Pôle Sud 2019/2 n° 51

Couverture de PSUD_051

Article de revue

L’inversion d’un rapport de force politique : les élections européennes de 2019 en Italie

Pages 119 à 133

Notes

  • [1]
    Au motif de « l’absence d’un agenda cohérent de réformes pour la croissance », l’agence Moody’s abaisse le 20 octobre la note (rating) de l’Italie de Baa2 à Baa3. Pour certains analystes, la hausse du spread consécutive aux mesures prévues dans la loi de finances alourdira de 100 milliards d’euros une dette publique qui approche d’ores et déjà des 2 400 milliards d’euros.
  • [2]
    D’après l’Observatoire des journaux télévisés du centre de recherche Eurispess, entre octobre 2018 et mars 2019, Salvini totalise 871 présences dans les titres des journaux télévisés des 7 principales chaînes de télévision, il est suivi par le président du Conseil Conte (682) et Di Maio (656).
  • [3]
    D’après le décompte de l’Euripess : https://www.leurispes.it/tg-e-talk-attrazione-fatale-per-il-sovranismo-il-26-dei-talk-dedicato-a-sicurezza-immigrazione/, mis en ligne le 13 juin 2019, consulté le 3 septembre 2019.
  • [4]
    Mouvement catholique conservateur fondé par un prêtre en 1954, Comunione e Liberazione exerce à partir des années 1980 une grande influence sur la Démocratie chrétienne et l’ensemble de la politique nationale, mais son principal représentant politique, Roberto Formigoni (un ex-DC passé à FI) président de la Lombardie entre 1995 et 2013, est condamné en 2016 pour corruption puis incarcéré.
  • [5]
    En 2018, 32 % des électeurs auraient modifié leur vote par rapport à 2013, soit la plus forte variation à offre électorale égale ; en 2013, 40 % avaient changé, mais le M5S modifiait l’offre (Bordignon, Ceccarini, Diamanti, 2018, p. 14 et 124).
English version

1Au moment où prend place le gouvernement Conte, issu en juin 2018 de la surprenante coalition entre le Mouvement 5 étoiles (M5S) et la Ligue Salvini Premier (Ligue), nombre d’observateurs doutent de sa capacité à durer et, notamment, à passer le cap des élections européennes de 2019. Annoncée comme compliquée tant elle enfreint aux positions, clivages et catégories de classement qui prévalent dans le jeu politique, la cohabitation entre les deux formations s’avère rapidement litigieuse, chaque leader et vice-président du Conseil, Luigi Di Maio et Matteo Salvini, s’employant à impulser la politique gouvernementale. Dès l’automne 2018, les sondages d’opinion puis les élections locales partielles transforment le rapport de force entre les deux partis, ajoutant aux tensions qui compliquent l’activité du gouvernement. Parallèlement, les négociations avec la Commission européenne sur la loi de finances 2019 se révèlent exceptionnellement tendues. C’est dire aussi combien l’enjeu du scrutin européen allait servir de test quant à l’évolution de ces rapports de force, la tenue de l’exécutif, voire le sort de la XVIIIe législature. Afin de mieux insérer les résultats des élections européennes du 26 mai 2019, leurs interprétations et leurs usages dans le flux des relations dont ils sont à la fois le produit et le vecteur, je vais revenir sur les rapports agonistiques et coopératifs au sein du gouvernement Conte, puis sur une campagne placée sous le signe du souverainisme, avant d’aborder comment les résultats et leurs appropriations redéfinissent l’alliance gouvernementale jusqu’à la crise qui, en plein été et à l’initiative de Salvini, y a mis un terme et débouché sur une autre majorité inédite, celle associant le M5S au Partito Democratico (PD), une reconfiguration plaçant soudain la Ligue, devenue la première force électorale du pays, dans l’opposition.

