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Article de revue

Pierre Biétry (1872-1918), un parlementaire iconoclaste

Pages 126 à 137

Notes

  • [1]
    Sur les Jaunes et l’origine du mouvement, voir Zeev Sternhell, La Droite révolutionnaire, Paris, Fayard, 2000, pp.253-319.
  • [2]
    Archives Nationales (AN) F7 12793, 09 février 1906 (rapport de police, « Lazare »).
  • [3]
    AN F7 15931-2, 03 mars 1905 (rapport de police, « Metz »).
  • [4]
    Ibid., 14 février 1906 (rapport de police, « Lazare »). Le Gaulois est un quotidien conservateur.
  • [5]
    Ibid., 02 mars 1906 (rapport de police, « Lazare »).
  • [6]
    Ibid., 05 mars 1906 (rapport de police, « Lazare »).
  • [7]
    Ibid., 14 février 1906 (rapport de police, « Lazare »).
  • [8]
    Archives Départementales du Finistère (ADF) 3 M 301 (élections législatives de 1906 : rapports du sous-préfet), 21 février 1906.
  • [9]
    Ibid., 26 février 1906.
  • [10]
    Ibid., 21 février 1906 (rapport de police).
  • [11]
    Ibid.
  • [12]
    Ibid.
  • [13]
    ADF 3 M 300 (élections législatives de 1906 : instructions, correspondance…).
  • [14]
    Ibid.
  • [15]
    Ibid.
  • [16]
    Ibid.
  • [17]
    ADF 3 M 301 (élections législatives de 1906 : rapports du sous-préfet), 21 février 1906.
  • [18]
    Ibid., 11 et 17 avril 1906 (rapports de police).
  • [19]
    Le Genêt Breton, 18 avril 1906.
  • [20]
    Ibid., 30 avril 1906.
  • [21]
    AN F7 12544 (élections législatives de 1906 dans le Finistère), 22 avril 1906 (rapport de police).
  • [22]
    ADF 3 M 300 (élections législatives de 1906 : instructions, correspondances…).
  • [23]
    Ibid.
  • [24]
    AN F7 12544, 10 février 1906 (rapport de police, dossier sur les élections législatives de Brest).
  • [25]
    Ibid.
  • [26]
    Ibid.
  • [27]
    Ibid.
  • [28]
    Dynastie industrielle de la région de Montbéliard.
  • [29]
    Ibid.
  • [30]
    ADF 3 M 302 (élections de 1906 : affiches et tracts).
  • [31]
    Ibid.
  • [32]
    Ibid.
  • [33]
    Ibid.
  • [34]
    Ibid.
  • [35]
    Ce journal fut particulièrement actif dans le soutien qu’il accorda aux Jaunes, voir par exemples : L’Autorité, 1er et 15 mars 1905, « Les Jaunes de France » (Duranton, Georges). Dans L’Autorité du 22 avril 1905, (« Les Jaunes de France, l’Oeuvre de Pierre Biétry »), Duranton proclame que « L’Autorité sera toujours heureuse d’ouvrir ses colonnes aux communications des Jaunes ».
  • [36]
    Le Genêt Breton, 7 mars 1906.
  • [37]
    ADF 1 M 134 (rapports de sous-préfets), 26 septembre 1906.
  • [38]
    Le Genêt Breton, 07 mars 1906.
  • [39]
    Ibid.
  • [40]
    Ibid.
  • [41]
    Ibid., 30 avril 1906.
  • [42]
    ADF 3 M 300, Bouyssou a 34 ans. Il ne « veut ni réaction ni révolution ». Il est favorable à la Séparation de l’Église et de l’État. Il souhaite aussi qu’un impôt progressif sur le revenu soit créé pour aider les milieux populaires.
  • [43]
    Le Genêt Breton, 30 avril 1906.
  • [44]
    Ibid., 05 mai 1906.
  • [45]
    Christophe Charle, « Le déclin de la République des avocats » in Pierre Birnbaum (dir.), La France de l’Affaire Dreyfus, Paris, Gallimard, 1994, pp.68-71.
  • [46]
    AN F7 12793, 15 décembre 1905 (rapport de police).
  • [47]
    Ibid., 25 janvier 1905 (rapport de police).
  • [48]
    Ibid., 18 août 1906 (rapport de police).
  • [49]
    Ibid., 12 décembre 1905 (rapport de police).
  • [50]
    Ibid., 18 août 1906 (rapport de police).
  • [51]
    Le Jaune, 02 juin 1906.
  • [52]
    Gilles Candar, Histoire politique de la IIIème République, Paris, La Découverte, 1998, p.68.
  • [53]
    Le Gaulois, 26 mai 1906.
  • [54]
    AN F7 15931-2, 08 mai 1906 (rapport de police, « Lazare »).
  • [55]
    Roger Marlin, « Pour servir à l’histoire sociale : quelques précisions sur la vie, l’œuvre, et les idées de Pierre Biétry (1872-1918) », Bulletin de la société d’émulation du Doubs, 1985, pp.75-106, p.86.
  • [56]
    AN F7 12793, 18 août 1906. Dans le numéro du 02 juin 1906 du Journal des travailleurs, l’éditorialiste de l’organe jaune du Havre s’interroge : « Biétry vaincra-t-il Jaurès ? ».
  • [57]
    Proposition de loi tendant au rachat des divers réseaux de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest, Paris, imprimerie de Motteroz et Martinet, sans lieu, 1906.
  • [58]
    Journal Officiel, compte-rendu des débats parlementaires, 25 octobre 1906.
  • [59]
    Le Jaune, 24 novembre 1906.
  • [60]
    Journal Officiel, compte-rendu des débats parlementaires, 30 novembre 1906.
  • [61]
    L’Autorité, 24 septembre 1908.
  • [62]
    Roger Marlin, « Pour servir à l’histoire sociale : quelques précisions sur la vie, l’œuvre, et les idées de Pierre Biétry (1872-1918) », art. cit., p. 87.
  • [63]
    Ibid.
  • [64]
    Le Jaune, 24 octobre 1908.
  • [65]
    Le Genêt Breton, 27 juin 1906.
  • [66]
    Ibid., 08 septembre 1906.
  • [67]
    ADF 1 M 134 (rapports de sous-préfets à Brest de 1830 à 1935), janvier 1907.
  • [68]
    Ibid., 03 mars 1907.
  • [69]
    Ibid., 31 octobre 1907.
  • [70]
    ADF 3 M 301 (rapports de police sur les élections législatives de 1906 et sur Biétry), mars 1907.
  • [71]
    Ibid.
  • [72]
    Ibid., 30 octobre 1908.
  • [73]
    La Dépêche de Brest, 24 juillet 1908.
  • [74]
    ADF 1 M 321 (voyages ministériels de 1820 à 1924).
  • [75]
    Le Genêt Breton, 22 septembre 1906.
  • [76]
    ADF 1 M 322 (voyages de Chefs d’État et de souverains étrangers).
  • [77]
    AN F7 15931-2, 16 juin 1908 (rapport de police).
  • [78]
    Jean Foucher, Gérard Thomas, La Vie à Brest de 1848 à 1948 : les évènements (tome 1), Paris, Éditions de la Cité, 1973, 220 pages, p. 117.
  • [79]
    Pour de plus amples développements : Christophe Maillard, Pierre Biétry (1872-1918) : du socialisme au nationalisme, ou l’aventure du leader des Jaunes à la Belle Époque, thèse de doctorat en histoire contemporaine sous la direction de Stéphane Courtois, soutenue à Paris X-Nanterre en janvier 2006, 618 p. Avec tous mes remerciements à Magali Grange.

