Les élections législatives de 2022 s’inscrivent dans un long processus de recomposition du jeu politique italien consécutif à la crise socio-économique amorcée en 2008. Entre 1994 et 2008, ce jeu se stabilisait autour d’une polarisation et d’une alternance centre-droit/centre-gauche, les deux coalitions réunissaient plus 90 % des voix, Silvio Berlusconi et Romano Prodi se succédaient à la tête de l’exécutif et paraissaient solidement en place. Particulièrement sévère et persistante dans la Péninsule, la crise économique et ses interprétations en termes de déclin (Capusella, 2021) ont rebattu les cartes. Les législatives de 2013, avec l’irruption du Mouvement 5 étoiles (M5S), puis celles de 2018 lui permettant d’accéder au pouvoir, ont été marquées par le retour d’une forte volatilité électorale et de l’incertitude quant à la composition gouvernementale. Pour nombre de commentateurs, ce « cycle populiste » a permis l’ascension de Matteo Renzi puis l’alliance souverainiste entre le M5S et la Ligue de Matteo Salvini. De courte durée, cette surprenante cohabitation cède la place en septembre 2019 à un gouvernement qui, bien que présidé par le même Giuseppe Conte (M5S), se réoriente au centre-gauche (Conte II), puis, en février 2021, à un exécutif « d’unité nationale » dirigé par l’ex-gouverneur de la Banque Centrale Européenne (BCE), Mario Draghi. Jamais une seule et même législature n’avait connu trois majorités et d’aussi nettes bifurcations. La sortie de la crise sanitaire aidant, le gouvernement Draghi s’attèle au Plan national de relance et de résilience (PNRR), la manne de fonds européens devant relancer l’économie et les infrastructures…