Notes
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[1]
Emmanuel Jovelin, sociologue est maître de conférences, directeur adjoint et responsable des Masters 2 Travail social en Europe et Développement social urbain, Institut Social de Lille, Université catholique de Lille. Il est membre du Laboratoire Pierre Naville et TEPP, Université d’Évry Val d’Essonne.
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[2]
M. Chebel, La femme dans l’islam. La femme, ce qu’en disent les religions, Paris, Éditions de l’Atelier, 2002.
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[3]
M. Fhami, La condition de la femme en l’islam, Paris, Allia, 2002, p. 41.
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[4]
Hijab : rideau, barrière physique et tangible entre les femmes et les hommes. Alors que la bourha est un voile qui couvre la figure depuis la racine du nez jusqu’aux genoux ou la poitrine.
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[5]
Djilbab : grand châle ou long manteau.
-
[6]
Hégire : émigration, exil, nom de l’ère musulmane qui commence le 24 septembre 622 après que Mahomet et ses compagnons aient fui de La Mecque vers Médine.
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[7]
Lucette Valensi, « L’islamiste, la femme, le voile et le Coran », L’histoire, n° 281, novembre, 2003.
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[8]
Françoise Gaspard et Farhad Khosrokhavar, Le foulard et la République, Paris, La Découverte, 1995.
-
[9]
Marina Mauduit, Des fonctions de conseiller en économie sociale et famille au statut d’encadrant, Paris, L’Harmattan, 2009.
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[10]
Michel Crozier, L’acteur et le système, Paris, Le Seuil, 1977, p. 303.
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[11]
Axel Honneth, La lutte pour la reconnaissance, Paris, Le Cerf, 2000.
-
[12]
Nancy Venel, Musulmanes françaises. Des pratiques voilées à l’université, Paris, L’Harmattan, 1999.
Introduction
1En France, le port du voile a fait couler beaucoup d’encre, allant jusqu’à mettre en place une loi interdisant le port du voile à l’école publique et dans les établissements publics. Cette interdiction est liée à la laïcité française principe de droit public qui se réfère en France à l’unité du peuple et se fond sur trois exigences : « la liberté de conscience, l’égalité de tous les citoyens quelles que soient leurs convictions spirituelles, leur sexe ou leur origine et la visée de l’intérêt général, du bien commun à tous, comme seule raison d’être de l’État ».
2En principe, la laïcité (Pena-Ruiz, 2003) est un idéal dont l’originalité est qu’il permet à tous, croyants et athées de vivre ensemble sans que les uns et les autres ne soient stigmatisés mais pourtant la réalité est bien différente.
3Le voile se pratique dans les pays musulmans mais aussi en Occident. Le type de voilement est laissé à l’appréciation de l’imam, du père ou de la femme. La femme musulmane ne doit pas seulement veiller à sa virginité mais à son capital, dont le voile fait partie. Car le voile est là aussi pour sauvegarder l’honneur dans la mesure où il protège la femme contre toutes les tentations. La famille joue évidemment un grand rôle dans le comportement de la femme, et le père, l’oncle, le frère, les beaux-parents attendent respect et obéissance de la part de la femme.
4Selon les sources diverses, les femmes de l’époque et de la société de Mahomet ne se soumettaient pas à la coutume du hijab. Cette coutume se serait généralisée et consolidée avec le progrès de l’islam. Dans l’histoire du hijab, il y a un rapport entre la question des classes sociales et celle de la réclusion. Les femmes esclaves étaient exclues de cet usage. Le port du hijab aurait été réservé aux honneurs des classes supérieures. En outre, ce qui serait probable dans les anciennes sociétés arabes où les guerres étaient nombreuses entre les tribus et où les femmes étaient généralement enlevées comme un butin précieux, l’homme s’est arrangé pour mettre les femmes à l’abri dans des endroits qui étaient inaccessibles aux attaques de l’ennemi. La réclusion serait donc née des mœurs guerrières.
5Cet article s’intéresse aux femmes qui portent le voile, en tentant d’analyser le sens qu’elles donnent à cet acte. Pourquoi le portent-elles ? Quelles explications donnent-elles ? Est-ce par obligation ? Est-ce un choix libre ? Est-ce par stratégie matrimoniale ? Notre but a surtout été de faire parler ces femmes et de saisir les raisons qu’elles donnent à ce comportement considéré par certains comme un acte de foi et par d’autres comme un signe de domination.
1 – La femme dans l’islam
6La société préislamique [2] était une société tribale, patriarche, polygame dominée par les commerçants et les négociants. L’homme avait le rôle de la personne morale, décideur et dirigeant. Il était le pilier économique de la société bédouine. Il était considéré comme un être achevé contrairement à la femme. Les fillettes des familles pauvres étaient souvent enterrées à la naissance par leurs propres parents. Le rôle de la femme dans cette société se limitait aux murs du foyer. L’arrivée de l’islam allait perturber l’ensemble des relations des individus entre eux. Le statut social de la femme a changé. Ce qui n’a pas changé est que certaines femmes soient limitées dans leurs déplacements et leur espace. La femme musulmane devait et doit toujours veiller à son capital, à son honneur, à sa virginité. D’un côté la question de l’honneur prend racine dans la coutume ancienne (pudeur collective, vengeance, crime du sang). De l’autre, elle est conforme à l’esprit de l’islam qui veut protéger la femme contre les tentations.
