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Article de revue

La franc-maçonnerie parisienne (1852-1870)

Pages 98 à 115

Notes

  • [1]
    Encyclopédie Larousse, t. IV, Paris, Larousse, 1962, pp. 240-241.
  • [2]
    Daniel Ligou, notice « Grand Orient de France », in Daniel Ligou, Dictionnaire de la franc-maçonnerie, Paris, PUF, 1991, pp. 543-544.
  • [3]
    Paul Naudon, notice « France », in Daniel Ligou, op. cit., p. 482.
  • [4]
    Gérard Galtier, Maçonnerie égyptienne, Rose Croix et Néo chevalerie, les fils de Cagliostro, Monaco, Éditions du Rocher, 1989, p. 141. Ce Rite aurait eu également des racines remontant à 1815 avec la loge les « disciples de Memphis ».
  • [5]
    Serge Caillet, La Franc-maçonnerie égyptienne de Memphis-Misraïm, préface de Robert Amadou, Paris, Dervy, 2003, p. 92.
  • [6]
    Bibliothèque Nationale de France, Département des Manuscrits [puis BNF, DdM], FM Impr 4072, Acte de fondation de la société civile dépendant du Grand Orient.
  • [7]
    Daniel Ligou, notice « Decazes », in Daniel Ligou, op. cit., p. 344.
  • [8]
    Charles-Henry Chevalier, notice « Viennet », in Daniel Ligou, op. cit., p.1243.
  • [9]
    Calendrier Maçonnique du Grand Orient de France, Paris, A. Lebon, 1857, 216 p.
  • [10]
    Id., 1868, 288 p.
  • [11]
    BNF, DdM, archives de la loge « saint Lucien », archives internes, Règlements intérieurs adressés au Grand Maître en son Conseil, avril 1857. La constitution de la loge date du 14 septembre 1852.
  • [12]
    BNF, DdM, FM2 634, archives de la loge « saint Lucien », Tableau de 1853.
  • [13]
    Éric Anceau, notice « Léopold Javal », in Éric Anceau, Dictionnaire des députés du Second Empire, Rennes, PUR, collection Carnot, 1999, pp. 191-192. Léopold Javal est élu au Conseil général de la Gironde en 1852 et devient député de l’Yonne en 1857.
  • [14]
    BNF, DdM, FM2 607, archives de la loge « Bonaparte », Tableaux de la loge. On relève au moins cent trois membres pour 1852 et cent cinquante pour 1859-1860. L’effectif retombe par la suite avec cent membres en 1869 et soixante seulement en 1870.
  • [15]
    BNF, DdM, FM2 607, archives de la loge « Bonaparte », Tableaux de la loge.
  • [16]
    François Collaveri, Napoléon, Empereur franc-maçon, Paris, Bibliothèque Napoléonienne, Tallandier, pp. 17-20.
  • [17]
    BNF, Hp 1553, Réponse à la circulaire de son excellence le maréchal Magnan, Grand Maître du Grand Orient de France en date du 30 avril 1862 (extrait du Livre d’or du Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté), pp. 15-30.
  • [18]
    Calendrier Maçonnique du Grand Orient de France, Paris, A. Lebon, 1870, 288 p.
  • [19]
    BNF, DdM, FM Impr 2393, Tableau général des Maçons et des ateliers des divers degrés en activité sous l’obédience du Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté, Paris, A.Hennuyer, 1870, 55 p. On peut ajouter à cette liste quatre loges de banlieue proche comme les « Hospitaliers de saint Ouen », « Union et Bienfaisance » de Gentilly, les « Cœurs Indivisibles » de Montrouge, le « Réveil Maçonnique » de Boulogne sur Seine.
  • [20]
    La loge les « Frères Unis Inséparables » a été fondée en 1824 mais sa filiation remonte aux « Frères Unis » qui existaient en 1804 et qui elle-même était liée à la loge militaire les « Trois Frères Unis » active en 1787.
  • [21]
    Grande Loge de France, archives de la loge les « Élus d’Hiram ».
  • [22]
    BNF, DdM, FM2 620, archives de la loge la « Fraternité des Peuples », Tableau pour 1861-1862.
  • [23]
    BNF, DdM, FM2 604, archives de la loge « l’Avenir », Tableau de 1869.
  • [24]
    BNF, DdM, FM2 2393, Tableau général des maçons et des ateliers des divers degrés en activité sous l’obédience du Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté, Paris, Imprimerie Donnaud, 1870, 55 p.
  • [25]
    Roger Serreules, Cent vingt ans d’Histoire de l’orphelinat maçonnique (1862-1980), Humanisme n°136, juin 1980, 113 p.
  • [26]
    BNF, DdM, FM2 642, archives de la loge les « Trinosophes de Bercy », Tableau de la loge pour 1854.
  • [27]
    BNF, DdM, FM2 612, archives de la loge « Concordia »,Tableaux de la loge.
  • [28]
    BNF, DdM, FM2 622, archives de la loge « Henry IV », Tableau de 1865-1866.
  • [29]
    BNF, DdM, FM2 615, archives de la loge « l’École Mutuelle », Discours du président de la loge Georges Coulon, daté du 19 janvier 1869.
  • [30]
    Mémorandum du Rite Écossais Ancien et Accepté, année 1866, n°31, Commission Administrative et Exécutive du 6 juin 1866, p. 4.
  • [31]
    Bulletin Officiel du Grand Orient de France, numéro de décembre 1864, p. 508. On peut préciser qu’un employé est pris à plein temps pour s’occuper de la bibliothèque et notamment faire le catalogue.
  • [32]
    BNF, DdM, FM2 597, archives de la loge les « Amis de l’Humanité », archives internes, Lettre de l’orateur de la loge, reçue au Grand Orient le 28 octobre 1864.
  • [33]
    BNF, DdM, FM2 596, archives de la loge les « Amis de l’Ordre », Correspondance avec le Grand Orient, Lettre datée du 17 avril 1859.
  • [34]
    BNF, DdM, FM2 596, archives de la loge les « Amis de l’Ordre », Correspondance avec le Grand Orient, Lettre datée du 23 août 1865.
  • [35]
    BNF, DdM, FM2 622, archives de la loge « Henry IV », Archives internes.
  • [36]
    Grande Loge de France, archives de la loge les « Élus d’Hiram », Tenue extraordinaire du samedi 13 mars 1869. La loge se rapproche la même année des loges le « Héros de l’Humanité » et de la « Renaissance par les Émules d’Hiram ».
  • [37]
    Le Monde Maçonnique, mai 1859, p. 50.
  • [38]
    Bulletin Officiel du Grand Orient de France, juillet août 1870, n°5-6, pp. 345-346.
  • [39]
    Bulletin Officiel du Grand Orient de France, juillet août 1879, n°5-6, p. 329.
  • [40]
    Archives Nationales [puis A. N.], 369 AP1, Fonds Crémieux, Circulaire du Rite Écossais Ancien et Accepté daté de Paris, 26 août 1870.
  • [41]
    Memorandum du Rite Écossais Ancien et Accepté, année 1870, Décision de la Commission administrative du 12 décembre 1870.
  • [42]
    A. N., 369 AP1, Fonds Crémieux, Lettre de la loge « Anglaise n°204 » adressée à madame Crémieux. Cette lettre qui rend hommage à la jeune République précise aussi que la loge « Anglaise n°204 » a crée elle aussi une ambulance maçonnique.
  • [43]
    Gisèle et Yves Hivert-Messeca, Comment la Franc-Maçonnerie vint aux femmes, deux siècles de Franc-Maçonnerie féminine et mixte en France 1740-1940, Paris, Dervy, 1997, 392 p. Rappelons qu’une loge d’adoption est une loge composée de « sœurs » mais est en fait rattachée à une obédience grâce à une loge masculine qui la « parraine ». Ce système permet de contourner les Constitutions d’Anderson, texte de référence de la maçonnerie spéculative, qui réserve la maçonnerie aux hommes.
  • [44]
    Jean Mourgues, notice « candeur », in Daniel Ligou, op. cit., p. 194.
