Notes
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[1]
Historien
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[2]
La Grande-Bretagne
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[3]
C’est à cette période que remonte un fort ressentiment nourri par l’ostracisme et la xénophobie.
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[4]
Pour entrer à Mayotte et y séjourner moins de trois mois, si l’on n’est pas ressortissant de l’Union européenne ou d’un État ayant signé les accords de Schengen, il est indispensable de faire une demande à l’ambassade de France et de s’acquitter de 9 euros. Il faut en outre présenter un justificatif d’hébergement, certifier que son hôte vous prendra à sa charge, prouver par des bulletins de salaire que l’on est muni d’un billet de retour… Dans le cas d’un séjour excédant les trois mois, il faudra qui plus est détenir un titre de séjour et débourser 99 euros. Autant de conditions que les migrants comoriens sont dans l’incapacité de remplir.
-
[5]
On l’aperçoit d’ailleurs par beau temps depuis Sada.
-
[6]
Ces candidats ne viennent pas seulement des Comores mais aussi du Rwanda, du Burundi, du Congo, de Somalie, de Madagascar… Mayotte n’est pas régie par le droit commun en matière de droit des étrangers.
-
[7]
L’une d’entre elles qui comprenait dix membres a été démantelée en janvier 2011 et jugée en novembre de la même année. Deux autres responsables de filières ont été interpellés la même année. Des dizaines de passeurs, souvent mineurs, sont arrêtés chaque année
-
[8]
Le 7 juin 2009, un kwassa se retourne : 2 morts, 34 disparus. Le 23 novembre 2009, ce sont 21 personnes qui périssent. En mars 2010, cinq bébés et quatre femmes se noient lors d’un naufrage sur un récif dans le sud de l’île. En octobre 2010, deux femmes et un nourrisson décèdent entre Mayotte et Anjouan. Le 21 mai, 20 personnes sur 39 trouvent la mort. Les 23 et 24 juin 2012, quatorze kwassa sont interceptés en arrivant à Mayotte : 250 personnes sont conduites au centre de rétention… Depuis 1995, 7 000 à 10 000 personnes seraient mortes en mer en tentant la traversée.
-
[9]
En août 2011, un quatrième radar qui couvre le sud de Mayotte a été mis en place.
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[10]
D’autres migrants clandestins sont interpellés ultérieurement lors de contrôles inopinés effectués sur les grands axes de circulation ou à domicile par les forces de sécurité.
-
[11]
Le CRA a été surchargé par rapport là cette capacité durant les deux tiers de l’année 2012. Le centre administratif de rétention est géré par 45 fonctionnaires.
-
[12]
Les personnes interceptées sont reconduites par bateau et depuis peu également par avion.
-
[13]
Allocations familiales, RSA...
-
[14]
Le salaire de base, lorsqu’on a du travail, ne dépassant guère les 60 euros.
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[15]
Aux Comores où l’école officielle reste défaillante, les parents sont contraints d’envoyer leurs enfants pour leur assurer une éducation digne de ce qualificatif dans des écoles privées qui coûtent l’équivalent de 25 euros par mois.
-
[16]
La simple occupation d’un lit d’hôpital, aux Comores, coûte aux familles 10 euros par jour. Les soins et les opérations chirurgicales sont payants. Une simple urgence médicale peut être fatale.
-
[17]
Pour un total de 250 000 habitants. Le prochain recensement devait avoir lieu du 21 août au 17 septembre 2012. Mayotte a d’ores et déjà une des densités de population les plus élevées de l’océan Indien : 511 h/km2.
-
[18]
Activité très néfaste à l’environnement, déjouée ces derniers temps par l’observation aérienne.
-
[19]
Les bidonvilles s’étendent à la vue de tous sur les hauts de la zone industrielle de Kawéni. Ils existent aussi à Trévani (surnommé par dérision Dubaï), commune de Koungou et ailleurs.
-
[20]
60% décident de repartir sans leurs enfants.
