation pour le renforcement des capacités de développement, 2006.
  • [15]
    N. S. Zeba, « Le respect du droit à un environnement sain dans l’exploitation minière au Burkina Faso » [en ligne], Lefaso.net, 19 décembre 2014, <https://lefaso.net/spip.php?article62390>, consulté le 7 décembre 2022.
  • [16]
    P. Collier et A. Hoeffler, « Greed and Grievance in Civil War », Oxford Economic Papers, vol. 56, n° 4, 2004, p. 563-595.
  • [17]
    P. Collier et A. Hoeffler, « Resource Rents, Governance, and Conflict », The Journal of Conflict Resolution, vol. 49, n° 4, 2005, p. 625-633 ; P. Le Billon, « The Geopolitical Economy of “Resource Wars” », Geopolitics, vol. 9, n° 1, 2004, p. 1-28.
  • [18]
    B. Korf, « Rethinking the Greed-Grievance Nexus : Property Rights and the Political Economy of War in Sri Lanka », Journal of Peace Research, vol. 42, n° 2, 2005, p. 202 ; T. R. Gurr, « Peoples against States : Ethnopolitical Conflict and the Changing World System », International Studies Quarterly, vol. 38, n° 3, 1994, p. 347-377.
  • [19]
    B. Korf, « Rethinking the Greed-Grievance Nexus… », art. cité ; B. Korf, « Cargo Cult Science, Armchair Empiricism and the Idea of Violent Conflict », Third World Quarterly, vol. 27, n° 3, 2006, p. 459-476 ; B. Korf, « Resources, Violence and the Telluric Geographies of Small Wars », Progress in Human Geography, vol. 35, n° 6, 2011, p. 733-756.
  • [20]
    P. Butler, Colonial Extractions : Race and Canadian Mining in Contemporary Africa, Toronto, University of Toronto Press, 2015.
  • [21]
    Ibid.
  • [22]
    A. Zabsonré et al., « Gold Exploitation and Socioeconomic Outcomes… », art. cité ; E. Drechsel et al., « “Les mines nous rendent pauvres”… », art. cité.
  • [23]
    S. Kalyvas, « The Ontology of “Political Violence”: Action and Identity in Civil Wars », Perspectives in Politics, vol. 1, n° 3, 2003, p. 475-494.
  • [24]
    Entretien avec le directeur de l’Orcade, Ouagadougou, mars 2019 ; entretien avec un ingénieur intervenant sur le site d’Essakane, Ouagadougou, janvier 2019.
  • [25]
    Groupe de discussion avec des riveraines de la commune de Namissiguima, Namissiguima, novembre 2018.
  • [26]
    Entretien avec le chef d’un village riverain du site d’Inata, Djibo, novembre 2018.
  • [27]
    Entretien avec un technicien de l’Élevage de Tongomayel, Djibo, novembre 2018 ; entretien avec un personnel administratif de la mairie de Tongomayel, Djibo, novembre 2018 ; entretien avec un membre du service des Eaux et forêts de Tongomayel, Djibo, novembre 2018.
  • [28]
    Entretien avec un membre du service des Eaux et forêts de Tongomayel, Djibo, novembre 2018.
  • [29]
    Entretien avec un enseignant de Falagountou, Falagountou, novembre 2018.
  • [30]
    Groupe de discussion avec des riverains du site d’Inata, Djibo, novembre 2018.
  • [31]
    Groupe de discussion avec des riveraines de la commune de Falagountou, Falagountou, novembre 2018.
  • [32]
    Entretien avec un agent des Eaux et forêts de Falagountou, Falagountou, novembre 2018.
  • [33]
    Entretien avec le représentant d’un acteur économique privé implanté dans le Nord du Burkina Faso, Ouagadougou, mars 2019 ; entretien avec une société d’évaluation socio-environnementale travaillant avec le secteur minier, Ouagadougou, octobre 2018 ; entretien avec le maire de Falagountou, Ouagadougou, mars 2019.
  • [34]
    Ibid. Groupe de discussion avec des riveraines de la commune de Namissiguima, Namissiguima, novembre 2018 ; groupe de discussion avec des riverains et riveraines de la commune de Falagountou, Falagountou, novembre 2018 ; entretien avec un représentant local de Kalsaka, Kalsaka, novembre 2018.
  • [35]
    Ibid. Entretien avec le maire de Falagountou, Ouagadougou, février 2019 ; entretien avec un représentant associatif de la jeunesse, Falagountou, novembre 2018 ; entretien avec le maire de Kaslaka, Ouagadougou, mars 2019.
  • [36]
    Entretien avec le fils d’une autorité locale peul du Soum, Ouagadougou, mars 2019.
  • [37]
    Pour un aperçu de l’ampleur de ces mouvements sociaux, voir B. Engels, « Nothing Will Be as Before… », art. cité ; S. Capitant, « Les “populations” à l’assaut des mines… », art. cité.
  • [38]
    Entretien avec un enseignant affecté dans un village riverain du site d’Inata, Ouagadougou, novembre 2018 ; entretien avec un représentant local de Kalsaka, Ouagadougou, novembre 2018 ; entretien avec le maire de Falagountou, Ouagadougou, mars 2019.
  • [39]
    Entretien avec un représentant local de Kalsaka, Ouagadougou, novembre 2018.
  • [40]
    Entretien avec un enseignant affecté dans un village riverain du site d’Inata, Ouagadougou, novembre 2018.
  • [41]
    Entretien avec le maire de Falagountou, Ouagadougou, mars 2019.
  • [42]
    Entretien avec un représentant associatif de la jeunesse, Falagountou, Falagountou, novembre 2018 ; entretien avec le conseiller du maire de Falagountou, Falagountou, novembre 2018 ; entretien avec un représentant local de Kalsaka, Ouagadougou, novembre 2018.
  • [43]
    Entretien avec un spécialiste burkinabè des questions de sécurité, Ouagadougou, novembre 2018.
  • [44]
    Entretien avec un représentant local de Falagountou, Falagountou, novembre 2018.
  • [45]
    Entretien avec un spécialiste burkinabè des enjeux environnementaux, Ouagadougou, mars 2019.
  • [46]
    Ibid.
  • [47]
    Le Mouvement du peuple pour le progrès était au moment de l’entretien le parti politique du président en exercice, Roch Kaboré.
  • [48]
    Entretien avec le maire de Falagountou, Ouagadougou, février 2019.
  • [49]
    Ibid. ; entretien avec un responsable de l’Association Tabital Andal des maîtres coraniques du Sahel, Ouagadougou, février 2019.
  • [50]
    Ibid.
  • [51]
    Entretien avec le maire de Falagountou, Ouagadougou, février 2019.
  • [52]
    Entretien avec un adjoint au maire de Namissiguima, Namissiguima, novembre 2018.
  • [53]
    Ibid.
  • [54]
    Entretien avec le directeur de l’Orcade, Ouagadougou, mars 2019.
  • [55]
    Ibid. ; entretien avec une autorité endogène peul du Soum, Ouagadougou, mars 2019.
  • [56]
    Entretien avec un chargé de sécurité d’une agence européenne de développement, Ouagadougou, octobre 2018.
  • [57]
    Entretien avec un responsable de l’Association Tabital Andal des maîtres coraniques du Sahel, Ouagadougou, février 2019 ; entretien avec un responsable de l’association Pulaku Tabital, Ouagadougou, février 2019.
  • [58]
    Entretien avec un chargé de sécurité d’une agence nord-américaine de développement, Ouagadougou, mars 2019 ; entretien avec un propriétaire de puits d’orpaillage dans la périphérie d’Inata, Ouagadougou, février 2019.
  • [59]
    Ibid.
  • [60]
    Entretien avec une ONG spécialisée dans la résolution des conflits, Ouagadougou, novembre 2018.
  • [61]
    Entretien avec un propriétaire d’exploitation artisanale dans le Soum, Ouagadougou, mars 2019.
  • [62]
    Groupe de discussion avec des riverains du site d’Inata, Djibo, novembre 2018 ; entretien avec une autorité endogène peul du Soum, Ouagadougou, mars 2019 ; entretien avec un responsable de l’Association Tabital Andal des maîtres coraniques du Sahel, Ouagadougou, février 2019 ; entretien avec une ONG spécialisée dans la résolution des conflits, Ouagadougou, novembre 2018 ; entretien avec un chargé de sécurité d’une agence européenne de développement, Ouagadougou, octobre 2018.
  • [63]
    Entretien avec une autorité endogène peul du Soum, Ouagadougou, mars 2019.
  • [64]
    Human Rights Watch, « Burkina Faso. Événements de 2020 » [en ligne], in Human Rights Watch, Human Rights Watch World-Report 2021, Human Rights Watch, 2021, <https://www.hrw.org/fr/world-report/2021/country-chapters/377478>, consulté le 7 décembre 2022.
  • [65]
    Entretien avec le directeur de l’Orcade, Ouagadougou, mars 2019 ; entretien avec un agent des Eaux et forêts de Tongomayel, Djibo, novembre 2018 ; entretien avec un membre des FDS affecté dans la zone d’Inata, Djibo, novembre 2018 ; entretien avec un ancien employé de la mine d’Inata, Ouagadougou, novembre 2018 ; groupe de discussion avec des riverains du site d’Inata, Djibo, novembre 2018 ; entretien avec une autorité endogène peul du Soum, Ouagadougou, mars 2019.
  • [66]
    Entretien avec une autorité endogène peul du Soum, Ouagadougou, mars 2019.
  • [67]
    Groupe de discussion avec des riverains de la commune de Falagountou, Falagountou, novembre 2018.
  • [68]
    Groupe de discussion avec des riveraines de la commune de Namissiguima, Namissiguima, novembre 2018.
  • [69]
    Entretien avec un agent de l’Élevage et de l’agriculture, Falagountou, novembre 2018.
  • [70]
    Entretien avec un membre des FDS, Falagountou, novembre 2018.
  • [71]
    Ibid.
  • [72]
    Ibid. Entretien avec un responsable de l’Association Tabital Andal des maîtres coraniques du Sahel, Ouagadougou, février 2019.
  • [73]
    Groupe de discussion avec des riveraines de la commune de Namissiguima, Namissiguima, novembre 2018.
  • [74]
    Ibid.
  • [75]
    Entretien avec un représentant local de Namissiguima, Namissiguima, novembre 2018.
  • [76]
    Groupe de discussion avec des riverains du site d’Inata, Djibo, novembre 2018.
  • [77]
    Ibid.
  • [78]
    Ibid. Entretien avec un agent des Eaux et forêts de Tongomayel, Djibo, novembre 2018.
  • [79]
    Entretien avec un technicien de l’Élevage de Tongomayel, Djibo, novembre 2018.
  • [80]
    Ibid.
  • [81]
    « Burkina Faso : raid de la force Barkhane après l’attaque d’une gendarmerie » [en ligne], RFI, 4 octobre 2018, <http://www.rfi.fr/fr/afrique/20181004-burkina-faso-raid-barkhane-attaque-gendarmerie>, consulté le 8 décembre 2022 ; « Burkina : trois employés de la mine d’or d’Inata enlevés dans le nord du pays » [en ligne], Jeune Afrique, 24 septembre 2018 <https://www.jeuneafrique.com/633825/politique/burkina-trois-employes-de-la-mine-dor-dinata-enleves-dans-le-nord-du-pays/>, consulté le 8 décembre 2022.
  • [82]
    Entretien avec une ONG spécialisée dans la résolution des conflits, Ouagadougou, novembre 2018 ; entretien avec un acteur économique impliqué au Sahel, Ouagadougou, février 2019 ; entretien avec un chargé de sécurité d’une agence nord-américaine de développement, Ouagadougou, mars 2019 ; entretien avec le maire de Falagountou, Ouagadougou, février 2019.
  • [83]
    Ibid.
  • [84]
    Entretien avec un ancien employé Inata, Ouagadougou, novembre 2018 ; groupe de discussion avec des riverains du site d’Inata, Djibo, novembre 2018 ; entretien avec un chargé de sécurité d’une agence nord-américaine de développement, Ouagadougou, mars 2019.
  • [85]
    Entretien avec un chargé de sécurité d’une agence nord-américaine de développement, Ouagadougou, mars 2019 ; entretien avec une ONG spécialisée dans la résolution des conflits, Ouagadougou, novembre 2018 ; entretien avec un responsable de l’Association Tabital Andal des maîtres coraniques du Sahel, Ouagadougou, février 2019.
  • [86]
    Rencontre tenue à Ouagadougou en mars 2019.
  • [87]
    Entretien avec un acteur économique international implanté dans le nord du Burkina Faso, Ouagadougou, février 2019 ; groupes de discussion avec les riverains et les riveraines de Falagountou, Falagountou, novembre 2018.
  • [88]
    Entretien avec le directeur de l’Orcade, Ouagadougou, mars 2019.
  • [89]
    Ibid.
  • [90]
    Entretien avec une source sécuritaire occidentale, Ouagadougou, février 2019 ; entretien avec un chargé de sécurité d’une agence nord-américaine de développement, Ouagadougou, mars 2019. Voir également Berne Declaration, A Golden Racket : The True Source of Switzerland’s “Togolese” Gold. A Berne Declaration Investigation, Berne, Berne Declaration, 2015.
  • [91]
    Union africaine, Vision du régime minier de l’Afrique, Union africaine, 2009, rapport cité par B. Campbell (dir.), Ressources minières en Afrique. Quelle réglementation pour le développement ?, Ottawa, Presses de l’université du Québec, 2011 ; N. Hubert, « La nouvelle législation minière burkinabée… », art. cité.
  • [92]
    B. Korf, « Rethinking the Greed-Grievance Nexus… », art. cité ; B. Korf, « Cargo Cult Science… », art. cité ; B. Korf, « Resources, Violence and the Telluric Geographies… », art. cité.
  • [93]
    Entretien avec un fonctionnaire du Bureau national des évaluations environnementales, Ouagadougou, février 2019.

