Sous un pommier charmant, étendu mais trop bavard pour le poème (pourtant la marée grimpe dans les branches basses cherchant un nid dans l’abri vert), est-ce notre lot de ne plus avoir à songer que des conflits d’hommes ?
(Poèmes 1960-1970, Gallimard, 1973, p. 19)
Je rentre à bicyclette du funérarium sis 7 boulevard de Ménilmontant à Paris, ce samedi 19 février 2022. C’est que je viens de saluer Michel de visu pour la dernière fois – il avait, comme de son vivant, toujours cet air enjoué et malicieux, avec un léger sourire sur les lèvres minces – même allongé dans son cercueil ; c’était le moment du souvenir et des bilans provisoires. Ce m’a fait du bien de le remercier, ne serait-ce que brièvement, pour ce qu’il m’a permis d’élaborer et faire valoir sur mon propre itinéraire quant à poésie, l’importance de celle-ci pour moi et dans notre monde, à une époque particulière (et qui court toujours). Pour dire les choses autrement, Michel a été, au fil des ans, trois décennies en ce qui me concerne, plus qu’un ami : un soutien, une personne sur qui pouvoir compter ; un confrère avisé ; avec plus d’expérience ; grand aîné ; jamais dans le prescriptif ; toujours prêt à l’échange véritable qui sait se faire écoute attentive autant que formulation heureuse, parce qu’éclairante. Rien de désincarné dans les propos qu’il m’a tenus et avec la grande générosité qui était sienne. Nos conversations me reviennent avec précision. Les scandent ces passages que je soulignais à l’époque de mes premières lectures, dans les volumes qu’il avait commis et que je conserve dans ma bibliothèque…
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