1

Nous avons deux partis – soutenait Giuseppe Gaudenzi au Congrès républicain des 6-8 octobre 1902 – le parti républicain, qui n’est pas bourgeois par principe mais qui l’est de fait, comme le sont tant de socialistes, et le parti républicain prolétaire. Venez en Romagne et vous verrez que le parti est constitué de paysans, de travailleurs journaliers, ce sont des gens qui se sacrifient lorsqu’ils envoient leurs représentants au Congrès [1].

2Ce parti bourgeois de fait, décrit par Gaudenzi, est notamment incarné par les élus républicains qui défendent, au début du xx^e siècle, au sein de leur groupe parlementaire, une maîtrise des décisions et une affirmation politique propre, résumée par leur mot d’ordre « libres et responsables [2] ». Ce « républicanisme par en haut » concentre son attention et sa pratique politique sur le Parlement. Une position « équivoque » pour un parti comme le Parti républicain italien (PRI) qui, bien que reconnaissant dans son programme de 1897 la légitimité de prendre part aux élections nationales et locales, n’en affirmait pas moins leur totale inutilité pour faire avancer sa cause [3].

3Le PRI n’échappe pas ainsi à la tension propre à ces partis qu’Antonio Gramsci définissait, dans ses Cahiers de prison, comme « sui generis » : « des partis […] en d’autres termes [qui], s’ils veulent obtenir des succès relativement rapides, doivent être des centrales de fédérations de partis […] ; des partis d’un système général de gouvernement et non de gouvernement particulier [4] ». Une nécessité vivement ressentie par une base républicaine qui préconise, dès le début du siècle, de « s’adresser aux forces populaires » pour insuffler de la vie et élargir le front politique et social. Ce « républicanisme par en bas » couple son opposition au gouvernement mené par Giovanni Giolitti au refus impératif de la monarchie italienne ; la question n’étant pas tant de « changer d’étiquette » mais de proposer un programme de démocratie directe [5]. Les deux âmes du républicanisme se confondent ainsi aussi avec ce que l’historien italien Santi Fedele nommait une crise d’identité entre une « âme révolutionnaire » et une « âme patriotique », bien résumée par ces deux formules qui s’opposeront avec une acuité renouvelée lors des conflits armés menés par la monarchie italienne au début du xx^e siècle [6] : « d’abord Italiens, puis républicains » vs « d’abord républicains, puis Italiens ». Après l’intervention italienne en Libye, les débats qu’elle suscite et les ruptures qu’elle provoque dans les rangs du PRI, les deux jeunes leaders intransigeants, Oliviero Zuccarini et Giovanni Conti, élus à la direction du parti au Congrès d’Ancône de 1912, vont faire largement appel à un renouvellement radical de l’organisation républicaine. C’est à la création d’une structure militante et donc d’une « organisation de guerre », pour reprendre la terminologie du sociologue Roberto Michels [7], que Zuccarini et Conti tendent. Il s’agira de réorganiser le PRI autour d’une structure centralisée, déterminant les objectifs politiques précis visant à définir le cadre et les limites de l’organisation partisane [8]. Alors, le Groupe parlementaire se conformera la plupart du temps aux instances centrales de l’organisation républicaine ; dès 1912, tous les élus républicains devront être membres du parti. Néanmoins, comme le souligne Marina Tesoro, « des habitudes mentales, des pratiques consolidées, des liens personnels, en définitive les effets du transformisme, empêch[eront] de fait la complète application de la nouvelle formule organisationnelle [9] ». La Première Guerre mondiale et la montée du fascisme vers le pouvoir se chargeront de clarifier les lignes.

« Italianité » et républicanisme

4Durant la période giolittienne (1901-1914), le PRI constitue une caisse de résonance de la crise morale et culturelle d’une jeunesse bourgeoise antibourgeoise qui ne trouve pas dans l’organisation politique du mouvement ouvrier le lieu où s’exprimer. Comme le soulignait alors le philosophe Benedetto Croce :

5

L’idéal socialiste […] ne parlait plus aux jeunes, ni à ceux-là mêmes qui avaient été jeunes : en partie à cause de la critique qui avait rongé le marxisme et son catastrophisme, en partie à cause de la dissolution graduelle du socialisme dans le libéralisme, et en partie du fait des réformes dont pratiquement tout son “programme minimum” avait fini par se constituer [10].

