Dans les situations soignantes, je qualifierais volontiers de thérapeutique ce qui a un impact sur le fonctionnement psychique du patient. Un tel impact suppose :
une relation investie entre le patient et nous ;
une communication entre lui et nous ;
une confrontation entre son fonctionnement mental et le notre.
Évidemment, dès qu’il est question de communication, nous pensons à la communication verbale. Et pourtant, cette communication par le truchement de la voie verbale est problématique pour beaucoup de nos patients : non seulement les très jeunes enfants, mais aussi les adolescents, les arriérés profonds et bien entendu les personnes souffrant de troubles psychiatriques graves, comme les psychotiques. C’est auprès de tels patients que la réalité quotidienne peut être utilisée dans une perspective thérapeutique, parce qu’elle peut tout è la fois faciliter la relation, rétablir une communication bloquée par les difficultés d’expression verbale, et être l’occasion d’une confrontation fructueuse entre notre fonctionnement mental et celui du patient.
Les situations de rencontre entre patients et soignants incluant de la réalité dans le cadre thérapeutique ont beaucoup d’intérêt :
Cette réalité joue un rôle de pare-excitation par rapport aux diverses sollicitations psychiques nées de la proximité avec les soignants, sur le registre pulsionnel de l’amour ou de la haine : la réalité ou l’activité partagée sont autant de dérivatifs et de médiations par lesquels peuvent s’exprimer indirectement et de façon moins traumatique les affects nés de la proximité…