Poétique 2005/1 n° 141

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Article de revue

Confidence et dévoilement dans La Porte étroite d'André Gide

Pages 115 à 126

Notes

  • [1]
    Langage et Discours. Eléments de sémiolinguistique, Paris, Hachette, 1983, et « Une théorie des sujets du langage », Modèles linguistiques, X, fasc. 2, 1998, p. 67-78.
  • [2]
    Il espère, par exemple, que l’autre ne va pas « utiliser les informations à son détriment », pour citer les mots de Véronique Traverso, La Conversation familière. Analyse pragmatique des interactions, Lyon, PUL, 1996.
  • [3]
    Ou celle-ci, qui associe à la construction de l’espace clos le sentiment d’urgence : « Allons dans le jardin d’hiver, dit-elle précipitamment. Il faut que je te parle. » André Gide, La Porte étroite, in Romans. Récits et Soties. Œuvres lyriques, Paris, Gallimard, coll. « Bibl. de la Pléiade », 1958, p. 535.
  • [4]
    Ibid., p. 533.
  • [5]
    Erving Goffman, La Mise en scène de la vie quotidienne. La présentation de soi, Paris, Ed. de Minuit, t. 1, 1973, p. 238.
  • [6]
    Ibid.
  • [7]
    Ibid., p. 239.
  • [8]
    Voir, à propos du discours autobiographique, María Dolores Vivero García, El texto : teoría y análisis lingüístico, Madrid, Arrecife, 2001, p. 110-125, et « L’analyse énonciative du discours autobiographique : l’exemple de Gide », in R. Amossy et D. Maingueneau (dir.), L’Analyse du discours dans les études littéraires, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2004, p. 239-251.
  • [9]
    Dans son travail sur les stratégies du dire de l’identité, A. Jaubert a montré comment, par le biais d’appositions antéposées qui constituent des préassertions de l’identité, « l’énonciation assure les traits de l’être censés fonder l’essentiel » et construit « un être mythique en faveur duquel l’existence se fait oublier au profit de l’essence », dont on dresse « un inventaire globalisant, saisissant l’être dans une totalité signifiante » (« Comment s’énonce l’identité ? Des stratégies de discours significatives », in Autobiographie et Fiction romanesque. Autour des Confessions de Jean-Jacques Rousseau, Actes du colloque international organisé par J. Domenech, Nice, 11-13 janvier 1996, Université de Nice-Sophia Antipolis, publications de la Faculté de lettres, arts et sciences humaines de Nice, 1996, p. 69-81).
  • [10]
    La Porte étroite, op. cit., p. 495.
  • [11]
    Ireland constate que les remarques préliminaires du narrateur de La Porte étroite ont deux fonctions. La première est l’effet de vécu ; la deuxième, la recherche de la collaboration du lecteur et de sa connivence : il appartient au lecteur de « conférer de la valeur à son livre en y trouvant l’intérêt […] » et de partager « émotion et larmes de l’auteur » (G.W. Ireland, « Le jeu des “je” dans deux récits gidiens », André Gide, 6, Paris, Lettres Modernes Minard, 1979, p. 69-80).
  • [12]
    La Porte étroite, op. cit., p. 503.
  • [13]
    La Mise en scène de la vie quotidienne, op. cit., p. 111.
  • [14]
    La Porte étroite, op. cit., p. 522.
  • [15]
    Ibid., p. 523.
  • [16]
    Ibid., p. 532.
  • [17]
    Ibid., p. 534.
  • [18]
    Ibid., p. 518.
  • [19]
    Ibid., p. 497.
  • [20]
    Ibid., p. 501.
  • [21]
    Ibid., p. 508.
  • [22]
    Ibid., p. 519.
  • [23]
    Ibid., p. 556.
  • [24]
    Ibid., p. 557.
  • [25]
    Ibid., p. 559.
  • [26]
    La Mise en scène de la vie quotidienne, op. cit., p. 238.
  • [27]
    La Porte étroite, op. cit., p. 501. Peu après, Jérôme qualifie la scène qu’il surprend entre sa tante Bucolin et le jeune lieutenant de « ridicule jeu de scène » (ibid., p. 503).
  • [28]
    Ibid., p. 510.
  • [29]
    Ibid., p. 528.
  • [30]
    Ibid., p. 570.
  • [31]
    Ibid., p. 518.
  • [32]
    Ibid.
  • [33]
    Ibid., p. 583.
  • [34]
    Ibid., p. 569.
  • [35]
    Ibid., p. 568-569. Ce n’est d’ailleurs sûrement pas par hasard que Jérôme décrit Alissa en la comparant à la Béatrice de Dante, et donc de la Divina Comedia (ibid., p. 501).
  • [36]
    Ibid., p. 572.
  • [37]
    Pour une étude des différents niveaux d’énonciation, voir María Dolores Vivero García, « La doble enunciación en La Porte étroite », Anales de Filología Francesa, 5, Universidad de Murcia, 1993, p. 173-176.
  • [38]
    Selon l’expression de Philippe Lejeune, Le Pacte autobiographique, Paris, Ed. du Seuil, 1975.
  • [39]
    Dans son Journal, Gide évoque ce procédé : « J’aime assez qu’en une œuvre d’art on retrouve ainsi transposé, à l’échelle des personnages, le sujet même de cette œuvre. Rien ne l’éclaire et n’établit plus sûrement les proportions de l’ensemble. Ainsi dans les tableaux de Memling ou de Quentin Metsys, un petit miroir convexe et sombre reflète, à son tour, l’intérieur de la scène où se joue la scène peinte. Ainsi, dans le tableau des Ménines de Vélasquez (mais un peu différemment) » (André Gide, Journal 1889-1939, Paris, Gallimard, 1948, p. 41). Il propose de le nommer « mise en abyme » par analogie avec l’inclusion, en héraldique, d’un blason dans un autre. A propos de la conception gidienne de la mise en abyme, voir Alain Goulet, André Gide. Ecrire pour vivre, Paris, José Corti, 2002, p. 67-90.
  • [40]
    Concernant la dimension autoréférentielle de ce récit, Albert Sonnenfeld écrit : « […] La Porte étroite me semble presque la microstructure de la forme narrative de l’œuvre de Gide » (« Problématique de la lecture dans l’Immoraliste et La Porte étroite », André Gide, 6, op. cit., p. 107-127).

