Soustraits, dit Mallarmé, à « l’universel bavardage » c’est vers la « Poésie » que nous nous tournons, du moins vers « cela que » l’on appelle « poésie », hoc, dit saint Thomas dubitatif désignant au ciel quelque béance, en nous efforçant de « la » mettre en pratique, mais en interrogeant « cela que », pour commencer, l’on appelle encore le « vers libre », en nous étonnant comme André Breton dans le Second manifeste du surréalisme « de savoir pourquoi tel ou tel écrivain juge bon, çà et là, d’aller à la ligne ».
La « poésie » identifiée à ses conventions formelles ? En un mot plus exact : la poétrie. C’est cela que le Moyen Âge classifiait sous le nom de « seconde rhétorique », c’est-à-dire les arts de la versification : le joli mot de poétrie, inventé par les trouvères et troubadours (Eustache Deschamps dans « La mort de Machault » chante « toute poeterie/Tous ceuls qui ont mélodieuse voix… »), ce terme parfaitement précis, transmis à l’anglais qui le conserve en poetry, caractérise la « poésie » versifiée.
La poétrie, c’est « la poésie » en vers. Toute la stichométrie, l’art du vers, toute la versification peuvent être utilement appelées poétrie. La poétrie précède en langue française « la poésie ». « La poésie » procède de la poétrie. Ce que l’on appelle « la poésie » quand on désigne des vers, fussent-ils « libres », c’est encore et toujours et seulement la poétrie. La poétrie est nécessaire et suffisante pour caractériser l’aire et l’ère de l’état stable qui règle la définition de la « poésie » d’Aristote à Baudelaire – l’auteur d…
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