Po&sie 2010/3 N° 133

Couverture de POESI_133

Article de revue

Adieu à Luciano Erba

Pages 5 à 15

Notes

  • [1]
    Cf. Implicazioni di una linea lombarda, in Passione e Ideologia, puis in Saggi sulla letteratura e sull’arte, Mondadori, I Meridiani, 1999, I, pp. 1170-1178.
  • [2]
    Ciro Vitiello, Antologia della poesia contemporanea, op. cit., p. 70.
  • [3]
    A. Di Benedetto souligne la dette contractée par Erba à l’égard de Montale dans Luciano Erba, Le immagini, in Stile e Linguaggio, Roma, Bonacci, 1974, pp. 363-372.
  • [4]
    Comme le tunnel que l’hippopotame creuse au cœur de la jungle, les formes et les instants de la poésie ne sont qu’« événements privés d’ombre et de reflet/un simple signe qui de lui-même est signe ».
  • [5]
    Cf. “Consuntivo su Erba”, in Poesia italiana contemporanea, Milano, Bompiani, 1995, p. 92.

1Luciano Erba est mort le 2 août 2010. Il avait 88 ans.

2Né en 1922 à Milan, Luciano Erba s’inscrivait dans la « quatrième génération » poétique du xxe siècle qui succède à celle de Bertolucci, Caproni, Luzi, et Sereni dont il avait l’élève avant d’être l’ami. Après lui, il prolonge cette « ligne lombarde » dans des termes qui restent à préciser et avec lesquels il n’aura cessé d’ironiser. Professeur de littérature française à Milan, il a traduit de nombreux poètes des xvie et xviie siècles, mais aussi Michaux, Ponge et Reverdy, ces poètes dont il est proche à certains égards.

3Il publie son premier recueil en 1951, Linea K qu’il reprend avec d’autres textes pour composer d’abord le volume Il male minore en 1960 puis, vingt ans plus tard, et complété par d’autres poèmes encore, Il nastro di Moebius. En 1989, il publie L’Hippopotame, à la fois auto-anthologie et recueil de poèmes nouveaux. C’est à ce titre qu’on a pu suggérer que Luciano Erba était l’homme d’un seul livre. Suivra cependant, en 1995, L’ipotesi circensi, qui reprend et complète les poèmes de la plaquette Variar del verde parue en 1993. Il a publié en 1991 un florilège de traductions : Dei cristalli naturali qui comprend des traductions de Jean de Sponde, de Saint-Amant, de G. Rodenbach, mais aussi de Cendrars, de Michaux, de Ponge et de Frénaud.

4Depuis les années 80 son œuvre est saluée par de nombreux prix (le prix Viareggio en 1980, le prix Bagutta en 1988 et enfin, en 1989, le prix Librex-Guggenheim « Eugenio Montale »).

5S’il est vrai que la poésie de Luciano Erba s’inscrit dans la ligne lombarde, et s’il est vrai aussi que cette ligne, comme le précisait Luciano Anceschi, est celle d’une « poesia in re », on ne déduira ni à un réalisme ni à un objectivisme comme Pasolini l’avait déjà noté [1]. Emporté par la destruction de l’expérience (Benjamin), le poète confie les choses du monde à son regard distant. C’est dire aussi qu’il les tient à distance. Pour une poésie qui prend le parti des choses parce qu’elle refuse et l’hermétisme et l’engagement, mais tente de se tenir au monde, dans le monde, on parlerait volontiers de phénoménologie, à condition de préciser : une phénoménologie impossible.

6Un poème de L’ipotesi Circensi donne le ton. Il s’intitule Dasein :

7

L’être péremptoire (Dasein ?)
du tapis ou d’une jointure de parquet
un peu plus tard me fait penser au néant
comme si je lisais, ou bien mieux encore,
les formules d’un sage tibétain :
un néant de peau, je dirais un frisson,
qui referme les yeux pour aller voir
sur les crêtes et les routes des monts
aller comme si les trains n’allaient pas,
ou me voir avec mon chapeau de paille
qui d’un coup de pédales m’en vais au marché
en selle sur un vélo de femme
une rue un peu blanche, un peu plane,
être-là, vraiment ?