1La confidence en général et le dévoilement des sentiments en particulier jouent un rôle majeur dans La Porte étroite à différents niveaux. En effet, d’une part, le projet d’écriture présenté par le narrateur, dans la partie inaugurale du livre, reproduit la rhétorique classique de l’autobiographie et propose un pacte de dévoilement sincère, proche de la parole confidentielle. D’autre part, en ce qui concerne le récit, le désir qu’a Jérôme, le narrateur, de se fiancer à Alissa et surtout le besoin qu’il éprouve de comprendre comment se définit la relation entre eux, quand Alissa refuse de se fiancer, vont donner lieu à une série d’actions centrées sur des confidences entre les différents personnages. Ces confidences ont pour objet les relations personnelles, principalement les relations amoureuses et les fiançailles, entre Jérôme et Alissa. Ainsi, Jérôme se confie à Abel dans l’espoir de trouver chez son ami de l’aide et il ouvre son cœur à Juliette, la sœur d’Alissa. A son tour, Abel avoue à Jérôme son amour pour Juliette, puis son désespoir quand il comprend que c’est Jérôme qu’elle aime. La tante Plantier, quant à elle, force les confidences de Jérôme et cherche à l’aider en demandant à Alissa de se confier à elle. Mais toutes ces confidences ne vont pas toujours éclaircir la vérité et elles vont même apparaître comme présentant un certain nombre de difficultés.

2Notre objectif est d’étudier comment le récit met l’accent sur ces difficultés. Pour ce faire, nous commencerons par proposer une description de la confidence. Nous analyserons ensuite les différents facteurs qui la perturbent dans La Porte étroite. Enfin, dans un troisième temps, nous essaierons de montrer qu’en présentant une réflexion sur les incertitudes du dévoilement dans la confidence, ce livre désigne avec lucidité certains aspects de son propre fonctionnement.

Description de la confidence

3Pour élaborer notre description de la confidence nous sommes partis du modèle de la communication proposé par Patrick Charaudeau [1], avec deux niveaux qui s’articulent : le niveau situationnel, où se trouvent les partenaires de l’acte de communication, et celui de la mise en scène discursive, où se situent les êtres de parole construits par l’énonciation. A partir de ce modèle, la confidence peut être considérée comme une activité discursive qui détermine une certaine mise en scène. Ce qui permet le mieux de la définir en tant qu’activité est, sans doute, le type de rapport que le sujet qui parle veut instaurer vis-à-vis de son interlocuteur. Celui qui fait la confidence entreprend de son plein gré de livrer au confident une information, des sentiments ou des évaluations susceptibles de l’intéresser. Il espère que celui-ci en fera bon usage [2] et qu’il ne va pas divulguer l’objet de la confidence ou sa source. La confidence est donc volontaire et consciente. Elle répond souvent à un besoin plus ou moins urgent, dicté par le sentiment ou par l’inquiétude, de se confier, de se livrer ou d’épancher son âme, en cherchant la connivence de l’autre. Elle a lieu dans l’interaction et, le plus souvent, dans la relation diadique, qui favorise la proximité et la construction d’un espace interpersonnel clos et relativement intime, à l’écart de ceux qui pourraient perturber cette relation étroite et privilégiée, à l’abri des oreilles indiscrètes.

4Ainsi, dans La Porte étroite, la principale stratégie mise en œuvre pour « entrer en confidence » est la construction de cet espace clos, marquée par l’emploi de certaines formules comme « Dès que nous fûmes seuls… » [3]. On n’hésite pas, pour cela, à se débarrasser de ceux qui pourraient empêcher la confidence :

5

Oh ! je n’y ai pas été par quatre chemins [dit la tante Plantier] : j’ai envoyé promener Miss Ashburton […] et, dès que je me suis trouvée seule avec Alissa, je lui ai demandé tout simplement pourquoi elle ne s’était pas fiancée cet été [4].