1Pierre Biétry (1872-1918) est un homme méconnu voire oublié aujourd’hui. Ancien militant radical-socialiste puis blanquiste, il fût pourtant l’une des figures principales du mouvement socialiste naissant avant de rejoindre le mouvement jaune [1].

2La Fédération Nationale des Jaunes de France (FNJF), fondée en 1904, incarne une tentative française originale pour régler la question ouvrière. Rejetant la lutte des classes, les Jaunes souhaitent la coopération des ouvriers et des patrons. En 1906, la FNJF compte 100 000 membres.

3Pierre Biétry essaie de porter cette idée sur le terrain politique en Bretagne lors des élections législatives de 1906. Son ambition électorale est intéressante à plus d’un titre car elle renvoie à des questionnements beaucoup plus larges : comment un leader syndical se construit-il une légitimité politique ? Cette légitimité peut-elle être durable ? L’action parlementaire de Pierre Biétry marque t-elle une pratique nouvelle de la politique ?

Biétry parlementaire (février-juin 1906)

4Une candidature inattendue. La situation politique de Brest et de ses environs est agitée. Depuis 1904, les socialistes dirigent la ville après avoir été élus, à leur grande surprise, lors des élections municipales. Leur gestion de la municipalité entraîne de fortes oppositions, y compris de la part des syndicalistes de l’Arsenal ou des socialistes locaux.

5De 1904 à 1906, plusieurs grèves ont lieu, affaiblissant davantage les groupes socialistes locaux plus prompts à se diviser qu’à rester unis face à leurs adversaires politiques. Des tensions à la Bourse du travail de Brest renforcent encore ce climat de suspicions et d’opposition très vives existant entre les différentes factions syndicalistes et socialistes de la ville.

6C’est au début du mois de février 1906 que Pierre Biétry se rend pour la première fois dans cette circonscription du Finistère [2]. Ses chances de victoire face au leader socialiste étant faibles, il abandonne son projet initial de se présenter contre Jean Jaurès dans le Sud-Ouest [3].