8Être-là, vraiment ? Cette question, son ton, l’ironie bien sûr, mais surtout l’incertitude du donné phénoménologique qui ne donne rien d’autre que le rêve les yeux fermés : c’est toute la poétique de la ligne lombarde qui s’infléchit. De fait, le poème, loin de célébrer les épousailles de l’être-là avec le là accuse sans appuyer ce qui empêche telle communion : les sens, l’imagination, le souvenir. Les sens, car loin de me livrer l’immédiateté du monde, ils m’en séparent- je ne vois pas : je me vois me voir. L’imagination, qui me déporte. Le souvenir qui me rapporte. On n’est jamais vraiment là où l’on se trouve et le monde des objets est comme troué. Une telle prémisse n’est pas sans conséquences.

9La première est que la poésie de Luciano Erba est un art de la distance. Ciro Vitiello le souligne à juste titre : « Erba agit essentiellement dans le teneur d’une indifférence active qui qualifie la dimension de la distance : de cette manière, l’esprit est en mesure de saisir les choses et les événements, le sens objectif, neutre, comme purifié de toute émotion et de toute nostalgie » [2]. Indifférence active ? Autant dire époché. D’où l’ironie de ce poète qui se regarde voir. Cette ironie éloigne Luciano Erba de Montale, son autre maître qui croisa la grande ligne lombarde avec les succès que l’on sait [3]. L’époché implique aussi un refus du symbolisme du monde. Le monde n’est pas rempli d’énigmes que le poète devrait déchiffrer comme une forêt de symboles : le monde est cette énigme d’objets auquel le poète ne peut rien : « l’objet ce sont les lieux et les choses quand tu demandes s’il s’agit […] de la menace de leur invasion ou des reliquats et des débris de leur défaite » [4]. S. Agosti commente : « un vuoto attraverso un massimo di pieno » [5]-“un vide à traverrs un maximum de plein”. Enfin, et c’est la denière conséquence, si le monde de Luciano Erba est comme cette terre du milieu, cette « terra di mezzo », alors, le sujet poétique est toujours déchiré. Il n’est jamais vraiment . Son monde est celui de l’entre-deux. Il préfère le virtuel au réel (les collines au parquet) ; il écrit à l’optatif. C’est le poète sceptique : Luciano Erba ou le lombard sceptique.

10D’où le goût constant du décalage qui l’emporte dans l’Hippopotame. Luciano Erba avoue se « sentir attiré par les déserts de l’inattention, par la botte de foin plutôt que par l’épingle ».

11D’où aussi le refus de l’effet : le poète rejette l’avant-garde et toute sophistication. Ce poète raffiné choie les petits effets de dégagement, les micro-séismes de la perception et du vers. Cette tension s’accroît au fil des recueils : Erba dirige son regard non plus tant sur les choses que sur l’espace qui les sépare : ces particules du rien, cette terra di mezzo cette autre moitié qu’évoque le premier poème inédit.

12Le monde, comme une pomme coupée en deux, est une moitié et le poème s’inscrit dans cette déchirure.

13*

14Luciano Erba avait accompagné avec générosité la double anthologie de la revue. Nous l’avions vu plusieurs fois à Paris, à Lyon et à Milan aussi.

15Qu’on nous permette l’évocation d’un souvenir personnel.

16Luciano Erba vivait depuis qu’il était né dans un appartement élégant d’un bel immeuble via del Maino Giasone à Milan.

17C’est là qu’il nous recevait, avec Mimmia, à l’ancienne.

18Lors de notre dernier entretien il nous raconta que des ouvriers s’étaient enfin décidés à changer le trop vieil ascenseur. En le démontant, leur regard avait été arrêté par des papiers qui avaient été glissés entre la plaque de métal et le montant en bois où se trouvaient les boutons qui menaient aux étages.

19Ces papiers, c’étaient des petits poèmes et des bouts rimés que Luciano enfant, avait planqués là.

20Pour qui ? Pour quoi ?

21Le vieux Luciano nous regarda et son sourire était baigné de larmes.