6Dans la mise en scène discursive correspondante, chacun joue son rôle énonciatif conformément à une métarègle communicative partagée. D’un côté, l’auteur empirique de la confidence doit construire un énonciateur impliqué, proche, sincère et confiant en la discrétion de l’autre. Il doit construire aussi un destinataire, récepteur privilégié digne de confiance, devant être intéressé par les propos, croyant en la sincérité de l’énonciateur, capable de le comprendre et de se mettre à sa place. De l’autre côté, le confident en tant qu’individu empirique doit reconnaître le type d’activité discursive qui lui est proposée et mettre en scène le personnage attendu, en montrant qu’il se compromet à être discret, en donnant des signes d’intérêt et de soutien, etc. Par ailleurs, dans cette mise en scène, l’objet du discours est présenté comme l’objet d’un dévoilement, cet objet pouvant concerner, en principe, aussi bien un aspect du monde que de soi-même. Le schéma suivant rend compte de la description proposée :

Description de la confidence

figure im1

Description de la confidence

7Le succès de cette activité dépendra surtout du degré de correspondance entre, d’une part, les images que l’auteur de la confidence a cherché à construire, à la fois de lui-même en tant qu’énonciateur et de l’objet de son discours (le soi dont il parle ou les autres), et, d’autre part, les images élaborées par le confident dans l’interaction à partir du discours. Il s’agit dans les deux cas d’images ou de représentations mentales, bien évidemment, et non pas de la réalité empirique. Mais, quand l’interaction se déroule normalement, on a l’impression qu’il n’y a pas de différence entre ces images et la réalité empirique. Si, en s’identifiant à l’image du destinataire mis en scène dans et par le discours, le confident empirique a pu avoir l’impression de ne faire qu’un avec lui, il peut, de la même façon, identifier l’image de l’énonciateur à l’auteur empirique de la confidence et l’objet dévoilé à la réalité empirique.

8Goffman a mis en évidence ce mécanisme d’identification du personnage joué au moi, lui-même doté d’une existence physique : « Dans notre société, le personnage joué et le moi coïncident à peu près et ce moi-personnage est censé habiter le corps de son possesseur [5]. » Cependant, comme le souligne encore Goffman,

9

ce moi lui-même n’émane pas de son possesseur, mais de la totalité du spectacle de son activité, puisqu’il est produit par le caractère circonstanciel des événements qui permet aux spectateurs d’interpréter la situation. Un spectacle correctement mis en scène et joué conduit le public à attribuer un moi à un personnage représenté, mais cette attribution est le produit et non la cause d’un spectacle. Le moi en tant que personnage représenté n’est donc pas une réalité organique ayant une localisation précise et dont le destin serait essentiellement de naître, d’évoluer et de mourir ; c’est un effet dramatique qui se dégage d’un spectacle que l’on propose et la question décisive est de savoir si on y ajoute foi ou non [6].

10La métaphore théâtrale utilisée par cet auteur rend compte de l’effet global :

11

lorsque la machine tourne rond, les impressions en jaillissent assez vite pour donner un sentiment de réalité, la représentation se déroule correctement et le moi substantiel prêté à chaque personnage représenté semble émaner intrinsèquement de l’acteur [7].

12C’est en se fondant sur cette impression que la confidence autocentrée (qui a pour objet un aspect du moi) renforce les effets de communication directe et de dévoilement, à l’instar d’autres discours intimes [8]. D’une part, l’identification de l’énonciateur à l’auteur de la confidence crée un effet de transparence énonciative qui efface la mise en scène du personnage représenté et crée l’impression d’une communication directe. De l’autre, l’identification de l’objet du discours au sujet psychosocial tend à effacer aussi la frontière qui sépare la mise en scène discursive de la réalité empirique, créant un effet que l’on peut appeler de « dévoilement » ou, plus généralement, de transparence représentative, comme si le discours n’était qu’un moyen transparent dont on se sert pour représenter le monde et pour se dévoiler soi-même. A cela s’ajoute la tendance à rattacher le personnage représenté (en tant qu’énonciateur et en tant qu’objet du discours) à un moi syncrétique, unique, plus ou moins cohérent [9], que l’on fait correspondre à un individu empirique. Les différentes instances produites dans et par le discours et les diverses réalités empiriques sont subsumées sous ce moi qui occupe le devant de la scène.

Description de la confidence autocentrée

figure im2

Description de la confidence autocentrée

13Nous reviendrons sur ces effets de transparence énonciative et de dévoilement du moi pour montrer comment La Porte étroite va les contrecarrer.

14Une remarque s’impose ici par rapport à la description qui vient d’être présentée : il y a bien sûr des interactions à caractère plus ou moins confidentiel, qui ne correspondent que partiellement à cette description. Il est même parfois difficile d’établir une frontière nette entre ce qui relève de la confidence et ce qui n’en relève plus. Quelquefois on cherche à produire un certain effet de confidence. C’est ce qui arrive en général dans le récit autobiographique classique et, plus largement, dans nombre de récits qui jouent sur les effets autobiographiques.