6Le PRI semblait bien au contraire être, parmi les partis d’opposition, le seul capable de donner une réponse progressiste au désarroi et au désenchantement de cette jeunesse, en demeurant « fièrement » sur une position intransigeante de refus de la monarchie italienne et des réformes qu’elle proposait. Le rigorisme républicain impliquait de plus une série de choix par la négative, manifestant, dans le cadre particulier de l’Italie giolittienne, l’arc vaste des contestations antigouvernementales : l’anti démocratie (synonyme d’anti réformisme pour les républicains intransigeants) et l’antiparlementarisme, exprimant le tendanciel refus de participer au système politique italien. L’une des préoccupations qui ébranle les partis d’opposition un peu partout en Occident est précisément le fait que la participation active aux rouages institutionnels de l’État que l’on combat pourrait avoir pour biais principal le renoncement aux fondements mêmes de la lutte. Jean Jaurès ne soutenait-il pas lui-même en 1904 : « À mesure que la vie socialiste se développe dans chaque pays, à mesure qu’elle exerce sur la nation avec laquelle elle fait corps et où elle évolue une action plus directe, la vie socialiste se mêle plus profondément à la vie du pays même [11] » ? Que faire alors pour éviter que la participation active à la vie politique de la nation ne devienne une adhésion « pure et simple » à son système politique et à ses valeurs ?

7La question a des impacts d’autant plus importants dans le cas d’un parti comme le PRI. En effet, celui-ci n’est pas, au début du xx^e siècle, une entité homogène, tant du point de vue de sa base sociale que de son ancrage territorial ; entre 1901 et 1914, le nord et le centre de la Péninsule (Marches, Romagne, Toscane, Ombrie et Latium) rassemblent plus de 85 % des membres d’un PRI fondamentalement composé d’associations républicaines, de cercles mazziniens et de culture ; une organisation qui se fonde donc essentiellement sur le principe de l’autonomie des multiples pôles de décision [12]. Dès 1897, le premier statut du parti en appelle au regroupement des associations locales dans une structure fédérative régionale. Néanmoins, ces diverses fédérations ne jouent pas le rôle d’intermédiaire entre la base du mouvement et une direction politique centralisée, bien qu’elles s’affichent comme les garantes d’une autorité de tutelle locale pour leurs militants qui leur délèguent une partie de leurs responsabilités politiques. Cette institutionnalisation imparfaite limite la centralisation et la concentration du pouvoir décisionnel. Ainsi, selon Paolo Pombeni et Maurizio Ridolfi, le PRI peine à se constituer en entité politique nationale [13]. La création en 1897 du Groupe parlementaire, deux ans après la fondation du parti, acquiert dans cette optique une importance tout à fait fondamentale. Organe formellement indépendant, il réussit sans grande peine à « conquérir [son] autonomie complète à l’égard de la direction [14] » du PRI. Provenant de professions libérales (avocats, ingénieurs, industriels), les candidats aux élections sont choisis dans leur région pour le prestige qu’ils ont acquis ou les réseaux personnels et professionnels qu’ils ont tissés, rendant d’autant plus labile le lien réel entre leur présence aux élections et la défense d’un programme politique quel qu’il soit. Le Groupe parlementaire devient par capillarité le lieu de la représentation du parti vers l’extérieur. Pour le dire avec Marina Tesoro, « plus l’organisation est faible et fluide, plus fort est le rôle » de ses députés, qui légitiment leur présence politique par la « volonté populaire » dont ils seraient par nature porteurs au Parlement [15]. Lors du deuxième Congrès du parti en 1897, Giovanni Bovio avait lancé l’appel à « se définir ou disparaître » ; dès lors il demeure comme le maître mot d’un parti qui refuse et de se définir et de disparaître. L’aversion envers la monarchie et la conséquente nécessité de constituer une République demeurent les seuls fondements du mouvement républicain sur lesquels tous les membres, du militant au sympathisant, s’accordent. Cependant, il n’y a pas d’entente sur le répertoire d’actions collectives nécessaire à la réalisation de ce programme maximal, ni sur la manière de concevoir l’engagement militant. En février 1914, le normalien Fernando Schiavetti, fraîchement recruté dans les rangs du PRI, écrit à ce propos dans les pages de l’organe de presse républicain L’Iniziativa :

8

Il y a dans notre parti des hommes qui appartiennent à la vieille génération, qui ont donné leur nom et leur activité à la cause républicaine lorsqu’il s’agissait de résoudre un problème national qui réchauffait le cœur de tous. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux ne comprennent pas la période historique que nous vivons […] Ces vieux – ceci est dit sans injure et heureusement ils ne sont pas tous pareils –, sont le boulet du parti [16].