22*

23Bibliographie

24Linea K, (Guanda, Modena, 1951) ; Quarta Generazione, antologia, con la coll. di Piero Chiara, (Magenta, Varese, 1954) ; Il Bel Paese, (La Meridiana, Milano, 1955) ; Ippogrammi & Metaippogrammi di Giovanola, (Scheiwiller, Milano, 1958) ; Il prete di Ratanà, (Scheiwiller, Milano, 1959) ; Il male minore, (Mondadori, Milano, 1960) ; Il prato più verde, (Guanda, Milano, 1977) ; Il nastro di Moebius, (Mondadori, Milano, 1980) ; Françoise, racconti, (Il Farfengo, Brescia, 1982) ; Il cerchio aperto, (Scheiwiller, Milano, 1983) ; Il tranviere metafisico, (Scheiwiller, Milano, 1987) ; L’ippopotamo, (Einaudi, Torino, 1989) ; Dei cristalli naturali, (traduzioni di poesie francesi e inglesi, Guarini e Associati, Milano, 1991) ; Come quando in Crimea, (Laghi di Plitvice, Lugano, 1992) ; Solo segni. Nove poesie, (Rotary Club, 1992 (con tre disegni di Enrico Della Torre), Milano, 1992) ; Variar del verde, Scheiwiller, Milano, 1993 ; L’ipotesi circense, (Garzanti, Milano, 1995).

25Son dernier recueil, Remi in barca est paru chez Mondadori en 2006.

26En 2002, Luciano Erba a publié aux éditions Mondadori une anthologie de cinquante ans d’activités poétiques : Poesie, 1951-2002. Cette édition établie par Stefano Prandi comprend une riche note bibliographique.

27En novembre 2003, 80 poètes contemporains ont voulu fêter les 80 ans de Luciano Erba dans un volume édité par Silvio Ramat : Omaggio a Luciano Erba, Interlinea, Novara, 2003.

28En langue française :

29L’Hippopotame, poèmes, trad. Bernard Simeone, préface de Philippe Jaccottet, 1992 avec une préface de P. Jacottet : Petit salut à Luciano Erba

30Sur la terre du milieu, Nella terra di mezzo, Editions Comp’act, avec une préface de L. Sozzi et un avant-propos de B. Simeone, 2002.

31Luciano Erba était présent dans l’anthologie de la revue Po&sie, n° 109, 2005 ainsi que dans un dossier réalisé avec J.P. Courtois pour la revue Le Nouveau recueil, n° 81, décembre 2006-janvier 2007.

32Critique : Sans clin d’œil, propos recueillis par Bernard Simeone, Cahiers de la Villa Gillet, Circé, Cahier n° 1, 1994, suivis par un texte de Bernard Simeone, Avec Luciano Erba, en mineur…

33*

34Nous reprenons ici la traduction de quelques poèmes de son dernier livre Remi in Barca (Mondadori, octobre 2006) : Remi in barca regroupait Westminster, L’altra metà (plaquette publiée une première fois à Gênes, San Marco dei Giustiniani, 2004), Un po’ di repubblica (Novara, Interlinea editori, 2005), ainsi que des poèmes de jeunesse rassemblés avec malice sous le titre « In Limine ».

35Le titre de ce livre, Remi in barca laissait pressentir le retrait. « Tirare le remi in barca », ranger les rames dans la barque, c’est « raccrocher les gants ».

36Le dernier poème « Le nuage » remonte à 1937. Luciano avait 15 ans.

37*

38

poésie écureuil
tu hibernes des mois entiers
et quand tu t’éveilles tu bondis au sein du vert
mais j’aperçois à peine ta queue touffue
avant qu’elle ne disparaisse au cœur des sapins.
poesia sei come uno scoiattolo
resti in letargo per parecchi mesi
quando ti svegli salti in mezzo al verde
ma vedo appena la tua coda folta
prima che scompaia dentro gli abeti.

39

Vers Gênes
Penché à la fenêtre
dans le train des vacances
je passais le Tessin
les peupliers et le Pô
la voie ferrée
poursuivait parmi les ronces
elle traversait des viaducs
s’engouffrait dans des tunnels
et puis enfin, c’était le passage des Giovi
(remonter les fenêtres
sinon les fusains de charbon)
on sortait du tunnel
Gênes commençait
des maisons pointaient
hautes et violettes
serrées l’une contre l’autre
mais non au point que
n’échappât sur le fond,
mais une fois, une seule fois
un peu moins haute,
un peu moins violette
une lumière d’opale
une frange de mer.
Verso Genova
Affaciato al finestrino
sul treno delle vacanze
passavo il Ticino
i pioppi e poi il Po
la strada ferrata
continuava tra i rovi
attraversava viadotti
imboccava trafori
infine ecco i Giovi
(tirar su i finestrini
se no i carboncini)
si usciva dal tunnel
Genova comminciava
apparivano case
altissime e viola
strette una all’altra
ma non così tanto
che non sfuggisse sul fondo
ma una volta, una sola
un po’ meno alta
un po’ meno viola
una luce di opale
una frangia di mare.