  • [45]
    Daniel Ligou, notice « Neuf sœurs », in Daniel Ligou, op. cit., pp. 845-847.
  • [46]
    François Collaveri, Napoléon, Empereur franc-maçon, Paris, Tallandier, 1986, p. 22. L’auteur précise que Joséphine de Beauharnais aurait été initiée à Strasbourg alors que son premier mari Alexandre y tenait garnison. Un peu plus tard, en 1805, une « cérémonie maçonnique » a eu lieu dans la même ville avec Joséphine devenue Impératrice et des « dames de sa cour » qui devaient être initiées.
  • [47]
    Jean Marie Ragon, Manuel complet de la maçonnerie d’adoption ou maçonnerie des dames, Paris, Collignon, 1861, 152 p.
  • [48]
    Gisèle et Yves Hivert-Messeca, Comment la franc-maçonnerie vint aux femmes, deux siècles de franc-maçonnerie d’adoption féminine et mixte en France (1740-1940), Paris, Dervy, 1997, p. 190.
  • [49]
    Daniel Ligou, notice « Riche-Gardon », in Daniel Ligou, op. cit., p. 1017.
  • [50]
    Gisèle et Yves Hivert-Messeca, op. cit., pp. 216-218.
  • [51]
    BNF, DdM, FM1 304, archives de Misraïm, archives de la Grande Loge d’Adoption, Registre d’Inscription pour 1856.
  • [52]
    BNF, DdM, FM1 304, archives de Misraïm, archives de la Grande Loge d’Adoption, Livre d’adresse pour les sœurs membres actives ou libres pour 1857-1858.
  • [53]
    L’œuvre poétique de Marie Plocq de Berthier est très classique et on lui doit des recueils comme les Hirondelles (1848) ou encore Les villes de France et leurs gloires (1857). Elle reçoit en 1853 de l’Impératrice une médaille d’argent pour ses talents littéraires. En 1857, cette poétesse rédige un long poème en quatre parties à la gloire de l’Empereur.
  • [54]
    BNF, DdM, Fichier Bossu, Notice Plock de Berthier. Marie Plocq de Berthier serait l’épouse du comte de Berthier, colonel d’Empire.
  • [55]
    Jenny P. d’Héricourt est l’auteure du livre La Femme affranchie et s’est opposée avec fermeté aux idées sexistes de Proudhon sur les femmes.
  • [56]
    Le Monde Maçonnique, septembre 1868, p. 275.
  • [57]
    BNF, DdM, FM2 642, archives de la loge « le Travail », archives internes, Lettre de Colfavru (1868).
  • [58]
    Grande Loge de France, carton « Élus d’Hiram », n°145, Banquet du 25 juillet 1868, Discours de Massol.
  • [59]
    La Solidarité, journal des principes, 2ème année, 1868, n°5.
  • [60]
    Léon Richer est aussi le fondateur du journal Le Droit des Femmes.
  • [61]
    A. N., F 17 6683, Ministère de l’Instruction Publique, Cours Publics du Grand Orient, Rapport du 18 avril 1866, Lettre du vice recteur.
  • [62]
    BNF, DdM, FM2 615, archives de la loge « l’École Mutuelle », archives internes, Rapport fait à la loge « l’École Mutuelle » sur sa situation au 1er janvier 1869 écrit par Georges Coulon.
  • [63]
    BNF, Hp 474, Discours prononcé par la sœur Victorine Hennon à la fête de la saint Jean d’été de la loge « l’Alliance », le 15 juillet 1855, Paris, Imprimerie Bernard et Cie, 1855, 4p. Hp 475, Discours prononcé par la sœur Victorine Hennon à la fête de la saint Jean d’été de la loge « l’Alliance », le 27 juillet 1856, Paris, Imprimerie Benard et Cie, 1856, 4 p.
  • [64]
    BNF, Hp 365, Discours prononcé par la sœur Victorine Hadol à la fête de la saint Jean d’été de la loge « l’Alliance », 29 juillet 1869, Paris, typographie Allard, 1869, p. 2.
  • [65]
    A. N., Ministère de l’Instruction Publique, Cours publics du Grand Orient, Programme pour 1867.
  • [66]
    Ibidem. En janvier 1867, le programme établi prévoit une intervention sur « nos principes et nos mœurs ».
  • [67]
    Le Moniteur Universel, vendredi 18 octobre 1861, p. 1.
  • [68]
    Jacques Lemaire, L’antimaçonnisme, aspects généraux (1738-1898), Paris, Éditions maçonniques de France, collection Encyclopédie Maçonnique, 1999, 128 p. On peut noter, comme le précise l’auteur, que plusieurs textes issus de la papauté ont régulièrement condamné la maçonnerie dont, par exemple, le Quo Graviora de Pie VII (1825).
  • [69]
    Jacques-Olivier Boudon, Paris, capitale religieuse sous le Second Empire, Paris, Cerf, 2001, 560 p., pp. 472-473. Cette lettre n’a été rendue publique qu’en 1868. Jacques-Olivier Boudon souligne que cette missive est aussi une condamnation personnelle à l’égard de l’archevêque parisien dont le pape a peu apprécié le discours au Sénat (16 mars 1865) et l’attitude générale.
  • [70]
    Archives de l’Archevêché de Paris, 8° J 100 197 I, Lettre de Pie IX à Monseigneur Darboy, archevêque de Paris, Rome, Tip Cooperativa Diocleziana, 1914, p. 20.
  • [71]
    Monseigneur de Ségur, Les Francs-Maçons, ce qu’ils sont, ce qu’ils font, ce qu’ils veulent, Paris, Tolra et Haton, 1867, 104 p.
  • [72]
    BNF, DdM, FM1 92 bis, projets de constitution envoyés au Grand Orient, Projets de « la Clémente Amitié » et de « Mars et les Arts ».
  • [73]
    La Chaîne d’Union, n°du 1er décembre 1864, p. 2.
  • [74]
    Grande Loge de France, archives de la loge « les Élus d’Hiram », n°145, Tenue du 26 mars 1869.
  • [75]
    Bulletin du Cercle Parisien de la Ligue de l’Enseignement, août 1870, bulletin n°3, Seine-et-Oise, Imp. O. Petit, 1870, 31p., pp. 1-24. Parmi les souscripteurs, on trouve Georges Coulon, Charles Sauvestre, Léon Richer, Joséphine Marchef-Girard…
  • [76]
    La Chaîne d’Union, 1er mai 1866, n°38.
  • [77]
    BNF, DdM, FM2 606, archives de la loge « Bonaparte », archives internes, Tenue du 17 janvier 1866.
  • [78]
    Bulletin du Gand Orient, octobre 1865, n°8, pp. 515-516.
  • [79]
    A. N., CC 478/7, pétitions au Sénat, pétition n°258, enregistrement au bureau des pétitions du 28 avril 1857, Manuscrit du 28 avril 1856 sur « l’industrie amenée aux conditions de l’ordre moral », p. 1.
  • [80]
    A. N., CC/ 479/2, pétitions au Sénat, Session 1859, Pétitions n°260 à 290. Rappel de l’ordre du jour de la séance du 17 mai 1858 et pétition de Proudhon au Sénat du 1er juin 1858.
  • [81]
    A. N., C 4176, Assemblée Nationale, Pétition de Jules Simon, pétition n°1516.
  • [82]
    Loge « le Progrès » (ancienne « Mars et les Arts »), Fête solsticiale du 14 mars 1869, Discours de Jules Simon et Bancel, pp. 13-36.
  • [83]
    Grande Loge de France, archives de la loge « les Élus d’Hiram », n°145, Tenue du 4 mai 1870.
  • [84]
    Pierre Chevallier, Histoire de la Franc-Maçonnerie française, tome 2, La Maçonnerie, missionnaire du libéralisme (1800-1877), Paris, Fayard, p. 489. Participent aussi Eugène Pelletan, Garnier-Pagès, Rochefort, Crémieux, Gambetta, Arago, Ernest Picard. Babaud-Laribière est préfet de la Charente.
  • [85]
    André Combes, Les Élus francs-maçons de la Commune de Paris, in Chroniques d’Histoire Maçonnique, n°27-28, 2e semestre 1981, Institut d’Étude et de Recherches Maçonniques, pp. 24-33, p. 25.
  • [86]
    André Combes, in Éric Saunier, notice « Commune de Paris », Encyclopédie de la franc-maçonnerie, Paris, Le Livre de Poche, la Pochothèque, 2002, pp. 162-165.