Une majorité litigieuse : la cohabitation M5S-Ligue

2Largement interprétés comme une « victoire des extrêmes », les résultats des législatives du 4 mars 2018 paraissent interdire toute majorité, presque personne ne croit alors possible une alliance gouvernementale entre le M5S (32,6 % à la Chambre) et la Ligue (17,3 %). Après douze semaines de pourparlers et l’échec de la tentative d’accord entre le M5S et le PD, le gouvernement « jaune-vert » (jaune pour le M5S, vert pour la Ligue) dirigé par Giuseppe Conte, un avocat qui n’a jamais candidaté à une élection, déjoue les attentes au point que certains invoquent une « IIIe République ». Le nouvel exécutif contrevient aux coalitions préélectorales (la Ligue fait faux bond à ses partenaires de droite) et associe deux partis a priori très éloignés, une Ligue toujours plus à droite, voire à l’extrême droite, et un M5S qui a d’abord et avant tout attiré puis façonné des militants et des électeurs déçus par la gauche. Les deux partis se sont d’ailleurs copieusement combattus durant la campagne. Leur convergence ne va donc pas de soi et il faudra toute la polysémie dont l’épithète « populiste » est chargée pour que des commentateurs finissent par trouver logique le rapprochement entre ces deux entreprises partisanes revendiquant le « populisme » dont ils les ont affublées. La rhétorique « antisystème » qu’elles semblent partager n’a pas les mêmes ressorts. Avec un parti électoralement au plus bas (4 % aux législatives), au bord de la faillite (suite au scandale des fonds publics détournés, la plupart des permanents ont été licenciés) et une notoriété encore très limitée, Salvini ne part pas sous les meilleurs hospices lorsqu’il en est élu secrétaire fédéral en décembre 2013. Il devient rapidement une figure politique centrale en abandonnant le sécessionnisme de la « Padanie » et son antiméridionalisme forcené au profit d’un nationalisme focalisé contre l’immigration. Lui et son entourage intensifient la droitisation en cours depuis le milieu des années 1990. Comme au temps d’Umberto Bossi, la Ligue prend la forme d’une structure verticale dominée par un chef autoritaire. Initialement, le M5S se situe aux antipodes, rejetant le culte du leader (un mot tabou), célébrant l’horizontalité des prises de décision, la vivacité des débats internes, et les thématiques écologistes. Son institutionnalisation, notamment après l’entrée massive au Parlement en 2013, lui a fait perdre certains traits distinctifs (candidats « citoyens ordinaires », boycott des plateaux de télévision, rotation des chefs de groupe dans les deux Chambres, rejet de toute alliance pré ou post-électorale). En 2017, le mouvement se dote d’un leader avec l’élection de Di Maio, une personnalisation qui, accentuée par la notabilisation des candidats, alimente une tendance à la droitisation : prises de position hostiles de Beppe Grillo à l’immigration ou aux Roms, fondation avec les Brexiters de Ukip d’un groupe au Parlement européen, rapprochement avec Moscou, contacts confidentiels avec Steve Bannon, l’ex-conseiller du président américain Trump, l’un des promoteurs du gouvernement giallo-verde. Cependant, lire cette mue et l’entente avec la Ligue comme une évolution nécessaire attribuable aux positions réactionnaires du cofondateur et entrepreneur Gianroberto Casaleggio, comme le font certains observateurs (Borcio, Natale, 2018 ; Biondo, Canestrati, 2019 ; Iacoboni, 2019), revient à occulter les ambivalences, revirements et luttes constitutifs du mouvement.

3À peine mis en place, le gouvernement Conte s’expose quotidiennement à la compétition que se livrent ses principaux membres, Di Maio et Salvini en tête, tour à tour ministres (du Travail et de l’Intérieur), vice-présidents du Conseil et leaders de parti. S’il s’agit d’abord pour chacun, à sa première expérience ministérielle, d’imposer son autorité, très vite, des désaccords apparaissent, et ce d’autant plus que le « Contrat pour le gouvernement du changement » ressemble plus à une agrégation des promesses des deux partis qu’à un véritable programme commun. En août, Salvini et le ministre léguiste de la Famille Fontana, qui s’est déjà signalé par son hostilité aux droits des minorités sexuelles, réclament la suppression de la loi Mancino, votée en 1993 pour sanctionner qui sème la haine raciale, ce à quoi s’opposent Di Maio et Conte. En septembre, les représentants du M5S ont réduit à cent mille euros la somme maximale de l’évasion fiscale tolérée pour bénéficier de la « Paix fiscale » inscrite dans la loi de finances là où les léguistes souhaitaient l’étendre à un million d’euros. Les différences se font également sentir en matière de justice avec l’absence remarquée de Salvini lors de l’approbation en conseil des ministres du projet de loi anticorruption fortement voulu par le M5S. Toujours en septembre, le décret sur l’immigration promu par le ministre de l’Intérieur, comportant pour certains délits une aggravation des peines et une déchéance de la nationalité des citoyens naturalisés, est soutenu du bout de lèvres par le M5S, critiqué par une grande partie de ses soutiens parmi les juristes et autres défenseurs des droits. En outre, la poursuite du chantier du train à grande vitesse (Tav) Lyon-Turin divise, la Ligue y étant favorable quand le M5S doit une partie de ses origines dans les régions alpines aux mobilisations anti-Tav. Le désaccord est également patent sur la question des forages pétroliers en Adriatique, sur les projets léguistes de flat tax et de légitime défense ou sur celui du M5S de revenu de citoyenneté.

4À l’automne 2018, l’agenda gouvernemental est dominé par l’élaboration de la loi de finances, un enjeu qui place ses protagonistes, dont certains, tant Salvini que Di Maio, avaient quelques années auparavant proclamé leur volonté de sortir de la monnaie unique, sous l’étroite surveillance des autorités européennes. La surenchère souverainiste entre les deux vice-présidents du Conseil amorce la campagne des élections européennes. Rendues publiques le 27 septembre, les premières ébauches du projet de loi de finances prévoient un déficit budgétaire à 2,4 % en 2019-2021, ce qui est tout de suite perçu comme un défi à la Commission européenne (CE) et se traduit par une hausse du différentiel entre les taux d’emprunt à dix ans des bons du Trésor allemands et italiens (spread) alors que des commentateurs soulignent le risque que ferait peser un Italexit, tant sur l’Italie que sur l’Union européenne (UE) (Reichlin, 2018). Envisageant une augmentation des dépenses et des recettes, le gouvernement table sur une croissance de 1,5 % du PIB en 2019, une estimation que la plupart de ses interlocuteurs (CE, BCE, Banque d’Italie, Cour des comptes, Institut national de statistiques, syndicat patronal, bureau parlementaire du Budget, agences de notation) [1] jugent irréaliste, idem pour l’annonce d’une diminution de la dette publique à 126 % du PIB en 2021. Salvini et Di Maio tonnent contre la rigueur imposée par l’UE (« Bruxelles attaque tout un peuple » selon le premier, « les médias et l’Union européenne veulent faire tomber le gouvernement » d’après le second) et, jurant qu’ils ne feront pas marche arrière, mettent sous pression le ministre technicien de l’Économie et des Finances Giovanni Tria. Cependant, le 3 octobre, le gouvernement révise ses engagements en matière de déficit : 2,04 % en 2019, 2,1 % en 2020, 1,6 % en 2021. Cette première concession n’empêche pas le rejet de la loi de finances par la Commission européenne (CE) et la menace d’une procédure pour déficit excessif. Adoptée au Sénat le 23 décembre et à la Chambre le 29 après moult polémiques, la loi de finances n’en a pas moins permis de ressouder un gouvernement en proie aux divergences et aux rumeurs de démission, l’opposition à la CE faisant office de (rare) dénominateur commun à ses deux composantes, d’autant qu’elle permet d’imputer à d’autres la récession en cours avec un recul, après 13 trimestres de hausse, du PIB lors des 3e et 4e trimestres.