7Le voile, signe et symbole de l’enfermement de la femme, privée de liberté individuelle dans les pays où se pratique l’islam, ou selon l’image du sens commun dans les pays occidentaux, donne de cette religion une image répressive et négative. Aujourd’hui encore les droits juridiques basés sur la charia, n’assurent pas l’égalité de droit entre l’homme et la femme. Les femmes ont une position inconfortable dans les pays où les fondamentalistes appliquent de manière littérale les versets coraniques.
8Pendant que le christianisme présente son prophète « l’enfant de Dieu », sous un aspect saint et surhumain, l’islam montre un prophète qui reste un homme : doux, bon, capricieux, passionné dans sa vie personnelle et en relation avec les autres et aussi jaloux « puisqu’il aurait interdit à ses femmes de se remarier après lui » [3].
9Enfin, le discours de Mahomet sur les femmes semble quelquefois contradictoire : ainsi une femme qui aurait été giflée par son mari l’a sollicité pour rendre justice. Il hésita et Dieu lui inspira : « les hommes prévalent sur les femmes ». L’accusation fut rejetée mais ce jugement du Coran perdure. Quand il a su que les Persans avaient porté au trône la fille de Koroes, il s’écria : « rien ne réussit à ceux qui se laissent gouverner par les femmes » (Fahmi, 2002). De même, il s’indignait de voir les hommes frapper leurs femmes : « comment n’a-t-on pas honte de frapper sa femme comme on frapperait un esclave et puis l’embrasser ? ».
10Ainsi, si Mahomet s’écrie que la femme est fatale, il dit également que la vie est un composé de biens dont le meilleur est une femme honnête. Et s’il doute que la femme soit capable de gouverner un peuple, il est prêt à lui laisser la souveraineté de sa maison et de ses enfants. Les contradictions de Mahomet vis-à-vis de la femme se retrouvent auprès de ses successeurs et perdurent.
11Pour ce qui est du voile, précisons qu’il a été rendu obligatoire dès le XIIe siècle (XVIIe siècle avant Mahomet) par le roi d’Assyrie (Irak) : « les femmes mariées n’auront pas leur tête découverte. Les prostituées seront voilées ». La tradition a longtemps considéré qu’une femme devait se couvrir devant les hommes en signe de modestie et c’est avec le christianisme que le port du voile est devenu une obligation théologique. Le « hijab » [4] prescrit par le prophète concernait uniquement ses femmes : « O prophète ! Dis à tes femmes, à tes filles, aux femmes des croyants d’abaisser sur leur front leur Djilbab [5], on les distinguera par là, et elles ne seront pas exposées à être insultées » (Coran, sourate 33, verset 59), et il n’est pas le voile utilisé dans les pays musulmans. L’islam n’a jamais interdit que l’on voie le visage et la main de la femme. Le prophète recommanda même aux hommes de voir la femme avant le mariage. Certains pays musulmans ont pourtant interdit de voir le visage d’une femme à l’exception des parents (Castel, 1996).
12Avec le développement de l’islam, le voile et la réclusion ont pris une importance croissante. La sévérité envers la femme sera plus grande au XIXe siècle de l’Hégire [6]. Le sultan d’Égypte interdira à toutes les femmes de sortir. Si Mahomet laissait aux femmes la liberté de faire la prière à la mosquée et de laisser voir leur visage et leurs mains, ici le changement est radical. Bref, les recommandations coraniques formulées en direction des femmes libres et l’obligation pour le port du djilbab ont fait l’objet de plusieurs interprétations qui ont donné l’occasion d’aggraver encore la situation de certaines femmes. Enfin, on peut constater que depuis Mahomet, le hijab, outil de protection et de distinction des femmes du prophète, a été adopté par les femmes de classes aisées et il a ensuite été généralisé à toutes les femmes musulmanes comme vêtement distinctif de leur pudeur et de leur dignité mais aussi de leur indignité dans la civilisation soi-disant moderne.
13Le voile, souligne Lucette Valensi, « sépare et exprime l’interdit d’engager un échange entre un homme et une femme voilée. Il est l’une des manifestations de la modestie, de la pudeur, qu’on attend des femmes vertueuses. Il permet de défendre l’honneur familial auquel les femmes portent atteinte si elles éveillent le désir des hommes en dehors des liens conjugaux. Il revient alors aux hommes de venger cet honneur offensé [7]. » Les crimes d’honneur on les retrouve encore dans beaucoup de pays, Jordanie, Pakistan, etc., on les retrouve également dans certaines sociétés méditerranéennes jusqu’à la fin du XIXe siècle (Espagne, Grèce, Sicile, etc.). En France, on a préféré légiférer sur le port de voile, l’interdisant dans les espaces publics en tant que signes ostentatoires. Le fait de légiférer est certes une manière de clarifier le débat, mais souvent on oublie encore actuellement le choix volontaire comme l’une des possibilités du port du voile, ainsi que l’ont souligné Françoise Gaspard et Farhad Khosrokhavar [8].
