Un hommage à Michel Deguy supposerait de savoir dire qui il était. Mais « il était » est un tout, qui déjà tout éteint. Alors, quel poète est-il ? Mais comment répondre ? Je prendrai un autre biais : les circonstances. J’en choisis quelques-unes, espérant cette portée, celle du présent qui dure, « le présent, la circonstance ». Avec cet avertissement : dans quelques phrases prises au vol des conversations, des interventions, la voix de Deguy ne peut être imitée. Pourtant, ses intonations sont là, mais sans sortie possible dans l’air, phonation intérieure.
1) Je découvre d’abord Deguy comme traducteur. Hölderlin. La Pléiade. 67. Éditions de Philippe Jaccottet. Ont collaboré : Michel Deguy, André Du Bouchet, François Fédier, Denise Naville, Gustave Roud, Jean Tardieu. Une ronde très singulière. L’événement est tel – un seul exemple – que des années plus tard, c’est avec Hölderlin que Jaccottet finit sa vie, c’est à lui qu’il pense en écrivant La Clarté Notre Dame, un très beau livre dont j’aurais aimé – ici survient encore la mort, dans cet irréel du passé – oui, j’aurais aimé savoir ce que Deguy en avait pensé.
2) Je lis Actes, je rédige un mémoire de maîtrise sur le thème de la comparaison dans ce livre. Subjuguant, tel qu’il le fut pour moi. Le « comme » échappait à la condition d’outil où le réduisait l’analyse littéraire. Le livre fut cette révélation : la poésie consiste en un passage du non-être à l’être. C’était déjà dit dans Le Banquet de Platon. Et, il n’y a pas à s’en étonner, philosophie et poésie sont dans une grande proximité…
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