Pietro Bembo (1470-1547) – on ne le mesure pas assez dans le monde francophone – est une figure majeure de la littérature et de la culture italiennes de la Renaissance, au point qu’on l’a récemment élevé au rang de « quatrième couronne », aux côtés des tre corone qu’il a lui-même célébrées à travers son travail d’éditeur et ses Prose della volgar lingua (1525) : Dante, Pétrarque, Boccace. La distinction est sans doute excessive, mais elle a le mérite de dire l’influence princière que l’humaniste vénitien a exercée sur la culture lettrée de son temps, d’une part en codifiant la langue littéraire italienne sur le modèle de Pétrarque pour la poésie et de Boccace pour la prose, de l’autre en inscrivant ses propres Rime dans le prolongement du Canzoniere, non sans une nette inflexion néoplatonicienne, geste poétique qui relança de manière décisive, dès la première édition de 1530, la vertigineuse spirale des imitations qu’il est convenu d’appeler le pétrarquisme.
Si les Rime n’ont jamais été traduites en français, ce n’est certainement pas faute d’avoir été lues, annotées et imitées. On en trouve de nombreuses traces chez les poètes de la Pléiade, en particulier chez Du Bellay, Baïf et plus encore Ronsard. Comme ce dernier fête ce mois-ci son cinquième centenaire, l’occasion était belle de faire d’une pierre deux coups (ou deux Pierre d’un coup, comme on voudra). Sur les quelque deux cents pièces qui composent les Rime, j’ai choisi de traduire pour l’instant huit magnifiques sonnets qui ont été intégralement ou en partie imités par Ronsard dans se…
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