Notes
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[1]
Chargé d'enseignement à l'École supérieure de commerce et de management de Poitiers ; conseiller scientifique à l'Université de Liège ; membre du comité de rédaction d'Outre-Terre.
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[2]
Cf. Tawfiq al-Saif, « Arabie saoudite, quelle place pour les chiites ? », Moyen-Orient, n° 6, juin-juillet 2010.
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[3]
Cf. International Crisis Group, « The Shiite Question in Saudi Arabia », Middle East Report, n° 45, 19 septembre 2005.
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[4]
« Denied Dignity, Systematic Discrimination and Hostility toward Saudi Shia Citizens », Human Rights Watch, 3 septembre 2009.
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[5]
Cf. Joshua Teitelbaum, « Sunni vs. Shite in Saudi Arabia », Jerusalem Issue Brief, Jerusalem Center for Public Affairs, vol. 10, n° 23, janvier 2011.
1 Les chiites représentent officiellement 10 % de la population saoudienne, soit approximativement 1,75 millions d’habitants ; ils atteindraient en réalité les 17 à 20 % [2]. Ils sont concentrés dans la région d’al-Sharqiyah (Est) – provinces du Hasa et villes de Qatif, Dammam, Khobar – et également majoritaires dans celle de Najran (Sud) ; on les trouve encore à Riyad, Djedda et Médine. Ces chiites saoudiens se conforment à différents marja‘iyat (modèles doctrinaux), dont le quiétisme irakien ; ils suivent des chefs religieux locaux et ne sont pas inféodés à l’Iran.
2 Il s’agit d’une minorité socioéconomiquement brimée, écartée de la fonction publique et qui, pire encore, ne dispose d’aucune mosquée financée par l’État. Cette véritable politique d’exclusion fondée sur la discrimination religieuse s’appuie sur des présupposés de dépendance à l’égard de l’Iran soupçonné d’intentions déstabilisatrices et de visées sur les hydrocarbures.
3 Lors de leurs manifestations sévèrement réprimées de 2011, les chiites saoudiens ne contestaient pas le pouvoir en place, ils réclamaient la fin des vexations comme la libération des prisonniers et appelaient même au dialogue.
4 Certes, la révolution iranienne de 1979 avait enflammé l’imagination de la jeunesse chiite saoudienne jusqu’à l’appel à la désobéissance civile, voire au changement de régime. Mais les passions étaient retombées dix ans plus tard [3] du moment où le royaume avait promis un allégement de la pression s’exerçant sur la communauté en échange de la non-ingérence de Téhéran. Dès lors que ces promesses n’étaient pas tenues, les tensions se durcirent à partir de 2006 – phénomène en partie lié au renforcement de l’influence de l’Iran dans la région [4], débouchant même sur des affrontements interconfessionnels comme à Médine en février 2009 [5].
5 L’intervention militaire de Riyad au Bahreïn a reflété une volonté tant d’interdire l’émergence d’un pouvoir chiite aux portes du royaume que de prévenir quelque contagion que ce soit. Mais elle a paradoxalement « sectarisé » la contestation bahreïnie qui était d’ordre plus politique et social que confessionnel.
6 Or, en mettant en exergue des « complots iraniens » contre les monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), Riyad s’emploie à exorciser une menace qui doit plus au « printemps arabe » qu’à un quelconque appétit de vengeance de la « secte hérétique ». En manifestant par solidarité avec leurs coreligionnaires du Bahreïn, les chiites saoudiens n’ont pas participé à une imaginaire conjuration. C’est le pouvoir royal qui éveille toutes les tentations et crée tous les prétextes possibles afin que Téhéran se saisisse de l’occasion pour proposer une aide désintéressée.
Notes
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[1]
Chargé d'enseignement à l'École supérieure de commerce et de management de Poitiers ; conseiller scientifique à l'Université de Liège ; membre du comité de rédaction d'Outre-Terre.
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[2]
Cf. Tawfiq al-Saif, « Arabie saoudite, quelle place pour les chiites ? », Moyen-Orient, n° 6, juin-juillet 2010.
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[3]
Cf. International Crisis Group, « The Shiite Question in Saudi Arabia », Middle East Report, n° 45, 19 septembre 2005.
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[4]
« Denied Dignity, Systematic Discrimination and Hostility toward Saudi Shia Citizens », Human Rights Watch, 3 septembre 2009.
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[5]
Cf. Joshua Teitelbaum, « Sunni vs. Shite in Saudi Arabia », Jerusalem Issue Brief, Jerusalem Center for Public Affairs, vol. 10, n° 23, janvier 2011.