Trouver un « oui décent », le convertir par le poème à l’affirmation et l’offrir à la mémoire du lecteur invité ainsi à se le rappeler et à rénover par là même l’antique fonction mnémonique du poème : l’alternative dessinée par ce poème d’Eugenio de Signoribus est claire aussi bien qu’impérieuse (« stop altrimenti ») : non au non, oui au oui. Le poète tient à nier la négation (« negare non devi – nier ne dois »), et à affirmer l’affirmation dans une double assertion dont on se risquerait volontiers à dire qu’elle est performative. Autant le premier mouvement est de se refermer sur soi (la « clausura ») pour nier cette époque qui nous destine à l’ordure (le nous faisant office ici de datif poétique), autant la recherche de conversion consiste à affirmer.
Insistons d’emblée : le premier mouvement est « non » :
Au « non » doit succéder un « oui ». Cette affirmation est qualifiée de « décente ». S’il est indécent de dire « non », il ne le serait pas moins de dire « oui » si le « oui » n’était pas décent. Le problème est historique. Refuser le « oui » (lui dire « non »), c’est régresser, s’enfermer, dire non au présent et à l’histoire. La décence du « oui » correspond donc à un diagnostic sur l’époque (la « lordura ») et à une décision : inventer le « oui » qui lui corresponde. Trouver un oui, ici, ce n’est pas le ramasser dans le lit de l’époque, c’est le construire comme on trouve une solution. Quelle solution ? Qu’est-ce que donc que dire « oui » ? Y a-t-il une poétique du « oui » …
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