1L’Encyclopédie Larousse définit la franc-maçonnerie comme une « association en partie secrète, de personnes qui professent des principes de fraternité, se reconnaissent entre elles à des signes et à des emblèmes, et se divisent en groupes appelés loges. » [1]

2À l’époque du Second Empire, plusieurs obédiences sont en présence en France. Il y a tout d’abord le Grand Orient dont les origines remontent à 1773. [2] On trouve ensuite le Rite Écossais Ancien et Accepté qui s’est structuré en 1804 puis en 1821 avec un Suprême Conseil de France organisé par Decazes. [3] Il existe aussi le Rite de Memphis créé vers 1838 par Marconis de Nègre [4] et le Rite de Misraïm fondé vers 1814 par les frères Bédarride [5].

3Sous le Second Empire, Paris apparaît comme la « capitale » de la franc-maçonnerie française. Les loges parisiennes sont au cœur d’une sociabilité complexe où les actions philanthropiques occupent une place de choix. Le Second Empire est, en outre, propice à la montée de diverses formes de contestations.

Paris, capitale de la franc-maçonnerie

4Ainsi Paris s’impose comme une capitale de la franc-maçonnerie et ceci pour plusieurs raisons. C’est d’abord un lieu de forte centralisation. On peut noter ici, par exemple, l’achat par le Grand Orient, en août 1852, des locaux situés au numéro seize de la rue Cadet et qui servent de lieu de réunion unique pour toutes les loges parisiennes dépendant de cette obédience. [6] Inscrite dans l’espace, la centralisation l’est aussi dans les structures et Paris est le lieu où siègent les organes de direction. À la tête de ceux-ci, se trouvent de fortes personnalités occupant une place non négligeable au sein de la vie parisienne. Le Second Empire voit la renaissance pour le Grand Orient de la Grande Maîtrise qui est d’abord confiée à Lucien Murat, un proche de l’Empereur, qui est remplacé en 1862 par le maréchal Magnan. À la mort de celui-ci, en 1865, c’est le général et sénateur Émile Mellinet qui prend la succession suivi en 1870 par l’avocat Babaud-Laribière. Du côté du Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté, la fonction du Très Puissant Souverain Grand Commandeur Grand Maître est occupée par des personnalités marquantes. C’est Élie duc Decazes qui occupe cette dignité jusqu’en 1860. Né en 1780, il a été magistrat sous le Premier Empire puis s’est rallié à la Restauration. Il a occupé les fonctions de préfet de police et de ministre de la police générale mais a aussi été ambassadeur à Londres. Membre de la Chambre des Pairs, il est également connu pour avoir, en tant qu’homme d’affaires, encouragé les activités industrielles de l’Aveyron [7]. Son successeur n’est autre que l’académicien Jean Pons Guillaume Viennet qui a été Pair de France sous Louis Philippe mais qui a aussi eu une carrière d’homme politique et de militaire [8]. En 1868, Viennet est remplacé par le banquier Benedict Allegry qui laisse la place en 1869 à l’avocat Adolphe Crémieux.

5Le poids des notables parisiens se remarque aussi, en général, au sein des instances dirigeantes. Au Grand Orient, par exemple, la période est marquée par une relative stabilité du personnel dirigeant et l’on croise régulièrement des figures telles que Bugnot, Alfred Blanche, Desanlis, Caignard de Saulcy… En 1857, toujours au Grand Orient, quelques 90 % des membres du Conseil du Grand Maître sont domiciliés à Paris. [9] En 1868, 51 à 50 % des membres du Conseil de l’Ordre habitent ailleurs que dans la capitale ce qui marque ici une évolution à prendre en compte pour la représentation parisienne. [10]

6Lieu de centralisation, la franc-maçonnerie parisienne entretient également des relations ambiguës avec le pouvoir impérial. Celui-ci est, tout d’abord, particulièrement honoré au début du régime. Au Grand Orient, par exemple, une délégation se rend le 10 janvier 1852 auprès de Lucien Murat pour lui offrir la Grande Maîtrise. La même obédience voit, de plus, la naissance de deux loges proches du pouvoir : les loges « saint Lucien » et « Bonaparte ». Constituée en septembre 1852 [11], la loge « saint Lucien », qui porte le prénom du nouveau Grand Maître, est une loge très fermée dont Murat est le vénérable d’honneur. On y retrouve des proches du pouvoir [12] tels que les avocats Berville et Desanlis, l’architecte contrôleur aux Invalides Bugnot, le baron de Chassiron qui est maître des requêtes au Conseil d’État, l’ancien parlementaire d’Avigdor, le banquier Javal [13], Joachim Murat, le fils du Grand Maître. Par la suite diverses personnalités rejoignent la loge comme Alfred Blanche, secrétaire général au Ministère d’État, le numismate Caignard de Saulcy, le pharmacien Réxès, le sénateur comte d’Artenne, le baron de Vincent, conseiller d’État…

7La loge « Bonaparte », quant à elle, est fondée en octobre 1852. Elle est plus importante numériquement que la précédente. [14] On y trouve les Murat, père et fils, mais aussi Jérôme et Pierre Bonaparte parmi les membres d’honneur tout comme des membres de cours européennes comme Oscar Ier, roi de Norvège, des membres des cours de Suède et du Danemark [15]. Sont inscrits également des employés de plusieurs ministères, le préfet de police Pietri ainsi que son chef de cabinet et son chef de bureau. Conneau, médecin de Napoléon III, appartient à cette loge. On relève, de plus, une bonne participation de la Garde Impériale et des Guides de la Garde Impériale dont certains sont musiciens et forment une colonne d’Harmonie propre à l’atelier.

8Les loges « saint Lucien » et « Bonaparte » dont les noms évoquent le pouvoir impérial rappellent que la famille Bonaparte est très liée à la franc-maçonnerie. On peut ainsi penser sous le Premier Empire à l’affiliation de Joseph, Jérôme, Lucien et Louis. Du côté des Beauharnais, on peut ajouter Alexandre, Eugène et Joséphine elle-même [16]. La question de l’appartenance maçonnique de Napoléon III reste entière tout comme pour son oncle illustre. L’absence de diplôme ne permet pas, en effet, de valider une telle hypothèse. On peut pencher cependant pour une certaine sympathie de l’Empereur Napoléon III envers la franc-maçonnerie à laquelle certains de ses proches appartiennent comme Conneau.

9Le pouvoir impérial a pu se montrer interventionniste dans la vie des obédiences. C’est le cas pour la nomination du nouveau Grand Maître du Grand Orient le 11 janvier 1862 qui clôt une pénible querelle entre Murat et le prince Napoléon : c’est finalement le maréchal Magnan qui est directement désigné par l’Empereur. Les loges parisiennes ont pu également vivre des rapports contraignants avec le pouvoir. Le cadre est ainsi contrôlé et les rapports de police attestent de la surveillance de certains maçons. De plus, toutes les réunions hors des locaux habituels doivent être déclarées auprès de la Préfecture. En 1862, Paris est le siège d’une tentative d’unification des obédiences menée par Magnan à la tête du Grand Orient. Si le Rite de Memphis se rallie, il n’en est pas de même pour celui de Misraïm ni pour le Rite Écossais Ancien et Accepté. Ce dernier résiste sous l’égide énergique de Jean Pons Guillaume Viennet qui en appelle même à l’Empereur [17] et en juin le projet est abandonné.

10Paris apparaît aussi comme une « capitale » de la franc-maçonnerie de par le nombre important de ses loges à l’échelle nationale. En 1870, le Grand Orient compte ainsi cinquante loges pour Paris [18] tandis que le Rite Écossais a quelques vingt neuf ateliers. [19] Ce poids numérique fait de Paris une exception très loin devant Bordeaux, Lyon, Marseille ou Rouen. La capitale est aussi un lieu d’ancrage fort pour des loges qui peuvent être anciennes comme les « Frères Unis Inséparables » ou encore « Isis Montyon » au Grand Orient. [20] Les effectifs des loges parisiennes oscillent en moyenne autour de cinquante-six membres mais ce chiffre camoufle de fortes inégalités. Ainsi on trouve des ateliers très fréquentés comme les « Élus d’Hiram » qui ont deux cent quatre-vingts inscrits en 1856 [21] ou la « Fraternité des Peuples » [22] qui a quelques deux cent quatorze inscrits en 1861-1862. Globalement, on assiste à un mélange des générations au début de la période mais il se produit progressivement une poussée des inscrits nés dans les années 1820-1830. En 1869, par exemple, 88 % des membres de la loge « l’Avenir » sont nés entre 1816 et 1848. [23] Globalement, les natifs de Paris sont peu nombreux au sein des loges de la capitale. Ils représentent, en effet, environ 10 % des effectifs. Cette singularité reflète bien, par ailleurs, la réalité d’une ville croissant sous l’impulsion de l’exode rural. La localisation des loges est difficile à établir du fait de la centralisation de leurs lieux de réunion. On peut relever néanmoins qu’au Rite Écossais Ancien et Accepté environ 82 % des vénérables sont domiciliés rive droite en 1870. [24] La composition socioprofessionnelle laisse apparaître certaines originalités. Ainsi quelques 60 % des inscrits sont liés aux métiers de l’artisanat et du commerce. Des notables nombreux participent aux loges qu’ils soient rentiers, avocats, médecins, commerçants, artisans ou militaires. Des personnalités politiques participent aussi à la vie des ateliers et on peut signaler notamment la présence de députés comme Eugène Pelletan, Paul Bethmont, Abel Planat, Jules Simon, Léon Gambetta, Paul de Jouvencel, Léopold Javal. Des sénateurs sont aussi affiliés avec, par exemple, Lucien Murat, Jérôme Napoléon, Joseph Poniatowski, le général Mellinet, Joseph François d’Artenne…

11Les loges parisiennes, par plusieurs aspects, allant de leur nombre à leur composition en passant par les rapports avec le pouvoir en place, contribuent à faire de Paris une capitale de la franc-maçonnerie. Elles sont aussi au cœur d’une sociabilité complexe.