9Il ne s’agit pas d’une simple question d’âge mais d’une attitude mentale spécifique tendant à se maintenir en place tant que faire se peut et à conserver des prérogatives politiques arc-boutées sur la légitimité perçue de leur parcours militant. Le sociologue Roberto Michels le relèvera au début du xx^e siècle : « […] celui qui est arrivé [à devenir dirigeant] ne revient pas volontiers à la situation obscure qu’il avait occupée auparavant » a fortiori s’il s’agit d’un élu. Le même Michels reprend à ce propos les termes du républicain Pio Viazzi qu’il définit comme « l’un des plus honnêtes députés de la Chambre italienne » : « celui qui a été élu une fois, fera tout son possible pour être réélu [17] ». Et ceci passe aussi par une forme d’adaptation aux codes et pratiques du système politique dans lequel les députés agissent, pouvant aller à l’encontre du programme républicain qu’ils sont pourtant censés défendre au Parlement. En 1910, le Groupe parlementaire propose ainsi Salvatore Barzilai à la vice-présidence de la Chambre, suscitant de vives réactions dans les rangs du parti et notamment celle d’Arcangelo Ghisleri : « […] toute leur action est une abdication des principes d’hostilité anti-institutionnels aux exigences des institutions dominantes [18] ! » Une question centrale lors des conflits armés où l’adhésion à la « cause supérieure » de l’État en guerre devient l’une des conditions principales d’appartenance à la sphère nationale, à « l’italianité » pour reprendre les termes de Giovanni Bollati [19] ; le ralliement des partis d’opposition est d’autant plus important qu’il contribue à la légitimation et à la conservation du système existant, le parant d’un vernis démocratique.

10La guerre de Libye constitue de ce point de vue à tous les égards une première épreuve de redéfinition des rapports entre le mouvement et sa représentation parlementaire, véritable « détonateur » qui va conduire à un changement politique et organisationnel substantiel au sein du PRI [20]. Latecomer du scramble for Africa, le gouvernement italien affiche, dès le début du xx^e siècle, ses velléités impérialistes, appuyé par une forte mobilisation des nationalistes, porte-bannière de l’expansion coloniale en Afrique, qui mènent campagne pour que la « petite Italie de Giolitti » devienne grande et puissante et atteigne son « quatrième rivage » [21]. Si une frange significative de la base républicaine en appelle à une lutte sans merci contre les velléités expansionnistes de l’État italien au nom des principes d’indépendance, de liberté des peuples et de défense des intérêts des travailleurs, certains membres du Groupe parlementaire, atteints de ce que Napoleone Colajanni nommait une « fièvre coloniale », suivent et appuient l’action belligène du gouvernement Giolitti [22]. La guerre approchant, le député Ubaldo Comandini se dit prêt à approuver la campagne en cas de « légitime défense ou de nécessité fatale [23] ». Roberto Mirabelli, quant à lui, intervient dans le débat qui fait rage au sein du parti, insistant sur le fait que « le PRI n’a jamais condamné abstraitement la politique coloniale […] parce que colonie signifie dans le fond civilisation [24] ». Quelques semaines plus tard, l’Italie étant engagée dans la guerre, le même Mirabelli demande aux républicains de se rassembler autour du « bien de la Patrie [25] ». Une position proche de celle défendue alors par l’historien méridional Gaetano Salvemini qui, bien que condamnant fortement, dans un premier temps, l’entreprise coloniale du gouvernement italien, finit par la soutenir devant le fait accompli en demandant au gouvernement de faire : « […] tout ce qui est nécessaire, sans exclure aucun sacrifice, afin que le pays sorte de cette entreprise avec honneur [26]. » Ce « patriotisme sentimental » ne peut satisfaire les jeunes républicains. Un vent de critique souffle alors dans le camp républicain, sorte de répétition générale de la fronde qui ébranlera bientôt le PRI lors de la bataille pour l’intervention de l’Italie dans la Première Guerre mondiale.

11La base du mouvement est en ébullition un peu partout, mais en particulier dans les régions aux traditions insurrectionnelles avérées (Toscane, Marches, Lombardie) : journaux, meetings, réunions publiques dénoncent le Groupe parlementaire. Le jeune Cipriano Facchinetti écrit dans le journal de Varese (Il Cacciatore delle Alpi) qu’il faut que le gouvernement expédie « le roi » en Libye parce que « le peuple italien ne laissera pas partir ses soldats » ; il « arrachera » bien plutôt « les rails des chemins de fer [27] ». Fernando Schiavetti s’en prend quant à lui à la rhétorique guerrière des nationalistes et aux velléités expansionnistes italiennes :

12

Nous ne compromettrons pas notre doctrine et regardons vers l’avenir […] Il ne faut pas respecter les conditions d’une civilisation qui trépasse : mais se poser sur le terrain de celle à venir et établir depuis ce point notre angle d’attaque [28].

13En attendant, au Parlement, Salvatore Barzilai se dépense pour la campagne coloniale du gouvernement Giolitti [29]. En février 1912, alors que la majorité du Groupe parlementaire, soit 13 députés, vote à la Chambre le décret d’annexion de la Tripolitaine, il justifie ainsi sa prise de position :

14

La partie républicaine a ce titre premier ineffaçable de noblesse dans l’histoire italienne : avoir toujours abdiqué ce qu’elle pouvait de ses visions particulières, de ses commodités, quand le pays réclamait la concorde suprême. Nous ne pouvons aujourd’hui renoncer à cette tradition […] le Parlement italien ne peut […] déchirer le décret, déjà validé là-bas par l’effusion du meilleur sang italien [30].