40

Et pourtant la remembrance m’est douce  A Lucia
Rien n’est plus perdu des filles
que l’âge où elles étaient enfants
elle entra avec tous ses cheveux blonds
elle portait un paquet plus gros qu’elle
et pourtant s’en souvenir dans le sommeil
ou au réveil est une peine aimable
de celles qui font éprouver
quelque chose qui tient de l’infini
et rendent la fin moins amère,
la fin, toute fin à venir.
E pur mi giova la ricordanza  A Lucia
Niente è più perso delle figlie
dell’età quando erano bambine
entrò con tutti i suoi capelli biondi
portava un pacco più grande di lei
eppure ricordarsene nel sonno
o al risveglio è una pena gentile
di quelle che fanno provare
qualcosa che ha dell’infinito
e fanno sentire meno amara
la fine, ogni fine a venire.

41

Noms de lieu  toi qui pâlis au nom de Vancouver
la corneille qui traverse le ciel
les tiges d’une plante effeuillée
les tuiles, l’automne par dessus les toits
un certain nom de lieu et tout revient
ou n’est-ce pas plutôt le nom qui revient
la voix qui le disait
qui se fait entendre ?
Nomi di luogo  toi qui pâlis au nom de Vancouver
la cornacchia che attraversa il cielo
gli stecchi della pianta senza foglie
le tegole, l’autunno sopra il tetto
un certo nome di luogo e riappaiono
o non é forse il nome a riapparire
la voce che lo diceva
a farsi udire ?

42

Année qui fuis
année qui fuis derrière la cime d’un col
dans le ciel de l’hiver
tu vas parmi les ruelles et les routes
entre les églises où l’on sonne les heures.
J’ai voyagé avec toi en troisième classe
la nouvelle année habitera-t-elle d’autres saisons ?
ouverture fermeture réouverture de la Saint Sylvestre
vais-je te regretter ? Allez, salut vieux maître !
Anno che fuggi
Anno che fuggi dietro la cima del colle
nel cielo invernale
te ne vai tra vicoli e viali
tra chiese dove suonano le ore.
Ho viaggiato con te in terza classe
abiterà altre stagioni l’anno nuovo ?
apre chiude riapre san Silvestro
ti rimpiagerò ? addio maestro !

43

Main
Main qui me ressemblais
quand je tendais la fronde vers les lézards
qui fuyaient sur le mur ensoleillé
avec ses inscriptions… obéir combattre
main qui toujours me ressembles
quand j’explore des surfaces sans lumière
à la recherche d’angles et de ressauts
qui puissent donner le sens des choses
main qui me secours et main qui m’accompagnes
jusqu’au bout de ta propre ligne.
Mano
Mano che mi assomigliavi
quando tendevo la fionda alle lucertole
in fuga su un muro assolato
con su scritto… obbedire combattere
mano che ancor oggi mi assomigli
quando esploro superfici senza luce
in cerca di spigoli e sporgenze
che diano il senso delle cose
mano che mi assecondi e mi accompagni
fino alla fine della tua linea.

44

Anniversaire à Milan
C’est par ces soirs de la Vierge
regardant le ciel des périphéries
que la pensée voyage et se perd
parmi les états et les empires du turquoise
il entrevoit deux lignes, des tracés
des points des losanges des carrés
quoi, c’est tout ?
mais tu plaisantes… n’en demande pas
plus !
Compleanno a Milano
É in queste sere della Vergine
guardando il cielo in periferia
che il pensiero viaggi e si smarrisce
tra gli stati e imperi del turchino
intravede due linee, dei tracciati
punti rombi quadri
tutto qui ?
dici poco…, non chiedere di più !