7Il retourne à Brest dès le 13 février 1906 après avoir « fait la noce avec deux rédacteurs du Gaulois » [4], puis il multiplie, seul ou avec d’autres Jaunes comme Emmanuel Gallian [5], ses déplacements afin de préparer le terrain pour les élections législatives du mois de mai. Bien que les soutiens financiers soient assez méfiants à l’égard de ce candidat qui fait beaucoup parler de lui [6], Pierre Biétry n’hésite pas à se vanter d’avoir beaucoup d’argent pour sa campagne [7]. Il annonce officiellement sa candidature le 21 février dans un manifeste publié après une réunion publique au cours de laquelle « les socialistes et les anarchistes » ont provoqué une bagarre, qui a fait plusieurs blessés [8]. Le sous-préfet de Brest, lui, ne lui donne aucune chance d’être élu [9]. La campagne se déroule dans un climat tendu.

8Une ambition sociale. Pierre Biétry annonce clairement l’orientation de sa campagne dans un document très virulent à l’égard des « rouges ». D’après lui, à

9

« Brest, plus qu’ailleurs, peut-être, vous avez des exemples de brutalité et de sauvagerie qui sont l’essence même du syndicalisme rouge et du collectivisme. Il faut en finir ! (…) Ouvriers et républicains, mon programme social sera celui de la Fédération Nationale des Jaunes de France, qui comprend dans ses lignes :
  • l’accession des travailleurs à la propriété et à la participation au bénéfice ;
  • l’organisation du monde du travail par syndicats, régions et métiers avec entente entre syndicats ouvriers et syndicats patronaux. » [10]

10Ce programme, diffusé massivement auprès des électeurs de la circonscription brestoise, est rédigé en français et en breton.

11L’ouvrier est au centre de son programme : Biétry se bat pour la révision de la loi 1884, qui autorise la constitution de syndicats afin que ces derniers jouissent du droit de propriété sans aucune restriction. Il n’omet pas de rappeler la nécessité de l’établissement de bonnes relations entre syndicalistes et patrons de commerce. Il est favorable à la création d’un système de retraites, géré dans un cadre décentralisé garanti par l’État avec une gestion libre des fonds déposés, ce qui permettrait de faire fructifier l’argent épargné [11]. À ce titre, il s’adresse aussi aux retraités de la Marine, dont il souhaite unir le système de pensions de retraites, et aux ouvriers de l’Arsenal pour augmenter les salaires, les retraites des veuves et les allocations pour les enfants. Au niveau local, Biétry veut transformer Brest en « un port commercial international, tête de ligne de transatlantiques » [12]. Il préconise la mise en place « d’un régime mixte de protection et de libre-échange, basé sur l’étude des tarifs douaniers internationaux et fait par les syndicats patronaux et commerciaux » [13]. Sur le plan politique, Pierre Biétry est partisan du scrutin de liste proportionnelle car le système existant défavorise les petites formations politiques. Il propose la création de Chambres de capacités, dans lesquelles des représentants des patrons et des ouvriers se rencontreraient afin d’éviter tout conflit et de mieux gérer le pays, sans l’influence (qu’il juge néfaste) des hommes politiques. Il s’engage encore à combattre l’influence des « rouges » [14] et assure qu’il défend les libertés de conscience et d’enseignement ; il est en particulier favorable à « l’abolition du privilège universitaire », souhaitant que l’État ne soit plus le seul responsable de l’enseignement supérieur et qu’il existe des établissements privés indépendant de ce dernier [15]. Enfin, le leader des Jaunes est prêt à rendre compte de son action au moins deux fois par an devant ses électeurs, quitte à démissionner s’il ne respectait pas son programme [16].

12Pour lui la situation est inquiétante : « L’heure est grave. Sur tous les points du pays, des mains criminelles, armées par le socialisme et la démagogie du radicalisme socialiste, portent la terreur […] Des bandes exaspérées hurlent leurs cris de haine sous les plis du drapeau rouge. La propriété privée est menacée, la liberté individuelle est morte » [17].

13Une campagne agitée. Pour promouvoir son programme, Pierre Biétry lance à partir du 9 avril 1906 une série de réunions hebdomadaires [18]. Il semblerait que plusieurs milliers de personnes aient assisté à ses premières conférences [19] sur Brest mais aussi à Guilers, à Bohar ou à Saint-Pierre Quilbignon, villages appartenant à sa circonscription [20].

14La campagne s’annonce difficile. Un débat réunissant Pierre Biétry et ses adversaires à Brest en avril 1906 [21] illustre ce climat de violence entre les candidats.

