L’idée d’apporter une réponse spécifique à une maltraitance aussi particulière que les agressions ou viols incestueux a été soufflée à Nicole Bru, la fondatrice de l’association, par une amie à elle, avocate, Mme Monique Smadja, qui voyait la détresse de ces jeunes femmes dans les salles d’audience.
À l’époque de la création du centre qui deviendra la Maison d’accueil Jean-Bru, en 1996, huit ans avant la révélation de l’affaire d’Outreau, ce fait de société était totalement nié, invisibilisé, non pris en compte dans la politique de protection de l’enfance.
Le principe fondateur de ce lieu expérimental et innovant : « rassembler le semblable pour faire émerger la singularité ». Depuis sa création, ce lieu a échappé, aux risques qui avaient été immédiatement pointés par ses détracteurs : la suraliénation et la stigmatisation.
Le rassemblement de jeunes filles ayant vécu l’inceste a permis à l’équipe de se constituer un savoir-faire dans l’accueil, l’accompagnement et la vie quotidienne avec les questions concernant la distance affective, les relations avec l’école et le social, le soin psychique et somatique et bien d’autres aspects.
Depuis, l’association est régulièrement sollicitée notamment par les médias. Et toujours le même étonnement « comment se fait-il que vous soyez le seul établissement spécialisé en France ? », c’est une bonne question en effet. Mais on pourrait en poser d’autres : comment se fait-il que le mot « inceste » ne figure encore dans aucun schéma départemental de protection de l’enfance …