15Les appels à ce que les députés signataires du décret soient expulsés se diffusent à la base du PRI : « Hors du Parti » (Fuori dal Partito) titre le Pensiero Romagnolo du 25 février 1912. La Squilla de Pavia quant à elle s’insurge le 24 février 1912 : « La bannière républicaine outragée par la majorité des députés à la Chambre » (« La bandiera repubblicana oltraggiata dalla maggioranza dei deputati repubblicani alla camera »). Les questions ouvertes alors ne se résument pas au seul comportement et aux orientations politiques défendues individuellement par l’écrasante majorité des députés républicains mais s’élargissent à une tentative d’analyser les « tares » du parlementarisme ; des réflexions qui occupent non seulement des sociologues comme Roberto Michels mais aussi, plus largement, les socialistes un peu partout en Europe. Parmi ces « tares », les réseaux de sociabilités liés à la fonction parlementaire qui assimilent les députés républicains à ce que Giovanni Conti appelle, dans une lettre à Arcangelo Ghisleri du 27 novembre 1912, une « mafia parfaite [31] ». Le fait même, bien entrevu par Oliviero Zuccarini, que l’électeur finalement « abdique » son pouvoir en « choisissant son représentant » fait de l’institution parlementaire une oligarchie à part qui se reconnaît dans des codes particuliers et qui voit dans cette délégation la seule modalité, l’unique répertoire et la fondamentale légitimité de sa présence politique [32]. Anna Kuliscioff en donnera une description saisissante dans une lettre au leader socialiste Filippo Turati le 30 novembre 1912, en partant de l’affaire soulevée par la rupture entre Salvatore Barzilai et son parti et la mise en scène de ses démissions au Parlement :

16

De [Antonio] Salandra à [Leonida] Bissolati, en passant par [Luigi] Fera et [Napoleone] Colajanni, tous ont été d’accord d’émanciper les hommes politiques de leurs partis, mis à part le malheureux groupe socialiste et un petit groupe républicain. Tous étaient d’accord sur le fait de ne vouloir ni contrôles, ni critiques, ni avoir les mains liées par un programme et des principes, cela a été la vraie apothéose d’une oligarchie parlementaire qui s’oriente selon le vouloir et les goûts de qui sait le mieux la dominer et lui prodiguer des faveurs [33].

17Aux élections de 1913, le PRI élit 9 députés dans ses propres listes ; 9 autres républicains ont quitté le parti et se sont présentés en tant qu’indépendants. Entre-temps, le Congrès d’Ancône a sanctionné en 1912 la victoire de l’aile intransigeante. Giovanni Conti devient membre de la Commission exécutive du parti avec Pio Viazzi, Ubaldo Comandini, Giuseppe Gaudenzi, Carlo Alberto Guizzardi et Costantino Fusacchia. Oliviero Zuccarini, quant à lui, est nommé secrétaire du PRI par la Commission exécutive réunie à Florence. Bien décidés à changer le parti, Conti et Zuccarini s’attellent à la définition des objectifs à atteindre. En bref, il s’agit de constituer un exécutif fort, de se donner les moyens d’une communication efficace entre le centre et la périphérie, en éditant un organe de presse – ce sera L’Iniziativa, fondée en décembre 1912 – et, enfin, de créer les conditions nécessaires à la formation d’une avant-garde républicaine en mettant l’accent sur la propagande (organisation de meetings, manifestations, conférences, articles). C’est à une nouvelle catégorie de militants que Conti et Zuccarini en appellent. Pour eux, le parti doit resserrer les rangs [34]. La discipline, le dévouement à la cause commune et la rigueur idéologiques sont les seules armes concrètes de la nouvelle direction pour obtenir une réelle influence décisionnelle sur les organisations régionales, leurs membres et son propre Groupe parlementaire qui, depuis les élections de 1913, s’est délesté des républicains dissidents dont, et non des moindres, Salvatore Barzilai.