15Le député sortant Auguste Isnard, un républicain modéré, est venu pour défendre son bilan. Il est en très mauvaise posture car il a perdu le soutien des socialistes qui lui reprochent sa modération. Son bilan et son expérience à la Chambre ne sauraient suffire pour combler son manque d’appuis locaux. Isnard est laïc et républicain : il est opposé à tous les excès venant des extrêmes et met en avant un programme de développement local ambitieux [22]. Également présent, le principal adversaire de Biétry, un candidat socialiste très populaire : Émile Goude. Cet ancien marin, âgé de 36 ans (il a deux ans de plus que Biétry) est adjoint au maire de Brest et souhaite une « transformation socialiste » [23] de la société. En se présentant à Brest, c’est donc d’abord contre ce dernier que Biétry part en guerre. Le leader jaune est le seul candidat des droites et de l’extrême droite locale ; Jacques Piou de l’Action libérale populaire [24] est très réservé face à cette candidature. La joute électorale se déroule devant une foule de 3 000 personnes très hostiles au leader jaune. Dès le début de la conférence, Émile Goude attaque les Jaunes qu’il considère comme des ennemis du prolétariat. Il ajoute aussi que le chef des Jaunes n’a pas d’arme, ce qui semble plutôt contraire à ses habitudes [25] ! Malgré les sifflets, les insultes et les huées, Pierre Biétry réussit tout de même à obtenir le silence et à énoncer un certain nombre de ses idées. Il rejette « le socialisme collectiviste » qui est synonyme « d’esclavage » [26] et revendique ensuite d’être à la tête d’une organisation de 500 000 personnes. Cette déclaration lui vaut d’être ensuite traité par la grande majorité de la foule présente de : « Lâche ! Vendu ! Renégat ! » [27] Le chef jaune répond simplement à ces insultes en indiquant que la réflexion lui a montré que les idées socialistes étaient utopiques et lui a permis d’évoluer. Face aux attaques virulentes d’un ouvrier de l’arsenal, Le Gall, qui accuse les Jaunes de n’être qu’un produit des Japy [28], Pierre Biétry assure que les revenus de la FNJF proviennent exclusivement des cotisations des adhérents et de la diffusion à 35 000 exemplaires du Jaune. La réunion se termine sans que le député sortant Isnard ait réussi à prendre la parole. En effet, l’heure n’est plus à la discussion mais au pugilat : des bagarres opposent Rouges et Jaunes dans la salle jusque dans les rues adjacentes [29].

16Cette réunion est tout à fait représentative du climat de lutte sans merci que se livrent Pierre Biétry et les socialistes.

17Autre signe des tensions électorales du moment, des dizaines d’affiches de couleurs souvent très vives sont apposées sur tous les murs de Brest [30]. Sur celles d’Émile Goude, les socialistes veulent démontrer que Pierre Biétry est le candidat des patrons et des prêtres. Sur une affiche intitulée « Démasquons les Jaunes », Pierre Biétry est présenté comme un défenseur de l’Église sans influence et le mouvement jaune comme une coquille vide [31]. Sur d’autres affiches, Émile Goude et ses militants rappellent que Pierre Biétry est un ancien socialiste qui a tenu des discours très enflammés contre le capitalisme. Par exemple, sous les titres de « Aux commerçants » ou encore « Candidat de l’Ordre », des discours de 1899 ou de 1901 de Pierre Biétry dans lesquels le futur leader jaune s’insurgeait contre la société capitaliste sont retranscrits [32]. Émile Goude, lui, est présenté comme un dangereux révolutionnaire [33]. Sur une affiche sans équivoque : « À Bas les Destructeurs, voter pour Goude, c’est voter pour “la Révolution”, “la Haine”, “la Guerre civile” ou encore la “Ruine de Brest” » [34]. Plusieurs journaux proches des nationalistes et des milieux conservateurs se font les relais des idées de Pierre Biétry : L’Écho de Paris, Le Gaulois, La République française, Le Soleil, La Libre Parole et L’Autorité[35].

18Par ailleurs, pour sa campagne, Pierre Biétry crée un journal, Le Genêt Breton, qui paraît pour la première fois le 7 mars 1906. Ce journal, « antisocialiste et de progrès social », a pour but de s’occuper des « intérêts locaux et sociaux » [36]. Le Genêt Breton paraît de manière bi-hebdomadaire à partir de mai. Dans le premier numéro, Pierre Biétry fait le lien entre le genêt, symbole politique jaune, et la Bretagne, région dans laquelle cette plante est très présente. Pierre Biétry en est le principal rédacteur même si son nom n’est pas mentionné dans l’ours [37]. Les quatre pages de ce journal mélangent analyses et commentaires sur l’actualité nationale et locale. La plupart des plumes jaunes se mettent au service de leur chef à un moment ou à un autre [38]. La rédaction du Genêt Breton annonce aussi clairement que son objectif est « sans équivoque [car] ce journal est fondé pour défendre la candidature de Pierre Biétry ; il la défendra, avec violence parfois, contre des adversaires violents, mais avec la résolution ferme d’être juste, toujours. » [39]

19L’appel à la mobilisation des lecteurs est clair : « Au travail ! Au travail ! En avant ! Pour la candidature de Pierre Biétry qui représente la France du travail, la France libérée des sectes et du socialisme » [40]. Les adversaires du candidat y sont régulièrement malmenés. « Gourde » (Goude) est traité de « crétin » [41] et ses actions de « gourdinailleries ». Bouyssou [42], lui, est brocardé : « Sociale-Matraque » ou « candidat de la Fédé des Ganaches » [43].