1 Depuis l’enlèvement en avril 2015 d’un employé expatrié de la mine de Tambao, puis l’attaque du poste de police d’Oursi quelques mois plus tard, le Burkina Faso connaît une propagation croissante de dynamiques conflictuelles sur son territoire, bien que celles-ci demeurent concentrées dans un premier temps dans la région du Sahel, et plus spécifiquement dans la province du Soum [1]. C’est dans cette province que survient, le 16 décembre 2016, l’attaque de la gendarmerie de Nassoumbou, à une vingtaine de kilomètres du site minier d’Inata. Considérée comme l’acte fondateur du groupe armé burkinabè Ansarul Islam, cette attaque démontre également l’incapacité de l’État burkinabè à enrayer la propagation des dynamiques conflictuelles régionales sur son territoire [2]. C’est également sur ce même site d’Inata qu’a eu lieu, en novembre 2021, l’attaque la plus meurtrière perpétrée contre des forces armées burkinabè. Cette attaque a suscité plusieurs manifestations et a été à l’origine de protestations au sein de l’armée, dénonçant la gestion de la crise sécuritaire par le président burkinabè Roch Kaboré, deux mois avant son renversement par le coup d’État militaire amenant le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba au pouvoir [3], à son tour renversé par le capitaine Ibrahim Traoré le 20 septembre 2022 [4]. Il serait toutefois délicat d’appréhender ces dynamiques conflictuelles à l’aune d’un prisme narratif monolithique consistant simplement à relier la dégradation sécuritaire à la propagation du conflit malien. Cette perception du conflit amène à sous-estimer le rôle joué par des conflits locaux ou par des luttes de pouvoir endogènes, mais également par l’autorité centrale et le développement minier dans l’émergence et l’alimentation des dynamiques conflictuelles.

2 En effet, plusieurs facteurs permettent d’expliquer l’accroissement des dynamiques conflictuelles ces dix dernières années au Burkina Faso. On peut notamment mentionner les stratégies de distribution de l’autorité adoptées par le précédent régime de Blaise Compaoré [5], la superposition des réseaux du banditisme et de la criminalité transnationale à ceux du terrorisme [6], mais également l’encadrement violent et prédateur des aires naturelles protégées [7], ou encore la pression anthropique sur l’environnement et l’impact des changements climatiques [8]. À l’instar de l’ensemble des conflits armés, la crise sécuritaire au Sahel doit être considérée comme multifactorielle et superposant autant de réseaux d’acteurs que de phénomènes sociaux, politiques ou économiques. Dans cette perspective, cet article cherche à interroger la manière dont les impacts socio-environnementaux et politiques suscités par le développement minier ont contribué à une perte de légitimité de l’État burkinabè et à l’élargissement des bassins de recrutement des groupes armés locaux (composés de petites cellules de combattants burkinabè) et transnationaux (initialement issus du conflit malien et actifs, en tant que réseau, dans plusieurs pays de la sous-région).

3 Il repose sur des données collectées lors d’un terrain de recherche réalisé au Burkina Faso entre octobre 2018 et mars 2019 durant lequel nous avons procédé à près de 140 entretiens et focus groupes menés auprès de sources travaillant dans le domaine de la sécurité nationale et internationale, de responsables gouvernementaux et associatifs, de représentants politiques et associatifs locaux, ainsi que des habitants des communautés riveraines des sites extractifs de Kalsaka et Karma (dans la région Nord), d’Inata et Essakane (dans la région du Sahel), ainsi que de la Réserve présidentielle de chasse de Pama (dans la région de l’Est). Les entretiens menés auprès des communautés riveraines ont été réalisés de manière semi-dirigée, soit individuellement soit en groupe de discussion [9], et conduits en français ou dans les langues des communautés ciblées par l’étude (mooré, songhaï et fulfudé), dans les zones urbaines des sites miniers afin de limiter les risques sécuritaires. Les sites ont en effet été sélectionnés en fonction de leurs conditions d’accès, mais aussi de l’avancement du processus d’exploitation minière, des niveaux d’exposition aux dynamiques conflictuelles ainsi que de leurs différences socio-culturelles. Cette analyse s’appuie sur des témoignages recueillis sur les sites de Karma et de Kalsaka et se focalise sur les sites miniers d’Inata et d’Essakane, qui constituaient les sites les plus exposés aux dynamiques conflictuelles durant la période de l’enquête. Les témoignages apportés par les communautés riveraines permettent de comprendre le rôle du développement minier dans le processus de rupture violente entre le centre du pouvoir, les élites politiques et économiques établies à Ouagadougou et coalisées autour du gouvernement et de l’administration centrale (dénommées dans la suite de l’article « autorité centrale »), et les communautés périphériques. Dans un propos liminaire, nous étudions la situation conflictuelle dans ces régions en revenant sur les outils analytiques mobilisés par les travaux sur la violence politique et les conflits civils, notamment l’opposition classique entre avidité et grief. Nous nous intéressons ensuite à la superposition des violences et des exclusions environnementales suscitées par la gestion des aires naturelles protégées et du développement minier, ce qui permet de comprendre le processus de rupture entre populations locales et autorité centrale. Nous analysons enfin l’un des effets de ce processus à Inata et à Essakane, où des groupes armés voient leur attractivité s’accroître et parviennent ainsi à élargir leur bassin de recrutement dans la périphérie de ces sites miniers.