5Alors que le M5S avait recueilli deux fois plus de voix que la Ligue lors des législatives, ce rapport de force très inégal s’étiole rapidement, les néophytes du M5S n’endossant pas aussi facilement que leurs homologues léguistes, professionnels au long cours, le rôle de gouvernant. Très vite, la Ligue dicte l’agenda et en tire profit. Dans les sondages d’intentions de vote, elle dépasse le M5S dès octobre (par 32 % contre 28 %) après 5 mois d’alliance au gouvernement, un écart qui ne va pas sans redéfinir leurs relations, d’autant qu’il se creuse en fin d’année et que les scores obtenus lors de scrutins locaux tendent à objectiver cette inversion du rapport de force. Depuis les municipales de juin 2018, les élections locales partielles tournent toutes à l’avantage de la coalition de droite associant la Ligue, Forza Italia (FI) et Fratelli d’Italia (FdI, parti souverainiste issu d’Alleanza nazionale, mené par Giorgia Meloni) : en octobre 2018 aux régionales du Trentin-Haut Adige, en février 2019 dans les Abruzzes et en Sardaigne puis en mars en Basilicate. En mai-juin, le Piémont passe à droite et, il en va de même, lors de municipales, pour des bastions de la « zone rouge », en Émilie-Romagne, comme Ferrare (gouvernée à gauche depuis 1945) et Forlì. L’exclusion fréquente des candidats M5S du ballotage fait prédire à des commentateurs un retour du bipolarisme gauche-droite, avec un net avantage à la droite. Cette évolution marquée des résultats électoraux participe de la grande mobilité des rapports de force et des alliances à l’œuvre depuis la chute du gouvernement Berlusconi en 2011, une désobjectivation rampante (incertitude permanente sur les règles et le calendrier) qui ajoute aux turbulences au sein du gouvernement.

Une campagne sous le signe du souverainisme

6Entamée dès septembre 2019 lors des tractations houleuses sur la loi de finances, la campagne électorale des Européennes restera dominée par les deux forces de la majorité, les partis de l’opposition, minés pour les deux plus importants d’entre eux par des dissensions, n’apparaissant pas en mesure d’imposer leur voix. À gauche, le PD se remet très difficilement de sa traumatisante défaite aux législatives de 2018 (18,7 %) et reste longtemps au plus bas avec 16 % d’intentions de vote dans les sondages de l’automne. Il a perdu une grande partie de ses structures militantes ; en 5 ans, plus de mille sections ont fermé (Turco, 2018) et les 416 000 adhérents revendiqués en 2016, dernier pointage disponible, ne correspondent plus à la réalité. Après la démission de Matteo Renzi du poste de secrétaire national et l’intérim assuré par Maurizio Martina, les primaires du 3 mars 2019 consacrent l’élection par 66 % des voix de Nicola Zingaretti, président de la Région Latium. La participation plus élevée qu’attendue (1,5 million de votants contre 1 million en 2017 avec la réélection de Renzi) et le discours d’investiture de Zingaretti sur la nécessité de combiner l’unité et le changement de cap paraissent donner un nouvel élan (Rubino, 2019). Les 4 lignes directrices (infrastructures matérielles, numérisation et innovation, reconversion écologique, État providence) tracées par celui qui a milité durant l’adolescence au PCI marquent un déplacement à gauche, ce qui d’emblée l’expose aux attaques du courant renzien, qu’une rumeur persistante voit en futur parti autonome. Les deux cultures politiques dont Romano Prodi se voulait le rassembleur au sein de l’Ulivo, la gauche démocrate-chrétienne et le courant socialdémocrate issu du communisme, n’ont jamais pu vraiment fusionner.