20Ce sont surtout les fidèles du mouvement jaune qui financent sa campagne. Une souscription est lancée, elle rapporte 7 000 francs à Biétry [44]. La liste des donateurs est publiée régulièrement, rappelant la méthode utilisée par La Libre Parole pour financer le monument au commandant Henry lors de l’Affaire Dreyfus [45]. Gaston Japy, fidèle du candidat jaune, s’engage à verser 200 francs par semaine et à trouver vingt souscripteurs qui feront de même, afin de financer sa campagne électorale. Pierre Biétry reçoit une aide mensuelle de 16 800 francs de janvier à mai 1906 [46]. Selon un autre rapport, le grand patron Gaston Japy aurait lui-même versé une somme de 50 000 francs pour soutenir le candidat jaune [47]. En outre, une Ligue nationale pour la défense des Jaunes est fondée par Albert de Guigné afin de promouvoir la candidature de Pierre Biétry à Brest. La Ligue s’engage à récupérer des fonds à cette fin et à faire de la publicité à ses idées. Ce serait ainsi « plus de 600 000 francs qui auraient été récoltés, dont la majeure partie [aurait été] fournie par le patronat » [48]. Ajoutons que malgré les réticences de Jacques Piou, l’Action libérale populaire a largement financé la campagne électorale de Pierre Biétry [49]. Ces multiples soutiens sont l’une des clés d’explication de sa victoire. Il obtient la majorité dans toutes les sections de Brest et des communes environnantes lors du premier tour.

21Pierre Biétry, candidat antisocialiste, est élu député de Brest le 20 mai 1906 devant Émile Goude, socialiste unifié, par 8 886 voix contre 8 292. Cette victoire fait souffler un vent nouveau sur le mouvement jaune. Un vaste élan de sympathie se produit : « De tous côtés, on écrit au Président des Jaunes pour s’intéresser à son œuvre et pour lui offrir des concours moraux et pécuniaires. » [50]

Biétry rival de Jaurès

22Un député agissant à la Chambre… Pierre Biétry a 34 ans lorsqu’il fait son entrée à la Chambre.

23Dans Le Jaune du 2 juin 1906, Gaston Japy pose le problème du lieu où le nouvel élu devra siéger : « Je le répète, que Biétry soit à l’Est, à l’Ouest, au Nord ou au Sud à la Chambre, peu importe ; ce qui compte, c’est de voir entrer au Palais Bourbon le défenseur infatigable du programme Jaune, espérance des travailleurs et des bons Français. » [51]

24N’étant pas obligé d’appartenir à un groupe politique [52], Pierre Biétry siège seul, entre la gauche et l’extrême gauche sur les bancs de la Chambre [53] ; il a refusé l’argent offert par l’Action libérale populaire qui voulait le voir rejoindre ce groupe de centre-droit à la Chambre [54]. Ses débuts y sont remarqués : il interpelle le Gouvernement sur la politique générale, ce qui lui permet, le 15 juin, de se poser en rival de Jean Jaurès. Répondant au leader socialiste qui venait d’exposer les grandes lignes de sa doctrine, le nouveau député de Brest présente la sienne. Debout, le poing tendu, les députés socialistes l’injurient et l’insultent avec une véhémence peu commune en ces lieux. Les socialistes Jules Coutant et Jean Allemane lui refusent tout droit de parole : « Biétry n’a pas le droit de parler ! » Ce à quoi Pierre Biétry répond : « Ce que vous voulez reconstituer, c’est la bureaucratie russe, c’est le tsarisme sous sa forme odieuse. » [55] Accueilli à sa descente de la tribune en triomphateur par la droite, il est l’homme qui venait de tenir tête au grand tribun socialiste [56] ; son action le grandit, non seulement aux yeux de ses propres troupes, mais encore à ceux de la droite tout entière.

25Le lendemain, la grande presse hostile à l’extrême gauche répercute ce premier succès. Jamais un tel hommage n’avait été rendu au chef des Jaunes et à son mouvement.

26Pierre Biétry s’investit avec conviction dans certains débats. Entres autres, il dépose un projet de loi dans lequel il souhaite que le personnel des chemins de fer de l’Ouest devienne actionnaire de son entreprise et il montre sa méfiance à l’égard des pouvoirs publics [57]. Mais son projet n’aboutit pas. Il est aussi favorable à la séparation des Églises et de l’État à la seule condition que cette scission ne serve pas les intérêts des socialistes et des athées. Il refuse de donner sa voix à la motion de soutien au gouvernement Clemenceau en octobre 1906 [58] car il juge ce dernier trop proche des socialistes. Bien qu’il n’ait pas participé aux débats, il ne s’oppose pas à la loi sur le repos dominical (avec des dérogations) et admet même que certains patrons sont égoïstes. Mais il pense aussi que les socialistes sont prêts à utiliser cette loi contre les entrepreneurs et que l’État a une administration très lourde, ce qui rend son application très difficile [59]. Le 30 novembre 1906, il refuse de faire passer l’indemnité parlementaire de 9 000 à 15 000 francs. 218 députés – contre 290 qui y sont favorables – s’opposent à cette mesure qui nourrit pendant un temps certains discours antiparlementaires [60]. Enfin, il attaque la loi du 10 avril 1908 des députés Alexandre Ribot et Jules Siegfried – le maire du Havre – qui proposent de faciliter l’accession à la propriété des ouvriers. Pierre Biétry pense que l’ouvrier emprunteur ne peut que s’endetter, et donc que dans ce cas, il sera dépendant de ses créanciers. Cette fausse accession à la propriété ferait le jeu des patrons, la main-d’œuvre restant ainsi stable et contrainte de travailler pour régler ses dettes [61].