15Ainsi La Porte étroite répond, comme l’explique son narrateur au début du livre, à un projet de simple dévoilement de soi, paradoxalement plus proche de la confidence faite au lecteur que du récit littéraire :

16

D’autres en auraient pu faire un livre ; mais l’histoire que je raconte ici, j’ai mis toute ma force à la vivre et ma vertu s’y est usée. J’écrirai donc très simplement mes souvenirs et s’ils sont en lambeaux par endroits, je n’aurai recours à aucune invention pour les rapiécer ou les joindre ; l’effort que j’apporterais à leur apprêt gênerait le dernier plaisir que j’espère trouver à les dire [10].

17Il ne s’agit pas, à proprement parler, d’une confidence puisque l’histoire est rendue publique, mais les effets recherchés de transparence énonciative (dire simplement sans apprêt) et de dévoilement construisent une scène discursive relativement proche de celle que nous avons décrite pour la confidence [11]. Une autre question est de savoir si le lecteur empirique va recevoir le livre comme une sorte de « confidence publique » ou non.

18A partir de cette description de la confidence, nous allons essayer maintenant de systématiser les facteurs qui la perturbent dans ce récit, où plusieurs aspects constitutifs de l’interaction verbale, du fait de leur mise en relief, minent profondément la confidence, soit qu’ils mettent en cause son efficacité pour se dévoiler, soit qu’ils contestent des aspects essentiels de son fonctionnement.

Perturbations de la confidence

Eviter le dévoilement

19Tout d’abord, la confidence étant un acte volontaire et conscient, elle peut être perturbée quand un acteur ne veut pas vraiment se dévoiler. Pour éviter le dévoilement, on a parfois recours à une fausse confidence, comme Alissa, qui occulte ses vraies motivations et enfreint le principe de sincérité ou de franchise en ne disant pas exactement ce qu’elle pense lorsque, par exemple, elle prétend ne pas vouloir se marier avant sa sœur Juliette. On peut aussi cacher l’essentiel, comme le fait Juliette quand elle ne dit pas à Jérôme ce qui aurait pu aider celui-ci à comprendre la situation (notamment le fait que sa sœur refuse de se marier avant elle parce qu’elle a découvert son amour pour lui).

20C’est pourquoi le dévoilement des sentiments ne passe pas toujours, dans ce récit, par la confidence. Il est souvent involontaire et inconscient ; il est même inévitable, puisque, dans l’interaction, on ne peut pas ne pas se dévoiler. On saisit alors les sentiments et les émotions des autres de façon indirecte, à travers un comportement involontairement expressif ; ou bien en faisant intrusion dans la « coulisse » où les acteurs abandonnent leur personnage. C’est, par exemple, en s’introduisant dans la chambre d’Alissa et en la surprenant en larmes [12] que Jérôme peut entrevoir ce qui se passe dans la « région postérieure » [13] de la représentation de celle-ci.

Problèmes d’intercompréhension

21Le deuxième facteur perturbateur tient à des problèmes d’intercompréhension. En effet, les personnages de ce récit se comprennent mal dans les situations de confidence. Jérôme, par exemple, se sent incompris d’Abel, à qui il vient de se confier ; selon lui, son ami détient un savoir stéréotypé qui l’empêche de comprendre sa relation avec Alissa :

22

Il avait, cette année, acquis quelque pratique des femmes, ce qui lui permettait un air de supériorité un peu fat, mais dont je ne m’offensai point. Il me plaisanta pour ce que je n’avais pas su poser mon dernier mot, comme il disait, émettant en axiome qu’il ne faut jamais laisser une femme se ressaisir. Je le laissai dire, mais pensai que ses excellents arguments n’étaient bons ni pour moi ni pour elle et qu’il montrait tout simplement qu’il ne nous comprenait pas bien [14].

23Mais, parfois, c’est celui qui fait la confidence qui n’est pas suffisamment explicite, ce dont se plaint Abel : « A vrai dire, il y a dans ton histoire quelque chose que je ne m’explique pas bien ; tu n’as pas dû tout me raconter… N’importe ! J’éclaircirai ça… [15] » Ou bien il n’est pas suffisamment clair : « Mon pauvre enfant, [s’exclame la tante Plantier] si tu veux que je te comprenne, il faut t’expliquer un peu plus clairement [16]. » Ou bien encore, projetant ses attentes ou ses désirs, il privilégie telle ou telle signification et interprète mal les mots du confident [17]. Il arrive aussi que l’on n’écoute pas bien ou que l’on n’observe pas suffisamment les signes des autres parce que l’on s’occupe de son propre rôle sur la scène discursive, comme Jérôme, au moment même où il proclame son aspiration à la transparence absolue qui rendrait vain tout dévoilement :

24

amusé par mon artifice, haussant la voix : « Oh ! m’écriai-je, avec cette exaltation un peu pompeuse de mon âge, et prêtant trop d’attention à mes paroles pour entendre à travers celles de Juliette tout ce qu’elle ne disait pas… Oh ! si seulement nous pouvions, nous penchant sur l’âme qu’on aime, voir en elle, comme en un miroir, quelle image nous y posons ! lire en autrui comme en nous-mêmes, mieux qu’en nous-mêmes ! Quelle tranquillité dans la tendresse ! Quelle pureté dans l’amour !… » J’eus la fatuité de prendre pour un effet de mon médiocre lyrisme le trouble de Juliette [18].

