Il y a toujours plusieurs manières de rendre hommage, mais, sous la diversité envisageable des formes réalisées, un seul principe et une seule raison sont à l’origine du mouvement qui porte à honorer : l’admiration envers les personnes, et même l’amour des œuvres faites par celles et ceux à qui l’hommage se destine. La reconnaissance de l’importance de leurs gestes aussi. C’est le cas, ici, des poètes ukrainiennes et des poètes ukrainiens, et il paraissait nécessaire leur faire signe, de loin, de près, et non loin, l’Ukraine. Un dossier saisissant, intense et beau, nous a été présenté par Tetyana Ogarkova dans le numéro 187 de Po&sie. On espère que cette réflexion, qui se porte vers les poèmes traduits et présentés par elle, puisse valoir comme signe solidaire et admiratif.
Si l’on devait reprendre la vieille notion de poésie de circonstance – revisitée il est vrai par deux volumes universitaires récents –, il serait juste de lui rattacher ces poèmes liés à la guerre en cours, issus de la guerre, qui en est l’occasion manifeste et majeure (occasional verses dit l’anglais, poesia d’occasione dit l’italien). On reconnaît ici une famille de mots allant du cas, de la conjoncture, de l’occurrence et jusqu’à la situation. Ces poèmes ukrainiens de la conjoncture actuelle sont à la fois des poèmes-boucliers, des poèmes-obus, des poèmes de réplique, des poèmes-tirs de contre-batterie, selon le terme technique utilisé en artillerie. On se protège, on tire, on survit et, parfois, on ne survit pas – deux poètes sont morts dont Maksym Kryvtsov tombé le 8 janvier 2024 à 33 ans et Viktoria Amelina morte à 37 ans, comme nous l’apprend Tetyana Ogarkova…
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