7À droite, FI voit son déclin s’aggraver au point que Silvio Berlusconi commence à y être ouvertement critiqué. Aux législatives de 2018, FI était pour la première fois depuis sa fondation en 1994 devancée par un autre parti de droite, la Ligue. Or, ce nouvel ascendant s’accentue à chaque scrutin local. Le parti-entreprise est de plus en plus divisé quant à la position à adopter vis-à-vis de cet allié devenu encombrant. Le président de la Région Ligurie Giovanni Totti, ancien présentateur du journal télévisé d’une chaîne berlusconienne, se veut le plus fervent partisan d’une unification de la droite, à laquelle le magnat s’oppose. En septembre 2018, la proposition de Totti d’une fusion avec Fratelli d’Italia (FdI) et des catholiques en rupture de ban (Raffaele Fitto, l’ancien président de la Région des Pouilles, qui a quitté FI) en vue du scrutin européen et de traiter d’égal à égal avec la Ligue, est sèchement rejetée par Giorgia Meloni. Si FI est au bord de l’implosion, FdI a le vent en poupe, mais la formation issue d’Alleanza nazionale peine à distinguer son registre souverainiste (baisse de la pression fiscale, politique nataliste, priorité aux Italiens, fin des politiques d’austérité) de celui de la Ligue. Ancienne militante du MSI (néofasciste) et ministre de la Jeunesse du dernier gouvernement Berlusconi, Meloni veut substituer à l’UE une Confédération européenne des États souverains.

8Dans cette configuration de fragmentation de l’opposition, la Ligue et le M5S peuvent facilement donner le ton de la campagne, d’autant qu’ils ont placé leurs hommes à la tête des médias du service public. Du programme en 10 points approuvé par les adhérents sur la plateforme Rousseau et du slogan « Nous pouvons changer l’Europe », Di Maio et les autres dirigeants du M5S vont surtout mettre l’accent sur leur opposition aux accords entre le PPE et l’Alliance des Socialistes et Démocrates, la revendication d’un salaire minimum et d’un référendum à l’échelle européenne, la baisse des salaires des commissaires et députés européens et une répartition des migrants entre les États membres. Le ministre du Travail et du Développement mise aussi sur la mise en œuvre du revenu de citoyenneté, commencée en avril, pour neutraliser l’accusation de droitisation alors que des militants déplorent une subordination à la Ligue.

9Sans surprise, et dans la continuité des législatives, celle-ci fait de la lutte contre l’immigration son cheval de bataille. Avec sa circulaire de fermeture des ports aux navires des ONG secourant des migrants en Méditerranée, le ministre de l’Intérieur empiète sur les domaines de compétence des ministres de la Défense et des Transports et mène les débats en provoquant à tout va afin de susciter des polémiques qui le placent au centre de l’attention, une stratégie de communication (surjouer la figure polarisante) héritée de Berlusconi. Sa poursuite en justice pour séquestration de personnes dans le cas du navire de la garde côtière Diciotti, bloqué au port de Catane en août 2018 avec 190 migrants à bord, fait l’objet d’un vote au Parlement et d’une consultation sur la plateforme Rousseau. Le jour de Pâques, il diffuse une photo le représentant muni d’un fusil mitrailleur ; en mai, il fait fi d’une interdiction municipale pour haranguer la foule depuis le balcon de la mairie de Forlì d’où s’était exprimé Mussolini, etc. Baptisée la bestia (la bête), son équipe de communicants rémunérés par le ministère de l’Intérieur surenchérit sur les réseaux sociaux. Politicien d’Europe le plus suivi sur Facebook, il est celui qui bénéficie du plus grand temps d’antenne dans les journaux télévisés [2], qui plus est, entre le 7 avril et le 7 juin 2019, il cumule 123 réunions électorales. Auteur d’un projet de loi facilitant l’accès aux armes à feu, il pèse sur le cadrage sécuritaire qui domine la campagne officielle (du 29 avril au 24 mai) durant laquelle 26 % des débats télévisés couplent les thèmes de la sécurité et de l’immigration [3]. La campagne de la Ligue a aussi été caractérisée par l’ostentation de symboles religieux. Lors du dernier meeting, sur la place du Duomo à Milan, Salvini fait siffler le nom du pape, brandit et embrasse un chapelet pour invoquer la protection de la Vierge (Politi, 2019), une démonstration de foi inusuelle pour un nonpratiquant dont les parents n’avaient pas jugé utile de l’inscrire à l’heure de religion durant sa scolarité (Gatti, 2019). La conversion de la Ligue au souverainisme contribue, après la crise de Comunione e Liberazione[4], à la réaffirmation politique d’un courant catholique conservateur dont le cardinal Raymond Burke, opposé au pape François, sert de référent, une entente manifeste en mars lors du congrès mondial de la famille à Vérone. C’est dans cet usage très instrumental des symboles religieux que l’influence des intellectuels proches du Kremlin se fait le plus sentir. Du reste, l’emprise de Moscou ne se limite pas à l’idéologie, ce qu’une série d’affaires va révéler.