L’espace clos perturbé

25Le troisième facteur qui mine le fonctionnement de la confidence réside dans la perturbation de l’espace clos qui réunit les interactants et préserve le caractère confidentiel des propos. Les causes en sont diverses. Parfois l’intrusion apparaît comme le seul moyen d’accéder à certains discours. Jérôme surprend ainsi, en tant que récepteur non ratifié, une confidence que sa mère fait à Miss Ashburton :

26

J’étais inopinément entré dans la chambre où ma mère causait avec son amie ; il s’agissait de ma tante ; ma mère s’indignait qu’elle n’eût pas pris le deuil ou qu’elle l’eût déjà quitté [19].

27Il a ensuite la possibilité matérielle d’écouter une conversation entre sa mère et son oncle [20]. Enfin, lorsque Alissa parle à son père de Jérôme [21], celui-ci surprend la confidence. D’abord il écoute par inadvertance, puis il tire avantage de sa position pour apprendre ce qu’attend de lui Alissa. D’autres fois, la confidence n’est possible qu’indirectement parce que l’on appréhende de s’adresser au vrai destinataire. Ainsi, Jérôme entretient Juliette de ce qu’il n’ose pas dire à Alissa :

28

je ne lui parle jamais de cela ! [dit-il à Juliette] Jamais ; c’est aussi pour cela que nous ne nous fiançons pas encore ; jamais il n’est question de mariage entre nous, ni de ce que nous ferons ensuite. O Juliette ! la vie avec elle m’apparaît tellement belle que je n’ose pas… comprends-tu cela ? que je n’ose pas lui en parler [22].

29Mais, de cette façon indirecte, l’on n’obtient pas toujours le résultat escompté. Lorsque Jérôme parlant avec Juliette profite de leur passage par un endroit d’où il pense pouvoir être entendu par Alissa pour adresser à celle-ci son discours amoureux, Alissa entend plutôt les mots voilés de Juliette qui ne lui étaient pas adressés et elle apprend que sa sœur est amoureuse de Jérôme. On fait aussi appel à des intermédiaires : Jérôme recourt à Abel et à la tante Plantier ; Alissa envoie à sa tante une lettre que celle-ci renvoie à Jérôme, jugé comme son vrai destinataire.

30Plus simplement, la relation interpersonnelle nécessaire à la confidence peut s’avérer impossible soit que l’on ne trouve pas le moment de parler à l’autre en tête à tête, soit qu’on laisse échapper l’occasion parce que l’on n’a pas « la force de congédier » les personnes qui sont autour et que celles-ci n’ont pas « la discrétion de partir » [23]. Mais il arrive que Jérôme et Alissa appréhendent le tête-à-tête et qu’une fois seuls ils ne trouvent plus les mots, surtout lorsqu’ils se sentent contraints d’assurer un rôle [24]. D’où les restrictions apportées aux interactions en face à face, qu’Alissa exige de remplacer par la correspondance écrite pour maintenir une distance, réglant ainsi le contact avec Jérôme.

31Enfin, la circulation de la confidence détruit l’espace privilégié et intime de la communication à deux. C’est ce dont se plaindra Alissa dans une des lettres adressées à Jérôme :

32

Je ne voulais pas laisser partir cette lettre sans te demander un peu plus de discrétion en ce qui nous concerne tous deux. Maintes fois tu m’as blessée en entretenant Juliette ou Abel de ce qui eût dû rester entre toi et moi […] [25],

33ce qui n’empêchera pas Jérôme de rendre toute leur histoire publique et d’inclure dans son récit les lettres d’Alissa qui lui étaient adressées ainsi que le journal intime qu’elle avait mis avant de mourir sous pli cacheté à son nom.

La mise en scène soulignée

34Jusque-là nous avons vu des facteurs qui tenaient à l’attitude des interactants ou à la relation de confidence entre eux. Mais il y a aussi, dans ce récit, des remarques qui soulignent la distance entre les personnages représentés et la réalité empirique, montrant que le moi est une image construite dans et par la confidence et que l’élaboration de cette image passe notamment par l’activité interprétative de l’autre.

L’énonciateur mis en scène

35Reprenons la distinction entre l’énonciateur (le moi qui parle) et l’objet dévoilé (le moi dont je parle), pour nous centrer tout d’abord sur le premier. L’énonciateur est construit par l’acte d’énonciation. Il est comparable, selon la métaphore théâtrale de Goffman, au personnage joué par l’acteur, lui-même « engagé dans d’innombrables mises en scène quotidiennes » [26]. Le public doit se fier à cette représentation pour construire une image qu’il rattache au moi, ce qui engendre la possibilité de représentations frauduleuses. Il est ainsi toujours possible de manipuler l’image respective que se font les interlocuteurs l’un de l’autre. Or, cet aspect constitutif de l’interaction va à l’encontre de l’effet de transparence énonciative ; il peut donc, lorsqu’il est mis en relief, rendre la confidence suspecte.