-
[21]
En 2011, ce sont 5 000 enfants qui sont passés par le centre de rétention.
-
[22]
Le sociologue David Guyot a pu recenser 2 922 enfants mineurs isolés, 1 666 mineurs avec adulte apparenté, 584 sans adulte non apparenté, 555 sans adulte. On peut raisonnablement estimer que les chiffres sont supérieurs, beaucoup d’enfants restant en fait invisibles.
-
[23]
Une enquête de l’INSEE en 2004 montrait que la moitié des enfants nés à l’hôpital de Mamoudzou étaient de mère étrangère et de père français.
-
[24]
Comme de nombreuses associations : Les indignés de Mayotte, La Cimade, SOS démocratie… l’affirment : « le visa Balladur » a normalisé l’exception et conduit à des situations inhumaines
-
[25]
Le seul fait d’avoir choisi la France par un vote, sans que d’autres mérites particuliers interviennent, peut-il justifier une telle différence de traitement des populations comoriennes en déshérence à Mayotte ?
-
[26]
Les services publics : hôpitaux, établissements scolaires, poste... sont débordés.
-
[27]
Le budget de la France pour la coopération avec l’Union des Comores est aujourd’hui de 20 millions d’euros par an. Il apparaît dérisoire si on le compare au coût des reconduites à la frontière qui dépasse les 50 millions d’euros. La venue de Christian Christnacht à Mayotte le 28 août 2012 et sa visite dans les Comores une semaine plus tard, ont eu un double but : intensifier l’indispensable coopération régionale et réexaminer le « visa Balladur. » Le rapport sénatorial propose en effet la mise en place d’un nouveau visa qui permettrait une entrée régulière sur le territoire pour une durée limitée, sans accès au travail. Cet éventuel dispositif est qualifié de « réaliste et rigoureux afin de mieux maîtriser l’immigration ».
CIRCULER ENTRE MAYOTTE ET LES AUTRES ÎLES DES COMORES : UNE TRADITION HISTORIQUE
1 Le 25 avril 1841, le sultan de Mayotte, d’origine malgache, signait le traité de cession de Mayotte à la France. Dans un premier temps, les trois autres îles n’intéresseront pas la puissance coloniale. Contrairement à Mayotte, elles sont peuplées et administrées. C’est seulement en avril 1886 que la France décide d’étendre son influence exclusive sur Mohéli, Anjouan et la Grande Comore « en vue de tenir éloigné de ce nouvel établissement toute puissance maritime rivale » [2]. La mise en place d’un protectorat n’empêche pas les populations de circuler d’une île à l’autre. Ce mouvement avait d’ailleurs été initialement encouragé par la France, toujours en quête de main-d’œuvre pour les plantations de canne à sucre de Mayotte. Ainsi, les travailleurs engagés, venus de Madagascar, du Mozambique, de Tanzanie et du Kenya, employés à Mayotte, transitent-ils généralement à partir de 1847 jusqu’en 1880 par les trois autres îles des Comores.
2 Wa maoré (le peuple de Mayotte) est donc dès cette époque composite. C’est une mosaïque de cultures et de langues, d’hommes et de femmes venus chercher une vie meilleure.
3 La loi du 9 mai 1946 érige l’archipel des Comores en un « territoire jouissant de l’autonomie administrative ». Le Conseil général est installé à Moroni en mars 1947.
4 En mai 1958, le président comorien Saïd Mohamed Cheikh prend la décision de faire transférer sur la Grande Comore les services administratifs qui étaient jusque-là à Mayotte. Au début des années 1960, la capitale n’est plus Dzaoudzi mais Moroni. Le contentieux et les antagonismes s’installent. La déception et les frustrations des Mahorais s’expriment dès lors au grand jour [3]. Les femmes s’organisent en un mouvement : « Les chatouilleuses ». Elles sont les premières sorodas (soldats) qui vont s’opposer aux « serrez-la main » favorables à l’administration comorienne. Le Mouvement populaire mahorais (MPP) qui est fondé en 1967 évoque déjà la départementalisation de Mayotte.