Violences, mauvaise gouvernance et ressources naturelles

4 Pour comprendre la dégradation sécuritaire au Burkina Faso, il serait nécessaire de considérer, à l’échelle locale des sites miniers et des aires protégées, la détérioration des conditions socio-environnementales des populations, ce qui contribue à accroître leur défiance à l’égard de l’État burkinabè. Cette situation est suscitée par la gestion arbitraire et violente des aires naturelles protégées par les agents des Eaux et forêts [10], ainsi que par l’ampleur du développement minier qui affecte les populations résidant dans ces zones. Il est à ce titre intéressant de constater que les principaux foyers de violence, ainsi que les principales zones d’ancrage des groupes armés se situent au sein de ces aires naturelles protégées et chevauchent souvent les zones d’impacts socio-environnementaux de sites extractifs industriels – ce qui explique aussi que les agents des Eaux et forêts et les entreprises minières constituent l’une des principales cibles des attaques revendiquées par les groupes armés transnationaux. Il est ici nécessaire de souligner qu’en raison de leur létalité et de leur nature, les attaques contre les entreprises minières internationales ne pourraient s’apparenter à des stratégies de captation de la rente par l’intermédiaire de l’achat de la sécurité. En effet, non seulement les attaques perpétrées visent à tuer les employés ou à détruire les capacités de production des compagnies minières, voire à reprendre possession des terres et des gisements exploités, mais l’insécurité générée pousse à mettre à l’arrêt l’exploitation industrielle, comme cela a été le cas pour les sites de Boungou et d’Inata. Il est également important de ne pas essentialiser ni les communautés riveraines des sites miniers, ni les acteurs prenant part aux violences, en appréhendant leurs actions à l’aune d’une analyse purement rationnelle qui réduirait celles-ci à une prédation économique et à une compétition pour l’accès aux ressources aurifères. Au contraire, la littérature existante sur les conflits miniers au Burkina Faso met en avant les conflits sociaux et fonciers opposant les communautés riveraines aux sociétés minières internationales, ainsi que les dynamiques de paupérisation et de déstructuration des tissus socio-économiques locaux engendrées par le boom minier de la fin des années 2000 [11]. Outre une concurrence avec les activités de subsistance des communautés riveraines, le développement extractif engendre une forte inflation des prix, une augmentation importante de la densité de population, une urbani sation soudaine et non contrôlée, une concentration de travailleurs exogènes, ainsi qu’un accroissement de la déscolarisation, de la prostitution et de la criminalité et, par conséquent, de l’influence des réseaux informels liés au crime organisé au sein des régions minières.

5 Ainsi, tandis que la libéralisation du secteur extractif burkinabè n’a finalement pas représenté le levier économique susceptible d’amorcer le développement du pays [12], 604 nouveaux permis d’exploration ont été octroyés en 2011 à diverses multinationales minières et plus de la moitié du territoire burkinabè est actuellement exposée au développement minier [13]. Cette saturation de l’espace est d’autant plus préoccupante que plusieurs spécialistes et organisations burkinabè mettent en garde contre les risques majeurs de pollution engendrés par le développement minier [14], et sur ses répercussions potentielles sur la pérennité des tissus socio-économiques et de la sécurité alimentaire des populations rurales, dépendant majoritairement de l’agro-pastoralisme. La journaliste burkinabè Nafissatou Stella Zeba notait déjà en 2014 que les expropriations, la destruction des terres arables et l’altération des écosystèmes liées au développement des sites d’extractions engendraient, « à plus ou moins long terme […], un état de paupérisation pouvant conduire à de “petites insurrections” dont l’effet d’entraînement se fait déjà ressentir çà et là [15] ». Ces phénomènes sont explicitement dénoncés par les communautés riveraines lors de manifestations, parfois violentes, organisées contre des sociétés minières, et qui s’agrègent aujourd’hui pour former des insurrections périphériques prenant une ampleur nationale. Dans cet article, nous montrons que c’est en instrumentalisant les exactions commises par l’autorité centrale et la perte d’accès à la terre et à l’environnement causée par le développement minier que les groupes armés transnationaux élargissent leurs bassins de recrutement au sein des populations et renforcent leur insertion dans les tissus socio-politiques endogènes.

6 Les relations entre la mauvaise gouvernance, la fragilité étatique et la violence politique font l’objet de nombreux travaux qui mettent autant en avant des logiques d’action basées sur le modèle de la cupidité [16] que des mécanismes relevant de la prédation économique et de la captation des ressources par les élites dirigeantes [17]. À l’inverse, les tenants du modèle des griefs estiment qu’il est nécessaire d’accorder davantage d’attention aux injustices et aux violations des droits perçues par les populations qui prennent les armes pour s’opposer aux modes de contrôle ou aux mécanismes de domination dont elles sont victimes [18]. À l’instar des positions soutenues par Korf, cette recherche souligne non seulement que les modèles d’action basés sur les griefs ou la cupidité des acteurs sont plus complémentaires qu’opposés, mais également qu’ils demeurent ancrés dans une perspective beaucoup trop rationalisée des comportements humains et qu’ils doivent intégrer une compréhension beaucoup plus fine des constructions sociales et politiques, ainsi que des violences, des rapports de domination et des mécanismes de prédation propres à chaque territoire ou société [19]. Il est également important de souligner que ces approches font totalement abstraction des contraintes structurelles imposées et initiées par les rapports de domination et de prédation avec des acteurs politiques et économiques internationaux, comme le met en évidence Butler [20]. En effet, les États et les compagnies extractives ont tendance à se focaliser sur les bénéfices individuels pouvant être engrangés à court terme et à faire abstraction des coûts sociaux et environnementaux générés par l’activité minière. Ainsi, la mauvaise gestion des ressources naturelles est également liée à l’affaiblissement du contrôle sur le secteur minier issu des politiques de conditionnalité et à la libéralisation forcée des secteurs extractifs [21], qui en retour tendent à accroître les inégalités socio-économiques entre le centre de pouvoir et les populations périphériques [22]. La détérioration des dynamiques socio-environnementales locales, ainsi que l’accroissement des antagonismes avec le centre du pouvoir accentuent alors une rupture politique et sociale déjà à l’œuvre et favorise un ancrage territorial et social des groupes armés transnationaux ou des réseaux criminels qui concurrencent la légitimité et l’autorité de l’État [23]. Pour éclairer cette perspective, la prochaine section étudie la manière dont les impacts socio-environnementaux, les griefs et les frustrations suscitées par le développement minier, et qui viennent s’ajouter aux violences associées aux aires naturelles protégées, affectent les structures socio-politiques et le quotidien des populations riveraines des sites extractifs.

Industries minières, frustrations et exclusions environnementales

7 C’est à la fois la mauvaise présence et l’absence de l’État que l’on peut identifier comme l’un des principaux facteurs de l’élargissement des bassins de recrutement des groupes armés et de la propagation des violences. L’absence de l’État est caractérisée par le manque d’infrastructures publiques, de professionnels de santé, d’investissements dans les plans de développement régional, ou encore par le manque de considérations pour les opportunités économiques générées par les marchés agropastoraux des régions reléguées en périphérie. C’est à l’inverse la présence de l’autorité centrale qui est identifiée comme la principale source des griefs exprimés par les populations reléguées en périphérie. La présence de l’État est alors mesurée non pas à l’aune de ses réalisations en matière de développement ou d’accompagnement de ses administrés, mais du déploiement de ses forces de défense et de sécurité (FDS). Pour les populations riveraines des sites extractifs industriels, les dégradations environnementales génèrent un mécontentement et une frustration s’accentuant à mesure que l’espoir initialement suscité par l’arrivée de la mine se heurte aux réalités d’un extractivisme [24] qui vient amputer leurs activités de subsistance. Une riveraine du site de Karma souligne à ce sujet que, depuis que la mine a « mis pied dans notre village, nous ne nous appartenons plus [on n’est plus libres] [25] ». Le chef d’un village riverain du site d’Inata a une perception similaire :

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« [L’implantation de la mine] a beaucoup bouleversé nos activités […]. On cultive, mais ce n’est pas assez. Oui, on exploite de l’or aussi, mais ce n’est pas assez. Aussi l’élevage on rencontre beaucoup de difficultés […] et nos fils ne sont pas employés pour que l’on puisse s’en sortir [26]. »

9 Les responsables administratifs et techniques de Tongomayel, le chef-lieu dont dépend le site d’Inata, constatent que les changements des modes de vie que subissent les populations sont largement dommageables et ne peuvent être contrebalancés par les bénéfices issus du développement des sites miniers [27]. Un agent des Eaux et forêts de Tongomayel va même jusqu’à affirmer que les communautés riveraines sont désormais exposées « à la famine » et « à la misère totale [28] ». En ce qui concerne les communautés riveraines du site d’Essakane, un enseignant de Falagountou constate qu’avant l’arrivée de la mine, « la commune s’enrichissait bien [mais] les blancs ont débordé pour venir jusqu’à prendre une partie de la commune et, maintenant, ça cause problème. La vie chère s’est installée subitement [29] ». À l’instar des impacts observés sur les sites d’Inata, de Kalsaka et de Karma, le développement extractif ne permet plus aux communautés riveraines de se tourner vers l’orpaillage pour obtenir un revenu de subsistance et compenser la perte de leurs champs.

10 Lors des enquêtes préalables à la réalisation des plans d’impacts socio-environnementaux du site d’Inata, dans la province du Soum, la majorité des personnes interrogées considéraient que la mine était plus importante que l’État burkinabè, notamment en raison de l’espoir suscité par le développement minier [30]. Il en allait de même pour le site d’Essakane. Une habitante d’un village riverain du site explique à ce sujet que les populations riveraines pensaient que « la mine allait faire l’affaire de toute la communauté, vieux comme jeunes, mais grande fut notre déception [31] ». Le chef du même village confirme que le développement de la première fosse, en 2013, avait suscité un espoir au sein de la communauté. Mais à partir du développement de la seconde fosse, en 2016, la mine a accru la concurrence pour l’accès au foncier et aux ressources en eau, ainsi que sur les derniers sites d’orpaillages encore accessibles pour les populations riveraines [32], une situation d’autant plus problématique qu’aujourd’hui la compagnie minière Iamgold réfléchit au développement d’une troisième fosse dans la commune [33]. À l’instar des autres sites miniers étudiés, cet espoir s’est transformé en frustration à mesure de l’accumulation des déceptions quant aux compensations promises mais non perçues, à la perte de l’accès à l’environnement, à la pollution des ressources en eau et des terres arables subsistantes ainsi qu’au manque d’embauche des personnes issues des communautés riveraines [34]. Pour un agent de l’Agriculture de Falagountou, le véritable problème est que les débouchés professionnels offerts par le développement extractif sont particulièrement limités. En effet, alors que l’ensemble des personnes interrogées fait part de leur volonté de pouvoir être embauché au sein des sites industriels, elles témoignaient que seulement une faible proportion des membres des communautés riveraines parvient à obtenir un emploi et que la majeure partie des postes sont attribués à des résidents des grandes agglomérations, ou sous-traités par des entreprises de la sous-région ouest-africaine [35]. Le fils d’une autorité locale peul du Soum souligne qu’au niveau d’Inata, le problème est que tous les jeunes de la zone ne répondent pas aux critères exigés par la mine pour être embauché, notamment en matière de niveau d’études, mais qui sont totalement étrangers à la réalité de ces communautés [36].

