Ce texte est la traduction de « Stimme eines Vogels oder das Problem der Fremdheit » une conférence que l’on peut lire dans Verwandlungen Tübinger Poetik-Vorlesungen, Konkurburchsverlag, Tübingen, 1998.
Lorsque l’on se met à parler dans un pays étranger, la voix plane dans l’air, étonnamment isolée et nue. C’est comme si l’on ne postillonnait pas des mots, mais des oiseaux.
Parfois, un gazouillement d’oiseau surgit et pénètre profondément dans l’oreille tout en restant insaisissable. Alors on se met à rechercher l’oiseau chanteur, comme si l’on voulait avoir la certitude qu’il y a bien eu, là, une voix. Mais l’on ne voit rien à part des feuilles qui ont poussé serré. Si l’on a de la chance, on voit l’ombre d’un être qui s’envole à tire d’aile.
Une sensation curieuse quand on parle devant des oreilles étrangères : les phrases dessinent des contours clairs – ce qui est rarement le cas dans sa langue maternelle- le contenu est concret et imagé, seule la voix ne trouve pas sa place dans l’air.
On sait bien que les différentes espèces d’oiseaux gazouillent de façon très différente, alors qu’ils ont à peu près tous les mêmes organes articulatoires. Les différences entre les chants ne relèvent pas d’une logique biologique ni climatique. Il en va de façon similaire chez les humains. Les humains n’ont pas seulement des langues différentes, ils ont aussi des voix différentes. En Suède, par exemple, on parle plus doucement qu’en Allemagne, et en Asie de l’Est, les voix sont, la plupart du temps, plus aiguës qu’en Europe…
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