5 Le 2 octobre 1974, le MPP demande le droit à l’autodétermination de Mayotte. Le 12 novembre, le Parlement français adopte définitivement le projet de loi prévoyant l’organisation d’une consultation des populations des Comores. Le référendum sur l’indépendance est organisé le 22 décembre suivant. 63,8% des Mahorais se prononcent pour le maintien dans la République. Une écrasante majorité de la population de la Grande Comore, Mohéli et Anjouan, 94,56%, n’entendent cependant pas rester dans l’ensemble français. La France argue pour se maintenir à Mayotte d’un décompte île par île et ne tient pas compte des règles fixées par l’ONU concernant l’intangibilité des frontières. Mais l’ancienne puissance coloniale, préservant ses intérêts dans la zone, est devenue à son corps défendant l’arbitre des différends entre Mayotte et les trois autres îles de Comores.
6 Le 6 juillet 1975, le président du Conseil de gouvernement Ahmed Abdallah, furieux de cet état de fait, proclame unilatéralement l’indépendance de l’ensemble des Comores. Mayotte se démarque immédiatement et entend « être placée sous la protection de la France ». Le 17 décembre 1975, le Parlement français vote l’indépendance d’Anjouan, de Mohéli et de la Grande Comore, qui devient effective à partir du 1er janvier 1976. Les Mahorais consultés le 8 février 1976 et 99,4% des votants se prononcent contre l’indépendance. Après un second référendum en avril 1976, la question du statut reste délibérément en suspens.
7 Le 24 décembre 1976, la loi érige finalement Mayotte en « Collectivité territoriale transitoire ». Le développement économique doit être mis en œuvre et détermine désormais l’évolution statutaire. Les contrats de plan État-Mayotte (1987-1991, 1994-1998) permettent un réel rattrapage socio-économique. Pendant ce temps, la situation dans les trois autres îles des Comores se dégrade sensiblement. En 1989, le président Ahmed Abdallah est assassiné. En 1997 l’île d’Anjouan, vouée à la misère, tente de faire sécession pour redevenir française. Les relations entre Mayotte et les autres îles des Comores se tendent. L’ONU dénonce pour sa part les ingérences réitérées de la France aux Comores. Le 18 janvier 1995, consécutivement à des manifestations et à la demande des autorités mahoraises qui constatent un afflux continu de migrants comoriens, sera instauré le « visa Balladur » [4]. Les déplacements entre les îles sont de plus en plus réglementés et donc difficiles. La France fige de fait, par intérêt et nécessité, les déplacements de populations qui possèdent un même fonds culturel, religieux et linguistique, alors que ceux-ci ont depuis toujours été régis par les usages, les relations familiales et interpersonnelles.
8 En toute logique, la plaque tournante de l’immigration se situe à Anjouan, puisque cette île, la plus proche de Mayotte, n’est située qu’à 70 kilomètres [5]. Les candidats au départ [6] qui peuvent circuler librement entre les différentes îles de la République comorienne viennent s’y regrouper et contactent des filières de passeurs [7]. Le prix du passage est établi selon le nombre de passagers prévus dans chaque embarcation : kwassa-kwassa. Il varie de 250 euros pour une quarantaine de personnes à 1 000 euros s’il n’y en a que trois ou quatre à bord. Les côtes d’Anjouan sont officiellement surveillées, mais la police corrompue ferme opportunément les yeux.