11 Si les nombreux conflits sociaux et tensions pouvant être observés sur les sites miniers [37] ont trait à la question des compensations et à l’insuffisance du recrutement local, c’est parce que les dédommagements perçus, même iniques, ainsi que la perspective que représente l’emploi minier sont désormais les seules alternatives possibles pour les populations riveraines, notamment en raison de la destruction physique et de l’altération des équilibres socio-environnementaux. Cette frustration est alors à l’origine de divers mouvements spontanés dirigés à la fois contre les représentations locales du gouvernement burkinabè et les compagnies minières [38]. Un représentant local de la commune de Kalsaka explique par exemple que, lorsque la compagnie minière a fait exploser la colline sacrée située à l’intérieur du périmètre minier, contrairement aux accords établis oralement avec les populations locales, la communauté « a fait des marches, on a fait des protestations, d’autres sont venus de Ouaga même pour nous soutenir. Et puis ils ont cassé tout ça là [39] ». De la même manière, un enseignant affecté dans un village riverain du site d’Inata explique que, lorsque les populations riveraines veulent exprimer leur mécontentement à la compagnie minière, « ils font des mouvements, ils se lèvent, ils barrent, barricadent les voies. Parce que quand c’est des mouvements spontanés comme ça, c’est difficile en fait. Voilà, donc, ils barricadent les voies, et ils réclament, ils disent [40] ». Cette frustration est ressentie au-delà des périmètres prédéfinis par les études d’impacts socio-environnementaux et vient se greffer à une frustration antérieure, partagée par l’ensemble des régions concernées, celle d’être reléguées en périphéries de l’État central et de n’être intégrées dans les réseaux de distribution de l’autorité que par le biais d’un usage illégitime de la violence d’État.

12 Dans ce contexte, les frustrations vécues en raison des projets de développement minier sont également appréhendées comme si elles étaient imposées par Ouagadougou et se superposent au sentiment de délaissement régional. L’expression de ce sentiment lors de manifestations, parfois violentes, est alors autant dirigée contre les compagnies minières que contre les représentations déconcentrées de l’État burkinabè. Le maire de Falagountou explique à ce propos que les premières négociations qui se sont déroulées en 2008 pour l’implantation de la mine n’ont pas permis d’obtenir de conditions pérennes pour les communautés riveraines et qu’elles demeurent la source de nombreuses frustrations. Il précise qu’« il y a eu plusieurs manifestations violentes en 2015. Des engins de la mine, des véhicules, la clôture, ont été détériorés ou ont été incendiés [41] ». Des manifestations au cours desquelles les forces de sécurité tendent à s’interposer pour protéger les installations minières et l’autorité centrale à sanctionner juridiquement les personnes arrêtées [42], ce qui a renforcé en retour la perception de frustrations et de relations arbitraires entretenues entre les communautés locales et le centre du pouvoir.

13 Comprenant que ces frustrations ressenties résultent plus « d’une question de mauvaise gouvernance », les groupes armés mettent alors en exergue les rapports asymétriques de pouvoir subis par les communautés riveraines et insistent sur la perception de « la corruption des agents de l’État et [les] détournements personnels et népotistes de l’autorité, même pour les fonctionnaires locaux [43] », une rhétorique qui renvoie également aux griefs engendrés par le développement minier. En effet, le fait d’associer les acteurs internationaux à l’autorité centrale, ou aux intérêts privés des acteurs nationaux se situant aux plus hauts échelons des réseaux de distribution du pouvoir, est constaté sur l’ensemble des cas étudiés dans cette recherche. Ce partenariat n’est perçu ni comme équitable, ni comme une relation d’égal à égal par les communautés riveraines, et plus largement par les populations des régions reléguées en périphérie. Les acteurs interrogés pour cette recherche identifient ainsi clairement les relations de pouvoir et de dépendance caractérisant l’insertion de l’État burkinabè sur la scène internationale. En évoquant explicitement l’impunité dont jouissent les acteurs économiques internationaux qui dégradent l’environnement et altèrent les équilibres socio-environnementaux endogènes, un membre du conseil villageois de développement (CVD) de Falagountou estime ainsi que « les lois qui concernent les citoyens de ce pays » ne s’appliquent pas aux « étrangers [qui] viennent les surplomber parce qu’économiquement ils disent mieux [44] ». Dans cette perspective, si la culpabilité des acteurs internationaux est clairement soulignée par les communautés riveraines, elle est également attribuée à un État qui s’efface devant les sirènes des investissements directs étrangers.

14 Un chercheur burkinabè travaillant pour une agence internationale de développement précise ainsi que, lorsque des enjeux financiers importants sont en jeu, Ouagadougou traite directement avec les acteurs économiques internationaux en contournant les autorités locales [45], une pratique qui accroît le sentiment de rupture avec l’autorité centrale, autant pour les autorités locales que pour les populations riveraines, les deux s’estimant à la fois lésées et abandonnées par leur propre gouvernement [46]. Le maire de Falagountou, membre du précédent parti présidentiel MPP [47], souligne par exemple que bien que sa commune accueille « la plus grande mine d’or du pays », qui a « un impact direct sur les recettes de l’État […], cela ne parvient pas à régler l’enclavement de la commune [48] ». L’incapacité de l’État, ou son absence de volonté, d’investir dans le développement local envoie alors un signal fort qui matérialise la constriction de la région au sein de la périphérie non seulement politique, mais également géographique de l’autorité centrale [49], les biens et les personnes ne circulant alors qu’au rythme limité des voies non bitumées et des chemins de brousse, à une allure comparable à la circulation de l’investissement politique et des fonds destinés au développement des infrastructures de la région.

15 Le sentiment d’abandon et la perception selon laquelle l’État a sacrifié sa population au profit d’investissements miniers étrangers se généralisent alors au Burkina Faso. Un responsable de l’Association peul Tabital Andal et ancien conseiller municipale de la commune de Gorom-Gorom, également riveraine du site d’Essakane, souligne à ce sujet que, dans la région où se trouvent les exploitations du site minier, les populations disent que « les blancs se sont entendus avec les Mossi du Plateau central pour venir prendre nos richesses et laisser que du poison [50] ». Cette perception est confirmée par le maire de Falagountou qui souligne que, pour les membres de sa commune, c’est « comme s’il y avait une entente entre la mine et l’État pour brimer les populations [51] », tandis qu’un élu d’une commune riveraine du site de Karma témoigne que « c’est l’État qui vient chasser [les populations]. Ils sont venus ici nous frapper, c’est la sécurité qui est venue nous frapper, ils ont enfermé plus de 15 jeunes pendant 45 jours [52] ». Il explique alors que, devant l’impasse des négociations, une partie de la population s’est « levée avec cœur pour aller détruire la cour du maire [53] », considéré comme le médiateur de l’autorité centrale ayant facilité l’insertion du site minier. Sur l’ensemble des sites étudiés, autant les responsables administratifs, les représentants politiques locaux, les autorités endogènes que les populations riveraines expriment leur exaspération et leur ressentiment face au non-respect des engagements pris par les compagnies minières et à l’incapacité des autorités, autant locales que centrales, à mettre en œuvre des mesures restrictives, une situation qui affecte la légitimité de l’État à mesure que sa souveraineté et son autorité sont perçues comme restreintes et amoindries par sa dépendance et son manque d’emprise sur les compagnies minières.

16 Dans cette perspective, la précarité et l’insécurité alimentaire auxquelles les populations sont confrontées quotidiennement en raison du développement minier sont directement imputées à l’autorité centrale. Ce sentiment de frustration et de spoliation est ressenti sur l’ensemble des sites étudiés, où certaines personnes, qui exploitaient leurs champs depuis plusieurs dizaines d’années ou plusieurs générations, n’ont perçu que des compensations temporaires, lorsqu’elles ont obtenu un dédommagement, et où les populations les plus jeunes sont contraintes d’émigrer. En insistant sur la facilité avec laquelle les groupes armés parviennent à étendre leur influence au sein des régions périphériques, le directeur de l’Orcade constate ainsi que si les « propres enfants » du Burkina Faso se sont retournés contre le pouvoir central, c’est qu’il a « failli quelque part [54] ». Cette faillite se matérialise dans ce cas précis par les impacts sociaux, économiques, politiques et environnementaux suscités par le développement minier, dont l’État burkinabè est perçu comme l’intermédiaire de son insertion forcée dans les communautés riveraines des sites extractifs. La section suivante détaille la manière dont les groupes armés instrumentalisent les griefs liés au développement minier afin d’élargir leurs bassins de recrutement.

L’élargissement des bassins de recrutement

17 Plusieurs sources sécuritaires basées au Burkina Faso et engagées dans la veille des dynamiques conflictuelles expliquent que les groupes armés effectuent leur recrutement en s’appuyant sur ce qui permet d’exploiter les frustrations et le sentiment de rupture entre les périphéries et l’État central. Ainsi, tandis que dans la région du Sahel les populations subissent déjà une violence exacerbée perpétrée par les agents de l’État, les populations vont également de frustrations en déceptions et ne voient jamais aboutir les projets de développement, alors qu’elles connaissent l’existence de fonds alimentés par les recettes minières et l’aide internationale. Cependant, bien que les dynamiques conflictuelles et l’élargissement des bassins de recrutement furent initialement liés aux discriminations systémiques, aux prédations et aux violences exercées à l’encontre de certaines communautés stigmatisées, notamment peul, le phénomène dépasse désormais largement le cadre communautaire, et de plus en plus de membres des communautés mossi, dogon, songhaï ou gourmantché rejoignent désormais les groupes armés [55]. Ils prennent les armes soit pour améliorer leurs conditions de vie, soit pour se venger des violences que leurs communautés subissent. À l’instar d’un représentant associatif peul qui souligne que les groupes armés « sont venus pour aider des gens qui étaient déjà prêts à s’engager », un chargé de sécurité d’une agence européenne de développement précise que le discours tenu comme base du recrutement est « aidez-nous à vous aider à récupérer vos terres [56] ». Ce discours est alimenté en retour par les exactions commises par les FDS qui, au fur et à mesure de l’accroissement des actes violents, adoptent en réponse des stratégies répressives et arbitraires pour imposer l’autorité du gouvernement central [57].