2 – Le foulard des femmes
14Françoise Gaspard et Farhad Khosrokhavar (1995) distinguent trois cas de figure de port du voile :
15Le voile des femmes traditionnel. Porté par les femmes d’un certain âge, ce voile représente le signe de la permanence de l’identité d’origine. Ces femmes portent le voile depuis leur enfance, elles ont vu leur mère le porter et sont arrivées avec lui. Le voile dans ce cas est un élément de leur identité, de leur esthétique, et de l’immigration. C’est aussi un moyen de montrer l’attachement aux valeurs ancestrales, en même temps qu’il rassure l’homme car il est un signe de fidélité aux valeurs communautaires.
16Le foulard des adolescentes. On distingue d’une part le foulard porté par des jeunes filles pour faire plaisir à leurs parents – c’est là où la loi aurait un sens. Pour ces filles, le foulard leur permet de concilier les deux aspects (français et musulman). Elles peuvent le porter pour sortir, échappant ainsi au confinement dans l’espace privé. D’autre part, le port du foulard par certaines filles est parfois de l’ordre de la contrainte pure et simple exercée par les parents sur les jeunes filles qui refusent de le porter. Pour ces jeunes filles aussi, la loi a tout son sens parce qu’on se heurte ici quelquefois au rôle répressif des frères ou au diktat parental, qui peuvent pousser la jeune fille au traumatisme.
17Le voile revendiqué. Certaines jeunes filles de 16 à 25 ans revendiquent le voile, en accord avec leurs parents ou parfois contre leur gré. Pour ces filles, « l’islam s’inscrivant dans leur voile est réinventé, retravaillé et réactualisé sous une forme différente de la tradition ». Avec ces jeunes filles diplômées et autonomes, pas question d’enfermement dans la maison, et pas non plus de mariage contraint : « Le voile n’est plus le signe d’une soumission aveugle à la tradition, ni l’expression de l’enfermement dans l’espace de la féminité ancestrale, en retrait sur l’espace public. C’est un voile qui légitime l’extériorisation de la femme et simultanément donne un sens moral à sa vie, en l’absence de solution de rechange dans une société française où n’existe plus d’entreprise collective d’instauration du sens. Ce type de voile reflète la volonté d’auto-affirmation, non seulement face aux parents mais aussi vis-à-vis de la société française qui refoule au nom de l’universel » (Gaspard et Khoroskhavar, 1995).
3 – Les femmes voilées face à la République
3.1 – Profils sociologiques des enquêtées
18La recherche porte sur 12 femmes voilées dont l’âge varie de 22 à 43 ans (une seule a la quarantaine, les 11 autres sont âgées d’une vingtaine d’années). Hormis la femme de 43 ans, la moyenne d’âge est de 25 ans. Ces femmes sont toutes mariées et ont un capital scolaire appréciable, allant du diplôme universitaire technologique à un doctorat en médecine. Il s’agit d’un échantillon de femmes que nous pouvons classer du côté des intellectuelles. Leurs parents – voire elles-mêmes – sont arrivés en France depuis une vingtaine d’années (certaines femmes sont nées en France).
3.2 – Le système éducatif dans la famille
19Nous avons voulu connaître le système éducatif de la famille d’origine des enquêtées. Comment racontent-elles les rapports avec leurs parents et leurs frères ? Comme il en résulte de leurs discours, leurs rapports au sein de la famille étaient très bons, sans contrainte traditionnelle. L’éducation reçue était celle qui était attendue selon les régions ou les pays d’origine. Il n’y avait pas de femmes pour lesquelles l’obligation religieuse était forte auprès des enfants. Il est d’ailleurs surprenant de voir que certaines personnes ont porté le voile très tard, alors même qu’à la maison la mère en portait, ou encore certaines personnes portant le voile alors que leur mère ne l’a jamais porté.
Comme nous l’avons dit, la réussite de l’éducation leur a semblé une chose normale ; personne n’a exprimé un choix religieux sous contrainte, ni connu un mariage forcé comme nous avons pu le voir dans d’autres travaux. Ce dernier discours montre toutefois que le choix de la religion n’est pas toujours lié à la socialisation familiale mais est parfois lié à l’environnement et à une révélation personnelle. C’est le cas de Fanny, française, qui s’appelle Safia et s’est convertie à l’Islam par un processus personnel. Il ne s’agit pas d’un cas isolé, certaines Françaises se convertissant par le mariage, alors que d’autres le font par choix personnel et sans contrainte quelconque.« Les relations entre les garçons et les filles sont à peu près égalitaires […] maintenant je ne nie pas des fois il y a des petits débordements ou des fois des excès qui peuvent paraître injustes. On ne peut pas nier au niveau de l’éducation… bon, d’une part on va plutôt dire à la fille de faire la vaisselle et au garçon d’aller acheter du pain, au garçon de porter des trucs lourds… Mon père a toujours été très doux, très gentil avec moi… » (Amina, 25 ans).