9 L’arrivée à Mayotte est pleine d’aléas liés aux conditions climatiques, à l’état de la mer, à la surveillance exercée. Les débarquements doivent s’opérer dans la plus grande discrétion. Ils ont de plus en plus tendance à se faire de nuit, sur les nombreux îlots qui parsèment le lagon. Les clandestins s’y cachent quelques heures ou quelques jours attendant à nouveau d’hypothétiques « sauveurs » intéressés qui exigent à leur tour l’équivalent ou presque du prix de la traversée Anjouan-Mayotte pour les transporter sur la terre ferme ! Enfin arrivés, les clandestins essaient de joindre par téléphone portable des membres de leur famille déjà installés à Mayotte. Des taxis eux aussi clandestins les prennent en charge contre rétribution pour les acheminer le plus généralement sur Mamoudzou où ils peuvent rejoindre des membres de leur famille. Les jeunes femmes clandestines qui n’ont pas de parents susceptibles de les accueillir à Mayotte sont particulièrement vulnérables. Elles peuvent en effet être accueillies par de futurs violeurs. Rares sont celles qui ont osé porter plainte. Les passeurs repartent vers Anjouan, emportant souvent du matériel volé, un fret qui échappe aux douanes comoriennes.
RECONDUITES À LA FRONTIÈRE
10 La surveillance exercée par la police des airs et des frontières est devenue, au fil des années, de plus en plus efficace. Les reconduites à la frontière n’ont cessé d’augmenter : 6 000 en 2005, 13 253 en 2006, 16 040 en 2008, 26 405 en 2010, 24 278 en 2011. Dans le même temps, les drames humains se sont multipliés [8]. Les passeurs prennent de plus en plus de risques pour échapper à la surveillance aérienne par hélicoptère ou aux radars qui ont été progressivement installés [9]. À leur arrivée dans le lagon, les kwassa-kwassas sont souvent interceptés par la gendarmerie maritime [10]. Les occupants sont conduits au tri sanitaire où ils sont examinés par un personnel de santé pour être ou bien soignés, ou bien envoyés au Centre de rétention administrative (CRA)
11 Le CRA est installé depuis 1996 à Pamandzi sur Petite Terre. IL s’agit d’un espace clos formé essentiellement de bungalows qui couvrent 200 m2. Sa capacité théorique est de 60 places [11]. En 2011, le budget de fonctionnement et d’investissement du CRA s’élevait à 3 millions d’euros. La charge que constituent les reconduites aux frontières dépasse quant à elle les 50 millions d’euros [12]. En 2009, le taux d’occupation était de 145% et le rapport d’information sénatoriale rendu public 18 juillet 2012 y qualifie les conditions de vie de « dégradantes ». Dès 2007 un nouveau centre avait été prévu, mais la situation perdurera. Un choix définitif sera adopté à la mi-juin 2012. L’installation d’une structure de plus de 130 places sur Petite Terre est prévue pour juillet 2015.
POPULATION CACHÉE ET TRAVAIL DISSIMULÉ
12 Il faut le constater, Mayotte apparaît de plus en plus comme une oasis de prospérité dans un océan de misère. La France a octroyé aux Mahorais des avantages qui attisent une légitime convoitise [13]. En 2010, le PIB par habitant atteignait 6 575 euros. Il est huit fois supérieur à celui des Comores qui s’établit à moins de 800 euros [14]. De plus, Mayotte offre la possibilité d’être éduqué [15], de se soigner [16]. Envoyer un seul de ses membres à Mayotte, c’est espérer une vie meilleure pour toute une famille.
