d’un œil à l’autre quelque chose quoi ? s’est cassé
était-ce le fil bleu de ton regard tendu trop haut
tendu trop loin
ou trop près peut-être ?
était-ce ton bon vieux mur de larmes
et ses anciens charrois
(tu as beau mettre toutes tes pièces dans la fente aucun chariot ne se détache)
mais comme sur le fil tendu de tes folies (lasers graines de silicium
fils de bave d’araignée réseaux fuites de mots graphes tendus sans tableau
comme si une boule de billard décrivait son parcours)
tu as trébuché vers l’intérieur
ce fut alors une haute nuit où s’inscrivit la phrase
vous êtes ici comme le nom d’un dancing
et puis, plaqué au sol comme abouché à la grille des métros
avec le froid dans le dos et une soufflerie intermittente dans le ventre
en bas, là-bas au plus loin de toi, tu n’as même pas su crier
tes doigts ne passaient pas à travers la grille
les articulations coincées déchirées par le fer
les ongles griffaient dans le vide
mon pauvre petit lapin tu n’avais pas les dents assez tranchantes
pour découper le long du piège
pas la voix assez forte pour t’entendre
et la nuit était par dessus et la nuit était par dessous
– la clef brillait dans le noir avec ironie
et tu as pensé : soit, mais comme cela, je me sens plus proche
plus proche ? mais de quoi ?
d’un fil sectionné rompu déchiré
Au fil du temps
suspendu
au fil du temps
par le ventre comme
l’indien attaché par la peau
comme l’araignée
comme la larme au cil
et la rive au fleuve
au fil du temps
suspendu
par la peau déchirée
par le fil du temps