10En septembre 2018, la Ligue est condamnée par le tribunal de Gênes à restituer 49 millions d’euros de fonds publics détournés durant l’ère Bossi. La survie du parti est en jeu, mais le verdict comporte une clause insolite échelonnant le remboursement sur une période de 75 ans par tranches annuelles (sans intérêts) de 600 000 euros. Dans un registre très berlusconien, Salvini dénonce un complot judiciaire, accusation réitérée en avril 2019 lors de la mise en examen pour corruption du secrétaire d’État léguiste aux Transports Armando Siri, qui expose le gouvernement à une énième passe d’armes entre ministres M5S réclamant sa démission et léguistes lui maintenant leur soutien. Déjà condamné pour faillite frauduleuse, partisan de la flat tax, idéologue du tournant souverainiste, Siri avait affirmé en janvier que le bon sens suffisait à combattre la corruption. Il aurait reçu un pot-de-vin de 30 000 euros de l’entrepreneur Franco Paolo Arata, en échange d’adjudications dans l’éolien et d’une autorisation pour deux usines de biométhane. Les mobilisations, déclarations et révélations de ce qui devient « l’affaire Siri » dévoilent certaines des accointances à la base de l’internationale souverainiste. Ancien député berlusconien, professeur émérite d’écologie, Franco Paolo Arata a « écologisé » le programme de la Ligue pour les législatives de 2018 (Rayner, 2019, p. 20-21). Il est en affaire avec l’entrepreneur Vito Nicastri, « le roi de l’éolien » en Sicile, poursuivi en justice pour avoir facilité la fuite du chef présumé de Cosa nostra Matteo Messina Denaro (contumace depuis 1993). Les journaux révèlent qu’un fils d’Arata a été embauché par les services du secrétaire d’État léguiste à la présidence du Conseil et qu’il a servi d’intermédiaire à la première rencontre entre Salvini et Trump, en novembre 2016. Le clan Arata (un autre de ses fils est sous enquête à Palerme) est également en étroite relation avec Steve Bannon, dont il organise les séjours en Italie. L’affaire envenime les rapports au sein de l’exécutif, notamment entre Di Maio et Salvini (De Angelis, 2019), et débouche en mai sur le limogeage de Siri.

11L’autre scandale qui embarrasse les dirigeants de la Ligue ressemble à un pendant italien du Russiagate. En février 2019, deux rédacteurs de L’Espresso publient des articles et un ouvrage sur le financement illégal de la Ligue par le Kremlin, une enquête alimentée par le site américain d’investigation Buzzfeed. Le livre noir de la Ligue (Tizian, Vergine, 2019) mentionne une réunion secrète à l’hôtel Métropol de Moscou entre des avocats d’affaire russes et trois émissaires de la Ligue, dont Gianluca Savoini, ex-porte-parole et mentor de Salvini, président de l’association Lombardie-Russie. L’enquête journalistique entraîne une instruction du parquet de Milan qui prendra son essor en juillet au moment où l’affaire est baptisée Russiagate ou Moscopoli. Paru en mai, un autre ouvrage écrit par un journaliste, Les démons de Salvini (Gatti, 2019), décrypte en détail l’entrisme de néonazis au sein de la Ligue depuis la fin des années 1980, dont certains comme Savoini figurent au centre des relations avec le régime de Poutine. Salvini y est décrit en agent d’influence à la solde d’une puissance étrangère. À l’approche du scrutin, ces révélations peinent à pimenter la campagne, tant la RAI que les médias berlusconiens tendent à les censurer ou à les minimiser.

Résultats : la ligue première force électorale

12Seuls 54,5 % des 51 millions d’inscrits ont voté (56 % si l’on exclut les Italiens de l’étranger), soit une baisse de près de 3 points par rapport au scrutin de 2014, taux de participation national qui masque d’importantes variations régionales : 67,3 % en Émilie-Romagne, 36,2 % en Sardaigne. En l’absence d’importants lâchages, à l’exception de la démission de Siri, les affaires impliquant la Ligue (dont l’issue reste ouverte) ne lui ont donc pas nui en termes électoraux. Son triomphe annoncé se concrétise avec 34,2 % des voix, un score supérieur aux dernières projections. À 15 mois des législatives et après un an de cohabitation, les scores des deux composantes du gouvernement se sont presque inversés (D’Alimonte, 2019). La spectaculaire volatilité électorale enregistrée aux législatives de 2018 [5] s’intensifie avec une hausse de 17 points de pourcentage pour la Ligue, et une baisse de 15 points pour le M5S. Par rapport au scrutin européen de 2014, la Ligue gagne plus de 28 points et le PD en perd 18. La plupart des journalistes font du M5S le grand perdant du scrutin et de Salvini son vainqueur, d’autant que, candidat dans les cinq circonscriptions (Nord-Ouest, Nord-Est, Centre, Sud, Îles), celui-ci figure largement en tête des votes de préférence avec un total de 2,3 millions de suffrages. Les chroniqueurs estiment probable chez lui la tentation d’imposer ses conditions en menaçant de faire tomber le gouvernement et de retourner aux urnes (Lopapa, 2019). Réduit à 17 %, le M5S a perdu 6 millions de voix en l’espace d’un an (Pagnoncelli, 2019) ; certains mettent en cause le leadership de Di Maio ; Roberto Fico, président de la Chambre des députés et figure de proue de l’aile gauche, fustige l’emprise de la communication ; et le 3 juin, le chef du gouvernement menace de démissionner.

Résultats des élections européennes du 26 mai 2019 (comprenant le vote des Italiens résidant à l’étranger) (%)

Européennes 2019Législatives 2018Européennes 2014Sièges 2014Sièges 2019
Ligue Salvini34,217,36,1529
Partito Democratico22,718,740,83119
Mouvement 5 étoiles17,032,621,11714
Forza Italia8,71416,8138
Fratelli d’Italia6,44,33,606
+Europa3,12,620
Europa Verde2,30,920
La Sinistra1,73,44,030
Autres listes3,56,76,440
Taux de participation54,572,957,2

Résultats des élections européennes du 26 mai 2019 (comprenant le vote des Italiens résidant à l’étranger) (%)

N.B. le nombre de sièges devrait connaître une légère augmentation après le départ des élus britanniques.
Source : Ministero dell’Interno.

