En quatrième de couverture de Partition rouge, sous-titré Poèmes et chants des Indiens d’Amérique du Nord, traduits et présentés par Florence Delay et Jacques Roubaud, figurent les lignes suivantes :
Au sein du volume, le « poème » apparaît sous la forme suivante :
L’ensemble est donné pour un « chant de chasse » des Indiens chippewa.
Mais qu’a-t-on au juste sous les yeux ? Que lit-on lorsqu’on lit ceci ? Ou plutôt que croit-on lire, ou faire ? Entrer en contact avec une autre vision du monde ? Accéder, par la grâce de la beauté poétique, à une commune humanité ? Et que doit-on attendre de la lecture d’un tel volume ? la découverte d’objets poétiques énigmatiques et plaisants ? la promesse d’un décentrement par la saisie intuitive d’une ontologie étrangère ? ou, de manière plus circonspecte, une simple manifestation d’exotisme littéraire ? Peut-on lire ces « poèmes et chants » sans connaître l’histoire qui nous les met entre les mains, et le travail dont ils procèdent ?
Un tel échantillon interroge, plus généralement, le devenir-poésie de chants rituels autochtones et l’expérience de lecture qui en résulte pour le lecteur allochtone. Comment un chant rituel peut-il se trouver changé en un poème visuel ? Que se passe-t-il lorsque des traditions orales extra-occidentales sont transformées en corpus écrits par des anthropologues, puis requalifiées en poésie par des écrivains ? Existe-t-il des façons propres aux anthropologues, d’autres propres aux poètes, de faire cas des événements énonciatifs issus d’autres cultures que la leur …
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