« C’était vraiment un genre de patchwork. Ma mère… bon je ne sais pas, je ne peux pas vous dire honnêtement si ma mère s’est convertie à l’Islam. Toujours est-il… bon elle était chrétienne. J’ai toujours vu ma mère faire le ramadan. Tout le monde m’a dit “ta mère s’est convertie”. Mais peut-être que quand j’étais plus jeune, je disais “oui ma mère s’est convertie”, parce que je la voyais faire le ramadan avec nous, mais je pense personnellement, maintenant qu’elle est morte, je ne veux pas ressortir certaines choses mais je ne pense pas qu’elle s’est vraiment reconvertie de cœur. Je pense qu’elle a dû faire comme tous les membres de la famille pour pouvoir un petit peu s’aligner. Elle n’était pas très pratiquante, ni d’un côté, ni de l’autre. Je pense qu’elle n’a pas vraiment épousé la religion musulmane… La religion n’a pas vraiment fait partie de notre vie, on faisait ramadan parce que tout le monde faisait ramadan… J’ai deux frères et deux sœurs et on est trois filles. J’ai un demi-frère du côté de mon père. Mon père n’est pas du genre “la fille soumise, le garçon le roi”. On a vécu tous sur le même pied d’égalité, surtout après la mort de ma mère… » (Rania, 43 ans).
« Je m’appelais Fanny et je m’appelle toujours Fanny pour certaines personnes. Aujourd’hui je m’appelle Safia, je mettrai le fait de changer le nom au même titre que de mettre le foulard. Dans ma famille ma mère n’a jamais été contre la religion ; mon père complètement. Lorsque mon père tenait de mauvais propos vis-à-vis de la religion ou des chrétiens ça passait pas dans mon cœur. Pour moi, c’était irrespectueux alors que j’étais vraiment jeune. Et puis en grandissant, en côtoyant certaines personnes, il y avait des choses qui m’interpellaient par rapport au ramadan, pareil je me posais des questions mais j’étais très jeune, j’étais au collège. Après au fur et à mesure, j’ai posé des questions, je me suis intéressée et je me suis dit ça a l’air d’être en adéquation avec mes valeurs. Au début, j’étais pas du tout en contact avec la communauté musulmane. Pendant longtemps, même une fois que pour moi dans mon cœur j’étais musulmane, en fait ma démarche était vraiment toute seule. J’avais peut-être une copine musulmane et qui me donnait des informations mais qui elle-même avançait à son rythme et qui n’était pas du tout en relation avec la communauté musulmane que par sa mère. Donc en fait j’ai eu des informations, savoir où acheter des cassettes ou les livres et j’ai vraiment fait mon cheminement hors de la communauté on va dire… Ça a surtout commencé au collège où j’avais des copains qui faisaient le ramadan et plein de copains qui faisaient le ramadan avec des copines et je voulais essayer. Et j’ai aussi fait le ramadan quand j’étais jeune mais ça n’a été qu’une petite période et mon père m’a grondé, m’interdisait de faire le ramadan alors je faisais le ramadan en cachette, n’importe comment bien sûr… je ne mangeais pas alors qu’il faisait nuit à 8 heures et j’attendais 22 heures pour manger et je me cachais, je faisais semblant de manger… seconde première je ne mangeais plus de porc, après très rapidement en terminale je ne mangeais que Hallal, pour moi ça y était, j’étais musulmane » (Safia).
3.3 – Connaissance de l’islam
20À la question où avez-vous appris l’islam ?
L’apprentissage de la religion s’est fait de plusieurs manières selon les enquêtées. Incontestablement, la première chose est un apprentissage acquis au sein de la cellule familiale, suivi d’une découverte personnelle, comme nous l’a relaté Safia.« Premières connaissances, c’est par mes parents, par ma mère. J’ai été baignée dans une atmosphère religieuse, donc j’ai eu toutes ces connaissances de base qui ont été en fait relayées par une éducation on va dire islamique à la mosquée où en plus de ça on apprenait des b.a.-ba au niveau de la langue arabe. Mais ensuite toute la masse de la connaissance elle s’est plutôt faite d’un point de vue personnel, avec des lectures. J’ai été baignée dans le milieu mais en dehors de tout ça, il y a eu pour tout le monde, je pense un moment, puisque personne ne m’a obligée à être musulmane, y a un moment où on s’interroge, où on se demande… sur les différentes religions, sur les différents messages que les religions apportent et puis après on se rend compte que l’islam semble être la religion la plus moderne puisqu’elle est la plus récente » (Amina, 25 ans).
« Chez nous on n’a jamais fréquenté la mosquée, ni rien. On était à l’école classique. On avait ce qu’on appelle l’éducation religieuse mais c’était quoi ? Apprendre l’islam, les bases, ce qu’on apprend à l’école classique. Apprendre les cinq piliers, les ablutions et tout. Il y a aussi ce qu’on apprend tous les jours et ce que vous apprend la vie et ce que peut apprendre une maman à ses enfants : ne vole pas, ne mens pas, bon c’est vrai que c’est marqué noir sur blanc dans les livres religieux… Je n’ai pas appris, j’ai commencé vraiment à lire au point de vue religieux, il y a deux ans (donc à 41 ans), je crois à partir du moment où j’ai mis le voile, j’ai essayé d’apprendre, mais avant non. J’ai toujours été honnête envers moi-même avant d’être honnête avec les autres. Depuis très jeune, je ne trichais pas, je ne mentais pas, bon ça m’est arrivé de mentir comme n’importe quel enfant, c’est normal, mais je me rappelle d’une chose, ma tante avait une boîte de couture où il y avait une petite main de Fatma en argent. Je devais avoir 9 ans, je crois. J’ai volé cet objet et j’ai 43 ans, je n’ai pas oublié cette main de Fatma que j’ai volée. J’en avais envie, j’ai 43 ans je n’arrive pas à oublier parce que c’était une des rares choses que j’avais volées » (Rania, 43 ans).