13Avec 22,8 %, le PD donne l’impression de se reprendre, mais la comparaison avec le score record de 2014 (près de 41 %) invite à la modestie. Les autres partis de centre gauche, qui totalisent deux millions de voix, ont chèrement payé leur division, aucun n’atteignant les 4 % nécessaires à l’obtention de sièges à la proportionnelle : 3,1 % pour la liste +Europa menée par l’ancienne commissaire européenne Emma Bonino, 2,3 % pour les Verts (une poussée dans le sillage des manifestations autour du réchauffement climatique), seulement 1,7 % pour La sinistra. Pour la première fois à un scrutin à l’échelle nationale, Forza Italia passe sous les 10 %, ce qui entraîne la énième crise interne (Di Matteo, 2019). L’évolution de son score aux Européennes entre 2009 (35,3 %), 2014 (16,8 %) et 2019 (8,8 %) donne à voir l’ampleur du déclin du parti berlusconien, menacé sur sa droite par FdI (6,4 %), qui poursuit sa progression.

14Ces résultats et leurs interprétations renforcent la domination de la Ligue, où certains plaident pour un retour aux urnes quand bien même la percée moins forte que prévue des forces souverainistes à l’échelle européenne complique la mise en cause du gouvernement Conte. Le 16 juillet, lors du scrutin pour la succession de Jean-Claude Juncker à la présidence de la CE, les élus du M5S, affiliés au groupe Europe Libertés Démocratie Directe (ELDD) refusent de se joindre aux souverainistes en votant avec les représentants du PD (dont David Sassoli, élu président du Parlement européen) pour l’ancienne ministre chrétienne-démocrate allemande Ursula von der Leyen (PPE), élue par 383 voix sur 733. Si les eurodéputés de la Ligue (groupe Europe des nations et des libertés, ENL) se sont opposés à cette issue, ceux du M5S ont revendiqué leur contribution « décisive », ce qui provoque un énième désaccord entre les deux forces de la majorité.

Chute du gouvernement conte et formation d’une majorité alternative

15Dans les semaines qui suivent le scrutin, scandées par des rumeurs de dissolution, la plupart des acteurs considèrent que la domination léguiste hypothèque la pérennité du gouvernement Conte, mais celui-ci semble provisoirement tiré d’affaire à l’approche de la fin des sessions parlementaires. Le 5 août, le Sénat approuve le décret sécurité bis promu par Salvini, qui fait de l’interdiction d’accoster dans les ports italiens une prérogative du seul ministre de l’Intérieur et prévoit de lourdes amendes (jusqu’à un million d’euros) aux commandants de navires s’en affranchissant. Le président de la République et ancien juge constitutionnel Sergio Mattarella fait part de ses réserves quant à sa constitutionnalité et rappelle l’obligation de sauver les naufragés, mais cette loi accentue l’ascendant du leader léguiste au point que le secrétaire du PD Zingaretti stigmatise des « esclaves à 5 étoiles ». Le 8 août, Salvini affirme dans un communiqué que la majorité n’est plus, une rupture confirmée le soir même lors d’un meeting à Pescara où il se porte candidat au poste de chef de gouvernement. Ce n’est pas tant la décision de rompre l’alliance que son timing qui surprend. L’annonce prend de court, car il n’y a pas de précédents d’une crise gouvernementale en août. Les grandes plumes se perdent en conjectures ou évoquent une « crise folle » (Verderami, 2019), d’aucuns soulignent l’étrangeté de la situation en cas d’élections anticipées puisque Salvini pourrait cumuler les positions de juge et d’arbitre, candidat, qui plus est favori, à la présidence du Conseil et ministre de l’Intérieur chargé de veiller à la bonne tenue de la campagne et du scrutin (Castelnuovo, 2019). Le 9 août, la Ligue dépose une motion de censure et Salvini réclame « les pleins pouvoirs », une expression qui rappelle à beaucoup de commentateurs celle utilisée en 1922 par Mussolini. Comment comprendre ce coup ?

16La veille de sa missive, Salvini, en meeting à Sabaudia, a promis une réforme de la justice dans une veine très berlusconienne (séparation des carrières entre juges du siège et du parquet) et mentionné les affaires impliquant son parti : « Ils cherchent depuis des années de l’argent au Luxembourg, en Russie, mais le seul argent avec lequel nous travaillons est celui que vous nous donnez » (cité in Custodero, 2019). Ces affaires ont gagné en intensité depuis le scrutin européen. Le 30 mai, le vice-ministre léguiste des Transports et des Infrastructures Edoardo Rixi démissionne après sa condamnation par le tribunal de Gênes à 3 ans de prison dans le cadre du procès sur les détournements de fonds des conseillers régionaux. Bien plus dérangeantes, les enquêtes journalistique et judiciaire sur le financement de la Ligue par Moscou progressent, la discussion à l’hôtel Metropol, dont Buzzfeed a diffusé un extrait audio, aurait porté sur une commission de 65 millions de dollars, soit 4 % d’une livraison de pétrole d’un montant de 1,5 milliard de dollars, et le rôle d’intermédiaire de Savoini, proche conseiller de Salvini, se précise, il s’est rendu au moins 14 fois à Moscou en 2018. Le scandale pourrait prendre une ampleur dangereuse, les ministres du M5S, dont celui de la Justice, reprenant leur crédo « honnêteté, honnêteté ! » après que Conte ait demandé en vain au titulaire du ministère de l’Intérieur de venir s’expliquer au Parlement. Cette menace toujours plus pressante, l’autosuggestion induite par des sondages très favorables (créditant la Ligue de 36 % d’intentions de vote) et des bains de foule quotidiens ont pu convaincre Salvini que son moment était venu. Dans la chronique des élections législatives de 2018 publiée dans cette revue, je concluais qu’il serait vite tenté de rompre l’alliance gouvernementale avec le M5S pour renouer avec Berlusconi et les autres forces de la coalition de droite (Rayner, 2018, p. 115). La perspective de diriger un gouvernement de droite à majorité léguiste a sans doute motivé ce coup.

