Des ombres épaisses s’élèvent sur nos têtes, pareilles à des voiles funestes, qui enserrent les rayons de soleil et étouffent leur douce chaleur. Nous vivons une ère qui plante ses crocs acérés dans la chair rouge du quotidien et nous ne savons plus depuis combien de temps s’étire cette époque indomptable. Un stress tenace, tel un poison vénéneux, coule dans nos veines. Suite au funeste concert des armes, les cris lacèrent la nuit, harponnent le silence de leur stridence déchirante, saturent l’air de leur douleur lancinante. Un vide glacial s’installe en nos âmes, tandis que le silence complice des autorités se fait de plus en plus assourdissant. Les murs de nos demeures, autrefois témoins de la vie qui y palpitait, portent désormais les stigmates de la violence et de la terreur, cicatrices gravées dans la chair de notre mémoire.
À Port-au-Prince, nous marchons dans une ville qui nous arrache nos amitiés, nos amours, tandis que la barque fragile de l’espoir sombre lentement. Les familles, jadis unies par l’amour et la solidarité, se dispersent, cherchant désespérément un havre de paix au milieu de ce chaos dévorant. Mille et une fois, nous avons crié avec des milliers de voix en naufrage dans le sang, des voix d’exilés in-vitro, victimes des frontières internes, des « territoires perdus » dont la liste ne cesse de s’allonger.
Un peu partout, des êtres pyromanes allument des brasiers funestes, autant de jugements derniers ; comme pour purifier la terre souillée. Leurs cœurs desséchés, assoiffés, ne trouveraient-ils apaisement que dans les flammes destructrices …
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