27Le 11 mars 1907, Pierre Biétry s’attaque à Jean Jaurès et à Georges Clemenceau. Il proclame : « Ce titre de Jaunes, je ne le laisserai salir ni par vous, ni par personne […] Nous voulons vous abattre, vous les socialistes […] Nous voulons vous mettre à terre parce que le pays est avec nous […] Nous nous apercevons que toute l’organisation politique, toute la machine administrative, gouvernementale et judiciaire, est dirigée contre nous. » [62] Cela déclenche des applaudissements dans les rangs de droite et du centre et des huées à l’extrême gauche. Il termine : « Il y en avait déjà assez pour vous, avant que je parle, mais je monterai à la tribune en d’autres occasions […]. Nous n’avons peur ni de votre programme social, ni de votre programme politique, ni même de vos personnes. » [63]

28Son exclusion de la Chambre le 19 octobre 1908 marque les esprits. Ce jour-là, Pierre Biétry attaque les magistrats qui ont réhabilité le capitaine Dreyfus. Les autres députés exigent qu’ils quittent la séance, il s’y refuse. Il est expulsé de force par la garde du Palais Bourbon. Il reçoit le soutien de toute la droite nationaliste et de fait, se retrouve catalogué à l’extrême droite par les autres forces politiques [64].

29…mais un député absent de sa circonscription. Très présent à la Chambre, Pierre Biétry semble avoir du même coup oublié sa circonscription bretonne dans laquelle il ne se rend que très rarement. Dès sa victoire en mai 1906, il déserte la Bretagne pour se consacrer à ses activités nationales au sein des Jaunes.

30Lors de l’apéritif qui lui est offert par ses soutiens bretons en juin 1906, Pierre Biétry ne reste que douze heures à Brest, le temps de prononcer quelques discours et de repartir ensuite pour la capitale. Il est vrai qu’il n’est pas en grande forme car il vient de subir une intervention chirurgicale sérieuse [65]. En septembre 1906, il séjourne quatre jours en Bretagne, le temps de recevoir ses électeurs pour les aider à trouver un logement ou un emploi [66].

31Dès janvier 1907, le sous-préfet de Brest souligne déjà l’isolement du député local, soutenu seulement par les hommes d’Église les plus conservateurs [67]. Deux mois plus tard, seuls quelques notables se pressent autour du chef des Jaunes lors de l’un de ses rares passages à Brest [68]. En octobre 1907, ce ne sont que quelques officiers, quelques religieux et quelques membres des professions libérales qui demeurent autour de Pierre Biétry [69]. En mars 1907, il prononce une conférence à la Bourse libre du travail de Brest devant seulement 150 personnes [70]. Il n’aborde que des questions de politique générale comme son rejet du socialisme ou encore sa lutte contre la politique gouvernementale. Aucune place n’est faite aux problèmes concernant sa circonscription [71].

32Qui plus est, dès son élection à la Chambre en mai, Pierre Biétry n’écrit plus d’article dans Le Genêt Breton. Finalement, faute de lecteurs, cette publication, comptant déjà 47 numéros, disparaît à la fin de l’année 1906.

33En octobre 1908, 150 affiches officielles sont placardées dans Brest par la sous-préfecture pour informer la population de son exclusion de la Chambre. En raison d’un parcours chaotique, Pierre Biétry ne suscite que peu de sympathie [72]. Il gagne tout de même un procès en diffamation contre le journal socialiste local L’Égalitaire dans lequel son ancien adversaire Goude l’avait accusé d’être un traître, soumis aux patrons [73].

34Son absence lors de tous les voyages de personnalités, ministres ou souverains étrangers qui passent par Brest entre 1906 et 1910 est un autre signe de sa faible implication dans sa circonscription. En septembre 1906, Pierre Biétry ne se montre pas lors de la venue à l’Arsenal de Brest du ministre de la Marine, Gaston Thomson [74], ministre qu’il aurait malgré tout rencontré à Paris peu de temps avant son voyage pour lui faire-part des problèmes du port de Brest [75]. Il n’est présent ni en décembre 1907 lors du transit du roi d’Espagne par la Bretagne, ni en septembre 1908 lorsque la reine douairière d’Italie, veuve du roi Humbert Ier et mère du roi Victor Emmanuel III, visite l’Arsenal et la rade de Brest [76].