36Ainsi, dans La Porte étroite, les commentaires métadiscursifs mettent-ils souvent l’accent sur cet aspect de l’interaction. La première allusion à la métaphore théâtrale, au début du livre, se trouve soulignée de façon particulière (il s’agit des crises de la tante Bucolin) :

37

Mon oncle était monté dans la chambre d’Alissa ; ma mère sortit à sa rencontre. Un quart d’heure après, comme tous deux passaient sans faire attention devant les fenêtres ouvertes de la chambre où j’étais resté, me parvint la voix de ma mère : « Veux-tu que je te dise, mon ami : tout cela, c’est de la comédie. » Et plusieurs fois, séparant les syllabes : de la co-mé-die [27].

38Même si ces commentaires ne portent pas toujours directement sur des confidences, ils contribuent à mettre en relief l’artifice et la mise en scène lorsqu’il s’agit des situations de confidence. Par exemple, quand il s’agit des répliques d’Abel qui, comme la vie elle-même, se déroulent de façon théâtrale, ou bien du discours d’Alissa, qui, encore enfant, parle à Jérôme de leur amour en citant des paroles saintes « solennellement », ce que le narrateur ne manque pas de souligner :

39

Elle mit un doigt sur ses lèvres et un peu solennellement : « Recherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice. » En transcrivant nos paroles, je sens bien qu’elles paraîtront peu enfantines à ceux qui ne savent pas combien sont volontiers graves les propos de certains enfants. Qu’y puissé-je ? Chercherai-je à les excuser ? Pas plus que je ne veux les farder pour les faire paraître plus naturelles [28].

40Le narrateur commente également l’effusion sentimentale, l’excès verbal et, en particulier, « l’appoint de littérature » qui se mêle aux aveux d’Abel :

41

J’étais tout suffoqué par son aveu, et quelque peu gêné par l’appoint de littérature que je sentais s’y mêler ; mais le moyen de résister à tant de véhémence et de joie ?… « Enfin quoi ! t’es-tu déclaré ? » parvins-je à lui demander entre deux effusions [29].

42Il qualifie son propre discours de « ridiculement emphatique » [30] et il en souligne « l’exaltation un peu pompeuse » [31] ou le « médiocre lyrisme » [32].

43Ces évaluations métalangagières et l’attention portée sur le langage-outil perturbent l’effet de transparence énonciative. En même temps, l’on insiste sur cet idéal de transparence. En effet, Jérôme, en tant que narrateur, prétend dire simplement et sans « apprêt » ce qu’il a vécu et Alissa, rédigeant son journal, voudrait éviter tout arrangement : « Non ; que ce journal ne soit pas le complaisant miroir devant lequel mon âme s’apprête ! [33] » Ce même élan vers la transparence la mènera à remplacer la lecture des livres de littérature par des petits ouvrages de piété vulgaire :

44

Ce sont là d’humbles âmes qui causent avec moi simplement, s’exprimant de leur mieux, et dans la société desquelles je me plais. Je sais d’avance que nous ne céderons, ni elles à aucun piège du beau langage, ni moi, en les lisant, à aucune profane admiration [34].

45Cependant, Alissa se protège contre les intrusions et, comme tout acteur, elle prend le temps de remettre le décor en ordre, de donner à son visage l’expression convenable ou de décider du type d’accueil à réserver au visiteur. La construction de l’image de l’énonciateur passe alors par des voies non langagières, spécialement par ce que Goffman appelle « la façade », que ce soit « le décor » (mobilier, par exemple) ou « la façade personnelle » (vêtements, attitude, façon de parler, mimiques…). Et Jérôme doit se fier à cette façade quand Alissa l’invite à entrer dans sa chambre, après avoir préparé le décor qui accompagne la représentation de son nouveau rôle de mystique [35].

Le moi (objet du discours) mis en scène

46Quant au moi dévoilé, on a vu comment la confidence autocentrée se fondait sur l’assimilation du moi objet du discours à l’individu psychosocial empirique, selon ce que l’on a appelé l’effet de dévoilement. Cet effet est lié à celui de transparence représentative. Il présuppose que le discours, comme mode privilégié de dévoilement, serait transparent et qu’il représenterait simplement une réalité et, en l’occurrence, la réalité du moi empirique. Or, La Porte étroite va également contrecarrer cet effet en montrant que l’on ne se dévoile pas en parlant de soi dans une situation de confidence, si l’on entend que se dévoiler c’est lever le voile sur un moi préalable à l’interaction, complètement construit avant celle-ci et directement observable. A la fin du livre, par exemple, Alissa accusera Jérôme d’avoir construit une image d’elle qui ne correspond pas à la réalité : « Mais que puis-je à ceci, mon ami ? dit-elle aussitôt : tu tombes amoureux d’un fantôme […] d’une figure imaginaire [36]. »

47En somme, dans La Porte étroite, la communication s’opacifie et l’accent est mis sur l’impossible transparence. Il apparaît ainsi qu’il ne s’agit pas simplement de dévoiler son moi à celui qui reçoit la confidence, mais de lui donner à construire des images : l’image de l’énonciateur parlant de soi (qui ne peut s’empêcher de parler de lui en parlant de soi ou d’autre chose) et l’image du soi dont il parle, à partir des informations qu’il donne de lui-même, des événements qui lui arrivent ou de ses sentiments. Il apparaît, encore, que ces images élaborées par le confident ne coïncident pas nécessairement avec celles que l’autre prétendait susciter.