« En voyant mes parents pratiquer et je suis spécialisée aujourd’hui dans la religion… déjà en Tunisie j’ai été tardivement à l’école coranique vers l’âge de 9 ans. Ici je suis tous les vendredis dans les mosquées et j’ai fait aussi des formations de religion… » (Asma, 27 ans).
3.4 – La décision de porter le voile
21Il n’est pas question de revenir ici sur ce qui a été dit dans la première partie de ce texte. Rappelons toutefois que le Prophète a souvent été décrit, généralement, comme un homme doux qui s’entendait très bien avec ses femmes et qui leur accorda un rôle politique important. Avant la mort de Khadidja, il menait une vie monogame rigoureuse. Il épousa ensuite plusieurs femmes, notamment des veuves qui auraient été délaissées sans la possibilité de remariage. Il aurait, semble-t-il, voulu améliorer la situation de la femme par rapport à la Djâhiliya. Dans le Coran, on trouve ceci : « Dis aux croyants de baisser leur regard, d’être chastes, ce sera plus pur pour eux. Dieu est bien informé de ce qu’ils font. Dis aux croyantes de baisser leur regard, d’être chastes, de ne montrer que l’extérieur de leurs atours, de rabattre leur voile sur leur poitrine, de ne montrer leurs atours qu’à leurs époux. » Au fond les directives concernant la chasteté s’appliquent aux deux sexes et les instructions concernant le voile ne sont pas exemptes de reproches. Certaines traductions (notamment la dernière) recommandent de ne montrer que l’extérieur des atours, c’est-à-dire ce qui est visible. Donc, on pourrait supposer que l’interprétation du texte pourrait se faire en fonction des us et coutumes en vigueur. Le fait de voiler le visage est en Islam une nouveauté pour laquelle il n’existe pas de vrai fondement dans le texte coranique. Le Prophète demanda aux femmes musulmanes de se vêtir différemment pour ne pas être importunées mais il ne demandait pas plus : « O Prophète, dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leur voile, c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées. »
22La question qui nous intéresse ici est de comprendre le sens que ces femmes que nous avons interviewées donnent au voile. Les discours recueillis donnent plusieurs raisons comme on peut le lire ci-dessous :
« Moi je porte le voile, ce n’est pas une obligation religieuse. Depuis longtemps, je ne le portais pas mais je l’ai porté en fait pour concrétiser mon engagement, c’est plutôt mon vécu comme ça à la base » (Amina).
24Le port du voile, c’est la trajectoire de la personne, « le vécu », l’achèvement d’un parcours spirituel, et aussi un combat intérieur contre toutes les tentations : « Je ne le porte pas comme un signe religieux mais comme une expression spirituelle d’une foi. »
25Le port du voile est aussi une recherche de soi-même, une recherche d’identité, comme le souligne Mouna :
« Je porte le voile… parce qu’à un moment donné on est dans cette d’identité. On est en train de rechercher quelque chose et, en fait, quand j’étais dans cette recherche, je lisais beaucoup de livres et j’étais plus intéressée, j’étais baignée dedans, je faisais mes livres, je faisais mes recherches moi-même. Une fois que j’ai comblé ce manque, c’est-à-dire au niveau de la religion, il y avait ce petit puzzle qui manquait. Et c’était le voile. Donc, je savais très très bien les répercussions que ça pouvait avoir, les retombées qu’il pouvait y avoir autour de moi et de ma famille. Je savais pertinemment. Mais je me suis dit, je le mettrai le jour où je serai vraiment prête pour Dieu. Cette force, je suis quelqu’un d’assez faible dans le sens où je n’aime pas me démarquer d’une manière ou d’une autre… » (Mouna, 28 ans, voilée à 22 ans).
27Le port d’un voile est une révélation, dit Rania :
« Écoutez, j’ai jamais ressenti le besoin de porter le voile. Et un jour je me suis retrouvée tellement seule… déjà je vous dis que j’étais proche de Dieu. Moi, je fais ce qu’on appelle des rêves prémonitoires et des vrais… réels je veux dire, ça se passe réellement, je veux dire quand y a un mort dans la famille, je le sais 15 jours à l’avance… un jour j’étais tellement malheureuse parce que, sur une semaine, j’ai perdu ma grand-mère et mon grand-père et je savais qu’il allait y avoir un décès et il y a eu un décès… (pour le voile) c’était le vendredi à la place du marché et c’était pendant le ramadan, les dix derniers jours du Ramadan, j’avais dit que je mettrais le voile. Je n’en avais parlé à personne, je suis allée seule, j’ai acheté plein de foulards de toutes les couleurs, je me suis dit je vais rester quand même dans la coquetterie et je vais prendre ce qu’il y a de beau… je suis rentrée, j’ai préparé à manger pour mon mari et j’ai mis mon voile. Je suis sortie de ma chambre, j’ai dit aux enfants de ne pas rentrer, j’ai une surprise pour vous, j’ai mis mon voile. Mon grand fils m’a barré le chemin et m’a dit maman tu ne vas pas sortir comme ça ? Je lui ai dit si je sortirai comme ça et si tu as honte de maman, tu ne marches pas à côté de moi. Il a dit mais maman ce n’est pas possible tu ne vas pas mettre le voile. Je lui ai dit si je vais mettre le voile et si vous voulez renier votre mère, vous pouvez, je vous donne le droit de renier votre mère si vous voulez et ça a été l’effet de surprise, mais de quelques instants. Ensuite, j’ai dit je vais amener Papa manger avec moi, ils sont tous venus avec moi et je suis arrivée au travail de mon mari avec le voile et il n’en revenait pas… pour lui, j’étais la dernière personne à le mettre, c’était impossible » (Rania, 43 ans).
29La décision amenant au port du voile « est un processus, de maturation plus ou moins long ou inconscient et le deuil d’un état passé vers un état choisi ». Il s’agit d’un acte par lequel une autorité fait le choix « d’une détermination, d’une résolution dont on fait preuve, et enfin d’une solution, terme final dans une affaire, d’un enjeu » [9].
30Selon Michel Crozier, « une décision est, en effet, toujours le produit d’un système d’action concret, que ce soit une organisation ou un système organisé, que ce soit un système d’action stable ou un système temporaire élaboré pour la circonstance » [10]. Dès lors nous pouvons dire que la décision de porter le voile ne découle pas d’un vide social et donc « aucune décision ne peut être considérée comme rationnelle en soi, elle n’est que par rapport au système d’action qui la produit » (Crozier, 1977, p. 303).
31La décision de porter le voile est une révélation liée à un parcours personnel, comme nous l’avons souligné, mais une décision préparée, réfléchie comme chez Rania, qui dit qu’une fois, elle s’est retrouvée seule et elle a senti le besoin de porter le voile. Seule au sens figuré, c’est-à-dire face à son Dieu, puisqu’elle est mariée et a des enfants. C’est à ce moment-là qu’elle a décidé de le porter. C’est un défi pour elle-même, pour sa famille et son entourage.
32La décision de porter le voile est liée à plusieurs explications, comme on peut le voir dans ces quelques discours, mais le poids de la religion est présent. Dans les différents types de voiles déclinés par Françoise Gaspar et Farhad Khoroskhavar, il faut souligner que, pour certaines femmes rencontrées, la religion représente « l’identité ». Comme nous l’a dit Hafida, « sans la religion, c’est comme si je n’existe pas parce que c’est elle qui réglemente ma vie ». Cette phrase peut déjà expliquer à elle seule le port du voile de certaines filles. Vivre sans la religion, c’est vivre comme un animal sans principe, sans valeur. Le port du voile de Hafida est une tradition dans la famille, c’est aussi une hérédité, sa mère se « couvrait la tête avec un truc, un visage (dixit), et puis on pratiquait parce que tout le monde pratiquait, il n’y avait pas à souffrir de la religion, du foulard, de tout puisque toutes les femmes se couvraient ». Le port du voile est assimilé par certaines femmes à la religion, à l’islam parce que, pour elles, on ne peut pas mettre de côté l’apparence, l’image de la femme : « Je ne peux pas dire que la religion est dans le cœur et ne pas avoir l’image de l’islam, et c’est ça l’image de l’islam ». Se couvrir la tête serait une partie de la femme, parce que « porter le voile fait partie de l’islam » et, comme le souligne Mounia, « on ne peut pas dire à une femme, sois musulmane et ne porte pas le voile… c’est comme si je te disais, toi, sois femme mais ne sois pas mère ». En fait, cette explication est compréhensible si on considère le sens qu’elle donne au voile. La métaphore de la « femme et mère » montre aussi le lien que cette femme met entre le port du voile et la religion. Le voile fait corps avec l’islam. Si l’on suit les discours, il ne peut y avoir d’Islam sans voile (dixit).
4 – La réaction de l’entourage par rapport au port du voile
4.1 – Des parents consentants aux parents non consentants
33« Mes parents, ils étaient contre le port du voile. En fait, ils étaient contre complètement. Ils avaient peur pour moi. Ils savaient très bien comment ça allait se passer à l’extérieur, la pression que j’allais subir. Donc, ils étaient contre complètement, j’étais obligée de le porter en cachette d’ailleurs au début. J’étais obligée de le porter en cachette » (Mouna, 28 ans).