35Pierre Biétry sait rapidement que son implantation électorale est compromise à cause de la perte de nombreux soutiens, en particulier au sein de la droite locale. Un rapport de police de juin 1908 fait état de cette situation. Il « se sent perdu ; certains vont même jusqu’à croire que d’ici 1910, il est capable, pour sauver sa situation, de revenir à ses anciens principes socialistes et de se séparer de tous ceux qui l’ont soutenu. » [77] Aux élections législatives de 1910, Pierre Biétry ne se représente pas et son ancien adversaire, Émile Goude, devient député de Brest.

36Pierre Biétry est présenté par des historiens locaux actuels comme un homme « sans scrupule qui ne manque pas d’intelligence et qui a surtout une grande possession de lui-même… Il parle avec calme, ne se laisse jamais démonter par l’interruption… » [78] Il n’a pas laissé un grand souvenir dans la région finistérienne.

37Si la conquête de la circonscription de Brest par Pierre Biétry a peu marqué les esprits et s’il a déçu ses administrés, il fut pourtant un député présent et actif à la Chambre.

38Ancien ouvrier à l’origine du mouvement jaune, il se hisse à l’assemblée, se retrouvant dans un monde qui n’est pas le sien. Ses prises de position extrêmes le conduisent dans l’impasse. L’aventure parlementaire de Pierre Biétry montre la difficulté pour un personnage décalé socialement et politiquement de trouver une place durable dans un univers normé et dominé par des codes précis. La légitimité que donne la reconnaissance électorale ne suffit pas à faire de l’élu un parlementaire efficace et écouté, capable de s’inscrire dans le temps et… l’Histoire. Là où Pierre Biétry pensait trouver une force en refusant de respecter les règles établies, en voulant garder une indépendance vis-à-vis des autres forces politiques, c’est tout le contraire qui se produit : il se met lui-même hors-jeu dans un contexte où les figures de Jaurès, de Guesde, de Clemenceau, de Barrès ou de Maurras, entre autres, dominent la scène politique, syndicale et sociale française.

39Pierre Biétry quitte en 1912 la métropole pour s’installer à la tête d’une plantation d’hévéas en Indochine. Son départ marque la fin du mouvement jaune [79]. Il meurt en novembre 1918 sur cette terre lointaine.