17La crise prend très vite la forme d’une lutte sur le calendrier : les léguistes tentent d’accélérer le nouvel agenda parlementaire en fixant au 14 août le vote sur la motion de censure, mais les anciens alliés et le PD parviennent à le reporter d’une semaine. Beaucoup de choses bougent entre-temps : Grillo et d’autres porte-parole du M5S vitupèrent contre le « traditore » ; une entente entre le M5S et le PD, amorcée par le vote sur la présidence de la CE, émerge à la faveur d’un revirement de Renzi ; décontenancé, Salvini avance qu’une reformulation de l’alliance demeure possible. Sur la défensive, les léguistes retirent leur motion de censure. Le 20 août au Sénat, le chef du gouvernement déplore le « manque de sensibilité et de culture institutionnelle » de son ministre. Sermonnant son vice-président avec une dureté inattendue, Conte fait montre d’une autorité que très peu lui accordaient jusque-là, infirmant les commentaires l’assimilant à un notaire (Sala, 2019) ; d’autres soulignent une défaite de Salvini tandis que le dirigeant léguiste Giorgetti concède : « dans la Ligue, il n’y a pas de débat, il n’y a pas de démocratie, c’est un chef qui décide » (cité in Falci, 2019). Conte s’est rendu le soir-même au Quirinal remettre sa démission au président de la République. Son gouvernement tombe après 15 mois, une durée dans la moyenne des 65 gouvernements qui l’ont précédé depuis 1946. Le 21 août, Mattarella ouvre la consultation des délégations de partis et, le 29 août, Conte accepte la mission de former un nouvel exécutif. Le 4 septembre, il en présente la composition au président. Le 5 septembre, les 21 ministres (dont 10 M5S et 9 PD) du gouvernement Conte II prêtent serment. Approuvé par 79 % des 80 000 votants (pour 117 000 inscrits) sur la plateforme Rousseau, le gouvernement Conte II obtient le 9 septembre la confiance à la Chambre (343 voix sur 608) puis le lendemain au Sénat (169 voix sur 319). Il s’agit du gouvernement le plus jeune de l’histoire (47 ans de moyenne d’âge) et du deuxième plus féminisé avec 33 % de femmes. Présidé par le même personnage, le nouvel exécutif est cette fois classé au centre-gauche, le souverainisme aurait fait place à l’européisme, « le deuxième gouvernement Conte a moins de soutien populaire, mais plus de cohésion politique que le premier » (Polito, 2019).

18Le paradoxe n’est qu’apparent : c’est la position de force de la Ligue, confortée par le scrutin européen, qui a changé la donne, persuadé son chef qu’il y avait là une opportunité à saisir et, in fine, rendu possible une majorité alternative. Très peu présent au ministère et au Parlement, peu sensible à la forma mentis juridique, Salvini a depuis son accès au gouvernement enchaîné meetings, interventions médiatiques et messages sur les réseaux socionumériques, pris dans une bulle de communication où les logiques parlementaires n’ont pas leur place. S’il prend soin de satisfaire au crédo démocratique en en appelant au « verdict du peuple », ses adversaires et ses ex-partenaires gouvernementaux ont beau jeu de miser sur la « centralité du Parlement » et les subtilités du droit constitutionnel pour neutraliser la fronde et cloisonner la crise. Cette tentative de renversement de la majorité et les réorientations qu’elle a suscitées s’inscrivent dans un contexte de remise en cause perpétuelle des équilibres politiques, produit et producteur de repositionnements en série. Une approche relationnelle éclaire ces interdépendances prenant la forme de coups symboliques visant à peser sur les rapports de force. Dans les jours qui suivent la formation du gouvernement, Renzi officialise sa sortie du PD pour fonder avec une quarantaine de parlementaires Italia Viva, un groupe qui, indispensable à la majorité, pourra faire valoir son pouvoir de veto ; Totti officialise son nouveau parti Cambiamo, force d’appoint de la Ligue ; les dirigeants du M5S et du PD s’accordent sur un projet de baisse drastique des effectifs parlementaires, annoncent un changement de la loi électorale et une coalition qui pourrait s’étendre au niveau régional. La refonte continue de l’offre partisane, des alliances, des rapports de force et des règles, l’ambiance de campagne électorale permanente, la navigation à vue des acteurs (au détriment des politiques publiques), l’instabilité et l’imprévisibilité, même à court terme, de son évolution restent des traits marquants du jeu politique italien.