13 La population clandestine est par définition difficile à évaluer. Le nombre de clandestins est aujourd’hui estimé entre 40 000 et 50 000 personnes [17]. Il semble que la fourchette haute puisse être retenue. Les clandestins construisent, sans reconnaissance officielle, le département. Hommes et femmes sont employés mais naturellement pas déclarés dans le bâtiment, l’agriculture, la pêche mais aussi les garages, la restauration… Ce sont bien des habitants de Mayotte qui les « embauchent ». Le bâtiment, principal pourvoyeur de cette main-d’œuvre est en plein boom. Pour déjouer la surveillance éventuelle par l’inspection du travail qui se met peu à peu en place, de nombreux chantiers œuvrent parfois la nuit, le week-end et les jours fériés. D’aucuns, personnels de maison, ne quittent guère le lieu où ils sont employés. Ces clandestins perçoivent mensuellement des « salaires » compris entre 100 et 500 euros. D’autres sont, pour leur propre compte, marchands à la sauvette, vendent des articles de bazar, cultivent sur des terrains loués des fruits et des légumes, fabriquent du charbon de bois. Les hauts de l’île, inhabités, permettant cette dernière activité [18]. On peut parler d’un esclavage moderne. Sans conteste, l’économie parallèle soutient ou mine selon les cas l’économie réelle et enrichit quelques-uns. Les clandestins sont pour la plupart installés dans des logements informels à la périphérie des villages [19] ou bien la proie de marchands de sommeil sans scrupules. L’absence d’hygiène, la difficulté à se soigner, la méconnaissance et la peur conduisent à une recrudescence des maladies « de la misère. »
LA DRAMATIQUE SITUATION DES MINEURS ISOLÉS
14 Lorsque les clandestins sont interpellés, ils ne réclament pas toujours leurs enfants. Les mères préfèrent la plupart du temps les laisser seuls à Mayotte où ils pourront, croient-elles, avoir un avenir meilleur [20]. Elles espèrent surtout revenir le plus rapidement possible et éviter ainsi d’imposer à leur progéniture une nouvelle traversée et un autre séjour au CRA [21]. Mais leur retour n’est pas toujours possible. Ainsi des mineurs étrangers se retrouvent-ils isolés ou tout simplement abandonnés. N’importe quel quidam peut remarquer à Mamoudzou et ailleurs des groupes d’enfants en guenilles, non scolarisés, fouillant les poubelles, mendiant à l’occasion ou se livrant à une petite délinquance de survie. Pour tenter d’appréhender cette situation préoccupante, un Observatoire des mineurs isolés (OMI) a été mis en place en novembre 2010. Il s’est entre autre donné pour mission « de recueillir et d’analyser les données quantitatives et qualitatives relatives à ce phénomène et également d’être lieu d’étude des situations particulières et force de propositions » [22]. Pour autant, les moyens manquent pour venir en aide à ces enfants en situation d’extrême dénuement. Le problème devient d’autant plus inextricable que certains mineurs sont des enfants non reconnus de père mahorais et de mère comorienne [23].
15 La population de Mayotte et les autorités françaises elles-mêmes sont divisées sur la conduite à tenir par rapport au « visa Balladur ». Le rapport sénatorial d’information en date du 18 juillet 2012 le remet en cause [24]. Le 9 août, les élus du Conseil général sont pris à partie par un collectif d’associations mahoraises qui exigent son maintien. Le 16, après un débat houleux les élus votent à la majorité, moins deux voix, une motion allant dans ce sens. Le 1er septembre, les femmes défilent à Mamoudzou pour réaffirmer leur volonté de voir « le visa Balladur » prorogé. Mais le « visa Balladur » ne résoudra pas tous les problèmes. Loin s’en faut. D’un côté, les trafics constatés à Mayotte perdurent ce qui va, tout comme le maintien du statu quo en matière de reconduites à la frontière à l’encontre des déclarations de bonnes intentions [25]. D’un autre côté, la pression migratoire a pris des proportions telles que la société mahoraise, si elle était abandonnée au laxisme, ne pourrait qu’être encore plus ébranlée dans ses fondements et sa cohérence [26]. Que faire dans ces conditions ?
16 Le respect du droit du travail, la nécessaire coopération régionale [27], la prise en compte « des enfants des rues » doivent être vite reconsidérés pour empêcher les inquiétantes dérives constatées dans le 101e département français. L’évolution des mentalités, l’éducation joueront leur rôle à moyen terme, mais à court terme c’est la mise en place de garde-fous et de contrôles qui se révèle indispensable.