45

Las ! pèlerins…
Las ! pèlerins qui allez pensant
À ce qui peut-être n’existe pas.
Ce n’est pas un point ni un cercle ni une spirale
c’est un trait incliné bleu acier
il traverse l’esprit des pensifs
c’est quelque chose de haut et de suspendu.
Deh ! peregrini…
Deh ! peregrini che pensosi andate
Forse di cosa che non è presente
Non è punto né cerchi né spirale
è un tratto inclinato blu acciaio
attraversa la mente dei pensosi
è qualcosa di alto e di sospeso.

46

Peignoirs
Peignoirs qui séchez au vent
qui montez qui descendez vides
vous êtes de mille couleurs
rouges un peu blancs un peu blancs un peu bleus.
Pourquoi m’êtes-vous plus beaux
que portés tout à l’heure
par le maître nageur bien bronzé de Romagne
ou par la nageuse qui venait du nord ?
Peignoirs au vent, seuls enfin,
allez allez, montez, descendez !
Accapatoi
Accapatoi che al vento asciugate
e andate vuoti su e giù
siete di tanti colori
un po’ rossi un po’ bianchi un po’ blu.
Perché mai vi trovo più belli
di quando eravate indossati
dal bruno bagnino romagnolo
e dalla nuotatrice venuta dal nord ?
Accapatoi al vento, ora soli,
andate ! andate su e giù !

47

Ne pas approfondir
On dit que le rêve
habite les parages de l’infini
j’ai rêvé de toi, cette nuit, sur un boulevard
sans voitures, seuls les platanes gris
les boulevards qui tournent, les boulevards de la ville
tu étais infiniment loin.
Non approfondire
Si dice che il sogno
abiti nei dintorni dell’infinito
ti ho sognato stanotte su un viale
senza vetture, solo platani grigi
viali in curva, viali in città
eri infinitamente lontana.

48

La mort des animaux
Tu sauves les hommes et les bêtes, Seigneur (Ps. 36, 7)
La mort des animaux ne cesse de me tourmenter
c’est la mort pour toujours, totale
seul reste le mystère de leur regard
de ces yeux qui disent quelque chose
dès le moment de leur capture.
Pablo Neruda s’en aperçut aussi
entre une oda et l’autre qu’il vaut mieux oublier
il évoquait cet éléphant tombé dans un piège
a mi me miró
con sus ojos secretos
y aún me duelen
los ojos
de aquel encarcelado
de aquel immenso rey preso en su selva.
La morte degli animali
Uomini e besti tu salvi, Signore (Sal, 36,7)
La morte degli animali non mi dà pace
è la morte per sempre, totaler
resta soltanto il mistero del loro sguardo
di quei loro occhi che dicono qualcosa
già dal momento della cattura.
Se ne accorse anche Pablo Neruda
tra un oda e l’altra da dimenticare
parlava d’un elefante caduto in trappola
a mi me miró
con sus ojos secretos
y aún me duelen
los ojos
de aquel encarcelado
de aquel immenso rey preso en su selva.

49

La nuvola
A la douleur du monde il n’y a pas de trêve :
l’amour est mort semble dire ce nuage
qui se défait au baiser du soleil
toi qui d’une nuée poursuis le rêve
regarde là-haut sa destinée brève.
Al dolore del mondo non v’ha tregua :
amore è morte sembra dir la nuvola
che baciata dal sole si dilegua
tu che vorresti essere una nube
mira lassù qual sorte essa mai segua.


Date de mise en ligne : 01/10/2016

https://doi.org/10.3917/poesi.133.0005

Notes

  • [1]
    Cf. Implicazioni di una linea lombarda, in Passione e Ideologia, puis in Saggi sulla letteratura e sull’arte, Mondadori, I Meridiani, 1999, I, pp. 1170-1178.
  • [2]
    Ciro Vitiello, Antologia della poesia contemporanea, op. cit., p. 70.
  • [3]
    A. Di Benedetto souligne la dette contractée par Erba à l’égard de Montale dans Luciano Erba, Le immagini, in Stile e Linguaggio, Roma, Bonacci, 1974, pp. 363-372.
  • [4]
    Comme le tunnel que l’hippopotame creuse au cœur de la jungle, les formes et les instants de la poésie ne sont qu’« événements privés d’ombre et de reflet/un simple signe qui de lui-même est signe ».
  • [5]
    Cf. “Consuntivo su Erba”, in Poesia italiana contemporanea, Milano, Bompiani, 1995, p. 92.

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