Une sociabilité complexe

12Les ateliers parisiens sont d’abord des unités singulières et réglementées. Chacun a un cadre matériel plus ou moins riche tandis que tous doivent être fidèles aux Constitutions, Statuts et Règlements en vigueur dans chaque obédience. Le rythme de recrutement interne est variable et pallie les décès, départs et déplacements. Les candidats doivent en général avoir vingt et un an sauf pour les fils de francs-maçons qui peuvent être accueillis à dix-huit ans. Des conditions plus culturelles peuvent être exigées comme savoir lire et écrire, par exemple. Les enquêtes préalables sont plus ou moins poussées. Les loges parisiennes tissent entre elles des liens de solidarité nombreux. Il existe, en effet, une philanthropie interne forte. Elle s’exprime par des œuvres d’envergure comme l’orphelinat maçonnique, par exemple [25]. Les archives des ateliers recèlent aussi diverses demandes de secours autour de membres nécessiteux ou ayant à faire face à des drames particuliers. Toute une sociabilité se met en place au rythme des tenues et des fêtes dont certaines peuvent être opulentes. On peut retrouver aussi au sein d’une même loge divers points communs qui peuvent créer des liens particuliers. Au sein de la loge les « Trinosophes de Bercy » notamment, il existe des solidarités locales entre les membres recrutés dans les mêmes secteurs géographiques. C’est ainsi qu’ en 1854, sur trente-six membres, quatorze habitent rue du Port de Bercy. [26] On peut aussi citer l’atelier « Concordia » fondé en 1867 par plusieurs francs-maçons nés en Allemagne et soucieux de créer à Paris une loge spécifiquement ouverte aux membres de langue germanique. [27] Des liens familiaux peuvent exister également comme dans la loge « Henry IV » où se côtoient quatre membres de la famille Baute. [28] Au sein de la loge « l’École Mutuelle », les excursions de famille sont encouragées par Coulon ainsi que les repas organisés avec d’autres présidents d’ateliers avec lesquels règne une « étroite communauté d’idées » [29]. Les obédiences sont aussi des lieux de culture commune. Le Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté gère un fonds d’archives et, en 1866, concède un local à Jacquetan pour y organiser une bibliothèque. [30] Le Grand Orient essaie aussi, dans les années 1860, d’organiser une bibliothèque importante. Charles Fauvety en a la responsabilité en 1864. Il se lance dans une politique d’acquisitions et propose un élargissement des horaires avec une ouverture de 19h à 22h. [31] Les loges, de leur côté, n’hésitent pas à recourir à la publication des discours leur semblant importants. Lieux de culture commune, les ateliers peuvent avoir à faire face à des obstacles divers.

13Ils peuvent connaître des difficultés financières mais aussi des problèmes d’absentéisme ou de baisse des effectifs. Des dissensions internes peuvent surgir également. Ainsi, des querelles de personnes entraînent une baisse d’enthousiasme et des démissions au sein de la loge des « Amis de l’Humanité » à Montrouge. [32] Des soucis plus matériels interviennent aussi comme pour la loge les « Amis de l’Ordre » qui, en 1859, se plaint du bruit lors de ses réunions [33] et qui, en 1865, veut avoir des locaux plus vastes [34].

14Les loges entretiennent diverses relations entre elles. Elles peuvent s’affilier entre elles selon un rythme variable. La loge « Henry IV », par exemple, compte ainsi cinq loges affiliées en 1857 ce qui est un chiffre plus élevé que la moyenne. [35] Du côté du Suprême Conseil, les exemples sont moins nombreux. L’obédience n’a, semble-t-il, pas encouragé cette pratique. On trouve néanmoins ponctuellement quelques loges qui nomment, surtout dans les années 1860, des « garants d’amitié » auprès d’autres ateliers. On peut citer ici le cas très particulier des « Élus d’Hiram » qui, en 1869, a choisi d’être représentée auprès de la « Mutualité », des « Hospitaliers de saint Ouen », de l’ « Étoile Polaire » [36]. La pratique de l’affiliation se fait d’abord pour les loges de la capitale dans le cadre parisien. Cette mise en relation des loges parisiennes entre elles favorise une sociabilité accrue notamment lors de grandes circonstances. Les occasions de rencontre se présentent pour les loges lors des fêtes mais aussi durant les convents. Les « visiteurs » permettent aussi de multiplier les contacts. La presse maçonnique, en outre, forte d’une vingtaine de titres, relaie efficacement les nouvelles des loges parisiennes. Celles-ci entretiennent aussi des relations avec les ateliers provinciaux qui peuvent faire partie, pour le Grand Orient, des affiliations. On peut noter à ce propos une tendance existant au sein des ateliers de la capitale à considérer les loges provinciales comme des gardiennes de la tradition maçonnique. François Favre explique ainsi en 1859 dans le journal Le Monde Maçonnique que face aux soubresauts parisiens la « Maçonnerie est toujours mieux pratiquée et souvent mieux comprise en province qu’à Paris » [37]. Le monde rural est souvent, au gré des discours à son propos, dépeint comme un univers à conquérir et à instruire tandis que les loges parisiennes apparaissent davantage comme des moteurs de réflexion. La franc-maçonnerie parisienne entretient des relations avec le monde profane mais celles-ci sont parcellaires. Le secret qui accompagne les pratiques maçonniques contribue notamment à limiter les contacts avec le public. Dans un contexte général pas toujours favorable, la franc-maçonnerie s’attache à montrer une image plus positive. La philanthropie est l’une des manières par lesquelles elle rend son action publique. Ces interventions peuvent se dérouler dans des cadres exceptionnels comme en 1866 pour les inondations ou encore durant la guerre de 1870 qui a mobilisé particulièrement les obédiences. Pour cette dernière, le Grand Maître du Grand Orient, François Léonide Babaud-Laribière, lance d’abord une souscription maçonnique internationale « dont le produit sera employé à secourir tous les blessés et à venir en aide aux Maçons des armées de terre et de mer et à toutes leurs familles, sans distinction d’origine ». [38] Rappelons aussi que le Grand Orient installe une ambulance pour les blessés, établie à l’hôtel de la rue Cadet, qui a une capacité de soixante lits et l’assistance d’un personnel médical. En août 1870, un appel général est encore lancé auprès des loges pour collecter de l’argent, du linge, des provisions de bouche, du vin, du tabac… [39]

15Le Souverain Grand Commandeur Grand Maître du Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté, Adolphe Crémieux, rédige aussi un texte mobilisateur et dans une circulaire du 26 août 1870 rappelle que « ..la Maçonnerie a un devoir d’humanité à remplir. » [40] En décembre 1870, une somme de deux mille francs est encore mobilisée par la Commission administrative, dont la moitié sert à financer une ambulance internationale et l’autre moitié une ambulance de la presse. [41] Crémieux reçoit aussi un don de mille francs accordé par la loge bordelaise « Anglaise n°204 » pour aider les « malheureux soldats prisonniers en Allemagne » et « autant que possible » les francs-maçons qui en font partie. [42]

16Outre ces actions d’envergure, souvent associées à des contextes exceptionnels, la franc-maçonnerie parisienne s’est aussi investie dans des actes de soutien plus quotidiens mais non négligeables néanmoins. Le soutien à l’enfance se retrouve ainsi régulièrement dans les préoccupations des loges par des aides nombreuses accordées aux orphelins. On peut souligner dans ce domaine, par exemple, les efforts accomplis par la loge des « Frères Unis Inséparables ».

17Plus ou moins investis dans les actions philanthropiques, les loges parisiennes sont au cœur d’une sociabilité complexe et se retrouvent souvent, surtout dans les années 1860, prises entre continuités et changements.