17 Plus généralement se trouve posé ici, avec acuité, le problème des relations ambiguës entre pays du Tiers-Monde et pays riches. La France a-t-elle pris dans cet espace la mesure des considérables efforts à consentir en cette période de restriction budgétaire ?
Bibliographie
BIBLIOGRAPHIE
- Jean Martin, Comores : quatre îles entre pirates et planteurs, razzias malgaches, tome 1, Genèse, vie et mort du protectorat 1875-1912, tome 2, Paris, L’Harmattan, 1983
- Yves Salesse, Mayotte, l’illusion de la France, propositions pour une décolonisation, Paris, L’Harmattan, 1995
- Guy Fontaine, Mayotte, Paris, Karthala, 1995
- François Bonnelle (éd.), Rapport officiel au secrétaire d’État à l’outre-mer « Réflexions sur l’avenir institutionnel de Mayotte, Paris, La Documentation française, 1998
- Vincent Forest, L’immigration du travail à Mayotte durant la période sucrière (1847-1900), Archives territoriales de Mayotte, octobre 2000
- Philippe Boisadam, Où va Mayotte ?, Paris, L’Harmattan, 2009
- Jean Martin, Histoire de Mayotte, département français, Paris, Les Indes savantes, Paris 2010
- Tableau Economique de Mayotte, Insee, Mayotte, 2010
- Rapport d’information sénatoriale fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d’administration générale à la suite d’une mission effectuée à Mayotte du 11 au 15 mars 2012 par Messieurs Jean-Pierre Sueur, Christian Cointat et Félix Desplan. (Enregistré à la Présidence du sénat le 18 juillet 2012)
- Causes communes, Cahier spécial de la Cimade, Mayotte, la déchirure, juillet 2012
- Archives départementales de Mayotte
- Le Journal de Mayotte de 1983 à 2000 ; Jana na Léo, Magazine mensuel de la vie sociale mahoraise, n°1 (1987) à 16 (1991) ; Mayotte Hebdo ; Upanga, journal d’information bimensuel (2010-2011-2012) ; Flash infos Mayotte ; Malongo actualité ; Alwatwan Mag…
Notes
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[1]
Historien
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[2]
La Grande-Bretagne
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[3]
C’est à cette période que remonte un fort ressentiment nourri par l’ostracisme et la xénophobie.
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[4]
Pour entrer à Mayotte et y séjourner moins de trois mois, si l’on n’est pas ressortissant de l’Union européenne ou d’un État ayant signé les accords de Schengen, il est indispensable de faire une demande à l’ambassade de France et de s’acquitter de 9 euros. Il faut en outre présenter un justificatif d’hébergement, certifier que son hôte vous prendra à sa charge, prouver par des bulletins de salaire que l’on est muni d’un billet de retour… Dans le cas d’un séjour excédant les trois mois, il faudra qui plus est détenir un titre de séjour et débourser 99 euros. Autant de conditions que les migrants comoriens sont dans l’incapacité de remplir.
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[5]
On l’aperçoit d’ailleurs par beau temps depuis Sada.
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[6]
Ces candidats ne viennent pas seulement des Comores mais aussi du Rwanda, du Burundi, du Congo, de Somalie, de Madagascar… Mayotte n’est pas régie par le droit commun en matière de droit des étrangers.
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[7]
L’une d’entre elles qui comprenait dix membres a été démantelée en janvier 2011 et jugée en novembre de la même année. Deux autres responsables de filières ont été interpellés la même année. Des dizaines de passeurs, souvent mineurs, sont arrêtés chaque année
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[8]
Le 7 juin 2009, un kwassa se retourne : 2 morts, 34 disparus. Le 23 novembre 2009, ce sont 21 personnes qui périssent. En mars 2010, cinq bébés et quatre femmes se noient lors d’un naufrage sur un récif dans le sud de l’île. En octobre 2010, deux femmes et un nourrisson décèdent entre Mayotte et Anjouan. Le 21 mai, 20 personnes sur 39 trouvent la mort. Les 23 et 24 juin 2012, quatorze kwassa sont interceptés en arrivant à Mayotte : 250 personnes sont conduites au centre de rétention… Depuis 1995, 7 000 à 10 000 personnes seraient mortes en mer en tentant la traversée.
