La chronologie d’une existence se situe entre les deux dates incompressibles de la naissance et de la disparition. Dans certains cas pourtant, l’une ou l’autre sont incertaines ou prêtent à confusion et, si la première est avérée, alors la dernière ne l’est pas, ou inversement, ce qui n’empêche en rien un sujet d’exister ou d’avoir existé. Que ces dites dates soient connues ou non, il est certain que naître et mourir correspondent à des heures, des minutes, des jours et des années précises, quel que soit le calendrier dans lequel elles s’inscrivent. Pourtant, deux dates accolées n’indiquent jamais l’intensité de ce qui s’est joué entre elles, rien de l’existence même d’un sujet. D’un point de départ à un point d’arrivée, l’entièreté d’une existence se déroule le plus souvent dans le plus parfait anonymat et sans prégnance sur la chronologie d’événements, suffisamment notoires, eux, pour s’inscrire dans l’écriture de l’histoire.
Que dire donc de ces deux dates – 1905-1920 – qui, par leur temps resserré et leur absence de précision, creusent une béance autour de la figure d’Untitled Woman, Ellis Island, New York, 1905-1920, photographie venue à moi dans les archives du Metropolitan Museum en 2017 et sur laquelle, après plusieurs années de recherche, je n’ai rien trouvé ? Sans correspondre à celle de sa naissance ou de sa disparition, ces deux dates sont un vague indicateur de la période à laquelle cette femme « sans titre » est arrivée à Ellis Island pour y être photographiée par l’employé des services d’immigration et photographe amateur Augustus Frederick Sherman…
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