Les loges parisiennes, prises entre continuités et changements

18Le premier domaine que l’on peut évoquer ici concerne les relations entretenues entre la franc-maçonnerie et les femmes. Paris, à la fin du XVIIIe siècle, est ici un foyer historique pour les loges d’adoption [43] avec des ateliers comme « la Candeur » [44], les « Neuf Sœurs » [45] en 1776-1777 ou encore le « Contrat Social » en 1780. Le Premier Empire connaît, après la Révolution, une renaissance de ce rituel notamment sous l’impulsion de Joséphine. [46] Des fêtes d’adoption particulièrement brillantes ont régulièrement lieu souvent autour de loges parisiennes. [47] Par la suite, cette effervescence semble retomber même si on retrouve quelques noms de loges cités comme la « Clémente Amitié » sous la Restauration mais aussi pendant la Monarchie de Juillet. Il faut souligner, en 1838, la création par l’obédience de Misraïm d’une Grande Loge d’adoption qui existe toujours sous le Second Empire. [48] Sous ce dernier, les loges d’adoption connaissent une évolution générale vers un modèle « festif » lié le plus souvent à des baptêmes maçonniques. On peut citer cependant l’exemple original de la loge du « Temple des familles » qui pratique une maçonnerie d’adoption « familiale » qu’on peut aussi qualifier « d’organisation para-maçonnique mixte » [49]. Cet atelier accueille ainsi une vingtaine de personnalités féminines plutôt « bourgeoises aisées, cultivées et féministes » dont Angélique Arnaud-Bassin, Jenny P d’Héricourt, la comédienne Maxime, la pédagogue Marchef-Girard, madame Riche-Gardon, Marie Guerrier d’Haupt, Hélène Le Vassal-Roger… [50] La Grande Loge d’adoption de Misraïm, durant les premières années de l’Empire, a au moins une trentaine d’adhérentes. [51] Ce chiffre monte même à quarante-quatre en 1857-1858. [52] La Grande Maîtresse est alors la poétesse [53] Marie Plocq de Bertier [54] et on trouve parmi les inscrites des proches d’adhérents du Rite de Misraïm telles que les sœurs Bédarride mais aussi la féministe Jenny P d’Héricourt [55] et la comédienne Maxime, citées un peu plus haut pour la loge du « Temple des Familles ». Parallèlement à l’existence de ces loges d’adoption, les ateliers parisiens ont pu, en outre, s’impliquer dans des discours contestataires sur les femmes. Certains militent aussi pour une plus grande ouverture de la franc-maçonnerie aux femmes. C’est le cas pour la loge « l’Alliance » (Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté) qui considère que « l’exclusion des femmes de la maçonnerie est injustifiable » et qu’elle est le « résultat des préjugés qu’elle a pour mission de défendre » et la « négation même de l’égalité des sexes qu’elle proclame ». [56] Au sein de la loge « le Travail », le vénérable Colfavru annonce au Grand Orient en 1868 que « la loge considérant que rien dans la constitution ni les statuts n’excluant les dames du droit de participer à la vie maçonnique a décidé que toute femme qui réunirait les conditions de liberté et de moralité exigibles pourrait être admise aux épreuves maçonniques » [57]. Cette prise de position vaut à la loge de sévères remontrances de la part du Grand Orient et une condamnation sans appel sur les principes énoncés. La franc-maçonnerie parisienne s’ouvre aussi aux débats sur les droits des femmes et s’intéresse à des réalisations pratiques. Le statut de la femme est souvent abordé dans le cadre familial. Le discours du franc-maçon Marie Alexandre Massol au banquet de la loge les « Élus d’Hiram » en juillet 1868 est, par contre, plus engagé. Il y précise que « …la femme est digne et apte à remplir les charges, les emplois au même titre que l’homme et réclame pour elle la part qui lui revient dans les luttes de la vie et les progrès de la civilisation. » [58] Des articles sur les femmes fleurissent dans la presse maçonnique parisienne. La « Solidarité » de Fauvety, par exemple, traite fréquemment de thèmes liés à l’éducation féminine et évoque le cas des femmes médecins. [59] Certains francs-maçons s’engagent plus ouvertement sur la scène publique comme Léon Richer [60] qui, en avril 1866, dans le cadre des cours publics organisés par le Grand Orient, prend position pour un accroissement des droits des femmes dans la société. [61]

19Dans leurs écrits, Jules Simon et Eugène Pelletan militent aussi pour une amélioration du statut des femmes. Celles-ci sont donc au cœur de toute une série de réflexions mais elles ont été aussi quelques fois actrices dans la franc-maçonnerie parisienne. On peut évoquer ainsi la pédagogue Joséphine de Marchef-Girard invitée au sein de la loge « l’École Mutuelle » à la fin du Second Empire. [62] On trouve aussi la trace d’interventions féminines dans des banquets notamment au sein de la loge « l’Alliance » qui publie même les discours [63] de Victorine Hennon et de Victorine Hadol. [64] Dans d’autres registres, on peut aussi signaler la participation aux conférences données par le Grand Orient de la franc-maçonne Marchef-Girard [65] et de Maria Deraismes [66], future co-fondatrice de l’obédience du Droit Humain. Par ailleurs, les loges s’investissent dans le soutien accordé aux écoles professionnelles de filles. L’œuvre d’enseignement d’Élisa Lemonnier est, par exemple, régulièrement évoquée par la presse.

20Un autre domaine, pris entre continuités et changements, est celui des rapports avec l’Église.

21Le tournant s’effectue ici durant les années 1860. La circulaire de Persigny, du 16 octobre 1861, marque une première étape. Elle propose de reconnaître officiellement les associations de bienfaisance française. [67] Plusieurs sociétés sont nominativement citées dans la circulaire mais aussi la franc-maçonnerie dont l’organisation est « purement philanthropique ». La suite du texte émet cependant de fortes réserves sur la société de Saint Vincent de Paul dont les « conférences locales » sont louées mais dont les « conseils ou comités provinciaux » sont vus avec suspicion. Cette mise en parallèle de la Société de saint Vincent de Paul avec la franc-maçonnerie choque les milieux cléricaux et la presse catholique comme le journal Le Monde. Des prélats réagissent vivement tels que Monseigneur Plantier, évêque de Nîmes ou encore Monseigneur Dupanloup, évêque d’Orléans et auteur d’une brochure intitulée Les Sociétés de charité, les francs-maçons et la circulaire du 16 octobre.

22La deuxième étape des tensions se produit le 8 décembre 1864 avec la parution d’une encyclique du pape Pie IX assortie d’une annexe appelée le Syllabus qui condamne les erreurs du temps et notamment la franc-maçonnerie. Ce texte s’inscrit dans une tradition de rejet de la franc-maçonnerie [68] tout en condamnant aussi les courants intellectuels liés au rationalisme. L’impact du Syllabus est très fort dans la maçonnerie française tout comme dans les milieux libéraux et génère une attitude fortement réactive chez certains maçons atteints dans leurs convictions politiques et spirituelles. Le consistoire secret voulu par la papauté en septembre 1865, qui condamne une fois de plus la franc-maçonnerie, alimente encore des polémiques abondamment reprises par la presse.

23L’enterrement du maréchal Magnan, Grand Maître du Grand Orient, est un autre temps fort des tensions relationnelles entre Pie IX et la franc-maçonnerie française. Monseigneur Darboy, archevêque de Paris, qui a donné l’absoute lors des funérailles aux Invalides, le 1er juin 1865, s’est ainsi retrouvé au cœur d’une vive controverse. Dans une lettre du 26 octobre 1865 [69], Pie IX déplore, en effet, la présence de Darboy à cette cérémonie alors « …que le défunt, pendant sa vie, avait eu le malheur de remplir la charge de cette secte proscrite, vulgairement appelée du nom de Grand Orient. » [70]

24Dans ce contexte tendu, se dessine un discours clérical antimaçonnique qui prend ses racines dans l’œuvre de l’abbé Barruel appelé Mémoires pour servir à l’Histoire du Jacobinisme et qui date de 1799. Dès Barruel, certains thèmes apparaissent avec l’idée de conspiration contre l’ordre social, d’irréligion et des arrières loges où les complots sont tramés. L’amalgame est fait aussi avec les clubs politiques de la période révolutionnaire. En France, quelques prélats ont joué un rôle essentiel pour prendre à partie la franc-maçonnerie. Les ouvrages de Monseigneur Dupanloup, par exemple, s’inscrivent dans une volonté de mise en garde de la société. On peut aussi citer le livre très virulent de Monseigneur de Ségur publié en 1867, Les Francs-Maçons, ce qu’ils sont, ce qu’ils font, ce qu’ils veulent[71]. L’antimaçonnisme se retrouve également au sein de la presse cléricale parisienne autour de trois grands thèmes principaux : l’assimilation aux courants politiques révolutionnaires et au carbonarisme, le soutien inconditionnel à l’Encyclique et donc à la personne du pape, l’association faite avec les mouvements libéraux et de libre pensée et la condamnation de toutes les valeurs de ces derniers. Face à ces attaques diverses, des réactions maçonniques anticléricales se sont développées portées, par exemple, par Henri Carle ou encore Léon Richer. La presse maçonnique est également très réactive évoquant le plus souvent une Église inadaptée et coupable de lourds crimes comme ceux liés à l’Inquisition. Dans ce contexte, la perspective du Concile de 1869 fait naître une volonté vengeresse d’anticoncile. Dans la presse maçonnique, se développent abondamment les rubriques nécrologiques pour les enterrements civils. Certains sont particulièrement valorisés comme ceux de Verhaegen en Belgique, d’Alexandre Bixio, du journaliste Prosper Jourdan, du Père Enfantin, de Proudhon, de Lamennais, de Sainte Beuve ou encore de Barbès.