Les ambiguïtés du moi

48Ce n’est pas tout, car l’effet de dévoilement du moi se fonde, par ailleurs, sur l’impression qu’il existe un moi stable, cohérent et identique à lui-même. Or, l’histoire d’Alissa, son évolution vers la sainteté et jusqu’à la mort, mettent en évidence le caractère illusoire de cette impression. En effet, Alissa est ambiguë, changeante, indécise et même paradoxale. Elle passe par une étape de transformation, dans laquelle elle se construit activement. Elle doit anticiper sur ce qu’elle veut devenir et, dans cette projection, il y a de l’ancien et du nouveau ; il y a, plus particulièrement, un processus de sélection de ce qu’elle veut cesser d’être et de ce qu’elle sera en mesure d’être, l’enjeu étant, comme dans toute crise, de garder, au terme de ce processus, l’expérience de sa propre identité. Dans ce sens, La Porte étroite met en scène la crise d’Alissa et l’échec de sa tentative de résoudre le problème de rester elle-même tout en assumant des compromis nouveaux.

Lecture autoréférentielle

49Nous voudrions insister, pour terminer, sur la dimension métadiscursive opacifiante de ce récit. En effet, la prolifération des discours intimes, enchâssés les uns dans les autres, auxquels s’ajoutent les fragments recopiés du journal d’Alissa et ses lettres, sont surmontés par le discours sur soi à effet confidentiel du narrateur qui les incorpore à son récit [37], le tout configurant un livre qui se situe dans « l’espace autobiographique » [38] gidien. Il s’agit d’une mise en abyme (on connaît la prédilection de Gide pour cette structure [39] ) ; elle met l’accent sur la confidence autocentrée, qui devient un objet privilégié, conférant au récit un caractère résolument métadiscursif. Elle répercute aux différents niveaux l’opacité d’un discours qui se fonde, précisément, sur des effets de transparence. En montrant, au niveau de l’interaction entre les personnages, les difficultés de la confidence, en mettant en cause la transparence communicative et le dévoilement de soi, le livre désigne certains aspects de son propre fonctionnement et conteste, plus généralement, la transparence du discours intime. Il apparaît ainsi que si, loin de dévoiler leur moi, les personnages jouent certains rôles dans la mise en scène discursive de la confidence, l’auteur du livre peut également jouer des rôles dans la construction lucidement orchestrée de son espace autobiographique [40].

50Pour conclure, nous soulignerons que, dans ce livre axé sur la confidence et sur le dévoilement, l’accent est mis sur des aspects constitutifs de l’interaction qui perturbent la confidence. Nous avons élaboré une description de celle-ci comme activité discursive dont la mise en scène crée des effets de transparence et notamment ce que nous avons appelé un « effet de dévoilement ». En contestant la transparence énonciative et en mettant en cause le dévoilement volontaire qui livrerait un moi unique et cohérent, La Porte étroite désigne, de façon autoréférentielle, des aspects essentiels de son propre fonctionnement et, plus largement, de celui du discours intime. Car chasser l’opacité du discours et les ambiguïtés du moi s’avère impossible, sous peine de se condamner au silence et même, en ce qui concerne Alissa, au refus de la vie.

