Po&sie 2009/4 N° 130

Couverture de POESI_130

Article de revue

Deux poèmes manuscrits du fonds Ungaretti

Pages 171 à 172

Notes

  • [*]
    « Il y a une forêt au beau milieu de la ville (de San Paolo) : la végétation s’y déployait avec une telle furie qu’il semblait que les très hautes plantes naissaient et poussaient en un clin d’œil en votre présence. Il y avait des balançoires accrochées aux arbres et les enfants allaient y jouer ». T.P., p. 1239.

1Pour la situation et la présentation de ces deux poèmes retrouvés dans le fonds des manuscrits d’Ungaretti, on renvoie à l’annotation et au commentaire du volume – T.P., pp. 1235-1240.

2Ils relèvent tous deux du cycle consacré à Antonietto – son fils de neuf ans mort en novembre 1940. On sait comment La douleur (1947) porte et efface la trace de ce deuil impossible.

3Dans le premier poème, le poète revient sur une scène où il se laissa distraire de la compagnie de son fils par une écuyère - distraction que la mort a rendue rétrospectivement insupportable. Le second évoque aussi une scène de l’enfance brésilienne d’Antonietto.

4Le souvenir de la trille de l’enfant qui ouvre le ciel d’un coup de balançoire ne rachète pas celui de sa main qui s’enfuit.

5

1.
Le manège gire, et mouline dans ton esprit
De vieux, le spasme étourdissant
Qui, un jour, éclair des genoux
(Nus entre les bottes éperonnées
Et la futaine violacée)
D’une écuyère au pas, seule,
Dans l’aride silencieux, hors les murs
Te saisit… Et les yeux, tes yeux, s’oublient,
Peuvent oublier, vieux misérable
L’enfant qui sur les étriers
D’un petit cheval blanc
Heureux vers toi se dressant
Salue d’une main en fuite.

6

La giostra gira, e in mente ti mulina
Vecchio, lo spasimo accecante
Che, un giorno a un lampo di ginocchia
(Nude tra gli stivali con gli sproni
Ed un violaceo fustanino)
Da una cavallerizza, al passo, sola,
Per i brulli silenzi fuori mura,
Ti prese… E gli occhi tuoi si scordano,
Si possono scordare, vecchio misero,
Del bimbo che di sulle staffe
D’un bianco cavallino
Felice verso di te drizzandosi,
Saluta con la mano in fuga.

7

2[*].
Les chiens (combien ?) au loin hurlent ;
Le soleil exclu de la forêt,
Encavernés dans le feuillage
Ils l’oublient, les passereaux monotones ;
Sur la balançoire touchant presque le ciel
Un enfant en une trille ;
En une trille s’ouvre la forêt à un rayon,
Unique rayon, sacrilège peut-être,
A travers la nuit des arbres.

8

I cani (quanti ?) di lontano ululano ;
Il sole escluso dalla selva,
Incavernati nel fogliame
Dimenticano i passeri monotoni ;
Sull’altalena tocca quasi il cielo
Un bimbo in un trillo ;
In un trillo s’apre la selva a un raggio ;
Unico raggio, sacrilegio forse,
Tra la notte degli alberi.


Date de mise en ligne : 01/10/2016

https://doi.org/10.3917/poesi.130.0171

Notes

  • [*]
    « Il y a une forêt au beau milieu de la ville (de San Paolo) : la végétation s’y déployait avec une telle furie qu’il semblait que les très hautes plantes naissaient et poussaient en un clin d’œil en votre présence. Il y avait des balançoires accrochées aux arbres et les enfants allaient y jouer ». T.P., p. 1239.

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