25Outre ces vives tensions avec l’Église, la franc-maçonnerie parisienne est aussi au cœur de contestations internes.

26Celles-ci sont d’abord spirituelles et prennent pour racines l’esprit des Lumières du XVIIIe siècle, le prestige de la Révolution Française, le saint-simonisme, le positivisme, l’influence de l’école philosophique allemande et ses ramifications. Des personnalités motrices s’imposent dans le milieu parisien comme Émile Littré, Pierre-Joseph Proudhon, Marie Alexandre Massol et son concept de « morale indépendante », Charles Fauvety, Luc Pierre Riche Gardon, Henri Carle et son journal la Libre Conscience. Des nombreux contacts se nouent aussi entre la Libre Pensée et les courants avancés de la franc-maçonnerie parisienne.

27Au Grand Orient, la révision constitutionnelle, prévue lors du Convent de 1865, suscite des polémiques autour de l’affirmation de la croyance en Dieu et en l’immortalité de l’âme. Le texte adopté reste finalement fidèle à ces principes. Ce mouvement spirituel contestataire trouve des échos dans les autres obédiences : le Rite de Misraïm est touché en 1867, le Rite Écossais Ancien et Accepté connaît divers débats en 1868. La franc-maçonnerie parisienne abrite également des remises en question structurelles. L’essentiel des critiques portent sur la centralisation et la hiérarchie. Au Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté, les contestations prônent, par exemple, l’élection du Souverain Grand Commandeur Grand Maître. Au Grand Orient, on trouve, du temps de son existence, des critiques contre l’Institut Dogmatique puis contre la durée du mandat du Grand Maître et l’existence de hauts grades [72]. Preuves de ce nouvel état d’esprit des loges changent de nom comme la loge « Saint Vincent de Paul » qui devient « la Justice » en 1869. De nouveaux ateliers naissent aux appellations évocatrices comme « L’Avenir » en 1863, « la Mutualité » en 1867, la « Liberté Maçonnique » la même année, les « Disciples du Progrès » en 1869… Les ateliers parisiens, moteurs bien souvent dans ces courants de contestation, se distinguent aussi par de nouveaux thèmes étudiés en loge. Certains ateliers s’affirment résolument comme des lieux d’instruction. Le thème du développement de celle-ci dans la société se retrouve également dans les discours. En 1864, notamment, Dréo de la loge « l’Avenir » exhorte les affiliés à soutenir « l’établissement de l’instruction primaire gratuite et obligatoire ». [73] La ligue de l’Enseignement de Jean Macé obtient des soutiens maçonniques de la part de loges entières comme les « Élus d’Hiram » [74] ou à titre individuel. [75]

28Des actes concrets en faveur de la diffusion de l’instruction sont également faits à des niveaux divers. On peut citer le soutien aux écoles professionnelles de filles, déjà évoquées un peu plus haut, mais aussi le développement de cours ou de conférences publics comme ceux organisés par le baron Taylor ou encore par le Grand Orient. Des thèmes économiques et sociaux ont pu également retenir l’attention des loges comme en témoigne, en 1865, l’étude menée au sein de la loge Henri IV sur « la machine et l’homme ». [76] La question des faillis occupe également les réflexions maçonniques à plusieurs reprises et la loge « Bonaparte », par exemple, lance en 1866 une discussion sur ce sujet. [77] Les loges s’ouvrent aussi, à des domaines plus politiques. Ainsi, le décès d’Abraham Lincoln entraîne l’élaboration de vibrants discours qui condamnent l’esclavage. L’initiation et la visite d’Abd el-Kader en France suscitent des réflexions sur les difficultés d’installation de la franc-maçonnerie dans les pays orientaux. [78] La situation italienne permet de multiplier les références à Garibaldi en tant qu’homme de guerre et en tant que franc-maçon. Parallèlement, certains francs-maçons s’engagent sur la scène publique. On relève ainsi l’activité pétitionnaire de quelques fortes personnalités. Pierre Luc Riche Gardon, en 1856, propose ainsi la réorganisation de l’industrie en collèges professionnels. [79] Proudhon dénonce, de son côté, en 1858, l’antagonisme entre l’Église et l’État. [80] Jules Simon, en 1870, lance une liste d’adhésion au principe de l’Instruction obligatoire et gratuite à soumettre aux délibérations du Corps Législatif. [81] Les cours du Grand Orient sont l’occasion pour certains intervenants de s’engager publiquement. Léon Richer y évoque les saints-simoniens, l’ouvrier Tolain exprime des idées proches de l’Internationale Ouvrière dont il est membre… La presse républicaine mobilise aussi les efforts de certains comme Louis Ulbach et le journal La Cloche, mais aussi Jules Clarétie avec Le Petit Rappel ou encore Boutteville, Joseph Hiverge, Crémieux et Rousselle autour de La Démocratie. La personnalité des dirigeants des obédiences marque également un plus net engagement républicain avec l’arrivée d’Adolphe Crémieux qui devient Très Puissant Souverain Grand Commandeur Grand Maître du Suprême Conseil en mars 1869 et de Babaud-Laribière qui devient Grand Maître du Grand Orient en juin 1870. La fin de l’Empire voit l’émergence au sein de quelques loges de discours de plus en plus engagés. En mars 1869, Bancel fait l’éloge de la Révolution à la loge « le Progrès » et prône notamment la séparation des Églises et de l’État. [82] La loge « les Élus d’Hiram » s’interroge en mai 1870 sur le sort de la démocratie et souhaite favoriser, par le biais de quelques frères une association clubiste dans les vingt arrondissements parisiens. [83]

29L’effondrement de l’Empire fournit une occasion à certains francs-maçons avancés de prendre part aux événements de manière active. Certains s’impliquent dans le Gouvernement de la Défense Nationale où l’on compte pas moins de onze maçons républicains comme Jules Simon, par exemple, qui est ministre de l’Instruction publique. [84]

30Par ailleurs, des francs-maçons parisiens s’investissent aussi dans la Commune, participation historique fréquemment soulignée. Selon André Combes entre dix-sept et vingt-trois élus révolutionnaires sont ainsi francs-maçons [85]. On peut citer notamment Jules Méline, Emmanuel Tirard, Albert Leroy, Émile Eudes, Ulysse Parent, Gustave Le Français, Jules Vallès, Edmond Goupil, Edmond Adam, Gustave Flourens… Certains s’engagent aussi dans un soutien à la Commune par le biais de manifestations diverses et héroïques. Une grande réunion maçonnique est organisée le 26 avril 1871, en présence de Charles Floquet, président de la Ligue Républicaine pour les droits de Paris, dans un but de conciliation face aux Versaillais qui aboutit à une fraternisation avec la Commune. On peut évoquer aussi la grande manifestation du 29 avril qui rassemble sous la forme d’un défilé des milliers de francs-maçons. Des émissaires tentent alors une conciliation avec les troupes assaillantes qui échoue finalement. Enfin, le 30 avril, les francs-maçons engagés dans ces mouvements se rallient à l’effort militaire de la Commune et lancent un appel aux maçons « de France et du monde entier ». [86]

31Au terme de cet article, on a pu constater que Paris s’affirme sous le Second Empire comme une capitale de la franc-maçonnerie tandis que les loges s’insèrent dans une sociabilité complexe. La période, prise entre continuités et changements, est annonciatrice d’évolutions futures. Les débats spirituels trouvent, au Grand Orient, leur réalisation en 1877 avec la suppression de la référence à Dieu et à l’immortalité de l’âme. La création, en 1893, de l’obédience du Droit Humain réalise une partie des aspirations féministes développées par les maçons avancés vingt-cinq ans auparavant. Les revendications démocratiques aboutissent notamment pour le Suprême Conseil à la création de la Grande Loge Symbolique Écossaise. Enfin l’engagement républicain, très sensible à la fin du Second Empire, préfigure le rôle non négligeable joué par la franc-maçonnerie sous la IIIe République.