Bibliographie

Références / References

  • Biondo N., Canestrati M. (2019), Il sistema Casaleggio, Milan, Ponte alle grazie.
  • Borcio R., Natale P. (2018), Il movimento 5 stelle : dalla protesta al governo, Sesto San Giovani, Mimesis.
  • Bordignon F., Ceccarini L., Diamanti I. (2018), Le divergenze parallele. L’Italia : dal voto devoto al voto liquido, Bari-Rome, Laterza.
  • Castelnuovo M. (2019), “Crisi di governo, ecco cosa può succedere (e una stranezza)”, Il Corriere della Sera, 8/08.
  • Custodero A. (2019), “Caos governo, Salvini a Sabaudia : ‘La Lega non vuole poltrone, ma qualcosa si è rotto nella maggioranza’”, La Repubblica, 7/08.
  • D’Alimonte R. (2019), “Lega-M5S, ribaltone elettorale nell’Italia sovranista”, Il Sole 24 Ore, 28/05.
  • De Angelis A. (2019), “Nel governo qualcosa si è rotto. Politicamente. Umanamente”, Huffington Post, 18/04.
  • Di Matteo A. (2019), “Rivolta in Forza Italia, Berlusconi teme il golpe : ‘Fuori di qui sparite’”, La Stampa, 29/05.
  • Falci G. A. (2019), “Salvini, lo schiaffo inateso”, Huffington Post, 20/08.
  • Gatti C. (2019), I demoni di Salvini, I postnazisti e la Lega, Milan, Chiarelettere.
  • Iacoboni Jacopo (2019), L’esecuzione, 5 stelle da movimento a governo, Bari-Rome, Laterza.
  • Lopapa C. (2019), “L’ultimatum di Salvini ai 5S : subito sei sì o tutti a casa”, La Repubblica, 28/05.
  • Pagnoncelli N. (2019), “M5S perde oltre 6 millioni di voti, la fuga verso astensione e Lega”, Il Corriere della Sera, 28/05.
  • Politi M. (2019), “Salvini invoca la Madonna e attaca il Papa. Ma il mondo cattolico non combatte abbanstanza”, Il fatto quotidiano, 20/05.
  • Polito A. (2019), “Forza e debolezza di un’ alleanza”, Corriere della Sera, 5/09.
  • Rayner H. (2018), « Les élections législatives italiennes de 2018 et la coalition Mouvement 5 étoiles-Ligue : gouvernement ‘balnéaire’ ou IIIe République ? », Pôle Sud, n° 49, p. 107-116.
  • Rayner H. (2019), « La Ligue de Matteo Salvini et “l’environnementalisme de salon” : entre indifférence, hostilité et intéressement aux enjeux écologiques », La Pensée écologique, vol. 4, n° 2, p. 31-44.
  • Reichlin L. (2018), “La partita pericolosa sull’ euro”, Corriere della Sera, 29/09.
  • Rubino M. (2019), “Assemblea Pd, Zingaretti proclamato segretario : ‘Serve un Nuovo partito, deve cambiare tutto’”, La Repubblica, 17/03.
  • Sala A. (2019), “Il discorso di Conte al Senato”, Il Corriere della Sera, 20/08.
  • Tizian G., Vergine S. (2019), Il libro nero della Lega, Rome-Bari, Laterza.
  • Turco S. (2018), “Pd, il partito che non c’è (più)”, L’Espresso, 17/12.
  • Verderami F. (2019), “Un mese in bilico : storia segreta di una pazza crisi”, Corriere della Sera, 5/09.

Date de mise en ligne : 15/01/2020.

https://doi.org/10.3917/psud.051.0119

Notes

  • [1]
    Au motif de « l’absence d’un agenda cohérent de réformes pour la croissance », l’agence Moody’s abaisse le 20 octobre la note (rating) de l’Italie de Baa2 à Baa3. Pour certains analystes, la hausse du spread consécutive aux mesures prévues dans la loi de finances alourdira de 100 milliards d’euros une dette publique qui approche d’ores et déjà des 2 400 milliards d’euros.
  • [2]
    D’après l’Observatoire des journaux télévisés du centre de recherche Eurispess, entre octobre 2018 et mars 2019, Salvini totalise 871 présences dans les titres des journaux télévisés des 7 principales chaînes de télévision, il est suivi par le président du Conseil Conte (682) et Di Maio (656).
  • [3]
    D’après le décompte de l’Euripess : https://www.leurispes.it/tg-e-talk-attrazione-fatale-per-il-sovranismo-il-26-dei-talk-dedicato-a-sicurezza-immigrazione/, mis en ligne le 13 juin 2019, consulté le 3 septembre 2019.
  • [4]
    Mouvement catholique conservateur fondé par un prêtre en 1954, Comunione e Liberazione exerce à partir des années 1980 une grande influence sur la Démocratie chrétienne et l’ensemble de la politique nationale, mais son principal représentant politique, Roberto Formigoni (un ex-DC passé à FI) président de la Lombardie entre 1995 et 2013, est condamné en 2016 pour corruption puis incarcéré.
  • [5]
    En 2018, 32 % des électeurs auraient modifié leur vote par rapport à 2013, soit la plus forte variation à offre électorale égale ; en 2013, 40 % avaient changé, mais le M5S modifiait l’offre (Bordignon, Ceccarini, Diamanti, 2018, p. 14 et 124).
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.9.172

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions