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Article de revue

La blog'attitude : rester dans le vent !

Pages 45 à 51

Notes

1« L’adolescence, c’est comme l’art. Tout le monde critique. Personne ne comprend », déclare Féé0Noir0Reve dans son skyblog [2]. Ah, la jeunesse, cette tranche d’âge du dynamisme, de l’énergie, des bonds et des rebonds, des recherches de soi et des séductions de l’autre, des coups de gueule et des coups de cœur, des actions et des réactions. Et leurs blogs sont là pour l’illustrer. D’ailleurs, les blogs, c’est un truc bien à eux. Il est même souvent dit que ces sites personnels en ligne sont comparables à leur chambre, où photos des copains, secrets et vie d’ados se retrouvent pêle-mêle. Un espace dans lequel les parents n’entrent pas.

2D’ailleurs, les blogs d’ados sont généralement décriés. Rapidement associés aux quelques skyblogs indigestes et insultants, les blogs des jeunes sont rarement mis en valeur par les médias, par le système scolaire, par les adultes en général. Mais que se passe-t-il vraiment dans ce monde virtuel des ados ? À quoi ressemble leur blogosphère ?

3En tant qu’adulte, en tant que responsable de jeunes, et bien plus encore en tant qu’organisation de jeunesse, il est de notre devoir d’être à la page des moyens de communication de nos citoyens de demain, de ce qu’ils en font et de ce qu’ils y mettent comme contenu. S’intéresser avant de juger. Connaître avant d’agir. Il en va de l’éducation à une démarche responsable, critique et citoyenne de leur pratique d’Internet.

Les blogs, en quelques clics…

4Avant 2001, le mot « blog », contraction du terme anglophone Weblog (web+log), rapidement défini comme un journal intime sur Internet, était encore fort inconnu du grand public. Cinq ans plus tard, il est presque sur toutes les lèvres au point qu’on parle également de blogosphère, de blogueurs, de blogging et que la dernière version du Larousse l’intègre dans ses pages. Dans les familles, les entreprises, les comités de rédaction, les partis politiques, les cercles littéraires, les festivals artistiques et les écoles, les blogs alimentent les conversations. Du mode « intime », le blog s’est largement développé pour devenir un site personnel sur lequel créations artistiques, états d’âme, débats philosophiques ou d’actualité, partages d’expériences, témoignages, et autres expressions personnelles en tous genres et sur tous les sujets sont publiés. Ce succès des blogs s’expliquerait notamment par la simplicité de leur création, leur apparente liberté d’expression et leurs aspects interactifs.

5Pas besoin d’être un crack de l’Internet pour bloguer. La simplicité de sa technique est à portée de tout néophyte. Et c’est ça qui plaît. Des « armatures », des « squelettes » de blog sont créés et offerts gratuitement par des plates-formes de blogging [3]. Il ne reste au blogueur qu’à y mettre un peu de vie avec des textes (des notes, des billets) et des illustrations (photos, dessins, etc.) [4] dans les cases appropriées sans pour autant devoir utiliser un langage spécifique à l’écriture multimédia (le html, par exemple). Les paramètres « pré-fabriqués » du blog incluent également la description du blog par l’auteur, l’archivage, la mise en page par nouveauté (les notes récentes se retrouvent en haut de la page)… et la possibilité de réagir directement ! Car les blogs doivent surtout leur succès à l’interactivité qu’ils permettent. En effet, un simple clic fournit à l’internaute la possibilité de réagir vis-à-vis d’une note ou du blog en général, et même de lire les réactions des autres visiteurs. Cette interactivité est en général recherchée par les jeunes. « Lache tes com’s ! », affichent-ils tous azimuts dans leur blog.

6Commenter les blogs comme un succès est un euphémisme. On qualifie cet engouement grandissant de nouveau phénomène de société. Certains parlent même de révolution. D’autres préfèrent le penser comme une mode. Quoi qu’il en soit, la « blogosphère », terme qui désigne l’ensemble des blogs et des blogueurs, est estimée en termes de millions. Selon le moteur de recherche spécialisé Technorati [5], c’est plus de 57 millions de blogs qui existeraient sur la toile mondiale. Le véritable phénomène repose sur l’avènement d’une ère de l’autopublication dont les blogs sont surtout le support. Outil d’expression et de communication, les blogs ont d’ailleurs séduit les jeunes en masse. Selon une enquête de Médiamétrie, 82 % de blogueurs auraient moins de 24 ans. Mediappro, l’enquête sur l’appropriation des nouveaux médias par les jeunes commandée par la Commission européenne, avance même qu’en Belgique 38 % des jeunes Belges francophones déclarent posséder un blog ! Plus d’un tiers de la population des jeunes ! En France, les blogs n’ont séduit « qu’ » un quart des jeunes. Il n’en reste pas moins que ce succès manifeste doit majoritairement être imputé à la notoriété grandissante d’une plate-forme spécifique : Skyblog.

7Service de blogging lancé par Skyrock, la radio R&B et HipHop principalement écoutée par les jeunes en France, Skyblog a été lancé en décembre 2002. Depuis, le site a mis un peu moins de trois ans pour atteindre les 3 millions de blogs en octobre 2005, et n’a mis qu’un an pour doubler ce chiffre [6]. Sa popularité est telle qu’il est fréquent qu’un jeune ne fournisse l’adresse de son blog que par son pseudo sans mentionner « skyblog.com » [7] ou que le terme « Skyblog », vite abrégé par « Sky » soit plus connu que celui générique de blog. Une communauté virtuelle de jeunes blogueurs s’est donc créée autour du « phénomène Skyblog », telle une bulle à l’abri du regard des adultes et seulement connue dans le grand public par ses dérives (insultes, droits à l’image) et ses manquements (langage SMS, faible intérêt, etc.) au travers des médias ou faits divers. Mais que se passe-t-il dans cette bulle ?

La blog’attitude : « je blogue, tu blogues, nous bloguons »

8« Non… J’ai aucune envie de me prendre la tête, mais j’écris et ça me perturbe parce que j’essaie de trop réfléchir, pour bien écrire. Alors ne plus écrire, ne plus parler, c’est pas plus mal. C’est délicieux, ces remises en question. Si seulement mes proches pouvaient ne pas me lire, ce serait encore plus agréable. Là, je suis obligée de me taire, je m’oblige… ». C0xinell [8] est une blogueuse de mots. Beaucoup de réactions, de sentiments, de coups de gueule et beaucoup de coups de cœur parsemés de photos made by herself. Âgé de douze ans, le p’tit gars [9], lui, préfère publier des photos de ses stars favorites, puis jouer avec les images et le graphisme de son blog. PommeZ [10], qui prône « l’apple attitude », publie quant à elle des photos de ses copains, de sa meilleure copine qu’« elle adore », de sa famille, des vidéos et photos de ses stars préférées. Mots d’amitiés. Description photographique et textuelle du monde de l’adolescente.

9Un blog, c’est d’abord un lieu d’expression. Un lieu de créativité dans lequel passions, vie intime, amitiés, amours, coups de gueule, blagues et poèmes se retrouvent pêle-mêle. Un espace vécu sur un mode personnel par le jeune. Expression de ses joies mais aussi de ses angoisses d’adolescent, le jeune s’exprime personnellement et émotionnellement sur sa vie et ses passions, n’hésitant pas à accumuler ses autoportraits, scripturaux ou photographiques, au fil des pages web. Narcissisme ? Égocentrisme ? Ce n’est pas si simple. Le blog est vécu comme un véritable espace propre, parfois même comme un reflet symbolique de la personnalité du jeune. L’apparence visuelle du blog (les couleurs, les photos, la typographie) et le ton participent autant que le contenu à la construction de l’identité virtuelle du jeune blogueur, identité dont la marque la plus symbolique reste le pseudonyme. Il n’est donc pas rare que le jeune blogueur change du jour au lendemain l’aspect visuel de son blog ou même en crée un nouveau afin de modifier la représentation qu’il donne ou qu’il veut donner de lui-même. Mais espace personnel ne signifie pas pour autant privé. C’est sur cet amalgame que se construisent les premiers dérapages et excès des jeunes blogueurs. Car la mise en ligne du blog sur le Web présuppose la visibilité publique de cet « espace perso », et induit le respect de certaines règles juridiques ou éthiques vis-à-vis des autres internautes et vis-à-vis de lui-même également. Car bien souvent, on oublie de mentionner que, par son blog, le jeune s’expose au regard, admiratif, compatissant, mais aussi critique ou insultant des autres blogueurs.

10Pourtant, un blog seul n’existe pas. C’est dans la relation d’un blogueur à un autre, et puis d’un blogueur à tous les autres, que le phénomène de blogging chez les jeunes prend tout son sens. Son expression de soi prend corps avec celles des autres. Le blog fonctionne donc surtout comme un lien entre copains, camarades de classes, coéquipiers d’un club sportif, etc. Bloguer revient à relier un Moi à un Toi. Et ce Toi est identifié. C’est celui que le jeune connaît. Autour du jeune blogueur se constitue donc d’abord sa « tribu », un réseau de copains virtuels qui, à la différence des blogueurs adultes, se confond souvent avec le cercle d’amis de la vie réelle. De nombreux blogs sont d’ailleurs créés pour rester en contact avec cette tribu. Par exemple, les premiers scoops ou les dernières photos de la soirée du week-end sont mis en ligne afin de partager des souvenirs avec tous ceux qui étaient présents à cette fête. En tant que lecteur « de passage », nous pouvons d’ailleurs être rapidement déroutés par ces blogs car non concernés par leurs contenus. Il arrive notamment que des private jokes, des clins d’œil, des dédicaces soient adressés à certains lecteurs du blog. Il faut avoir développé le même univers de référence ou être de la même bande de copains pour les comprendre. C’est donc moins à un journal intime qu’à un carnet de l’amitié, que ressemble un blog d’adolescent. Des pages web sur lesquelles passions, marques d’affections amoureuses ou amicales, futilités et intérêts communs s’écrivent, se montrent, s’illustrent et s’échangent.

11Mais puisque, dès qu’un blog est mis en ligne sur Internet, il est rendu public, il est accessible à quiconque navigue sur la toile. Un blog adressé aux proches peut alors être lu par des inconnus. De la tribu, le blog passe à la communauté de tous les blogueurs, à la blogosphère. Ce phénomène est d’autant plus manifeste que le blog atteint un certain niveau de notoriété. La blogosphère, c’est cet espace, pas seulement technique – le réseau Internet – mais surtout social des blogueurs. Le blog devient alors un moyen de communication entre jeunes à l’instar des autres pratiques virtuelles et communicatives qu’ils ont l’habitude d’adopter. La blogosphère adolescente n’existe donc pas sous le monde d’un « on » indéfini et indéfinissable. Elle fait vivre un « nous », une communauté de jeunes qui se connaisse par ailleurs, à travers leurs autres pratiques d’Internet. Ensemble, ils discutent (messagerie instantanée), témoignent (forums, blogs) et partagent (musique, films, vidéos, photos). L’usage quasi systématique d’un langage SMS est la marque la plus symptomatique de cette « culture digitale ». Il s’agit d’un réflexe. Un réflexe communautaire. Les médias et les marques tirent d’ailleurs profit de ces outils de communications, spontanés, directs et séduisants pour s’ancrer et s’affirmer dans la culture jeune. Quel média au public jeune n’a pas créé au minimum son blog et au maximum une offre de service de blogging ? Donnons l’exemple de TF1 et de sa célèbre émission de télé-réalité Star Academy. Pour fidéliser son public entre les différentes saisons de l’émission, puisque cette dernière n’est diffusée qu’entre septembre et décembre, elle a notamment mis en place un portail d’expression en ligne : création de blogs, forums, chats avec les élèves de la promotion, etc. [11]. Ces blogs deviennent la déclinaison, plus souple, plus personnelle, des forums de fans qui leur pré-existaient. Davantage que parce qu’ils écrivent tous sur le même sujet, la production de Star Academy joue sur l’aspect communautaire par la dimension de proximité, voire de dialogue qui pourrait se créer entre les stars adorées et les fans adorants. Ce site officiel paraît être le meilleur espace de rencontre avec leurs stars puisque eux aussi y ont créé leurs blogs.

12Ainsi, les jeunes bloguent. C’est indéniable mais surtout les jeunes bloguent entre eux. Ils font s’adresser un Je à un Tu à l’intérieur d’un Nous. Ce Nous, qui s’inscrit dans une culture jeune et digitale. Un peu en autarcie. Un peu underground. Ce Nous qu’on connaît si peu, et dont on est responsable. Ainsi, une démarche comme celle de l’éducation aux médias, et principalement au média Internet, semble être propice pour rendre les jeunes responsables et critiques vis-à-vis de leur appropriation de la toile, et nous mettre nous-même à jour vis-à-vis de leurs habitudes virtuelles et communicatives. Rester dans le vent.

Des CRACS de l’Internet, l’exemple de BlogoMag

13La violence à la télévision a toujours inquiété les adultes responsables de jeunes et d’enfants. En quoi leur progéniture ou leurs élèves ne reproduiraient-ils pas les comportements et les situations diffusés par le petit écran ? En quoi sont-ils armés face à la sélection et au montage de l’information, à la distinction fiction/réel, à la puissance, voire au choc, des images ? C’est par ces questions que le secteur de l’éducation aux médias s’est fait majoritairement connaître en Belgique. La question du décryptage des images et des discours médiatiques (presse, radio et télévision) fut à l’origine de nombreux dossiers pédagogiques, d’actions également. Avec un même objectif : doter le jeune citoyen d’outils critiques vis-à-vis de l’environnement médiatique.

14Avec Internet, l’éducation aux médias se charge d’un nouvel enjeu. La démocratisation et la vulgarisation du média, et surtout la mise à disposition simple et « gratuite » d’outils d’expression et de production en ligne, placent le jeune dans une position d’acteur médiatique. Il n’est plus seulement consommateur (auditeur, lecteur ou spectateur), il devient producteur de contenus. Les missions d’une éducation au média Internet s’ouvrent donc au-delà d’une sensibilisation critique aux dangers du média, à un accompagnement dans l’appropriation critique des nouvelles technologies de l’information et de la communication ainsi qu’à un soutien dans la production de contenus et l’expression des jeunes.

15Et qui peut faire cet accompagnement ? L’enjeu sociétal de l’éducation aux médias concerne a priori tout le monde. Les parents, les enseignants, les politiques, les médias eux-mêmes, les frères aînés vis-à-vis de leurs cadets, les petits-enfants vis-à-vis de leurs grands-parents, etc. La mise en place de la démarche est cependant plus délicate, en tout cas en ce qui concerne Internet. En tant qu’adultes, nous pouvons être rapidement dépassés et déroutés par ces nouvelles pratiques de communication et d’expression. On parle de fracture générationnelle. Il reste pourtant indéniable que la société adulte ne peut baisser les bras, notamment parce qu’elle reste un pilier dans la transmission de valeurs éthiques et morales. Elle reste un repère. Pour ce faire, il devient essentiel aujourd’hui de connaître et de comprendre les pratiques culturelles et communicationnelles de nos jeunes sans les bannir ni se les approprier afin qu’un dialogue puisse s’instaurer entre parents et enfants, entre enseignants et élèves.

16Déjà en tant qu’adultes, mais davantage en tant qu’organisations qui proposent des services et des activités avec les jeunes et pour les jeunes, et qui les représentent, les organisations de jeunesse ont alors tout leur rôle à jouer dans le secteur de l’éducation aux médias. Elles ont pignon sur rue sur la culture jeune, y compris la culture médiatique et se doivent de « rester dans le vent » vis-à-vis des pratiques de loisirs tout autant que des interrogations sociétales de leurs publics. Car c’est avec eux et pour eux que les organisations de jeunesse développent des activités leur permettant d’adopter une attitude CRACS, un comportement Citoyen Responsable Actif Critique et Solidaire.

17Dans le paysage des organisations de jeunesse en Communauté française de Belgique, l’association Action Ciné Médias Jeunes s’inscrit dans ces missions d’éducation aux médias. Considérant que le jeune doit trouver et prendre sa place dans la société, il est nécessaire qu’il la comprenne, et cela notamment via l’éclairage donné par les médias. Dans cette optique, elle développe non seulement une éducation des jeunes aux médias à travers l’éveil critique aux contenus médiatiques et à la production de ces contenus mais favorise également une expression citoyenne des jeunes dans la société par des productions médiatiques de tout ordre. Parmi ses projets, BlogoMag, le magazine critique de blogging rencontre un vif succès. Basé sur les principes d’une inter-éducation (partage d’informations et débats) et d’une écriture collaborative (le site est à multi-rédacteurs), BlogoMag [12] est un blog sur les blogs rédigé par les jeunes et pour les jeunes. Il a non seulement pour objectifs la sensibilisation et l’accompagnement des jeunes dans leurs pratiques de recherches, d’expression et de communication en ligne, mais il poursuit également un but de valorisation de l’expression, de la parole des jeunes en ligne. Ces objectifs sont visés par le site lui-même, et également à travers les ateliers de sensibilisation mis en place dans les établissements scolaires ou les infrastructures extrascolaires ; ou via la diffusion d’une expertise sur le phénomène du blogging adolescent dans les formations d’adultes, les colloques, les médias, etc.

18Par ce projet, on remarque que les jeunes internautes sont à la recherche d’informations principalement axées sur la « technicité » des blogs, et du web en général (comment mettre des images, comment décorer son blog, etc.). Cela rejoint notre hypothèse que si les jeunes sont des grands utilisateurs de la toile, ils restent cependant très peu informés sur son mode de fonctionnement, et demeurent démunis au premier obstacle technique. Par contre, par les commentaires laissés sur BlogoMag ou dans leurs blogs, nous remarquons qu’ils développent contre tout a priori, une certaine réflexivité critique sur leurs pratiques. Cette réflexivité est cependant plus de l’ordre de la constatation que de la remise en question.

19En conclusion, les blogs, ce n’est rien de vraiment intime. Rien de tout à fait public, ni de tout à fait privé. Pas que du narcissisme. Pas que des discours égocentriques. C’est surtout une interface provisoire de relation avec les autres. De communication avec les autres. Alors, communiquons ! Car l’enjeu est important. Il s’agit d’amener nos jeunes cracks du web à devenir des CRACS de l’Internet.


Mots-clés éditeurs : blogs, éducation aux médias, Internet, expression, jeunes, communauté, communication

Mise en ligne 01/04/2007

https://doi.org/10.3917/pp.014.0045

Notes

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