Habiter la pollution. Expériences et métrologies citoyennes de la contamination paraît quelques mois après que le Conseil d’État a condamné la France à payer de nouvelles astreintes pour non-respect des seuils limites de pollution de l’air exigé par la directive européenne de 2008 relative à la qualité de l’air. Les mesures prises par l’État sont insuffisantes pour garantir l’amélioration de la qualité de l’air dans les délais les plus courts possibles. Pourtant, les pollutions industrielles chroniques affectent l’habitabilité de nos milieux.
Tandis que leurs conséquences sur la vie quotidienne restent peu documentées, l’ouvrage de Christelle Gramaglia met au jour l’insuffisance des métrologies scientifiques et règlementaires pour mesurer les pollutions chroniques ainsi que les dégradations sanitaires, environnementales, relationnelles et même psychologiques qu’elles provoquent. La diversité des pollutions en cause, leur caractère diffus et discret et leurs effets différés rendent difficiles ne serait-ce que leurs identifications par les instruments classiques de la mesure scientifique, ce qui conduit à sous-évaluer les risques environnementaux et sanitaires. Cette difficulté justifie l’articulation avec d’autres approches pour reconnecter les données issues de la surveillance règlementaire avec les ressentis et expériences des habitants. Prendre en compte l’expérience des habitants qui vivent à proximité des usines permettrait de mieux appréhender les effets concrets de la prolifération de résidus technologiques intrusifs sur nos manières d’habiter…