18 Dans les communautés riveraines du site d’exploitation d’Inata, la violence de l’État, déployée dans son rôle d’intermédiaire au développement minier, a eu une incidence directe sur l’influence et l’ancrage social et territorial des groupes armés. En effet, alors que pour les FDS l’ensemble des villages riverains de la mine sont considérés comme « radicalisés » et associés aux groupes armés, les populations riveraines se défendent d’exploiter les sites d’orpaillage tout en subissant la répression des forces de l’ordre [58]. À l’issue d’une enquête menée en 2017, un chargé de sécurité d’une agence internationale de développement a établi un lien entre la revente de la mine d’Inata au groupe minier indien Balaji et le « nettoyage » de la zone, alors identifiée comme une « base arrière des groupes terroristes [59] », afin de la vider des orpailleurs pouvant éventuellement concurrencer l’exploitation industrielle à la périphérie des zones d’exploitation. D’autres sources confirment le fait que de nombreuses exactions similaires ont été observées entre janvier et mars 2019 sur les sites d’orpaillage à la périphérie du site minier [60].

19 Un propriétaire d’un trou d’orpaillage dans la périphérie d’Inata témoigne de l’ampleur des violences subies par les populations. Il explique avoir été témoin, seulement quelques jours avant l’entretien réalisé dans le cadre de cette recherche, de plusieurs exactions commises à la fois par les groupes armés et les FDS. En effet, alors que des membres des groupes armés sont venus exécuter une personne au marché de la localité où il résidait, les FDS auraient exécuté sommairement les orpailleurs travaillant sur les « trous » voisins. Ayant participé à l’ensevelissement des corps dans des fosses communes, il dénombre un total de 36 victimes pour son seul site d’exploitation artisanal [61]. Si à notre connaissance, aucune enquête officielle n’a été ouverte sur ces exactions, cette situation ne semble pas être en contradiction avec les différentes situations recensées au sein du contexte sécuritaire dans le Nord du Burkina Faso. En effet, les violences perpétrées par les FDS contre certaines communautés stigmatisées, notamment les Peul, sont évoquées par de nombreuses sources rencontrées au cours de l’enquête [62]. Une autorité peul du Soum considère que les populations ont l’habitude de subir des exactions de la part des forces armées. Elle explique par exemple que lorsqu’une attaque d’un groupe armé survient à proximité d’une localité :

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« [Les militaires] attaque[nt] le village où ils ont eu le problème, [viennent] prendre tout le monde. On vient tuer, assaillir la mosquée, dès que vous priez, vous sortez, on vous attache tous et on vous frappe, puis ils les mettent dans les véhicules, amener à Djibo pour interrogation. Donc c’est ce qu’on entend, que la population se retrouve entre le marteau et l’enclume [63]. »

21 Ainsi, un rapport d’Human Rights Watch souligne notamment qu’en « 2020, les forces de sécurité burkinabè auraient exécuté des centaines de suspects vus pour la dernière fois alors qu’ils étaient détenus par celles-ci, au motif qu’ils auraient soutenu des groupes islamistes [64] ».

22 En ce qui concerne plus précisément la constitution des groupes armés intervenant à proximité des sites miniers ciblés par cette recherche, de nombreuses sources, notamment des représentants des autorités endogènes et des représentants politiques locaux, confirment le fait que ce sont les « enfants du village » qui ont pris les armes et attaquent la mine pour se venger [65]. Dans ce contexte, les membres de la communauté ayant rejoint les groupes armés deviennent à leur tour des points de liaison cruciaux pour le recrutement des populations les plus jeunes, victimes d’exactions et sujets à des frustrations liées à la fois au développement minier et à la violence des dépositaires de l’autorité [66]. Un riverain de la commune de Falagountou confirme que, en raison des changements engendrés par l’arrivée de la mine, « nos jeunes s’adonnent à l’aventure puisque leurs champs fertiles sur lesquels ils comptaient pour assurer leurs besoins alimentaires ont été retirés et en plus de cela les sites d’orpaillage ont été fermés [67] ». Une riveraine du site de Karma explique que depuis que la mine a commencé son développement, « elle nous a fait souffrir seulement […], elle ne vous a pas donné de l’argent pour travailler, elle ne vous a pas embauché aussi. Elle a juste retiré ça comme ça, laissé les jeunes tourner dans le yaar [marché] et deviennent des voleurs [68] ». S’il est difficile de distinguer les différents acteurs profitant du climat d’insécurité, ainsi que les attaques visant directement la légitimité de l’État du vol de bétail et du banditisme, l’ensemble des acteurs interrogés dans le cadre de cette recherche confirment que l’altération des équilibres socio-environnementaux locaux, générée par le développement minier, favorise l’implantation des groupes armés dans la région. Dans la commune de Falagountou, plusieurs agents de l’État soulignent également que les populations les plus jeunes sont désormais obligées de migrer dans la sous-région pour pouvoir accéder à une activité car le développement minier affecte profondément les moyens de subsistance des populations riveraines [69].

23 Bien qu’une grande partie des griefs soit orientée contre la compagnie minière, l’association de l’industrie extractive à l’autorité centrale favorise le rapprochement de ces jeunes candidats à l’exil avec les groupes armés transnationaux présents dans la région. Le témoignage d’un membre des FDS basé à Falagountou est particulièrement révélateur. Tout en confirmant que le développement minier représente la « cause principale de la vulnérabilité de ces zones [70] », il explique que, lors de ces migrations régionales, ces jeunes seront susceptibles d’être directement recrutés par des groupes armés. Ces derniers vont alors dénoncer l’accaparement des terres et l’appauvrissement des communautés riveraines en raison des expropriations forcées, initiées à la fois par les acteurs économiques internationaux et l’autorité centrale [71]. Ces groupes armés n’ont ainsi qu’à proposer aux victimes du développement minier de les rejoindre afin de combattre « les blancs » et l’autorité centrale qui se sont associés pour prendre leurs terres, les gouverner et leur imposer leurs propres modalités d’accès aux ressources naturelles [72].

24 Pour les populations riveraines du site de Karma, la propagation des dynamiques conflictuelles n’est « pas le fait du hasard » mais repose au contraire sur les rancœurs et les mécontentements accumulés par les communautés reléguées en périphérie ou lésées par le développement minier [73]. Si elles affirment craindre davantage la violence des groupes armés que l’autorité du pouvoir central, une riveraine de Namissiguima met tout de même en avant l’incapacité des représentants de l’État à défendre leurs intérêts en raison des dissensions et des luttes politiques entretenues au niveau local [74]. Un membre du CVD de Namissiguima, regrette le fait que des personnes « mal intentionnées en brousse [proches des groupes armés] comme ça là, ont parlé jusqu’à c’est devenu des problèmes. Jusqu’à ce qu’on ait fait souffrir les préfets ici, faire souffrir les maires ici […], les CVD, les conseillers [75] ». Pour ce qui est des communautés riveraines d’Inata, le délitement des structures socio-économiques et socio-politiques locales et la rupture avec l’autorité centrale sont explicitement associés à l’arrivée de la mine. Un riverain du site d’Inata affirme que « c’est à cause de la présence de la mine qu’il y a tous ces problèmes, que chacun a pris un comportement pour profiter. Ils [les autorités et la compagnie minière] ont pris un système, ils ont adopté un système qui n’arrange personne [76] ». Lors du groupe de discussion réalisé à Djibo auprès de résidents réfugiés d’un village riverain du site d’Inata, certaines personnes n’ont ainsi pas hésité à affirmer que si la mine d’Inata devait reprendre ses activités sans leur donner de travail, ils repartiraient dans leur village prendre les armes, quitte à y mourir [77]. Les riverains de ce village situé à proximité immédiate du site d’Inata nuancent le caractère « djihadiste » des violences ainsi que la prépondérance de groupes terroristes transnationaux dans la zone. Ils soulignent notamment que le développement minier a également renforcé la présence de réseaux criminels, et que d’anciens employés de la mine ont pris les armes après une importante vague de licenciement, ainsi que l’arriéré de paiement de plusieurs mois de salaire [78].

25 Originaire d’une des communautés peul riveraines du site d’Inata, un agent de l’Élevage de la commune de Tongomayel confirme le fait que les groupes implantés dans la région proposent aux populations affectées de les aider à expulser la compagnie minière afin qu’elles puissent « vivre tranquillement [79] ». Ce dernier explique ainsi que s’« ils ont eu à saccager cette mine, [c’est] parce qu’ils disent que la mine est venue récupérer leurs terres », tout en précisant que les groupes armés « ont juste surfé sur cette vague-là pour avoir l’assentiment de cette même population [80] », une stratégie qui s’est traduite par de nombreuses attaques dirigées directement contre des infrastructures minières, dont l’enlèvement du directeur et du fils du propriétaire de la compagnie Balaji, ainsi qu’une attaque en octobre 2018 au cours de laquelle les groupes armés ont tenté de prendre directement possession de la mine et en ont été délogés suite à une intervention aérienne des forces armées françaises [81].

