Les Lumières en Écosse, longtemps négligées, jouissent d’un intérêt renouvelé et soutenu dans la recherche depuis les années 1970. Claude Gautier est l’un des auteurs qui ont beaucoup contribué, depuis de longues années, à la transposition en France de ce renouveau d’intérêt (mentions notamment « Les usages de l’histoire et la théorie politique chez Hume », Revue philosophique, 2001, no 2, p. 191-212 ; et Hume et les savoirs de l’histoire, Vrin/EHESS, 2006), qui se manifesta d’abord dans les pays de langue anglaise.
Le nouveau livre s’insère certes dans cette perspective, mais il apporte aussi de nouveaux éléments par un questionnement original. Il ne s’agit pas d’une simple reconstruction du courant des Lumières écossaises, mais d’une exploration systématique de ce corpus sous l’angle de l’émergence d’une perspective « sociologique » (avant la lettre, puisque le terme n’existait pas encore) dans l’œuvre des auteurs écossais (Hume et Smith, les plus grands parmi eux, en priorité ; mais aussi d’autres comme Ferguson, Kames et alii – John Millar aurait mérité plus d’attention dans ce contexte). On pourrait décrire le questionnement de l’auteur de la manière suivante : Comment les Ecossais du xviiie siècle ont-ils réussi une mise à distance consciente d’un objet d’étude (qu’on appelle désormais « sociologie ») et ainsi porté un « nouveau regard » sur la société ? Certes, Adam Ferguson, par exemple, a parfois déjà été étiqueté « père fondateur » ou du moins « précurseur » de la sociologie (par exemple par William C…
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