Le port du voile, pour certains parents, c’est la négation de sa propre culture religieuse. Nous pensons que c’est le monde à l’envers et cela montre comment la pression populaire empêche certaines personnes de pratiquer dans la liberté la religion de leur choix et tous les préceptes qui l’accompagnent. Pour les parents dont les filles sont voilées et qui n’ont pas accepté ce choix, ce n’est pas la rançon de l’intégration, mais la peur de la stigmatisation de leurs enfants. Cela renvoie à une nouvelle manière de croire, comme le disait Leila Babès. Pour d’autres parents, le port du voile par leur fille n’est que la concrétisation d’un cheminement religieux et de l’éducation qu’ils lui ont donnée. Le port du voile vient rehausser les valeurs familiales et les parents voient dans cet acte une récompense inestimable.« … Ils avaient peur mais de manière générale la réaction était positive. Au niveau de mes connaissances, de mes amis, ça a été également positif. Celles qui le portaient déjà ont été ravies, celles qui ne le portaient pas ont respecté mon choix… mais au niveau du travail, des études, ça a été un peu difficile… c’est même un euphémisme : je pense que ça a été très difficile. »
4.2 – Des milieux défavorables au port du voile
34Ces discours révèlent que le port du voile n’est pas un long fleuve tranquille, et exige de l’adepte un effort considérable dans l’environnement où elle évolue. À travers ces discours, on peut comprendre le regard stigmatisant jeté sur les femmes voilées :
« Le milieu où j’ai évolué, c’est pas du tout un milieu qui était favorable au voile… Donc j’avais énormément de critiques, beaucoup de discrimination. Après, ça ne fait que renforcer puisqu’on se rend compte que voile ou non, ça ne change pas vraiment grand-chose. Quand on met le voile, les choses ressortent ouvertement. [Pour nous, le voile] c’est une réclamation qui est la reconnaissance de notre existence. C’est-à-dire en tant que produit de la société française, en tant que personne qui a été élevée dans les valeurs françaises et qui les aime sincèrement, mon choix n’est pas une négation de ce que j’ai reçu ou une ingratitude ou quoi que ce soit mais un choix qui va être en fait en âme et conscience de prendre part dans la société moderne, de ce qu’elle me donne, la société en démocratie dans laquelle je vis mais ce n’est pas une arriération. »
« Dans mon entourage, ça va très bien. Il suffit que je sorte de mon cocon et hop ! Mais c’est vraiment d’une planète à l’autre quoi… Quand je pars à la Défense ou vers Versailles c’est comme si j’étais une extraterrestre qui descend et puis bon, on se demande si cette personne sait réfléchir ou pas, est-ce qu’elle sait 1 + 1 égale quoi ? C’est à peine rentrez dans votre époque, ici vous n’avez rien à faire… franchement ce n’est pas encore très clair dans la tête de beaucoup d’autres personnes… donc c’est vraiment le handicap d’aujourd’hui, on se sent plus ou moins rejetées. Moi personnellement, je sais que le problème se pose un petit peu moins qu’avant, mais franchement quand je voulais travailler et faire la branche que je souhaitais, faire à côté mes études actuelles, la décoration, et vivre comme tout le monde, c’était super-déprimant pour moi. C’est vraiment on se sent rejeté. On vit en France, on paie les impôts, on paie tout, on applique toutes les lois, on essaie d’être réglo… je trouve que ça gâche une grande partie de notre vie, ça nous gâche beaucoup de choses à côté, tout n’est pas accessible pour les femmes voilées » (Asma, 27 ans).
« Cela fait à peine quinze jours que je le porte sur la tête. Auparavant, le voile sur le regard était amplement suffisant mais, depuis, j’ai connu une expérience douloureuse sur mon lieu de travail où des hommes à qui je ne demandais rien se sont permis des commentaires grivois sur mon physique. Mon seul but est de travailler, de devenir quelqu’un de bien et ces hommes disent toutes ces choses qui me font mal. Il y a donc le moment où on est heureuse de porter le voile et un autre où les comportements nous y obligent » (Aziza, 26 ans).
36Le port du voile a fait perdre des amis à certaines personnes, comme cela a été le cas pour Rania. Sa propre sœur, par exemple, n’a jamais accepté qu’elle porte le voile : « ma propre sœur, j’ai vu son regard ». Mais le voile, c’est aussi la stigmatisation, la catégorisation : « vous savez maintenant, y’a tellement de choses qui vous mettent à l’écart : si vous êtes trop grosse, vous êtes à l’écart, si vous êtes moche, si vous portez le voile, vous êtes systématiquement à l’écart ». Pour Aziza, le port du voile, c’est aussi la souffrance ressentie face aux moqueries des hommes sur son lieu de travail. Nous avons remarqué que ce qui importait malgré la stigmatisation dont elles font l’objet, c’est la croyance ; la religion serait en effet considérée comme un code de la route, la base de tout dans la mesure où c’est le créateur qui l’aurait amenée sur terre et c’est le seul moyen qui permettrait de se confronter à la vie. La religion, nous a dit Asma, « c’est comme un catalogue, comme on achète une machine », elle ouvre la voie et montre le bon chemin, le bon choix.
37Bref, il y a des filles voilées qui vivent des formes d’humiliations qui ébranlent « la relation pratique à soi-même » [11], des formes de mépris qui finissent par stigmatiser le déficit de reconnaissance. Ces femmes n’ont pas seulement besoin d’un attachement affectif ou d’une reconnaissance juridique mais de jouir aussi d’une estime sociale. Par rapport à ces expériences d’humiliation, nous dirons comme Axel Honneth (2000) que les femmes voilées sont habitées par trois symptômes : le sentiment de honte sociale, la colère, et l’indignation, comme le soulignait Aziza.