Guerre et révolution aux frontières du Parlement

18Lorsque le premier conflit mondial éclate en août 1914, le PRI et son Groupe parlementaire vont se trouver dans une situation tout à fait paradoxale, cherchant à ménager les velléités révolutionnaires de certains membres du parti qui voient dans la guerre une potentialité de changer le sort de l’Italie, et la nécessaire prudence dans l’appui aux revendications des courants interventionnistes qui entendent pousser la monarchie italienne dans le conflit. Lors d’une réunion secrète tenue à Rimini le 2 août 1914, le Comité central du PRI déclare vouloir s’opposer « par tous les moyens possibles » à toute action du gouvernement tendant à appuyer l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne dans leur effort de guerre et « leur action agressive préméditée contre les libertés nationales et le principe de nationalité [35] ». Le député Eugenio Chiesa envisage même d’« instaurer en Italie le gouvernement républicain [36] », si la monarchie décidait de rompre la neutralité. La bataille constante des républicains contre la Triplice semble être l’élément déterminant de leur positionnement. Dès avant le déclenchement du conflit, le Groupe parlementaire avait aussi opté pour une condamnation résolue à la guerre. Après le 3 août et alors qu’il ne semble plus être question d’entrer dans le conflit aux côtés de l’Autriche-Hongrie et de l’Allemagne, les deux députés de Romagne, Ubaldo Comandini et Giuseppe Gaudenzi, continuent à soutenir cette position par crainte de s’aliéner les masses populaires, en particulier dans leur région, et de les voir quitter le PRI pour rejoindre les rangs du Parti socialiste [37]. Ubaldo Comandini, dans cette optique, n’aura de cesse de distinguer la neutralité des républicains « conscients de la valeur des idéaux de patrie et de nationalité », de la neutralité des socialistes fondée, selon lui, sur un « internationalisme abstrait [38] ». Le danger perçu par Gaudenzi et Comandini est bien réel si l’on considère que durant les dix mois de non-intervention qui vont suivre, la Péninsule sera le théâtre de conflits ouverts et souvent violents entre les neutralistes, écrasante majorité de la population italienne ouvrière et paysanne, représentés politiquement par les socialistes, les catholiques et les libéraux partisans de Giolitti, et une constellation interventionniste dont, dès novembre 1914, Benito Mussolini et son journal Il Popolo d’Italia deviennent les porte-parole, fortement minoritaires, rassemblant de jeunes universitaires bourgeois provenant d’horizons politiques les plus divers (nationalistes, républicains, socialistes réformistes, syndicalistes révolutionnaires ou anarchistes) [39].

19Si tous les parlementaires, sans exception, approuvent la déclaration de neutralité, certains députés, dont le républicain Eugenio Chiesa et Leonida Bissolati, leader du Parti socialiste réformiste, n’excluent pas pour autant la participation de l’Italie à l’effort de guerre du côté des puissances de l’Entente contre « les assauts de l’impérialisme et de la violence [40] ». Eugenio Chiesa rédige dans ce sens une motion pour l’intervention, appuyée par Francesco Arcà, socialiste proche du syndicalisme révolutionnaire, et Giuseppe De Felice Giuffrida, membre du Parti socialiste réformiste. La motion sera définie par l’organe de presse socialiste L’Avanti ! comme « la substance » du manifeste d’Arcangelo Ghisleri qui, le 11 août, appelle les républicains à incarner la « véritable âme italienne », en lançant le mot d’ordre « Ou sur les champs de Bourgogne pour la sœur latine, ou à Trente et à Trieste […] ». Comme le souligne Brunello Vigezzi, l’effondrement de l’internationalisme socialiste paraît leur offrir l’occasion de « mettre en œuvre leur programme » et, en particulier, d’achever l’unité italienne en « libérant » Trente et Trieste. La motion ne sera en revanche pas signée par les deux députés républicains Giuseppe Gaudenzi et Ubaldo Comandini. Ce dernier s’en expliquera ainsi :

20

[…] lorsque l’on tend à forcer la main aux pouvoirs responsables, lorsqu’on leur indique ainsi qu’au pays, un objectif, avec la formule utilisée dans le manifeste du parti comme dans la motion parlementaire, on assume une responsabilité dont, tôt ou tard, on sera appelé à rendre des comptes [41].

21C’est bien la « responsabilité » des républicains dans le fait d’entraîner le pays dans la guerre que le député Comandini rejette. Le même Comandini qui, durant la vague de grèves et d’agitation à caractère insurrectionnel de juin 1914, plus connue sous le nom de Settimana rossa, avait harangué la foule en proclamant « la fin de la monarchie et la prise du pouvoir par le peuple [42] », refuse d’apporter un quelconque appui à une incitation faite à la monarchie italienne dont elle pourrait ensuite se prévaloir. Et il poursuit :

22

Notre rôle : veiller, même en silence, rassembler les éléments nécessaires au jugement de demain ; dénoncer en son temps l’action des gouvernants si c’est nécessaire. Mais pousser à la guerre, jamais, jamais, jamais. Si la vie de l’Italie vient à être menacée, nous saurons – comme aux jours de l’épopée nationale – faire notre devoir, tout notre devoir. Mais nous ne pouvons pas, nous ne devons pas nous rendre complices d’une guerre, dont la seule pensée nous fait horreur [43].

