La légitimité des acteurs infranationaux à participer à la lutte contre le changement climatique n’est aujourd’hui plus discutée. Construite à partir des années 1990 avec plusieurs initiatives internationales et européennes comme la campagne « cities for climate protection », elle est désormais reconnue et institutionnalisée par l’accord de Paris de 2015 qui entérine le principe polycentrique de l’action climatique (Hildén, Jordan, Huitema, 2017 ; Hsu, Weinfurter, Xu 2017). Les villes notamment sont devenues des acteurs de premier plan dans la lutte contre le changement climatique (Fuhr, Hickmann, Kern, 2018 ; Kern 2019 ; Neij, Heiskanen, 2021). À l’image du réseau C40 Cities, les maires des métropoles n’hésitent plus à affirmer non seulement leur légitimité, mais aussi leur capacité, à agir contre le changement climatique en suppléance de l’inaction des États.
En France, comme ailleurs dans le monde, on a assisté à la montée en puissance progressive des collectivités territoriales sur la thématique climatique. Ainsi que l’ont montré F. Bertrand et E. Richard (2014), le problème climatique s’est institutionnalisé au niveau local dans un double mouvement, à la fois ascendant – les initiatives de pionniers souvent antérieurement engagés dans des politiques de développement durable – et descendant – les injonctions de plus en plus nombreuses de l’État (Brédif, Bertrand, Tabeaud, 2015). À partir de la mise en œuvre du Plan d’action Climat en 2004, l’État et ses établissements ont constitué les acteurs infranationaux en partenaires de l’action climatique en les encourageant à adopter à leur tour un plan climat (Comby, 2009 ; Godinot, 2011)…