Conclusion
38La question des femmes voilées concerne celle du rapport homme-femme, une question dont les fondements ne sont pas évidents à déceler. Toutefois, nous pensons que cette manière de voir dans le port du voile une domination masculine et de considérer la musulmane comme une soumise permanente, est une déformation de la réalité à laquelle il faut être attentif. Les travaux de Nancy Venel ont montré que, pour les jeunes filles qui portent le voile, notamment à l’université, le port du voile est aussi une manière de revendiquer leur identité ; elles ne sont en rien ces femmes soumises dont le sens commun a tendance à faire l’écho [12]. Le voile ne pourrait-il pas être perçu comme un vêtement par lequel s’exprimerait la liberté de tout être humain de disposer de son corps, suggèrent Françoise Gaspard et Farhad Khosroskhavar (1995). Au fond, si la croyance et le port du voile doivent conduire à la relégation stricte de ces personnes dans la sphère privée, dans une sphère de vie non extériorisée, cela pose un problème de reconnaissance des croyances autres que les nôtres et c’est tout le contraire de la laïcité.
39L’intégration républicaine se fait autour des valeurs que chacun doit respecter, ce qui implique la tolérance vis-à-vis de l’histoire personnelle de chacun, de sa langue, de ses coutumes ou de sa religion. Il serait important de prendre conscience que cette diversité ne doit pas être vécue comme une fracture mais au contraire comme une source d’enrichissement mutuel. En même temps, la reconnaissance du droit de chacun à exercer sa religion dans le cadre légal sous la protection de l’État ne signifie pas que le droit a sa source dans la religion car, en matière de port du foulard par exemple, ou de législation relative au divorce ou à l’avortement, on voit bien qu’il y a une autonomie du droit de la République. En outre, il peut s’avérer que telle ou telle religion rencontre des difficultés, et cela peut nourrir un débat social ou politique même si, là encore, chacun se réfère à ses normes. Enfin, il faut que chacun puisse être libre, inséré au mieux dans un cadre d’égalité républicaine, tout en faisant attention dans les domaines extrêmement complexes renvoyant à la culture.
Bibliographie
Bibliographie
- CASTEL E. (1996), L’éternité au féminin. La femme dans les religions, Paris, Assas.
- CHEBEL M. (2002), La femme dans l’islam. La femme, ce qu’en disent les religions, Paris, Éditions de l’Atelier.
- CROZIER M. (1977), L’acteur et le système, Paris, Le Seuil.
- FHAMI M. (2002), La condition de la femme en Islam, Paris, Allia.
- GASPARD F. et KHOSROKHAVAR F. (1995), Le foulard et la République, Paris, La Découverte.
- HONNETH A. (2000), La lutte pour la reconnaissance, Paris, Le Cerf.
- JOVELIN E. (2006), « La laïcité, le voile et le travail social », in E. Prieur, E. Jovelin et M. Blanc, Travail social et immigration, interculturalité et pratiques professionnelles, Paris, L’Harmattan.
- MAUDUIT M. (2009), Des fonctions de conseiller en économie sociale et famille au statut d’encadrant, Paris, L’Harmattan.
- PARMENTIER E. (2002), La femme dans le christianisme. La femme ce qu’en disent les religions, Paris, Éditions de l’Atelier.
- PENA-RUIZ H., éd. (2003), La laïcité, Paris, Flammarion.
- TABIB F. (2004), Le phénomène du Hijab dans les quartiers de Stains, Mémoire de DESS de Sociologie, Développement social Urbain, Université catholique de Lille.
- VALENSI L. (2003), « L’islamiste, la femme, le voile et le Coran », L’histoire, n° 281, novembre.
- VENEL N. (1999), Musulmanes françaises. Des pratiques voilées à l’université, Paris, L’Harmattan.
Mots-clés éditeurs : Coran, école, islam, voile, sociologie, laïcité, république, femme
Date de mise en ligne : 14/09/2009.
https://doi.org/10.3917/pp.021.0113Notes
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[1]
Emmanuel Jovelin, sociologue est maître de conférences, directeur adjoint et responsable des Masters 2 Travail social en Europe et Développement social urbain, Institut Social de Lille, Université catholique de Lille. Il est membre du Laboratoire Pierre Naville et TEPP, Université d’Évry Val d’Essonne.
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[2]
M. Chebel, La femme dans l’islam. La femme, ce qu’en disent les religions, Paris, Éditions de l’Atelier, 2002.
-
[3]
M. Fhami, La condition de la femme en l’islam, Paris, Allia, 2002, p. 41.
-
[4]
Hijab : rideau, barrière physique et tangible entre les femmes et les hommes. Alors que la bourha est un voile qui couvre la figure depuis la racine du nez jusqu’aux genoux ou la poitrine.
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[5]
Djilbab : grand châle ou long manteau.
-
[6]
Hégire : émigration, exil, nom de l’ère musulmane qui commence le 24 septembre 622 après que Mahomet et ses compagnons aient fui de La Mecque vers Médine.
-
[7]
Lucette Valensi, « L’islamiste, la femme, le voile et le Coran », L’histoire, n° 281, novembre, 2003.
-
[8]
Françoise Gaspard et Farhad Khosrokhavar, Le foulard et la République, Paris, La Découverte, 1995.
-
[9]
Marina Mauduit, Des fonctions de conseiller en économie sociale et famille au statut d’encadrant, Paris, L’Harmattan, 2009.
-
[10]
Michel Crozier, L’acteur et le système, Paris, Le Seuil, 1977, p. 303.
-
[11]
Axel Honneth, La lutte pour la reconnaissance, Paris, Le Cerf, 2000.
-
[12]
Nancy Venel, Musulmanes françaises. Des pratiques voilées à l’université, Paris, L’Harmattan, 1999.