Nous aurons donc perdu Jerome Rothenberg il y a deux mois et Nathaniel Tarn ces jours-ci – l’association de ces noms est inévitable, si l’on veut bien regarder les choses humaines sous l’angle de l’ethnopoétique, l’un s’étant consacré à la transcription de textes de toutes origines couvrant le champ immense de la parole chamanique dans les Techniciens du sacré, l’autre étant homme de terrain et exploitant son expérience d’anthropologue pour faire de celui qui se veut poète cette voix singulière qui établirait une médiation entre mondes – ceux des vivants et des morts, du collectif et de l’individuel, du « choral » et du « vocal », pour reprendre la distinction établie par Tarn dans LA PRODUCTION POÉTIQUE : Le lyrisme en état de siège et une topographie de l’espoir.
Né à Paris en 1928 de parents d’origines singulières – mère : France-Roumanie, père : Angleterre-Lithuanie – il reçut une éducation disons européenne : Paris, Belgique, enfin Angleterre au début de la Seconde Guerre mondiale ; et ce n’est qu’au tournant des années 60-70 qu’il choisit de devenir poète américain, et enseignant, principalement à Rutgers University (New Jersey) jusqu’en 1985 (avec des incursions dans le domaine asiatique), date à laquelle il s’établit définitivement à Tesuque, village indien sur les hauteurs entre Santa Fe et Los Alamos, dans la direction de Taos vers le nord. Lieu idéal pour cet observateur-né, au cœur d’une région naturellement aimantée : « … Europe est enlevée ; mais s’il revient “chez lui”… ce n’est pas aux 200 ans de race blanche et d’industrialisation qu’il revient, mais à un espace et une histoire plus ancienne, à l’épine dorsale d’un continent qu’il s’agit toujours, selon Olson orientant des poètes, de rouvrir …
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