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[9]
En août 2011, un quatrième radar qui couvre le sud de Mayotte a été mis en place.
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[10]
D’autres migrants clandestins sont interpellés ultérieurement lors de contrôles inopinés effectués sur les grands axes de circulation ou à domicile par les forces de sécurité.
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[11]
Le CRA a été surchargé par rapport là cette capacité durant les deux tiers de l’année 2012. Le centre administratif de rétention est géré par 45 fonctionnaires.
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[12]
Les personnes interceptées sont reconduites par bateau et depuis peu également par avion.
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[13]
Allocations familiales, RSA...
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[14]
Le salaire de base, lorsqu’on a du travail, ne dépassant guère les 60 euros.
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[15]
Aux Comores où l’école officielle reste défaillante, les parents sont contraints d’envoyer leurs enfants pour leur assurer une éducation digne de ce qualificatif dans des écoles privées qui coûtent l’équivalent de 25 euros par mois.
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[16]
La simple occupation d’un lit d’hôpital, aux Comores, coûte aux familles 10 euros par jour. Les soins et les opérations chirurgicales sont payants. Une simple urgence médicale peut être fatale.
-
[17]
Pour un total de 250 000 habitants. Le prochain recensement devait avoir lieu du 21 août au 17 septembre 2012. Mayotte a d’ores et déjà une des densités de population les plus élevées de l’océan Indien : 511 h/km2.
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[18]
Activité très néfaste à l’environnement, déjouée ces derniers temps par l’observation aérienne.
-
[19]
Les bidonvilles s’étendent à la vue de tous sur les hauts de la zone industrielle de Kawéni. Ils existent aussi à Trévani (surnommé par dérision Dubaï), commune de Koungou et ailleurs.
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[20]
60% décident de repartir sans leurs enfants.
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[21]
En 2011, ce sont 5 000 enfants qui sont passés par le centre de rétention.
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[22]
Le sociologue David Guyot a pu recenser 2 922 enfants mineurs isolés, 1 666 mineurs avec adulte apparenté, 584 sans adulte non apparenté, 555 sans adulte. On peut raisonnablement estimer que les chiffres sont supérieurs, beaucoup d’enfants restant en fait invisibles.
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[23]
Une enquête de l’INSEE en 2004 montrait que la moitié des enfants nés à l’hôpital de Mamoudzou étaient de mère étrangère et de père français.
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[24]
Comme de nombreuses associations : Les indignés de Mayotte, La Cimade, SOS démocratie… l’affirment : « le visa Balladur » a normalisé l’exception et conduit à des situations inhumaines
-
[25]
Le seul fait d’avoir choisi la France par un vote, sans que d’autres mérites particuliers interviennent, peut-il justifier une telle différence de traitement des populations comoriennes en déshérence à Mayotte ?
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[26]
Les services publics : hôpitaux, établissements scolaires, poste... sont débordés.
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[27]
Le budget de la France pour la coopération avec l’Union des Comores est aujourd’hui de 20 millions d’euros par an. Il apparaît dérisoire si on le compare au coût des reconduites à la frontière qui dépasse les 50 millions d’euros. La venue de Christian Christnacht à Mayotte le 28 août 2012 et sa visite dans les Comores une semaine plus tard, ont eu un double but : intensifier l’indispensable coopération régionale et réexaminer le « visa Balladur. » Le rapport sénatorial propose en effet la mise en place d’un nouveau visa qui permettrait une entrée régulière sur le territoire pour une durée limitée, sans accès au travail. Cet éventuel dispositif est qualifié de « réaliste et rigoureux afin de mieux maîtriser l’immigration ».