Mots-clés éditeurs : parlementaire, Belle Époque, finistère, jaune, syndicalisme

Date de mise en ligne : 05/01/2009

https://doi.org/10.3917/parl.010.0126

Notes

  • [1]
    Sur les Jaunes et l’origine du mouvement, voir Zeev Sternhell, La Droite révolutionnaire, Paris, Fayard, 2000, pp.253-319.
  • [2]
    Archives Nationales (AN) F7 12793, 09 février 1906 (rapport de police, « Lazare »).
  • [3]
    AN F7 15931-2, 03 mars 1905 (rapport de police, « Metz »).
  • [4]
    Ibid., 14 février 1906 (rapport de police, « Lazare »). Le Gaulois est un quotidien conservateur.
  • [5]
    Ibid., 02 mars 1906 (rapport de police, « Lazare »).
  • [6]
    Ibid., 05 mars 1906 (rapport de police, « Lazare »).
  • [7]
    Ibid., 14 février 1906 (rapport de police, « Lazare »).
  • [8]
    Archives Départementales du Finistère (ADF) 3 M 301 (élections législatives de 1906 : rapports du sous-préfet), 21 février 1906.
  • [9]
    Ibid., 26 février 1906.
  • [10]
    Ibid., 21 février 1906 (rapport de police).
  • [11]
    Ibid.
  • [12]
    Ibid.
  • [13]
    ADF 3 M 300 (élections législatives de 1906 : instructions, correspondance…).
  • [14]
    Ibid.
  • [15]
    Ibid.
  • [16]
    Ibid.
  • [17]
    ADF 3 M 301 (élections législatives de 1906 : rapports du sous-préfet), 21 février 1906.
  • [18]
    Ibid., 11 et 17 avril 1906 (rapports de police).
  • [19]
    Le Genêt Breton, 18 avril 1906.
  • [20]
    Ibid., 30 avril 1906.
  • [21]
    AN F7 12544 (élections législatives de 1906 dans le Finistère), 22 avril 1906 (rapport de police).
  • [22]
    ADF 3 M 300 (élections législatives de 1906 : instructions, correspondances…).
  • [23]
    Ibid.
  • [24]
    AN F7 12544, 10 février 1906 (rapport de police, dossier sur les élections législatives de Brest).
  • [25]
    Ibid.
  • [26]
    Ibid.
  • [27]
    Ibid.
  • [28]
    Dynastie industrielle de la région de Montbéliard.
  • [29]
    Ibid.
  • [30]
    ADF 3 M 302 (élections de 1906 : affiches et tracts).
  • [31]
    Ibid.
  • [32]
    Ibid.
  • [33]
    Ibid.
  • [34]
    Ibid.
  • [35]
    Ce journal fut particulièrement actif dans le soutien qu’il accorda aux Jaunes, voir par exemples : L’Autorité, 1er et 15 mars 1905, « Les Jaunes de France » (Duranton, Georges). Dans L’Autorité du 22 avril 1905, (« Les Jaunes de France, l’Oeuvre de Pierre Biétry »), Duranton proclame que « L’Autorité sera toujours heureuse d’ouvrir ses colonnes aux communications des Jaunes ».
  • [36]
    Le Genêt Breton, 7 mars 1906.
  • [37]
    ADF 1 M 134 (rapports de sous-préfets), 26 septembre 1906.
  • [38]
    Le Genêt Breton, 07 mars 1906.
  • [39]
    Ibid.
  • [40]
    Ibid.
  • [41]
    Ibid., 30 avril 1906.
  • [42]
    ADF 3 M 300, Bouyssou a 34 ans. Il ne « veut ni réaction ni révolution ». Il est favorable à la Séparation de l’Église et de l’État. Il souhaite aussi qu’un impôt progressif sur le revenu soit créé pour aider les milieux populaires.
  • [43]
    Le Genêt Breton, 30 avril 1906.
  • [44]
    Ibid., 05 mai 1906.
  • [45]
    Christophe Charle, « Le déclin de la République des avocats » in Pierre Birnbaum (dir.), La France de l’Affaire Dreyfus, Paris, Gallimard, 1994, pp.68-71.
  • [46]
    AN F7 12793, 15 décembre 1905 (rapport de police).
  • [47]
    Ibid., 25 janvier 1905 (rapport de police).
  • [48]
    Ibid., 18 août 1906 (rapport de police).
  • [49]
    Ibid., 12 décembre 1905 (rapport de police).
  • [50]
    Ibid., 18 août 1906 (rapport de police).
  • [51]
    Le Jaune, 02 juin 1906.
  • [52]
    Gilles Candar, Histoire politique de la IIIème République, Paris, La Découverte, 1998, p.68.
  • [53]
    Le Gaulois, 26 mai 1906.
  • [54]
    AN F7 15931-2, 08 mai 1906 (rapport de police, « Lazare »).
  • [55]
    Roger Marlin, « Pour servir à l’histoire sociale : quelques précisions sur la vie, l’œuvre, et les idées de Pierre Biétry (1872-1918) », Bulletin de la société d’émulation du Doubs, 1985, pp.75-106, p.86.
  • [56]
    AN F7 12793, 18 août 1906. Dans le numéro du 02 juin 1906 du Journal des travailleurs, l’éditorialiste de l’organe jaune du Havre s’interroge : « Biétry vaincra-t-il Jaurès ? ».
  • [57]
    Proposition de loi tendant au rachat des divers réseaux de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest, Paris, imprimerie de Motteroz et Martinet, sans lieu, 1906.
  • [58]
    Journal Officiel, compte-rendu des débats parlementaires, 25 octobre 1906.
  • [59]
    Le Jaune, 24 novembre 1906.
  • [60]
    Journal Officiel, compte-rendu des débats parlementaires, 30 novembre 1906.
  • [61]
    L’Autorité, 24 septembre 1908.
  • [62]
    Roger Marlin, « Pour servir à l’histoire sociale : quelques précisions sur la vie, l’œuvre, et les idées de Pierre Biétry (1872-1918) », art. cit., p. 87.
  • [63]
    Ibid.
  • [64]
    Le Jaune, 24 octobre 1908.
  • [65]
    Le Genêt Breton, 27 juin 1906.
  • [66]
    Ibid., 08 septembre 1906.
  • [67]
    ADF 1 M 134 (rapports de sous-préfets à Brest de 1830 à 1935), janvier 1907.
  • [68]
    Ibid., 03 mars 1907.
  • [69]
    Ibid., 31 octobre 1907.
  • [70]
    ADF 3 M 301 (rapports de police sur les élections législatives de 1906 et sur Biétry), mars 1907.
  • [71]
    Ibid.
  • [72]
    Ibid., 30 octobre 1908.
  • [73]
    La Dépêche de Brest, 24 juillet 1908.
  • [74]
    ADF 1 M 321 (voyages ministériels de 1820 à 1924).
  • [75]
    Le Genêt Breton, 22 septembre 1906.
  • [76]
    ADF 1 M 322 (voyages de Chefs d’État et de souverains étrangers).
  • [77]
    AN F7 15931-2, 16 juin 1908 (rapport de police).
  • [78]
    Jean Foucher, Gérard Thomas, La Vie à Brest de 1848 à 1948 : les évènements (tome 1), Paris, Éditions de la Cité, 1973, 220 pages, p. 117.
  • [79]
    Pour de plus amples développements : Christophe Maillard, Pierre Biétry (1872-1918) : du socialisme au nationalisme, ou l’aventure du leader des Jaunes à la Belle Époque, thèse de doctorat en histoire contemporaine sous la direction de Stéphane Courtois, soutenue à Paris X-Nanterre en janvier 2006, 618 p. Avec tous mes remerciements à Magali Grange.

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