26 Si les dépositaires de l’autorité ou les représentations de l’État sont la cible de plusieurs attaques dans la province de l’Oudalan, la commune de Falagountou ainsi que l’ensemble du site minier d’Essakane semblent relativement préservés d’une propagation des dynamiques conflictuelles. Les principaux acteurs concernés soulignent tout de même qu’il y a une recrudescence des attaques perpétrées contre des sites d’orpaillages et certaines localités en périphérie du site d’Essakane, y compris la tentative d’enlèvement et l’assassinat d’un citoyen canadien, en janvier 2019, travaillant sur un site d’exploration minière dans la province et dont le corps a été retrouvé à proximité de la commune de Gorom-Gorom [82].

27 Certains acteurs sécuritaires ou économiques impliqués dans la région du Sahel mettent en avant l’importance des infrastructures sécuritaires du site d’Essakane pour expliquer la relative stabilité de la zone [83]. Cependant, il semble que la mine d’Inata bénéficiait d’une couverture sécuritaire équivalente [84]. Plusieurs acteurs prenant part à cette recherche émettent alors l’hypothèse que certaines compagnies minières pourraient monnayer directement leur sécurité auprès des groupes armés [85]. Évoquée lors d’une rencontre informelle avec des sources de haut niveau diplomatique, sécuritaire et militaire, cette hypothèse a été présentée comme une lapalissade. Une source présente a alors souligné que la question n’était pas de savoir si les acteurs économiques internationaux achetaient leur sécurité, mais la manière dont ils le faisaient [86]. De ce point de vue, l’implication communautaire, ainsi que les investissements politiques et financiers réalisés par Iamgold apparaissent ainsi comme des manières d’acheter la sécurité du site extractif auprès des communautés riveraines. Et cet état de fait est explicitement mentionné par les communautés riveraines [87]. En effet, l’implication des dirigeants locaux et les efforts déployés pour maintenir un dialogue avec les populations tout en conservant la cohésion sociale des communautés riveraines du site minier ont permis de minimiser les impacts du développement minier sur le phénomène d’expansion des groupes armés et des violences qu’ils exercent, dans cette commune pourtant au cœur de la région dite des trois frontières. Dans ce cas-ci, l’achat de la sécurité ne s’est pas traduit par le versement d’une somme directement aux groupes armés, mais par un investissement davantage axé sur les communautés impactées et visant à présenter des alternatives palliant les impacts sociaux, économiques, politiques et environnementaux du développement minier. Ce constat est d’autant plus étonnant que bien que présenté dans l’ensemble du pays comme un modèle de développement et de durabilité, les impacts suscités par le site d’Essakane sont les mêmes que sur l’ensemble des autres sites miniers actifs au Burkina Faso. La résilience de la commune de Falagountou semble ainsi avoir été rendue possible par le renforcement des structures socio-économiqes et socio-politiques au niveau local par les acteurs endogènes, ainsi que par l’investissement communautaire de la compagnie Iamgold. Cet aspect mérite cependant d’être approfondi par de nouvelles recherches. L’accentuation des violences et l’élargissement des bassins de recrutement du fait des griefs exprimés à l’encontre du développement minier ne sont pas uniquement circonscrits à des sites ou à des régions spécifiques. Des situations similaires ont été observées sur le site de Taparko, exploité par la société minière russe Nordgold dans la région Centre-Nord, ainsi que sur le site de Wahgnion, développé par la société minière canadienne Teranga Gold à proximité de la commune de Banfora [88]. En 2013, les communautés riveraines avaient alors envahi le site et agressé physiquement les équipes d’employés internationaux, nécessitant ainsi la médiation de l’autorité centrale [89].

28 L’utilisation à la fois de la violence et du cadre législatif contre les communautés riveraines dans le cadre du développement minier accroît la fracture entre l’État et les populations pour lesquelles il est théoriquement le dépositaire de l’autorité et de la justice. À l’inverse, l’ancrage territorial des groupes armés, ainsi que leurs capacités d’insertion au sein des contextes socio-environnementaux locaux ne se résument pas uniquement à leur aptitude à imposer une certaine autorité par le biais de la violence. Ils renvoient au contraire à la manière dont ils répondent aux attentes et aux besoins des populations présentes dans leurs zones d’influence, et notamment aux griefs exprimés à l’encontre de l’État en raison des exactions commises par ses représentants et aux impacts du développement minier.

29 S’il est clairement établi que le contrôle des sites d’orpaillage fait partie intégrante de la stratégie élaborée par les groupes armés afin d’acquérir une légitimité, il est à l’heure actuelle délicat de déterminer si ces groupes ont associé ce contrôle avec une stratégie délibérée de financement, pouvant éventuellement évoluer vers des modèles de prédation économique et d’auto-alimentation du conflit, une évolution d’autant plus probable que les territoires contrôlés par les groupes armés se superposent aux routes d’exportation illégales des productions issues de l’orpaillage, qui sont presque exclusivement revendues au Togo alors même que ce pays ne possède pas de ressources aurifères avérées, mais est devenu l’un des premiers exportateurs de la sous-région [90].

30 De même, la présence d’importants gisements aurifères, de nombreux sites d’orpaillage, la préexistence de routes de trafics transnationaux, conjuguées à la perte graduelle du contrôle territorial par les autorités nationales, laissent entrevoir une évolution des dynamiques conflictuelles tendant vers un ancrage de mécanismes de prédation et d’autofinancement des conflits similaires à la situation observée dans l’Est de la République démocratique du Congo depuis le début des années 2000, une situation qui pourrait alors mener à l’émergence d’un conflit asymétrique transnationale de basse intensité en Afrique de l’Ouest, comme le laissent malheureusement présager les différentes attaques survenues entre 2019 et 2022 en Côte d’Ivoire et au Bénin. Cette relation observée entre le développement minier et l’élargissement des bassins de recrutement des groupes armés actifs au Sahel apparaît également préoccupante en raison de la prévalence en Afrique de l’Ouest de programmes de développement macro-économiques axés sur l’exploitation industrielle des ressources extractives. Ces programmes sont promus et soutenus aussi bien par les institutions financières internationales que par les organisations politiques régionales et les principaux partenaires économiques des pays de la sous-région, et mènent à un abaissement des normes sociales, fiscales et environnementales encadrant le secteur. Ces ajustements législatifs sont alors présentés comme nécessaires afin de soutenir l’attractivité, la compétitivité et la rentabilité du secteur minier au sein des pays dits « en développement [91] ».

31 À l’instar de Korf, il apparaît alors important [92] de soutenir le fait que les différents modèles opposant cupidité et griefs des acteurs devraient être considérés comme complémentaires et non comme antagoniques. Dans une perspective similaire, cette recherche soutient la nécessité de prendre du recul par rapport aux théories présupposant une rationalisation économique excessive des comportements des acteurs conflictuels, et d’accorder une plus grande attention aux contextes sociaux, politiques et environnementaux spécifiques pouvant être associés à l’émergence et à la propagation des dynamiques conflictuelles entourant l’exploitation des ressources naturelles. Enfin, cette recherche a cherché à mettre en exergue l’inadéquation et le tropisme essentialiste d’approches visant à appréhender la potentielle cupidité ou les griefs des acteurs constituants ou subissant ces dynamiques conflictuelles sans interroger les mécanismes de prédation ou les modèles d’action basés sur la cupidité des acteurs internationaux à l’origine de la détérioration, voire de la destruction, des conditions socio-économiques et des systèmes socio-politiques des régions subissant l’extraction des ressources naturelles.

32 En effet, il existe un large consensus chez les acteurs interrogés sur le terrain pour affirmer que l’instrumentalisation, ou la médiation, des griefs et des conflits locaux sont au cœur des stratégies d’expansion et d’implantation des groupes armés. En effet, ces derniers incitent directement les communautés riveraines des sites d’exploitation des ressources naturelles à se réapproprier leurs terres et deviennent les nouveaux garants et régulateurs de l’accès à l’environnement. C’est donc la gestion non responsable des ressources naturelles qui génère les griefs à l’origine de l’élargissement des bassins de recrutement des groupes armés, une gestion elle-même déterminée à la fois par les rapports asymétriques de pouvoir entretenus entre l’État burkinabè et les acteurs économiques internationaux, ainsi que par les modèles de comportement basés sur la cupidité adoptée par ces derniers et reposant sur les normes législatives léonines encadrant la libéralisation des secteurs extractifs des pays dits « en voie de développement ».

33 À l’inverse, au sein des populations, l’espoir d’une réelle opportunité de développement suscitée par l’essor de l’industrie minière se heurte non seulement aux dégradations socio-environnementales, mais également au sentiment qu’un détournement est à l’œuvre, à la fois des revenus miniers et de la part des agents de l’État. Il est toutefois difficile de démontrer la réalité de cette corruption d’État, d’autant plus que le Burkina Faso est inscrit à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives et œuvre pour tenter d’assurer la transparence de son secteur minier. De même, l’ensemble des recettes fiscales générées par l’industrie minière est directement reversé au budget national et ne transite pas par les autorités locales. La manne financière peut alors être détournée et absorbée pour d’autres besoins essentiels de l’État burkinabè, comme le paiement des salaires des fonctionnaires [93] ou des investissements publics dans d’autres régions, plus densément peuplées. Bien que des analyses plus poussées seraient nécessaires pour mettre en lumière le rôle que pourrait jouer la rente minière pour alimenter d’éventuelles caisses noires ministérielles, jusqu’à présent, il semble que le détournement de la rente relèverait moins de la corruption et de comportements individuels basés sur le modèle de la cupidité que des impératifs structurels liés au déficit budgétaire et au manque de ressources économiques du pays, des conditions structurelles qui sont entretenues par les rapports de dépendance inscrits au cœur de la structure des relations internationales et qui façonnent les normes législatives et politiques encadrant les libéralisations contraintes des économies dites « en développement ».