Notes

  • [1]
    Langage et Discours. Eléments de sémiolinguistique, Paris, Hachette, 1983, et « Une théorie des sujets du langage », Modèles linguistiques, X, fasc. 2, 1998, p. 67-78.
  • [2]
    Il espère, par exemple, que l’autre ne va pas « utiliser les informations à son détriment », pour citer les mots de Véronique Traverso, La Conversation familière. Analyse pragmatique des interactions, Lyon, PUL, 1996.
  • [3]
    Ou celle-ci, qui associe à la construction de l’espace clos le sentiment d’urgence : « Allons dans le jardin d’hiver, dit-elle précipitamment. Il faut que je te parle. » André Gide, La Porte étroite, in Romans. Récits et Soties. Œuvres lyriques, Paris, Gallimard, coll. « Bibl. de la Pléiade », 1958, p. 535.
  • [4]
    Ibid., p. 533.
  • [5]
    Erving Goffman, La Mise en scène de la vie quotidienne. La présentation de soi, Paris, Ed. de Minuit, t. 1, 1973, p. 238.
  • [6]
    Ibid.
  • [7]
    Ibid., p. 239.
  • [8]
    Voir, à propos du discours autobiographique, María Dolores Vivero García, El texto : teoría y análisis lingüístico, Madrid, Arrecife, 2001, p. 110-125, et « L’analyse énonciative du discours autobiographique : l’exemple de Gide », in R. Amossy et D. Maingueneau (dir.), L’Analyse du discours dans les études littéraires, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2004, p. 239-251.
  • [9]
    Dans son travail sur les stratégies du dire de l’identité, A. Jaubert a montré comment, par le biais d’appositions antéposées qui constituent des préassertions de l’identité, « l’énonciation assure les traits de l’être censés fonder l’essentiel » et construit « un être mythique en faveur duquel l’existence se fait oublier au profit de l’essence », dont on dresse « un inventaire globalisant, saisissant l’être dans une totalité signifiante » (« Comment s’énonce l’identité ? Des stratégies de discours significatives », in Autobiographie et Fiction romanesque. Autour des Confessions de Jean-Jacques Rousseau, Actes du colloque international organisé par J. Domenech, Nice, 11-13 janvier 1996, Université de Nice-Sophia Antipolis, publications de la Faculté de lettres, arts et sciences humaines de Nice, 1996, p. 69-81).
  • [10]
    La Porte étroite, op. cit., p. 495.
  • [11]
    Ireland constate que les remarques préliminaires du narrateur de La Porte étroite ont deux fonctions. La première est l’effet de vécu ; la deuxième, la recherche de la collaboration du lecteur et de sa connivence : il appartient au lecteur de « conférer de la valeur à son livre en y trouvant l’intérêt […] » et de partager « émotion et larmes de l’auteur » (G.W. Ireland, « Le jeu des “je” dans deux récits gidiens », André Gide, 6, Paris, Lettres Modernes Minard, 1979, p. 69-80).
  • [12]
    La Porte étroite, op. cit., p. 503.
  • [13]
    La Mise en scène de la vie quotidienne, op. cit., p. 111.
  • [14]
    La Porte étroite, op. cit., p. 522.
  • [15]
    Ibid., p. 523.
  • [16]
    Ibid., p. 532.
  • [17]
    Ibid., p. 534.
  • [18]
    Ibid., p. 518.
  • [19]
    Ibid., p. 497.
  • [20]
    Ibid., p. 501.
  • [21]
    Ibid., p. 508.
  • [22]
    Ibid., p. 519.
  • [23]
    Ibid., p. 556.
  • [24]
    Ibid., p. 557.
  • [25]
    Ibid., p. 559.
  • [26]
    La Mise en scène de la vie quotidienne, op. cit., p. 238.
  • [27]
    La Porte étroite, op. cit., p. 501. Peu après, Jérôme qualifie la scène qu’il surprend entre sa tante Bucolin et le jeune lieutenant de « ridicule jeu de scène » (ibid., p. 503).
  • [28]
    Ibid., p. 510.
  • [29]
    Ibid., p. 528.
  • [30]
    Ibid., p. 570.
  • [31]
    Ibid., p. 518.
  • [32]
    Ibid.
  • [33]
    Ibid., p. 583.
  • [34]
    Ibid., p. 569.
  • [35]
    Ibid., p. 568-569. Ce n’est d’ailleurs sûrement pas par hasard que Jérôme décrit Alissa en la comparant à la Béatrice de Dante, et donc de la Divina Comedia (ibid., p. 501).
  • [36]
    Ibid., p. 572.
  • [37]
    Pour une étude des différents niveaux d’énonciation, voir María Dolores Vivero García, « La doble enunciación en La Porte étroite », Anales de Filología Francesa, 5, Universidad de Murcia, 1993, p. 173-176.
  • [38]
    Selon l’expression de Philippe Lejeune, Le Pacte autobiographique, Paris, Ed. du Seuil, 1975.
  • [39]
    Dans son Journal, Gide évoque ce procédé : « J’aime assez qu’en une œuvre d’art on retrouve ainsi transposé, à l’échelle des personnages, le sujet même de cette œuvre. Rien ne l’éclaire et n’établit plus sûrement les proportions de l’ensemble. Ainsi dans les tableaux de Memling ou de Quentin Metsys, un petit miroir convexe et sombre reflète, à son tour, l’intérieur de la scène où se joue la scène peinte. Ainsi, dans le tableau des Ménines de Vélasquez (mais un peu différemment) » (André Gide, Journal 1889-1939, Paris, Gallimard, 1948, p. 41). Il propose de le nommer « mise en abyme » par analogie avec l’inclusion, en héraldique, d’un blason dans un autre. A propos de la conception gidienne de la mise en abyme, voir Alain Goulet, André Gide. Ecrire pour vivre, Paris, José Corti, 2002, p. 67-90.
  • [40]
    Concernant la dimension autoréférentielle de ce récit, Albert Sonnenfeld écrit : « […] La Porte étroite me semble presque la microstructure de la forme narrative de l’œuvre de Gide » (« Problématique de la lecture dans l’Immoraliste et La Porte étroite », André Gide, 6, op. cit., p. 107-127).
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