Mots-clés éditeurs : Second Empire, Franc-Maçonnerie, Paris, enseignement, féminisme

Date de mise en ligne : 13/10/2008

https://doi.org/10.3917/parl.hs04.0098

Notes

  • [1]
    Encyclopédie Larousse, t. IV, Paris, Larousse, 1962, pp. 240-241.
  • [2]
    Daniel Ligou, notice « Grand Orient de France », in Daniel Ligou, Dictionnaire de la franc-maçonnerie, Paris, PUF, 1991, pp. 543-544.
  • [3]
    Paul Naudon, notice « France », in Daniel Ligou, op. cit., p. 482.
  • [4]
    Gérard Galtier, Maçonnerie égyptienne, Rose Croix et Néo chevalerie, les fils de Cagliostro, Monaco, Éditions du Rocher, 1989, p. 141. Ce Rite aurait eu également des racines remontant à 1815 avec la loge les « disciples de Memphis ».
  • [5]
    Serge Caillet, La Franc-maçonnerie égyptienne de Memphis-Misraïm, préface de Robert Amadou, Paris, Dervy, 2003, p. 92.
  • [6]
    Bibliothèque Nationale de France, Département des Manuscrits [puis BNF, DdM], FM Impr 4072, Acte de fondation de la société civile dépendant du Grand Orient.
  • [7]
    Daniel Ligou, notice « Decazes », in Daniel Ligou, op. cit., p. 344.
  • [8]
    Charles-Henry Chevalier, notice « Viennet », in Daniel Ligou, op. cit., p.1243.
  • [9]
    Calendrier Maçonnique du Grand Orient de France, Paris, A. Lebon, 1857, 216 p.
  • [10]
    Id., 1868, 288 p.
  • [11]
    BNF, DdM, archives de la loge « saint Lucien », archives internes, Règlements intérieurs adressés au Grand Maître en son Conseil, avril 1857. La constitution de la loge date du 14 septembre 1852.
  • [12]
    BNF, DdM, FM2 634, archives de la loge « saint Lucien », Tableau de 1853.
  • [13]
    Éric Anceau, notice « Léopold Javal », in Éric Anceau, Dictionnaire des députés du Second Empire, Rennes, PUR, collection Carnot, 1999, pp. 191-192. Léopold Javal est élu au Conseil général de la Gironde en 1852 et devient député de l’Yonne en 1857.
  • [14]
    BNF, DdM, FM2 607, archives de la loge « Bonaparte », Tableaux de la loge. On relève au moins cent trois membres pour 1852 et cent cinquante pour 1859-1860. L’effectif retombe par la suite avec cent membres en 1869 et soixante seulement en 1870.
  • [15]
    BNF, DdM, FM2 607, archives de la loge « Bonaparte », Tableaux de la loge.
  • [16]
    François Collaveri, Napoléon, Empereur franc-maçon, Paris, Bibliothèque Napoléonienne, Tallandier, pp. 17-20.
  • [17]
    BNF, Hp 1553, Réponse à la circulaire de son excellence le maréchal Magnan, Grand Maître du Grand Orient de France en date du 30 avril 1862 (extrait du Livre d’or du Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté), pp. 15-30.
  • [18]
    Calendrier Maçonnique du Grand Orient de France, Paris, A. Lebon, 1870, 288 p.
  • [19]
    BNF, DdM, FM Impr 2393, Tableau général des Maçons et des ateliers des divers degrés en activité sous l’obédience du Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté, Paris, A.Hennuyer, 1870, 55 p. On peut ajouter à cette liste quatre loges de banlieue proche comme les « Hospitaliers de saint Ouen », « Union et Bienfaisance » de Gentilly, les « Cœurs Indivisibles » de Montrouge, le « Réveil Maçonnique » de Boulogne sur Seine.
  • [20]
    La loge les « Frères Unis Inséparables » a été fondée en 1824 mais sa filiation remonte aux « Frères Unis » qui existaient en 1804 et qui elle-même était liée à la loge militaire les « Trois Frères Unis » active en 1787.
  • [21]
    Grande Loge de France, archives de la loge les « Élus d’Hiram ».
  • [22]
    BNF, DdM, FM2 620, archives de la loge la « Fraternité des Peuples », Tableau pour 1861-1862.
  • [23]
    BNF, DdM, FM2 604, archives de la loge « l’Avenir », Tableau de 1869.
  • [24]
    BNF, DdM, FM2 2393, Tableau général des maçons et des ateliers des divers degrés en activité sous l’obédience du Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté, Paris, Imprimerie Donnaud, 1870, 55 p.
  • [25]
    Roger Serreules, Cent vingt ans d’Histoire de l’orphelinat maçonnique (1862-1980), Humanisme n°136, juin 1980, 113 p.
  • [26]
    BNF, DdM, FM2 642, archives de la loge les « Trinosophes de Bercy », Tableau de la loge pour 1854.
  • [27]
    BNF, DdM, FM2 612, archives de la loge « Concordia »,Tableaux de la loge.
  • [28]
    BNF, DdM, FM2 622, archives de la loge « Henry IV », Tableau de 1865-1866.
  • [29]
    BNF, DdM, FM2 615, archives de la loge « l’École Mutuelle », Discours du président de la loge Georges Coulon, daté du 19 janvier 1869.
  • [30]
    Mémorandum du Rite Écossais Ancien et Accepté, année 1866, n°31, Commission Administrative et Exécutive du 6 juin 1866, p. 4.
  • [31]
    Bulletin Officiel du Grand Orient de France, numéro de décembre 1864, p. 508. On peut préciser qu’un employé est pris à plein temps pour s’occuper de la bibliothèque et notamment faire le catalogue.
  • [32]
    BNF, DdM, FM2 597, archives de la loge les « Amis de l’Humanité », archives internes, Lettre de l’orateur de la loge, reçue au Grand Orient le 28 octobre 1864.
  • [33]
    BNF, DdM, FM2 596, archives de la loge les « Amis de l’Ordre », Correspondance avec le Grand Orient, Lettre datée du 17 avril 1859.
  • [34]
    BNF, DdM, FM2 596, archives de la loge les « Amis de l’Ordre », Correspondance avec le Grand Orient, Lettre datée du 23 août 1865.
  • [35]
    BNF, DdM, FM2 622, archives de la loge « Henry IV », Archives internes.
  • [36]
    Grande Loge de France, archives de la loge les « Élus d’Hiram », Tenue extraordinaire du samedi 13 mars 1869. La loge se rapproche la même année des loges le « Héros de l’Humanité » et de la « Renaissance par les Émules d’Hiram ».
  • [37]
    Le Monde Maçonnique, mai 1859, p. 50.
  • [38]
    Bulletin Officiel du Grand Orient de France, juillet août 1870, n°5-6, pp. 345-346.
  • [39]
    Bulletin Officiel du Grand Orient de France, juillet août 1879, n°5-6, p. 329.
  • [40]
    Archives Nationales [puis A. N.], 369 AP1, Fonds Crémieux, Circulaire du Rite Écossais Ancien et Accepté daté de Paris, 26 août 1870.
  • [41]
    Memorandum du Rite Écossais Ancien et Accepté, année 1870, Décision de la Commission administrative du 12 décembre 1870.
  • [42]
    A. N., 369 AP1, Fonds Crémieux, Lettre de la loge « Anglaise n°204 » adressée à madame Crémieux. Cette lettre qui rend hommage à la jeune République précise aussi que la loge « Anglaise n°204 » a crée elle aussi une ambulance maçonnique.
  • [43]
    Gisèle et Yves Hivert-Messeca, Comment la Franc-Maçonnerie vint aux femmes, deux siècles de Franc-Maçonnerie féminine et mixte en France 1740-1940, Paris, Dervy, 1997, 392 p. Rappelons qu’une loge d’adoption est une loge composée de « sœurs » mais est en fait rattachée à une obédience grâce à une loge masculine qui la « parraine ». Ce système permet de contourner les Constitutions d’Anderson, texte de référence de la maçonnerie spéculative, qui réserve la maçonnerie aux hommes.
  • [44]
    Jean Mourgues, notice « candeur », in Daniel Ligou, op. cit., p. 194.
  • [45]
