L’élection présidentielle constitue une séquence saillante du jeu politique italien bien que les pouvoirs conférés au chef de l’État par la Constitution de 1948 soient relativement limités dans un régime foncièrement parlementaire. Garant des institutions républicaines et représentant de l’unité nationale, le Président exerce une « intermédiation politique » (Bindi, Perini, 2015, p. 50) en particulier durant les phases de dissolution du Parlement et de formation du gouvernement. Au-delà de ces prérogatives constitutionnelles, l’étendue du son pouvoir s’avère inversement proportionnelle à la force des principaux partis et s’accroît en cas de crise (Breda, 2022). Un millier de grands électeurs participent à cette élection, restriction du corps électoral qui lui confère une forme d’autonomie spécifique, renforcée par le secret du vote. 630 députés, 321 sénateurs (dont six nommés à vie), 58 représentants des 20 régions et nombre de commentateurs tentent d’en orienter le cours : un exercice compliqué puisque le contexte, dont cette compétition est à la fois le produit et le transformateur, peut très rapidement évoluer. La dimension symbolique de ces interdépendances est cruciale : chacun s’efforce d’influencer les autres en pesant sur leurs anticipations. Dans ces jeux spéculaires faits d’autosuggestions collectives, il est fréquent que les cotes des prétendants varient du tout au tout en l’espace de quelques heures, ce qui les expose à une grande incertitude et les fait redoubler de prudence…