Notes

  • [1]
    Je remercie les évaluateurs anonymes ayant permis d’améliorer cet article par leurs commentaires et recommandations, ainsi que mes pairs, professeurs et amis, qui m’ont accompagné tout au long de l’élaboration de mes travaux et de ma thèse de doctorat Environnement, ressources et conflits au Burkina Faso dont cet article est en partie issu. Je souhaite également sincèrement remercier Stephen Brown et Cédric Jourde pour leurs conseils toujours avisés, ainsi que Tongnoma Zongo et Alexis Nagalo, et l’Institut des sciences des sociétés (INSS) du Burkina Faso qui m’a accueilli pour la réalisation de mon terrain de recherche. Je tiens enfin à remercier l’ensemble des assistants de recherche qui ont contribué à la récolte des données, mais aussi les programmes de bourse doctorale Joseph-Armand Bombardier et Michael Smith pour les recherches à l’étranger, ainsi que la Chaire Unesco « Défis partagés du développement : savoir, comprendre, agir » qui ont financé cette recherche.
  • [2]
    Présidence du Faso, « Discours du Président du Faso suite à l’attaque de Nassoumbou dans la commune de Djibo » [en ligne], Présidence du Faso, 16 décembre 2016, <https://www.presidencedufaso.bf/discours-suite-lattaque-de-nassoumbou-dans-la-commune-de-djibo/>, consulté le 8 mars 2023.
  • [3]
    S. Douce, « Au Burkina Faso, l’armée en plein doute face aux attaques terroristes » [en ligne], Le Monde Afrique, 8 décembre 2021, <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/12/08/dans-l-armee-burkinabee-beaucoup-preferent-demissionner-que-d-etre-envoyes-a-l-abattoir_6105179_3212.html>, consulté le 7 décembre 2022.
  • [4]
    M. Le Cam et S. Douce, « Burkina Faso : après son putsch, le capitaine Traoré se rêve en nouveau Sankara » [en ligne], Le Monde Afrique, 21 octobre 2022, <https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/10/21/burkina-faso-apres-son-putsch-le-capitaine-traore-se-reve-en-nouveau-sankara_6146842_3212.html>, consulté le 7 décembre 2022.
  • [5]
    A. Antil, « Violence sans fin au Sahel », Études, n° 9, 2020, p. 19-30 ; M. Dwyer, « Situating Soldiers’ Demands : Mutinies and Protests in Burkina Faso », Third World Quarterly, vol. 38, n° 1, 2017, p. 219-234 ; B. Kadet, « L’enjeu ouest-africain de la sécurité au Burkina Faso », European Scientific Journal, vol. 12, n° 8, 2016, p. 366-387 ; N. Hubert, « A Regime Biting its Tail : How Previous Semi-Authoritarian Structures Contributed to Burkina Faso’s Security Crisis », Canadian Journal of Africans Studies, vol. 57, n° 1, 2023, p. 91-113.
  • [6]
    S. de Tessières, At the Crossroads of Sahelian Conflicts : Insecurity, Terrorism, and Arms Trafficking in Niger, Genève, Small Arms Survey’s Security Assessment in North Africa (SANA), 2018 ; H. Snaibia et C. Weiss, « The End of the Sahelian Anomaly : How the Global Conflict between the Islamic State and al-Qa’ida Finally Came to West Africa », CTC Sentinel, vol. 13, n° 7, 2020, p. 1-44 ; G. Soto-Mayor, « Trafics et trafiquants : éléments structurants des sociétés sahéliennes », Recherches internationales, n° 117, 2020, p. 117-135.
  • [7]
    S. Hagberg, M. Gomgnimbou et D. B. Somé, « Forêts classées et terres des ancêtres au Burkina Faso », Working Papers in Cultural Anthropology, n° 3, Uppsala, Uppsala University, 1996 ; N. Hubert, « The Nature of Peace : How Environmental Regulations Can Cause Conflict ? », World Development, n° 141, 2021, p. 1-12.
  • [8]
    T. A. Benjaminsen et B. Ba, « Why Do Pastoralists in Mali Join Jihadist Groups ? A Political Ecological Explanation », The Journal of Peasant Studies, vol. 46, n° 1, 2019, p. 1-20 ; S. B. Gaye, Conflicts between Farmers and Herders against a Backdrop of Asymmetric Threats in Mali and Burkina Faso, Dakar, Friedrich-Ebert-Stiftung Peace and Security, Centre of Competence Sub-Sharan Africa, 2018 ; L. Raineri « Sahel Climate Conflicts ? When (Fighting) Climate Change Fuels Terrorism », Policy Brief, n° 20, EUISS, 2020.
  • [9]
    Une équipe d’enquêteurs et d’enquêtrices de l’Institut des sciences des sociétés du Burkina Faso a contribué à la réalisation de ces entretiens : Ramata Tallm Adama Boly, Amadaou Tamboura, Dramane Nikiema, Ezaï Nana et Tongnoma Zongo.
  • [10]
    Les agents des Eaux et forêts sont des dépositaires de l’autorité chargés de la surveillance des aires naturelles protégées et d’y faire respecter les régulations environnementales.
  • [11]
    S. Capitant, « Les “populations” à l’assaut des mines : économie morale de la contestation minière au Burkina Faso », in M. Leclerc-Olive (dir.), Anthropologie des prédations foncières. Entreprises minières et pouvoirs locaux, Paris, Éditions des archives contemporaines, 2016, p. 29-46 ; L. Chouli, Le boom minier au Burkina Faso. Témoignages de victimes de l’exploitation minière, Pantin, Fondation Gabriel Péri, 2014 ; B. Engels, « Nothing Will Be as Before : Shifting Political Opportunity Structures in Protests against Gold Mining in Burkina Faso », The Extractive Industries and Society, vol. 5, n° 2, 2018, p. 354-362.
  • [12]
    N. Hubert, « La nouvelle législation minière burkinabée : quels risques en matière de développement durable ? », Revue canadienne d’études du développement, vol. 39, n° 4, 2018, p. 500-514 ; A. Zabsonré, M. Agbo et J. Somé, « Gold Exploitation and Socioeconomic Outcomes : The Case of Burkina Faso », World Development, n° 109, 2018, p. 206-221.
  • [13]
    E. Drechsel, B. Engels et M. Schäfer, « “Les mines nous rendent pauvres” : l’exploitation minière industrielle au Burkina Faso », Glocon Country Report, n° 2, Berlin, Glocon, 2018, p. 7.
  • [14]
    Orcade, Étude diagnostique du cadre institutionnel et juridique de l’activité minière industrielle au Burkina Faso : cas de Poura et Essakane. Rapport d’étude, Ouagadougou, Organisation pour le renforcement des capacités de développement, 2006.
  • [15]
    N. S. Zeba, « Le respect du droit à un environnement sain dans l’exploitation minière au Burkina Faso » [en ligne], Lefaso.net, 19 décembre 2014, <https://lefaso.net/spip.php?article62390>, consulté le 7 décembre 2022.
  • [16]
    P. Collier et A. Hoeffler, « Greed and Grievance in Civil War », Oxford Economic Papers, vol. 56, n° 4, 2004, p. 563-595.
  • [17]
    P. Collier et A. Hoeffler, « Resource Rents, Governance, and Conflict », The Journal of Conflict Resolution, vol. 49, n° 4, 2005, p. 625-633 ; P. Le Billon, « The Geopolitical Economy of “Resource Wars” », Geopolitics, vol. 9, n° 1, 2004, p. 1-28.
  • [18]
    B. Korf, « Rethinking the Greed-Grievance Nexus : Property Rights and the Political Economy of War in Sri Lanka », Journal of Peace Research, vol. 42, n° 2, 2005, p. 202 ; T. R. Gurr, « Peoples against States : Ethnopolitical Conflict and the Changing World System », International Studies Quarterly, vol. 38, n° 3, 1994, p. 347-377.
  • [19]
    B. Korf, « Rethinking the Greed-Grievance Nexus… », art. cité ; B. Korf, « Cargo Cult Science, Armchair Empiricism and the Idea of Violent Conflict », Third World Quarterly, vol. 27, n° 3, 2006, p. 459-476 ; B. Korf, « Resources, Violence and the Telluric Geographies of Small Wars », Progress in Human Geography, vol. 35, n° 6, 2011, p. 733-756.
  • [20]
    P. Butler, Colonial Extractions : Race and Canadian Mining in Contemporary Africa, Toronto, University of Toronto Press, 2015.
  • [21]
    Ibid.
  • [22]
    A. Zabsonré et al., « Gold Exploitation and Socioeconomic Outcomes… », art. cité ; E. Drechsel et al., « “Les mines nous rendent pauvres”… », art. cité.
  • [23]
    S. Kalyvas, « The Ontology of “Political Violence”: Action and Identity in Civil Wars », Perspectives in Politics, vol. 1, n° 3, 2003, p. 475-494.
  • [24]
    Entretien avec le directeur de l’Orcade, Ouagadougou, mars 2019 ; entretien avec un ingénieur intervenant sur le site d’Essakane, Ouagadougou, janvier 2019.
  • [25]
    Groupe de discussion avec des riveraines de la commune de Namissiguima, Namissiguima, novembre 2018.
  • [26]
    Entretien avec le chef d’un village riverain du site d’Inata, Djibo, novembre 2018.
  • [27]
    Entretien avec un technicien de l’Élevage de Tongomayel, Djibo, novembre 2018 ; entretien avec un personnel administratif de la mairie de Tongomayel, Djibo, novembre 2018 ; entretien avec un membre du service des Eaux et forêts de Tongomayel, Djibo, novembre 2018.
  • [28]
    Entretien avec un membre du service des Eaux et forêts de Tongomayel, Djibo, novembre 2018.
  • [29]
    Entretien avec un enseignant de Falagountou, Falagountou, novembre 2018.
  • [30]
    Groupe de discussion avec des riverains du site d’Inata, Djibo, novembre 2018.
  • [31]
    Groupe de discussion avec des riveraines de la commune de Falagountou, Falagountou, novembre 2018.
  • [32]
    Entretien avec un agent des Eaux et forêts de Falagountou, Falagountou, novembre 2018.
  • [33]
    Entretien avec le représentant d’un acteur économique privé implanté dans le Nord du Burkina Faso, Ouagadougou, mars 2019 ; entretien avec une société d’évaluation socio-environnementale travaillant avec le secteur minier, Ouagadougou, octobre 2018 ; entretien avec le maire de Falagountou, Ouagadougou, mars 2019.