23Quoi qu’il en soit les sections républicaines sont en effervescence. La guerre s’annonce pour les jeunes républicains intransigeants comme l’occasion sans pareil de transformer radicalement la société italienne, de la faire entrer dans la modernité politique, de mettre un terme au régime “autoritaire” et monarchiste italien et pour certains d’entre eux de donner à la classe ouvrière et aux dominés les commandes de l’action politique. C’est en particulier l’interventionnisme démocratique et/ou révolutionnaire qui sera le réceptacle des attentes de cette jeunesse provenant de la petite et moyenne bourgeoisie humaniste italienne et dont les rangs du PRI regorgent. Alors qu’en août se concentrent en France des volontaires italiens sous l’égide de Ricciotti et Giuseppe Garibaldi pour venir en aide à la « sœur latine », le PRI, entraîné par l’enthousiasme de sa base, se voit dans l’obligation de tenter quelque chose qui soit d’une empreinte spécifiquement républicaine [44]. Fin septembre, le parti décide de la constitution à Nice d’une légion italienne prête à combattre avec les Slaves pour libérer Trente et Trieste et créer un casus belli de l’Italie contre la Triplice [45]. Les députés Eugenio Chiesa et Ubaldo Comandini, membres du Comité secret du Parti élu à la suite de la réunion du 2 août 1914, prennent la tête de l’initiative ; leur présence est d’autant plus nécessaire qu’ils sont chargés de négocier avec leurs homologues serbes et français [46]. Ils seront dénoncés pour cela par l’ambassade d’Autriche à Rome [47]. 238 Italiens accourent alors à l’appel du PRI. Cette légion républicaine ne trouve cependant pas de soutien auprès du gouvernement français. Ce refus est lié tant à une incompréhension de l’initiative républicaine, qu’il ne dissocie pas de la constitution de la légion garibaldienne [48], qu’à la volonté de ne pas irriter le gouvernement italien, que la France aimerait voir intervenir aux côtés de l’Entente [49]. À la suite de l’échec de cette expédition, au caractère républicain assumé, le PRI décide non sans hésitation de se lancer dans la bataille pour l’intervention de l’Italie dans le conflit. Une option qui soulève un certain embarras, même si elle demeure dans la droite ligne des incitations de la direction républicaine, et en particulier d’Oliviero Zuccarini, qui avait, dès septembre 1914, insisté sur la fonction avant-gardiste d’un PRI interventionniste démontrant factuellement le hiatus irrémédiable entre la République et la Monarchie [50]. Cependant, la position du PRI n’ouvrait pas moins potentiellement la voie à un renforcement de la monarchie ; comme le relevait ironiquement le directeur de La Voce, Giuseppe Prezzolini, en septembre 1914 déjà :

24

Mais ne voient-ils pas qu’une guerre victorieuse contre l’Autriche signifie consolider la monarchie ? Je ne m’en plains certes pas, mais je me demande s’ils sont aveugles ou tellement patriotes qu’ils préfèrent la grandeur du pays avec le roi, à sa petitesse, sans le roi [51].

25La gêne que l’on peut éprouver lorsque l’on tente de circonscrire le PRI, durant cette période, est issue d’une posture républicaine que l’on peut qualifier de sismique [52]. Les débats qui font rage dès la fin du mois d’octobre 1914 au sein du Parti en forment en quelque sorte l’épicentre. Pour les résumer en deux formules : celle de Mazzini, « d’abord Italiens, puis républicains » et celle de Cattaneo : « d’abord républicains, puis Italiens ». Au centre de ces deux expressions, la question de l’insertion ou non du PRI dans le système politique italien et par voie de conséquence de l’abandon ou non de sa caractérisation révolutionnaire. Le vieux républicain hétérodoxe Napoleone Colajanni, qui se définissait « responsable uniquement face à ses électeurs », se fait le chantre de la première [53] :

26

Dans cette formule, écrit-il le 15 septembre, dans les pages de sa revue, la Rivista Popolare di Politica Lettere e Scienze Sociali, se résume toute l’histoire de l’action politique du PRI unitaire avec à sa tête Giuseppe Mazzini et Giuseppe Garibaldi […]. Aujourd’hui, dans la grave situation que traverse l’Italie et au moment où l’on espère et où l’on aspire à accomplir son unité, à la consolider formidablement avec l’acquisition de ses confins orientaux et à la rendre moralement et matériellement forte et respectée, les républicains entendent encore la voix de Mazzini et de Garibaldi et demeurent d’abord Italiens et puis républicains [54].

