Po&sie 2020/4 N° 174

Couverture de POESI_174

Article de revue

Éditorial. « La traduction est la cérémonie »

Pages 5 à 6

Notes

  • [1]
    « Le signe Po&sie aimerait dire le et qui est à l’intérieur de la poésie, un et de diversité, de pluralité. & : non pour abréger (ce serait plutôt l’inverse) mais esquisser un idéogramme qui symbolise l’instabilité, la nouveauté, la place faite au rapport, aux interactions. Po&sie pour rappeler le un-en-deux de la traduction, le travail de disjonction et de conjonction de l’écriture poétique, l’inquiétude de la poésie sur son essence, le risque de sa dislocation moderne et l’humour qui anticipe sur une réunion ». « Au milieu de poésie », Po&sie, n° 1, juin 1977.

1Si depuis 1977 la revue Po&sie place la traduction au centre de son entreprise [1], si la traduction est une figure ou un pli de son &, si chaque numéro offre des traductions et si beaucoup des grands numéros thématiques de la revue sont des numéros de traduction et de retraduction – la Chine, numéro 65, le Japon, numéro 100, l’Italie, numéros 109 et 110 mais aussi la Corée numéro 139-140, et les Afriques, 155-156 et 157-158, enfin plus récemment l’Europe centrale 170 et 171, pourquoi consacrer deux numéros entiers à la traduction ? On ne trouvera ici aucun bilan, mais comme on peut le lire dans Donnant Donnant des « cérémonies » en relais. C’est peu de le dire : Po&sie a été et reste à l’avant-garde de l’exercice pensif de la traduction. La revue l’a été sans esprit de chapelle, sans trancher entre les différentes options traductologiques qui traversaient l’époque et toujours avec la même exigence : essayer de coller à l’urgence de la poésie, des poésies, de la langue, des langues.

2Des raisons liées à la conjoncture se sont imposées à nous. Tiphaine Samoyault a publié en 2020 un essai important, profondément provocateur pour la pensée de la traduction : Traduction et violence (Paris, Le Seuil). Quelques mois plus tard, c’était le tour de Guillaume Métayer qui proposait son A comme Babel, Traduction, Poétique (La rumeur libre, « Raisons poétiques », 2020).

3Tiphaine Samoyault propose une réflexion théorique fondamentale pour éclairer les enjeux contemporains d’une pratique théorique que nous partageons au comité : la traduction. Elle déplace les coordonnées théoriques du jeu. Guillaume Métayer fait remonter la théorie de son activité de traducteur.

4Nous avons saisi ensemble ces deux invitations pour nous retourner sur notre propre travail. Que nous vivions aujourd’hui à l’âge de la traduction veut dire ceci : la traduction est une pratique majeure, non pas la petite sœur de l’écriture, mais sa jumelle, son miroir, peut-être même quelque chose comme son creusement. Le comprendre, c’est comprendre autrement la littérature, le poème et leurs enjeux théoriques, politiques et éthiques. C’est toute la force du livre de Tiphaine Samoyault de nous inviter à prendre la mesure de ce changement de paradigme. Ce numéro consacré à la traduction mêle la théorie et la pratique au fil de trois sections : des textes théoriques qui comprennent des passages à la pratique, des traductions ou des retraductions accompagnées de notules théoriques, des traductions ou des retraductions sans commentaire. Il s’ouvre par un entretien avec Tiphaine Samoyault.

5Qu’un numéro consacré à la traduction s’achève sur un hommage à Paul Celan ne tient pas aux seules circonstances. En 2020, Celan aurait eu 100 ans (il était né le 23 novembre 1920) ; par ailleurs il est mort le 20 avril 1970, il y a cinquante ans. Vertiges des chiffres « ronds ». Mais il y a plus bien sûr.

6Celan n’est pas un poète qui traduit, c’est un poète-traducteur.


Date de mise en ligne : 17/12/2020

https://doi.org/10.3917/poesi.174.0005

Notes

  • [1]
    « Le signe Po&sie aimerait dire le et qui est à l’intérieur de la poésie, un et de diversité, de pluralité. & : non pour abréger (ce serait plutôt l’inverse) mais esquisser un idéogramme qui symbolise l’instabilité, la nouveauté, la place faite au rapport, aux interactions. Po&sie pour rappeler le un-en-deux de la traduction, le travail de disjonction et de conjonction de l’écriture poétique, l’inquiétude de la poésie sur son essence, le risque de sa dislocation moderne et l’humour qui anticipe sur une réunion ». « Au milieu de poésie », Po&sie, n° 1, juin 1977.

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