  • [34]
    Ibid. Groupe de discussion avec des riveraines de la commune de Namissiguima, Namissiguima, novembre 2018 ; groupe de discussion avec des riverains et riveraines de la commune de Falagountou, Falagountou, novembre 2018 ; entretien avec un représentant local de Kalsaka, Kalsaka, novembre 2018.
  • [35]
    Ibid. Entretien avec le maire de Falagountou, Ouagadougou, février 2019 ; entretien avec un représentant associatif de la jeunesse, Falagountou, novembre 2018 ; entretien avec le maire de Kaslaka, Ouagadougou, mars 2019.
  • [36]
    Entretien avec le fils d’une autorité locale peul du Soum, Ouagadougou, mars 2019.
  • [37]
    Pour un aperçu de l’ampleur de ces mouvements sociaux, voir B. Engels, « Nothing Will Be as Before… », art. cité ; S. Capitant, « Les “populations” à l’assaut des mines… », art. cité.
  • [38]
    Entretien avec un enseignant affecté dans un village riverain du site d’Inata, Ouagadougou, novembre 2018 ; entretien avec un représentant local de Kalsaka, Ouagadougou, novembre 2018 ; entretien avec le maire de Falagountou, Ouagadougou, mars 2019.
  • [39]
    Entretien avec un représentant local de Kalsaka, Ouagadougou, novembre 2018.
  • [40]
    Entretien avec un enseignant affecté dans un village riverain du site d’Inata, Ouagadougou, novembre 2018.
  • [41]
    Entretien avec le maire de Falagountou, Ouagadougou, mars 2019.
  • [42]
    Entretien avec un représentant associatif de la jeunesse, Falagountou, Falagountou, novembre 2018 ; entretien avec le conseiller du maire de Falagountou, Falagountou, novembre 2018 ; entretien avec un représentant local de Kalsaka, Ouagadougou, novembre 2018.
  • [43]
    Entretien avec un spécialiste burkinabè des questions de sécurité, Ouagadougou, novembre 2018.
  • [44]
    Entretien avec un représentant local de Falagountou, Falagountou, novembre 2018.
  • [45]
    Entretien avec un spécialiste burkinabè des enjeux environnementaux, Ouagadougou, mars 2019.
  • [46]
    Ibid.
  • [47]
    Le Mouvement du peuple pour le progrès était au moment de l’entretien le parti politique du président en exercice, Roch Kaboré.
  • [48]
    Entretien avec le maire de Falagountou, Ouagadougou, février 2019.
  • [49]
    Ibid. ; entretien avec un responsable de l’Association Tabital Andal des maîtres coraniques du Sahel, Ouagadougou, février 2019.
  • [50]
    Ibid.
  • [51]
    Entretien avec le maire de Falagountou, Ouagadougou, février 2019.
  • [52]
    Entretien avec un adjoint au maire de Namissiguima, Namissiguima, novembre 2018.
  • [53]
    Ibid.
  • [54]
    Entretien avec le directeur de l’Orcade, Ouagadougou, mars 2019.
  • [55]
    Ibid. ; entretien avec une autorité endogène peul du Soum, Ouagadougou, mars 2019.
  • [56]
    Entretien avec un chargé de sécurité d’une agence européenne de développement, Ouagadougou, octobre 2018.
  • [57]
    Entretien avec un responsable de l’Association Tabital Andal des maîtres coraniques du Sahel, Ouagadougou, février 2019 ; entretien avec un responsable de l’association Pulaku Tabital, Ouagadougou, février 2019.
  • [58]
    Entretien avec un chargé de sécurité d’une agence nord-américaine de développement, Ouagadougou, mars 2019 ; entretien avec un propriétaire de puits d’orpaillage dans la périphérie d’Inata, Ouagadougou, février 2019.
  • [59]
    Ibid.
  • [60]
    Entretien avec une ONG spécialisée dans la résolution des conflits, Ouagadougou, novembre 2018.
  • [61]
    Entretien avec un propriétaire d’exploitation artisanale dans le Soum, Ouagadougou, mars 2019.
  • [62]
    Groupe de discussion avec des riverains du site d’Inata, Djibo, novembre 2018 ; entretien avec une autorité endogène peul du Soum, Ouagadougou, mars 2019 ; entretien avec un responsable de l’Association Tabital Andal des maîtres coraniques du Sahel, Ouagadougou, février 2019 ; entretien avec une ONG spécialisée dans la résolution des conflits, Ouagadougou, novembre 2018 ; entretien avec un chargé de sécurité d’une agence européenne de développement, Ouagadougou, octobre 2018.
  • [63]
    Entretien avec une autorité endogène peul du Soum, Ouagadougou, mars 2019.
  • [64]
    Human Rights Watch, « Burkina Faso. Événements de 2020 » [en ligne], in Human Rights Watch, Human Rights Watch World-Report 2021, Human Rights Watch, 2021, <https://www.hrw.org/fr/world-report/2021/country-chapters/377478>, consulté le 7 décembre 2022.
  • [65]
    Entretien avec le directeur de l’Orcade, Ouagadougou, mars 2019 ; entretien avec un agent des Eaux et forêts de Tongomayel, Djibo, novembre 2018 ; entretien avec un membre des FDS affecté dans la zone d’Inata, Djibo, novembre 2018 ; entretien avec un ancien employé de la mine d’Inata, Ouagadougou, novembre 2018 ; groupe de discussion avec des riverains du site d’Inata, Djibo, novembre 2018 ; entretien avec une autorité endogène peul du Soum, Ouagadougou, mars 2019.
  • [66]
    Entretien avec une autorité endogène peul du Soum, Ouagadougou, mars 2019.
  • [67]
    Groupe de discussion avec des riverains de la commune de Falagountou, Falagountou, novembre 2018.
  • [68]
    Groupe de discussion avec des riveraines de la commune de Namissiguima, Namissiguima, novembre 2018.
  • [69]
    Entretien avec un agent de l’Élevage et de l’agriculture, Falagountou, novembre 2018.
  • [70]
    Entretien avec un membre des FDS, Falagountou, novembre 2018.
  • [71]
    Ibid.
  • [72]
    Ibid. Entretien avec un responsable de l’Association Tabital Andal des maîtres coraniques du Sahel, Ouagadougou, février 2019.
  • [73]
    Groupe de discussion avec des riveraines de la commune de Namissiguima, Namissiguima, novembre 2018.
  • [74]
    Ibid.
  • [75]
    Entretien avec un représentant local de Namissiguima, Namissiguima, novembre 2018.
  • [76]
    Groupe de discussion avec des riverains du site d’Inata, Djibo, novembre 2018.
  • [77]
    Ibid.
  • [78]
    Ibid. Entretien avec un agent des Eaux et forêts de Tongomayel, Djibo, novembre 2018.
  • [79]
    Entretien avec un technicien de l’Élevage de Tongomayel, Djibo, novembre 2018.
  • [80]
    Ibid.
  • [81]
    « Burkina Faso : raid de la force Barkhane après l’attaque d’une gendarmerie » [en ligne], RFI, 4 octobre 2018, <http://www.rfi.fr/fr/afrique/20181004-burkina-faso-raid-barkhane-attaque-gendarmerie>, consulté le 8 décembre 2022 ; « Burkina : trois employés de la mine d’or d’Inata enlevés dans le nord du pays » [en ligne], Jeune Afrique, 24 septembre 2018 <https://www.jeuneafrique.com/633825/politique/burkina-trois-employes-de-la-mine-dor-dinata-enleves-dans-le-nord-du-pays/>, consulté le 8 décembre 2022.
  • [82]
    Entretien avec une ONG spécialisée dans la résolution des conflits, Ouagadougou, novembre 2018 ; entretien avec un acteur économique impliqué au Sahel, Ouagadougou, février 2019 ; entretien avec un chargé de sécurité d’une agence nord-américaine de développement, Ouagadougou, mars 2019 ; entretien avec le maire de Falagountou, Ouagadougou, février 2019.
  • [83]
    Ibid.
  • [84]
    Entretien avec un ancien employé Inata, Ouagadougou, novembre 2018 ; groupe de discussion avec des riverains du site d’Inata, Djibo, novembre 2018 ; entretien avec un chargé de sécurité d’une agence nord-américaine de développement, Ouagadougou, mars 2019.
  • [85]
    Entretien avec un chargé de sécurité d’une agence nord-américaine de développement, Ouagadougou, mars 2019 ; entretien avec une ONG spécialisée dans la résolution des conflits, Ouagadougou, novembre 2018 ; entretien avec un responsable de l’Association Tabital Andal des maîtres coraniques du Sahel, Ouagadougou, février 2019.
  • [86]
    Rencontre tenue à Ouagadougou en mars 2019.
  • [87]
    Entretien avec un acteur économique international implanté dans le nord du Burkina Faso, Ouagadougou, février 2019 ; groupes de discussion avec les riverains et les riveraines de Falagountou, Falagountou, novembre 2018.
  • [88]
    Entretien avec le directeur de l’Orcade, Ouagadougou, mars 2019.
  • [89]
    Ibid.
  • [90]
    Entretien avec une source sécuritaire occidentale, Ouagadougou, février 2019 ; entretien avec un chargé de sécurité d’une agence nord-américaine de développement, Ouagadougou, mars 2019. Voir également Berne Declaration, A Golden Racket : The True Source of Switzerland’s “Togolese” Gold. A Berne Declaration Investigation, Berne, Berne Declaration, 2015.
  • [91]
    Union africaine, Vision du régime minier de l’Afrique, Union africaine, 2009, rapport cité par B. Campbell (dir.), Ressources minières en Afrique. Quelle réglementation pour le développement ?, Ottawa, Presses de l’université du Québec, 2011 ; N. Hubert, « La nouvelle législation minière burkinabée… », art. cité.
  • [92]
    B. Korf, « Rethinking the Greed-Grievance Nexus… », art. cité ; B. Korf, « Cargo Cult Science… », art. cité ; B. Korf, « Resources, Violence and the Telluric Geographies… », art. cité.
  • [93]
    Entretien avec un fonctionnaire du Bureau national des évaluations environnementales, Ouagadougou, février 2019.
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