27Colajanni et les républicains qui le suivent défendent la nécessité de l’entrée en guerre de l’Italie aux côtés de l’Entente pour que l’Italie accomplisse son unification. Ils abandonnent momentanément, selon la formule privilégiée, la caractéristique principale du républicanisme – l’antimonarchisme – en vue de cet objectif, selon eux, premier. Tout comme face à l’expédition de Libye, la question de l’appartenance à la sphère nationale en fonction d’un certain nombre de critères et, parmi ceux-ci, la participation pleine et entière aux destinées de la nation divise les républicains. Le 31 octobre 1914, Fernando Schiavetti et son jeune ami républicain Frediano Francesconi lui répondent dans L’Iniziativa :

28

Puisque les deux formules ont une valeur historique réelle et positive et qu’il ne s’agit pas là de paroles en l’air mais qu’elles expriment deux manières diamétralement opposées de concevoir la lutte républicaine […] nous demandons à la direction du parti, et directement à la rédaction de L’Iniziativa qui en est l’organe de presse, de laquelle de ces deux formules elle s’est inspirée lorsqu’elle a entamé sa campagne favorable à la guerre [55] ?

29La réponse est laconique :

30

Nous sommes républicains parce qu’Italiens, leur écrit Zuccarini, et d’autant plus Italiens que républicains […] voici la vraie formule : notre républicanisme est précisément une manière d’aimer la patrie [56].

31Mais Zuccarini ne convainc guère. Pour une partie de la base du PRI, la question de la bataille pour l’intervention ne tourne pas, en effet, autour de l’« italianité » du républicanisme, mais du caractère révolutionnaire de l’action républicaine dans une période perçue comme une césure irréfragable de l’histoire de l’Italie contemporaine. Les slogans, alors diffusés largement dans le camp interventionniste – « guerre et révolution », « guerre ou révolution », « guerre ou république », « guerre et république » – constituent un indice du brouillage auquel la lutte unitaire pour l’intervention, menée dès octobre 1914 par les « faisceaux révolutionnaires d’action internationaliste », transformés en novembre en « faisceaux d’action révolutionnaire », donne lieu. Schiavetti ne rate pas l’occasion de souligner les dangers à long terme des alliances conjoncturelles que ces « faisceaux » sont prêts à tisser pour atteindre leur objectif belligène, même si le parti n’a de cesse de rappeler à l’ordre les républicains qui militent dans les divers faisceaux [57] :

32

[…] qu’adviendra-t-il – écrit-il – si demain cette monarchie, incitée et forcée par nous, fait une guerre que tout laisse prévoir victorieuse ? Voilà ce qui reliera dans le même enthousiasme nationalistes et républicains, radicaux et socialistes, espions et conspirateurs, sidérurgistes et chômeurs, sur le terrain de la concorde, les discordes seront oubliées [58].

33Entre décembre 1914 et mai 1915, une partie de la base républicaine se convainc davantage du danger de l’appui républicain à l’intervention italienne, car les perspectives révolutionnaires semblent sérieusement compromises, même si pour certains d’entre eux, une fois la guerre déclarée l’engagement volontaire et enthousiaste pour changer les « destinées » de l’Italie et même le sort du conflit guide leurs pas vers les tranchées de la Grande Guerre. Et, en effet, dès le mois de novembre 1914, le journal catalyseur de l’interventionnisme « extrême », Il Popolo d’Italia de Benito Mussolini en appelle à la « trêve » avec la monarchie. L’entente proposée avec le gouvernement italien est facilitée par la sortie de scène de Giovanni Giolitti, l’homme contre lequel tous les mouvements et partis politiques interventionnistes s’étaient ligués tacitement. Au printemps 1914, l’homme d’État qui le remplace, Antonio Salandra, est profondément antigiolittien. Cela lui sera utile pour constituer un bloc de pouvoir en faveur de l’intervention. Au Parlement, la députation républicaine pousse, quant à elle, ce gouvernement à prendre une option résolue pour sortir de la neutralité. C’est du moins le sens que l’on peut attribuer à la motion déposée en février 1915 par Eugenio Chiesa, premier signataire, Ubaldo Comandini et entre autres le syndicaliste révolutionnaire Arturo Labriola, qui avait en son temps soutenu la campagne de Libye ; une motion qui reflétait, selon Eugenio Chiesa,

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[le] sentiment que le pays, puisque la préparation militaire devrait être à cette heure accomplie, tout comme la préparation diplomatique devrait être à cette heure terminée, […] attendait de connaître le chemin qu’il va devoir emprunter pour la grandeur de ses destinées [59].

35De mars à avril 1915, les négociations entre le gouvernement italien et l’Entente s’intensifient et débouchent sur la conclusion d’un traité secret, dit « Pacte de Londres », dans lequel les Alliés s’engagent à honorer une série de revendications territoriales de l’Italie. Tandis que les « radieuses journées de mai », manifestations de place interventionnistes guidées par Gabriele D’Annunzio, semblent appuyer l’action du gouvernement en faveur de l’intervention. Le 24 mai, le gouvernement italien entraîne dans la guerre un peuple fortement divisé, une fracture qui ne sera comblée ni par, ni durant le conflit. Au nom de l’union sacrée, deux députés républicains, Ubaldo Comandini seul d’abord puis accompagné d’Eugenio Chiesa, accepteront de siéger en tant que ministres des gouvernements de Paolo Boselli (dès juin 1916) et d’Emanuele Orlando (dès octobre 1917), « [enfreignant] l’un des plus stricts prérequis de parti, c’est-à-dire l’interdiction absolue de collaborer à un quelconque gouvernement de la monarchie [60] ».

