Le 16 juin 1959, Roland Barthes s’adresse à Fernand Braudel :
Cela n’empêche pas que si, comme vous l’avez évoqué devant moi, le travail une fois terminé, il me permettrait avec votre appui de rejoindre, d’une certaine façon, l’université, ce serait enfin un très ancien mais très vivace espoir qui serait comblé.
Ce souci d’intégration de l’institution se révèle, à la lueur de leur correspondance jusqu’à présent inédite, une préoccupation constante du premier Barthes. Cet « espoir très ancien mais très vivace » traverse en effet l’ensemble des trente-trois lettres envoyées par Roland Barthes à Fernand Braudel, qui se trouve dans le Fonds Braudel à la Bibliothèque des Archives de l’Institut de France. Ce texte est publié ici pour la première fois. En proposant la première édition de ces lettres, nous pensons offrir point de réverbération de l’horizon universitaire fragmenté dont l’œuvre de Pierre Bourdieu, Homo academicus, donne un cadre précis. On découvre dans ces lettres – qui vont de 1954 à 1972 – un Roland Barthes aux prises avec sa vie professionnelle faite de programmes, de cours, de réunions et de conférences. Mais loin de se limiter à de simples questions bureaucratiques et administratives, ces échanges révèlent aussi la relation à la fois humaine et théorique qui a conduit Barthes parmi les « hérétiques » de la 6e section de l’EPHE. Plus encore, cette correspondance permet de suivre la naissance d’une relation privilégiée entre Barthes et Braudel, qui s’assimile, au fil des lettres, à celle d’un élève avec un maître imprévu…
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