    Daniel Ligou, notice « Neuf sœurs », in Daniel Ligou, op. cit., pp. 845-847.
  • [46]
    François Collaveri, Napoléon, Empereur franc-maçon, Paris, Tallandier, 1986, p. 22. L’auteur précise que Joséphine de Beauharnais aurait été initiée à Strasbourg alors que son premier mari Alexandre y tenait garnison. Un peu plus tard, en 1805, une « cérémonie maçonnique » a eu lieu dans la même ville avec Joséphine devenue Impératrice et des « dames de sa cour » qui devaient être initiées.
  • [47]
    Jean Marie Ragon, Manuel complet de la maçonnerie d’adoption ou maçonnerie des dames, Paris, Collignon, 1861, 152 p.
  • [48]
    Gisèle et Yves Hivert-Messeca, Comment la franc-maçonnerie vint aux femmes, deux siècles de franc-maçonnerie d’adoption féminine et mixte en France (1740-1940), Paris, Dervy, 1997, p. 190.
  • [49]
    Daniel Ligou, notice « Riche-Gardon », in Daniel Ligou, op. cit., p. 1017.
  • [50]
    Gisèle et Yves Hivert-Messeca, op. cit., pp. 216-218.
  • [51]
    BNF, DdM, FM1 304, archives de Misraïm, archives de la Grande Loge d’Adoption, Registre d’Inscription pour 1856.
  • [52]
    BNF, DdM, FM1 304, archives de Misraïm, archives de la Grande Loge d’Adoption, Livre d’adresse pour les sœurs membres actives ou libres pour 1857-1858.
  • [53]
    L’œuvre poétique de Marie Plocq de Berthier est très classique et on lui doit des recueils comme les Hirondelles (1848) ou encore Les villes de France et leurs gloires (1857). Elle reçoit en 1853 de l’Impératrice une médaille d’argent pour ses talents littéraires. En 1857, cette poétesse rédige un long poème en quatre parties à la gloire de l’Empereur.
  • [54]
    BNF, DdM, Fichier Bossu, Notice Plock de Berthier. Marie Plocq de Berthier serait l’épouse du comte de Berthier, colonel d’Empire.
  • [55]
    Jenny P. d’Héricourt est l’auteure du livre La Femme affranchie et s’est opposée avec fermeté aux idées sexistes de Proudhon sur les femmes.
  • [56]
    Le Monde Maçonnique, septembre 1868, p. 275.
  • [57]
    BNF, DdM, FM2 642, archives de la loge « le Travail », archives internes, Lettre de Colfavru (1868).
  • [58]
    Grande Loge de France, carton « Élus d’Hiram », n°145, Banquet du 25 juillet 1868, Discours de Massol.
  • [59]
    La Solidarité, journal des principes, 2ème année, 1868, n°5.
  • [60]
    Léon Richer est aussi le fondateur du journal Le Droit des Femmes.
  • [61]
    A. N., F 17 6683, Ministère de l’Instruction Publique, Cours Publics du Grand Orient, Rapport du 18 avril 1866, Lettre du vice recteur.
  • [62]
    BNF, DdM, FM2 615, archives de la loge « l’École Mutuelle », archives internes, Rapport fait à la loge « l’École Mutuelle » sur sa situation au 1er janvier 1869 écrit par Georges Coulon.
  • [63]
    BNF, Hp 474, Discours prononcé par la sœur Victorine Hennon à la fête de la saint Jean d’été de la loge « l’Alliance », le 15 juillet 1855, Paris, Imprimerie Bernard et Cie, 1855, 4p. Hp 475, Discours prononcé par la sœur Victorine Hennon à la fête de la saint Jean d’été de la loge « l’Alliance », le 27 juillet 1856, Paris, Imprimerie Benard et Cie, 1856, 4 p.
  • [64]
    BNF, Hp 365, Discours prononcé par la sœur Victorine Hadol à la fête de la saint Jean d’été de la loge « l’Alliance », 29 juillet 1869, Paris, typographie Allard, 1869, p. 2.
  • [65]
    A. N., Ministère de l’Instruction Publique, Cours publics du Grand Orient, Programme pour 1867.
  • [66]
    Ibidem. En janvier 1867, le programme établi prévoit une intervention sur « nos principes et nos mœurs ».
  • [67]
    Le Moniteur Universel, vendredi 18 octobre 1861, p. 1.
  • [68]
    Jacques Lemaire, L’antimaçonnisme, aspects généraux (1738-1898), Paris, Éditions maçonniques de France, collection Encyclopédie Maçonnique, 1999, 128 p. On peut noter, comme le précise l’auteur, que plusieurs textes issus de la papauté ont régulièrement condamné la maçonnerie dont, par exemple, le Quo Graviora de Pie VII (1825).
  • [69]
    Jacques-Olivier Boudon, Paris, capitale religieuse sous le Second Empire, Paris, Cerf, 2001, 560 p., pp. 472-473. Cette lettre n’a été rendue publique qu’en 1868. Jacques-Olivier Boudon souligne que cette missive est aussi une condamnation personnelle à l’égard de l’archevêque parisien dont le pape a peu apprécié le discours au Sénat (16 mars 1865) et l’attitude générale.
  • [70]
    Archives de l’Archevêché de Paris, 8° J 100 197 I, Lettre de Pie IX à Monseigneur Darboy, archevêque de Paris, Rome, Tip Cooperativa Diocleziana, 1914, p. 20.
  • [71]
    Monseigneur de Ségur, Les Francs-Maçons, ce qu’ils sont, ce qu’ils font, ce qu’ils veulent, Paris, Tolra et Haton, 1867, 104 p.
  • [72]
    BNF, DdM, FM1 92 bis, projets de constitution envoyés au Grand Orient, Projets de « la Clémente Amitié » et de « Mars et les Arts ».
  • [73]
    La Chaîne d’Union, n°du 1er décembre 1864, p. 2.
  • [74]
    Grande Loge de France, archives de la loge « les Élus d’Hiram », n°145, Tenue du 26 mars 1869.
  • [75]
    Bulletin du Cercle Parisien de la Ligue de l’Enseignement, août 1870, bulletin n°3, Seine-et-Oise, Imp. O. Petit, 1870, 31p., pp. 1-24. Parmi les souscripteurs, on trouve Georges Coulon, Charles Sauvestre, Léon Richer, Joséphine Marchef-Girard…
  • [76]
    La Chaîne d’Union, 1er mai 1866, n°38.
  • [77]
    BNF, DdM, FM2 606, archives de la loge « Bonaparte », archives internes, Tenue du 17 janvier 1866.
  • [78]
    Bulletin du Gand Orient, octobre 1865, n°8, pp. 515-516.
  • [79]
    A. N., CC 478/7, pétitions au Sénat, pétition n°258, enregistrement au bureau des pétitions du 28 avril 1857, Manuscrit du 28 avril 1856 sur « l’industrie amenée aux conditions de l’ordre moral », p. 1.
  • [80]
    A. N., CC/ 479/2, pétitions au Sénat, Session 1859, Pétitions n°260 à 290. Rappel de l’ordre du jour de la séance du 17 mai 1858 et pétition de Proudhon au Sénat du 1er juin 1858.
  • [81]
    A. N., C 4176, Assemblée Nationale, Pétition de Jules Simon, pétition n°1516.
  • [82]
    Loge « le Progrès » (ancienne « Mars et les Arts »), Fête solsticiale du 14 mars 1869, Discours de Jules Simon et Bancel, pp. 13-36.
  • [83]
    Grande Loge de France, archives de la loge « les Élus d’Hiram », n°145, Tenue du 4 mai 1870.
  • [84]
    Pierre Chevallier, Histoire de la Franc-Maçonnerie française, tome 2, La Maçonnerie, missionnaire du libéralisme (1800-1877), Paris, Fayard, p. 489. Participent aussi Eugène Pelletan, Garnier-Pagès, Rochefort, Crémieux, Gambetta, Arago, Ernest Picard. Babaud-Laribière est préfet de la Charente.
  • [85]
    André Combes, Les Élus francs-maçons de la Commune de Paris, in Chroniques d’Histoire Maçonnique, n°27-28, 2e semestre 1981, Institut d’Étude et de Recherches Maçonniques, pp. 24-33, p. 25.
  • [86]
    André Combes, in Éric Saunier, notice « Commune de Paris », Encyclopédie de la franc-maçonnerie, Paris, Le Livre de Poche, la Pochothèque, 2002, pp. 162-165.

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