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La question – commentera un Fernando Schiavetti sous les drapeaux en juillet 1916 –[…] est une question de vanité et d’épine dorsale […]. Qu’ils fassent les ministres s’ils veulent être ministres, qu’ils étouffent, s’ils veulent étouffer ; mais qu’ils ne viennent pas nous chercher des noises et faire les apôtres [61].

37Durant la guerre, les adhérents ambigus, qui avaient quitté le parti, volontairement ou non, pendant le mandat de Zuccarini et Conti, rejoignent les rangs républicains : des sympathisants nationalistes aux « collaborationnistes [62] ». Comme l’écrira, découragé, Frediano Francesconi, le PRI se montre de moins en moins digne du « tribut » de sang payé par ses militants [63]. Les apories du positionnement politique du PRI sur l’intervention remontent alors à la surface ; tous les efforts accomplis au cours des trois années précédant l’entrée en guerre de l’Italie se révèlent vains au sortir du conflit :

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Lorsque la guerre s’est terminée – écrit Zuccarini en 1923 – il n’y avait plus de républicains dans le parti. C’est la pure vérité. Beaucoup étaient morts, d’autres avaient changé, le parti était revenu dans sa structure interne, au bon vieux temps […] pire encore, se manifestait chez certains une mentalité de guerre, nationaliste et conservatrice [64].

39En décembre 1919, neuf mois après la constitution par Benito Mussolini des faisceaux de combat, s’ouvre à Rome le XIII^e Congrès du PRI. Une véritable hémorragie touche alors l’organisation républicaine. Le parti passe de 33 007 inscrits (pour 653 associations) en 1914 à 25 000 (pour 332 associations) en 1919 [65]. En novembre, le PRI subit une importante défaite électorale aux premières élections libres au suffrage universel, qui voient la victoire de deux formations neutralistes (le Parti socialiste et le Parti populaire de don Luigi Sturzo) [66]. Sur les 508 sièges disponibles, les socialistes en acquièrent 156 et les candidats du parti populaires 100 [67]. La population italienne exprime, dans sa grande majorité, son hostilité à la guerre à peine terminée. Plusieurs éléments contribuent à lui aliéner une partie de son électorat : son rôle dans la campagne pour l’intervention ; les responsabilités gouvernementales endossées au cours du conflit ; ses liens avec des mouvements outrancièrement bellicistes qui se ligueront à la fin de l’année 1917 en un « Faisceau parlementaire de défense nationale » prônant une lutte sans merci contre les « défaitistes ». Au sortir des urnes, le PRI ne compte que neuf députés élus ; quatre d’entre eux s’étant présentés sur des listes autonomes, dont Guido Bergamo et Eugenio Chiesa [68]. En fait, le parti seul obtient 0,9 % des voix ; il ne reçoit que 1,2 % des suffrages lorsqu’il se présente à l’intérieur de listes mixtes [69].

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41Le XIII^e Congrès vise alors à redéfinir les contours de l’organisation républicaine. Déjà en janvier 1919, les parlementaires avaient été rappelés à l’ordre par une délibération du Comité central les enjoignant, sous peine de les déchoir de leur charge, à « se conformer aux directives des organes centraux du parti [70] » ; une délibération qui ne fut guère suivie d’effets. Au Congrès, il s’agit de se défaire des liens que le PRI a entretenus avec les mouvements interventionnistes et en particulier avec le fascisme naissant, qui attire nombre de ses militants. Il s’agit de réaffirmer le caractère révolutionnaire du PRI ; en plein biennio rosso, le parti lancera un manifeste de solidarité avec les luttes ouvrières [71]. Mais aussi de trouver à travers l’appel à la création d’une assemblée constituante, très répandue dans l’immédiat après-guerre, une voie parlementaire à la modification radicale du système politique italien ; les représentants du peuple étant alors voués à construire le cadre constitutionnel nécessaire à cette transformation. Un nouveau Parlement pour une nouvelle carte constitutionnelle où les républicains pourraient jouer le rôle de ce parti sui generis envisagé par Antonio Gramsci ; un parti plate-forme, lieu de rassemblement fondamental pour l’ensemble des forces d’oppositions. C’est en tout cas à cela que Fernando Schiavetti, secrétaire du PRI à partir d’avril 1920, s’attele. L’arrivée du fascisme au pouvoir brisera pour longtemps cet élan.