Couverture de POESI_167

Article de revue

Les oiseaux parleurs

Pages 186 à 187

1Au centre de ce poème du Cahier de quatre années, recueil publié par Montale en 1977, un mainate (gracula religiosa, Linné 1758).

2Le mainate est réputé pour ses capacités d’imitateur. Il offre à Montale la possibilité d’une réflexion sur la valeur du langage des hommes. Le poème se construit sur un renversement ironique : le croassement ironique du merle se retourne contre l’homme. Alors que ce dernier pensait dominer l’oiseau et l’asservir (« crede/ più libero di lui », v. 11-12), c’est le merle qui se moque de lui.

3Ce poème a fait l’objet d’une réécriture dans la section « Motivi/Motifs » de Altri versi, le dernier recueil de Montale, 1980.

4Ici, la cage dans laquelle l’homme se trouve est directement nommée.

5Pour « Les oiseaux parleurs », cf. Eugenio Montale, Quaderno dei quattro anni, Alberto Bertoni et Guido Mattia Gallerani (éds.) avec une note de Cesare Garboli et un essai de Giorgio Orelli, Milan, Mondadori, Oscar, 2015, p. 45-47.

6Pour « Peut-être n’étaient‑elles pas vaines », cf. Eugenio Montale, Tutte le poesie, Giorgio Zampa (éd.), Mondadori, Oscar, Grandi Classici, 1990 [1984], p. 654.

7

Les oiseaux parleurs
La morale dispose de peu de mots
d’aucuns en comptent quatre cents
et le record reste encore à battre.
Pas même ces oiseaux des Indes
à la mode aujourd’hui
qui ressemblent à des merles
avec leur bec rapace de feu et leur plumage bleu nuit
ne parviennent à en dire plus.
La différence est dans leurs rires :
celui du pseudo merle n’est pas le nôtre,
il a sa cible, l’homme qui se croit
plus libre que lui : que moi qui passe
tous les jours et salue cette boule
de plumes et de sons destinée à vivre
moins que moi. C’est ce qu’on dit, mais…

8

Gli uccelli parlanti
La morale dispone di poche parole
qualcuno ne ha contate quattrocento
e il record è finora imbattuto.
Neppure gli uccelli indiani
che oggi sono di moda
e somigliano a merli
rapace becco di fuoco e penne neroblù
riescono a dirne di più.
La differenza è nelle risate :
quella del falso merlo non è la nostra
ha un suo bersaglio, l’uomo che si crede
più libero di lui : di me che passo
ogni giorno e saluto quel gomitolo
di piume e suoni destinato a vivere
meno di me. Cosi si dice, ma…
Peut-être n’étaient‑elles pas vaines
toutes ces fatigues
toutes ces douleurs.
Et peut-être est-ce ce que pense
de nous et de lui
ce pseudo merle oriental
qui siffle dans sa cage
et imite notre voix.
Il y a ceux qui sifflent beaucoup
et ceux qui sifflent moins
mais cela aussi, c’est humain.
Forse non era inutile
tanta fatica
tanto dolore.
E forse pensa
così di noi e di sé
questo pseudo merlo orientale
che fischia nella sua gabbia
e imita la nostra voce.
C’è chi fischia di più
e c’è chi fischia di meno
ma anche questo è umano.


Date de mise en ligne : 07/08/2019

https://doi.org/10.3917/poesi.167.0186

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